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[Solo] Que la lune m'entende

Arsène d'ApcherATROPOS | THEN, LET IT BURN.
Arsène d'Apcher
FC + disclaimer : Ben Barnes | @L'Ecureuil
Rythme de jeu : Papillon
Warning : Brutalité, domination, possessivité, pratiques BDSM, sexe, décès, fratricide, mortalité infantile
Trigger : Maltraitance/cruauté animale
Disponibilité RP : ⸢ INDISPONIBLE ⸥ En absence jusqu'à fin novembre ♥
Couleur Dialogue : #cc6666
Messages : 2698
Bézants : 16927
Multicomptes : Aucun pour le moment
Âge perso : ⸢ 38 ANS, 4 FÉVRIER 1890 ⸥
Nature du sang : ⸢ SANG PUR ⸥
Etat Civil : ⸢ FIANCÉ A MAEVE LE NOIR ⸥
Occupation : ⸢ BARON DU GÉVAUDAN, PROPRIÉTAIRE & GÉRANT D' “AEGIS, SÉCURITÉ NAVALE” & ALPHA DE LA MEUTE D'APCHER ⸥
https://loomoffate.forumactif.com/t83-arsene-d-apcher-le-loup-blhttps://loomoffate.forumactif.com/t600-arsene-d-apcher-he-s-sent-to-wander-bring-terror-and-take-em-all-beyond
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(#) [Solo] Que la lune m'entende

missive rédigée par Arsène d'Apcher le
  • Que la lune m'entende
    TW : deuil, mensonge, maladie, enfant volé
    Domaine d'Apcher
    26 octobre 1927RP solo
    When bells of shame have faded,
    And I remain reviled
    Let vengeance roar for blood and war
    Behind a scornful smile

    ☽ ・゚✧・゚
    Bureau plongé dans l'obscurité d'une nuit sans lune, seul l'âtre de la cheminée et ses braises incandescentes viennent rompre ces oppressantes ténèbres. Il est tard, le ciel rempli d'étoile et l'air perçant d'un automne bien installé se faufile à travers une fenêtre légèrement fissurée. Nuit noire et paisible, douce nuit, calme alentour et ce silence assourdissant qui bourdonne dans les oreilles d'un Baron encore bien debout malgré l'heure plus qu'avancée. Le bois craque dans la cheminée, et les étincelles rougeoyantes dansent avant de se mourir. Arsène est là, assis sur le fauteuil en cuir vieilli et affaissé hérité de feu son père, un verre de rhum vieux à moitié empli pour le tenir en éveil. Une fois de plus, il se trouve attablé à son bureau. Une fois de plus, il trie des papiers, tente de mettre de l'ordre dans des affaires que son père a amoncelées de son vivant. De nombreux parchemins rédigés, beaucoup d'affaires en suspend comme des lettres encore jamais ouvertes. Sceaux de cires connus ou inconnus, mais parmi cette pile de papier jauni, une enveloppe laissée sur le côté, négligemment déposée quelques semaines plus tôt, puis honteusement oubliée du loup blanc. Beaucoup trop de choses à gérer pour un seul esprit, l'on lui pardonnera cet égarement que l'on mettra sur le compte de ses nombreuses affaires passées et futures avec lesquelles il doit désormais jongler.

    Un soupir lui échappe, puis c'est un froncement de sourcil qui vient tordre le visage fermé de l'homme. Il pose lentement son verre tandis qu'il retourne l'enveloppe pour en vérifier le sceau. Rompu, mais il reconnait bien là les armoiries d'une famille dont il avait pris soin d'oublier jusqu'à l'existence tant son coeur d'adolescent avait été blessé bien des années plus tôt, bien avant qu'il ne devienne un homme, un alpha, un chef de famille. Reprenant une gorgée du liquide ambré aux allures de breuvage de feu, il se décide finalement à ouvrir la lettre, non sans sentir son coeur s'emballer soudainement. Car cette écriture, il l'a reconnaît. Sa main tremble alors qu'il déplie le papier vieilli et qu'une décharge lui parcours l'échine lorsque ses yeux se portent sur la date inscrite en petites lettres. Juillet 1907.

    Mon tendre aimé,

    Que cette lettre me parait dure à t'écrire en ce matin. J'ai pourtant réussi à me hisser jusqu'au bureau. J'espère qu'elle parviendra jusqu'à toi. Les autres furent interceptées mais l'elfe de maison est courtois. Je sais qu'il le fera, je lui ai promis quelque chose qu'il ne saurait refuser.

    Oh je t'en supplie ne t'offusque pas de cette missive coincée entre des ongles sales. Je voulais t'écrire avant mais mon père m'en a empêché. Il refuse un scandale familial. Il ne veut pas d'un enfant naturel. Il m'a dit que tu préférerais le silence, comme tous les hommes bien nés. Que tu ne viendrais pas. Je sais pourtant Arsène. Je sais que tu n'es pas de ces idiots. Que tu assumerais. Que tu me demanderais en mariage pour que jamais scandale n'éclabousse les notres.

    Tu l'as bien lu Arsène. Ne t'énerve pas, par pitié. Je ne suis pas malade. Si je ne suis revenue à l'école, c'était seulement car ma condition ne pouvait plus être cachée et qu'avec la malediction... Dieu sait ce qui aurait pu arriver. Ils ont préféré me savoir au plus proche des médecins de famille.

    Je suis enceinte. Je porte la vie et bientôt naitra ta fille. Je suis persuadée que c'est une petite fille. Elle réagit déjà à ton nom et je lui raconte notre histoire en espérant qu'elle vive dans un monde meilleur, où nous serons tous les deux.
    Mon père veut garder le secret. Elle sera abandonnée dès qu'elle verra le jour. Notre petite Alice. Un A, comme les femmes de ta vie. Le monde aurait été si doux si nous avions été plus âgés. Si nous nous étions mariés dans le secret.
    Mais mon père ne veut d'Apcher pour notre lignée. Il refuse votre condition plus fort encore que tout le malheur de ma famille. Je suis désolée mon aimé.

    J'en implore pourtant après toi aujourd'hui. Je refuse que les décisions de Thaumas  n'impacte toute la vie de cette pauvre enfant. J'aimerai... je t'en supplie Arsène. Vient nous chercher. Sort là du futur qu'on lui promet. Offre lui un avenir, une place dans ce monde. Même telle une batarde. Tout plutôt que le silence des orphelinats.
    Puisse cette lettre te parvenir à tant.
    Je t'aime et je t'aimerai toujours.

    Ta douce Hestia.

    Battant à tout rompre, le coeur du Baron manque pourtant une pulsation qu'il ressent intensément, comme si son myocarde refusait subitement d'effectuer son travail. S'il n'avait pas déjà été assis, à n'en point douter l'homme se serait senti chuter. Car il se souvient. Il se souvient parfaitement de cette période là, celle de sa majorité. Celle de la première peine immense de ce chagrin d'amour adolescent...


    ☽ ・゚✧・゚
    Beauxbâtons, 1907 - septième et dernière année d'études

    Arsène est encore jeune, alors. Il vient de fêter ses dix sept ans, il est désormais un homme. Majeur pour la société, il a hâte de pouvoir prouver à son père que jamais il ne le décevra, et qu'il sera prêt un jour à lui succéder autant à la tête de la meute qu'à la tête de la famille. Son loup, il le canalyse de mieux en mieux en dehors des pleines lunes, et il est parvenu durant ces quatre dernières années à se créer une réputation de chevalier blanc auprès des demoiselles. Un chevalier blanc rebelle et fougueux, bien assez pour laisser des coeurs jeunes en émois.

    Mais Arsène, il se fiche de tout cela. Car son jeune coeur à lui ne bat que pour une jeune femme. Une beauté à couper le souffle, noblesse héritée comme lui d'une famille légèrement plus haut placée que celle du d'Apcher qui promet déjà un mariage plus qu'avantageux pour les barons du Gévaudan. Pourtant, à cet instant, il se fous des considérations de rang. Seule Hestia compte, et ce feu ardent qui brule plus intensément qu'un immense brasier et qui les consume tous deux. Un amour pur, un amour vrai. Deux adolescents amoureux depuis plus de cinq ans désormais, première histoire d'amour, première passion, premier baiser. Hestia et Arsène découvrirent ensemble chaque étape dictée par leurs coeurs amoureux. Une complicité et une confiance absolue, au point de se révéler mutuellement les ténébreux secrets propres à leurs lignées respectives. La lycanthropie de l'un, la malédiction de sang de l'autre. Si cela aurait pu signer la fin de leur relation, cela ne les rapprocha que d'avantage, au point de se faire la belle ensemble les soirs de pleine lune, et de les passer tout deux dans les vastes forêts des Pyrénées. Hestia sous la forme de chouette, et Arsène sous la forme de loup. Bien que l'un ne se souvienne jamais de ces escapades nocturnes, la douce Hestia prenait toujours soin de lui raconter précisément les détails de leurs balades. la chouette ne prenait pas encore trop le pas sur l'humaine alors, bien que les récits fussent de moins en moins précis à mesure que les transformations de la jeune femme se multipliaient.

    Plus d'une fois, Arsène tenta de la dissuader de l'accompagner mais Hestia avait le caractère affirmé, elle refusait tout net de laisser son aimé seul lors de ses transformations mensuelles. Elle se sentait bénie de pouvoir être la seule à partager ces moments, à être la seule à pouvoir le faire. En dehors de la meute, bien entendu, mais lorsqu'ils étaient à l'école et que la pleine lune ne tombait pas en jour de congé, Arsène ne quittait pas Beauxbâtons. Il se contentait alors de se faire le plus discret possible afin que personne ne puisse soupçonner sa condition. Tels étaient les ordres de Père.

    Oui. Cette époque et ce souvenir étaient précieux pour Arsène, chérissant chaque instant qui lui était donné de partager avec sa belle, rêvant déjà ensemble à leur future vie de couple, aux enfants qu'ils pourraient avoir. Perpétuer la malédiction des de Lustrac, il s'en fichait. Il leur suffirait de n'avoir que des fils, et que la lune l'entende, il serait prêt à avoir mille enfants si cela était nécessaire pour pouvoir voir naître un fils du sein de son amour. Hélas, tel ne fut pas leur destin. Car rapidement cette année là, Hestia cessa de venir à Beauxbâtons. On la prétendait malade, et si au début elle lui envoyait quelques hiboux toujours très courts pour ne pas l'inquiéter, ils se firent de plus en plus rares pour finalement venir à disparaître totalement. Plus aucune nouvelle de sa douce, plus un mot, plus un signe. L'inquiétude lui rongeant les entrailles quant au fait qu'elle puisse avoir décédé d'une maladie trop virulente, Arsène se décida finalement à se rendre à Pau un week end. La voir en bonne santé était tout ce qu'il souhaitait, la question de son silence viendrait plus tard sur le tapis.

    Il se heurta à Thaumas de Lustrac, patriarche de son état et père d'Hestia. Les deux hommes ne s'étaient alors jamais rencontrés, la jeune femme ayant confié à son tendre amour que sa famille n'appréciait guerre les d'Apcher, que leur sombre réputation était parvenue à glisser des à priori bien tenaces à ses parents. Mais, ne te tracasse pas, disait-elle, lorsqu'il fera ta rencontre officielle, il changera d'avis. A cette époque, pourtant, l'on ne pouvait pas dire que ces à priori avaient été dissipés puisqu'il offrit un rude Que voulez vous au jeune Arsène. Ravalant sa fierté afin de se faire bien voir de celui qui devrait devenir son beau père, il lui expliqua qu'il était venu visiter Hestia, s'inquiétant de son silence et de son état de santé. Thaumas s'était alors contenté de lui balancer froidement qu'elle était morte plusieurs semaines plus tôt, qu'il ne désirait pas le voir ici et qu'il lui conseillait de ne plus venir l'importuner. Arsène fut chassé du domaine, laissé sans voix et le coeur brisé sur le parvis. L'été commençait à peine, mais le loup blanc se sentait glacé comme lors des rudes hivers auvergnats. Figé sur place, il lui fallu de longues minutes pour sortir de sa torpeur.

    Il prit alors la route du retour, et ne s'effondra qu'une fois caché par l'intimité des murs de sa chambre. Il était naïf alors, et avait cru sans le moindre doute les paroles du Père de Lustrac. Quel bien aurait-il eut à mentir quant au décès de sa propre fille ? Cela était tout à fait cohérent avec l'absence de lettre à son intention et le silence pesant qui s'était alors installé. Le retour à Beauxbâtons fut rude, pour récupérer ses affaires. Il avait été bien inspiré d'attendre que ses PIE soient passées, car à n'en point douter il aurait échoué admirablement à ses examens s'il avait appris cette nouvelle avant qu'elles n'eussent lieu.


    ☽ ・゚✧・゚

    Il avait fallu à Arsène de très nombreux mois pour faire le deuil d'Hestia. Son coeur s'était fermé, et seule Roksana avait fini par réussir à l'éveiller dix ans plus tard. Aujourd'hui, la slave l'avait quitté et il était en bonne voie d'arranger une union avec Maeve Le Noir, et de préparer enfin sa descendance et le futur de sa lignée. Cette lettre lui faisait l'effet d'une lame chauffée à blanc et enfoncée directement dans son coeur.

    Il la relu une fois, deux fois, cinq fois... Les larmes coulaient le long de ses joues et venaient se mêler à l'encre noire dont la calligraphie trahissait des mains tremblotantes qui l'avait rédigée. Vingt ans durant, il avait cru Hestia morte. Il avait fait son deuil, et le deuil d'un avenir qu'ils s'étaient tous deux imaginés. Une vie ensemble, un mariage et un héritage glorieux. Tout ça, effacé. Il avait passé dix ans de sa vie d'adulte avec une femme qu'il avait éperdument aimé, mais qui n'avait pu lui donner la moindre descendance par sa faute, parce qu'il l'avait infectée. Il s'était alors résigné à suivre les conseils de sa mère, se laissant conduire vers un mariage arrangé sans amour qui serait, à n'en point douter, fructueux. Une alliance encore plus avantageuse que la liaison des de Lustrac et des d'Apcher, un avenir marital et financier assuré. Pourtant, les mots couchés sur ce parchemin vieilli lui apprenaient qu'alors, il aurait eu le choix. Enlever Hestia, s'enfuir avec elle et élever leur fille ensemble. On lui avait arraché cet avenir, on lui avait volé son enfant, on avait sciemment détruit son coeur.

    Absorbé par la lecture de cette écriture qui lui avait tant manqué, Arsène mis de longues minutes avant de prendre conscience d'une chose abominable qui réveilla la Bête enragée en lui. Cette lettre avait été ouverte, puis rangée dans les affaires de Cléanthis. Interceptée par le patriarche, elle n'avait jamais atteint son destinataire qui avait poursuivi sa vie dans l'ignorance la plus totale de la vérité. Arsène se leva violemment, empoigna son verre encore partiellement rempli et le jeta dans l'âtre brulant de la cheminé en poussant un hurlement de rage.

    Son père l'avait trahi, il lui avait enlevé un avenir choisi qui l'aurait rendu heureux, il lui avait volé ses choix. Le regard empli de larme et de colère, Arsène regarda les flammes attisées par la boisson s'élever dans la cheminée, éclairant d'une lumière brulante la pièce jusqu'alors plongée dans la pénombre. Tenant fermement la lettre de sa douce comme pour s'y accrocher pour toujours, le loup furieux récupéra d'un geste quelques affaires de Cléanthis avant de les jeter au feu. Blessé, détruit, anéanti, il regarda les vestiges d'un père qui n'avait fait que lui mentir disparaître par le feu, réduits en cendre. Il avait déjà causé bien assez de tort à la famille, et cette lettre volée sonnait le glas du respect qu'Arsène possédait encore pour son père. Désormais, il mènerait sa famille comme il l'entendrait lui, et sortirait le nom d'Apcher de la déchéance. Il ferait ce que son père n'eut jamais eu le courage de faire par lui même. Rendre à son nom sa splendeur et ses richesses, il était près à travailler dur pour cela.

    Serrant le parchemin contre lui, il n'en oubliait pas ces traitres de Lustrac.
    « Ne t'en fais pas, Hestia... Je retrouverai notre fille, je t'en fais le serment. Et que la lune m'entende, je ferai payer à ton père tout ce qu'il nous a fait. »
    Loom of Fate | 2023



    ❝ Cet océan de passion qui déferle dans mes veines
    Qui cause ma déraison, ma déroute, ma déveine
    Doucement j'y plongerai sans qu'une main me retienne
    Lentement je m'y noierai sans qu'un remord ne me vienne ❞