[TERMINÉ] la dolce vita (lorenzo)

« « Tu disposes de ton sang, Isis, tu disposes de tes charmes, Isis, tu disposes de ta magie, Isis. » » traduisit-elle, un sourire un peu désolé de l’avoir exclu de ce qu’elle disait en arabe même si elle savait qu’il n’en prenait pas ombrage.
Et il ne sembla pas prendre ombrage non plus de ce qu’elle lui demandait. Neith l’observe longuement d’un œil comme si elle le voyait pour la première fois. Elle voit bien la moue attristée mais il ne lui fait pas de scène, ni à la faire culpabiliser, ni à faire en sorte de s’imposer. Au contraire, il est même taquin même si elle se doute que cela ne lui fait pas plaisir. Cette réaction la surprend autant qu’elle la rassure. L’homme qu’elle avait en face d’elle était définitivement à des années lumières de celui qu’on dépeignait habituellement ou qu’il laissait croire aux autres qu’il était. Cela lui faisait non seulement marquer des points auprès d’elle, mais la détendait, lui laissait l’impression que tout allait à son rythme.
Le voyant se lever, Neith se redresse et elle se saisit de la couverture qu’ils sont froissés pour se couvrir parce qu’elle a froid sans lui contre elle maintenant. Même son éclat de rire lui semble lointain… et laisse une sorte de vide qu’elle ne s’explique pas. Sans doute parce qu’elle sait qu’il ment même s’il fait en sorte de ne pas le montrer. À y regarder de plus près, il est même très convaincant. Mettant de côté ce détail, Neith termine de se redresser pour se retrouver à genoux sur le lit et prendre délicatement sa main. Lui faisant face, elle se lui sourit et lui souffle :
« Merci. »
D’être aussi indulgent. De lui laisser le temps. De faire de manière à épargner ses sentiments de sa contrariété.
« À quelle heure demain matin nous retrouvons-nous ? Et … où ? » Neith fronce les sourcils. Elle ne sait pas si le déjeuner est servi et même s’il y en a un même si elle se doute que vu le luxe de l’endroit, il y en a définitivement un. « Je peux peut être aller dans ta chambre cette fois-ci pour le prendre avec toi ? » Avant de devoir reprendre le portoloin, puis retourner à sa vie et toutes les échéances qui approchaient. « À moins que tu as un joli endroit dans l’hôtel ou ailleurs à me montrer pour le petit déjeuner ? » Son sourire se fait complice et elle dirige sa main à lui pour y déposer un baiser dans le creu du poignet, attendant simplement de savoir ce qu’il préférait avant de le laisser partir.

Elle le laisse partir d’un sourire non sans s’amuser de le voir à peine habillé. Cela lui rappelle son adolescence mais il semblerait qu’aimer Lorenzo revenait un peu à aimer un amour d’été. C’était vibrant, c’était fort, c’était aussi brusque que solaire. Et lorsque cela se terminait, cela laissait un vide qui nourrissait la nostalgie même des années plus tard.
Elle le laisse partir et se retrouve seule avec elle-même, nue sur le lit. Un rire lui échappe avant de se laisser retomber dans le lit, un sentiment confus au creu du cœur.
Elle a fini par profiter de la baignoire avec les multiples sels de bains qu’elle se devait d’essayer à lire son livre sur les dernières recherches d’un de ses collègues archéomage. Puis, elle était partie se coucher non sans avoir rangé les dégâts qu’ils avaient causé. Neith laissait toujours sa chambre d’hôtel aussi propre que possible, détestant ceux qui ne respectaient pas le personnel. Sans doute était-ce à cause du fait que chez elle, elle connaissait intimement les domestiques qui étaient comme une famille. Cela n’avait d’ailleurs pas spécialement changé chez les Lestrange. Ainsi, elle avait tout rassemblé sur la table avec un petit mot de remerciement et d’excuses pour les déchets. Le merci en italien au moins à défaut de pouvoir faire une phrase plus longue.
C’était finalement vers Aislin que ses pensées s’étaient tournées et elle lui avait écrit sachant sa garde du corps pas si loin que cela d’elle. Elle lui indiqua de la réveiller à une heure précise avec un tempo de coup à la porte. Puis, elle plia le parchemin pour former un petit oiseau et l’ensorcela pour qu’il aille jusqu’à la garde du corps.
Retrouvant les draps qu’ils avaient précédemment froissés, elle mit un peu de temps avant de s’endormir, son livre finissant par tomber par terre à force d’être repoussé par ses mouvements. Ce fut les coups à la porte qui la réveillèrent à une cadence particulière. Aislin avait de toute évidence bien reçu le petit oiseau. Se relevant encore ensommeillée, Neith s’apprêta à râler comme à son habitude auprès de Cerbère qui dormait toujours aux pieds de son lit et la gênait pour descendre avant de se rappeler d’où elle était. Cerbère n’était pas là et ce n’était certainement pas sa chambre. Toquant à sa porte pour signifier à Aislin qu’elle était bien levée, elle ne prit pas longtemps avant de s’habiller. Profitant de ranger ses affaires, elle s’assura qu’elle avait tout avant d’ouvrir la porte. Aislin était là et attendait.
« Bonjour à toi, je ne sais pas si je reviendrais dans ma chambre mais tu peux déposer cela à l’accueil pour que ce soit prêt avant de prendre le portoloin. Il part à onze heure pile. Merci. Va prendre ton petit déjeuner tranquillement et on se donne rendez-vous à 10h45 dans le hall ? »
Sourire simple mais rempli de gratitude envers la femme qui assurait sa sécurité, Neith la laissa partir avant de se diriger vers la chambre de Lorenzo. Ce ne fut que lorsqu’elle arriva au bout du couloir et qu’elle ne vit personne devant la porte qu’elle se demanda si elle s’était trompée. Puis, réalisant qu’elle était bien au bon endroit, elle s’approcha de la porte.
Quelque chose ne va pas. s’entendit-elle penser, son instinct se remettant en branle.
Lorenzo avait dit qu’il y avait un garde du corps devant sa porte et au vu de la sécurité qu’elle avait vu, c’était étrange de ne voir personne. Était-il parti ? Confuse, Neith décide malgré tout de tenter sa chance et toque avant d’attendre un court instant et de rentrer.
Elle ne saurait décrire ce qui la choqua le plus en premier mais tout lui revint avec un naturel comme une vieille mémoire endormie. C’est peut-être ses yeux bleus, comme ceux d’Alaric réalisa-t-elle, qu’elle remarque en premier. La froideur, la colère et la vibrance de sa haine. Et puis, elle voit le garde du corps pantelant et essayant de faire bonne figure. Et puis, son regard est attiré par l’état des meubles. Quelque chose se fige en Neith alors que son regard revient à Lorenzo.
Et les réflexes reviennent naturellement.
Si elle n’arrive pas à masquer son inquiétude, elle ne panique pas. Au contraire, elle semble même totalement maîtresse d’elle-même en cet instant car si lui venait de faire tomber un de ses masques, elle également. Le sang froid des situations d’urgence qu’elle se connait bien et qui lui avait finalement tant manqué.
Le silence s’étire un instant encore avant que Neith n’ouvre la bouche pour parler :
« Je peux repasser plus tard si tu es occupé. »
Elle ne demande jamais si tout allait bien dans ce genre de cas. Elle sait que c’est une question stupide. Elle sait que cela ne va pas. Alors, elle fait comme elle a toujours fait dans ce genre de cas : faire comme si de rien n’était et si lui voulait revenir dessus, elle lui laissait la porte ouverte.
Que cela ait servi d’être l’épouse d’Alaric Lestrange.
Les questions et les conclusions seraient pour plus tard. Il y avait de toute évidence une urgence, il fallait la traiter en priorité.

Elle voit qu’il a vu qu’il vient de faire une erreur. Une qui ne passera pas inaperçue cette fois-ci. Pas à ses yeux à elle. Neith reste parfaitement droite et le visage se ferme peu à peu. Elle se rappelle d’où elle est et avec qui elle est… visiblement quelqu’un qui savait parfaitement jouer des masques pour cacher ceux plus insidieux. Rien de surprenant, finalement. Elle n’avait jamais aimé les hommes trop propres sur eux, trop lisse. Mais c’était toujours étrange de le constater de ses yeux et que les morceaux du puzzle se faisaient de plus en plus en précis. Un peu hors d’elle parce qu’elle sait qu’elle a vu quelque chose qu’elle ne devait pas voir, Neith attend la réaction en face d’elle.
Un calme étrange la saisit.
Ce calme assuré que de toute façon, les dés en sont jetés et que s’il désire s’en prendre à elle, elle n’aurait pas grand-chose pour lutter. Sa garde du corps était à l’autre bout de l’hôtel. Son arme à feu dans le sac que tenait sa garde du corps. Il n’y avait que sa magie au pire pour la sauver et face à deux individus potentiels, elle était en infériorité numérique. D’autant plus qu’il connaissait mieux les lieux qu’elle et que dans la panique … elle n’aurait même pas le temps de réfléchir et de se poser.
Non, mieux valait juste attendre que la tempête passe pour l’instant. Tempête qui ne vient pas car il se reprend déjà, tente, tout du moins. Son visage change du tout au tout et Neith sent quelque chose s’agiter en elle. Cela ne sert plus à rien maintenant de faire comme si, de sauver les apparences. Neith sait maintenant et prend note sans savoir encore ce qu’elle allait faire de tout cela.
Elle s’attendait à ce qu’il invente quelque chose, pas qu’il ne dise la vérité. C’est en entendant le nom de son fils qu’elle se met instinctivement à sa place. Son visage se décompose un peu. Elle a beau n’avoir que très brièvement rencontré Alessandro, elle sait ce que c’est de s’inquiéter pour son enfant, son fils qui plus était.
« Je suis désolée. J’espère que ce n’est rien de grave… Bien sûr. » répond-t-elle d’une voix calme, conciliante. Trop sans doute.
Mais il n’a pas besoin d’une personne qui panique. Elle non plus d’ailleurs.
Les dégâts disparaissent comme si de rien n’était et Neith se décale très légèrement pour laisser la voie libre. Tout ce qu’il dit, il le dit mécaniquement. Elle sait déjà que sa tête est déjà avec son fils et elle comprend. Elle le laisse faire, le laisse partir et ne répond que dans le vide qu’il a laissé sans attendre la réponse :
« Certainement. »
Elle reste de longues secondes ainsi avant de finalement se décider à rejoindre sa garde du corps, essayant de profiter du peu de temps qu’il lui restait ici malgré sa tête ailleurs de temps de conclusions et questions.