Just one night's all we got || RP LIBRE

Venir à cette soirée, c'était un plan osé pour plein de raisons différentes. Déjà parce qu'elle ne faisait pas 'officiellement' partie de ce monde (ou pas encore). Ensuite, elle était probablement trop jeune pour être vue en ce genre d'endroit et d'activités ; ce ne serait pas respectable si cela se savait. Et enfin, il y avait dans les visages inconnus amassés sous le dôme de verre une famille qu'elle se devrait d'absolument éviter ; les De Medici.

Auguste avait été très clair sur le sujet ; elle ne devait ni parler de son mécénat avec les Lestrange, ni approcher un membre de cette famille italienne. Pourquoi ? Il n'avait pas eu besoin de le lui dire ouvertement, car elle savait. Enfin, elle savait sans réellement savoir ; juste des rumeurs qui traînaient au Cirque. Des échanges louches à l'ombre des caravanes... Et quelles étaient les chances, dans cette immense foule, pour qu'elle tombe sur un De Medici ?

Alors elle y était allée dans une sublime robe flapper couleur champagne, avec les franges dorées et les sequins de nacres pour souligner en motifs géométriques sa silhouette svelte d'ancienne circassienne. Cheveux remontés en un chignon agrémenté de plumes blanches et or, enchantées pour scintiller d'une poudre évanescente, elle portait de long gants assortis ainsi qu'un collier de perles authentiques, rondes et finement gravées de motifs art nouveau.

Dès que le crooner se mit à chanter et que la maîtresse de soirée leur ordonna de danser, Tatiana s'était jetée sur la piste de danse pour rejoindre la grappe d'inconnus avec qui elle discutait jusque là. Comme un poisson dans l'eau, l'oiselle n'avait aucun mal à se fondre dans la masse chatoyante. Là où elle avait plus de difficulté, c'était avec la danse Charleston qu'elle ne maîtrisait pas encore totalement. C'était une des raisons qui l'avait poussé à venir ce soir d'ailleurs. Ca, et se construire un nouveau réseau parmi toute ce bourgeoisie énivrée et débauchée.

Alors elle dansait face à une autre femme habillée de vert et d'argent, leurs franges fouettant les cuisses et ondoyant au rythme de leurs pas de danses rapides, mais Tatiana s'emmêla les pinceaux, trébucha et sautilla de côté dans son élan pour ne pas perdre totalement l'équilibre et finir au sol. Elle s'arrêta en butant de l'épaule contre le torse solide d'un homme ( @Giacomo de Medici) et posa une main sur le torse de ce dernier pour se redresser et prendre un peu de distance.

"- Par Merlin, merci d'être bâti comme un mur ! Vous venez de nous sauver d'une terrible catastrophe !" Elle plissa du nez avec un adorable sourire, levant la tête -et encore un petit peu plus en réalisant la taille du sorcier- jusqu'à pouvoir croiser ses yeux sombres et ses traits méditerranéens. "Mais la question se pose : que faites vous ici à sécher comme un plot quand tout le monde est en train de danser ?"

Elle avisa alors le verre qu'il tenait en main et qu'elle avait bien manqué de renverser, voire de faire tomber. Elle le lui attrapa avec l'agilité d'une jongleuse et siffla son contenu en quelques gorgées, ne laissant au final que l'empreinte de ses lèvres peintes d'un rouge plus discret que la moyenne, dû à son jeune âge, sur le rebord de cristal.

"- Oups ! On dirait bien que j'ai bu votre seule excuse pour me refuser cette danse." Elle se mordit la lèvre inférieure, pas du tout repentante de ses actions. Elle continua sur sa lancée, glissant un bras sous le sien comme si c'était la chose la plus naturelle au monde. "Je m'appelle Tatiana, et vous ?"

Elle tira doucement sur le bras du jeune homme, juste assez pour lui donner l'élan qu'il lui manquait à rejoindre la piste de danse, mais pas suffisamment fort pour lui faire mal -ce qu'elle doutait de réussir même si elle essayait-, avec bien sûr la possibilité de se dégager de son emprise à tout instant. Tatiana voulait s'amuser, pas se ridiculiser en ruant inutilement contre une statue grecque si cet inconnu plantait les talons dans le sol et refusait de l'accompagner sur la piste avec les autres.

"- J'espère que vos pieds sont solides, comme vous avez pu le voir je ne maîtrise pas très bien le Charleston."

Oh... Ce regard. Elle connaissait ce genre de regard et plus encore les personnalités qui en habillaient leurs prunelles. Un frisson coula le long de son échine tandis que les poils à la base de sa nuque et sur ses bras se dressaient d'une chair de poule glacée. Le lièvre en elle se ratatina et lui souffla de décamper d'ici. De s'éloigner du "prédateur" avant qu'il ne frappe. Mais Tatiana, qui s'était légèrement figée, se força à ne pas tenir compte de sa soudaine panique.

Tout ira bien, chercha-t-elle à se rassurer. Que pourrait-il se passer de mal ? Ils étaient entourés de monde, dans une fête qui serait sûrement couverte par les médias. Puis vint le nom de son interlocuteur et l'oiselle sentit un poids peser soudainement sur ses épaules. Par Merlin ! Auguste ne lui avait demandé qu'une seule chose ce soir : ne pas approcher les De Medici et que faisait-elle ?! Inviter un De Medici à danser. Ben voyons !

Elle se mordit l'intérieur d'une joue pour conserver son masque de jeune fille adorable, mais un peu écervelée. Ce Giacomo ne devait absolument pas sentir sa peur et comprendre qu'elle savait pour lui et sa famille. Ou du moins, qu'elle avait su prêter l'oreille aux rumeurs du Cirque. Alors quand elle ne le vit pas la suivre tout de suite sur la piste de danse et quand il se mit à observer quelqu'un d'autre dans la foule, Tatiana en profita pour souffler un peu et se reprendre.

Puis elle regarda à son tour, après s'être hissée sur la pointe des pieds. S'il regardait une autre demoiselle, elle aurait l'excuse parfaite pour lui lâcher le bras et décamper rapidement. Il lui suffirait de fendre la foule de danseur et elle serait hors de vue en un rien de temps... mais non. Le regard de l'homme était rivé sur une autre silhouette masculine ; Lorenzo de Medici. L'oiselle sentit son estomac chuter d'un étage et le sang refluer de son joli minois. Avait-elle marché sur la queue d'un chat noir en venant ici ?!

Puis tout se passa très vite. Alors que ses yeux bleus accrochaient une autre silhouette en approche de l'italien et qu'elle cru reconnaître (Luka) de quelque part, Giacomo se décida finalement à accepter sa demande et il furent bientôt sur la piste à danser au rythme de la musique. Tatiana portait des chaussures enchantées, similaires à la plume à pappotte, elles lui offraient des pas de danse assurés même si elle-même ne connaissait pas la pratique. Une petite triche qu'elle se permettait grâce aux poches sans fond de son mécène.

"- Et pour quelqu'un qui prétend ne pas être bon professeur, vous vous en sortez très bien." Répondit-elle du tac au tac avec une petite moue de connivence espiègle. "Regardez ; je n'ai pas encore marché une seule fois sur vos pieds." Clama-t-elle avec un brin de fierté, le souffle à peine altéré malgré leur discussion lacée à une danse qui se faisait plus intense.

Menteuse comme une arracheuse de dents, elle se para de son plus beau sourire. Quand la musique passa sur un rythme plus doux, histoire de ne pas épuiser tout de suite les danseurs, Tatiana en profita pour se rapprocher de son partenaire et attendit encore une volée d'instants, l'observant à la dérobée. Tiens tiens tiens... Était-elle une excuse pour trouver quelqu'un d'autre ? La perspective ne l'offensait même pas, au contraire elle sentit poindre une curiosité piquante et lâcha avec connivence :

"- Si vous me décrivez la personne que vous cherchez, je peux vous aider à la trouver." Elle virevolta dans un fugace scintillement de champagne rosé avant de reprendre : "Je suis familière des foules et du repérage de cibles précises. Déformation professionnelle." Elle lui offrit un sourire en coin et haussa un peu des épaules. "Alors tant qu'à faire..."