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The Art of Apparences | ft. Amaury

Aliénor LestrangeATROPOS | THEN, LET IT BURN.
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(#) The Art of Apparences | ft. Amaury

missive rédigée par Aliénor Lestrange le
  • Date à venir • Les Délices d'Ambroisie • @Amaury d'Apcher


    Les Lestrange avaient beau n’être que Vicomtes, ils avaient su faire leur trou. Voilà ce que se dit Aliénor Lestrange en ce jour, alors qu’une voiture la dépose devant les Délices d’Ambroisie. Pour déguster la cuisine du chef, apprécié même de la famille royale -comme si cela voulait dire quelque chose : l’on peut avoir une couronne et de très mauvais goûts - il faut s’y prendre des mois à l’avance. Mais qu’il s’agisse de son père, son frère, ou du baron d’Apcher, de tout ce petit monde à la fois, qui sait… on leur avait trouvé une table dans la semaine.

    Il faut dire que pour rencontrer son futur fiancé, un restaurant haut de gamme était la moindre des choses. La princesse des Lestrange accepte de se laisser mettre la bague au doigt, attention messieurs-dames. La teneur de la discussion et de la rencontre gagnant à être discrète, on leur a trouvé un table légèrement à l’écart, masqué d’un paravent savamment décoré et d’un sortilège de protection contre les oreilles qui traînent. Et c’est ici qu’Aliénor, robe carmin et étole de fourrure immaculée aux épaules, se rend, démarche assurée sur ses talons hauts, malgré le sol d’un couloir recouvert de tapis moelleux. Celui qui avait choisi cette décoration voulait assurément que les femmes se tordent une cheville, le contraire était inconcevable. Mais c’est pourtant les deux chevilles intactes que la jeune femme congédie son chaperon. Oh, elle devait en avoir un pour la forme, mais qu’il assiste à cette rencontre? Hors de questions. Elle n’était pas une enfant, et si elle se pliait au protocole, il était hors de question d'exagérer. Elle était là pour se faire sa propre idée, selon les mots de son frère. Et elle comptait se la faire sans cerbère zyeutant par dessus son épaule.

    L’unique fille de Crépus commande une bouteille de champagne pour elle et son prétendant, ne lui laissant pas le choix de sa boisson, et profite de sa solitude pour réajuster son maquillage. Il n’était pas tout à fait hostile au mariage, mais dire qu’il était conquis d’avance serait s’avancer, apparemment. Amaury d’Apcher. Trente ans, célibataire, jamais vu avec une femme de la cour ou d’un quelconque cercle haut placé. Prudent - à raison? - ou était-ce plutôt qu’il aimait les hommes? Une éventualité à considérer. Non pas que cela change quoi que ce soit à l’affaire, finalement, ils ne se mariaient pas pour apprécier coucher ensemble. C’était juste du bonus, au final, ça. Les enfants, ils les feraient bien tôt ou tard, plutôt tôt que tard pour être débarrassé de tout ça. Mais tout reposait sur leur rencontre.

    Ne pas être castratrice, ne pas être trop offerte. Cet homme n’avait au mieux, pas l’habitude qu’on lui dise non, au pire, aucune attirance pour son sexe. Mais s’il était là ce soir, c’était sans doute que lui aussi comprenait l’intérêt d’une alliance entre leurs deux familles. Ne restait qu’à lui vendre le reste : elle. Et coup de chance, Aliénor avait l’esprit du business. Camille avait achevée de la préparer à ce genre de situation. Sauf que cette fois, ce n’était pas un contrat de mécénat, ou un artiste qu’elle vendait. Mais pourquoi cela devrait-il changer quoi que ce soit à l’affaire? Un mariage était un contrat. Et aucun contrat ne lui échappait.


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    (#) Re: The Art of Apparences | ft. Amaury

    missive rédigée par Amaury D'Apcher le
  • Fiançailles, troubles, et macarons
    Là où ils se rencontrèrent.

    Il se sentait trahit. Non pas qu’il avait été pris au dépourvu quand on lui avait annoncé qu’il était désormais fiancé, mais il avait été plus que décontenancé par la façon dont on lui avait annoncé la chose. Fallait-il dire qu’au regard de l’attente de l’annonce, Amaury s’était imaginé le déroulé des évènements des centaines de fois. Il s’était dit que son frère – Arsène -- en viendrait à le convoquer pour lui annoncer qu’il était grand temps, pour lui, d’abandonner ses mœurs dissolues pour mieux convoler en justes noces. Il aurait bien sur trouvé à redire et il aurait fait de son mieux pour faire montre de son mécontentement pour finalement plier face au poids de ses obligations. La traitrise ressentie ne venait pas tant du fait qu’il ne s’attendait pas à cette annonce que par la manière dont la vision quasi prophétique qu’il s’en était fait avait été bafouée. Arsène, renard rusé s’il en était, avait usé du plus odieux des procédés en osant impliquer leur mère dans l’énoncé de sa peine. Amaury était tombé des nus lorsque, après une convocation en bonne et due forme, il était tombé nez à nez avec Dorimène d’Apcher.

    Dorimène était la mère de la fratrie d’Apcher, et il n’était, assurément, personne qui comptait plus aux yeux d’Amaury que sa mère. Il avait toujours été en quête de ce petit plus dont bénéficiait Aloïs, et s’il ne se l’avouait pas, il était assez jaloux de la relation qu’ils entretenaient. C’était idiot, mais cette sensation restait tout de même présente, gravée au sein même du cœur du petit garçon qu’il avait été et qu’il restait bien malgré lui. Aussi trouvait-il déloyal que la nouvelle de son union à venir lui soit annoncée de cette façon. Arsène, plus que quiconque, savait qu’il n’irait jamais contredire ce que sa mère lui disait, et que tout penaud, il irait là où elle lui disait d’aller en brave garçon qu’il était.

    C’était de cette façon que, frustré, il s’était retrouvé face à la devanture des délices d’Ambroisie. Et s’il goûtait le bon mot du nom de l’établissement, il n’en restait pas moins qu’il se sentait étriqué dans son costume de ville. Suffoquant presque dans le tweed bleu marine de sa pelisse, il prit une profonde inspiration avant de pénétrer au sein du restaurant tandis que l’horloge œil de bœuf du hall lui indique qu’il est presque en avance. Fallait-il vraiment qu’il donne l’impression d’être empressé à l’idée de se marier ? La donzelle pourrait se faire des idées, et pourtant la seule idée qu’il souhaiterait qu’elle se fasse de lui c’est qu’il n’avait rien d’un homme bien. Mensonge ? D’une certaine façon. Après tout nul n’avait jamais trouvé à redire sur son comportement, et il n’était que trop peu de scandales scandés en son déshonneur pour qu’on lui refuse ouvertement la main de quiconque. Rien, si ce n’était le fait qu’il n’était pas titré, mais à l’évidence ce n’était pas là le titre qui intéressait la famille Lestrange que quelques arrangements pécuniers. Sous ses dehors brutes et déconnectés, Ambroise n’était pas dupe.

    S’ils ne s’étaient pas croisés jusqu’alors ce n’était que par chance, ou par heureux hasard, car tandis qu’on lui ouvrait le chemin vers une tablée à l’abris des regards, elle lui faisait déjà grâce de sa présence. Il aurait été fâcheux qu’il attende longtemps, mais il lui semblait tout autant que la demoiselle soit déjà présente. Néanmoins, cela lui laissa le plaisir de souligner sa physionomie d’un regard qui se voulu critique. Elle était jolie, et bien qu’elle ne fût pas aussi généreuse en certains lieux qu’il l’aurait espéré, elle restait agréable au regard. Futiles pensées qui pourtant retiraient un poids qui pesait lourdement sur son estomac. Non pas qu’il aurait été difficile d’accomplir son devoir conjugale avec un laideron, après tous les bas instincts de l’homme et bien plus encore de la bête ne se basaient en rien sur de quelconques critères de beauté, mais devoir en souffrir la vision chaque jour lui paraissait peu acceptable.

    « Bonjour. » fut la seule chose qu’il trouva à dire, après tout qu’avait il d’autres à dire. Amaury n’était pas connu pour être la personne la plus sociable qui soit, il avait eu bien du mal à intégrer les notions d’étiquettes qui sillait à la noblesse et il fuyait depuis déjà bien trop longtemps les salons mondains pour savoir ce qu’il était convenu ou non de faire dans le cas d’une rencontre. « Amaury d’Apcher, ravi de vous rencontrer. » trouva-t-il bon de rajouter, quoi que le ton fût s’en doute empreint d’un manque d’enthousiasme, tout en lui présentant une main en guise de salutation.
    Aliénor LestrangeATROPOS | THEN, LET IT BURN.
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    (#) Re: The Art of Apparences | ft. Amaury

    missive rédigée par Aliénor Lestrange le
  • Date à venir • Les Délices d'Ambroisie • @Amaury d'Apcher


    [i]Le futur époux arrive à l’heure. Presque. Légèrement en avance. Elle l’a aperçu du coin de l'œil, faisant mine de rien jusqu’à ce qu’il ne s’approche et la salue. Oh, elle aurait pu lui faciliter la tâche, Aliénor, se montrer comme offerte, une femme sans cervelle qu’il pourrait contrôler à l’envie. Elle aurait pu. Sans doute que cela aurait été plus simple, de lui montrer une image facile et à laquelle sans doute il s’attendait. Mais la princesse des Lestrange avait une cervelle, n’hésitait pas à s’en servir, et trouvait bassement indigne d’elle que de faire croire qu’elle était une pauvre demoiselle naïve et innocente. Ce jeu-là l’amusait quand il s’agissait de trouver un amant ou de ridiculiser un homme trop sûr de lui. Mais pour trouver un époux? Il valait mieux montrer - avec prudence, s’entends - quelques cartes de son jeu. Afin qu’ils ne se haïssent pas d’un premier coup d'œil.

    Aussi est-elle très absorbée dans l’examen du menu, ou du moins le paraît-elle, lorsqu’Amaury d’Apcher débarque, la salue sans sembler se soucier des règles d’étiquettes. Encore qu’il est difficile de juger sur un mot, mais un noble plus au fait des politiques sociales aurait sans doute rajouté quelques mots, enrobé son bonjour d’un compliment de circonstances. Qu’importe qu’il ne le pense pas, après tout, ils n’étaient pas vraiment là pour se plaire, simplement pour s’unir, si les choses se déroulaient bien.

    Il n’esquisse d’abord pas un geste pour s’emparer de sa main, rien. Les lèvres closes, Aliénor l’observe. Quitte à se comporter en épouvantail dans un champ de blé, au moins était-il un épouvantail attirant. Elle aimait les traits de son visage et ses yeux si bleus. Ils feraient des enfants plaisants. C’était important dans leur monde : ça rendait la descendance plus facile à marier, et donc les alliances plus simples à conclure. Et un bel homme donnait toujours plus envie de se mettre à la chose qu’un bossu disgracieux. Un bon point pour son frère, même si après tout rien n’était décidé. Aliénor pouvait tout à fait décider que le fils d’Apcher n’était pas celui qui lui fallait, Auguste en serait sans doute déçu, mais ni lui ni leur père ne l’obligerait à quoi que ce soit sur ce point. Un des avantages d’être favorisée par le paternel.

    Elle se leva donc, acceptant de se plier à son manque de manière feint ou avérée. Sa main finalement tendue est saisie et la rencontre scellée d’une poignée de main délicate, mais décidée. Un baisemain aurait été plus à propos, mais finalement, que lui importait qu’il la serre ou l’embrasse à ce stade de leur relation après tout ? Quand il ajoute quelques mots, l’Hélène de Paris a un sourire un rien malicieux. “De me rencontrer, visiblement pas. De me connaître, ça pourrait venir, je ne désespère pas.

    S’asseyant finalement face à lui, elle se présente à son tour. “Aliénor Lestrange, charmée de même de votre présence, Amaury.” Si lui ne voulait pas faire d’effort, elle le pouvait, instruite depuis sa plus tendre enfance aux faits de cour, bien qu’il lui arrive de ne pas les respecter. Souvent par envie d’insulter un vis-à-vis, par ailleurs : Amaury lui n’avait rien fait pour mériter un courroux qui serait malvenu. Un claquement de doigt et un serveur arrive avec la bouteille de champage dans son seau de glace, et lui fait goûter le breuvage à la couleur d’or blanc. Un hochement de tête, et il sert deux coupes. “J’espère que le champagne est à votre goût. J’ai pensé qu’une boisson festive pouvait être de mise.” Après tout, ils discutaient d’un contrat juteux. Et s'ils ne s'agréaient pas, ils pourraient trouver réconfort dans l'alcool.

    Et comme il ne semble pas être du genre à faire mine de la séduire pour donner le change, Aliénor opte pour l’honnêteté. “J’imagine que votre frère vous a fait part de la raison de notre rencontre ce jour.” Le contraire aurait été étonnant après tout. De ce qu’il lui semblait, les d’Apcher formaient une famille unie. Peut-être pas autant que la sienne, mais il lui semblait que l’on ne pouvait se comparer aux Lestrange sur la question. “Je suppose que la décision n’est pas tout à fait vôtre, et ignore votre avis sur ce sujet. Je ne sais pas si vous vous attendiez à rencontrer une demoiselle effacée que l’on vous collerait au bras, mais j’aime autant vous informer que je n’ai pas la réputation d’être passive.” Un sourire en coin. Les sous-entendu grivois faisaient souvent mouche sur les hommes intéressés par le beau sexe. L’on verrait bien si lui en était. “Je trouve pour ma part l’idée de cette union intéressante sur plusieurs points, au-delà de la volonté sous-jacente de nos familles respectives, et vous rencontrer et apprendre à vous connaître nous seraient évidemment bénéfique.

    Elle porte la coupe de champagne à ses lèvres et en boit une gorgée, sans le quitter des yeux. “Puis-je vous demander votre avis sur la question? Après tout, je cherche un partenaire et non pas un faire-valoir, et la franchise me semble être la plus saine des approches. Que pensez-vous du mariage, et de celui-ci en particulier?


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    Amaury D'ApcherATROPOS | THEN, LET IT BURN.
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    (#) Re: The Art of Apparences | ft. Amaury

    missive rédigée par Amaury D'Apcher le
  • Fiançailles, troubles, et macarons
    Là où ils se rencontrèrent.

    Le contraste était ridicule, et s’il était encore certain que le ridicule ne tuait pas, il n’en fut pas pour autant soulagé de voir qu'ils semblaient ne rien avoir en commun. Il se trouvait, de fait, ridicule ainsi endimanché face à une Aliénor Lestrange à son aise. Elle avait, sans nul doute, la noblesse qui lui faisait défaut et cela, Amaury l’avait ressenti jusqu’au tréfond de son être à la seconde même où leurs mains s'étaient touchées. Ses mains si menues, si délicates, et tellement froides au regard des siennes si grandes, caleuses et brulantes. Ils ne vivaient assurément pas dans le même univers, n’interféraient pas avec les mêmes sphères, n’avaient certainement pas les mêmes ambitions. Bousculé. Il en était tout bousculé. Presque heurté de plein fouet. Non pas parce que la créature lui faisait face était en passe débranler sa vie en devenant celle qui porterait son nom et, peut-être, sa progéniture, mais bien parce qu’elle ne ressemblait en rien à l’idée qu’il s’était faite d’une épouse. Elle n’avait rien de docile, elle ne semblait pas être en déficit d’intelligence et, il devait se l’avouer, n’avait rien à voir avec ces dindes qui se pavanaient généralement sous son nez pour attirer son attention. Bien sûr, il n’était pas expert en la matière, et le portrait qu’il se faisait d’une jeune femme à marier était certainement biaisé par un parti-pris empli d’exigences nobiliaires, mais il se permettait de croire que la source de ces préjugés se trouvait à l’orée de la vérité.  

    Cette façon qu’elle avait de se tenir, de parler, de réagir face à ce manque de convenances qui était le sien, ne faisait que mettre en exergue les lacunes dont il lui faisait l’offense. Bien sûr, il n’était pas dans l’optique de se montrer mufle ou rustre, mais il devait se rendre à l’évidence, il n’était pas à la hauteur de ce que l’on pouvait attendre d’un membre de la noblesse française. Amaury ne s’en sentait pas coupable, il n’éprouvait pas de honte à ne pas se conformer au moule dans lequel se confondait la plupart des gens de son statut, mais au regard de sa famille il éprouvait une once, quasi infime, de responsabilité vis à vis à de ses faits et gestes. Silencieusement, presque religieusement, il l’écoutait sans même penser à l’interrompre. Cela lui permettait de jauger la situation, de mesurer toute la portée de ce qui était en train de se produire, et surtout de se rendre compte qu’elle avait le contrôle sur une situation qui lui échappait.  

    S’efforçant de ne pas sembler trop ennuyé par cet aveu de faiblesse qu’il s’était fait à lui-même, il se redressait sur sa chaise. Il était trop à l’étroit dans son complet, et cette cravate dont on l’avait ceint ne faisait qu’accentuer d’avantage le mal-être qui l’étreignait. Il étouffait et avait cette impression, malaisante, de s'embourber un peu plus dans le marasme de la situation, alors sans tenir compte des apparences, et tandis qu’elle lui demandait son avis sur leur hypothétique union à venir, il se décida à abandonner ce costume lisse dans lequel il s’était malaisément glissé. Après tout, si elle devait un jour devenir sa femme, mieux valait jouer carte sur table, elle ne semblait pas du genre à se faire duper par de simples apparences et lui se révélait de pas être capable de jouer cette comédie plus d’une dizaine de minutes. Desserrant sa cravate jusqu’à ce que le nœud cède, et déboutonnant le dernier bouton de sa chemise, il se permit enfin un soupir en deux teintes avant de soutenir le regard clair qu’elle portait sur lui.  

    “Je ne désire pas me marier.” avait-il dit avec l’inflexion la plus doucereuse dont il se pensait capable. “Mais ma volonté et mes désirs sont deux choses différentes, Mademoiselle Lestrange.”, il s’humecta les lèvres pour temporiser, cherchant le temps de remettre un peu d’ordre dans le fil de ses pensées, se donnant le temps de la dévisager un peu plus.  Elle était jolie, maintenant qu’il la regardait, il pouvait réellement dire qu’il la trouvait jolie. De grands yeux espiègles, une peau d’albâtre, et une bouche tentante. Aliénor Lestrange était plus jolie qu’il ne se l’était figuré jusqu’alors. “Je...” il sembla hésiter un instant avant de se reprendre, “je comprendrais que vous vous sentiez offensée par cet aveu, mais je souhaiterais que vous gardiez à l’esprit qu’il en aurait été de même pour qui conque se serait retrouvé à votre place. Je n’ai rien contre vous, et je n’ai aucunèment l’intention de refuser de vous épouser si cela devait se produire.”

    Comment pourrait-il de toute façon refuser cette alliance ? Il n’aurait ni la force ni la volonté de se retourner contre les siens. Amaury n’aura jamais été un rebelle, il aura toujours été admiratif de son autre d’avoir su l’être pour eux d’eux, mais lui ne savait que ployer l’échine face à la volonté de son aîné. Il en était ainsi, c’était là sa condition, sa valeur, ce qui faisait de lui la bête asservie à sa loyauté familiale. Une inspiration profonde avant de détourner les yeux pour mieux s’arracher à son regard scrutateur, une main passée dans les boucles folles de ses cheveux pour cacher son trouble, une ancre trouvée dans le portrait accrochée au fond de la salle du restaurant pour cacher sa gêne. “Et vous ? Qu’y gagneriez-vous réellement outre un intérêt passager ? Car, à l’évidence, une fois la chose faite, les enfants nés, quel intérêt me trouveriez-vous encore ? Il ne vous aura échappé que ma conversation et mes manières ne sont pas parfaites, qui plus est j’exècre la vie en ville et je ne m’intéresse pas aux mondanités. Votre vie serait bien morne à mes côtés.”



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    (#) Re: The Art of Apparences | ft. Amaury

    missive rédigée par Aliénor Lestrange le
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    Il lui semblait être comme ces enfants que l'on habille en tenue du dimanche pour la messe et les grands événements. Magizoologiste,  lui avait dit son frère. Ce genre d'individus ne chassait pas en salon littéraire ou en exposition culturelle, de toute évidence. Après tout, l'on trouve peu de créatures magiques sur les moquettes épaisses des palais nobiliaires. Son quotidien devait plutôt ressembler aux rêves dans lesquels elle se laissait glisser quand personne ne la voyait. Humus, végétaux et liberté. Et diverses sécrétions peu ragoutantes, probablement, mais ça le concernait lui, pas elle. Pas tant qu'il n'avait aucun souci d'hygiène en tout cas.

    Inspirant avec discrétion, Aliénor ne reconnaît pas le parfum trop capiteux des parfums dont l'on s'asperge pour masquer d'odieuses odeurs corporelles. Bien. C'était déjà un point positif. Mais voilà Amaury qui s'attaque à sa cravate et s'en libère, de même que du dernier bouton de sa chemise. C'est un sourire amusé qui vient hisser le coin des lèvres de la jeune Lestrange. Là, il semblait dans son élément. Elle ne s'en formalise pas. Si elle devait le jauger, elle ne le pourrait que s'il se montrait vrai avec elle, et quitte à choisir, elle préférait un entretien avec un homme a l'aise dans une tenue qui lui corresponde, que de devoir tirer des réponses à un énergumène qui ne parvient pas à penser à autre chose qu'à sa difficulté à respirer avec une cravate. Le cou était fort en même temps. Cela devait être aussi confortable pour lui qu'un corset pour la gente féminine.

    Et comme s'il s'était libéré enfin d'une chape trop lourde pour lui, le voilà qui parle, aligne plus de quelques mots. Un miracle, l'effet d'un simple nœud de cravate. Voilà qui me sera utile si je dois un jour le faire taire, pense-t-elle en arrière plan, se concentrant tout de même sur ses mots. Et quels mots ! Il en dit bien plus qu'il ne le croit. Ou qui sait, peut-être en est-il tout à fait conscient. Au-delà du discours, il y a le sous-texte, et Mademoiselle Lestrange à du apprendre à parler cette langue à la perfection. Encore que le sous-texte d'Amaury ne lui laisse pas l'impression poisseuse de la flagornerie obséquieuse, ni la piqûre vive et fugace d'une insulte bien placée. Non. Il y a comme une... innocence. Alienor n'est pas certaine d'avoir jamais rencontré ça chez un homme de son âge.

    Elle lève une main gracieuse. "Vous ne m'offensez pas. Car voyez-vous, ce n'est pas ma personne que je vends. Je n'ai dès lors aucune raison de sentir mon ego froissé." Il n'avait probablement pas rencontré de Joueuse. Ou pas des bonnes, en tous cas. L'erreur de la plupart des jeunes gens qui faisaient face à un mariage arrangé, c'était de croire qu'il était question d'eux. Qu'ils étaient une marchandise. Hors, ils n'étaient que la représentation physique d'un contrat.  Ils transportaient la proposition d'une famille, comme on présente une boîte  emplie de pierreries. Le mariage, c'était accepter le contenu de la boîte de l'autre parti. En tous cas, quand on avait la chance, comme elle, d'avoir un physique agréable et de l'esprit. Mais leur société n'était pas faite pour les gens laids ou les gens stupides. L'on pouvait s'en sortir en n'ayant qu'un seul de ces défauts si l'on compensait autrement le manque. Mais ceux qui cumulaient les deux n'avaient aucun espoir de prétendre un jour à une posture enviable. Durablement en tous cas.

    Le langage de son corps est presque touchant. Rafraîchissant en tout cas. "Un mariage n'est qu'un contrat, Amaury. Rendu agréable par les qualités du messager, mais cela ne change pas le fond. Et tous les contrats peuvent avoir leurs clauses, tant que les signataires sont d'accord sur la question." Un sourire malicieux.  S'il ne voulait pas se marier pour continuer d'être libre, c'était quelque chose qui pouvait tout à fait s'arranger. "J'ai pour moi la chance d'avoir le droit de négocier les termes du contrat à ma discrétion. Peut-être que même un homme ne souhaitant pas se marier pourrait y trouver son compte." Ajoute-t-elle, se faisant un peu plus claire.

    Et quand il se dénigre, la jeune femme ne peut empêcher un rire qui tinte comme le cristal. "Vous vous dépréciez bien trop. Vous possédez quelque chose qui m'a toujours fait défaut, malgré l'amour et le soutien des miens. Quelque chose dont j'ai ouï dire que vous pourriez m'offrir une fois la chose faite et les enfants nés, comme vous dites, si j'agrée à votre famille." Elle ne développe pas plus. Le sous-entendu concernant sa lycanthropie lui semble relativement limpide. Son regard cherche le sien. "Mais peut-être cherchez-vous à me faire fuir. Ou au contraire vous assurer que je ne serais pas malheureuse dans cinq ou dix ans? Croyez-moi quand je vous dis que je sais prendre soin de moi. Si nous nous marions, je trouverais mon bonheur, n'ayez crainte." Son sourire est tranquille. Celui d'une femme qui sait ce qu'elle veut, ce qu'elle mérite,  et comment l'obtenir.

    Alienor porte sa coupe à ses lèvres maquillées, veille à ne laisser aucune trace de rouge à lèvre sur le verre, ce qui serait parfaitement vulgaire. Tout un art, auquel on l'avait formé pendant des années. "A moins que vous décidiez de m'enfermer dans une tour sans me laisser sortir. Or, je doute d'y rester longtemps, si tel était votre plan." Parce qu'elle avait son caractère, sa propre envie de liberté, et surtout, une famille qui n'apprécie pas de voir sa précieuse princesse isolée et malheureuse. "Je ne cherche pas un clone de moi-même : quel intérêt y a-t-il à cela? Nos différences m'intéressent bien plus que nos similitudes. Et rien de ce que vous évoquez n'est un véritable obstacle. Si vous exécrez la vie en ville, eh bien soit : rien ne vous oblige à y vivre, ni à subir les mondanités si vous n'en avez pas envie. Le mariage n'est pas une prison, vous savez, rien qu'une alliance... et je crois que vous seriez un allié intéressant." Un geste vague de la main. "Mais s'il vous semble plus pertinent d'attendre une femme qui vous ressemble - car il y aura une femme un jour où l'autre, je doute que vous y coupiez - je n'ai aucun intérêt à vous forcer la main. Vous dites n'avoir pas le choix... Moi, je l'ai. Vous pourrez dire à votre frère que vous n'étiez pas à mon goût et vous sortir momentanément de cette impasse sans que cela ne vous soit reproché." Elle marque une pause. "Mais qui sait comment sera la prochaine? Ou celle d'après?"

    Dans le mariage, le négoce ou la guerre, il y avait cette même règle : chaque opportunité ne se présentait qu'une fois, et le tout était de savoir laquelle était un piège et laquelle une bénédiction. Ce qu'elle lui offrait, Aliénor doutait sincèrement qu'il le trouve ailleurs. Et même si ça n'était pas le cas... son but serait de l'y faire croire.


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    (#) Re: The Art of Apparences | ft. Amaury

    missive rédigée par Amaury D'Apcher le
  • Fiançailles, troubles, et macarons
    Là où ils se rencontrèrent.

    Il aurait été préférable, de son point de vue, que la demoiselle qui lui faisait face soit sensiblement du même acabit que ces autres qu’il avait eu la malchance de côtoyer. Il semblait plus simple d'humilier – et le mot était assurément un peu fort – une péronnelle écervelée élevée dans les cotons et les soieries de la haute société que de simplement froisser l’orgueil de Aliénor Lestrange. Au contraire, Amaury en aurait mis sa main à couper, une lueur d’amusement et d’espièglerie venait de s’allumer dans ses prunelles azurées. Il ne pouvait nier son caractère d’intrigante, bien plus à l’aise que lui avec les mots, les us et les coutumes. Elle menait sa barque d’une main de maître là où lui voguait sur une houle des plus trouble se retrouvant perdu au cœur d’un océan déchainé. Cela ne l’empêchait pas de l’écouter, d’entendre son propos, et de refouler un frémissement tandis qu’elle prononçait son prénom. Il s’était fait surprendre par cette soudaine intimité qu’elle avait installé sans crier gare, et l’intéressé s'étonnait d’apprécier le son de son prénom entre ses lèvres pleines.  

    Les pensées vagabondes s’octroyaient le droit d’une comparaison illicite, s’offrant le plaisir de se demander s’il en retirerait autant de plaisir à l’entendre susurrer les trois syllabes de son patronyme dans un souffle sulfureux. Peau contre peau. Primitif instinct qui l’emportait sur sa raison, laissant le lupin battre la mesure à l’unisson d’un myocarde effarouché, car la bête, elle, ne trouvait rien à redire à cette union. Soumis aux sommations de son alpha, aux ordres de son maître, elle courbait l’échine et ne pouvait qu’embrasser l’avenir qui se révélait à eux sous les traits d’une appétissante tentatrice aux airs de vestale. Elle avait, assurément, le don de faire adhérer quiconque à sa cause et il osait se demander si sa gestuelle, son rire, ou bien même ses œillades appuyées lui étaient naturellement offerts ou si tout cela ne faisait partie que d’un jeu pour lequel il était déjà nommé perdant.

    Amaury n’était, certes, pas de ces hommes qui œuvraient sur les marchés et il ne maîtrisait pas assez les chiffres pour s'aventurer dans l’art du négoce, néanmoins il n’était pas assez naïf pour s’aventurer à penser qu’il n’était pas des devises dans cet échange.
    “Vous vous trompez.” , avait-il lancé âprement tout en jouant avec la flûte de champagne qu’il avait vidé un peu plus tôt, il fixait les goûtes du breuvage qui roulaient sur la paroi en cristal du verre. Il pouvait sentir son regard intense posé sur lui, il pouvait sentir la chaleur de son regard le transpercer de toute part, sans savoir si cela le mettait mal à l’aise.
    “Il pourrait n’être question que d’accords et de finances entre nos deux familles, mais à partir du moment où nous souhaitons obtenir quelque chose l’un de l’autre, ne devenons-nous pas une part entière du marché ? Ne vous y trompez pas Melle. Lestrange, je ne remets pas en cause votre lecture des faits, mais vous êtes bien un produit de cette transaction que vous puissiez, ou non, en discuter les clauses.”

    Il n’était pas dans les habitudes d’Amaury de se lancer dans des débats aux allures stériles, il ne cherchait que trop rarement à faire changer d’avis ceux qui n’étaient pas en accord avec lui par la voie des pourparlers. Quiconque connaissait un tant soit peu l’individu savait que, s’il n’était pas idiot, il savait davantage faire fonctionner les points – et les crocs parfois – pour imposer sa volonté autant que ses idées. Néanmoins, en ce qui concernait le beau sexe, il exécrait l’idée de faire l’usage de la violence, et ne se complaisait pas dans l’usage de la confrontation. A dire vrai, il n’était pas vraiment expert en la matière, il savait bien sûr prendre son plaisir avec la gent féminine, en donner aussi, mais il ne s’était jamais vraiment donner la peine de discuter. Pour autant, il trouva judicieux de changer de sujet avant que l’histoire ne tourne au vinaigre.


    “Aliénor.”  Lui aussi pouvait faire usage de son prénom, avec une douceur toute retrouvée au regard du ton acerbe naguère utilisé. “Si je souhaitais vraiment vous faire fuir je n’aurais pas fait autant d’efforts pour me montrer un minimum convenable. Comme vous l’aurez certainement remarqué, je ne cultive pas l’art des cajoleries, du bon mot, et je dois avouer faire preuve bien souvent de pensées qui vous sembleront arriérées au regard de ce que j’entrevois de votre caractère. Ce ne sont pas là des dépréciations mais des faits. Seulement, vous avez raison sur le fond, je ne trouverais peut-être pas d’épouse qui soit aussi permissive que vous, et je ne suis pas assez joueur pour tenter un coup de poker sur mon avenir.”, et sur ce, il s’emparait de la bouteille de champagne pour remplir sa flûte avant de la lever devant lui attendant qu’elle en fasse de même.
    “Trinquons à l’union des Lestranges et des D’Apcher.” ajoutait-il avec une once d’enthousiasme qui se voulait non feint.  

    Aliénor LestrangeATROPOS | THEN, LET IT BURN.
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    (#) Re: The Art of Apparences | ft. Amaury

    missive rédigée par Aliénor Lestrange le
  • Date à venir • Les Délices d'Ambroisie • @Amaury d'Apcher


    Le ton âpre, si différent de leurs échanges précédents, surprend Aliénor, qui hausse un sourcil étonné. Tiens donc. Lui dont la voix était si agréable auparavant, l'avait-t-elle vexé? Sur un sujet aussi trivial que le mariage? Par Merlin et Morgane, elle espérait bien qu'il ne s'agissait pas au fond d'un incorrigible romantique qui cherchait la femme de sa vie, elle qu'elle n'avait pas appuyé sur un bouton un peu trop sensible. Ce serait une erreur grossière. Du tact, voyons, Aliénor, de la légèreté, du doigté bon sang. L'on ne joue pas d'un Apcher comme on jouerait d'un vieux baron plein aux as rêvant de se délecter de l'image d'une petite jeunette dans ses draps. Le monde du cinéma se voulait venimeux mais ils étaient finalement si facile à manipuler. Le sexe. Il était toujours question de sexe. Celui qu'on offre ou qu'on cache, qu'on suggère ou qu'on laisse à l'imagination. Les investisseurs mariés aimaient l'idée d'une femme que l'amour n'intéresse pas et dont ils pourraient faire une amante. Et Aliénor était passée maîtresse dans l'art de leur vendre cette idée. Jamais la réaliser cependant : elle avait de l'amour-propre et offrir à un chien ce qu'il souhaite est la meilleure manière de perdre son oreille attentive.

    Alors elle écoute la diatribe du magizoologiste, cherchant son erreur. Il parlait bien, pour un homme qui avait choisi de n'aligner que deux phrases auparavant. Bon. C'était à priori sur l'idée de son libre-arbitre qu'il semblait froissé. Réparable. Et qu'importe combien mademoiselle Lestrange voudrait le contredire, habitée par cette dévorante envie d'avoir raison, elle se tait. Presque. "Soit. Rendons cette transaction bénéfique alors." Un sourire ou elle mêle le charme, l'espoir, la raison et une pincée de luxure. Un sourire qui avait fait ses preuves. Mais Amaury d'Apcher semblait posséder plus de jugeote que ses proies habituelles. Parfait. Cela rendrait les choses plus intéressantes.

    A son tour, il l'appelle par son prénom. Bien, pense-t-elle. Il accepte ce début d'intimité qu'elle avait initié. L'entendre prononcer son nom n'est pas désagréable. Surtout de cette manière un rien assertive, avec ce point délicieux qui supposait sa détermination, le fait qu'il savait ce qu'il voulait. Ils auraient cela en commun. Mais peut-être lisait-elle trop dans ces quelques syllabes ? La suite le leur dirait.

    Elle l'écoute, ses yeux dans les siens quand elle ne le regarde pas jouer avec sa flûte de cristal. Entrouvre légèrement les lèvres, cela marchait bien en général sur la gent masculine. "J'apprécie vos efforts. Mais convenable est un mot auquel on donne beaucoup trop de solennité de nos jours... vous me semblez tout aussi convenable sans cravate, et j'aime que vous l'ayez ôtée. Elle semblait avoir garroté votre gorge en plus d'orner votre col." Fugacement, une pensée la traverse. Si Amaury d'Apcher gagnait en éloquence à chaque pièce de vêtement retirées, elle était curieuse de ses capacités une fois complètement nu. Un frisson qu'elle réprime. Tu verras cela plus tard. Tu auras tout le temps de fantasmer sur ses exploits quand vous serez bel et bien fiancés.

    Elle sourit en le voyant décrire leurs caractères semblant fort différents. "Ma foi, j'équilibrerais en vous semblant parfois orgueilleuse et superficielle. Si nos défauts sont supportables, le reste ne pourra que l'être à son tour." Aliénor lève à son tour son verre, les yeux plongés dans ceux de celui qui serait désormais son fiancé après accord de son père alors qu'elle fait tinter le cristal en guise de célébration. "A l'avenir de deux grandes maisons. Et au nôtre." Se permet-elle de rajouter avant de porter la coupe à ses lèvres pour profiter du goût de l'alcool, avec la satisfaction du travail accompli. Un pas de plus dans la direction de sa destinée. Un jour, dans cinq ans, dix, quinze peut-être... Elle hurlerait avec lui à la lune, certaine d'être à sa place. Ne restait qu'à combler les prochaines années.

    La jeune femme repose la coupe avec délicatesse. "Puis-je vous poser une question, Amaury ?" Elle enchaîne sans attendre de permission. "Qu'attendez-vous de moi en tant que fiancé puis épouse ? Vous, et non pas les attentes de votre famille : de celles-là, je suis assez consciente. Mais je suis curieuse des permissions que vous souhaiteriez obtenir et de votre vision de notre mariage, je dois l'avouer." Après tout, n'était-ce pas l idée d'une femme permissive qui l'avait poussé à ne pas chercher mieux ailleurs?


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    (#) Re: The Art of Apparences | ft. Amaury

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    Là où ils se rencontrèrent.

    Effrontée ! Jolie jeune femme à l’effronterie native. Forçait-elle le trait ? Il en doutait, elle ne semblait en rien minauder, où tout du moins était-elle trop rompue à l’exercice pour qu’il n’en soit pas dupe. Elle acceptait ses propos avec une docilité calculée, ne relevait pas même le gant jeté d’une confrontation ouverte au sujet d’un débat houleux. Rien. Elle se contentait de sourire. Un sourire tout particulier, de ceux que les intrigantes les plus finaudes savaient utiliser pour diriger leur monde, et qui, assurément, pouvait faire tourner la tête de quiconque y était sensible.  

    Y était-il, lui-même, sensible ? A dire vrai, il l’ignorait. Il se sentait bien incapable de savoir s'il se sentait attiré ou non par cette femme ; certes elle l’intriguait et il n’allait pas sans dire qu’elle était physiquement attirante, mais son caractère le rendait perplexe quant à sa façon d’être. Aliénor Lestrange était, du peu qu’il en savait, une femme qui savait ce qu’elle voulait, intelligente, cultivée, et qui, sans le moindre doute, pouvait jouer dans la cour des hommes de la bonne société. Lui, assurément, ne le pouvait pas. Non pas qu’il fut un idiot fini, loin de là, mais il n’avait retenu que les bases des bonnes manières et ne se sentait que trop mal à l’aise quand il s’agissait de tenir une discussion de plus de quelques minutes qui concernait tout autre chose que la nature, les animaux magiques ou la lycanthropie. C’était un rustre, et qui plus est un rustre qui pouvait se targuer de passer pour un mufle à chaque fois qu’il adressait la parole à une innocente.

    Innocente. Il resta songeur, quelques instants, à cette simple pensée. Sa façon d’être et d’agir lui rappelait, un peu, ces femmes d’un certain âge qui cherchaient le réconfort ou le plaisir des jeunes éphèbes de la cour. Amaury n’aurait certainement pas fait l’affront à la jeune femme de lui en faire la remarque, mais il ne pouvait s’empêcher de faire un rapprochement des plus hasardeux. Fort heureusement, la comparaison s’arrêtait là, mais elle servait assez le dessein de ses pensées. Bien sûr, toute enveloppée de cette robe qui ne laissait rien à l’imagination, il ne pensait en aucun cas qu’elle se complaisait dans la candeur et l’innocence, et la preuve en était qu’il ne craignait pas tant de l’incommoder avec ses propos que de l’ennuyer durant leurs existences à venir. Aliénor Lestrange, toute fois, avait réponse à tout et tel un métronome rythmé sur le fil de ses pensées, elle s’offrait le luxe de mettre le doigt sur ce qui n’aurait de cesse de le chagriner. Amaury n’entendait pas passer sa vie à se morfondre au côté d’une femme qui le trouverait trop... Sauvage ? Il n’entendait pas, non plus, s’imposer à une femme juste parce que les convenances et divers espoirs familiaux exigeait un résultat probant.  

    Alors de nouveau, la délicieuse voix de sa presque-fiancée -- restait encore à officialiser les choses auprès du monde entier – l’extirpa des méandres de ses pensées les plus sinueuses. Elle faisait encore mouche songea-t-il tandis qu’elle lui demandait ce qu’il souhaitait obtenir de ce mariage.  Il savait ce qu’elle souhaitait elle. Elle l’avait annoncé sans ambages, sans ambiguïté aucune, et aucun doute ne subsistait quant au fait qu’il lui faudrait un jour faire d’elle une louve. Elle ne s’inquiétait pas des risques inhérents à l’opération, elle ne se formalisait pas de ce qu’il lui faudrait donner pour y accéder. Seulement, pour lui, Amaury, il n’en était pas de même. A sa question au sujet de ce qu’il voulait retirer de ce mariage, il aurait été tenté de répondre qu’il n’en souhaitait rien. Mais était-ce la vérité ou n’était-ce là que le caprice d’un homme qui s’obstinait dans l’idée de ne pas vouloir se ranger ? Au vu de l’accord qui se dessinait entre eux, au regard des circonstances qui s’offraient à lui, il était bien embêté de ne savoir que répondre à cette simple question.  

    Il posait, dès lors, ce verre qu’il faisait jusqu’alors tourner entre ses doigts, pour mieux poser ses deux coudes sur la table, joignant ses deux mains pour mieux y poser son menton. Le regard dur avait laissé place à une lueur espiègle dans son regard et ses lippes s’étaient étirées en un sourire qui se voulait enjôleur. Au jeu de la séduction il n’était pas réputé pour être le plus mauvais, néanmoins ce n’était pas tant la séduction qu’il recherchait que l’envie de jouer à un jeu dont il maîtrisait un peu plus les règles les plus élémentaires. “Si je disais que j’attends de vous que vous soyez la parfaite petite ménagère qui passe ses journées à m’attendre, vous oublieriez vous pour m’offrir ce doux rêve ? “, il s’humectait les lèvres tout en l’observant plus en détails. Ses yeux clairs parcourant son corps sans discrétion aucune, suivant la courbe de son menton jusqu’à sa gorge. Il aurait pu se perdre dans le décolleté de cette robe qui rendait concrète la courbure de sa poitrine qui se soulevait au rythme métronomique de sa respiration. Amaury, étonnement, pris le parti de rompre le charme en détournant le regard.

    Ses joues légèrement rosies par ses pensées les moins pures, de celles qui naissaient au fond d'un esprit sans le moindre effort tandis que les formes entrelacées se dessinaient au creux de folles méninges, accompagnaient une mine goguenarde.]“J’imagine que cette situation ne vous scierait guère, et à moins que vous vous montriez particulièrement obligeante, j’imagine qu’elle ne me plairait pas non plus.”]Tout en fuyant son corps, son regard était tombé sur une toile accrochée sur un mur au fond de la salle du restaurant, elle représentait une scène bucolique sur fond de paysage lacustre. C’était un appel au calme, une ode à la raison, une injonction faite à ses formes lascives qui dansaient devant ses yeux, et pourtant ses réflexions restaient sourdes à ses diktats.

    Pire encore. Il s’entendit bientôt dire, sans pouvoir arrêter le flot de ses paroles insensées, “Puisque nous serons unis jusqu’à ce que la mort nous sépare, j’attends de vous un minimum de passion. Je vivrais assez mal que vous fassiez les choses par simple obligation.”   Par Merlin ! Était-il en train de devenir fou ? Que lui prenait-il d’énoncer de telle propos devant une jeune femme ? Sa mère l’aurait assurément assassiné sur le champ en l’entendant parler ainsi à une demoiselle. Seulement elle lui avait demandé ce qu’il exigeait lui et s’il n’était pas de ses fieffés romantiques qui comptaient fleurette à qui voulait l’entendre, il ne s’imaginait pas enfermé dans un mariage où il n’était que question de devoirs. Ils, pas uniquement lui, devaient pouvoir au moins profiter des avantages de leur union. Abandonnant sa contemplation du tableau dont les formes ne lui étaient toujours pas familières, il se calait au fond de sa chaise, croisait les bras sur sa poitrine ce qui eut pour effet de le serrer un peu plus dans sa chemise trop ajustée. Cherchant à juguler un brin de nervosité, sa jambe battait la mesure d’une mélodie intérieure. “Et pour ce qu’il en est du reste, les termes de notre accord sur nos libertés me satisfont amplement.”  

    Aliénor LestrangeATROPOS | THEN, LET IT BURN.
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    (#) Re: The Art of Apparences | ft. Amaury

    missive rédigée par Aliénor Lestrange le
  • Date à venir • Les Délices d'Ambroisie • @Amaury d'Apcher


    Il joue, et ça l'amuse, Aliénor. Non pas parce qu'elle y trouve matière à se moquer, mais parce qu'au fond elle se dit que son frère avait raison en lui parlant d'Amaury. Elle y trouverait largement son compte, ils semblaient avoir quelques points communs au-delà des ressemblances évidentes. Sourire aux lèvres, elle attend qu'il finisse sa phrase et refuse de se laisser happer au piège d'une de ses plus grandes peurs : devenir personne, elle qui s'est battu toute sa vie pour être quelqu'un. La jeune femme se laisse rire. "En toute transparence, je dirais probablement que je serais celle que vous voulez que je sois. Et je m'arrangerais ensuite pour que votre désir soit que je sois exactement celle que j'ai envie d'être." La force des femmes était dans le fait de se tenir derrière ces hommes qui possédaient le monde pour des raisons de convenances, de leur susurrer des idées en leur faisant croire qu'ils y avaient pensé tout seuls et de mener le monde à la baguette en toute discrétion. "J'ai conscience de ma responsabilité au sein d'un ménage, mais je ne suis pas une ménagère. Mais je sais parfaitement déléguer. Un talent nécessaire lorsque l'on veut se débarrasser des tâches ennuyantes."

    Son sourire est amusé, ne le cache pas, et elle hausse légèrement un sourcil en voyant ses yeux sur elle. Elle ne fait pas un mouvement pour se soustraire au regard de l'homme qui était désormais, officieusement encore, certes, son fiancé. S'il voulait la regarder, qu'il la regarde. Les yeux des hommes lui avaient toujours donné cette impression de puissance. L'impression que les laisser glisser peu à peu vers le sillon de ses seins lui assurait une victoire facile, mais non moins satisfaisante. Et pourtant, Amaury s'arrête. Ne se laisse pas piéger à son décolleté qu'elle sait toujours mettre en valeur. Un homme sage. Il ne lui vient pas à l'idée que peut-être, il a de la bienséance, ou qu'il n'a pas d'attrait pour sa poitrine, trop menue, trop imposante ? Amaury est un homme, et un lycan. Une double nature qui très probablement le poussait vers les choses du corps et de la luxure. Ainsi allait la nature.

    "Croyez bien que je peux me montrer obligeante... si on l'est avec moi." Elle mordille sa lèvre inférieure, taquine. "J'aspire à l'égalité dans le mariage et vous me faites, vous d'Apcher, l'effet d'une famille moderne dans ses idées sur les femmes. Aussi moderne que peuvent l'être les Lestrange, et notamment mon père qui a eu l'intelligence de ne pas me cantonner à moins que mes capacités." Elle boit une gorgée de champagne et une goutte du breuvage glisse sur ses lèvres, qu'elle rattrape du bout de sa langue. Aurait-elle voulu mettre ceci en scène qu'elle n'y serait pas aussi bien parvenue. "Nos frères n'ont pas agi sans réfléchir en nous proposant cette rencontre, Amaury. Je pense que notre union pourrait être récompensées par de beaux moments." Et elle le pensait. L'Hélène de Paris avait beau voir qu'ils étaient fort différents sur certains aspects, elle avait l'intuition que cela serait leur force plutôt que leur faiblesse. Qu'ils allaient faire en sorte que ce soit le cas. Et si elle n'était pas certaine de croire à l'amour, elle croyait à l'entente et à la complicité. Amaury pourrait devenir un ami et un confident. Elle n'en avait plus réellement, plus depuis Lea. Plus depuis qu'elle fumait en solitaire. Elle se surprenait à l'espérer en tout cas. Jusqu'à ce que la mort nous sépare c'est bien trop long pour s'ennuyer avec un baron barbant.

    Après un instant de silence, il la surprend cependant. En se montrant vrai. Non pas qu'elle ne l'a pas été du tout de son côté, mais elle calculait ce qu'elle lui offrait, et ponderait ses pires défauts : il aurait tout temps de les découvrir. Mais Amaury se montre… honnête. Son langage corporel est différent que lorsqu'il parlait de faire d'elle une parfaite ménagère. Il parle de passion, de ne pas se forcer. Discours étonnant  pour des fiançailles arrangées. Était-ce l'âme d'un romantique, ou simplement d'un homme qui n'avait pas envie de voir un visage fermé et morne pour le restant de ses jours? Elle finirait bien par le découvrir. "Il n'y a que peu de choses que je fais par obligation." Dit-elle, plus doucement. Sans doute un peu plus sincère, plus ouverte en tous cas. "Vous en viendrez peut-être à détester cette facette de ma personne, vous savez." Revoilà son sourire amusé. Elle hésite cependant à pousser plus loin le sous-entendu qu'il ne l'a fait : les acteurs aiment les amantes entreprenantes, mais en allait-il de même pour les fiancés? "Ravie d'apprendre que vous ne vous attendez pas à une vierge effarouchée en tous cas. Je n'ai pas la patience de monter une illusion complexe pour que vous pensiez être le premier homme à me connaître." Ses yeux s'illuminent d'une lueur certaine. Désir, luxure, provocation? Peut-être un peu tout à la fois. "Vous êtes attirant, et si vous savez ce que vous faites, je ne doute pas de montrer la passion que vous espérez de moi."

    Un instant elle doute. Faisait-il effectivement référence au sexe ou était-ce elle qui pensait toujours à cela en premier lieu? Eh bien au pire il fuirait en courant : mais il n'avait pas montré signe d'être un pudibond personnage. De toute façon, avec le sortilège lancé autour de la table, personne d'autre que lui n'avait entendu ces mots. Elle hausse doucement les épaules, finit sa coupe de champagne sans sourciller : trop l'habitude des cocktails party et autres soirées de lancement diverses pour avoir la tête qui tourne après une seule coupe. Elle l'observe attentivement, ses bras musclés tendant le tissu de la chemise, sa posture se voulant décontractée et pourtant un rien fermée. "Affaire conclue. Ne me faites pas porter de sabots et je ne vous ferai pas porter de cravates. A l'exception des soirées qu'il est impensable que nous manquions, à l'évidence : promis, je tacherais de ne pas dépasser la vingtaine par saison." La laissant mariner quelques secondes en prenant l'air sérieux, Aliénor éclate de rire. "Je plaisante. Quelques-unes, notamment pour nos fiançailles, vous n'y échapperez pas mais... nous vous trouverons une chemise plus confortable, si cela vous console. Celle-ci laisse aussi peu de choses à l'imagination que ma tenue, je n’imagine pas cela confortable."

    Inclinant un peu la tête, le rire au bord des lèvres de nouveau, Mademoiselle Lestrange poursuit. "Je connais un très bon tailleur. Je gage qu'il saurait conjuguer vos préférences personnelles avec les attendus de la vie mondaine. Vous pouvez être tout à fait élégant- convenable, pour reprendre vos mots- avec des bottes de cuir et un manteau de cocher, si cela a votre préférence." Un court silence. "Je réalise que je n'ai pas la moindre idée de votre style vestimentaire de prédilection, mais au vu de votre métier - ou peut-être n'est ce que l'idée que je m'en fais...- cela semblait approprié. Pardonnez-moi si c'était malvenu. Je voulais juste vous assurer que je ne m'attends pas à ce que vous vous tassiez dans les habits et l'identité d'un autre. Vous serez d'autant plus séduisant dans un style qui vous plaît et vous mets à l'aise." Elle agite un rien la main vers la cravate abandonnée, vers la veste ajustée. "D'ailleurs... Était-ce votre décision ou a-t-on essayé de vous parer pour ressembler à quelqu'un qui me plairait?

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    (#) Re: The Art of Apparences | ft. Amaury

    missive rédigée par Amaury D'Apcher le
  • Fiançailles, troubles, et macarons
    Là où ils se rencontrèrent.

    Amaury appréciait la vie telle qu’elle était et profitait des largesses de celle-ci sans trop se poser de questions, épicurisme quelque peu exagéré au regard d’une vie qu’il aurait dû mener un peu plus noblement. Noblesse oblige n’était déterminante que pour ceux qui se sentaient investis par des pensées moralistes et un fond de jugement porté sur une classe inférieure. Bien sûr, sa qualité de sorcier et qui plus est de loup-garou le plaçait, sur l’échelle de la prédation, à un échelon nettement plus élevé que le plus simple des moldus mais sur le plan purement humain il n’avait rien à envier à personne. Sa bestialité, au contraire, le menait vers des sentiers plus sinueux et bien moins courtois que son éducation l’aurait voulu. Il ne savait se tenir bien en société qu’au prix d’efforts auxquels il ne s’accoutumerait jamais, et il ne se sentait pas contraint à respecter les mœurs d’une cour qu’il ne fréquentait presque jamais.

    Ainsi, Amaury ne s’offusquait pas de voir sa fiancée aussi séductrice, il ne tiquait pas même à l’entendre avouer qu’elle n’avait rien d’une oie blanche. Au contraire, quelque part à l’intérieur de lui, dans les tréfonds labyrinthiques de son être s’agitait son autre. Exaltée par les manières de sa concupiscente fiancée, la bête pesait un peu plus sur lui à mesure que le ton de sa voix se faisait plus joueur. Elle – son animalité -- ne portait que peu d’intérêt à l’amour courtois et aux règles de la galanterie, ne comptait que les pulsions imputées à ses plus bas instincts et l’envie de goûter aux plaisirs de la chair se faisait plus pressante à chaque fois que ses yeux se posaient sur le nacre de sa peau exposée. Excitation vaine qu’il ravalait non sans peine. Le grondement était mort-né sur ses lèvres tandis qu’elle suspendait la conversation d’un rire cristallin après avoir évoqué la suggestivité de sa tenue.  

    “Je suis un naturaliste, Mademoiselle Lestrange.”, il se râclait la gorge chassant le rauque d’une voix devenue grondante. “J’aime marcher dans la boue, me vautrer dans les fougères et goûter aux délices de la nature. Il n’est pas de tenue plus appropriée que de simples bras de chemises pour ma part. Je ferais néanmoins l’effort de me pomponner pour vos soirées”, il avait exagéré la prononciation des syllabes du mot pomponner, “Seulement, de mes quelques expériences au sein de vos soirées guindées, je peux vous assurer que bien des dames auraient préférées me voir dans le plus simple appareil plutôt qu’engoncé dans mon costume de garçon de bonne famille. »

    Il pouvait sentir ses veines pulser sous sa peau tendue. A mi-chemin entre l’excitation bestiale qui lui rongeait les os et l’énervement de se voir si faible face à ses démons, il maintenait de force les apparences se doutant que rien n’échappait vraiment aux prunelles avisées de sa fiancée contractuelle.  « Il est donc tout à votre honneur de vouloir me rhabiller plutôt que le contraire. » ajoutait-t-il d’un ton plus âcre qu’il ne l’aurait souhaité. « Quoi qu’il en soit… », il faisait trembler la table à force de battre une mesure dont seul lui entendait les échos « J’imagine que vous n’êtes pas assez dupe pour croire que je me suis fait un plaisir de m’habiller de la sorte, mais voyez-vous, quand on sait me parler je peux devenir particulièrement obligeant.»  A y repenser, on ne lui avait pas vraiment laissé le choix. Sa famille ne lui laissait pas souvent le choix ces derniers temps.  On avait tenté de lui donner une allure altière et s’il n’y avait eu ces cheveux qui restaient inexorablement trop bouclés pour être domptés, il aurait presque pu donner le change. A croire que toute sa rébellion se trouvait uniquement logée entre les frisottis de son épaisse tignasse.

    « Et vous ? Vous êtes-vous habillée seule ? Ou vous a-t-il fallu une armée de petites mains pour coudre cette robe à même votre corps ? », sa nervosité jugulée, tout du moins l’était elle assez pour cesser de faire trembler la table qui les séparait, il avait avancé une main vers elle pour repousser une mèche de cheveux sombres qui lui retombait sur les épaules. « J’espère que vous ne l’avez pas fait pour moi car je ne porte que trop peu d’intérêt à vos atours pour que cela en vaille la peine. » , et il doutait qu’elle l’eut fait pour lui, elle était assurément de ces femmes, de plus en plus nombreuses au sorti de la guerre, qui s’enorgueillissait de pouvoir se débrouiller sans homme dans leur vie.  Sa main avait fini par suspendre son vol, et sa longue carcasse jusqu’alors avachie avait fini par se déplier. Amaury n’était plus amène de rester assis de la sorte, le bouillonnement de son sang l’engourdissait et les fourmillements qui lui piquaient les chairs le rendait particulièrement remuant. « Bien, que diriez-vous de prendre l’air. »


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    (#) Re: The Art of Apparences | ft. Amaury

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