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[FB] Les secrets de notre confession | feat Elric

Camille DelacourATROPOS | THEN, LET IT BURN.
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(#) [FB] Les secrets de notre confession | feat Elric

missive rédigée par Camille Delacour le
  • Les secrets de notre confession
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    Automne de l’année 1912 - Vatican, Italie

    Paris.
    Camille Delacour avait été convoqué quelques semaines plus tôt par le Directeur du Louvre sorcier ; Jean-Charles Beaujardin. Cela faisait quelque années maintenant que le parisien collaborait avec le musée sur la restauration d’œuvres délicates ou, a contrario, colossale et nécessitant des pairs de mains supplémentaires. Pour autant, il n'avait jamais eu le plaisir de rencontrer monsieur Beaujardin à l'exception de brèves salutations dans les couloirs. Sans savoir si cette convocation était le fruit d'un recrutement inespéré ou des réprimandes pour un service mal exécuté, Camille entra dans le bureau séculaire pour faire face à un visage tout aussi ancien.

    Le vieux sorcier en charge de la section sorcière du Louvre était aussi tremblant qu'une feuille d'arbre sur le point de tomber. Après quelques ronds de jambes protocolaires, le directeur lui annonça, la bouche en cœur, qu'une commission d'extrême urgence venait d'arriver sur son bureau. Une requête qui ne se refusait pas et qui demandait au Louvre de prêter leur meilleur restaurateur d'art pour une mission bien spéciale : sauver une œuvre de grande importance. Un trésor national, pour ainsi dire ! Camille avait senti son cœur bondir d'anticipation avant de tomber presque immédiatement d'appréhension.

    Une telle mission offrait des récompenses au delà de toutes espérances, mais un échec signifiait généralement la fin de toute une carrière. Or la sienne débutait à peine. Incapable d'accepter sans en savoir davantage, Camille tenta de tirer les vers du nez à son Directeur, mais le vieux crouton refusa de lui donner la moindre information, que ce soit sur la pièce d'art que sur la personne derrière une demande aussi conséquente. Frustré, mais mis au pied du mur, le jeune artiste fut contraint de subir une longue et pénible leçon qui visait à lui rappeler tous les tenants et aboutissants qu'accepter une telle responsabilité engendrerait. On lui fit jurer quinze fois le secret sur sa mission et il dû même signer plusieurs documents l'enjoignant au silence et à la discrétion.

    Camille songea avec une ironie bien amère que même son adoubement au sein de l'Ordre des Templiers n'avait pas été aussi paranoïaque ! Enfin, après ce qui sembla être des heures, monsieur Beaujardin se décida satisfait et commença à lui parler de cette importante et ô combien délicate mission. Et Camille en vint presque immédiatement à regretter son engagement, car le propriétaire de l’œuvre -dont il ne savait toujours rien- n'était rien d'autre que le Vatican ! Pas une église quelconque sur les terres du Vatican. Pas un musée à Rome. Non non non. Le Vatican ; section magique rattachée à l'Ordre et aux d'Adhémar, si sa mémoire ne lui faisait pas défaut.

    A la lumière de ces nouvelles informations, il se doutait que son nom, mais aussi son appartenance à l’Ordre -bien que récente- y soient tous deux pour quelque chose dans le choix de la Papauté. Ce qui piquait quelque peu son orgueil, il n'allait pas se mentir. Mais face au Directeur qui frétillait autant qu’une carpe sortie de son étang, si fier d'avoir son établissement commissionné par un client aussi illustre, Camille céda malgré la bile acide qui lui brûlait le fond de la gorge. Qu'importe au final si c'était parce qu'il était un Delacour : il accepta gracieusement cette proposition. Il n’avait, après tout, aucune raison de refuser à moins de vouloir se tirer un sortilège dans le pied et ruiner sa carrière. Son orgueil n'était pas assez grand pour l'aveugler à ce point.

    * * *

    Rome.
    Rendu au jour d'aujourd'hui, ce qui devait être un honneur -ou une insulte- était devenu un défi personnel. Camille comptait faire de ce travail la pierre fondatrice de sa carrière hors de l’influence de sa famille. Pour se donner le temps d'y réfléchir et de s'organiser, il avait préféré prendre un moyen de transport moldu et avait payé un train depuis Paris jusqu'à Rome ; en couchettes wagons. Rendu en Italie, il prouverait ses propres compétences, défait de toute influence. Et sans aide extérieure. Il prendrait son temps et rendrait un travail impeccable, hissant sa renommée dans les plus hautes sphères. Il ne jouirait pas des plaisirs de Rome tant qu’il aurait du travail à faire. Ses visites aux musées et aux églises ne seraient que d’ordre professionnel…

    C’était, du moins, sa résolution première. Une résolution qui s’effrita dès que la porte du bureau aux pierres fraîches, pièce parfumée à l’encens, s’ouvrit sur une silhouette familière. Guidé ans les couloirs du prestigieux Vatican, il n'en avait vu pas grand chose si ce n'était des enfilades d'arches et de couloirs riches d'histoire et d'architecture finement exécutée. On l'avait abandonné une première fois dans un vaste bureau où il avait fais la rencontre de Père Rossi. Cet homme, en charge de la commission au Louvre, lui avait plus ou moins redit les mêmes informations que monsieur Beaujardin. Seule nouveauté au tableau ; Camille devait être "supervisé" par un autre prêtre. Il s'était alors attendu à rencontrer un nouveau vieil homme en robe noire, ennuyeux au possible et aux sermons faciles.

    Jamais de sa vie eut-il aussi tort ! Ses yeux pâles s’écarquillèrent donc légèrement à la vue d’Elric d'Adhémar, quand ce dernier entra dans le bureau du Père Rossi. Camille en manqua de rompre sa posture de parfait gentilhomme pour l’approcher. Il voulait l’enlacer. Il voulait baiser ses joues et lui dire combien sa présence lui avait manqué au cours de ces dernières années. Il voulait se gorger de ses histoires et partager ses habitudes, découvrir ses plaisirs et ses craintes, ici et maintenant. Sous le soleil engorgé d’Italie. Seule la salutation froide, terriblement distante, su museler ses pulsions et le maintenir à sa place.

    L’esquisse d'un mouvement familier, main en approche pour lui attraper une épaule et l’enlacer, fut facilement camouflée en une salutation guindée alors qu’il répondait à son tour :

    “- Monsieur d’Adhémar.

    Il détestait appeler son ami de la sorte, mais Camille comprenait l'importance de l'étiquette et des faux-semblants. Ses yeux, pourtant, ne pouvaient se détourner de lui. Silencieux, il laissa le Père Rossi faire une dernière fois le tour des obligations pour l’un et devoirs pour l’autre. Des responsabilités distribuées entre tous, pour une confiance accordée avec parcimonie. Cela n'avait plus d'importance ! Elric était là et ce serait lui parmi tous les prêtres du Vatican qui allait s'occuper de son séjour à Rome. Une fois relâchés dans le couloir, Camille resta un moment immobile à prendre une profonde inspiration, nettoyant ses poumons des parfums un peu trop lourds de l’encens et des papiers. Et enfin, il prit la parole :

    “- Tu n’as presque pas changé…

    Le parisien se tourna vers son ami d'enfance et il lui offrit alors un grand sourire qui illumina son visage, comme ses yeux clairs.

    “- Ça faisait longtemps, Elric. Comment te portes-tu ?

    Et là, sans plus de retenue, il vint le cueillir d’une étreinte amicale. Il le serra contre lui avec tendresse, aux épaules, et se gorgea de son odeur et de sa présence avant de le relâcher. Presque à contrecœur.

    “- Si j’avais su ! J’aurais apporté des souvenirs de France spécialement pour toi. Je n’ai malheureusement que du vin bordelais et quelques friandises à touriste...
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    (#) Re: [FB] Les secrets de notre confession | feat Elric

    missive rédigée par Elric d'Adhémar le
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    Automne de l’année 1912 - Vatican, Italie

    La cloche sonne onze heure et demi, chantant ses louanges au Zénith tandis qu’il quitte la salle d’étude d’un pas allègre, rejoignant la cour intérieure, le jardin qui y croît et embaume l’air d’un parfum de fleur et de terre fertile gorgée du soleil d’Italie. Il traverse par l’intérieur, contournant la fontaine pour profiter un instant de sa fraîcheur, caressant la surface de l’eau du bout des doigts avant de se dépêcher à rejoindre la grande salle pour l’heure du déjeuner… Ils mangeaient tôt, leurs devoirs de l’après-midi requéraient plus de temps et la journée se termine tout aussi promptement, pour laisser place aux prières du soir.

    Elric !” l'appela une voix, l’arrêtant dans son élan. Il pivote, le regard cherchant la source de l’appelle et trouve l’un de ses confrères.

    Oui ?” Ce n’est pas commun. Usuellement, de telles interruptions signifient une mission ou un appel du Vatican pour quelque raison que ce soit.

    Père Rossi vous demande, c’est pour notre invité. Pour la restauration.

    La restauration… ? Son regard se fait un instant perdu, cherchant à retrouver ses souvenirs, avant de finalement retrouver les détails qu’on lui évoque de façon si lapidaire. Oui, le Vatican a commandé la restauration d’une des œuvres les plus historiques des réserves pontificales et le Louvre a accepté de leur envoyer un expert pour effectuer ce délicat travail. Ce miracle. Le Père Rossi, chargé du maintien des œuvres, lui a déjà exprimé sa volonté de le voir assister l’expert en question, en qualité d’agent de liaison avec l’administration pontificale. Un travail de novice, certes, mais des plus important.

    Un travail qui lui convient fort bien, cependant. D’un sourire, il remercie son frère et fait demi-tour.

    Fort heureusement, lui ainsi que les autres membres de l’Ordre ont le droit de transplaner dans certains lieux spécifiques, au sein du Vatican, afin de faciliter leurs allées et venues. Rejoignant le sanctuaire le plus proche, il apparaît bien vite au sein du bâtiment qui abrite les archives de la Ville Sainte, se fait indiquer le bureau adéquat et frappe deux fois avant d’ouvrir lorsqu’on le lui permet. En vérité, Elric ne s’ait pas attendu à la promptitude de la réaction du Louvre, ni à se voir ainsi appeler aujourd’hui. Et dans la poignée d’instants qui le sépare de la rencontre, il se demande si cette hâte a un rapport quelconque avec les nouvelles mesures prises par le Camerlingue.

    Nulle chance de se pencher sur la question, cependant. Une voix étouffée l’invite à entrer, et c’est exactement ce qu’il fait. Son sourire vacille lorsque ses yeux se posent sur la silhouette faisant face au Père Rossi, et il lisse son expression avec courtoisie, tout en fermant la porte derrière lui, profitant de ces mouvements pour se recomposer. Sa bonne humeur menace de se transformer en surprise, en étonnement. Main sur la poignée de la porte, il hésite, inspira doucement, se redresse et se tourne vers le bureau avant de ployer en un salut de circonstance pour son aîné.

    Mon Père.

    Puis pour leur invité.  

    Monsieur Delacour.

    Son supérieur ne perd pas de temps en présentation, homme de peu de mots. Elric est là pour assurer la sécurité de l’atelier et de l’expert, le vatican pourvoira à toute demande et toute nécessité, l'entièreté de son ouvrage rendu en quelques phrases concises, qui eurent tôt fait de lui rappeler le constant besoin d’humilité que l’on tente de lui enseigner… Ils sont bien vite congédiés tous deux, et seule le prestige associé aux Delacour convint Elric qu’ils n’ont pas simplement été mis à la porte par le brusque ancien militaire en dépit de sa parfaite courtoisie et la porte du bureau se referme derrière eux.

    La porte refermée, le sourire d’Elric grandit alors que son cœur battait fort, glissa une œillade à Camille en l’entendant prendre la parole. S’attendait-il à le trouver là ? Non, certainement pas, mais en est-il heureux ? Parfaitement. La joie s’inscrit sur des traits qu’il tente de garder dignes et calmes, mais qui illumine son regard et chasse le moindre doute. L’instant suivant, il le serre dans ses bras avec force, cédant aisément pour quelques instants.

    La force des bras refermés autour de lui emplit son cœur d’une affection débordante à l’égard de Camille, qu’il a longtemps vu comme un grand frère. Une affection qui imprègne chaque fibre de son être alors qu’il l’enlace et le retient aussi étroitement que lui, s’enfouit dans ses bras sans aucun embarras. Lorsqu’il le relâche, c'est sans avoir jamais quitté son sourire, et il prend quelques instants pour le détailler attentivement, observer ses traits, sa silhouette…

    Ne t’inquiète pas, je ne savais pas plus que toi.

    Ses yeux se perdent un instant dans l’image qu’il lui renvoie, avant qu’Elric ne revienne fermement à lui, à leur échange.

    Tu m’as tellement manqué…Bon sang, ça fait… ça fait des années maintenant” glisse-t-il alors que la réalisation le frappe soudainement.

    Le temps passe si différemment au sein du Vatican ! Il a baissé le nez sur ses études, sa formation, et au lieu de quelques jours, ce sont des années qu’il a laissé derrière lui. Des années fructueuses mais isolationnistes vis à vis de sa famille et de ses amis. Aucun regret cependant, simplement l’enthousiasme de le retrouver. Son éloignement est dû à l’Ordre après tout, il n’y a aucune raison qu’il en nourrisse des regrets, quand bien même ces retrouvailles lui font sentir à quel point Camille lui a manqué.

    Toi tu as changé.” fit-il, sans aucune trace de critique. Un bref instant, il secoue la tête, reprend, l’invitant d’une main.

    Oh viens, ne restons pas plantés là, je vais te montrer l’atelier et… Tu as faim ? Comment as-tu voyagé ?

    Prenant la tête, puisqu’il était chargé de le guider, il lui jetait des coups d'œil tout en faisant attention à leur route.

    Je vais bien ! Et toi ? Raconte-moi tout ! Tu es un expert au Louvre à présent n’est-ce pas ?

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    (#) Re: [FB] Les secrets de notre confession | feat Elric

    missive rédigée par Camille Delacour le
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    Automne de l’année 1912 - Vatican, Italie

    Ainsi, la surprise était partagée ? Cela remplit le cœur du Delacour d’une joie plus grande encore que les retrouvailles miraculeuses, chassant la crainte d’être le seul gardé dans l’ombre de l’ignorance. Il aurait détesté cela. Déjà que sa situation n'était pas idéale avec la hantise persistante de ne devoir sa place entre ces murs qu'à sa famille ou les Templiers... Ah, les Templiers tiens ! Même s'ils étaient tous deux membres de l'Ordre, Elric et lui ne possédaient ni le même rang, ni la même ancienneté. Et l'organisation perméabilisait si bien ses différentes antennes, qu'ils n'avaient jamais eu l'occasion de se parler ; même via correspondance. De quoi alimenter l'amertume de Camille qui, heureusement, avait un sujet bien plus intéressant à s'occuper.

    Sourire aux lèvres, il se laissa observer et fit de même sans s’en cacher. L’homme devant lui n’avait plus rien à voir avec l’adolescent de jadis. Les boucles blondes qui frôlait le platine étaient à présent des mèches courtes et disciplinées, d'un blond doré par le soleil d'Italie. La peau blanche laiteuse était halée et la fine silhouette androgyne était celle d'un soldat en pleine forme. Malgré tout ces changements, l’adoration de Camille ne vint pas se tarir d'une seule goutte. Mais elle commença à se teindre d’un quelque chose de plus viscéral, d'une appréciation moins fraternelle. Son regard s'attarda là où il ne devrait pas et des considérations, encore lointaines et vagues, commencèrent à parasiter ses pensées.

    Le commentaire chassa heureusement ce sentiment, le muselant pour quelques temps de plus et qui ne laissa derrière lui qu'un vague malaise… La candeur d'Elric lui arracha un léger rire alors qu’il jouait d’un sourcil taquin, les yeux pétillants de bonne humeur. Il n'était pas aussi objectif quant à ses propres changements depuis leur dernière rencontre, mais sûrement n'était-il plus un jeune adolescent. Il avait grandi et gagné en carrure certainement. Peut-être même en prestance ? Ne pouvant décemment pas demander à son ami de lui en faire la liste sans paraître narcissique, il se contentait d'en rire, bon enfant.

    “- A ce qu’il paraît !” Il se retint de lui demander s'il aimait ce qu'il redécouvrait de lui. “Il était hors de question que je m’encroûte dans un atelier et devienne un de ces artistes bohèmes maigrichons et à l'hygiène douteuse…

    Nonchalant, il lui emboîta le pas, calant son allure à la sienne. Il n’était guère pressé, après tout. En sa compagnie, l’Italie et son travail pouvaient désormais attendre. Ses bonnes résolutions étaient déjà oubliées, car Elric retenait toute son attention et son regard suivait le religieux avec une appréciation silencieuse, presque studieuse dans l’évaluation artistique de sa silhouette. Il avait menti tantôt : Elric avait profondément changé. Serait-il gêné de se l’entendre dire ? De l'écouter vanter toutes les qualités de sa nouvelle apparence ?

    “- Mh ? Oh… Non. Je n’ai pas encore mangé. Je suis venu en train. Je tenais à voir les paysages changer et les villes moldues se transformer à mesure de mon approche de Rome. Et ce fut tout bonnement fascinant ! Les architectures, les couleurs...

    Mains dans les poches, décontracté malgré le sérieux et l'austérité des lieux qu'ils traversaient, Camille s’arracha enfin à l’observation de son ami pour contempler le reste. Maintenant qu'il en parlait, n'était-il pas dans le cœur de la célèbre citée de Rome et plus particulièrement du Vatican ?! Autant en profiter un petit peu. Il admira ainsi les arches et la finesse de la taille des pierres utilisées, mais aussi du poids historique des lieux.

    “- Que dire ? Emmanuel vient tout juste de faire sa rentrée à Beauxbâton. Le garnement ne tenait pas en place, j’ai cru devoir l’attacher à notre carrosse tout le temps de nos emplettes sur la Place Cachée… Sinon, oui. Je me suis déclaré comme restaurateur indépendant, ne voulant pas trop dépendre de la richesse et de l'influence de ma famille, puis une chose en entraînant une autre le Louvre a fini par reconnaître mes talents. Il aura fallu que j'aille griller en Égypte plusieurs semaines, mais c'est une autre histoire.

    Il revint à Elric et le couva instinctivement du regard. S’assurant qu’ils étaient seuls et baissant la voix, il ajouta :

    “- Je ne vais pas te mentir. J’étais chafouin de venir ici… à cause de ma relation avec l’Ordre et l'influence omniprésente de ma famille malgré tous mes efforts pour me faire un nom par moi-même. Mais maintenant que je suis là ? Sous ta tutelle ?! Je ne pourrais être le plus heureux des hommes, Elric.

    La voix chaude était sincère. Réalisant qu'il s'était penché plus qu'il ne le devrait, il se redressa et haussa un peu des épaules pour se donner contenance.

    “- Qu’étais-tu en train de faire avant que je n’arrive et ne chamboule tout ? Que fais-tu ici d’ailleurs ?

    Il désigna vaguement tout l’établissement d’un geste élégant et vaste du bras.
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    Automne de l’année 1912 - Vatican, Italie

    Imaginer Camille en artiste bohème fit éclater Elric d’un rire dépourvu de toute forme de mépris, yeux brillants d’hilarité. Il n’a rien contre les artistes, ni les gens de Bohème, ni la fusion des deux mais il a en effet bien du mal à imaginer son aîné et ami adopter ce style de vie. Camille a trop de prestance, trop d’élégance pour ça… Le bohème, avec ses influences ancrées dans le romantisme de la pauvreté et du rejet des classes, n’est guère à la mesure de l’homme marchant à son côté. Le voir s’y contraindre serait même malaisant. Elric lui glissa d’ailleurs un regard en coin, étudiant un instant sa silhouette régalienne, conforté par ce qu’il voyait. Il a changé oui, mais certainement pas en mal. Bonifié était même sans doute un terme plus adapté à ce qu’il voit et perçoit de lui.

    Et bien tu as fait un excellent choix.

    Une affirmation qu’il regrette promptement, soucieux qu’elle soit mal interprétée. Commenter l’apparence physique d’autrui n’est pas dans ses habitudes et les mots lui ont échappé, guidés par l’aisance avec laquelle Camille a toujours appelé sa confiance et son confort. Mais vraiment… Il eut dû faire silence. Impossible même de l’adresser car si Camille ne l’a pas remarqué, le rappeler scellera sans aucun doute l’affaire.

    Alors il commença à le guider dans les couloirs, sans se hâter, pour respecter le calme et l’austérité des lieux. Pour retrouver contenance aussi. Il est, cependant, incapable de ne pas sourire, même s’il le voulait. Revoir Camille était un bienfait qu’il n’a pas su nécessiter à ce point jusqu’à en avoir l’opportunité et Elric en remercie silencieusement Dieu dans son discernement.

    Le court explicatif du périple entreprit par Camille lui permet de se convaincre qu’aucun mal n’a été commis et il opine avec grand plaisir, tout en répondant : “J’en suis certain ! J’ai fait le chemin en train également, partiellement en tout cas, la campagne italienne est absolument magnifique. Tu as sans doute vu combien les demeures sont colorées ? Il y a vraiment une impression de chaleur unique ici. Même si le Vatican est plus frais et plus grandiose, comme il se doit très certainement, il y a quelque chose de réellement unique dans l’architecture du pays. Quelque chose plein de caractère, comme la population.” Il s’interrompt lorsqu’il note parler plus qu’il ne laisse parler, étouffe un rire et l’invite d’un geste. “Excuses moi, raconte, c’est bien plus intéressant !

    Et il l’écouta diligemment, le flanquant et ne cessant de lui lancer des œillades tout en surveillant leur route pour le mener jusqu’au grand réfectoire et la salle destinée aux invités. Le Père Rossi ayant attendu sa visite, on devait certainement avoir prévu un déjeuner approprié pour sa stature, les invités n’étant pas tenus aux mêmes règles de frugalités que les membres des ordres.

    Apprendre que le fils aîné de Camille faisait sa rentrée lui fit pétiller le regard. Il semble un père comblé, au sein d’une famille épanouie et Elric en est très heureux pour lui. Plus contrit encore de son incartade précédente, mais bel et bien heureux. Que peut-on espérer de meilleur qu’une vie personnelle florissante, un héritage assuré et une carrière à présent couronnée d’une très prestigieuse reconnaissance.

    Il me semble me souvenir que toi aussi, tu étais très enthousiasmé par Beauxbâtons.” glisse-t-il avec douceur. “Tu ne cessais de me narrer tes aventures, lorsque nous nous retrouvions.

    Et lui écoutait avec plaisir, des étoiles plein les yeux, pendu à ses lèvres. Il en redemandait. Lui n’a pas fait Beauxbâtons, son père ne souhaitant pas le voir contaminé par les dangereuses idées d’une frange traditionaliste de la société sorcière, attachée à la monarchie. Un étrange concept, sans doute, sachant que Camille fait partie des Delacour. Il ne peut qu’émettre des hypothèses. Aucune, néanmoins, ne vient entacher le bonheur de son enfance partagée avec Camille.

    Ils passèrent une première porte, débouchant sur un corridor plus fréquenté, et Elric reprit.

    Restaurateur pour le Louvre… C’est une superbe reconnaissance ! J’imagine que tu dois avoir de nombreuses opportunités exceptionnelles grâce au réseau de l’institution.

    Imaginer ce que Camille peut faire, toutes les œuvres d’art qu’il peut croiser, n’est pas bien difficile. De nouveau seuls, tandis qu’ils changent de couloir, Elric se rapprocha en le voyant faire de même, curieux, et en l’écoutant ? Sourit davantage, avant de se faire plus sérieux et attentif. Sa… relation avec l’Ordre et sa famille ? Il doit vouloir prouver ses talents, après tout c’était bien naturel. Admirable même. La valeur d’un être ne dépend pas de celle de sa famille. Ou ne devrait pas, en tout cas. L’Ordre est une auguste institution et elle demande le meilleur, et les Delacour sont l’une des familles fondatrices. Oui, il comprend naturellement que Camille espère… S’il est parfaitement honnête avec lui-même, il peut tout à fait se mettre à sa place.

    Je te promets que je ferai tout mon possible pour t’aider Camille, je ne veux pas te faire rater cette occasion, tu peux compter sur moi !

    Il tend la main et lui serre l’épaule, avant que les questions renouvelées ne lui fassent légèrement secouer la tête, loin de s’en offusquer. La vie au sein de l’église est souvent floue pour les civils, aussi n’est-il pas étonnant que Camille s’interroge sur la façon dont il occupe ses journées, sans même parler du besoin de secret de l’Ordre et de sa prudence, séparant ses cellules avec un soin proverbial.

    J’étais sur le point de prendre mon déjeuner, nous mangeons tôt et je m’attendais à passer l’après-midi en entraînement. On me forme comme prêtre exorciste. Enfin…

    Il prit un air amusé et eut un petit signe de tête.

    Pour nous, on me forme comme brise-sort et comme gardien des salles de la banque vaticane. C’est pour cela que je suis en charge de ton travail.

    De nouveau il l’observa. C’est la première fois qu’on lui donne la charge d’un artisan, et que ce soit Camille, de toutes les personnes possibles ?! Il en est à la fois anxieux et ravi. Et curieux. Curieux de le voir Camille faire son œuvre, et en même temps, il sait qu’il serait difficile pour lui de faire autre chose que d’assurer la sécurité de l’atelier. Ce n’est certainement pas une tâche glorieuse en soi mais la gloire n’est pas ce qu’il recherche et pouvoir assister son ami d’enfance est un présent précieux.

    Je te propose de déjeuner, ensuite je t’emmènerai jusqu’à la suite qui t’es destinée, et à l'atelier. Est-ce que ça te convient ?
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    (#) Re: [FB] Les secrets de notre confession | feat Elric

    missive rédigée par Camille Delacour le
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    Automne de l’année 1912 - Vatican, Italie

    Camille ne cessait de hocher de la tête à la façon de ces petites figurines danoises qui apportaient chance et bonheur à leurs propriétaires. La campagne italienne s'était effectivement révélée être une superbe découverte et le sorcier s’était fait grand plaisir en réalisant plusieurs croquis au fusain, mais aussi à l’aquarelle lors de ses nombreuses escales. Sans être un grand artiste, spécialisant dans la restauration d’œuvre plutôt que leur création, Camille n'avait toutefois pas à rougir de ses talents.

    A l'enthousiasme d'Elric sur le sujet, il se promit d'ailleurs de lui en offrir quelques-unes, dès qu'il aurait défait ses valises. Camille était peu avare sur un tel sujet et il était toujours prompt à partager sa passion avec autrui, à plus forte raison son entourage proche. Car même s'ils ne s'étaient pas vu depuis bien dix ans, Elric restait son ami d'enfance. Et puis, le parisien ne doutait pas qu'il viendrait à peindre et dessiner d'autres paysages tout au long de son séjour à Rome.

    En parlant de ça, peut-être pourrait-il utiliser son ami comme modèle ? Il était certain que sa famille adorerait recevoir un portrait de leur fils parti depuis si longtemps ! Et lui gagnerait de précieux souvenirs lorsqu'il serait temps de rentrer sur Paris. Cette idée attisa sa passion artistique, faisant briller dans ses yeux bleus un regain d'intérêt pour les arts ; qui était quand même sa raison première de sa présence ici.

    Et en parlant de passion, sa famille en faisait partie. Et sans surprise, Emmanuel était sa plus grande fierté en ce monde ; son fils était intelligent, vif et déjà un véritable gentilhomme même s’il était encore en culotte courte ! Le sorcier ne pouvait qu’éprouver une profonde adoration pour son enfant et n’imaginait rien de plus gratifiant que de le voir grandir. Il ne désirait qu'une chose ; le voir s’épanouir dans ce monde plein de merveilles et de secrets à décoder.

    Bien sûr, Camille avait conscience qu’un tel sujet de discussion n’intéresserait probablement pas un prêtre qui venait de faire récemment un vœu de chasteté, mais il ne pouvait s'en empêcher. Au rappel de sa propre excitation lors de son entrée à Beauxbâtons, il eut un petit rire embarrassé car il ne pouvait réfuter les mots de son ami. Son rire s'étrangla cependant bien assez vite…

    “- Ton entraînement ?” Répéta-t-il, pris au dépourvu.

    La réponse lui fut fournie bien assez vite et il hocha -encore- de la tête. Ses yeux brillèrent de curiosité et d’un respect renouvelé pour son cadet. Il n'aurait jamais cru que le réservé et timide Elric emprunte une telle voie. Un Brise-sort, donc ?! En y réfléchissant avec un peu plus de profondeur, pourquoi ça ne l’étonnait pas ? Elric avait toujours été un esprit particulièrement brillant après tout. Camille ne doutait pas qu’il serait excellent à son poste et qu’il saurait garder la banque vaticane contre tout danger.

    Large sourire aux lèvres, engorgé d'une immense fierté pour son ami, il lui colla une tape amicale dans le dos.

    “- Mes félicitations ! Je suis tellement fier de tes progrès, Elric… Tu vas faire des merveilles ici.

    Honnête sur ses émotions, transparent dans ses paroles ; il n'y avait pas besoin d'être legilimen pour voir combien il était sincère. Après tout, pourquoi mentir ? Le partage et la communication valaient tout l’or du monde. Surtout en si bonne compagnie. Surtout aux côtés de son ami d'enfance.

    “- Et il ne fait aucune doute que tu seras une une source d’inspiration et de réconfort lors de mon séjour ici. Comme tu l’as toujours été, même lorsque nous étions jeunes.” Un petit clin d’œil, en l'honneur de souvenirs lointains. “De mon côté, j’essaierai de ne pas faire trop de bêtises et de ne pas te mettre dans l'embarras !

    Après tout, il comptait bien s'essayer à une fugue ou deux, histoire de visiter à la sauvette Rome. Il s'essaierait aussi certainement à soudoyer son ami pour qu’il l’accompagne, ne voulant pas le laisser derrière tandis qu'il jouerait les touristes. Il y avait aussi de grandes chances qu'il tente de se trouver une muse, voire une maîtresse ou un amant. Mais cette fois sans la présence d'Elric même si…

    Son regard s’égara un peu sur ce dernier, incapable de ne pas apprécier le dessin de sa mâchoire, la courbe de sa nuque et les mèches blondes balayant une peau colorée par le soleil. Mais le parisien se reprit bien vite, rivant plutôt son attention sur l’itinéraire qu’on lui faisait prendre. Il réalisa avec une pointe de dépit qu'il était totalement perdu et qu'il serait bien incapable de retracer ses pas si on le lui demandait ! Une excuse de plus, pensa-t-il, pour garder son ami à ses côtés.

    Heureusement, Elric continuait d'interpréter son rôle de guide et de gardien d'une façon exemplaire. Camille pencha légèrement la tête de côté et s'empressa de répondre :

    “- Oh ! Ça me va parfaitement. Mais dis-moi ; où est-ce que tu dors ? Car je me disais, s’il y a assez de place dans cette “suite” qui m'est réservée, ne voudrais-tu pas y aménager ? Je propose, car il me semble qu'il sera plus simple de se rejoindre et de s’organiser ainsi, qu’est-ce que tu en dis ?

    Sourire charmeur aux lèvres, il passa un bras amical autour de ses épaules. Distraitement, il nota que le jeune prêtre avait une carrure plus massive que sa robe noire ne le laissait penser. Ses entraînements n'étaient donc pas seulement collégiales. Il devait être aussi former au combat.

    “- Imagine-toi ! On a tellement de temps perdu à rattraper et cet endroit est tellement grand… Allons ! Avoue que j’ai raison~ Et puis, si tu dois me garder à l’œil… autant que ce soit confortable pour tout le monde, mh ?” Tenta-t-il de l’amadouer.
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    (#) Re: [FB] Les secrets de notre confession | feat Elric

    missive rédigée par Elric d'Adhémar le
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    L’enthousiasme de Camille eu égard à sa formation le surprend agréablement, le confondant même quelque peu. Il baissa un instant les yeux, soufflant un remerciement mais sans s’étendre davantage, parfaitement conscient d’avoir encore beaucoup à apprendre avant de pouvoir prétendre faire du bon travail. Le rang d’exorciste s’accompagne de nombreuses considérations, qu’elles soient techniques, afin d’avoir la force et les compétences de lutter contre la magie noire et les maléfices, ou qu’elles soient humaines, afin de savoir gérer les émotions, les peurs et les attentes de leurs patients et de leurs familles.

    Elric espère d’ailleurs rendre la sienne fière, leur faire honneur, et servir l’Ordre au mieux. Il doit assurer la relève, permettre à l’Ordre de compter sur lui pour protéger le secret comme tant de ses ancêtres. Un honneur. Et pour s’en montrer digne, il doit avant tout se focaliser sur ses actes, sur ses progrès, plutôt que ses espoirs et ses ambitions, trop prompt à mener tant d’âmes à l'orgueil. La fierté elle-même n’est pas un but acceptable, uniquement une chimère… aussi plaisant soit-il d’entendre Camille le louer ainsi, de voir l’enthousiasme dans ses yeux…

    Tentation, pourtant, tandis que Camille reprend, persistant dans ses éloges. A-t-il réellement été une telle source de réconfort ? Pourtant, Elric ne doute pas de Camille, nullement. Il doute de lui-même. N’a-t-il pas été celui que l’on a toujours comblé ou bien est-ce justement là un écueil d’impiété ? Lui ? Une source d’inspiration ? Il sourit, gêné, porte une main à sa nuque, qu’il masse légèrement, en baissant un peu les yeux.

    Inspiration, je ne sais pas. Tu as toujours été la source de proposition, la source de nos aventures.” Et combien a-t-il adulé Camille, lorsqu’il était enfant, adoré le retrouver, chaque fois, être à ses côtés. L’entournure d’un sourire, puis il relève la mire vers lui. “Je tâcherais néanmoins de rendre ton séjour le plus confortable possible.” Lui rendre ne serait-ce qu’un fragment de tout ce que Camille a pu lui offrir au cours de leurs années communes.

    Quant aux bêtises de Camille… Elric s’y attend quelque peu, de la part d’un profane, mais fort heureusement, le corps religieux est ici relativement tolérant envers les étrangers. Il ne doute pas qu’on ne nourrira qu’un court ressentiment à son égard, et Camille ne brisera sans doute rien dans tous les cas. Pas lui, l’artiste restaurateur ! Une atteinte aux mœurs locales ? Non, il voit mal Camille s’en amuser alors qu’il y a tant à faire au sein de Rome, si proche.

    Abandonnant ce sujet sans une pensée de plus, l’esprit davantage tourné vers des considérations pratiques, Elric se laisse aisément accoler.

    Un geste que Camille n’a jamais cessé d’offrir, enfant et peut-être n’en aurait-il rien pensé, s’il ne lui avait proposé de dormir dans sa suite dans la même réplique. Dormir dans la même suite ? Quand ils étaient enfants, certainement, Elric n’en eut rien pensé, mais à présent ? Deux adultes, dont l’un père de famille. Non cela semble déplacé, d’autant que ces suites ne sont pas faites pour deux personnes, si ce n’est pour des couples. L’idée est source de gêne, du moins pense-t-il que c’est de la gêne, cette trop forte conscience de lui-même, si soudainement…

    Conscient que Camille attend une réponse, il glisse donc simplement :

    Je dors dans un autre bâtiment, mais ne t’en fait pas. Je me lève tous les jours à quatre heure trente. Je viendrais te chercher sans que tu ai besoin d’y penser. Il ne serait pas… Enfin, je vis dans l’humilité, il ne serait pas acceptable que je profite des accommodations faites pour toi.

    Oui, il veut croire qu’il ne s’agit que de cela, le besoin de respecter ses vœux tant qu’il le pourra.

    C’est toi l’artiste qui doit restaurer un des trésors national, moi je suis juste là pour faire en sorte que tout se passe au mieux.

    Bien sûr, qu’il veut passer du temps avec lui ! Bien sûr qu’il souhaite rattraper le temps perdu ! C’est insensé, cette chance dont il est soudainement doté que de pouvoir le retrouver. Les souvenirs de leur jeunesse sont encore frais, dans son esprit, comme s’ils dataient d’hier. Ses visites aux Delacour, les mois d’été pendant lesquels son père leur offrait l’un des domaines familial pour terrain de jeu. Il se souvient d’une occurrence, aux alentours de ses dix ans, quand Camille lui parla pour la toute première fois de Beauxbatons. Oui… Oui, profiter de sa présence lui plairait. S’il en a l’occasion.

    Mais, je suis certain que tu voudras faire des pauses également, non ?” s’entend-t-il demander. “Pour ménager tes yeux et ton inspiration ? Alors… Je pourrais te servir de guide dans le Vatican et Rome si tu veux.” Il n’y a rien de réprimandable à cela, gage-t-il. Une façon de concilier toutes les obligations.

    Ces entrefaits les virent arriver, enfin, au réfectoire. Elric emprunta alors une porte secondaire vers une salle confortable pourvue d’une table massive en bois sculpté.

    C’est la salle destinée aux invités. Je vais faire demander qu’on te serve… Je reviens tout de suite.

    Il quitte les lieux, avec un sourire, le temps de rejoindre les cuisines et revint après une dizaine de minutes, un garçon de cuisine à sa suite. Le repas fut disposé sur la table, parfaitement à la hauteur d’un invité de marque. Une fois qu’ils en eurent terminé, Elric remercia le jeune homme et alla lui-même chercher son propre déjeuner, qu’il installa face à Camille, afin de pouvoir continuer d’échanger avec lui. Son regard parcourut les victuailles, puis revint à Camille.

    Est-ce qu’il manquera quoi que ce soit ? Voudra-t-u autre chose ?

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    (#) Re: [FB] Les secrets de notre confession | feat Elric

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  • Les secrets de notre confession
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    Camille manqua bien de s’étrangler en apprenant à quelle heure indécente son ami se levait tous les jours. C’était parfois l’heure à laquelle il se couchait LUI ! Il détourna la tête pour tousser légèrement dans le creux de son poing, essayant de dissimuler son choc avec l'excuse d'avoir quelque chose de coincer en travers de la gorge. Vraiment, quel dommage ; il ne pourrait pas garder Elric levé trop tard. La vie nocturne de Rome devrait probablement se passer de son cadet pendant toute la durée de son séjour. S'il perdait son guide, il lui faudrait en trouver un autre... à moins que les portes du Vatican aient elles aussi des horaires de moines. Et dans ce cas, soit il dormait à l'extérieur, soit il faisait temporairement le deuil de ses habitudes débauchées.

    Optimiste dans l’âme, Camille décida qu’il s’agissait toutefois d’une raison supplémentaire pour profiter à 200% d’une vie diurne et, surtout, de la compagnie inestimable d'Elric. Après tout, ils avaient tellement de choses à faire : visiter d'autres églises, lieux historiques, arènes et bains romains, restaurants et terrasses de cafés... confiseurs et crèmes glacées au gelato, aussi. Même s'il faisait parfois suffisamment froid pour couvrir les fenêtres de givre, le parisien ne repartirait pas sans avoir au moins goûter à cette spécialité italienne. Il comptait aussi s'acheter de nombreux pigments et autres accessoires pour ses hobbies.

    Pensées interrompues alors qu'ils arrivaient enfin dans le réfectoire et Camille haussa des sourcils en voyant qu’il était mis à l’écart du reste. Silencieux, il suivit docilement son ami et se demanda s’il s’agissait vraiment d’une décision par égard à son statut d’invité ou si l’Église ne voulait pas que ses pratiquants soient perturbés par le monde ‘extérieur’, sous quelque forme que ce soit. Curieux de la décoration, il prit le temps d'observer la pièce dans laquelle Elric l'avait temporairement abandonner, appréciant l'architecture. Ce n'était pas tous les jours que l'on pouvait contempler de première main de la Renaissance tardive dans son pays d'origine.

    Finalement, n'ayant plus de quoi fureter et ne voulant pas avoir l'air de faire les cent pas comme un lion en cage, il s’installa bien sagement et attendit que son repas lui soit servi. Ses pensées dérivèrent à nouveau sur ses nombreuses hypothèses quant à l'identité de l’œuvre qu'il allait devoir restaurer. Personne ne lui avait encore révélé le nom de la pièce et il était incapable de se préparer ! Frustré, c'était comme jeter des pierres dans une nuit noire. Les bruits de pas lui revenant coupèrent courts à ses ruminations et il fut surpris de voir Elric lui revenir les mains chargées de son plateau. Pourquoi était-ce lui qui s'en chargeait et pas un serviteur ou bien un novice ?

    Il observa son plateau, riche en viandes et agrémenté d'une carafe de vin rouge, circonspect. Ce n'était clairement pas ce qu'il s'était attendu à manger entre ces murs. Il attendit toutefois que son ami aille chercher sa propre nourriture avant de juger, mais il haussa finalement un sourcil un brin dubitatif à la vision de ce dernier, beaucoup plus frugal. Incapable de se retenir, il finit par glisser :

    “- Il y a comme un déséquilibre… Est-ce que tu auras assez ? Tu as fait vœu de jeûne ou quoi ?” Camille semblait mi-sérieux, mi-scandalisé. “Partage avec moi, il y a largement de quoi me nourrir et même plus, Elric. Je ne suis pas une oie…

    Il commença toutefois par manger, ayant faim malgré ses proclamations. Entre deux bouchées, il entama plusieurs sujets de discussion pour essayer, lentement mais sûrement, de rattraper le temps perdu. Et pendant qu’ils discutaient, le parisien passa -plus ou moins discrètement- de la nourriture et du vin sur le plateau de son ami. Il voulait le voir manger d’égal à égal avec lui, culpabilisant un peu d’être le seul à profiter de toutes ces largesses. Vivre à la façon du Vatican ne le dérangerait pas, à posteriori, peut-être même que cela l’aiderait à ce mettre dans l'ambiance et synchroniserait son approche avec la pièce qu’il devait restaurer !

    Et alors qu’ils terminaient, cette fois Camille insista pour apporter lui-même son plateau.

    “- Tu es mon ami, Elric, pas un serviteur… Enfin, si. Celui de Dieu ! Mais du coup… pas le mien.” Bredouilla-t-il avant de soupirer et de le suivre aux cuisines. “Bref, tu m’as compris.

    En ressortant, il avait remis les mains dans ses poches et flanquait Elric d’un pas tranquille, idéal pour la digestion.

    “- Concernant ton invitation de tantôt ? Visiter le Vatican et Rome… J’adorerai. Sincèrement et du fond du cœur ! Avoir la chance et le plaisir de t'avoir en guide, ici comme à l'extérieur, me remplit de joie.” Précisa-t-il après une courte pause. “Mais toi… Est-ce que ça t’ira ? Passer autant de temps avec moi, je veux dire.

    Il le couva du regard, sourire léger aux lèvres. Il lui semblait de plus en plus difficile de détourner ses yeux de lui.

    “- Je suis heureux que tu n’ai pas fait vœu de silence ou quoi que ce soit d'autres ! Enfin, si ça se fait encore ce genre de choses ?” Il pencha la tête de côté, léger sourire ourlé au coin des lèvres. “Mmmh... J'ai l'impression de sonner comme un arrogant et un ignorant. J’espère ne pas te fâcher." Son sourire vacilla à cette pensée, mais il reprit avec aplomb : "Tu veux bien m’éduquer à tout cela ? Je ne me suis jamais réellement intéressé à la religion moldue, seulement à son Histoire et tout ce que je sais ce sont les merveilles et les guerres qu’elle a apporté tout au long de son existence chez eux.
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    (#) Re: [FB] Les secrets de notre confession | feat Elric

    missive rédigée par Elric d'Adhémar le
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    Automne de l’année 1912 - Vatican, Italie

    Le déjeuner destiné à Camille comporte du bœuf rôti, des légumes braisés, du pain et des fruits, sans oublier le vin. Un ensemble solide, et de bonne qualité, bien que dépourvu de l’extravagance des grands restaurants, qu’ils soient français ou italiens. En comparaison, Elric mange de la volaille, du pain, et des légumes croquants, uniquement accompagné d’eau. La surprise de son ami le fait donc sourire, amusé, plutôt que gêné ou irrité de le voir tomber ainsi des nues devant la différence de traitement entre eux. Il ne s’installe pas moins avec tranquillité devant son déjeuner, brise le morceau de pain dont la croûte croque plaisamment, et ne manque pas de le mettre d’appétit.

    L’offre, néanmoins, lui fait secouer la tête.

    J’aurais assez. Je mange à ma faim ne t’en fait pas. Rien de ce que je fais aujourd’hui ne demande plus d’apports pour mon corps. Mais ne te force pas, rien ne sera perdu.

    S’il n’a aucune raison d’abuser, il est pourtant très difficile de refuser l’insistance de Camille. Pas parce que la gourmandise est au nombre de ses défauts, mais parce qu’il s’agissait de Camille justement. Et Elric a toujours eu le plus grand mal à lui refuser quoi que ce soit. L’occasion ne fait pas exception, et s’il ne boit rien, il cède pour une fraction de la nourriture, insistant que le reste soit laissé, afin que les plus pauvres puissent y avoir ensuite accès, comme de juste. Une fois ces négociations derrière eux, Elric effectue la prière du midi, avant d’entamer le repas, profitant de l’occasion pour échanger avec Camille plus longuement.

    Une fois qu’ils eurent fini, il le laissa rapporter sa vaisselle, un léger sourire aux lèvres à le voir refuser de le laisser faire. Il ne débarassa pas moins sa propre part avant d’ordonner à nouveau la table. Et lorsque ce fut fait, il glissa :

    Je suis navré si je t’ai embarrassé d’une quelconque façon Camille. C’est devenu naturel pour moi, je ne pense même plus à ce dont tout cela doit avoir l’air vu de l’extérieur.

    Par réflexe, il lui effleura le bras, n’y pensant qu’à peine, tant le contact lui parut naturel. Plus jeune, quand Camille l’entraînait avec lui, il lui tenait la main ou le bras sans même réfléchir. Ils sortirent tous deux hors du réfectoire, et se dirigèrent vers les jardins. Ce fut Camille qui brisa le silence le premier, attirant le regard d’Elric et lui arrachant une expression de satisfaction bienveillante, tandis qu’ils sortent tous deux dans les jardins afin d’y effectuer une marche digestive. Son ami se montre des plus prolixes et Elric doit bien s’avouer qu’il a perdu l’habitude, dans un lieu où le respect du silence est si vivace, où la contemplation est un devoir, pas un luxe de nantis.

    Il n’en secoue pas moins la tête au bout du compte, n’ayant rien perdu de leur échange.

    Tu n'abuses pas le moins du monde, n’ait aucune crainte.

    Qu’il s’en inquiète est d’ailleurs tout à son honneur. Encore une preuve, s’il en a seulement besoin, du bon cœur de Camille. Une attitude humble et attentive qui a toujours fait sa valeur, en plus de tant d’autres qualités, qui fait de lui un homme estimable.

    Elric le guida vers le parc, pour profiter de l’air extérieur, du soleil et de l’espace verdoyant. Intérieurement, il est ravi. Que Camille accepte son invitation signifie pouvoir passer davantage de temps en sa compagnie, et dans un contexte moins restreint par leurs professions et leurs devoirs. Un moment qui ressemblera sans doute quelque peu à leurs escapades de jeunesse, et permettra à Elric de redécouvrir Camille. Il en conçoit même une certaine impatience, chérissant par avance les nouveaux souvenirs qu’ils pourront créer, et espérant renouer durablement, puisque Dieu leur a donné l’occasion de se retrouver. Et Elric a tant d’idées, des lieux à visiter, ensemble, ou à lui recommander pour ses instants solitaires.

    Après tout” reprend-t-il, et lui décoche une oeillade amusée “Je suis censé veiller à ton confort. N’est-il pas ?

    Son sourire devient radieux.

    J’ai hâte de tout te montrer Camille. C’est une ville magnifique, tu n’as pas idée. Il y a tellement de vie, et de personnalité ici, et c’est si différent de Paris ! Il y a mille détails dans chaque rue, et des recoins secrets à explorer, et la culture est partout !

    Coup d'œil brillant, enthousiaste.

    Cela fait des années et je n’ai encore jamais vu deux fois la même chose pendant mes permissions.

    Des oiseaux lançaient leurs trilles quelque part dans le jardin, tandis qu’ils le traversent et Elric s’arrêta près d’un banc sans pour autant s’y asseoir. Être debout lui allait très bien pour l’heure, comme de marcher à cet endroit. Il aurait tout le temps de l’installer dans l’après-midi, et de passer lui-même des heures assis ou à genoux. L’habitude venant, il n’en souffre plus du tout, mais s’est découvert un réel besoin d’user de ses jambes lorsqu’il en a la possibilité. Bouger est un véritable plaisir, plus encore de pouvoir lui faire visiter les jardins intérieurs aux bâtiments de vie.

    Quant à sonner comme un arrogant, non, je t’assure. Tu ne m’as jamais regardé de haut, je le sais.

    Il le couva d’un regard plein d’affection. Camille, arrogant ? Avec sa stature, son nom de famille, ses résultats brillants, il eut pu l’être. A la place, il s’inquiète de la façon dont il est perçu et demande à d’autres les informations qu’il admet ne pas posséder. Bien sûr, il eut pu s’agir de fausse modestie et Elric eut pu le vérifier tant Camille offre de lui dans leur échange. Elric lui fait pourtant confiance, choisissant de porter un regard bienveillant sur son attitude et sur ses mots. Rien, dans leur histoire commune, ne le pousserait à penser autrement. Il n’a jamais eu le moindre geste malveillant envers lui et qu’encore aujourd’hui, il se comporte avec lui comme avec un égal, alors qu’il eut pu simplement accepter son service en dormant sur ses deux oreilles.

    Je ne saurais guère comment t’éduquer sans passer des heures à parler, je dois l’avouer. Je ne suis pas pédagogue, uniquement un étudiant, même aujourd’hui, et certains hommes passent leur vie à se dévouer pour apprendre à enseigner tout cela…

    Son regard se fit pensif, tandis qu’il pondère la demande de Camille.

    Hm… Je n’ai pas fait vœu de silence, non, bien que certains ordres le fasse, j’ai fait vœu d’humilité, en revanche de sobriété et de service. J’aurais dû faire voeux de chasteté mais mon titre d’héritier me dispense de cela tant qu’Anton n’a pas fait son choix de carrière et d’allégeance.

    Revenant pleinement à Camille, il l’observa avec curiosité, réellement intéressé d’avoir ses réactions. Si son ami est curieux de son monde, lui l’est du sien, et de ses réactions à ces choix étrangers. Est-ce perturbant ? Curieux ? Mal perçu ? La communauté vaticane comme romaine est très pieuse, comme de nombreux visiteurs, en dépit des excès des américains. Mais qu’en est-il d’un mondain Parisien ? Bien que les Delacour fassent partie de l’Ordre, ils ne sont pas à proprement parler catholiques.

    Je me dévoue aux autres” poursuit-il “et j’apprends à dépasser et transformer mes sentiments humains en aspirations supérieures. À me défaire de la jalousie, de l’envie, de la frustration… Voir la beauté en autrui, en l’âme des autres, apprendre le pardon. Je me sens vraiment bien, sur cette voie. Je me sens utile, et j’ai l’impression de réellement faire quelque chose de constructif.”

    Il s’est remis à marcher dans les jardins, sans tout à fait le noter. Il aime les lieux, merveilleux mélange entre l’apaisement des salles intérieures et la vie de la ville au-delà. Une bulle tangible et mortelle, délicieusement naturelle, dans l’austérité des lieux.

    Beaucoup de moldus se tournent vers leurs croyances pour se donner des barrières morales, ou pour s’aider à trouver du sens à leur vie, au-delà de leur ouvrage de chaque jour. Je trouve cela magnifique, la capacité de la religion à réunir et inspirer l’espoir à tant de personnes…

    Nouveau sourire.

    Je ne t’ai pas perdu ?

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    (#) Re: [FB] Les secrets de notre confession | feat Elric

    missive rédigée par Camille Delacour le
  • Les secrets de notre confession
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    Automne de l’année 1912 - Vatican, Italie

    Apprendre que son ami ne l’avait jamais considéré comme arrogant le soulagea au delà des mots. Malgré ses nombreux efforts pour paraître approchable, Camille se savait imposant avec son mètre quatre-vingt-dix et sa silhouette musclée. Il y avait aussi ses vêtements griffés ou, plus simplement, son nom et la réputation qui s’y accrochait où qu'il aille. Beaucoup de ses pairs s’arrêtaient à ces détails, sans jamais réellement chercher à le connaître pour qui il était réellement. En conséquence, beaucoup prenaient mal sa curiosité, y voyant un jugement de valeur. Plus encore confondaient le partage ingénu de ses propres expériences avec du paternalisme. Pour son plus grand malheur.

    Alors savoir que ce n'était pas le cas d'Elric, l'une des personnes les plus chère à son coeur, fit naître en Camille un profond sentiment de reconnaissance. Il lui offrit un sourire ainsi qu'un regard tout aussi tendre, car les mots qu'il recevait transportaient les mêmes émotions. Ce ne fut qu'à cet instant qu'il réalisa qu'ils s'étaient arrêtés sous un arbre, à proximité d’un banc, mais le parisien n’éprouvait aucun besoin de s’asseoir. Après tout, avait passé les deux derniers jours dans un train et pouvoir se dégourdir les jambes lui convenait bien mieux. Camille savoura cependant la bise fraîche de ce début d’automne, le calme des lieux et, plus que tout, la compagnie de son meilleur ami.

    Le froid mordant de Paris et sa constante agitation lui paraissaient soudainement très lointain. Car même la voix d'Elric ne lui semblait pas désagréable ; son timbre était grave, chaud et vibrant d'une ferveur parfaitement dosée. Silencieux, autant par respecter du tour de parole que par simple plaisir, Camille se mit à contempler son ami avec fascination grandissante, découvrant chez lui une toute nouvelle facette de sa personnalité. Homme de passion, il ne pouvait que reconnaître et respecter celle qui animait son plus vieil ami, aussi étrangère lui fut-elle sur l'instant. Et quand Elric termina enfin sa longue tirade pour s'assurer de l'avoir toujours avec lui, il ne put que le couver du regard avec affection.

    “- Non, tu ne m’as pas perdu…” Répondit-il avec un rire dans la voix.

    Cédant à une impulsion, complètement absorbé par sa contemplation, il tendit une main pour effleurer sa joue et laissant ses doigts glisser jusqu'à sa nuque qu'il vint saisir avec douceur. Avec intimité.

    “- Tu es rayonnant lorsque tu parles de ta foi, Elric… T'en es-tu jamais rendu compte ? Rayonnant et magnifique. Je ne crois pas me souvenir de t’avoir jamais vu aussi… Passionné par quoi que ce soit.” Distraitement, son pouce lui caressa l’arrière de l’oreille, chauffant la peau tendre et sensible. “Ça te va bien. Terriblement... Bien.” Murmura-t-il d'un ton songeur et fasciné.

    Réalisant à rebours son comportement, Camille tiqua légèrement et retira immédiatement sa main. Confus, mais surtout horriblement embarrassé de son geste, il se racla légèrement la gorge et, cette fois, fut le premier à reprendre leur marche dans les jardins. Mains dans les poches, il s'obstina à regarder droit devant lui. Il pouvait sentir sa nuque chauffer de honte et se fustigea intérieurement pour avoir céder à ses pires travers. Elric était son meilleur ami, bon sang ! Il ne s'agissait certainement pas d'un prospect pour partager le confort de ses draps. Le parisien préféra reprendre la parole, espérant y noyer ses pensées :

    “- A me présenter ta religion sous cet angle, cela me ferait presque oublier toutes les horreurs et les guerres lancées en son nom… Et dont l’Ordre n’y est pas totalement étranger.” Déclara-t-il sans animosité. “Mais de toi à moi, je connais surtout ta religion au travers des Arts -sans grande surprise, me diras-tu- et je ne peux réfuter qu’elle a su inspirer parmi les plus belles œuvres qui me furent jamais données de contempler ! L’art de la Renaissance et celle du néo-classicisme, notamment, ont su voler mon cœur à d’innombrables reprises.

    C’était à son tour de s’enflammer. Ses mains quittèrent ses poches pour s'agiter élégamment à mesure qu'il s'exprimait, ponctuant ses paroles avec une justesse qui n'aurait pas à faire rougir un italien pur souche !

    “- Oh mais je ne parle pas uniquement de peintures, Elric. As-tu jamais vu la "Vierge voilée" de  Giovanni Strazza, pour ne citer qu'elle ? Cet homme n'était qu'un moldu et pourtant lorsque l'on voit son travail sur du marbre de Carrare... Il est parvenu à créer dans ce marbre et sans la moindre magie, pourtant si dur à tailler, une impression de légèreté encore à ce jour inégalée. Et même le plus crasse des profanes est incapable d'ignorer qu'il s'agit là d'un buste de la Vierge Marie !” S'emporta-t-il avant de baisser à nouveau la voix quand un acolyte, qu'ils croisèrent dans les jardins, lui lança un regard aigue de désapprobation. "C'est pour ça que j’ai été incapable de m’arrêter à une seule spécialité ! Comment se consacrer uniquement aux peintures quand on peut voir les merveilles sur le marbre, le bronze, le bois ou même de la porcelaine et de la terre cuite !? Et…” Il s’arrêta, eut un rire bon enfant et fit une petite œillade pour son ami. “Je ne t’ai pas perdu ?” Renvoya-t-il, taquin.
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    (#) Re: [FB] Les secrets de notre confession | feat Elric

    missive rédigée par Elric d'Adhémar le
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    Non, tu ne m’as pas perdu. Elric ne put que noter la soudaine relâche de ses épaules et de sa nuque, n’ayant pas eu la moindre conscience de son anxiété à ce sujet. Il ne veut pas l’ennuyer, pas lui, pas maintenant. Peu lui importe d’ailleurs les raisons derrière ce sentiment d’inexorable, encore moins que l'écueil est humain et que l’on ne peut plaire à tous et en tout temps. L’assurance de Camille eu égard à sa diatribe ne manque donc pas de l’apaiser et même lui arracher un léger sourire satisfait. Ainsi rasséréné, Elric s’apprête à reprendre la parole, mais est pris de vitesse. La main chaude de Camille effleure soudain sa joue, lui coupant le souffle. Il se fige, lèvres entrouvertes sur des paroles désormais perdues, inutiles et confuses. Qu’est-ce qu’il s'apprêtait à dire, déjà ?

    Un vague frisson lui secoue l’échine alors qu’il s’empourpre aux compliments qui pleuvent soudainement, inattendus et personnels, intimes. Quelque chose se noua dans son torse, lové entre ses bronches, sous le plexus, quelque chose de chaud, de doux, d’étranger mais non pas importun. Elric se sentit sourire, fasciné par l’expression qu’arbore Camille en l’instant, la façon dont ses traits s’apaisent, prennent cette qualité particulière, transmettant toute l’intensité de l’émotion qui vient sourdre dans ses yeux et les illumine… Quand Camille le regarde ainsi, Elric se sent incapable de douter de ses paroles. Non qu’il en ait l’habitude, mais il n’aura jamais user de tels termes pour se décrire. Sous le regard de Camille, cependant ? Rayonnant lui semble être un terme des plus justes…

    Je…” Les mots veulent quitter ses lèvres, comme autant d’oiseaux prêts à s’envoler. L’instant passe, cependant, et il s’interrompt devant l’évidence de son propre embarras, lorsque la raison le rattrape. Quelque chose l’a bel et bien passionné, lorsqu’il était plus jeune. Mais il ne peut pas le lui dire. Pas sans que cela semble étrange. Déplacé. Ses joues prirent une couleur plus soutenue, et Elric se félicita que Camille ne soit pas legilimens. Sentant la main chaude et ferme quitter sa nuque - à regret, découvre-t-il - Elric se félicite également qu’il rompt ce contact avant qu’il ne trouve quelque part le courage d’achever sa confession. Il inspira profondément, n’ayant pas remarqué avoir retenu son souffle, baissa un instant les yeux, manquant ainsi l’embarras de Camille.

    Il suivit son ami, prompt à reprendre la marche et attendit quelques instants avant de s’autoriser à le regarder à nouveau. Et cette fois, il sut trouver une réponse adéquate.

    Je me sens bien ici. J’aime ce que je fais, et je me sens utile. La sensation de se réaliser, de faire quelque chose qui a du sens, qui est humainement beau… C’est quelque chose qui n’a pas sa pareille.

    Oh bien sûr, il n’y a pas réellement que du beau. Il y a beaucoup de noirceur dans les devoirs de l’Ordre, mais c’est la noirceur nécessaire aux serviteurs d’un monde meilleur, qui choisissent de se souiller pour le salut du plus grand nombre. Il aime si profondément cet ouvrage qu’avoir l’occasion d’une oreille intéressée et attentive l’a tout bonnement poussé à s’exprimer à l’excès. Mais là encore, il est heureux. Camille ne l’a ni moqué ni rabroué. Et cela compte beaucoup, pour lui. Une raison de plus pour laquelle son ami est décidément un homme exceptionnel et qu’il a une chance inouïe de le compter dans sa vie.

    Le silence est de courte durée, mais Elric ne le regrette pas, pour une fois. Il écoute Camille, opinant parfois, sans jamais quitter son sourire bien qu’il eut retrouvé un teint plus sobre. Et c’est apparemment au tour de son ami de se laisser porter par l’enthousiasme, bien qu’il ne puisse - et ne veuille - nullement le lui reprocher. Il se souvient encore de la première fois qu’il a contemplé l’intérieur de la chapelle Sixtine, le sentiment de grandeur, d’immensité même ! La beauté de l’ouvrage, pas seulement par ses pigments et ses sublimes représentations, mais pour les sens cachés, et pour le travail titanesque que représente l'œuvre entière. Un seul exemple parmi tant d’autres. Les croquis de Léonard De Vinci, les dômes, les sublimes palazzo de Venise…

    Me perdre ?” répéta-t-il, tout en l’observant avec bonne humeur. Sur une impulsion irréfléchie, il glissa sa main dans la sienne et vint lui donner un petit coup d’épaule. “Tu plaisantes ? Il y a les sculptures et le bronze, certes, mais il y a aussi l’architecture elle-même ! Le palais des Doges à Venise est une véritable merveille. D’ailleurs, toute la ville est une merveille, de prime abord, et encore davantage lorsque tu apprends qu’elle se trouve sur pilotis sur le fond de la lagune, plutôt que sur un banc de sable ou de terre. Il y a aussi le pont Rialto, toujours à Venise évidemment, mais ce ne sont que quelques exemples de la brillance et de la richesse d'ingénierie et d’art déployée au cours de la Renaissance….

    Son regard brille d’un plaisir non dissimulé, entraîné par la passion de Camille pour ce sujet qui lui tient tout autant en commun.

    Mais si tu souhaites quitter les sujets religieux classiques tout en restant dans le domaine de la renaissance, quoique très tôt, mon œuvre favorite reste les portes du paradis de Ghiberti. Je trouve qu’il est extrêmement difficile de rendre à une telle surface d’or une quelconque profondeur. Elle est donc particulièrement surprenante. Ce qui me fait dire que, si nous en avons l’occasion, je te conduirais à Florence, afin que tu vois le grand dôme. Il est hors de question que tu repartes sans avoir pu le voir. Sais-tu que le maître d'œuvre avait fait installer des cuisines sous le toit ? Les échafaudages étaient si haut qu’il fallait plus d’une heure pour monter, et quand les ouvriers descendaient prendre leur déjeuner, ils ne voulaient plus remonter….

    Qu’y peut-il si une fois lancé, il ne peut simplement s’arrêter ? Et plus encore en partageant ainsi. Cet amour des belles choses, du bel ouvrage. Et il veut lui offrir ces expériences, pour une fois qu’il le peut. Lui partager sa fascination, son plaisir à découvrir l’Italie et ses trésors, si loin de la rigidité française. Et puis, à bien y réfléchir, est-ce que cela n’aiderait pas Camille à se mettre pleinement dans l’état d’esprit nécessaire à raviver l’émotion de l'œuvre dont il doit s’occuper pour le compte de la papauté ? Il reste enfin, un instant, pensif. Non que les idées ne bouillent pas, mais ce qu’aborde Camille, en le relançant, est plus délicat. Un aspect de la foi qui est à la fois bien réel, et délicat à appréhender, dans ses nuances subtiles entre zèle religieux et simple excuse pour la bassesse humaine.

    Tu as raison, la Chrétienté a sa part de ténèbres et d’égarement. L’église a plus d’une fois agit comme un royaume et un état en oubliant ses dispositions spirituelles… les plus brillantes lumières provoquent les plus profondes ténèbres, n’est-ce pas ce que l’on dit ? Je pense qu’il faut apprendre de ces erreurs, y voir des leçons afin que la souffrance infligée ne soit pas vaine. Et se tourner effectivement vers de meilleurs idéaux, l’art, la culture…
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    (#) Re: [FB] Les secrets de notre confession | feat Elric

    missive rédigée par Camille Delacour le
  • Les secrets de notre confession
    TW : Aucun, à update au besoin

    Automne de l’année 1912 - Vatican, Italie

    S’il fut soulagé que son ami ne relève pas son impair, il n’en montra rien et préféra plutôt balayer sous le tapis l’incident au complet. Il ne devait plus se souvenir des battements de cœurs rapides qu'il avait cru sentir battre avec force sous la peau douce de la jugulaire. Ne plus se rappeler du frémissement des cils blonds, ni encore de la dilatation des pupilles. Et encore moins du yo-yo de la pomme d'adam lorsque son ami avait eu du mal à déglutir les émotions qui l'avaient saisi en l'instant.

    Non. Il s'imaginait des signaux qui n'existaient pas. Il passait ses désirs avant la raison... avant toute forme de bienséance. Aussi parler d'art et se découvrir avec Elric une passion commune fut tout ce dont le parisien eut besoin pour oublier le reste. Quel soulagement que d'avoir toujours des atomes crochus avec son ami d'enfance ! Cela faisait si longtemps qu'ils ne s'étaient pas vu, et ils avaient empruntés des chemins si différents que Camille avait eut la crainte constante, à l'arrière de son crâne, qu'ils ne puissent plus renouer. Plus comme avant.

    Mais dans le cadre somptueux du Vatican, porté par l’enthousiasme partagé d’Elric, il se laissa totalement aller à la conversation. Plus que sa bévue de tantôt, plus que ses craintes et ses doutes, Camille en oubliait le monde dans son entièreté et profitait, simplement, de l'instant présent.

    “- Oh je ne doute pas que l’architecture italienne soit à la hauteur du reste ! Lors de mes études d'art supérieures, j'ai bien dû dévorer tous les ouvrages sur le sujet qui m'étaient accessibles à la librairie Athéna. J'ai des carnets entiers de croquis d'arches, de vitraux de pierres et de colonnades. Je me suis découvert incapable de résister au charme de leur symétrie, des proportions ou encore de cette régularité et équilibre dans les motifs que l'on ne retrouvera que bien plus tard dans le courant humaniste de l'Art Nouveau et..." Il secoua légèrement la tête, amusé par son propre emportement. "Et pour répondre à ton offre, avant que le sujet ne me la fasse complétement oublier : Oui, j’adorerai visiter Rome, Venise, Florence -et bien plus- à tes côtés, Elric.” Ce fut à son tour de le couver d’un regard tendre, mais aussi chargé de fierté à le voir capable de s’affirmer et d’utiliser ses privilèges avec tant d’ingénuité et de générosité. “Nous organiserons tout cela, ne t’inquiète pas. Avec repas et hôtels pour profiter pleinement de nos futurs escales. Après tout, je suis là pour plusieurs semaines, si ce n'est des mois !

    Mais le silence qui suivit à l'approche d'un sujet plus terre à terre tempéra son allégresse.  Il réalisa seulement alors qu'ils se tenaient la main, comme ils en avaient eu tant de fois l'habitude lors de leurs plus jeunes années. Surpris, il ne fit toutefois rien pour retirer sa main de la sienne et vint même doucement la serrer, comme pour s'assurer qu'Elric garderait ses doigts enroulés à la sienne. Pondérant, il finit par acquiescer :

    “- C'est très beau ce que tu dis là. Une vision que tous les passionnés devraient garder judicieusement à l'esprit. Que ce soit dans la politique, les Arts ou encore la Chrétienté. Et je dis la chrétienté, mais c’est valable pour toutes les religions, de chaque époque." Il prit une pause pendant laquelle son regard glissa sur les allées bordant le grand jardin. Ils en avaient presque fini le tour. "J'ai bien peur que ma remarque n'ait été moins élevée spirituellement. Je faisais seulement mention aux dégradations subies par l'Art à cause des pillages, censures et guerres tout au long de l'Histoire."

    Camille grimaça un peu aux innombrables exemples qui lui venaient à l'esprit, plus encore quand on avait travaillé dans la restitution d’œuvres perdues et la restauration de celles endommagées par des fusillades, incendies et contestations religieuses. Il fut cependant pris d'un léger gloussement quand il se rappela d'une anecdote précise. Le plus naturellement du monde, il glissa :

    "- Savais-tu que l'Église a un long passif avec les phallus ? Dès 1564, elle en eut assez de toutes ces représentations d'hommes nus présentés dans des allégories religieuses. Alors elle engagea Daniel Volterra pour appliquer cette censure. Il commença par l'une des œuvres la plus connue de Michel-Angelo : Le Jugement Dernier et dû couvrir toutes les parties génitales de la fresque... et d'autres encore dans l'entièreté du Vatican. Cela lui valu le surnom de Braghettone*."

    Les yeux de Camille pétillaient alors qu'il partageait cette anecdote croustillante. C'était le lieu rêvé pour ça : n'étaient-ils pas, justement, au cœur même du pudique Vatican de son histoire ? Il poursuivit toutefois avec un peu moins d'entrain :

    "- Le pape Pie IV trouvait les sexes indécents. Il voulait mettre loin derrière lui les pontificats de Borgia ou encore de Paul 1er... Mais l'Église ne s'arrêta pas là ! En 1857, le pape Pie IX aurait été pris de folie, ne pouvant plus permettre aux statues d’être nues, et une nuit s’empara d’un marteau et d’un burin. Salle par salle, il émascula toutes les statues de la cité. Depuis, les parties génitales disparues ont été remplacées par de grossières feuilles de vignes en plâtre." Il marqua une pause, haussa finalement des épaules et acheva son monologue d'une pointe d'humour l'espérait-il : "A y réfléchir, je ne suis pas contre la religion, mais plutôt contre le vandalisme."

    Quelques pas de plus, en silence.

    “- Mais pour revenir au sujet principal, j’ai réellement hâte d’évaluer cette fameuse fresque murale ou tout œuvre que ce soit… Et tu peux être sûr que je vais proposer le temps le plus long possible pour la restaurer maintenant que je sais que tu es là.” Il lui fit un clin d'œil, légèrement taquin. “Qu'en dis-tu ? Maintenant que tu es mon complice !

    Un léger rire. Ses doigts serrèrent brièvement sa main, son pouce resta à lui caresser la peau en petit ronds distraits.

    “- D'ailleurs, cela me fait penser : à quelle heure dois-tu te coucher ? Vas-tu devoir répondre aux appels des prières ou ça ne marche que dans les couvents et les monastères ?” Pondéra-t-il. “Dois-je m’arrêter si tu n’es pas là ?” Il l’observa, le regard glissant sur sa nuque et son dos bien faits. Ils étaient proches à marcher côte à côte ainsi. Peut-être un peu trop proche pour que ses pensées ne dérivent pas. “Est-ce que je pourrais faire des croquis de toi, d’ailleurs ?” Demanda-t-il innocemment au détour de la conversation.

    Braghettone* : Le faiseur de culottes.
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    (#) Re: [FB] Les secrets de notre confession | feat Elric

    missive rédigée par Elric d'Adhémar le
  • Les secrets de notre confession
    TW : classisme

    Automne de l’année 1912 - Vatican, Italie

    La dégradation subie par l’art ? Elric ne peut qu’approuver, tout en éprouvant une profonde ironie à la très nette souvenance de l’origine de la fortune familiale. Camille, comme lui, fait partie d’une longue lignée de templiers dont les actions n’ont pas toujours été des plus altruistes. Pour toute l’humilité des châteaux D’Adhémar, chacun offre au visiteur au moins une fresque byzantine arrachée à Constantinople durant le grand sac, par exemple. En cela, leur position, ainsi que la vision qu’ils portent sur la place de la préservation de l’art lors des conflits est quelque peu curieuse, l’approche sous un angle qu’il n’imagine pas être partagé par beaucoup d’autres, en dehors de leurs cercles.

    En outre, s’il souscrit aux mêmes réserves que Camille, Elric sait que la banque vaticane met un point d’honneur à transformer les vols et les confiscations passées en des actes de préservation. De tout cela, cependant, Elric n’eut guère l’occasion de s’ouvrir, soudainement trop occupé à étrangler un rire à l’anecdote narrée par Camille. Lui décochant une œillade amusée, en dépit de la légère coloration de ses joues, il glissa, avec ce qu’il espère être de la légèreté : “Je ne doute pas pas de toi à ce sujet ! Peut-être est-ce simplement une question de priorité et de gestion des changements d’orientation des mœurs, si l’on en vient à cela. A mon humble avis, en tout cas. Je pense que personne n’a eu la vision à long terme de ce que cela entraînerait.

    Il n’est, en outre, pas mécontent de s’éloigner du sujet, qui peut être longuement débattu dans un sens comme dans l’autre. Même la mention des volontés de tricheries de Camille ne lui vaut qu’un sourire et un léger regard réprobateur. “Il semble que je sois effectivement ton complice, Monsieur Delacour. Tu sais que c’est un péché de mentir, n’est-ce pas ?” En vérité, quel mal est-ce que cela peut bien apporter ? Le dogme dit que les petits mensonges ouvrent les portes de l’âme aux plus grands, mais Camille est un homme fondamentalement droit, fondamentalement bon. Même s’il s'octroie ce délai, aussi longtemps que l'œuvre est restaurée avec brio, Elric ne se voit pas le réprimander.

    Mais peut-être est-ce lui, et non Camille, le pécheur, à apprécier l’idée de le voir rester plus longtemps pour lui. En un sens, cela le trouble moins que de salir son ami. Non qu’il se soit ouvert de quoi que ce soit, et Camille enchaîne déjà, lui permettant de ne pas s’y attarder. Noyé de questions, il ne put répondre immédiatement à chacune d’entre elles, avant que la dernière ne l’arrête momentanément. Elric se tourna pour observer Camille, incrédule. Des… croquis de lui ? Il veut faire des croquis de lui ? Il cilla une fois, deux fois, baissa les yeux vers le sobre habit de la prêtrise qu’il porte, sur sa ceinture, sur le rosaire, sur ses mains calleuses de travaux manuels.

    Et puis, lentement, il releva de nouveau les yeux vers Camille, jaugeant de son sérieux. “Je suppose que oui, si tu le veux.” En quoi est-il un modèle intéressant, cependant, lui échappe totalement, mais il n’a sans doute pas besoin de le savoir, tant que cela convient à Camille. Peut-être que quelque chose de simple et de commun lui permettrait de nettoyer son esprit et son regard de la fresque ? Ce n’est qu’une étude, et beaucoup d’artistes pratiquent de telles ébauches.

    Veux-tu visiter l’atelier ? Je peux t’y conduire dès à présent. Pour le reste, je me retire vers huit heure, prie jusqu’à neuf, et me couche ensuite. Je serais, en dehors de ces obligations, aussi disponible que possible pour toi. Et si tu désires poursuivre ton ouvrage plus tardivement; je m’arrangerais pour te le permettre et ne pas te gêner. Du moins… si tu me laisses observer ton travail.” Elric eut un sourire amusé. “Ce n’est pas un mauvais échange, non ? Je suis très curieux de te voir faire.
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    (#) Re: [FB] Les secrets de notre confession | feat Elric

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    Automne de l’année 1912 - Vatican, Italie

    Le parisien se contenta de hausser nonchalamment des épaules, sourire innocent ourlant la commissure de ses lèvres. Avec des sourcils relevés en une fausse stupeur candide, il jouait subtilement le jeu de la taquinerie, car il ne ressentait chez son ami aucune hostilité ou mépris pour sa tentative éhonté de le soudoyer à ses caprices d'hérétique. Ses yeux pétillèrent de plus belle quand il répondit du tac au tac :

    “- Il n’y a point de mensonge s’il s’agit d’une omission, Monsieur d’Adhémar ! Et puis, on ne m’a jamais imposé de date limite pour mon travail…" Il posa une main sur son cœur, leva l'autre à hauteur d'épaule en une promesse solennelle. "On ne me demande qu'un résultat à la hauteur des attentes du Louvre, comme celle du Vatican... et de l'Ordre. Aucune pression. Aussi, je jure de respecter ma part du marché, sur mon nom et ma réputation. Maaaais selon mes propres termes.” Termina-t-il avec petit clin d'œil complice.

    La suite acheva de le mettre de bonne humeur. Elric acceptait d'être son modèle !? Fantastique ! Ses doigts fourmillaient déjà de saisir fusain et feuilles pour immortaliser son ami une dizaine, que disait-il : une centaine de fois ! Aurait-il été un métamorphomage, Camille aurait sûrement eu les oreilles et la queue d'un labrador pour témoigner combien il était enjoué et guilleret à cette nouvelle perspective. L'hésitation du jeune prêtre vint à peine doucher son enthousiasme.

    “- Bien sûr que je le veux ! Saiss-tu combien je regrette de ne pas avoir pu t’immortaliser lorsque nous étions plus jeune. Toi et tes boucles blondes, tes sourires et tes rires qui illuminaient des pièces entières d’un seul éclat spontané.” Murmura-t-il rêveusement. “Je ne commettrais pas deux fois la même erreur ! Et ne t'inquiète pas : de tes croquis, j'en ferais majoritairement à la sauvette ainsi tu n’auras pas besoin de poser indéfiniment. D’autres croquis, là plus sérieux, seront envoyés à tes parents, si tu le permets. Je suis certain qu’ils seront heureux de voir combien tu t’es épanouis ici.

    Le reste serait pour lui, mais il se garda bien de le confesser. Camille avait peur que cela cause une confusion. Une mésentente. Et ne creuse entre lui et Elric un nouveau fossé. Ils venaient tout juste de se retrouver, mais déjà il ne supportait pas ne serait-ce que l'idée de le perdre. Moins encore s'il en était la raison ! Lui, incapable de contrôler ses pulsions et sombres désirs par moment.

    “- Allons voir l’atelier.” S’empressa-t-il de suggérer, désespéré de se changer les idées. “Et bon sang, que peux-tu bien prier pendant une heure chaque jour ?! Je serais à cours de mots en quelques semaines… Et totalement impuissant en quelques mois.

    L'incrédulité sonnait autant dans le timbre riche et expressif de sa voix de baryton, que dans ses yeux qui s'écarquillèrent légèrement. A ses traits nobles se mêla de la surprise, mais surtout du respect pour son jeune ami dont la passion et la rigueur d'esprit étaient toujours plus de 'terra incognita' pour le parisien. Il s’ébroua cependant bien vite et retrouva de son sérieux quand il ajouta à rebours de leur discussion :

    “- Et tu ne me gêneras jamais, Elric. Ta présence même sera une source d’inspiration !” Des mots sincères, autant que le regard qu'il fit peser sur lui avec une infinie tendresse. “J’adorerai avoir ton avis sur mon travail… Et tu m’honorerais à m’observer et à me guider. Tu es davantage imprégné des lieux que moi et tu as su me prouver être autant passionné, si ce n'est plus, sur l'art italien. Mais pas que : je vais avoir besoin de ta profonde connaissance de l’histoire de ce pays, de la religion qui baigne et transpire de chacune des œuvres présentes ici bas et dont j'ignore presque tout à ce jour.

    Il se fit violence pour ne pas prendre la main d'Elric au creux de la sienne pour l’entraîner vers le bâtiment que l’on venait de lui désigner… Et Camille serra plutôt les poings dans les poches de son pantalon. La morsure de ses ongles courts dans ses paumes calleuses l'aida à garder contenance. Ce fut donc avec calme qu'il lui emboîta le pas, laissant derrière eux le jardin pour enfin passer sous les arches fraiches du bâtiment où résidait l’œuvre d'art.

    Une certaine impatience le gagna, conscient que le travail d'une vie l'attendait à seulement quelques pièces ! Refoulant son anxiété, il préféra se concentrer sur autre chose et, naturellement, son regard tomba sur la silhouette d'Elric. Il le regarda quelques poignées de minutes, sans rien dire, faisant à peine attention à son entourage, quand il finit par reprendre la parole d'une voix pensive :

    “- J'y pense depuis un moment maintenant, mais je suggèrent que l'on se cale sur tes horaires, Elric. Après tout, c’est moi l’invité entre ces murs et je ne souhaite pas être un dérangement. Pas alors que je vais probablement repartir d’ici la prochaine saison.
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    Le regard qu’Elric décocha à son ami mélange sans équivoque l’amusement et le dépit. Voilà bien un domaine artistique dans lequel Monsieur Delacour n’excelle pas et c’est celui de la personnification ! Pourtant, il ne peut s’empêcher d’avoir envie d’en rire, à le voir feindre son innocence ainsi. Secouant un peu la tête, Elric parvint finalement à retrouver un semblant de sérieux qui lui permit de glisser d’un ton égal :

    Hmhm, selon tes termes, je n’en doute nullement.

    Mais il est en revanche incapable de nier que la pression est belle et bien là, et qu’elle sera d’autant plus grande une fois que Camille aura eut l’occasion de constater sur quelle pièce il va oeuvrer. De cela, Elric ne dit rien, non par malveillance mais parce que ça ne sert à rien de tourner le couteau dans la plaie. Autant qu’il constate par lui-même une fois sur place, sans influence extérieure.

    Décidément, la vie Vaticane sera plus colorée avec Camille à ses côtés. Il suffit de voir le florilège qu’il lui évoque depuis son arrivée et, à le voir aussi guilleret, cela semble réciproque. Plus que réciproque même, considérant qu’Elric n’eut jamais pensé que son acceptation à jouer les modèles pour lui provoquerait un tel enthousiasme. Sa curiosité ingénue une bannière à-même ses traits, il ne peut empêcher un sourire quelque peu étonné de ramper jusqu’à ses lèvres. Les compliments pleuvent, attisant sa gêne, mais certainement pas autant que l’idée d’être son modèle à la sauvette, sans savoir exactement quand. Il se racla légèrement la gorge et détourna le regard, marmonnant :

    “Heureusement que je ne suis pas trop timide, c’eut été difficile.

    Cependant, l’idée de pouvoir envoyer un portrait à ses parents lui plait, et pour le reste… Tant que Camille y trouve son compte, lui saura supporter l’embarras. Pourquoi le lui refuser, surtout quand il est le premier témoin de son engouement. Non, vraiment, ce n’est pas le moment d’être une petite nature. Autant prendre ça pour une occasion de se défaire de son orgueil, non ?

    Concentré sur cette pensée, il opina finalement, en cessant d’éviter son regard. Mi-figue mi-raisin, Elric se décida à offrir une réponse intelligible :

    Je n’en doute pas, mais je suis en contact avec eux, tu sais. Pas souvent, mais de temps en temps…

    Il prit la tête, guidant Camille hors du jardin et vers le bâtiment dans lequel l’atelier a été préparé. Tournant diligemment son esprit vers les considérations pratiques associées à la restauration de l'œuvre et au confort de l’artiste, Elric fut surpris lorsque Camille sembla à son tour si déconcerté par les détails de ses journées de prêtrise. Si surpris, d’ailleurs, qu’il dû en ravaler un léger rire en voyant son expression, le couvent en lieu et place d’un regard tendre quoique pétillant, incapable de parfaitement ravaler son amusement. Il pondéra l’idée d’en dire plus, et fut rapidement vaincu par la pureté de ses réactions, trop curieux de le voir faire.

    Une heure disais-tu ? Je prie matin et soir. Une heure chacune.” fit-il en ravalant davantage son rire.

    Décidant de ne pas le taquiner davantage, Elric retomba progressivement dans un sérieux de circonstance et se prit un instant à remarquer, presque distraitement, que si Camille n’est pas bon acteur, il possède une voix digne d’un chanteur. Il y avait des cantiques qui eurent été proprement ensorcelants avec un timbre comme le sien. Mais ça, il ne se voit absolument pas le lui confier. Lui n’est pas à l’aise pour s’ouvrir de tels compliments.

    Heureusement, Camille le sauva de son soudain malaise, proprement auto-infligé.

    Je suis flatté que tu aies une telle opinion de mes capacités. Je ferais ce que je peux pour t’assister.

    Sans réellement savoir s’il possède le nécessaire pour l’aider, il est tout disposé à essayer. A défaut de réellement guider son idée, en tout cas peut-il essayer de le guider vers le bon état d’esprit ? L’aider à saisir les émotions de la fresque ? Peut-être. Il doute que Camille tente de le rassurer, cela n’y ressemble pas. Il n’irait sans doute pas si loin pour cela. Dans un cas comme dans l’autre, il est touché par l’estime de son ami pour lui.

    Nous voulions effectuer des visites, je pourrais essayer de t’offrir des occasions de te faire davantage ressentir ce que je peux sentir ici. Si… Si tu le veux. Même si, bien sûr, j’aimerais aussi pouvoir profiter de ta présence.

    Des idées, il en a sans hésiter. Pour l’heure, ils entrent cependant sous les arches ombrées, où leurs pas résonnent, écho démultiplié. Elric ralentit, comme d’un commun accord, afin que Camille puisse observer les lieux. Il secoua la tête, mine plus sobre, mais sourire plus affirmé également, davantage dans son élément, quoique la mention de son départ lui laissa déjà une certaine morosité.

    “Tu ne me déranges pas, et, vraiment… ce ne sera certainement pas tous les jours que nous pourrons passer autant de temps ensemble, autant essayer d’en tirer le meilleur parti sans oublier nos devoirs respectifs, non ? Surtout si je suis ton complice.

    Sur un geste d’invitation, ils reprirent leur avancée, boudant les escaliers et restant au rez-de-chaussée. L’atelier se trouve plus loin, dans une large pièce aménagée pour les travaux des artistes sous engagement du Vatican. Elle était suffisamment ombrée et close pour rester fraîche, en été, mais en automne, elle est véritablement idéale, sans compter son accessibilité, pour faire apporter les matières premières comme les œuvres. De plus, elle est désaxée du gros de la vie des bâtiments, de sorte que nul ne soit inutilement dérangé durant son travail, du côté des artistes comme du côté des prêtres, ou encore des employés chargés de l’entretien.

    Les prières sont toujours les mêmes.” s’entendit-il reprendre avant même d’en prendre pleinement conscience, revenant à leur discussion précédente. “Ce sont des rituels, en fin de compte, comme nos sorts. Tu laces les mots de tes pensées, de tes souhaits, ou alors de rien si tu cherches à atteindre la méditation. Je tourne souvent mes prières vers ma famille, ou vers toi et les tiens…

    Un léger coup d'œil, puis un geste de la main.

    L’atelier est juste à droite. Je t’en prie.

    Il le laissa passer devant, la porte n’étant pas fermée à clef.

    Loom of Fate | 2023

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    (#) Re: [FB] Les secrets de notre confession | feat Elric

    missive rédigée par Camille Delacour le
  • Les secrets de notre confession
    TW : Aucun, à update au besoin

    Automne de l’année 1912 - Vatican, Italie

    Deux heures à prier... par jour ?! Bon sang ! Camille s’étrangla, une main plaquée à ses lèvres pour en cacher la grimace. Cette fois cependant, il n'osa faire de commentaire. Déjà parce qu'il ne se sentait pas en capacité de rester parfaitement courtois, et surtout parce qu'il s’en voudrait énormément de vexer son ami en appliquant un quelconque jugement sur ses choix de vie et, par extension, la vocation qui l'habitait. Et puis comment pourrait-il faire la moindre critique quand on lui avouait que, dans ces précieuses heures de recueillement, les pensées de son amis se tournaient régulièrement vers lui ?

    Une légèrement rougeur gagna ses pommettes, mais heureusement dans l'entre-deux pénombre des arches, elle passa relativement inaperçue. C'était injuste, de la part de son ami, de lui faire ce genre de confession sans le prévenir ! Un coup bas, qu'il se promit de lui rendre à l'occasion. Savoir toutefois que ces heures -perdue- à prier relevaient davantage d’une sorte de rituel, voire de méditation, aida Camille à mieux appréhender le principe tout entier de l'exercice. Lui-même se plongeait régulièrement dans une sorte de transe avant de se mettre sur ses restaurations ; il comprenait.

    Mais même s'il comprenait, cela ne voulait pas dire qu'il était totalement convaincu du bien fondé d’une telle activité, surtout à une telle échelle. Gardant toutefois son avis pour lui-même, Camille hocha en silence du chef. De toutes les façons, son attention s'était progressivement tournée sur son environnement immédiat, maintenant qu’ils s’étaient arrêtés. Au final, ils n'avaient fais qu'un grand tour des jardins et il pouvait encore percevoir l'entrée du hall de réception. Retrouver le chemin de l'atelier, même désaxé du plus gros des bâtiments principaux, ne serait pas aussi compliqué qu'il l'eut crû au premier abord.

    “- Tu as entièrement raison, Elric." Dit-il en reportant sa pleine attention sur son cadet. "Mon seul désir c'est que tu te sentes confortable dans ton rôle de ‘gardien’. Je saurais m’arranger du reste, tes contraintes religieuses comprises, alors ne t’inquiète pas pour moi. Sortir pour visiter l'Italie ? Ce n’est qu’un bonus. Ta présence, nos retrouvailles et les souvenirs que l'on va se faire ensemble, c'est tout ce qui m’importe.

    Et dans le confinement du hall, à l’ombre des arches, il tendit une main pour saisir la sienne, cédant à la pulsion que ses mots virent induire dans son subconscient. Un sourire affectueux étira la commissure de ses lèvres, son torse se gonfla d'une profonde inspiration tandis qu'il couvait du regard son plus jeune ami. Et dans le bleu limpide de ses yeux, il était évident qu'il pensait chacun de ses mots. Pouvoir retrouver Elric ici était une surprise qui le remplissait d’une joie profonde et elle débordait dans ses mots, comme ses gestes, à son égard.

    Les secondes s'égrenèrent sans qu'il ne dise rien, puis le parisien sembla enfin s'ébrouer de la transe que la contemplation d'Elric semblait lui avoir causé. Ses cils noirs papillonnèrent, ses doigts se crispèrent légèrement sur ceux du blond avant qu'il ne reprenne la parole :

    “- Allons voir cet atelier maintenant que les détails sont réglés.

    Et Camille reprit leur marche. Il tourna à droite, comme signalé, refusant par ailleurs de lui lâcher la main et entra dans l’atelier. La première chose qui frappa le sorcier fut de constater combien la pièce était excessivement lumineuse. Que ce soit par les hautes fenêtres qui inondaient l'atelier en pleine exposition du Sud, que grâce aux nombreux miroirs de bronze disposés à des endroits stratégiques pour répartir la luminosité de façon égale. La combinaison conférait aux lieux une lumière chaude, qui tombait en ruban dorés à cette heure de la journée, éclaboussant le sol de pierre et les étagères de paillettes éclatantes.

    Quant au matériel à disposition, il s'agissait de tout ce qu'un artiste espérer de meilleur et Camille s’y intéressa quelques secondes avant que son regard ne soit irrémédiablement accroché par la pièce d’art qui trônait au centre, dans la section la mieux éclairé de l'atelier. Et le sorcier manqua de mots pendant de longues minutes. Ses yeux s'écarquillèrent alors que de la surprise marquait ses traits d'un masque sincère et un brin terrifié. Depuis des semaines, il tournait et retournait dans son esprit toutes les oeuvres que le Vatican pourrait lui demander de restaurer, mais pas une seule fois n'eut-il la folie de s'imaginer devoir s'occuper d'elle.

    “- Elric, suis-je en train de rêver ? Cela ne se peut... C’est… Non. Est-ce vraiment... ?! Oh mon dieu.” Marmonna-t-il, sans réaliser l’ironie du blasphème. Il se passa une main sur la bouche et cilla. “El Stefaneschi Polyptych. Une des pièces les plus étroitement liées à l’histoire du Vatican. Une œuvre florentine, si ma mémoire ne me fait pas défaut. Produite par le peintre Giotto di Bondone… Et datant du quatorzième siècle.

    Camille s’arrêta à quelques pas de l'œuvre, n'osant approcher plus et il l’observa avec révérence. Petit à petit, la surprise l'abandonna et son regard d'expert se mit à l'étudier d'un œil beaucoup plus critique et objectif. De façon générale, le bois était en mauvais état : piqué de nombreux trous causés par de la vermine, vernis cloqué et par endroit carrément arraché (sûrement des frictions lors des transports). Pour ce qui était de l'or sur le centre de la pièce d'art, il était terni et rayé avec certaines zones bosselées, car il s'agissait d'un métal mou. Et enfin, la peinture avait surtout jaunie à cause de l'exposition au soleil et le passage du temps.

    Le parisien se recula de quelques pas, mains dans les poches et regard devenu d'un bleu ardoise, assombri par l'intense réflexion qui ressemblait à un véritable orage dans son esprit. Pensées en ébullition, il poursuivit après ce qui sembla des minutes entières à ne rien dire : simplement à observer l’œuvre d'art.

    “- Savais-tu qu'outre sa réalisation très avant-gardiste pour l'époque, il s’agit du premier portrait réaliste jamais enregistré dans l’histoire de l’art ? Là, tu vois cet homme prostré sous le trône où se trouve St Pierre ? C’est le Cardinal Jacopo Caetani Stefaneschi lui-même… N'est-ce pas fascinant ? Nous nous trouvons devant LA pièce qui marqua un pan tout entier dans l'approche de l'Art.

    Camille en avait les yeux brillants d’admiration, voire humides de quelques larmes tant l'émotion lui serrait la gorge. Un sourire à la fois incrédule et fasciné illuminait ses traits, le rajeunissant de plusieurs années. A entendre ses propres paroles, il laissa couler un rire bref, incrédule, voire carrément estomaqué quand il sembla enfin réaliser que c'était LUI et personne d'autre au monde qui avait été commissionné pour restaurer cette merveille. Capitvé, mais aussi clairement intimidé, l'homme eut beaucoup de mal à s’en détourner et quand il en fut capable, se passa une main aux doigts tremblants sur le visage.

    “- Et bien entendu… Pas de pression, mh ? Ahahah…

    Sans surprise, il réalisa qu'un verre de cognac ne serait pas de trop en cet instant !
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    (#) Re: [FB] Les secrets de notre confession | feat Elric

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