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Pour nous tout ce qui compte c'est de voir des yeux qui brillent | Giacomo & Zuhra

Zuhra de FronsacLACHESIS | SECRET IS THE ONLY WAY.
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(#) Pour nous tout ce qui compte c'est de voir des yeux qui brillent | Giacomo & Zuhra

missive rédigée par Zuhra de Fronsac le
  • Pour nous tout ce qui compte c'est de voir des yeux qui brillent
    @Giacomo de Medici  & Zuhra de Fronsac | 4 Novembre 1927 | TW : deuil, attentat
    La soirée est fraîche, et la silhouette menue cachée sous un manteau aussi riche qu’épais avance à petit pas dans la rue plutôt calme. L’hôtel particulier devant lequel elle fait bientôt claquer ses talons résonne de rires et de musique : la soirée a déjà commencé. Elle a l’excuse d’un travail prenant, et elle sait qu’arriver en retard permet d’attirer les regards. C’est ce qu'elle veut : l’attention. Parce qu’avec, dans ce genre de cercle mondain au moins, vient l’influence. Elle veut que le nom de Zuhra de Fronsac soit sur assez de lèvres pour que cette question d’héritage ne puisse plus faire débat. Si cela suffisait… Mais ce sera un début, oui déjà un début. Et puis, elle ne refuserait jamais ni une danse ni un verre, et encore moins l’occasion des deux.

    L’invitation parle d’un gala de bienfaisance organisé par une certaine lady Catchlove - ce qui veut en réalité dire que c’est une occasion sociale pour les gens assez riches pour donner aux autres et qui aiment que ça se sache, Zuhra la première. L'autre chose que cela signifie c’est que la dame est anglaise et que la moitié des petits fours seront au mieux passables. Tant pis. Les notes de l’orchestre résonnent dans le hall où elle rentre, on entend surtout les cuivres et les percussions… C’est assez agréable. Le manteau abandonné à une domestique découvre une robe satinée bleue accrochée à l’épaule par une broche fine représentant le blason familial. Un regard rapide dans l’une des grandes glaces qui bordent l’escalier confirme que la coiffure est toujours impeccable, que le maquillage n’a pas souffert de l’humidité et que son châle en dentelle tombe précisément comme il doit le faire dans son cou. La robe est droite, dissimule les formes comme la mode le veut, mais ce petit détail vaporeux adoucit un peu la raideur des plis. La brune sourit avec satisfaction à son image.

    L’escalier donne sur une très grande pièce ouverte, laquelle offre deux sorties vers des petits salons pour des discussions plus confidentielles. Trois musiciens s’affairent à divertir les convives, quelques serveurs passent entre les groupes pour proposer des verres et des petits fours et on a enchanté le plafond pour que semblent flotter une mer de nuages - joli mais un peu tape à l'œil. Très anglais. On ne danse pas, ou pas encore, et à cette constatation la de Fronsac se fend d'une petite moue contrariée.

    L’hôtesse domine la pièce d’une bonne tête, une femme remarquablement grande et dont le rire porte. Elle semble parfaitement ravie d’apercevoir cette invitée et la salue d’un tonitruant “Mademoiselle de Fronsac!” qui fait tourner quelques têtes par la simple force de sa voix. Son accent est à couper au couteau, mais sa joie semble sincère et ses expressions la rendent contagieuse. On échange les politesses d’usage avec de trop grands sourires, et comment va votre père et non il ne viendra malheureusement pas… Une chance pour Ishaq de Fronsac que son aînée soit friande de ce genre d'événements quand lui préfèrera toujours une soirée d’étude dans sa tour d’astronomie. Lady Catchlove se lance dans une explication passionnée de la raison de cette soirée et de cette association qu’elle parraine - Zuhra écoute avec politesse et attention. Définitivement charmante cette dame.

    - Mais je ne vous retiens pas plus, profitez donc de la soirée.

    Permission et invitation à aller se mêler au reste de la foule accompagnés de grands gestes expansifs. Et bien puisqu’on ne danse pas, il est l’heure de se rendre au bar. Celui qui le tient parle sans doute encore moins bien français que sa patronne, mais il acquiesce “Cherry Blossom” à la demande de la gasconne. Pendant qu’il le prépare, elle laisse courir son regard sur les invités, cherchant les visages connus et importants. Et puis, alors que sa tête revient, à quelques mètres à peine, une figure étrangement familière. Mais oui, mais oui, c’est bien lui… Verre en main les talons claquent jusqu’au jeune homme.

    - Signore de Medici ?

    L’accent est impeccable - Zuhra ne connaît que quelques rudiments d’italien mais elle sait au moins prononcer correctement les mots qu’elle connaît. Depuis combien de temps ne l’a-t-elle pas vu, dix ans ? Quasiment une autre époque, même son propre nom était différent. Où était-il ? Plus d’un an qu’elle est revenue dans les soirées mondaines parisiennes, mais c’est la première fois qu’elle le croise, lui qui semblait ne rater aucun évènement.

    - Giacomo! C’est un vrai plaisir de …vous revoir.

    Le vouvoiement est approximatif - elle se souvient le tutoyer à l’époque, mais ils étaient encore deux très jeunes gens. Trop de courtoisie vaut mieux que pas assez. Le sourire est pourtant sincère : ce sont des souvenirs agréables que sa présence évoque.

    - J’ai manqué de ne pas vous reconnaître, les années qui séparent notre dernière rencontre vous vont bien.

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    (#) Re: Pour nous tout ce qui compte c'est de voir des yeux qui brillent | Giacomo & Zuhra

    missive rédigée par Giacomo de Medici le

  • Tout ce qui compte c'est de voir des yeux qui brillent
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    4 novembre 1927 ft @Zuhra de Fronsac
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    Les musiciens égrainent des notes pour l'instant posées, simple bruit de fond dans l'empressement ambiant. Les franges des robes bruissent, les talons claquent sur le sol, les rires se font bruyants - souvent trop bruyants pour être sincères. Reflets de cette débauche de sons, les lumières étincellent, depuis les lustres ornementés jusque sur les bijoux de ces dames, chaque mouvement créant un nouvel éclat de couleur dans la palette de leur soirée. Pris dans la tourmente de toutes ces informations, les sens de Giacomo sont saturés ; le regard accroche par ici l'auréole d'une tiare délicatement ciselée, tandis que l'oreille capte par là les bribes d'une intéressante conversation. Les mots se mélangent, d'autant que nombre d'invités s'expriment dans l'anglais de leur hôtesse - une langue qu'il n'a jamais maîtrisée, se contentant des trois dialectes dans lesquels il a été élevé. Lui-même répond poliment aux salutations qu'on lui adresse, glisse une plaisanterie, chaloupe d'une discussion à une autre, l'attention perpétuellement inconstante. Mais loin de se noyer, il savoure ces excès, retrouve avec plaisir l'exaltation des soirées mondaines. C'est qu'il ne manquerait pas une occasion de briller, et s'est d'ailleurs assuré qu'il se ferait remarquer. Au contraire de la sobriété affichée par la majorité de la gente masculine, l'italien a agrémenté les classiques nuances grises de sa tenue de quelques touches de couleur. Il a ainsi troqué son habituelle boucle d'oreille en rubis pour une perle d'opale bleu rappelant la couleur de ses yeux, et dont la teinte revient dans les motifs floraux de son veston. Un œil particulièrement attentif pourra noter que les pétales brodées s'ouvrent et se fanent à un rythme lent, imposé par le sort enchâssé aux lapis-lazuli représentant leurs pistils.

    Il ne s'agit pas seulement de coquetterie, toutefois. Si avant son départ en Corse, sa réputation dans ces cercles n'était plus à faire, dix ans se sont écoulés. Et il réalise désormais combien les relations nouées à Beauxbatons avaient su lui ouvrir des portes. Des portes que même l'argent a du mal à entrebâiller. Son sang, après tout, n'est ni bleu, ni pur. Mais ce genre de détails pouvait s'oublier, si l'on connaissait les bonnes personnes ... Sauf que ces relations sont bien lointaines, désormais. Giacomo pourrait être amer que la distance ait ainsi découragés ceux qu'il pensait ses alliés, s'il ne connaissait si bien sa famille. On avait promis de le faire disparaître, aussi s'y était-on appliqué. Sa propre mère, après tout, reste une Savelli - diligente dans l'art de dissiper les questions jugées indiscrètes en un habile tour de manches, telle le prestidigitateur avec ses cartes. Il lui faut donc se reconstruire une image, briller plus que jamais ; et comme cet exercice a pu lui manquer ! Le Medici serpente dans l'immense salle de réception, adressant révérences et compliments, doigts fermés sur un verre où se balance un cocktail dont il a déjà oublié le nom. Tout comme il a abandonné dans un coin de sa mémoire l'association recueillant les fruits de cette soirée - il a cru ne jamais échapper à l'enthousiasme de l'imposante marraine et organisatrice. C'est son propre nom, prononcé avec un parfait accent italien, qui interrompt ses pas et le fait se retourner assez sèchement sur l'origine de cette voix.

    Il est trop lucide sur sa famille pour ne pas éprouver un semblant de méfiance quand il soupçonne croiser un compatriote, soirée mondaine ou non. C'est qu'il est bien placé pour savoir que robes et bijoux peuvent cacher de meurtrières intentions aussi bien qu'un holster. Mais le discret pli entre ses sourcils disparaît aussitôt le visage identifié. Des traits croisés à de nombreuses reprises dans les soirées de ce genre, mais aussi dans les couloirs du Ministère. De beaux yeux noirs, qui souvent s'étaient fermés sur ses incursions en un Bureau qui n'était pas le sien. « Zuhra ! Le plaisir est partagé. » Le ton comme le sourire sont sincères. Il lève à l'adresse de la jeune femme son verre bien peu entamé, comme un hommage à leurs retrouvailles, avant d'en siroter une gorgée. Et préfère garder leurs salutations peu tactiles - la dame est après tout mariée. Il est des rumeurs qu'il ne tient pas à voir courir sur son compte tout de suite, celles dont il laisse l’apanage à Lorenzo. Le petit rire accompagnant la remarque suivante est moins authentique. Giacomo peine à trouver le compliment quand les années qu'il a perdues sont pointées du doigt. « Subtile manière de me faire remarquer mes rides » prétend-il plaisanter. « Pour ma part, je n'aurais pu manquer de te remarquer. Tu es resplendissante » ajoute-t-il, charmeur malgré tout - chassez le naturel et il revient au galop. Son regard s'envole sur la foule, cherche le visage qui, à l'époque, se faisait toujours synonyme de celui qu'il retrouve juste. Un visage plus âgé, mais tout aussi sympathique, au demeurant. Sans succès. Surprenant. « Monsieur d'Alefsen ne t'accompagne pas ? » demande-t-il, avec un effort pour que la curiosité ne transpire pas trop de sa voix.
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    (#) Re: Pour nous tout ce qui compte c'est de voir des yeux qui brillent | Giacomo & Zuhra

    missive rédigée par Zuhra de Fronsac le
  • Pour nous tout ce qui compte c'est de voir des yeux qui brillent
    @Giacomo de Medici & Zuhra de Fronsac | 4 Novembre 1927 | TW : deuil, attentat
    Amusant de constater que le geste presque sec qu’il a fait pour se retourner sur elle à son appel s’est immédiatement fondu dans un sourire aimable et tout à fait enjoué. Dans ses souvenirs, il était trop doué en société pour qu’elle puisse être tout à fait certaine, mais elle est presque sûre qu’il est sincère quand il lui dit que c’est un plaisir. Elle-même est tout à fait enchantée - quoiqu’il y ait quelque chose d’étrange de se retrouver après tout ce temps - c’est une image d’une autre époque, le souvenir d’une autre vie.

    - Subtile manière de me faire remarquer mes rides. Pour ma part, je n'aurais pu manquer de te remarquer. Tu es resplendissante.

    La brune lève un sourcil à sa remarque, amusée mais feignant tout de même un air légèrement outré, par principe. C’est tout à fait lui : un plaisir de constater que certaines des qualités pour lesquelles elle pouvait l’apprécier ne se sont pas perdues avec les années, il doit toujours faire un camarade tout à fait sympathique lors de ces soirées. Il lui dit tu, sans hésiter - ça aussi, ça lui ressemble. Le tutoiement ce sera donc.

    - Tss tss tss, ce n’est pas très aimable de déformer mes propos quand je tente de te complimenter. Mais comme tes paroles me touchent et que tu es de loin l’invité le plus élégant ce soir, je veux bien te pardonner.

    Zuhra aussi badine - juste un peu, ce qu’il faut pour rendre ce genre d'événements amusants, comme on peut se le permettre avec ce genre de personnes ; comme elle aime assez le faire aussi, il faut bien l’avouer. Elle est tout à fait à son aise - quoique ce serait encore mieux si l’on dansait. Elle suit son regard dans la foule, se demandant qui il cherche des yeux. Une épouse ou une promise peut-être ?

    - Monsieur d'Alefsen ne t'accompagne pas ?

    C’est comme une douche froide instantanée, un coup qu’elle n’avait pas vu venir. C’est une indiscrétion dont on la préserve généralement, mais ils ne se sont pas vus depuis dix ans… Il ne peut pas savoir, c’est comme s’il surgissait véritablement du passé. Oui, la dernière fois, Guilhem était là aussi… Un instant, elle aurait aimé entendre son rire, deviner ses boucles brunes ce soir aussi, ne pas devoir lui dire… Soupir.

    - Cela fait vraiment longtemps que nous ne nous sommes pas vus n’est-ce pas ? Je serais ravie de prendre un moment pour rattraper le temps perdu ce soir si tu le veux, mais pour l’instant j’ai terriblement envie d’une cigarette. J’ai vu un balcon par là-bas, tu m’accompagnes ?

    C’est à peine une question et presque une constatation. Ils vont à ce balcon. La gasconne entraîne Giacomo à sa suite au milieu des invités, et le duo qu’ils forment attire quelques regards pour son plus grand plaisir. Très bien : elle est ici pour se faire voir, et elle est presque certaine que c’est aussi ce qu’il veut pour avoir mis un tel soin dans sa tenue. Très beau gilet.

    Personne ne se trouve sur le balcon où ils sortent, mais un cendrier prouve qu’ils ne sont pas les seuls à être sortis depuis le début de la soirée. Les rambardes sont en fer ouvragés, dessinent des formes extraordinaires et la balustrade donne sur la ville et ses lumières ; un œil avisé peut deviner le sort qui contient les sons de l’événement. Elle tire une cigarette longue, en propose à son compagnon, sort de sa poche le porte cigarette de nacre et d’argent, sa baguette, allume. Tire une première bouffée.

    - Pour te répondre, mon cher Guilhem n’est malheureusement plus parmi nous. Il faisait parti des victimes de Vaux-le-Vicomte… Tu parles à Mademoiselle de Fronsac.

    Pas sa femme, et même pas sa veuve quand elle en parle ainsi. Pourtant ce veuvage, elle le portera toujours un peu, il lui était trop cher ; mais elle ne veut ni de sa pitié ni de son indifférence courtoise. Elle n’a rien à gagner ou offrir comme une veuve éplorée, et tellement plus comme fille et héritière de duc. Elle fait un geste vague de la main, comme pour remettre ce sujet à plus tard, éloigner un peu cette discussion qu’ils pourraient avoir si elle continue dans cette voie. Il y a d’autres choses dont ils peuvent parler, et certaines pourraient même être plaisantes. Les yeux noirs se fixent sur le visage de l’homme avec une nouvelle intensité.

    - Et toi mon ami, qu’as-tu fait de ces années, si ce n’est embellir en prenant des rides ?
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    (#) Re: Pour nous tout ce qui compte c'est de voir des yeux qui brillent | Giacomo & Zuhra

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    Giacomo accepte le compliment - et le pardon - avec une petite courbette chargée d'humour. Il est agréable de retrouver les traits d'esprit un rien caustiques de Zuhra. Tout comme il apprécie de voir son élégance soulignée. Le tutoiement est revenu dans la bouche de son interlocutrice, et il s'en félicite, lui qui a toujours eu la familiarité facile. A les voir renouer ainsi, il serait aisé d'oublier que dix ans se sont écoulés, qu'ils ne se sont pas quittés quelques soirs plus tôt, après avoir échangé des politesses et autres traits d'esprit. Mais il n'a pas l'humeur à la nostalgie, seulement à la curiosité. Et le mystère qui l'intrigue, à l'heure actuelle, c'est le sort de Guilhem d'Alefsen. Les traits de Zuhra se sont quelque peu affaissés, à son évocation, et la température semble être descendue d'une bonne dizaine de degrés. Sauf que la réponse se fait attendre, tandis que sa charmante compagnie lui propose de l'accompagner sur le balcon pour une cigarette. Pas son poison favori, mais il est un peu trop tôt pour sortir les produits qu'il a en affection. Le tabac fera l'affaire, pour l'instant. « Bien sûr » acquiesce-t-il donc sans se départir de son sourire, lui. Comme s'il allait la laisser partir seule, après ces promesses de rattrapage du temps perdu. La nuit de novembre qui les accueille dehors est glaciale, mais au moins dénuée de crachin. Seul un léger brouillard s'offre à leurs yeux, diluant les lumières de la ville dans un flou du plus bel effet. Giacomo accepte la cigarette tendue, se penche vers la baguette de Zuhra pour l'allumer du même feu que la sienne.

    La réponse lui arrive enfin, après une première bouffée. Soufflant lentement, il observe la fumée se dissiper dans l'air nocturne, le temps d'intégrer la nouvelle. Guilhem était donc présent à Vaux le Vicomte. Il se demande s'il l'a vu, corps déchiqueté parmi tant d'autres. S'il l'aurait reconnu. S'il l'aurait achevé. Ses souvenirs sont aussi vifs que confus. Les sensations demeurent, mais les images et leur enchaînement restent un fatras désordonné. Et s'il regrette l'absence de Guilhem parmi eux ce soir, il ne parvient pas à ressentir une once de culpabilité. Pas plus que Lorenzo avait essayé de lui en arracher, à la force des poings. Ce qui est fait est fait. Finalement, avant que le silence ne s'éternise, il offre un regard en coin désolé. « Oh. Je vois. Je suis bien en retard pour te les présenter, mais tu as toutes mes condoléances. » Un petit geste de la main de sa part, et il comprend qu'elle ne veut pas épiloguer. Ce qui l'arrange bien. La compassion n'a jamais été son point fort ; au demeurant, il se rappelle de Zuhra comme étant une femme trop entière pour apprécier la pitié. Son indépendance actuelle le conforte d'ailleurs dans cette idée. C'est en Mademoiselle de Fronsac qu'elle s'est présentée. Et la dernière loi concernant la transmission des titres de noblesse ne lui a pas échappé - même si à l'époque, ses pensées s'étaient plutôt dirigées vers Séléné. Ce changement éclairait d'un jour nouveau le refus qu'il avait reçu d'elle, si longtemps auparavant. « Cela fait de toi l'héritière du titre familial, si je ne m'abuse. Les prétendants doivent se presser à la porte » se permet-il de plaisanter, lui a qui a bien remarqué qu'elle n'avait personne à son bras pour l'instant. Ou personne à prévenir qu'elle s'absentait sur le balcon avec un autre invité masculin.

    La question qu'elle lui adresse lui tire un petit sourire en biais, qui n'a pas grand chose à voir avec la mention de ses rides - il parvient à reconnaître une plaisanterie, même si son goût est discutable. L'italien tire une nouvelle fois sur sa cigarette avant de répondre. Offre la fumée au brouillard avant de tourner son regard vers la demoiselle de Fronsac. « Crois-le ou non, c'est en Corse que j'ai passé tout ce temps. Ma famille maternelle y a des terres. » Un bien bel euphémisme pour décrire l'emprise des Savelli sur l'île de beauté. Mais il est des sujets qui ne s'abordent pas en soirée mondaine, parmi les sangs les plus bleus de France. « Les évènements de Vaux-le-Vicomte ont beaucoup inquiété ma mère - et tu te rappelles peut-être combien nous étions proches. Elle a préféré m'éloigner de la capitale, des affaires de la cour. » Il sait que ce genre de justification ne tiendrait pas très longtemps face à un esprit critique. Mais il peine toujours à trouver une formulation plus convaincante, encore trop amer de son isolation pour faire des efforts à ce sujet. En outre, le nom des Medici les protège. Qui s'amuserait à mettre leur parole en doute ? Pourtant, face au regard scrutateur de Zuhra, et après ce qu'il a appris du sort de Guilhem, il ne peut s'empêcher de continuer. « J'étais présent ce jour-là, moi aussi. C'est mon cousin Lorenzo qui m'a trouvé et secouru, alors. » Joue-t-il avec le feu ? Lui-même ne saurait le dire. C'est qu'il n'est pas vraiment calculateur - il se contente de suivre ses instincts, tant que ces derniers l'amusent.
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    (#) Re: Pour nous tout ce qui compte c'est de voir des yeux qui brillent | Giacomo & Zuhra

    missive rédigée par Zuhra de Fronsac le
  • Pour nous tout ce qui compte c'est de voir des yeux qui brillent
    @Giacomo de Medici & Zuhra de Fronsac | 4 Novembre 1927 | TW : deuil, attentat
    Une mauvaise habitude que la cigarette, sa mère déteste ça. C’est encore la limite de ce qu’elle peut se permettre d’impertinence pour son rang selon la toujours parfaite Agathe - elle a beau avoir donné à ses filles le goût de l’indépendance, elle a les oeillères de sa génération. L’homme qui accepte la cigarette ne s’embarrasse apparemment pas de ces antiques considérations sur la bonne tenue.

    Cela fait de toi l'héritière du titre familial, si je ne m'abuse. Les prétendants doivent se presser à la porte.
    Hmm.

    Zuhra inspire une bouffée de tabac, ignore pour l’instant la question en la laissant s’oublier dans l’instant. Oui elle est héritière aux yeux de la loi, quoique c’est un sujet qu’elle évoque rarement aussi franchement que ce qu’il vient de faire. Ça a quelque chose d’amusant ou de rafraîchissant. C’est plus compliqué que cela malheureusement. Elle est seule par contre - elle se présente comme mademoiselle et aucun homme ne l’attend ni dans cette fête ni dans une autre. Difficile avec quelqu’un comme Giacomo de saisir s’il s’agit d’une mauvaise plaisanterie de le lui faire remarquer, ou simplement une curiosité. Mais il a presque son âge, aucune alliance à la main et aucune femme pour se scandaliser qu’il sorte seul fumer avec elle. A son tour de le questionner sur ce qu'il a fait ces dernières années.

    Crois-le ou non, c'est en Corse que j'ai passé tout ce temps. Ma famille maternelle y a des terres.

    Le visage de l’aristocrate se peint d'une expression mi-surprise mi-sceptique. On aura réussi à le convaincre lui de se retirer du monde tout ce temps sur l’île de Beauté ? Voilà qui est curieux - assez en tout cas pour l’empêcher de penser au nom de cette famille maternelle qu’il évoque et à ce que celui-ci lui inspire aujourd’hui. Inutile de ramener ici le sujet de son conflit avec un autre Savelli.

    Les événements de Vaux-le-Vicomte ont beaucoup inquiété ma mère - et tu te rappelles peut-être combien nous étions proches. Elle a préféré m'éloigner de la capitale, des affaires de la cour. J'étais présent ce jour-là, moi aussi. C'est mon cousin Lorenzo qui m'a trouvé et secouru, alors.

    La brune penche la tête et le détaille à cette affirmation, une tristesse soudaine la saisit qu’elle n’avait plus ressentie depuis longtemps. Pourquoi Guilhem et pas lui ? La pensée est odieuse mais elle glisse entre ses côtes jusqu’au fond de son ventre, lui retourne l’estomac. Giacomo doit avoir à peu près l'âge de Guilhem au moment de sa mort, peut-être un peu moins. Mais même cette idée ne fait pas passer l’amertume. Elle aurait aimé venir avec lui ce soir, vivre quelques années de plus à ses côtés, porter leur enfant. Mais il y est allé, et il est mort. Et Giacomo lui a survécu.

    Moi je n’y étais pas alors que j'aurais dû.

    Ca aussi, pour une injustice ou un coup du sort. Un malheur qui évite une catastrophe, ce serait presque poétique. Elle secoue la tête - la tristesse passe déjà, la plaie est vieille maintenant. Il ne serait pas question de plomber l’ambiance en insistant trop longtemps sur cette question pour le moment ; elle ne peut pas le plaindre et ce n’est pas un sujet sur lequel elle désire la sympathie.  

    Comme il est un peu tard pour me présenter des condoléances, il est un peu tard pour espérer que tu te remettes de cet évènement. Mais tu me vois ravie de te voir entier, bien portant et de retour. Tu es bien de retour, tu ne fais pas simplement un passage pour tromper ton ennui et me faire une fausse joie ? - Elle est revenue naturellement à l’attitude badine et mondaine qu’il est bon d’afficher dans ce genre de société. - Quoique la joie aurait été plus grande si on dansait ce soir.

    Elle écrase sa cigarette dans le cendrier de pierre laissé à disposition des invités et range son porte cigarette en fixant, comme songeuse, la soirée derrière les vitres.

    J’ai passé neuf ans loin de ces soirées tu sais, moi aussi, sur les terres de ma famille. J’avais presque oublié combien cela me plaisait, quoique une soirée au Château de Belroy, c’est toujours quelque chose… Je suis revenue justement au moment de la loi sur l’héritage, mais cela me fait particulièrement plaisir de retrouver enfin un visage aussi agréable et familier que le tien.

    Et aussi capable de briller et attirer l’attention, s’il n’a pas trop changé. Un talent appréciable par les temps qui courent. Elle ralentit ses gestes plutôt que d’initier un retour vers l’intérieur, rattrapée par cette pensée.
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    Vraiment désolée pour le délai de réponse crying



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    (#) Re: Pour nous tout ce qui compte c'est de voir des yeux qui brillent | Giacomo & Zuhra

    missive rédigée par Giacomo de Medici le

  • Tout ce qui compte c'est de voir des yeux qui brillent
    TW : attentat
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    C'est sans surprise qu'il voit un certain scepticisme se dessiner sur les traits de Zuhra. Elle est trop fine pour se laisser abuser par cette piètre excuse. Trop fine, et elle le connaît trop bien - sous son jour le plus lumineux, du moins, celui qu'il offre à la belle société mondaine. Quant aux soirées moins recommandables qu'il fréquente ou organise, il n'a nul besoin d'exiger la discrétion : le secret à leur sujet a plus de valeur pour les autres que pour lui. Au contraire, il se complaît dans les murmures qu'elles peuvent faire naître, dans la réputation sulfureuse qu'elles lui apportent. Mais il est trop tôt, pour cela ; son retour est trop récent. Il soutient sans ciller le regard de Zuhra lorsqu'elle s'attarde sur ses traits, pensive - non, triste ? Regretterait-elle son absence en ce jour fatidique ? Il ne parvient pas à comprendre pourquoi. Qu'aurait-elle pu y faire de plus, mourir ? Ou emporter avec elle des souvenirs assez vivaces et cruels pour entretenir ses cauchemars, nourrir sa culpabilité ? Absurde. Mais il garde ce raisonnement pour lui, se contente d'émettre un soupir désolé qui chasse la fumée de ses poumons et dans l'air nocturne. « Cette tragédie aura laissé des cicatrices qui ne s'effaceront jamais. Et tu les portes aussi sûrement que si tu étais présente ce jour-là. » Pour sa part, ce n'est pas le jour de l'attentat qui l'aura marqué le plus, mais celui où Lorenzo l'aura visité en Corse pour lui expliquer sa façon de penser - et l'aura marqué au fer rouge d'une rancune plus brûlante qu'il ne l'aurait imaginé.

    La désinvolture revient bien vite, tentative plus ou moins réussie de chasser les fantômes du passé. Qu'importe, il saisit l'opportunité au vol - qui serait-il pour refuser à Zuhra de se distraire de son deuil ? « Il faudrait plus qu'un simple passage pour tromper mon ennui » s'esclaffe-t-il, tout soupçon d'amertume soigneusement enterré par son triomphe d'avoir pu quitter sa prison corse. « Non, mon retour est définitif, n'en déplaise aux Savelli qui auraient voulu me garder dans leur giron. » Et à certains Medici, pas convaincus par la pureté de ses motivations ... ou par celle de son sang. Il songe un instant qu'il parle trop, que ce genre de considération est à réserver aux oreilles familiales. Mais ils sont seuls sur ce balcon, et ce n'est que Zuhra, partenaire de soirée, ancienne collègue du Ministère prompte à lui pardonner ses écarts. Il ne tarde pas à rebondir, toutefois. « On ne danse pas encore, mais les musiciens sont là et l'espace ne manque pas. Il nous suffit d'ouvrir le bal pour que d'autres nous suivent, et nous pourrons montrer à nos hôtes comment on s'amuse, de ce côté de la Manche. »

    Sa cigarette presque consumée vient s'échouer dans le cendrier prévu à cet effet ; il esquisse quelques pas en direction des portes vitrées qui les séparent de la lumière chaleureuse, de l'agitation délicieuse. Son amie a raison, cette soirée manque de danse, à croire que les anglais sont peu adeptes de la proximité qu'elle peut offrir entre les convives. Mais celle qu'il imagine déjà être sa première cavalière reprend la parole, et il s'interrompt, tourne le dos à l'effervescence tant convoitée pour l'écouter. Son expression se fait intriguée, tandis que la curiosité chasse un instant l'envie de rejoindre le reste de la fête. Ainsi, elle s'est tenue à l'écart des mondanités pendant presque aussi longtemps que lui. Rongée par le deuil ? Pendant neuf ans ? Mais surtout, pourquoi choisir d'y revenir maintenant ? Elle l'a évoqué elle-même, la loi sur l'héritage a changé la donne. Mais dans ce cas, vient-elle chercher un nouveau mari, ou bien s'exposer comme la future tenante du titre ? Autant de question qu'il ne s'aventurera pas à poser, pas encore tout du moins. Il est trop tôt. Au lieu de quoi, il accepte ses compliments avec un doux signe de tête - sincère, pour une fois. « Alors nous sommes tous deux des revenants un peu rouillés, c'est ça ? » Il a un petit rire où se devine une pointe de dépit. Dix ans perdus, dix ans hors du monde. « As-tu remarqué comme les anciennes amitiés meurent vite ? Je suis content que la nôtre ait résisté aux assauts du temps. » D'autant qu'il est des noms qu'il fait bon de côtoyer, et que celui de Fronsac en fait partie. Encore plus quand il est porté par l'héritière en titre. Les lèvres du Medici s'étirent en un sourire de renard, tandis qu'il tend à Zuhra une main complice. « Que dirais-tu d'aller le démontrer au reste de la belle société ? La piste attend des téméraires. »
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    (#) Re: Pour nous tout ce qui compte c'est de voir des yeux qui brillent | Giacomo & Zuhra

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  • Pour nous tout ce qui compte c'est de voir des yeux qui brillent
    @Giacomo de Medici & Zuhra de Fronsac | 4 Novembre 1927 | TW : deuil, attentat
    La gasconne frissonne quand il parle de cicatrices. Qu’il est surprenant ce mondain qui ne se gêne pas pour dire une telle pensée alors que les années les ont séparé - plus de dix ans depuis la dernière fois qu’ils se sont adressé la parole… Surprenant aussi que ça ne lui aille plus de l’entendre dire ceci, qu’on puisse encore percevoir ce que cela lui a fait. Des années durant elle s’est pourtant drapée de ce veuvage comme excuse, comme prétexte, comme bouclier. Ces plaies maintenues ouvertes car offrant le célibat et la solitude chéries, permettant autre chose. Si elle s'était remariée, est-ce que son père ne l'aurait pas reléguée au seul rang de pondeuse pour l’héritier rêvé, et concentré son attention sur cet enfant imaginaire et son père miraculeux ? Ironique sans doute que ce soit justement le fait qu’elle n’aie jamais pliée qui lui donne aujourd'hui l’expérience d’une héritière, rôle si masculin. Mais Ishaq ne cédera pas à cette question du mariage, plus maintenant, et ce qui est cédé aujourd’hui sans être offert peut si aisément être retiré. Revient sans cesse la question qui lui broie l’estomac : si elle ne se marie pas, finira-t-il par adopter Octave ou trouver un moyen de le nommer héritier malgré elle ? Partagée entre la colère de l’injustice qui voudrait qu’un gamin, fut-ce-t-il aussi charmant que son neveu, puisse être considéré comme plus légitime qu’elle qui a dédié sa dernière décennie à servir sa famille, et la honte et la culpabilité en pensant à Sora. Si des cicatrices existent encore comme il le dit, on ne doit plus les voir. Quel homme pourtant voudrait épouser celle qui a porté neuf ans le deuil d’un autre si fort qu’elle en serait marquée ? Un changement d’image s’impose. Il suffit de faire suffisamment sensation avec un nouveau masque.

    Il faudrait plus qu'un simple passage pour tromper mon ennui. Non, mon retour est définitif, n'en déplaise aux Savelli qui auraient voulu me garder dans leur giron.

    Sourire éclatant accueille la déclaration. Cela reste définitivement très étonnant qu’on ait réussi à le tenir au loin si longtemps - mais elle s’attend à ce qui lui épargne la question de tout ce qui aurait pu la pousser à rester en retrait pendant des années et elle entend lui rendre la politesse. Il faut savoir laisser leurs secrets à certains de ses amis pour les garder.

    Alors nous sommes tous deux des revenants un peu rouillés, c'est ça ?

    Le dépit de Giacomo ne trouve aucun écho dans le regard de celle qui lui fait face, qui se contente d’un hochement de tête poli. Elle ne considère pas avoir perdu quelque chose, mais l’avoir gagné. Dix ans sans être une marchandise à vendre au plus offrant, cela vaut bien de passer la plupart de ses soirées dans une bibliothèque plutôt que sur une piste de danse.

    As-tu remarqué comme les anciennes amitiés meurent vite ? Je suis content que la nôtre ait résisté aux assauts du temps.
    Oh j’espère qu’elles ne meurent pas, qu'elles changent juste. Il faut peut-être être un peu deux revenants comme tu dis pour retrouver une amitié inchangée. Reprendre au même point. Mais oui, il me plaît aussi de te retrouver ainsi.

    Certaines complicités en tout cas se perdent bien avec le temps, et c’est cela peut-être plus qu’une amitié franche qu’elle espère trouver dans sa compagnie.

    Que dirais-tu d'aller le démontrer au reste de la belle société ? La piste attend des téméraires.
    Je suis toujours incapable d’inviter une invitation à danser, surtout si elle vient de quelqu’un que je crois bon danseur. Tu l’es toujours rassure-moi ?

    Le taquine-t-elle alors que le duo retourne ensemble à l’intérieur. L’orchestre joue toujours sans que personne n'ait décidé de profiter des notes joyeuses et rondes des cuivres pour ouvrir le bal. Zuhra ne laisse plus transparaître rien des noirceurs et des peines confiées juste avant, déjà vêtue de ce qu’elle veut être - la Demoiselle de Fronsac. Et il est un parfait cavalier pour ça, avec son raffinement et le piquant de son impertinence.

    Tu sais danser le charleston ? Je suppose que quelques uns de ces bonnes gens seraient plus à l’aise si nous demandions un foxtrot à l’orchestre, mais ce serait bien moins amusant.

    Elle abandonne son verre à un serveur de passage et s’échappe avec un enthousiasme et une légèreté qui lui donnent presque un air de jeune fille pour aller chuchoter sa demande à l’orchestre, avant de revenir vers son cavalier après avoir obtenu de larges rires des musiciens qui semblaient autant qu’elle espérer que l’on danserait ce soir. Des têtes se tournent déjà vers eux avant même que la danse ne commence, et elle ne peut s'empêcher de sourire avec satisfaction à son complice pour l’attention ainsi obtenue. Elle remet en place la robe droite sur laquelle se devinent des franges qui n'étaient pourtant pas là tout à l'heure - enchantement lancée par le tailleur pour parer à toute éventualité.
    En plus, elle adore danser.
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    (#) Re: Pour nous tout ce qui compte c'est de voir des yeux qui brillent | Giacomo & Zuhra

    missive rédigée par Giacomo de Medici le

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    Distraitement, il note le regard qui s'assombrit, le visage qui se ferme presque imperceptiblement. Zuhra n'aime-t-elle pas qu'on évoque d'éventuelles cicatrices ? Intéressant. Il en prend note, dans un coin de son esprit. Parce qu'il est toujours bon de savoir quel sujet éviter - ou quel fil tirer. Mais pour l'heure, la question est plutôt aux amitiés - celles qui demeurent, et celles qui meurent. « Et je pense pour ma part que tout changement est une forme de mort, aussi inoffensive puisse-t-elle paraître » commente-t-il d'un ton un peu plus bas. Car tant de choses ont changé, en son absence. Lui qui avait d'abord cru retrouver un Paris semblable en tout points à celui qu'il avait dû abandonner a rapidement déchanté. Dix ans - il aurait aussi bien pu mourir, pour ressortir de sa tombe aussi fringant qu'à son départ. Soif de sang assouvie, mais pas étanchée. S'il y a bien une chose qui a peu changé, en tout ce temps, c'est finalement lui. Les mariages se sont faits ou défaits, des héritiers sont venus convoiter les richesses de leurs parents, pendant que les Savelli échouaient à le modeler à leur image.

    La question de Zuhra concernant ses talents de danseur est reçue avec une moue faussement outrée, tandis que la chaleur et les lumières chatoyantes de la soirée les accueillent à nouveau. « D'abord mes rides, maintenant mes pas de danse, tu ne me ménages pas ce soir ! » plaisante-t-il, manière comme une autre de lui assurer qu'il ne la décevra pas. Pas sur la piste de danse, lui qui aime beaucoup trop se montrer pour se permettre un faux pas de cette ampleur. Et ce même si c'est un charleston qu'elle lui propose. « Que crois-tu, j'étais en Corse, pas dans le désert. » Livia ne s'était pas complètement coupée du monde, et s'ils étaient moins démonstratifs que les Medici, c'est aussi par leurs largesses que les Savelli assuraient leur emprise. Les occasions de se distraire étaient donc d'autant plus appréciées qu'elles étaient rares. Il préfère ne pas penser au divertissement apporté par un certain musicien aux boucles dorées, la violence de leur retrouvailles déchirant encore trop ses entrailles au moindre signe d'une pensée s'égarant en sa direction.

    Au lieu de quoi, il observe Zuhra s'éloigner auprès des musiciens, et recueillir un franc succès dans sa demande d'un charleston. Nul doute qu'il est plus agréable de rythmer la soirée que d'en être simplement le bruit de fond. Faisant mine d'ignorer les regards curieux venus s'égarer dans leur direction, Giacomo accueille sa cavalière et son sourire complice d'une inclinaison du buste emprunte de facétie. Sans se cacher, il a aussi un coup d’œil appréciateur pour les franges apparues sur la robe de sa cavalière. Elle partage son goût pour les beaux vêtements ; ne manque qu'un bijou un peu moins sage pour la faire briller de mille feux. Il en prend note, sait déjà à quoi il occupera ses prochaines heures au cœur de son atelier, lorsque la ferveur des mondanités aura fini par le lasser, qu'il aura besoin de se recentrer en accordant toute son attention à ses pierres et à leur magie scintillante.

    Aux notes qui s'élèvent dans les airs, il saisit sa main, l'attire vers lui dans une première volte, signal de l'ouverture du bal. « Je ne t'ai pas vu à la soirée célébrant mon retour. Mais l'invitation n'est peut-être pas parvenue jusqu'en Gascogne ... Je m'assurerai que cela ne se reproduise pas » en profite-t-il pour lui glisser, avant de préserver son souffle pour les pas suivants. Zuhra n'a pas choisi la danse la plus reposante, ou se prêtant le mieux à la discussion. Mais qu'importe, les mots importants se sont échangés sur le balcon ; désormais, il n'en sont plus à se confier, mais plutôt à s'exposer au reste des convives, à faire tourner les regards, hausser les sourcils, sourire d’approbation ou d'envie. Les talons claquent, les franges s'envolent quand le tempo s'accélère. Giacomo regretterait presque la cigarette à laquelle il a cédé - il s'en voudrait de manquer de souffle avant d'avoir pu se divertir à son gré. Quelques courageux se sont joints à eux, mais la piste reste encore peu peuplée, leur laissant tout loisir de s'adonner à leurs pirouettes. Le Medici s'abandonne au rythme de la musique, surveille du coin de l’œil les pas de Zuhra pour y calquer les siens. La laisse mener ainsi la danse, jusqu'à pivoter d'une vive contorsion du bassin, et saisir sa taille pour la faire virevolter de son flanc à un autre. Il profite de leur proximité pour s'amuser à mi-voix. « Les entends-tu qui murmurent ? Je crois que nous faisons sensation. » Et n'est-ce pas ce qu'elle recherchait, elle aussi ? Il ne se souvient pas de Zuhra comme étant une femme de l'ombre - autre que celle que pouvait jeter sur elle son mari. Et si une part de lui parviendrait à regretter la compagnie de Guilhem d'Alefsen, Giacomo est surtout ravi de voir qu'elle lui offre plus de temps au bras de sa veuve.
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    (#) Re: Pour nous tout ce qui compte c'est de voir des yeux qui brillent | Giacomo & Zuhra

    missive rédigée par Zuhra de Fronsac le
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    @Giacomo de Medici & @Zuhra de Fronsac | 4 Novembre 1927 | TW : deuil, attentat
    Et je pense pour ma part que tout changement est une forme de mort, aussi inoffensive puisse-t-elle paraître.

    Quelle pensée sinistre et étrange s’étonne-t-elle alors que la voix grave et basse arrive à ses oreilles. Il ne fait pas grand chose pour ne pas attiser sa curiosité sur le sujet qu’elle comptait justement pas lui imposer par politesse. Pourquoi être parti, et si longtemps avec cela, si c’est le fond de sa pensée ? Et quelles vérités cachées derrière ces mots ? Rester identique ou mourir ? Figer les choses dans une sorte de tableau et les garder ainsi jusqu’à ce qu’elles s’effacent ? Quelle idée affreuse et effrayante. Elle n’a plus grand chose de la Zuhra qu’il a connu, oubliator, mariée, priant pour être mère et n’accordant ses danses et ses plaisanteries badines qu’à un homme. Et si Guilhem lui manque, elle ne voudrait pour rien vivre à jamais leurs dernières mois ensemble. Est-elle morte et renée de ses cendres, par son deuil puis par son ambition ? Ce n’est pas l’heure d’y penser, et encore moins de lui en parler. D’abord la danse, les éclats - et si cela fonctionne on parlera stratégie, changements et douces morts.

    D'abord mes rides, maintenant mes pas de danse, tu ne me ménages pas ce soir !

    La gasconne répond à la plaisanterie par un sourire espiègle. Elle note tout de même : ne plus lui parler de ses rides. En même temps, s’il abhorre tant le changement, la taquinerie était de mauvais goût. Pourtant pour elle, promise à dix-sept ans à un trentenaire passé, c’est un vrai compliment. Aucun homme n’est plus beau à vingt-ans qu’à trente.

    La pensée est distraite par la promesse de la danse, la joie des musiciens, les visages qui se tournent. Première note. Elle prend la main tendue, tourne avec joie vers lui pour quelques derniers mots :

    Je ne t'ai pas vu à la soirée célébrant mon retour. Mais l'invitation n'est peut-être pas parvenue jusqu'en Gascogne ... Je m'assurerai que cela ne se reproduise pas.
    Je te donnerai mon adresse à Paris. Si l’invitation est partie au domaine de Belroy je l’aurais peut-être dans trois ou quatre mois.

    Elle glousse, moins attentive à son souffle que son cavalier. Ishaq n’adresse à sa fille que les lettres qui pourraient la conduire à rencontrer son futur mari. Une lettre qui n’émane ou ne cite pas un célibataire éminent de la noblesse n’a pas son intérêt - et qu’importe la place que souhaite prendre sa fille dans le monde ou ses amitiés. C’est de sa faute, elle le sait, les travaux s’éternisent et elle repousse toujours l’occasion d’organiser chez elle une soirée grandiose qui permettrait d’éclaircir sa situation. Pas le temps d’y penser plus, les cuivres et percussions emplissent la salle de leurs refrains joyeux et les corps leurs répondent. Il la laisse guider, elle s’en donne à coeur joie et constate ravie son application à suivre ses mouvements. Quelques autres danseurs viennent faire claquer leurs pas autour du duo, et pendant un instant tout le reste s’efface - il n’y a plus que la piste de danse, la musique, ses gestes, ceux de celui en face. Un instant, un bref instant, danser n’est qu’agréable. Et puis les chuchotements et le poids des regards la ramènent à l’instant présent, à la raison derrière tout cela. Lui aussi doit y penser, son bras passe autour de sa taille et elle se laisse entraîner sur son côté.

    Les entends-tu qui murmurent ? Je crois que nous faisons sensation.

    Elle rit, juste un peu trop fort pour que ce ne soit pas justement pour les curieux plus que pour son partenaire, penche sa tête en arrière et répond à voix basse :

    C’est parce que nous sommes les meilleurs danseurs. Et sans aucun doute les plus beaux.

    Qu’elle est agréable à incarner, cette Zuhra du monde qu'elle veut être. Les franges sont plus sages et les gestes plus mesurés pour seulement changer de côté et rester près de lui pour quelques pas de plus.

    Que dirais-tu de choisir et mener la prochaine danse, et d’ensuite aller nous rafraîchir au bar pour découvrir qui sont nos admirateurs ?

    Après tout, il n’y a pas de raison qu’elle ne lui montre pas qu’elle aussi saurait le suivre - et puis c’est trop amusant. Après quoi il sera temps de voir quels papillons mondains auront été attirés par leur éclat, et s’il en est quelques uns dignes d’intérêt. Recevoir quelques compliments aussi ; l’orgueil de la gasconne n’est sans doute pas inconnu à Giacomo.
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    (#) Re: Pour nous tout ce qui compte c'est de voir des yeux qui brillent | Giacomo & Zuhra

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    Ainsi les lettres adressées au domaine familial risquent de ne pas lui arriver. Étonnant. Zuhra rit, mais Giacomo s'intrigue, penche un rien la tête de côté - la danse l'empêche toutefois de guetter sur les traits de sa cavalière d'autres indices sur les relations qu'elle peut entretenir avec le reste de sa famille. C'est qu'elle a tout de même une trentaine bien entamée au compteur, sans oublier un veuvage. N'a-t-elle gagné le droit à une certaine indépendance, ou à défaut à de la transparence de la part de ses aînés ? Un sourire sarcastique flotte un instant sur les lèvres de Giacomo - quelques années de moins, certes, mais il n'a pas plus qu'elle acquis ces privilèges. Au moins peut-il se réjouir qu'elle séjourne désormais dans Paris plutôt que dans sa Gascogne natale. Cela lui donnera nombre d'occasions de la croiser, et avec elles des opportunités de limiter son ennui. La ville lumière et ses centaines de distractions rayonnent de promesses susceptibles de l'occuper, mais il se connaît assez bien pour savoir que la lassitude n'est jamais loin, que la Corse n'en était pas la seule responsable. Le jour viendra où ni les futilités de la belle société ni le brillant de ses joyaux ne parviendront à le satisfaire, il le sait. Mais pas ce soir.

    Ce soir, comme le dit Zuhra, ils sont les plus beaux - et il ne peut que la rejoindre dans cette opinion. « Sans aucun doute » confirme-t-il, un petit rire badin couvant dans la voix. Son bras s'attarde à sa taille quelques mesures de trop - de quoi faire hausser un sourcil ou deux, mais ne sont-ils pas là pour s'amuser ? Et il s'en donne à cœur joie. Il ne voit donc aucun inconvénient à enchaîner sur une seconde danse. « Avec plaisir. Encore que pour ce qui est du choix, je suis d'avis de faire confiance aux musiciens. » A peine les mots ont-ils roulé sur sa langue qu'il en saisit l'ironie, et une moue sombre traverse ses traits. N'a-t-il pas appris qu'il ne fallait pas accorder trop de confiance aux musiciens ? En particulier à ceux dont la dévotion était trop belle pour être vraie ? Le fantôme d'Apollon ne l'épargne nulle part - l'envie le saisit de quitter cavalière, danse et soirée pour s'élancer à sa poursuite. Et ensuite ? Il chasse son désir d'une pichenette mentale, relâche sa poigne qui s'était faite un peu trop ferme sur les doigts de Zuhra. Son visage s'éclaire aussi vite qu'il s'était fermé, un sourire de circonstance revient briller sur ses lèvres, tandis qu'il s'ouvre à cette musique qui n'a rien à voir avec celle de Guilhem d'Apcher. Au diable les romantiques notes de la lyre, il est ici pour danser, pour s'amuser, et rien ne l'en empêchera. Le charleston sonne ses derniers accords, transitionne sur un swing plus accessible aux danseurs moins habiles qu'eux. Le rythme reste toutefois soutenu. D'autres couples se joignent à eux et, comme il l'avait promis, Giacomo mène sa cavalière sur cette nouvelle danse.

    Les pas s'enchaînent, la musique déroule ses rebondissements, auxquels il s'adapte d'un pas glissant et agile. Quand il reprend la parole, à la fin du morceau, c'est en trahissant un souffle plus court qu'il ne l'aurait souhaité - la pratique lui manque encore. Cela dit, avec Zuhra à ses côtés pour affronter les mondanités,  il ne doute pas que l'endurance lui reviendra très vite. La demoiselle de Gascogne aime danser au moins autant que lui aime briller. « Si tu n'y vois pas d'inconvénient, je ne serais pas contre un rafraîchissement » propose-t-il, poliment mais d'un ton qui n'entend pas réellement se voir opposer un refus. C'était de toute façon elle qui l'avait évoqué, une danse plus tôt. D'une main galante, il l'aide à se faufiler hors de la piste de danse, entre les couples qui tourbillonnent encore, jusqu'à atteindre le bar. En bon gentleman, il laisse sa compagne faire sa commande en première puis ouvre la bouche pour l'imiter, mais se ravise aussitôt. « Je laisse à mademoiselle le soin de choisir pour moi » indique-t-il en réponse au regard interrogateur du barman. Avant de se tourner vers la susnommée. « Tu as l'air amatrice, et tu as toute ma confiance. Surprends-moi » ronronne-t-il sans cacher l'espièglerie dans son expression. Que risque-t-il ? Il n'est réellement d'alcool qui lui déplaise. Comme Zuhra l'avait prévu, plusieurs sorciers les ont imité et naviguent à proximité dans une indifférence toute feinte. Il ne leur fera pas le plaisir de les interpeler ; qu'ils viennent d'eux-même, s'ils sont si curieux. Se demandent-ils ce qui lui a valu les faveurs de la demoiselle de Fronsac ? Sont-ils jaloux, choqués ? Il s'en régale déjà. Dix ans plus tôt, sa réputation n'était plus à faire. On le disait coureur, s'affichant au bras d'hommes comme de femmes, organisateur de soirées dont on ne parlait qu'en murmurant, en prétendant s'offusquer mais sans cacher une certaine envie. Ne faisait-il pas honneur à son nom de Medici ? Il se demandait ce qu'il en serait, à son retour. A sa grande satisfaction, il n'a fallu qu'un souffle de sa part pour en ranimer les braises.
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    Giacomo parle de faire confiance aux musiciens et, étrangement, son regard se trouble de ces quelques mots, sa main s’accroche soudain à celle de la gasconne avec une force nouvelle. Est-ce une pensée, une peine ou une colère ? Elle essaie de se souvenir s’il fréquentait des musiciens en particuliers quand il vivait à Paris il y a dix ans, mais les silhouettes à ses bras étaient nombreuses et ont pour la plupart perdu leurs traits dans les souvenirs de la brune - pas de portrait ou de nom à invoquer pour expliquer la grimace qui déjà disparaît et qu’un sourire remplace. Quoique ce soit c’est passé, et elle ne compte pas insister sur ce qui l’assombrit. La musique change, les musiciens sont à peine salués qu’on enchaîne déjà sur une nouvelle danse, un peu plus abordable et pour laquelle quelques nouveaux couples se forment et s’avancent sur la piste. Elle se laisse guider avec joie sur le swing, s’oubliant presque quelques instants de plus à son bras, jusqu’à ce qu’une nouvelle fois le tempo ne ralentisse pour s’arrêter encore. Leur souffle s’est raccourci quand il reprend sa précédente proposition :

    Si tu n'y vois pas d'inconvénient, je ne serais pas contre un rafraîchissement.

    Sourire enthousiaste et applaudissements adressés aux musiciens, qui répondent à l’hommage avec sourire et hochements de tête, et elle glisse derrière le Medici vers le bar où il la laisse commander la première un nouveau cherry blossom.

    Je laisse à mademoiselle le soin de choisir pour moi. Tu as l'air amatrice, et tu as toute ma confiance. Surprends-moi.

    Oh voilà un défi amusant. Elle lève un sourcil, penche la tête et le scrute avec un air non moins espiègle que le sien, comme si un élément de son visage pouvait déterminer son choix. Elle se tourne vers l’anglais au bar, et lui désigne d’une main le champagne et de l’autre une bouteille d’alcool de caprice de niffleur. L’homme fait un grand oui, et sort le gin pour lui signifier qu’il a compris sa proposition, et s’attelle au cocktail en ajoutant sucre et citron. Derrière lui, un grand miroir dévoile à celle qui s’y plonge le spectacle de l’attention obtenue, l’image de cette foule autour d’eux, les regards curieux, les mains qui cachent les lèvres et les questions… Beaucoup d’étrangers ce soir, sorciers du Royaume Uni ou des Amériques, et principalement de la haute bourgeoisie - des amis ou partenaires de Madame Catchlove sans doute. Quelques visages lui sont quand même familiers et pourraient être dignes d’intérêt. Que pensent-ils de ce duo qu’ils forment ? Le flamboyant Giacomo de Medici et la demoiselle de Gascogne ? Loin d’être aussi sulfureuse que son comparse - car la femme d’un seul homme - Zuhra jouissait elle d’une réputation de noctambule aimable qu’il était bon de fréquenter avant de se retirer du monde quelque temps… Il va falloir travailler sur son côté sage si elle doit fréquenter plus souvent l’italien et sans un mari pour la chaperonner. “The French” annonce le barman en servant à Giacomo une flûte où pétille une boisson d’or et de cuivre. La brune pivote légèrement vers lui en tendant son propre verre.

    A quoi veux-tu trinquer ?

    Elle se penche vers lui un peu plus sérieuse. Son orgueil s’impatiente.

    J’admire la retenue toute anglaise de nos admirateurs, très dans le thème de la soirée, mais je pense qu’un sourire pourrait donner le courage à l’un d’eux d’approcher. - Ils ne vont quand même pas quémander les compliments en allant eux-mêmes à la rencontre de ceux qui les épient. - Tu as une préférence ? Je vous juste à côté plusieurs choix : il y a à neuf heures le couple de Monfort, ils sont proches du chef cuisinier des Délices d’Ambroisie et ils peuvent y obtenir une table en moitié moins de temps que moi, ce qui n’est pas sans me rendre très envieuse pour tout te dire. A onze heures, monsieur Flavien, il est assez ennuyeux pour endormir un spectre, mais il organise des fêtes magnifiques dans une maison avec une serre tout à fait exceptionnelle. Oh et à trois heures, il y a un Fawley, noble donc mais je dois t’avouer que mon anglais est épouvantable.

    Et il y en a sûrement d'autres, avise-t-elle en prenant une gorgée et finissant de se tourner complètement vers la salle de façon à sembler plus abordable.
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    (#) Re: Pour nous tout ce qui compte c'est de voir des yeux qui brillent | Giacomo & Zuhra

    missive rédigée par Giacomo de Medici le

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    Le défi est accepté sans hésitation, et c'est avec curiosité qu'il observe le barman répondre aux exigences de Zuhra. Son regard suit les bouteilles qui se succèdent sans qu'un doute ne vienne l'étreindre - il n'a pas menti en affirmant faire confiance à sa partenaire de danse. C'est finalement un verre aux beaux reflets dorés qui est posé sur le comptoir. Lui qui aime tout ce qui brille, le voilà servi. Un petit rire agite ses épaules en entendant le nom du cocktail. The French. Voilà qui est fort à propos, pour le plus parisien des italiens venus se perdre en France. Une belle manière de saluer son retour, en soit. Il se demande si Zuhra a choisi la boisson pour sa dénomination ou pour ses saveurs. Les deux, peut-être. Il garde la question pour plus tard, lève le verre à hauteur de ses yeux avant de venir le faire sonner délicatement contre celui de la demoiselle de Gascogne. « A nos retrouvailles, bien sûr » trinque-t-il, parvenant presque à ignorer les regards curieux des convives orbitant autour du bar. Encore faudrait-il qu'il souhaite réellement les ignorer. Mais l'instant leur est encore tout personnel ; autant le savourer, avant de céder aux sirènes de la sociabilisation, à la danse des compliments et des faux-semblants. « A la promesse de ne plus laisser les années ou la Méditerranée nous séparer. » Une belle promesse, aussi dénuée de sens que celles murmurées aux oreilles de ses prétendants.

    Première gorgée, et le cocktail pétille sur sa langue, presque trop sucré et pourtant parfaitement balancé par l'acidité. Il ne prend que quelques secondes pour l'apprécier, déjà concentré sur la reconnaissance proposée par Zuhra. Attentif et conciliant, il suit du regard les sorciers qu'elle lui désigne, petit sourire railleur bien caché derrière les reflets cuivrés tourbillonnant dans son verre. Le couple de Monfort lui paraît tristement banal, ne récoltent qu'un coup d’œil passager, et déjà il s'intéresse au convive suivant. Qui n'a malheureusement rien de plus attirant. Giacomo n'a aucune affection pour les nouveaux riches de son genre, quel que soit leur âge. Sa propre famille a beau être de la bourgeoisie la plus clinquante, il n'apprécie guère d'en fréquenter d'autres - peut-être le reflet ainsi offert est-il trop cruel pour être prisé. Ou peut-être est-il simplement plus facile d'émettre à leur encontre des critiques qu'il n'oserait jamais formuler envers les siens. « Pour ce qui est de fêtes magnifiques, je pense n'avoir rien à envier, serre exceptionnelle ou pas » se contente-t-il de commenter à mi-voix, avec un œillade entendue. Et appuyée. C'est finalement un sang plus noble qui est évoqué, quoique étranger. « Ton anglais ne peut qu'être meilleur que le mien » grimace Giacomo d'un ton rieur. Il ne s'en excusera jamais, toutefois - il a déjà bien assez d'idiomes à son arsenal pour se garder d'en ajouter un nouveau. Et les langues se sont acquises de manière si naturelle, en grandissant, qu'en apprendre une nouvelle lui paraîtrait un effort insupportable. Surtout quand la culture s'y associant ne trouve aucun écho en lui. « Au demeurant, les britanniques manquent souvent de piquant. Leurs excès de politesse m'ennuient » ajoute-t-il donc avec un petit haussement d'épaules négligent.

    Les Montfort ce sera, en ce cas. Après avoir volé dans son verre une nouvelle gorgée fraîche et pétillante, Giacomo se tourne vers les heureux élus, leur adresse un sourire destiné à les inviter à leurs côtés. Un feu vert qui devait être attendu impatiemment, car le couple ne tarde pas à se joindre à eux, sourire de circonstance figé sur les lèvres, salutation polie dirigée vers Zuhra - différence de rang oblige. Les compliments pour leurs talents de danseur ne tardent pas à pleuvoir, bien sûr, et il les accepte avec une humilité toute feinte - et un sourire sans doute trop hautain pour qu'elle soit parfaitement crédible. Mais les éloges ne l'intéressent pas réellement, lui qui est trop convaincu de son talent pour savoir besoin qu'un couple comme les Montfort le valide. Non, ce qui lui plaira d'entendre, ce sont les questions qui brûlent les lèvres, mais que la politesse retient encore. Pas bien longtemps, cela dit. « On ne vous avait vus ni l'un ni l'autre depuis bien longtemps. Vous êtes vous donnés le mot pour refaire votre apparition ensembles ? » fait mine de plaisanter l'épouse, le regard trop pétillant pour laisser le moindre doute sur l'innocence de sa question. Ah, on a connu plus subtil, comme chasse aux potins. Giacomo autorise un sourire sybillin à venir étirer ses lèvres, penche un rien la tête de côté en dévisageant la bavarde, mais garde bouche cousue. Il laisse à Zuhra le privilège de répondre - ou de laisser s'étirer ce silence, distillant à l'envie ce discret malaise.
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    (#) Re: Pour nous tout ce qui compte c'est de voir des yeux qui brillent | Giacomo & Zuhra

    missive rédigée par Zuhra de Fronsac le
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    c'est de voir des yeux qui brillent

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    04 nov. 1927 ; avec @Giacomo de Medici | TW : deuil, attentats, classisme

    A nos retrouvailles, bien sûr. A la promesse de ne plus laisser les années ou la Méditerranée nous séparer.

    Il a l’air satisfait de la boisson choisie - la couleur lui va particulièrement bien. Zuhra trinque avec lui, sourire rêveur pour répondre à la vaine promesse. Elle aurait été un peu plus romantique, elle aurait au moins voulu y croire. Mais si leur amitié était de celles qui résistent à ces épreuves, ils se seraient vus et retrouvés depuis ce temps. Aucune importance, elle ne compte pas bouder son plaisir de partager ces instants pour d’aussi inutiles considérations que ce qui aurait pu être. Il n’est pas le genre d’homme avec qui elle ira partager ses doutes, ses larmes ou ses espoirs - mais ce n’est pas ce qu’elle attend de leur complicité. Elle cherche un bon danseur, un homme à la verbe et l’allure admirables, qui fera parler d’elle et attirera les yeux - et à qui elle peut offrir la même chose en échange.

    La brune se fait guide, présentant ceux qui soupirent en les regardant, attendant le choix de Giacomo avec amusement. Ce n’est pas une très belle fête, elle doit bien l’avouer, cela manque de personnes véritablement dignes de leur intérêt - mais ils feront avec ce qu’ils ont pour commencer. Son comparse est presque plus regardant qu’elle.

    Pour ce qui est de fêtes magnifiques, je pense n'avoir rien à envier, serre exceptionnelle ou pas.

    Elle n’en doute pas, quoiqu’elle ne soit pas en position de faire autant la fine bouche, ni de laisser sa réputation s’abîmer comme la sienne à l’époque. Que cherche Giacomo ici, briller, s’amuser ? Elle va devoir faire campagne elle, et ainsi supporter les idiots et les fâcheux pour voler à son oncle sa place - et en souriant s’il vous plaît. Peut-être devrait-elle partager cette ambition avec l’italien, qu’il comprenne  - mais plus tard. Un peu d’amusement avant les choses sérieuses. Le Fawley ne gagne pas non plus les faveurs du brun, malgré sa noblesse qui lui offre un intérêt plus sincère de la fille de Duc.

    Ton anglais ne peut qu'être meilleur que le mien. Au demeurant, les britanniques manquent souvent de piquant. Leurs excès de politesse m'ennuient

    Elle cache ses dents et son amusement d’un geste pudique de la main, mais il peut l’entendre souffler lui qui est tout proche. Oh, il faudra absolument qu’elle lui raconte la soirée pour ses fiançailles, qu’il ricane avec elle de la bêtise, de la mièvrerie ou de la mollesse de certains puissants du vaste monde. Se moquer lui permettra d’oublier un peu ce qui lui reste d’impatience et d’agacement à l’égard de quelques nobles espagnols - ce sera pour la fin de soirée, quand quelques verres de plus auront été bus et quelques danses dansées.

    Ne reste donc que les de Monfort qui s’empressent d’approcher au premier regard direct qui semble les inviter - de véritables insectes attirés par le miel. Elle les regarde avancer avec un sourire qui est entre le poli et le joyeux, sourire de mondanités et de cours qui ne laisse rien paraître de ce qui se joue derrière les yeux noirs. Un nom illustre, aussi ancien que le sien - et pourtant déchu lui quand les de Fronsac avaient passé les siècles sans renoncer à leur titre. Voilà les derniers descendants d’hommes ayant presque tenu le royaume de France entre leurs mains se perdant en courbettes et en compliments sur leurs tenues et leurs pas sur la piste.

    On ne vous avait vus ni l'un ni l'autre depuis bien longtemps.

    La gasconne se retient de rétorquer que Giacomo comme elle ont déjà fait leur retour dans la bonne société, il a parlé d’une fête et elle-même s’est déjà montrée plusieurs fois depuis le printemps. Elle se réservait jusque là pour des événements plus rares et prestigieux il est vrai, des événements auxquels le couple n’était certainement pas invité… Mais elle n’a aucune raison de se montrer désagréable en reprenant la bourgeoise.

    Vous êtes vous donnés le mot pour refaire votre apparition ensemble ?

    Quelle est l’expression déjà - un malheur n’arrive jamais seul ? Elle sait qui sa présence doit déranger, qui son influence doit affaiblir - son compagnon a-t-il comme elle une volonté sournoise ou n’est-il que charmant papillon de nuit qui profite de la lumière ? Les deux lui iront. Pas sûre qu’ils ne goûtent à la plaisanterie si elle la faisait à voix haute, même si ce serait un trait d’esprit appréciable pour contrer cette indiscrétion. Il y a des doutes qu’elle doit malheureusement lever, quoiqu’ils soient divertissants. Elle se fend d’un sourire joyeux et offre à Giacomo un sourire complice.

    Oh, c’est un très heureux hasard, n’est-il pas ? Retrouver un si bon danseur si peu de temps après mon retour est une joie.

    Un compliment qui ne porte pas trop au débat - il va falloir jongler avec l’aura sulfureuse de son camarade sans y perdre. L’époux sort de son silence avec aussi peu de finesse que celle qui se tient à son bras :

    J’ai entendu que l’on avait donné en votre honneur une somptueuse fête à Madrid, c’est une surprise de voir que vous ne délaissez pas la France pour autant.

    Battement de cils qui accueille la phrase, compliment au moins maladroit et curiosité excessive évidente. Elle ne compte pas servir aux deux premiers parisiens venus lui parler les détails de cette histoire, puissent-ils un jour lui obtenir une place dans le meilleur restaurant de France, surtout que ceux-ci semblent être de terribles commères.

    On en donne aussi de magnifiques à Paris.
    Oh, Monsieur de Medici, comptez-vous organiser une fête prochainement ?

    C’est l’épouse qui reprend, plus intéressée par Giacomo que son époux - et sa question prouve qu’elle connaît sa réputation quand il vivait ici. Si c’est une façon de quémander une invitation en revanche, c’est pitoyable.



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    (#) Re: Pour nous tout ce qui compte c'est de voir des yeux qui brillent | Giacomo & Zuhra

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    Comme elle paraît satisfaite, l'épouse de Monfort, à se pavaner en leur compagnie ! Légèrement en recul, laissant à sa noble cavalière la main sur leur discussion, Giacomo observe le couple avec une attention mêlée d'amusement. Repère les petits coups d’œil jetés à la ronde, pour capter les regards des autres convives, s'assurer que l'on est vu en bonne compagnie - car la conversation n'est pas réellement la finalité, n'est-ce pas ? Qu'importent les mots qui s'échangent, c'est ce qu'en pensent les autres qui compte. La réponse de Zuhra flotte aux oreilles de l'italien sans lui arracher le moindre cillement - il n'est pas surpris d'être présenté comme un simple partenaire de danse. C'est la vérité crue, car leur complicité a beau survivre au-delà de la piste, elle se sera éteinte avec les premières lueurs du jour, il en est bien conscient. Leurs vies diffèrent pas trop. Et, soyons honnêtes, leur statut aussi. Quoique le Medici sait que son nom, sa prestance et son assurance sont autant de clés pour se faire une place parmi les puissants de ce monde - une leçon que les Monfort gagneraient sans doute à entendre. Et ce qu'il ne peut atteindre, il peut toujours le détruire. Les enceintes les plus solides n'ont plus guère de valeur lorsqu'elles sont réduites en cendres. « Une joie partagée » acquiesce-t-il donc avec un petit hochement de tête.

    C'est au tour de l'époux de s'exprimer, et il parvient cette fois à faire naître en Giacomo un semblant d'intérêt. Une fête donnée en Espagne, en l'honneur de la demoiselle de Gascogne ? Voilà une histoire qu'il aimerait entendre. Mais ce n'est pas en cette compagnie qu'il demandera des éclaircissements. Il se contente d'en prendre note mentalement ; il sera toujours temps d'obtenir des informations auprès de la première intéressée, ou bien aux côtés de langues plus déliées, si Zuhra se prétendait cachottière. L'aurait-il voulu qu'il n'aurait pu rebondir, de toute manière, car l'épouse Monfort semble vouloir le faire revenir sur le devant de la scène en s'enquérant de ses projets de soirée. « Absolument » approuve-t-il avec son sourire le plus sucré, mais sans donner plus de détails. Oh, madame de Monfort, cette tentative d'obtenir une invitation serait touchante, si elle n'était si pathétique. Elle n'a convaincu Giacomo que d'une chose, et c'est plutôt de garder sa porte fermée à ce couple trop curieux. Encore que, l'excès de curiosité n'est pas quelque chose qui lui déplaît. Il aime voir les rumeurs naître, se dessiner, allant jusqu'à souffler sur les mots qui s'esquissent pour qu'ils volent aux oreilles de son choix. C'est plutôt le manque de subtilité qui l'agace. Ils sont en soirée mondaine, pas au lavoir en train d'échanger des ragots, comme les moldues se plaisent à le faire. Un peu de finesse est attendue. Exigée, même. Raison pour laquelle il n'a nul besoin d'épiloguer pour que le message soit très clair : ses soirées, qu'il s'agisse des plus émérites  ou des moins recommandables, ne seront pas fréquentées par les Monfort.

    Et avec cette certitude vient l'envie de s'excuser. Ce couple était peut-être prometteur au premier abord - toujours plus, du moins, que les autres propositions de Zuhra - mais leur compagnie est très vite devenue d'un ennui abyssal. Levant son verre encore bien peu entamé, l'italien porte un toast poli. « Un plaisir de converser avec vous. » Nul besoin de se trouver de justification - ne sont-ils pas au-dessus de ça ? Et s'il ne l'est pas,  nul doute que sa cavalière, elle, pourra se le permettre. Passant le bras sous le sien, il l'entraîne à sa suite dans la foule, remarquant au passage que l'orchestre vient d'achever une nouvelle chanson, envoyant dans les convives un peu de sang neuf, quoique essoufflé. Tout en cherchant du regard un visage méritant leur attention, Giacomo penche sa tête vers l'épaule de Zuhra pour souffler une petite remarque. « D'abord un anglais, maintenant Madrid, tu as décidément le goût de l'exotisme. Je vais finir par craindre que tu ne m'apprécies plus pour mon accent que pour mes talents de danseur. » Le regard pétille et le ton est à la plaisanterie, naturellement. Le pas léger, sirotant son cocktail de sa main libre, il les mène dans la belle société - bien trop anglaise à son goût. N'y a-t-il aucun sang bleu digne d'intérêt pratiquant une autre langue que celle de Shakespeare ? Le choix n'est finalement pas le leur, car un nouveau couple les arrête en se postant impérieusement sur leur chemin. Giacomo les dévisage attentivement. Il ne les a jamais croisé, mais les traits de la femme lui sont vaguement familiers. Proches de ceux de Guilhem d'Alefsen, maintenant qu'il y pense. L'italien retient un sourire mutin. Voilà qui promet d'être bien plus intéressant. « Vous faites un couple très agréable à l’œil, sur la piste comme en dehors » complimente le Medici après les salutations d'usage - quoiqu'il devine leur danse à leurs joues rougies et non pour avoir vu un seul de leurs pas.
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    Nature du sang : Sang-mêlé
    Etat Civil : Veuve de Guilhem d’Alefsen depuis 1917, activement à la recherche d'un époux
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    (#) Re: Pour nous tout ce qui compte c'est de voir des yeux qui brillent | Giacomo & Zuhra

    missive rédigée par Zuhra de Fronsac le
  • img1 img2
    Pour nous tout ce qui compte

    c'est de voir des yeux qui brillent

    City of stars are you shining just for me?
    City of stars there's so much that I can't see
    Who knows ? Is this the start of something wonderful and new?
    04 nov. 1927 avec @Giacomo de Medici | TW : deuil, attentats, classisme

    Giacomo n’a aucune pitié, et la gasconne se retrouve à cacher un rictus moqueur derrière son verre. Un seul mot, une réponse laconique pour anéantir l’espoir de cette malotrue d’une invitation. Le visage de la de Monfort vrille un instant, se pare d’un air pathétique qu’elle a du mal à dissimuler. Quelle pitié vraiment, une si grande famille, un si grand nom - réduit à cela par des descendants qui ont perdu tout sens de la noblesse. Une déception, vraiment, Zuhra espérait quelque chose d’autre que l’ennui de cet échange.

    Un plaisir de converser avec vous.

    La brune incline poliment la tête à cette affirmation et se laisse entraîner par l’italien sans rien ajouter. Pas la peine de rajouter plus de politesse, son mensonge à lui suffit. Elle s'excuserait presque de les avoir recommandés comme ils s’éloignent, mais son orgueil l’empêche de reconnaître aussi directement son erreur de jugement. Leur réputation était prometteuse…. Ses sourcils se froncent un instant - ce n’est pas la première fois que cela l’abuse, il ne faudrait pas que cela devienne une habitude. Et justement son compagnon lui rappelle malgré lui sa dernière déconvenue du genre :

    D'abord un anglais, maintenant Madrid, tu as décidément le goût de l'exotisme. Je vais finir par craindre que tu ne m'apprécies plus pour mon accent que pour mes talents de danseur.
    Oh crois moi, tes talents de danseur m’ont particulièrement manqué à Madrid. Je te raconterai tout si tu veux, à condition que tu promettes de te moquer avec moi et non de moi.

    Sourire malicieux à son égard, car la formule est choisie aussi pour attiser sa curiosité. Elle est sincère du reste : Giacomo aurait illuminé ces fiançailles par sa présence et lui aurait fait oublier le pas lourd et gauche de l’espagnol. Quel dommage tout cette histoire : le rang de Princesse aurait été parfait devant son nom.

    Et pour ce qui est de mon goût de l’exotisme et des accents, trouve-moi un prince italien qui ne soit pas un crétin fini et je suis même prête à apprendre la langue.

    Puisqu'il est à présent exclu d’en trouver un qui parle une de celles qu'elle maîtrise déjà. Elle n’a pas le temps de confier à son compagnon ce qu’elle entend par crétin fini que deux silhouettes qu’elle connaît bien viennent se mettre sur leur chemin. L’homme a les cheveux roux, le visage long et les yeux très clairs, la femme les mêmes boucles brunes et yeux gris rieurs que Guilhem. Les yeux noirs de Zuhra s’écarquillent de surprise, mais l’air sur son visage est sincèrement ravi.

    Mrs. Murray, Sir Murray, quelle agréable surprise !
    Mrs. d’Alefsen.

    L’écossais se penche pour un baise main, alors que sa femme le reprend d'une voix douce.

    Oh, Malcolm-sweatheart, c’est Miss de Fronsac maintenant. C’est un plaisir de vous voir Zuhra.
    Voici Giacomo de Medici, un ami de longue date.

    Celui qu’elle présentait comme un simple partenaire de danse gagne ici quelques galons - c’est que Zuhra ne craint pas que son ancienne belle-sœur ne se répande en rumeur à ses dépends ; et puis il connaissait Guilhem, Vincéncia qui sait qu’elle est demeurée loin de Paris peut comprendre ce qu’elle entend par longue date.

    Vous faites un couple très agréable à l’œil, sur la piste comme en dehors.
    Oh, quel beau compliment de votre part, vous qui nous avez tant réjouis en ouvrant le bal ! Je dois dire que j’ai eu la chance d’avoir un bon professeur, le même que votre cavalière. Et l’enchantement sur votre robe Zuhra, quelle merveille.

    Eux-mêmes sont vêtus avec un goût sûr, couleurs vives mais pas trop tape à l’oeil, bijoux d’or blanc et de pierres précieuses.

    Et vous Monsieur de Medici, vous êtes éblouissant de même, il faut absolument que vous nous donniez le nom de votre joaillier.



    img1 img2
    I was a girl until your call - Nous étions en paix comme nos montagnes vous êtes venus comme des vents fous. Nous avons fait front comme nos montagnes vous avez hurlé comme les vents fous. Éternels nous sommes comme nos montagnes et vous passerez comme des vents fous.


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    (#) Re: Pour nous tout ce qui compte c'est de voir des yeux qui brillent | Giacomo & Zuhra

    missive rédigée par Contenu sponsorisé le