Happy birthday, Brother ft. Ostello

Je n’avais même pas pris la peine de m’habiller, préférant le confort de mon pyjama de velours à n’importe quelle robe de soirée. Assise sur une épaisse couverture en laine devant la cheminée du petit salon, j’observais les flammes danser dans l’âtre en attendant l’arrivée d’Ostello. J’étais arrivée la veille de Paris, via poudre de cheminette, réseau connecté à la cheminée du hall d’entrée avec celle se trouvant dans le bureau de mon hôtel particulier parisien. J’avais passé les quelques heures seule à me re-familiariser avec les lieux, et la journée à cuisiner. Le fait d’investir la cuisine avait quelque peu perturbé les elfes de maison, Pivourlet et Mimoline, qui se faisaient une joie de pouvoir nous servir en ce jour. Nous passions aussi souvent que possible par ici, mais avec la récente prise de poste de mon jumeau à Beauxbâtons, nous n’avions pas pu profiter de notre domaine depuis deux mois et les elfes devaient probablement s’y ennuyer. Même si j’adorais l’endroit, y être seule n’avait pas grand intérêt.

Alors, en cette journée spéciale, j’avais choisi de préparer personnellement notre repas, et surtout notre gâteau. J’étais relativement douée aux fourneaux, mais ne me servais presque jamais de ce talent : cuisiner pour soi n’avait pas le charme qu’avait de concocter pour une personne que l’on aime. J’avais opté pour nos plats préférés, ce qui nous nourrirait pour plusieurs jours sans doute au vu de la quantité préparée. En entrée, nous avions une salade de burrata, pêches et tomates, suivi d’une soupe à l’oignon. Le plat principal était constitué d’un bœuf bourguignon accompagné de patates douces rôties. En fromage, j’avais expressément ramené du comté de sa région et en gâteau une tarte au citron meringuée. Le menu parfait pour fêter nos 29ans.

Mimoline avait insisté pour dresser la table, voulant y mettre multiples bougies, ornements pour Samhain et quelques feuilles qu’elle avait fait sécher, mais j’avais un autre programme en tête. Elle m’aida à décorer le petit salon dans lequel je me trouvais, car je préférais manger assise par terre devant le feu. C’était davantage dans l’esprit de cette fête après tout, et les grandes tablées, ce n’était bien que lorsque la famille se réunissait au complet. Nous n’avions pas à faire semblant, à se tenir correctement : J’avais bien l’intention de raviver l’Ornella d’antan afin de ne pas entièrement l’oublier.

« Pivourlet a bien rempli tous les bols à l’intérieur et à l’extérieur Maitresse ! J’ai aussi ramené la couverture préférée de Madame pour qu’elle n’ait pas froid »

Je posai les yeux sur l’elfe qui venait d’apparaitre à quelques pas de moi, et lui souris, le remerciant d’un signe de tête et m’enveloppant dans la couverture bleu nuit qu’il m’avait apporté et sur laquelle des constellations cousues au fil d’or scintillaient à la lumière du feu. Ostello et moi adorions les animaux, un héritage des Le Noir d’après Père, et avions décidé de mettre nos ressources à disposition des chats errants de la zone. Pivourlet était en charge de remplir les bols d’eau et de nourriture pour ces petites bêtes, et de laisser une fenêtre ouverte pour qu’ils puissent se refugier au chaud en cas d’intempéries. Cela animait la demeure, et voir les félins déambuler dans les couloirs m’émouvait à chaque fois. Nous n’avions pas d’animaux domestique à proprement parlé, mais nous restions à disposition si nos invités réclamaient des caresses ou des grattouilles sous le menton.

Je sirotais mon verre de vin, un Domaine Tariquet Premières Givres, spécialité de la région et mon préféré, tout en essayant de patienter. J’avais si hâte de le voir, d’écouter ses aventures en tant que Professeur et lui offrir le cadeau que j’avais trouvé pour l’occasion. Nous gardions contact évidemment, s’envoyant des courriers dès qu’une chose intéressante arrivait, mais rien ne valait un tête-à-tête durant lequel on pouvait faire tomber toute prétention et faire preuve d’honnêteté sans risquer qu’une autre personne n’épie. Je ne pensais pas que nos échanges méritaient d’être espionner, mais je faisais preuve d’une certaine méfiance depuis ma prise de poste de secrétaire du Roi. Et puis, nous restions les héritiers d’une famille influente qu’il pouvait être utile de faire chanter. La précaution était de mise.

Un ‘’ whoosh’’ dans une pièce voisine me fit poser mon livre et sauter sur mes pieds. Je me hâtai dans la direction du son, convaincu qu’il avait annoncé l’arrivée via le réseau de cheminée d’Ostello.
Et j’avais raison. A peine sorti de l’âtre, alors qu’il époussetait son pardessus, je me jetai à son cou pour lui faire le câlin dont j’avais tant besoin.


« -Joyeux anniversaire Oz ! Tu m’as tellement manqué. Tu vas bien ? Ça a été la préparation du bal d’Halloween à Beauxbâtons ? Tu n’es pas trop fatigué ? Oh, j’espère que tu as faim d’ailleurs ! J’ai cuisiné pour un régiment. Tu veux un verre ? Remarque, tu as probablement envie de te rafraichir avant de te poser. J’ai tout mis dans le petit salon plutôt que dans la salle à manger, histoire que nous soyons plus confortable. J’avais envie de prétendre que nous étions dans notre fort, comme l’on faisait enfant. »

Ostello finit par mettre sa main sur ma bouche pour me faire taire, ricanant un peu. C’était si plaisant de le retrouver, je me sentais déjà plus légère.