Show me a hero, I'll write you a tragedy

22 Octobre 1927 • La Garde • @Gaëlle d'Adhémar

Pour toute réponse, Elric offre à Gaëlle un léger sourire compréhensif, ne trouvant rien à dire de pertinent en pareil instant. Il comprend, bien sûr, parce qu’il a ressenti ce besoin aussi impérieusement qu’elle, et qu’il ne lui jettera jamais la pierre que de vouloir faire mieux. Si le monde eut pu n’avoir pour fléau que le zèle d’autrui à vouloir apporter le meilleur, ils eussent alors pu appeler leur civilisation humaine une utopie. Mais pour l’heure, ils sont bel et bien contraints d’agir dans les limites des lois sorcières. Le mieux, s’il existe, attendre d’avoir pu régler les détails immédiats. Et le mieux, pour l’heure, est certainement de ne pas rester planter là plus longtemps que nécessaire.

“Tout à fait d’accord,” répond-t-il en embrayant à la suite de Gaëlle, non sans un sourire.

Avant qu’il n’ait pu proposer quoi que ce soit, Gaëlle ôte son manteau, pour en draper Anatole. Un geste désintéressé, typique de sa cousine, qui elle, finit promptement enfouie dans son manteau à lui, non sans qu’il lui fasse les gros yeux. Et par pur esprit pratique, mais non sans un regard alentours afin de s’assurer qu’aucun moldu ne se soit approché, Elric tire de son étui sa baguette magique. En quelques coups de poignets, les deux manteaux ont été ajustés à la taille de leurs nouveaux porteurs, afin qu’aucun des deux ne se prenne les pieds dedans par accident. Frissonnant dans la bise, Elric s’offrit pour sa part le luxe d’un sort de protection contre le froid, avant de ranger l’outil.

“Bien, allons-y,” fut-il décrété alors, “je reprends la tête, suivez-moi.”

Avant de s’engager, il offre un dernier coup d’œil et hésite, ne sachant que répondre, avant d’opiner finalement, et de se concentrer sur le chemin du retour en ville. Celui-ci fut, fort heureusement, dépourvu de toute surprise, et en voyant les premiers bâtiments se profiler, Elric ne put s’empêcher d’éprouver un peu de soulagement. Il offrit à Gaëlle et Anatole de patienter dans l’auberge sorcière, où l’or des D’Adhémar achètera toutes les loyautés séance tenante, si la promesse de la reconnaissance de la famille Ducale ne suffit pas. Puis, et non sans avoir promis à sa cousine de se hâter, Elric s’en fut vers La Garde.

Son retour, quelques deux heures plus tard, est accompagné par une cacophonie de claquements et de hennissements, tandis que le carrosse se pose tant bien que mal dans la petite cour intérieure, conduit par un cocher en livrée de la maison ducale de bourgogne. Une fois posé en sûreté dans la cour, il perdit son sort d’illusion, redevenant pleinement visible, avec ses abraxans solidement harnachés. Elric descendit précautionneusement par l’une des portes, puis entra à l’intérieur, afin d’y retrouver Gaëlle et Anatole. Il a récupéré un manteau de la garde-robe de sa cousine, afin de le lui ramener, et tandis à Anatole une grosse écharpe de laine tricotée.

“Nous sommes fin prêts. Vous avez pu manger quelque chose en attendant ?”

Tout en entretenant une ébauche de conversation légère, il mène Gaëlle et le garçonnet dehors, paie l’aubergiste au passage autant pour son aide que pour la cour, puis ouvre de nouuveau la porte pour que tous puissent entrer dans le carrosse, le cocher n’ayant pas vraiment la place de descendre sans risque dans l’espace exigu de la cour. Et une fois tout le monde à l’intérieur, le carrosse fut plusieurs fois secoué en se dégageant des bâtiments, avant de finalement gagner en hauteur jusqu’à disparaître dans le ciel. Le trajet se fit sans plus de troubles que leur retour en ville, le ciel dégagé permettant d’admirer les étendues de campagnes entrecoupées de forêts, de cours d’eau et parfois, de villes et villages.

Lorsque le carrosse piqua pour rejoindre le domaine de La Garde, puis parcourut l’une des grandes allées pavées de blanc avant de s’arrêter à proximité de l’une des grandes portes de bois double. Il ouvrit, tint la portière pour ses compagnons de route, et glissa à Gaëlle, lorsque ce fut son tour :

“J’ai prévenu le bureau du secret. Ils avaient déjà un agent sur la question, il ne va pas tarder à nous rejoindre ici. Si ça te convient, je lui parlerais en premier, avant qu’on ne le laisse voir Anatole ?”