Giacomo | I swear it's nothing personal

Ne pas partager une goutte de sang ne les empêche pas de s'appeler cousins, et s'ils ont grandi dans des univers très différents, ils partagent un sens des affaires bien affûté. Loin de lui l'idée d'en faire la remplaçante de Livia, toutefois. Même lui n'est pas assez fou pour lui faire confiance, mais il la considère malgré tout comme une alliée non négligeable dans l'échiquier de leur famille. Pour ne rien gâcher, les commandes qu'elle peut lui passer sont toujours la garantie d'une stimulation pour son art. Une bonne raison de se montrer reconnaissant.

Dans la même promotion à Beauxbatons, Giacomo et Séléné se sont d'abord bien entendus. Il faut dire que l'alliance entre leurs familles les poussait naturellement l'un vers l'autre, de même que leurs caractères plutôt réservés. Mais les années avançant, Giacomo a compris l'intérêt de se construire une réputation - et le rôle que Séléné pourrait jouer là-dedans. Il lui a donc fait des avances, naturellement, alors même qu'il ne ressentait pas un iota d'attraction pour elle. Il a cru que ça fonctionnerait. Un temps. Mais la princesse n'est pas qu'une image, et a fini par voir clair dans son jeu. L'italien n'a bien digéré de se faire rejeter. L'origine de son obsession pour ce sang bleu supposé être supérieur au sien ? A vrai dire, il ne s'est jamais posé la question.

Charmant visage dans une bien moins charmante situation, c'est plus la familiarité de ses traits que leur beauté qui ont attiré l'oeil de Giacomo. Il lui a fallu un certain temps pour mettre le doigt sur ce qui crevait pourtant les yeux, pour réaliser que la catin était le portrait craché de Dorimène d'Apcher. Il ne sait pas ce qui a amené le sang du Gévaudan dans les plus bas tréfonds du monde sorcier, mais qu'importe au final, quand connaître son héritage est déjà fort distrayant. Le savoir est le pouvoir, et celui-ci promet d'être un atout très amusant, pour peu qu'il ait l'occasion de s'en servir.

Venir poser des questions, mettre son nez partout, prétendre enquêter ... Beaucoup de mauvaises idées lorsque l'on débarque sur sol corse, princesse ou non. Nul statut royal n'a jamais protégé qui que ce soit sur l'île de beauté, nul sang bleu n'a jamais été gage de sécurité - pour preuve, la disparition d'Eugène Saint Cyr, raison du passage de Victoria par-delà la Méditerranée. En plus de n'avoir eu aucune réponse, la princesse semble y avoir perdu la mémoire, mais Giacomo n'a aucune preuve que sa famille maternelle est impliquée dans cette amnésie, seulement des soupçons. Toujours est-il que la découvrir bien des années plus tard aura été une intéressante surprise.

Plus de dix ans qu'ils se fréquentent, ces deux-là. Au travail, d'abord, au sein de ce Ministère où Giacomo s'ennuyait tant. Il se retrouvait souvent à errer dans un département différent du sien, et Zuhra, quand elle le croisait, avait la délicatesse de ne pas le chasser. La délicatesse, ou peut-être la prudence, car ils se croisaient aussi en soirée mondaine, où il avait déjà une aisance solide. Ménager d'un côté pour mieux s'allier de l'autre ; le calcul devait être bon, car même après dix ans de séparation - et un veuvage où, même si elle l'ignore, sa main a joué - leurs retrouvailles ont été des plus chaleureuses. S'il faut briller, danser, et se faire admirer, Zuhra et Giacomo feront la paire.

Ah Armance ... Armance la flamboyante, Armance et ses soirées décadentes, Armance qui aime faire danser, murmurer et agiter le tout Paris. Comment pourraient-ils ne pas s'entendre ? Tout le monde les imagine parfaits complices, et il faut dire qu'ils jouent très bien le jeu. Mais les sourires ne sont là que pour mieux cacher le couteau dans le dos, hypocrisie à son paroxysme, stratégie de ceux qui savent qu'il est des ennemis qu'il vaut mieux ne pas se faire. Car Giacomo n'a que mépris pour les parvenus de la trempe d'Armance, et s'il n'a pas hésité à faire jouer ses charmes fut un temps, elle n'a pas du tout apprécié de se retrouver le bec dans l'eau quand il s'est, une fois de plus, défilé au dernier moment. Que croyait-elle ? Le mériter ? La guerre reste froide, cependant, cantonnée à des mots acides susurrées sous des airs d'inséparables collaborateurs.

Cousins par les épousailles Savelli de leurs familles respectives, Diane et Giacomo ont eu l'occasion de se croiser à des repas de fête, ceux qui rassemblent toute la précieuse famille, ceux qui tentent de resserrer les alliances. Et c'est exactement ce qu'il est employé à faire avec sa jeune cousine, elle qui aime tant le brillant - presque autant que lui. De messes basses en promesses de cadeaux de sa création, il s'est assuré les bonnes grâces de la jeune femme, quitte à l'envoyer parfois au-devant de dangers ou d'ennuis pour un service à rendre. Il ne lui précise bien sûr jamais la légalité plus que discutable des petites courses pour lesquelles il fait appel à elle ; mais ce que Diane ignore ne peut pas lui faire de mal, n'est-ce pas ?

Un petit jeu du chat et de la souris qui dure depuis longtemps, très longtemps. Depuis Beauxbatons, en réalité, où tous deux s'amusaient déjà à se tourner autour, sans aucune intention de concrétiser ni d'un côté ni de l'autre, mais ravis de faire naître les commérages dans leur sillage. Et le jeu s'est prolongé après leur scolarité, à l'occasion de quelques soirées communes, jusqu'à les faire atterrir dans des cercles beaucoup moins mondains, et beaucoup plus révolutionnaires. Tous deux sont parfaitement conscients de l'implication de l'autre dans les attentats de 1917. Et si le petit jeu doit reprendre, il s'y devinera un parfum de danger qui n'existait pas dix ans plus tôt. Ce qui promet de le rendre bien plus distrayant.

Quelques mois de perfection. Voilà ce que Guilhem lui a offert. Ça ne pouvait pas durer, c'était trop beau, certainement. Mais pour une fois, Giacomo serait bien en peine de trouver quelque chose à se reprocher. Non, le bel amant s'est envolé du jour au lendemain, sans qu'il ne sache pourquoi - en réalité, menacé par une de ses cousines, qui voyait la relation d'un mauvais œil et n'avait pas envie d'avoir un nouveau corps à faire disparaître. Plus que de la frustration, cette disparition a suscité fureur et incompréhension. En une vague si intense qu'elle a motivé, voire précipité, son retour vers la mère patrie. Retour qui mettra certainement son Apollon sur son chemin. Et alors viendra l'heure des explications.

Dans la même promotion à Beauxbatons, les deux sorciers ont suivi un parcours similaire, en bien des points. Et si leurs premières années ont vu éclore une belle amitié, la puberté a fini par y mettre son grain de sel. Le flirt s'est soldé par un échec, Giacomo ne considérant pas Yamanu comme digne d'un intérêt plus avancé. Les années loin l'un de l'autre ont-elles gommé l'amertume ? Elles ont en tout cas su raviver une certaine curiosité pour l'italien, qui n'hésitera pas à revenir tourner autour de son ancien camarade. Peut-être est-ce simplement pour rendre un autre jaloux, peut-être est-ce simplement pour se prouver quelque chose ... peut-être est-ce un peu plus que tout ça.

Les treize ans d'écart avec l'aîné des Medici n'ont pas vraiment aidé à les rapprocher durant l'enfance de Giacomo. Ce dernier l'a classé sans tarder parmi les cousins arrogants et chahuteurs, un visage à éviter et mépriser parmi tant d'autres, une version plus âgée - et donc plus dangereuse - des jumeaux. Il n'a découvert que bien plus tard à quel point il avait raison. En 1917, lorsque Lorenzo l'a récupéré sur les lieux de l'attentat, le pensant être, comme lui, une victime collatérale. L'illusion s'est bien vite dissipée, toutefois, et le futur parrain des Medici est venu jusqu'en Corse pour expliquer avec ses poings qu'il ne fallait pas mettre en danger sa famille. Inutile de préciser que les dix années écoulées n'ont pas suffi à effacer la rancœur de Giacomo ... bien au contraire. Il joue l'hypocrite cependant, pour s'assurer les bonnes grâces du chef de famille. Pour l'instant.

Rayon de miel dans ses pénibles années au ministère, César a su, par son héritage plus que par son attitude, fasciner un Giacomo qui s'ennuyait terriblement. S'en est suivi une liaison, mais une de celles qui comptent, une où le jeune italien parvenait à se projeter. Une à laquelle il avait bien envie de croire. Jusqu'à ce que l'ours cesse soudain de donner signe de vie. La frustration de se voir soudain ignoré n'a pas vraiment réussi à Giacomo, qui s'est distrait en se consacrant à de plus funestes projets.

Confesseur de la famille Medici, Elric fut une étape incontournable dans son parcours pour regagner sa place sur le sol français. Pas que Giacomo fût jamais un grand croyant. Malgré son éducation très catholique, il n'a jamais réellement cru en ce dieu tout puissant supposé juger leurs actions. Les attentats ont achevé de le convaincre - à moins qu'il ne s'agisse des dix ans passés parmi les Savelli, beaucoup moins pratiquants ? Toujours est-il qu'il ne s'est prêté à la tradition que pour montrer patte blanche, et s'amuser un peu aux dépends du prêtre. Un exercice qui, il l'a découvert, était à double tranchant. Si Elric n'y a pas conquis son respect, il y a moyen gagné sa méfiance. Car celui qui en sait trop et ne porte pas leur nom doit être gardé à l’œil.

U.C  

Let me make you whole so that i could worship you
C'est un étrange reflet que celui que lui renvoie Alessandro. Une découverte étonnante, d'autant plus qu'elle est née du sang de Lorenzo. Et par-delà toutes leurs ressemblances, c'est leur inimité pour le parrain qui intéresse Giacomo le plus. Du moins le pensait-il, persuadé qu'il pourrait faire d'Alessandro un allié, avant de se prendre à son propre jeu, de se faire piéger par l'intrigante toile que l'héritier des Medici déploie autour de lui. Tant de potentiel, tant de possibilités. La fascination n'est que débutante - mais pourrait devenir dévorante. Dangereuse, même - reste à savoir pour qui. 

U.C  

Un autre cousin Savelli, qui aura profité de la même indifférence que ses semblables à l'époque de Beauxbâtons. Lors de son séjour sur l'île de beauté, toutefois, Giacomo a fini par se rapprocher de Livia, la sœur aînée de Lucio. L'opinion peu flatteuse de la corse sur son cadet aura déteint sur le Medici, ce dernier étant en outre jaloux de l'apparente liberté et décontraction de son cousin. Avec le temps, cette amertume s'est diluée, pour presque disparaître quand Giacomo a enfin retrouvé Paris. Assez en tout cas pour qu'il se propose d'héberger Lucio quand le petit dernier des Savelli s'est aussi mis en tête de migrer à la capitale. Une cohabitation qui ne se fait pas sans mal, la faute sans doute aux sautes d'humeur du Medici, qui n'a en plus pas l'habitude de partager son quotidien.

Mis en contact par le biais d'Elisabeth, Giacomo s'est très vite pris d'une fascination pour le couturier et son usage des runes. Peut-être avait-il aussi besoin de se changer les idées, de se prouver des choses, après la disparition de César. Enfin, toujours est-il que l'intérêt a vite dépassé le professionnel pour se faire plus intime. Mais si Giacomo s'autorise à papillonner, il n'aime pas du tout se voir jouer le même tour, et sa possessivité a bien vite créé des tensions entre Emile et lui. Jusqu'à déraper méchamment en une de ces disputes explosives dont il a le secret. Les attentats ont eu le mérite de l'aider à calmer ses nerfs, mais leur ont assuré dix ans de séparation. Revenu en métropole, Giacomo assume utiliser désormais les runes dans son propre art, et si cela doit être lu comme une provocation par son ancien amant ... ma foi, il sera le dernier à s'en plaindre.