[Lachesis | Alessandro de Medici] Même les silences ont des conséquences

Chronologie

Naissance d’Alessandro au sein du palais Medici à Florence, dans les cris, le sang, et la vacuité de l’absence paternelle. Sa mère refuse de l’abandonner aux mains d’une nourrice, humaine ou autre, et s’occupe de lui elle-même en dépit de son jeune âge. C’est un infant calme mais terriblement demandeur de l’attention d’Agnès, ne lui laissant que très peu de répit les premiers mois.

L’un des tableaux représentant son grand-père, Ernesto de Medici, prend subitement feu alors que celui-ci, de chair et d’os, conduit une leçon d'évangile en lieu et place de sa mère Agnès. Il est impossible de faire cesser la flambée tant qu’Alessandro est gardé loin d’Agnès, un ‘accident’ qui se répètera en plusieurs occasions

La lettre d’invitation à la connaissance de Beauxbâtons apparaît par envoie de hiboux au sein du palais Colonna à Rome, où Alessandro séjourne avec Agnès. En dépit de sa volonté, il intègre la prestigieuse académie de France la même année, et rejoint la faction du Zénith. Désireux de faire la fierté de sa mère, Alessandro est un enfant studieux bien qu’aux préférences très marquées.

C’est l’incident de trop. Ernesto, jusque là en retrait dans l’éducation d’Alessandro, laissé pour beaucoup aux Colonna, l’arrache au cours de l’été à sa famille maternelle pour le faire enfermer dans un sanatorium du vatican où il subit exorcismes et rééducation religieuse destinée à ‘corriger’ ses travers.

Il est retiré de Beauxbâtons pendant un an, surveillé et pris en charge par les Medici avant de pouvoir progressivement revoir Agnès. Après un an sous une discipline de fer, Alessandro est finalement introduit au sein des affaires De Medici par l’un de ses oncles, Pietro qui considère qu’il est suffisamment âgé pour commencer à être préparé.

Alessandro réintègre Beauxbâtons pour sa cinquième année - Adoption de l’arithmancie comme cursus secondaire. Il a cependant ordre de rentrer chaque fin de semaine auprès de sa famille et on le surveille avec attention. Afin de faire cesser les commérages, il décide de se forcer à la participation de plusieurs groupes extra scolaires.

Attentats lors des festivités estivales à Vaux le Vicomte, Alessandro est protégé par sa mère du plus gros des explosions, contrairement à sa sœur Marie qu’il pousse hors du champ du sortilège. Agnès ne le saura jamais et Marie semble avoir occulté ce souvenir, laissant l’adolescent seul détenteur de la vérité, dont il ne fait aucune mention, incapable d’expliquer son propre geste.

Septième année à l’académie de Beauxbâtons. Adoption de l’art du duel et de l’étiquette de la noblesse comme cursus tertiaire, en dépit de quelques doutes de la part du corps enseignant quant à ses aptitudes et disposition pour le premier. Des doutes qui se concrétisent lors d’un incident au sein du club. Lorenzo est convoqué suite aux blessures subies par l’un des adversaires d’Alessandro, celui-ci ayant cherché à le blesser plutôt qu’à simplement le désarmer.

Entrée à l’académie de médicomagie de Paris, les richesses de Medici effacent aisément les tares de son profil, à savoir l’incident du club de duel. Loin d’être de tout repos, cette année sera l’une des plus exténuantes pour Alessandro car outre ces études, Lorenzo réclame sa présence à ses côtés afin de le former davantage à gérer les affaires familiales.

La maison De Medici déplore la mort ‘tragique’ de la jeune femme destinée à devenir la fiancée de l’héritier, choisie par son père et qu’Alessandro a poussé du haut d’une falaise en Provence plutôt que de devoir s’embarasser d’elle, la considérant comme totalement inadéquate. Ses deux parents sont rapidement dans le secret de cette décision unilatérale.

Ernesto abdique le titre de Parrain au profit de Lorenzo, se retirant des affaires avec son épouse Nolwenn. La surveillance qu’il maintient jusque là sur Alessandro cesse, sans que celui-ci ne s’explique pourquoi le tyran a choisi de ne rien dire de ses avis à son égard. Désireux de prouver qu’il est capable de succéder à son père, Alessandro cherche, avec la bénédiction de celui-ci, à monter son propre groupe. Au travers de ce travail, il entre en contact avec un groupe occulte se faisant appeler la société de l’éclat.

S’il n’est certainement pas major de sa promotion, Alessandro sort néanmoins de l’académie de médicomagie avec son diplôme et des résultats honorables. Il rejoint immédiatement la famille De Medici pour poursuivre son apprentissage auprès des différents lieutenants de Lorenzo, parfaitement volontaire pour cultiver autant de nouveaux contacts et compétences qu’il peut en accumuler.

Après trois ans d’apprentissage comme initié de la société de l’éclat, Alessandro effectue le rituel de l’animagus selon les enseignements de celle-ci. Le but initial eut été de prouver qu’il n’est pas souillé par les péchés de son père, ni corrompu comme le prétendait son grand-père. S’il réussit effectivement  le rituel, l’image de son animal-lié reste des plus équivoque quant à ses interrogations.

Bits & Pieces

Il y a d’abord une vrille de souffrance, aussi tranchante qu’une lame, brûlure qui se répand dans toutes les chairs de son visage alors que sa tête cogne de côté, emportée par le coup. Puis il y a un engourdissement et une pulsation lancinante. Son esprit blanchit peine à rassembler les débris de cognition qui lui eurent permis de comprendre. Ses oreilles tintent, quand ses lèvres sont humides et poisseuses, audition déformée qui manque à son devoir quand une nouvelle douleur explose, cette fois dans son flanc, le faisant plier. Il hoquète, le souffle laborieux, la vision estompée, piquetée d’éclats blancs.

A quatre pattes dans le carré de terre de l’arène, dans cet espace silencieux, sommeillant en dehors des heures d’ouverture de l’Antre aux péchés, Alessandro reprend péniblement conscience. Le monde tangue autour de lui, allant et venant, rythme chaotique si singulier, si différent des remugles de souffrance envahissant une chair déjà tuméfiée. On ne lui laisse pas le temps de se reprendre, pourtant, alors qu’une main ferme s’abat sur son épaule, le relève sans effort et qu’une nouvelle fleur carmine teinte son monde, occulte l’instant. La main le retient, chevalière si familière à l’annulaire. Elle le retient tandis que les coups pleuvent.

Second baptême, celui de l’héritier, passage obligé. Lorenzo ne le laissera pas mettre un genoux au sol, le force à endurer. Et quand ils en ont fini, le sol se tâche de son précieux ichor princier, derme narrant chaque geste aussi intime qu’atrocité. Aucune larme, ni aucune supplique, bien que seule cette main le garde de s’effondrer. Jamais le père n’eut geste plus affectueux et intime pour son fils, contact qui brûle plus encore que les innombrables boursouflures, igné lorsque Lorenzo adresse lui-même les blessures, seul à seul dans son bureau.

Le rituel de l'animagus ne lui a certainement pas été présenté sous ce jour-là; mais il s'agit bel et bien d'une interprétation dévoyée des enseignements provenant d'Amérique, une cérémonie aux usages abâtardis et distordus pour refléter les croyances de la société de l'éclat et les valeurs dont elle se réclame. Un initié doit être capable d'affronter sa vérité absolue, la réflexion de l'ombre de son âme sans limites et sans compromis, dans toute sa révoltante sincérité, une projection que l'esprit, enchaîné à la terre par ses sens charnels, doit atteindre au travers de méditation, et à l'aide de substances mystiques. Là, dans le clair-obscur d'une humanité crue et dépouillée se joue un affrontement millénaire entre l'être et le paraître, entre vérité et personae, entre inné et acquis. L'initié se doit de triompher de son propre aveuglement, à l'autel de son essence profonde, ou d'échouer et d'en payer le prix. Un baptême pour ceux qui désirent parcourir le chemin de l'éclat. La consécration de trois années d'apprentissage.

Pour Alessandro, c'est une promesse ineffable. L'incarnation de son existence depuis ses premiers instants déjà drapés de mépris paternel jusqu'au distant prospect d'un ultime péché. Une réponse à la question qui des années durant n'a eut de cesse de hanter chaque geste et chaque souffle. Est-il damné ? Fruit d'un pécheur triplement condamné, est-il destiné à ce même opprobre ? Opportunité unique que de voir ses craintes chassées ou scellées et l'abysse en accueil lorsque le profil reptilien se présente à lui dans les tréfonds sordides de quelque ville en ruine, jonchées des lettres de noblesses des grandes familles italiennes. S'il n'est serpent tentateur, la forme prise par son être n'en est pas moins froide et mortelle, monstrueusement déformée à l'œil d'un jeune homme éduqué en européen. Ses espoirs sont défaits devant les crocs sinistres, devant les épines et les écailles, le profil allongé de la bête. Alessandro est venu pour être conforté dans son rôle de vengeur béni qui vole soudainement en éclat sans égard aucun pour l'innocence inepte de son souhait.

Les formes rares et étrangères se parent de couleurs vibrantes au sein du paysage tropical de la serre confortablement chauffée, leurs élégantes silhouettes s'offrant au regard appréciateur des visiteurs en formations d'un chaos naturel, rampantes organiques à la recherche de ces proies innocentes qu'elles attirent de leurs apprêts pour les dérober. Magnifiques et silencieuses prédatrices aux milles nuances, sarracénies, nepenthes, dionae, aux allures plus impériales que toutes les putains dont Lorenzo peut bien s'entourer, et toute aussi enjôleuses.

Alessandro n'a jamais eut d'affinité avec le jardin de sa mère, avec les oliviers, avec les plantes médicinales ou les fleurs. Mais les carnivores le fascine, complexes entités qui ont évoluées sur des centaines, des milliers d'années, pour parfaire ce art de l'apparence qui captive au point de faire s'oublier la proie et que lui aimerait imiter. Elles s'épanouissent sous ses mains en complexes harmoniques qui, pendant un temps, lui offrent l'illusion d'une appartenance basée sur tout autre chose que son sang vicié.

Objets de fascination, cathtartique compagnonage dans le silence de la serre, dans les haubans de lumières, et les enchantements de protection. Tout comme lui, elles répugnent au froid, au terne, tout comme lui, elles cherchent à faire oublier leur dangerosité. Et la symbiose et la magnifiscence d'une plante capable de se repaître de chair est un poème à la complexité de ce monde que tant d'âmes tentent désespérément de simplifier. Une forme d'équilibre innefable, qu'aucun homme n'eut pu égaler, et qui reste encore gorgé de mystère.

Elle ne saura jamais tout, la madone, quant bien même l'a-t-elle accompagnée depuis son premier souffle en ce monde galvaudé. Alessandro a tut par devers lui tout ce que la famille Medici lui a inculqué, ses années si jeune à suivre Pietro lorsqu'il agit pour le compte d'Ernesto, les dix ans passées en ombre vénéneuse de Lorenzo afin de mériter ce titre d'héritier que tant de leurs hommes de mains rechignent à lui donner. Il a cessé de lui confier les plus infimes de ses pensées lorsque ses phalanges se sont pour la toute première fois ornées du carmin qui imprègne désormais ses pensées, conservant les récits et les secrets de ces hommes qui ont modelé la glaise de sa psychée à un âge où il n'eut dû s'inquiéter que de fades d'adolescents. Qu'eut-elle même pu faire face à eux ? Il ne désire pas lui ôter ses illusions d'autorité.

Agnès est le vocable de son intelligence émotive, la seule à l'avoir doté d'une affection désintéressée. Vu comme le christ ou le démon, Agnès est la seule qui le jauge avec une once de raison. Aussi l'épargne-t-il. Plus encore à présent, quoique la cage dorée se fasse trop étroite pour lui et que les griffes commencent à l'érafler. Agnès n'a pas besoin de savoir, si ce n'est qu'il lui est dévoué, intime comme aucune autre ne peut l'être. Sur leur chemin, ils sont nombreux à céder à la facilité des ragots obscènes. Inceste, sussure-t-on. En aparté bien sûr, Agnès eut tôt fait, autrement, de déclamer. Et les longs regards plein de promesses d'Alessandro ne se fendent d'aucune forme d'ambiguïté sur le sort qu'il réserve à ceux qui oseront lui lancer ouvertement ce camouflet.

La madone sera toujours le saint-esprit incarné, jamais souillée de ses doigts, jamais meurtrie par ses actes. Il agit pour elle, pour sa dignité, pour sa vengence. Une arme qu'elle a forgée. Et sur lui existera toujours cette marque indélébile, sa présence, en ultime compagne, ses bras en suair impérial lorsque son souffle aura cessé.

Il l'a tué, quand Agnès estime n'avoir besoin que d'un thé pour apaiser sa dignité. Il l'a tué car Lorenzo l'a étreinte, quand il eut dû n'étreindre que son épouse. Parce qu'elle a jouit de son toucher, parce qu'elle a été bénie de sa semence, petite indigente qui ne peut survivre que de ses charmes pendant une poignée d'années avant de finir dans l'ornière ou le fossé. Parce qu'il refuse catégoriquement qu'un autre héritier ne naisse, qu'il soit légitime ou simple bâtard, parce qu'il faut bien rembourser les incartades de son géniteur qui a tant gavé l'église d'or que les cieux en sont certainement bousouflés, et parce qu'il ne souhaite pas que ces langues damnées ne puisse jamais énoncer d'odieuses paroles à l'encontre de sa famille.

Après tout, les oiselles de nuit n'ont aucune loyauté. Ma' eut dû être l'exemple parfait pour Lorenzo s'il n'était aveuglé jusqu'à l'inepte. Mais si Ma' est pour l'heure inateignable, toutes ces autres âmes condamnées sont toujours disposées à l'égard de sa bourse ou de ce sourire qu'il offre volontiers, telles ses plantes carnivores dans leur serre. Il l'a tué et elle n'est pas la dernière, Alessendro le sait d'ors et déjà. Il y en aura d'autres. Il y en a toujours d'autres, sans même adresser le vide que Lorenzo a transmit à Marie et que la païenne ne font que cultiver. Peut-être devra-t-elle expier, elle aussi. Peut-être devra-t-il un jour l'y aider, si elle ne peut être sauvée.

Et peut-être existe-t-il une version de leur réalité où les journeaux le draperont d'un titre depuis longtemps ensommeillé. L'éventreur.

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<b>Evans Nikopoulos</b> <em>|</em> @"Alessandro de Medici"

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@"Alessandro de Medici" (H · 27 ans)

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<b>16.04.1900</b>  @"Alessandro de Medici" - Beauxbâtons

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<b>Animagus</b> @"Alessandro de Medici"

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<b>Héritier de Lorenzo</b> @"Alessandro de Medici"