[TERMINE] Good memories to regrets

Si Auguste est bon pour cacher ses troubles, Neith le connait suffisamment pour savoir qu’il y a bien quelque chose quand elle évoque Maverick, son meilleur ami. Elle n’est pas au courant de toutes les relations de son beau-frère, ni de son meilleur ami, mais elle savait que les deux se connaissaient. Elle se demande ce qu’elle a dit qu’il ne fallait pas refusant néanmoins de culpabiliser. Si les garçons ne parlaient pas, elle ne pouvait décidément pas deviner. S’il s’agit de menus secrets, il fallait lui dire de ne rien dire. Elle ne pouvait encore pas deviner même si l’idée de devenir legilimens lui effleure souvent l’esprit. Et encore, elle restait persuadée que cela ne résoudrait pas tout. Elle ne peut que s’inquiéter lorsqu’Auguste parle de problèmes de santé. Quelque part, il y a toujours cette crainte que l’histoire ne se répète. Les premiers temps lorsque Ruben tombait malade, Neith en était folle. Cela s’était également un peu transmis envers les hommes Lestrange, sauf qu’elle le montrait moins. Mais elle n’insistait pas, lui laissait la porte ouverte, une opportunité juste après avoir parlé de sa sœur qui s’inquiétait également de sa santé à elle. Neith se doute qu’Auguste est plus retenu. Il l’a toujours été, elle n’en a jamais pensé du mal, comprenant parfaitement.
Alors, elle attend, patiemment, bienveillante. Elle ne brise pas le silence qui se fait entre eux. Elle n’a jamais eu peur des silences et parfois il y avait beaucoup de mots dans ces derniers. Dans celui-ci, elle entend qu’il cherche ses mots, qu’il tergiverse… jusqu’à ce qu’il se lance.
Elle ne le quitte pas des yeux lorsqu’il commence. La nouvelle ne la surprend absolument pas. Elle fait même tout à fait sens. Elle comprenait certaines phrases de Crépus alors. Elle comprenait certains comportement d’Auguste. Elle devine la douleur aussi. Parce qu’elle l’a vécue même si sa situation avec Zinaïda avait été entièrement différente. Pourtant, Neith ne fait pas montre de grande émotion parce qu’elle sent que là tout de suite, ce n’était pas ce qu’Auguste avait besoin. A voir comment il touchait la nappe, à entendre sa respiration. Une grimace néanmoins se dessine sur les lèvres de Neith à l’évocation des Fééries et de Nikolaï, de la vérité derrière. Elle n’a jamais vécu cela, la tromperie, mais elle a vu les ravages sur les autres et elle est profondément désolée qu’Auguste le vive. Il était évident qu’un chagrin d’amour rendait malade, parfois incapable de faire quoi que ce soit. Léonore n’avait pas tort sur le repos même si Neith ne pouvait s’empêcher de se tendre à l’évocation de ce prénom.
La suite et fin la fait tiquer. Elle perçoit tout ce qu’il ne dit pas, ce poids qu’elle avait tenté de mettre doucement sur ses épaules et qu’Alaric avait eu. Elle ne peut alors s’en empêcher et avec douceur vient poser sa main sur celle d’Auguste.
« Il n’y a rien d’idiot à être amoureux, Auguste, ni à être patient pour faire en sorte qu’une relation fonctionne… Ta souffrance est légitime et normale. » Son ton est doux. Il n’y a rien de pitié dans son regard mais juste de la compréhension. « Je suis désolée que tu vives cela. Je ne sais pas ce qui pousse Nikolaï à prendre du temps, ni à faire ce qu’il a fait sans que ce soit d’un commun accord, je ne le connais personnellement pas aussi bien que cela, mais ce n’est pas juste pour toi et tu as toutes les raisons du monde d’avoir une peine de cœur. » D’être en colère, frustré, ou tout autre sentiment dans ce genre de cas. Pourtant, elle ne jugeait pas Nikolaï même si mis bout à bout entre Zinaïda qui était importante et avait été blessée et maintenant Auguste qui était important et qui avait été blessé, elle ne pouvait s’empêcher de voir l’homme d’un autre œil. Elle se doutait cependant qu’il devait y avoir une explication quelle qu’elle soit. « Avez-vous pu discuter de ce que tu as découvert ? Je ne peux que te conseiller de communiquer avec lui même si la discussion ne sera pas agréable… » Et peut-être pourrait-elle avoir un dénouement tragique. Mais Auguste ne pouvait rester sur ces non-dits, cette indécision. « Quand bien même je sais à quel point le devoir pousse à faire des sacrifices, elle ne peut s’empêcher de sourire tristement. pense à toi, Auguste, à ce que tu veux ou ne veux pas. Parce que le bien de cette famille ne dépend pas que des mariages et alliances que tu pourrais contracter mais aussi de toi et de ton bonheur quel qu’il soit. » Elle marque une pause. « Devoir et bonheur ne sont pas incompatibles. Et tu es l’héritier à présent. Crépus a beau avoir ses desseins, être une figure de stabilité, cela ne veut pas dire qu’il a toujours raison. Si ce n’est pas ce que tu veux réellement ce mariage, il doit y avoir d’autres solutions qui pourraient convenir et satisfaire ton père. Si cette situation avec Nikolaï ne te convient plus et te rend plus malheureux qu’autre chose… Elle lui adresse un sourire désolé et lui serre doucement la main. Il sera temps de s’en séparer même si c’est douloureux. »
Ce n’est pas ce qu’elle souhaita bien sûr, mais si à la fin Auguste était plus heureux avec ses choix, c’était tout ce qui importait.
« Peu importe tes choix, Auguste, tu auras toujours du soutien. » Le sien pour commencer. Parce qu’elle prendrait toujours son parti comme elle l’avait toujours fait.

Elle ne peut s’empêcher d’éprouver une certaine culpabilité. Avec Alaric, ils avaient travaillé à ce qu’Auguste et Aurélius n’aient pas le poids des demandes paternelles, ni de l’héritage. Il était pourtant lourd à porter et si cela n’avait pas été facile tous les jours, ils y étaient plus ou moins arrivés parce qu’ils étaient deux. Aujourd’hui, elle était seule et plus une Lestrange par la loi. Elle ne pouvait plus se permettre les mêmes choses qu’avant, être le même bouclier qu’avant comme tous les aînés. Que ce soit Auguste, Aurélius ou encore Yamanu et Amonet, cela avait été la même chose. Alaric et elle avaient fait leur devoir, essuyer aussi les plâtres en tant qu’aînés pour paver le chemin de leur fratrie. Pourtant, de voir le cheminement d’Auguste, elle avait un sentiment d’échec et plus que jamais, Alaric lui manquait.
Si elle note sa crispation, Neith vint délicatement retirer sa main et acquiesce lorsqu’il la remercie. Elle sait que ses mots sont bien peu face à ses tourments mais elle espère qu’il y a trouvé un peu de réconfort. Elle ne peut que compatir. On se sent bien vulnérable quand on est amoureux, surtout lorsque l’autre fait du mal. Sans se soustraire au regard d’Auguste, Neith peut comprendre qu’il souhaite éviter le sujet. Mais de son avis, ce n’est pas bon, cela ne fera que gangrener son mal… Et peut-être que certaines choses n’avaient pas été claires entre eux dès le début. Mais elle ne répond rien, consciente qu’il a besoin de juste s’exprimer. Elle lui a donné son conseil et il n’est pas obligé de le suivre, mais elle peut l’écouter. Pas réellement surprise que Nikolaï eut peur de Sergueï, Neith se souvient de ce que disait Zinaïda, de sa colère, du fait aussi qu’elles devaient se faire discrète à cause de ce dernier. Quant à la couronne, tout le monde semblait courir après. Elle mentirait si elle ne nourrissait pas les mêmes ambitions. Après tout, Ruben faisait partie de cette génération qui pourrait tout à fait avoir un lien avec la couronne.
« Effectivement, c’est déjà beaucoup. Vous avez la chance de vous connaître d’avant et d’avoir eu une relation… » répondit-elle calmement à haute voix. Plus que ce qu’Alaric et elle avaient eu également. S’ils n’avaient pas mis longtemps à se marier parce qu’ils avaient tout de suite mis les termes à leur contrat, ils n’avaient pas eu de relation auparavant. Même à Beauxbâtons malgré quelques connaissances communes. Auguste pouvait au moins se dire qu’il connaissait Séléné suffisamment pour l’apprécier. Qu’est-ce que cela devait être d’haïr son partenaire de vie ? Elle n’osait l’imaginer. « Je n’en vois pas également dans l’immédiat. » admit-elle. « Mais, je peux sonder ma mère. Elle est particulièrement douée pour des propositions de ce type, et je sais qu’elle t’aime bien. »  C’était après tout Rawiya qui l’avait aidée pour finalement lui proposer les Lestrange parmi d’autres prétendants. Elle ne s’en était pas si mal sorti sous les conseils de sa mère.
Compatissant avec le besoin de fuite vers l’avant, Neith en revanche, ne s’attendit pas à la question finale. Ses sourcils se froncèrent et elle se mit à réfléchir. La jalousie amoureuse n’était pas un concept pour elle, surtout au stade de confiance et de communication qu’Alaric et elle avaient eu à l’époque. « Non, pas réellement. Des insécurités parfois, oui, bien sûr, lui aussi. Mais nous discutions beaucoup. En réalité, nous nous assurions toujours que nous étions d’accord et nous étions prêts à en rediscuter autant de fois qu’il le fallait. Parfois quand on avait un doute, rencontrer l’autre métamour permettait de faire disparaitre totalement les insécurités. On idéalisait moins la personne en face et se dépréciait moins aussi. Parfois, on n’en ressentait pas le besoin même si on était très friands de savoir un peu ce qui se passait, par curiosité et besoin de communication. » Elle ne peut s’empêcher de sourire un peu, légère et lointaine aussi dans ses souvenirs. « En fait, nous éprouvions beaucoup de compersion l’un pour l’autre, de voir l’autre épanoui dans une autre relation parce que nous savions que nous en pouvons pas combler tous les besoins que nous avions. Ce n’est en réalité absolument pas possible logiquement, enfin dans mon esprit. J’étais heureuse que ses métamours le rendent heureux, il en allait de même pour lui. La jalousie c’était… de la possessivité ce qui nous était un peu étranger et la notion de fidélité était surtout de la confiance l’un envers l’autre. » Neith se rend compte qu’elle est bavarde et que dans son expression, elle est toute tendre. Elle avait tant aimé cette partie de sa vie même si cela avait demandé de l’organisation entre Ruben, tout petit, Alaric, et leurs métamours respectifs, dont Zinaïda pour elle. Elle adresse un sourire d’excuse à Auguste. « Je pourrais en parler des heures mais… Elle marque une pause. La base de notre relation était que nous étions d’accord avec tout cela. Nous en avions discuté en amont pour ne pas se blesser et nous pouvions en rediscuter constamment. La tromperie ce n’est pas … ce que nous nous avons eu. Ca aurait été terrible de briser cette confiance entre nous, et c’est ce que visiblement Nikolaï a fait pour toi de ce que tu m’en dis… » Ce qui était là de la tromperie, rien de plus, rien de moins. Elle en était désolée pour Auguste. « Et si je puis me permettre une dernière chose, toutes les fois où cela n'a pas fonctionné avec certains potentiels métamours que nous ayons pu avoir, c'est parce qu'ils n'avaient pas cette même... façon de penser. Pour certaines personnes ce genre de configuration, d'amour, ce n'est pas du tout envisageable. Cela ne nous convenait donc pas à nous également, il valait mieux arrêter avec ces personnes parce que l'on aurait été tous malheureux, et honnêtement, avec Alaric, nous étions clairs sur le fait que c'était nous en relation prioritaire, qu'il y avait une sorte de hiérarchie. » Elle marque une pause en buvant un peu le vin. « Ce que je veux dire, c'est que cela ne sert à rien de se forcer. Tester, oui, mais se forcer pour faire plaisir à l'autre... cela n'amènera rien de bon. Et je ne parle pas que de notre type de relation que nous avions. Je suppose que ce conseil va pour n'importe quelle autre relation également. »