[TERMINÉ] Sa place est dans un musée ! | feat Yamanu Shafiq
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(#) [TERMINÉ] Sa place est dans un musée ! | feat Yamanu Shafiq
missive rédigée par Camille Delacour le04 Novembre 1927 - Début de soirée | feat @"Yamanu Shafiq"
C'était une journée typique de saison avec son ciel plafonné de nuages bas à la grisaille teintée de jaune, annonciatrice d'une neige imminente. Il faisait suffisamment froid pour que celle, tombée la veille, s'accroche encore aux bords des trottoirs et dans les ruelles les plus étroites et ombragées. C'était une journée typique avec sa valse de travailleurs allant des ouvriers qui débauchaient aux bourgeois qui entamaient tout juste leurs activités. Mais ils avaient en commun cette marche presque maladroite, avec une tête rentrée entre les épaules pour essayer de s'abriter de d'un vent froid pernicieux. De celui qui s'infiltre partout même quand on remonte le col et plonge les mains dans les poches.
Une journée d'hiver sur Paris, avec ses toits d'ardoises grises à peine poudrées de gel et de neige cristallisée, garnies de cheminées étroites crachotant leurs banderoles grisâtres et âcres. Heureusement, Yamanu Shafiq était invité dans un lieu bien plus accueillant que ces rues bondées et bruyantes, froides et humides. Il avait rendez-vous au "Nouveau Cercle de l'Union", un club de gentilhomme et lieu de rencontre exclusif pour les hommes de la classe supérieure. Malgré son emplacement dans le Faubourg Saint-Honoré, il était le plus ancien et certainement le plus élitiste de toute la France. En ces lieux, aucune femme n'était admise. Pas même dans les employés.
Une grande partie de ses membres étaient peut-être des moldus, l'enseigne existant après tout dans les deux faces de ce monde, mais une minorité bien plus noble (cela va de soit) regroupait les sorciers les plus affluents du pays et même d'ailleurs. En effet, le Luxembourg y siégeant avec ses princes et ministres, de même que Monaco et autres principautés. Le club en version sorcier était donc uniquement accessible si l'on prenait le portique de gauche, sous le regard ô combien vigilant de son valet crackmol qui n'autorisait alors que ceux portant le bon pin's et connaissait un mot de passe hebdomadaire.
Tout cela, Yamanu le possédait et c'était donc sans craintes que Camille Delacour l'attendait dans l'un des premiers salons. Une vaste pièce au sol d'acajou au grain serré et à la couleur vibrante d'un cirage méticuleux. De nombreux tapis s'étalaient somptueusement sous des grappes de tables basses, profonds fauteuils et canapés de cuir matelassés et boutons de cèdres. Il régnait dans ces lieux un silence religieux, entrecoupé du crépitement des cheminées, de bruissement de pages d'un journal ou de livres et, parfois, de l'écho lointain de conversations quand les portes d'autres salons s'entrouvraient sur la silhouette d'un valet.
Parler y était strictement interdit et si l'on était pas dans un de ces salons anglais où il fallait porter jusqu'à des chaussons, les premiers salons du club étaient pour la détente, la lecture ou encore le simple désir d'être laissé seul à ses pensées avec pour seul compagnie un bon verre de cognac et un cigare. C'était donc dans un de ces salons, que Camille avait décidé de patienter d'ici l'heure de son rendez-vous. Toutefois, lorsqu'il aperçut le jeune homme être mené jusqu'à lui par un domestique, il se leva immédiatement et lui offrit un sourire. Ses yeux se plissèrent légèrement, iris pétillant d'une joie sincère à retrouver son pupille en ces lieux.
Toujours en silence, il lui fit signe de l'accompagner pour qu'ils se rendent dans un salon intimiste ne comptant qu'une cheminée, une table basse, un canapé et deux fauteuils se faisant face ainsi que des murs effacés par de hautes et imposantes bibliothèques. Un mini-bar trônait sous une fenêtre ensorcelée pour montrer une campagne enneigée quelque part à flanc des Pyrénées. Sur son plateau de verre se trouvaient plusieurs carafes de cristal, de toutes tailles et de toutes formes, chacune contenant un breuvage précis. Ce ne fut que lorsque la porte se referma sur eux, que la voix de baryton du Delacour trancha dans l'air :
"- Bonsoir, Yamanu. Je vous remercie encore d'avoir su dégager de votre précieux temps au profit de cette entrevue." Annonça-t-il chaleureusement, tendant une main pour serrer la sienne. "J'espère que vous me pardonnerez l'adresse de notre rendez-vous, mais je me suis dit que le Club offrirait un cadre bien plus en adéquation au sujet de que je souhaite voir aborder ce soir. Oh rien de bien scandaleux, croyez-moi !" Il lui offrit un clin d’œil, puis se dirigea vers le minibar et l'observa d'un air critique. "Désirez-vous quoi que ce soit à boire ?"
Guère pressé d'entrer dans le vif du sujet, trouvant que cela serait davantage insultant pour son invité qui méritait tous les égards, plutôt que particulièrement nécessaire à sa situation, Camille prenait son temps. Ce soir ne visait qu'à prendre la température sur le sujet à aborder, peut-être à tisser le 'gros' du projet s'ils en arrivaient jusque là, mais certainement pas à conclure de marché et moins encore à filer la queue d'une comète ! Alors oui, il prenait son temps. Après tout, Yamanu avait toujours su être d'excellente compagnie.
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(#) Re: [TERMINÉ] Sa place est dans un musée ! | feat Yamanu Shafiq
missive rédigée par Invité le04 Novembre 1927 - Début de soirée | feat @Camille Delacour
Yamanu s'efforçait alors que les journées s'enchaînaient de garder au fond de lui la colère qu'avait fait naître la révélation de sa soeur. Sachant pertinement que son quotidien ne lui permettait pas de perdre le contrôle sur ses émotions, aussi avait-il continué ses journées avec la même ferveur et le même professionnalisme qu'on lui connaissait, laissant dans l'intimité de sa demeure s'échapper les quelques démons qu'il accumulait. Pourtant alors qu'il marchait dans les rues parisiennes jusqu'à son prochain rendez-vous, il ne pouvait que faire face au tumulte de ses propres pensées. N'accordant alors ni salut ni égard aux visages qu'il croisait.
Les pas qui le menaient jusqu'au club étaient presque automatiques, il y avait quelques années maintenant qu'on s'était habitué a y voir son visage, grâce à Camille qu'il allait rejoindre ce soir. Ajustant le pins qui lui permettait entrée dans ce monde élitiste, cet univers auquel il ne cessait de se raccrocher, dans l'espoir un jour de ne pas être qu'une pièce rapportée dans une société qu'il voulait faire sienne depuis bien des années. Le silence passager du premier salon dans lequel il pénétrait avait quelque chose de rassurant pour l'égyptien, croisant le regard de quelques gentilhommes à qui il adressait un signe respectueux de la tête avant de finalement croiser le regard de celui qu'il était venu voir ce soir.
Faire affaire ici pour les hommes de leur monde était une chose commune, le cadre était bien plus agréable que le bureau de l'un ou de l'autre pour discuter affaires, et suffisamment intimiste malgré tout pour que l'amitié ne soit pas camouflée par les jeux habituels de la grande société. Yamanu avait rapidement apprécié le Delacour, quand bien même leurs familles sur bien des points ne voyaient pas le futur du même regard, les débats n'en étaient pour lui que plus intéressants. Après tout, il n'y avait aucun plaisir à prêcher aux convaincus. Il suivait donc sans mal Camille jusqu'à un salon privé. Serrant la main qu'il lui offrait. " C'est moi qui devrait vous remercier de m'avoir sorti de dossiers passablement ennuyeux " Il laissait un sourire lui échapper " Allons bon, je n'ai jamais eu peur d'un peu de scandale, nos vies seraient bien trop ordinaires sans ces derniers " Tant que ceux-ci ne quittaient pas l'intimité d'une salle évidemment, Yamanu savait s'assurer que ce soit le cas, se permettant ici un air un peu plus relâché que celui qu'il arborait au Ministère. Yamanu se permettait de s'asseoir sur un des fauteuils " Votre poison sera le mien Camille " Ayant l'habitude de ne boire que très peu, Yamanu se savait bien désavantagé dans ce genre de choix, peu au fait des significations que pouvaient avoir tel ou tel beuvrage dans des situations comme celles-ci.
Il laissait donc Camille servir et rejoindre les assises " Scandale à part, vous avez éveillé ma curiosité insatiable " un faux ton de reproche et quelque peu plaisantin se glissait dans la mélodie de sa voix " Alors dîtes moi, quelle merveilles avez vous réussi à emmener à Paris ? " se demandant si une prochaine exposition du Louvres était la raison de sa présence ici. Yamanu était réellement intéressé par l'art, et les trouvailles et ajouts de Camille au musée faisaient toujours mouche dans son esprit.
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(#) Re: [TERMINÉ] Sa place est dans un musée ! | feat Yamanu Shafiq
missive rédigée par Camille Delacour le04 Novembre 1927 - Début de soirée | feat @Yamanu Shafiq
A la mention de dossiers ennuyeux, Camille eut une pensée émue pour ceux qui l'attendaient toujours. Une pile de taille respectable qui trônait à l'un des angles de son bureau. Rien de bien urgent, n'étant pas homme à repousser au lendemain ce qu'il pouvait faire aujourd'hui, mais qui pouvait paraître intimidant au regard néophyte.
"- Ne m'en parlez pas... Je regretterai presque d'avoir troqué mes outils pour ma fonction à la tête du Louvre lorsque, avec l'impitoyable régularité d'un métronome, mes assistants me remplissent les corbeilles de nouveaux dossiers d'acquisition en cours de revue, liasses documentaires de nos récents achats et locations, facturations et j'en passe."
Le sujet, fort heureusement, passa à quelques frivolités qui arrachèrent à Camille un rire profond et riche, presque caressant au creux de l'oreille. Le rire d'un homme habitué à charmer et qui, de la simple chaleur de sa nature généreuse, ne s'en rendait même pas compte. Il fit un clin d’œil complice à Yamanu, petit sourire crocheté à ses lèvres expressives.
"- Rien d'aussi plaisant, je le crains. J'ai promis à mon épouse de ne pas faire plus d'un scandale par saison sociale et je crains d'avoir déjà grillé ma cartouche récemment... Ne voulant pas subir les foudres d'une sorcière aux origines cubaines, je vais donc rester sage d'ici Imbolc... Ou essayer."
Laissa-t-il échapper d'un ton qui, clairement, ne promettait rien de la sorte. Sans évoquer ses futurs escapades secrètes avec l'Aube Sorcière, il comptait bientôt reprendre contact avec une "vieille" connaissance... et sûrement causer un grand scandale dans le cercle privé de son entourage. Alors autant rester sage sur le reste, non ? Peut-être s'éviterait-il des visites à l'Antre des Naufragés pour les prochains mois, à l'exception de la sortie qu'il comptait y faire avec Neith. Décidément, l'égyptienne avait le don d'éveiller chez lui des instincts de canaille.
"- Partons alors sur du Old fashioned."
Annonça Camille en sortant deux verres à whisky de type tumbler. D'un coup de baguette silencieux, il forma dans l'humidité ambiante deux gros glaçons qui tintèrent agréablement contre les parois de cristal.
"- Plus que des merveilles, c'est une série de gros projets que j'envisionne, mon ami. De ceux qui nécessitent la collaboration jointe du Louvre et du Ministère Magique. De ceux qui vont secouer le monde de la culture et des arts."
Voilà qui devait donner une raison plus que valable à l'invitation du jeune Shafiq entre ces murs, au delà du simple plaisir de sa présence bien entendu. Le laissant volontairement sur les braises de sa curiosité, l'artiste versa le whisky dans chaque verre, dosant à l’œil avant de prendre une cuillère à absinthe qu'il posa en équilibre sur les bords. Il y ajouta un sucre et ses gestes, précis et élégants, étaient chargés d'une noblesse naturelle.
Ses yeux d'un bleu d'acier scrutèrent un moment les bouteilles de liqueur jusqu'à tomber sur la forme familière de celle d'angostura qu'il vint saisir pour en soulever le bouchon et humer ses parfums uniques. Semblant satisfait de son choix, il en versa une lichette sur chaque sucre, les laissa s'imbiber jusqu'à s'effriter. Alors seulement il les laissa rejoindre le wisky.
Un simple coup de baguette suffit à mélanger à la perfection les ingrédients sans avoir à sortir le shaker. Camille préférait cette méthode peu orthodoxe à celle, bruyante et vulgaire qu'utilisaient les moldus dans leur Louisiane profonde.
"- Connaissez-vous les Inca, Yamanu ?"
Demanda-t-il enfin alors qu'il retournait à ses côtés pour lui tendre son verre. Lui-même alla ensuite s'asseoir près du feu, croisant les jambes et venant s'accouder, presque régalien, contre l'un des bras du confortable et profond fauteuil de cuir.
"- C'est une civilisation précolombienne qui s'est formée au début du XIIIème siècle dans le bassin de Cuzco situé dans l'actuel Pérou. Elle est à l'origine de l'Empire inca, l'un des grands royaumes de l'Amérique précolombienne et disparu lorsqu'elle fut entièrement conquis par les conquistadors espagnols sous les ordres de Francisco Pizarro à partir de 1532."
Petite leçon d'histoire mise de côté, le sorcier avala une première gorgée de son cocktail et savoura les notes boisée, puis amère avec un bouquet profond et riche enveloppé de son sucre pour aider à tout faire passer. Le contact du glaçon à ses lèvres et les premiers millimètres de whisky saisis dans le froid, laissaient plaisamment place à la brûlure familière de l'alcool fort.
"- Il s'agissait d'architectes aussi exceptionnels, si ce n'est plus, que les Égyptiens avec dans leur structure aucun usage de mortier de quelque sorte que ce soit."
Petit sourire taquin lui échappa, ne doutant pas de faire mouche chez le Shafiq avec ce commentaire, mais c'était de bonne guerre et il enchaîna sans laisser le temps à l'enfant du soleil de lui lancer une malédiction à la figure :
"- Ce sont aussi eux qui ont découvert la technique du vermeil, possédaient des calendriers aussi précis sur les équinoxes que les nôtres à ce jour. Leur façon d'écrire, en rien similaire à notre alphabet, se transmettait par des tapisseries appelées "quipus". C'était un encordage dont les cordes présentaient trois types de nœuds symbolisant respectivement l'unité, la dizaine et la centaine. Il ne serait donc pas absurde de dire qu'ils avaient développer un système de numération positionnel en base 10, similaire à celui utilisé aujourd'hui. Impressionnant ? Et je ne parle même pas de leurs techniques de momification, leurs techniques d’orfèvrerie et cetera."
Camille fit une pause, réalisant qu'il allait probablement trop loin dans les détails de sa nouvelle fascination et lubie artistique. Il y avait encore tant à dire sur cette civilisation et sa richesse, mais cela viendrait en temps et en heure. Pommette appuyée contre un poing, jambes maintenant étendues devant lui avec les chevilles croisées, l'homme observa Yamanu d'un regard franc. Il le considérait comme un égal après toutes ces années à se côtoyer sur le plan professionnel.
Silencieux le temps qu'il digère toutes les informations balancées tantôt, lui s'offrit quelques gorgées de whisky en réfléchissant à ses propres projets annexes : il allait bien falloir qu'il mettre Eugénie et Soraya au courant de son projet. L'une devra bien aller gérer sur place les fouilles tandis que l'autre couvrirait tout l'aspect organisationnel et médiatique.
"- Vous devinez sûrement où je veux en venir, n'est-ce pas ? Une exposition d'intérêt national couplée à l'ouverture d'une nouvelle galerie au Louvre, comment cela sonne-t-il à vos oreilles, monsieur le Directeur du Bureau des Arts et de la Culture Magique Française ?"
Ses lèvres tremblèrent pour conserver leur sérieux et ne pas se fendre d'un sourire amusé. Ses yeux, toutefois, pétillèrent.
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(#) Re: [TERMINÉ] Sa place est dans un musée ! | feat Yamanu Shafiq
missive rédigée par Invité le04 Novembre 1927 - Début de soirée | feat @Camille Delacour
Yamanu ne s’empechait pas un sourire joueur quand Camille disait chercher a limiter les scandales, lui même savait facilement que ces derniers pouvaient naître d’une simple étincelle.
” J’essaierai de ne pas trop vous tenter alors. “
Bien qu’il glissait un peu de jeu dans son ton, heureusement, il savait se tenir sage lorsqu’il le fallait. Et était de toute façon bien plus intéressé par l’affaire dont il voulait s’entretenir que toute autre folies. Il acceptait l’alcool choisi avec un hochement de tête, laissant son hôte servir les deux verres. Le regard de l’Egyptien s’illuminait aux prémices de cette affaire, ce genre de collaboration ne pouvait concerner que des découvertes particulièrement intéressante pour un mordu de l’art et de la culture comme lui, élevé dans le plaisir des découvertes et des recherches et ayant troqué cette passion pour une place de choix au Ministère, il retrouvait l’extase d’un gamin face à un projet intéressant.
Restant sur sa fin, il se forçait à ne pas presser l’homme qui se chargeait des beuvrages, observant d’ailleurs la technique de ce dernier, il avait l’habitude d’apprendre beaucoup de Camille, sa manière de se tenir, et ce qu’il faisait, estimant nécessaire de retenir tout ce qu’il pouvait tant Camille représentait de bien des façons les caractères de Noblesse dont les Shafiq étaient malheureusement dépourvus. Et cela passait même par une chose aussi insignifiante que la réalisation d’un cocktail de gentilhommes. Il croisait cependant les jambes, un sourire sur le visage, attendant d’en savoir plus lorsqu’il finissait par récupérer le verre tendu par le Delacour.
La question venait pourtant de nulle part, arrachant un air intrigué à l’Egyptien, des Incas il connaissait certaines choses, bien que ne s’estimant nullement expert sur ce sujet. ” De nom et de réputation “ répondait-il simplement, portant son verre à ses lèvres pour déguster le nectar offert, tout en écoutant attentivement les détails ajoutés par Camille.
Il ne put s’empêcher un hochement de sourcil à la mention de son propre pays natal, un jeu dangereux que de placer une autre civilisation sur un piédestal que Yamanu avait toujours conservé pour les siens, il ne prenait néanmoins pas offense, fort de savoir que justement chaque culture avait ses forces, et les Egyptiens en avaient bien d’autres, ne laissant alors que son regard exprimer ce côté chauvin qu’il conservait malgré les années à arpenter les pavés Français.
Il n’osait cependant pas interrompore le Delacour, qui se faisait maître sur ce sujet et avait de cette façon de rendre la chose particulièrement intéressante, Yamanu avait la curiosité piquée à vif, et ne pouvait s’empêcher d’admirer les connaissances que Camille partageait ainsi, se doutant bien que ce dernier avait pour les ouvrages Incas un intérêt autre que simplement historique. D’ailleurs Yamanu s’imaginait déjà se pencher d’avantage dans des recherches sur cet endroit, et pourquoi pas, si folie lui prenait, aller voir ces merveilles de ses propres yeux tant le tableau dépeint par le noble français était un régal pour son esprit avide de découvertes nouvelles.
Il ne put s’empêcher un léger rire lorsque Camille usait du titre complet de son emploi, peu habitué encore aujourd’hui à l’entendre ainsi déclamé. ” Comme un opéra sans fausse notes “ répondait-il naturellement en prenant une nouvelle gorgée de son verre avant de le poser sur une petite table et de se redresser légèrement. ” Vous n’êtes pas sans savoir que j’ai pour ambition de marquer mon passage à ce poste en faisant de Paris la capitale culturelle du monde. Une exposition de ce type serait parfaitement en accord avec ce projet. “ Il souriait calmement avant de reprendre aussitôt ” Quand bien même je doute que leurs techniques de momifications ne soit à la hauteur de celles de mes ancêtres, mais c’est là un autre débat “ Une pointe d’humour piquante se glissant dans sa voix. ” Je suppose que vous avez déjà prévu de vous rendre sur place, ou d’y envoyer vos équipes ? Au vu de ce que vous m’avez déjà présenté ce serait une exposition unique en son jour, et je n’ai aucun doute que le ministère serait ravi de pouvoir y contribuer “ Ce ne serait pas la première fois que le Ministère et le Louvres se retrouveraient en partenariat pour une exposition de ce type. ” Avez-vous déjà prévu des dates ? Je suppose que ce sera un travail conséquent, mais il me faudrait, pour pouvoir vous aider efficacement, contacter nos homologues d’Amérique Latine “ Ce qui selon certains gouvernements pourrait prendre quelques temps.
Camille DelacourATROPOS | THEN, LET IT BURN.
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(#) Re: [TERMINÉ] Sa place est dans un musée ! | feat Yamanu Shafiq
missive rédigée par Camille Delacour le04 Novembre 1927 - Début de soirée | feat @Yamanu Shafiq
La réponse lui arracha un rire immédiat, d'une richesse profonde et aux notes graves, plaisantes à l'oreille. Un rire parfaitement calculé au point d'en être devenu naturel. Le genre de rire que l'on aimait entendre, avec une note de charme et de bienveillance. Travaillée pour les cercles sociaux des grands de ce monde. Peaufiné pour convenir aux salons les plus huppés et intimistes, comme aux balcons des Opéras et théâtres bondés. Un rire qui, bien que parfaitement audible, n'était pas assourdissant et n'irait jamais au dessus des notes d'un orchestre ou de la voix d'acteurs en contrebas.
Un rire que Camille ne fit pas durer, ne voulant pas paraître grossier ou donner l'air de se moquer. Il avait sincèrement adoré la réplique de son pupille, de cette répartie instinctive et ajustée dont Yamanu savait si bien s'approprier et qu'il maîtrisait de mieux en mieux à mesure qu'ils se fréquentaient. Guère aveugle de l'attention que le jeune égyptien lui portait, Camille jouait volontiers le rôle du "mentor" même s'ils n'avaient jamais officialisé leur relation. En avaient-ils seulement besoin ? Verbaliser ce qui semblait naturel n'était qu'une preuve d'insécurité. De doutes. Or lui n'en avait aucun.
Yamanu possédait, à son avis, le potentiel de gagner ce que sa famille ne possédait pas encore et bien plus. Il avait devant lui les même promesses qu'avait eu Crepus Lestrange quelques décades plus tôt. Et ce que le jeune sorcier commença à lui exposer ne fit que confirmer ses intuitions. Camille resta silencieux à son tour, attentif et plaisamment surpris des ambitions du nouveau Directeur des Arts et de la Culture. Il hocha du chef à plusieurs reprises, lui faisant savoir qu'il était sur la même longueur d'ondes que lui. Un léger rictus lui échappa à la rivalité qu'il avait titillé quelques minutes plus tôt, épaules frémissantes d'un gloussement silencieux.
A la question sur l'équipe, il secoua négativement de la tête mais ne fit pas encore de commentaire, ne voulant pas l'interrompre. En réalité, Camille avait bien quelques noms couchés sur une liste, mais il ne voulait pas présumer de l'équipe au complet sans avoir effectué au préalable une révision avec le bureau de Yamanu. Un moyen concret de sceller leur accord ; travailler main dans la main depuis l'enrôlement des agents à dispatcher jusqu'à la grande exposition. Quand il fut assuré que l'égyptien n'avait plus rien à ajouter, il bu une rapide gorgée de son alcool avant de reprendre la parole.
"- Je ne sais pas encore si j'irais moi-même sur place. Je ne me fais plus tout jeune et, pour être totalement honnête, il y a d'autres projets sur lesquels j'aimerai consacrer mon entière attention." Considérant qu'il était encore trop tôt d'en parler, il enchaîna : "Quant aux équipes, je pense en envoyer deux. La première sera chargée d'entrer en contact avec les locaux, se familiariser avec les lieux et localiser la position exacte de nos futur sites de fouilles. Une fois la zone sécurisée administrativement et magiquement, la seconde équipe les rejoindra avec le plus gros du matériel d'excavation et pourra remplacer des membres s'il y a des impondérables à gérer."
Une légère pause pendant laquelle Camille fit lentement tourner l'alcool dans le fond de son verre. Les cercles renvoyaient sur le glaçon des reflets d'or et d'ambre chaud. Le feu dans la cheminée ronflait et crépitait de sorte que le silence ne sembla jamais en être totalement un.
"- Pour les dates, je pensais un premier départ courant décembre, si possible. Comme la destination se trouve de l'autre côté de l'équateur, nous avons des saisons dites inversées." Il fronça légèrement les sourcils. "Même si ce n'est le cas que sur la côte peruvienne où nos explorateurs auront jusqu'à février une saison sèche et ensoleillée. Inutile de partir dans les Andes à cette période, il y a beaucoup de pluie et des risques de crues soudaines qui pourraient représenter un danger pour leur sécurité."
De sa main libre, il pianota le bras du fauteuil du bout des doigts en un rythme connu de lui seul.
"- Ce qui repousserait l'excavation des sites à avril ou mai de l'année prochaine avec une fin pour juillet au maximum dans l'idéal, de sorte que nous puissions faire l'avant première pour Août, juste avant la fin de la saison sociale parisienne et l'entrée dans l'hiver de l’hémisphère nord. Si nous voulons attirer le plus de monde possible, que ce soit en France ou dans le reste de l'Europe et des pays civilisés, cela me semble être encore le meilleur calendrier à respecter. Qu'en pensez-vous ?"
Camille l'observa au couvert de ses cils, faisant toujours mine d'observer le fond de son verre. L'avait-il perdu quelque part lors de ses explications ? Il s'agissait après tout d'un long projet et qui n'entrait possiblement pas dans la recherche de projets que le jeune directeur pourrait avoir à l'esprit. Sa carrière venait tout juste de débuter, peut-être voudrait-il miser sur des résultats à plus court terme ? Mais le Louvre ne s'était pas construit en un jour et ses nouvelles galeries ne le seraient pas non plus.
"- Cela nous laisserait huit mois pour préparer cette exposition d'ampleur nationale. Si les relations avec les locaux sont bien gérées au cour des fouilles, nous pourrions même inviter plusieurs troupes performer des arts culturels pour nous lors de notre exposition : musique, danses, ateliers de tissages et autres curiosités pour les visiteurs." S'il essayait de l'amadouer ? Totalement. "Une gestion que je laisserai volontiers à votre Bureau, n'étant pas accrédité ou même spécialisé dans ce genre d'activité. Généralement ce que j'expose ne bouge et ne parle pas, rendant ma tâche ô combien plus aisée."
Il ponctua sa note d'humour d'un petit clin d’œil avant de porter le verre à ses lèvres et d'en déguster une longue gorgée bien méritée.
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