[Sujet commun] Le retour du fils prodige

Sourire placardé sur les lèvres pour échapper de son esprit toutes remarques qu’il pourrait regretter, il partageait avec Agnès et Apollon un regard amical. Balayant d’un geste de la main désinvolte les compliments de la Madone. ” Ce sentiment d’amitié est réciproque ma chère, quand au virtuose, malgré les compliments d’Apollon je crains n’être à la hauteur de ta grandeur. “ Sincère dans ses paroles, avant qu’un rire léger ne lui échappe lorsqu’il est question de cavaliers pour danser ” La soirée est encore jeune, je te promets de te réserver une danse ce soir mon ami “ Et il le pensait sincèrement, jusqu’à ce qu’un nouveau visage ne s’ajoute à leur trio étrange. Un visage que Yamanu aurait espéré continuer à regarder de loin, dans quelques échanges de regards timides et camouflés.

C’est sans voix qu’il sent la chaleur monter à ses joues au compliment du revenant, renvoyant Yamanu a des sensations qu’il pensait oubliées et enterrées depuis longtemps. Ses instincts lui murmurant de s’éloigner, c’est avec une surprise agréable qu’il trouve en Agnès l’excuse de son échappatoire. Répondant au regard d’Apollon par un air désolé, lâche peut-être, mais désireux surtout de s’éloigner de l’influence que Giacomo pouvait avoir sur lui, dans ce genre de soirée où Yamanu était tout au plus un symbole pour son Père. Cela dit, il ne put s’empêcher un sourire désolé lorsque Giacomo qui était de toute évidence la raison de cette soirée était relégué par la Medici au rang de seconde étoile. Sa main se referme sur celle d’Agnès alors qu’il abandonne son verre sur un des plateaux portés par des elfes. ” L’honneur est mien Signora, vous nous excuserez messieurs mais voilà une déesse que je ne peux faire attendre “ Et c’était avec un air charmeur, et surtout aucun regard pour les deux autres, qu’il entraînait la Medici sur la piste de danse. Remerciant mentalement les nombreux cours de Danse que Neith lui avait procuré pour suivre le rythme de ce foxtrot en compagnie improvisée. Les pas étaient légers alors que son regard s’accrochait à celui de sa cavalière, probablement pour éviter de croiser celui de Guilhem qui déjà se faisait rattraper. ” Je crois avoir rarement connu soirée plus réussie que celles de votre famille Signora. “ Il souriait, reprenant ses esprits et son rôle par delà les fêlures d’un masque social taillé de toute pièces. ” Ainsi donc cette soirée est pour célébrer un retour ? N’y a t’il pas plus sacré qu’une famille enfin réunie ? “ Se décidant de se faire piquant comme les rayons de soleil du désert, ayant bien compris au ton d’Agnès que la présence de Giacomo était probablement la raison de cette escapade Egyptienne ” Vous devez être comblée, votre fille avait l’air absolument ravie de partager une danse avec lui. “ Son sourire ne changeait pas, couvrant de miel des pointes acides de venin, remerciant le rythme de la danse qui l’emmenait à changer de mains.

Coup du destin ou non, c’était avec Neith qu’il avait échangé sa place, sa main se refermant sur celle de Maeve, enfin quelqu’un avec qui il pouvait l’espace de quelques secondes baisser le masque de ce qui était attendu de lui pour profiter de la présence de celle qui en bien des points était une fidèle amie. ” Je crois bien que je dois te remercier. Un peu plus et Neith et moi nous retrouvions statue d’or sur piédestal. “ Ne cachant cette fois pas le fait d’avoir été légèrement agacé par la décoration à leur honneur. ” Ce qui est sûr c’est que nous pourrons nous gaver des rumeurs qui naîtront de cette soirée pendant quelques semaines. “ Un sourire joueur se glissant sur ses lèvres.

Un rire s’échappe des lèvres à l’évocation de muse et d’artiste. Tandis que Maeve était l’artiste des décorations, lorsqu’il s’agissait de danse, c’était Neith qui le devenait. Elle s’amuse avec Maeve qui joue le jeu et elle sait que ce n’est pas que pour les apparences. Cela lui fait plaisir, un sourire retenu mais qui cache une lueur toute enfantine. Ecoutant Maeve lui dire qu’elle l’accompagnera rejoindre Agnes, Neith s’apprête à dire quelque chose à sa phrase quand elle sent le rythme changer. Des changements de partenaires ! Quelle bonne idée. Neith appréciait trop danser et surtout jamais aux mêmes bras plus d’une danse sauf quand il s’était agit de son époux, son frère ou son père. A la mention de Guilhem, Neith ne peut s’empêcher de tourner la tête vers lui et voir le duo entre Giacomo et Apollon qui semblaient déjà s’éloigner dans la piste de danse…
« Mmh. Il peut se sauver lui-même, tu ne crois pas ? C’est un grand garçon. »
En réalité, Neith se rendait compte que son instinct avait été bon avec cette histoire de coupe brisée et de corde cassée quelques instants plus tôt. Mais malgré les sentiments éparses qu’elle pouvait avoir vis-à-vis de Guilhem à l’heure actuel, elle ne se sentait pas ni d’être une sauveuse, ni de partager une danse avec lui, même si le voir remuait toujours autant quelque chose chez elle. Un goût d’inachevé mélangé à de la culpabilité. Sans doute que Maeve, elle, n’était pas dupe.
« Je préfère danser… et te dire à toute à l’heure, ô divine ! » rit-elle lui lançant un clin d’œil.
Avec douceur, elle relâche Maeve et c’est avec une certaine prestance que Neith se retrouve devant Agnes qu’elle a précédemment anticipé d’un regard. Un sourire fleurit sur les lèvres de l’égyptienne poli alors qu’elle invite Agnes à danser.
« Signora Medici, je suis ravie de pouvoir enfin vous exprimer mon admiration pour votre magie que je trouve d’un raffinement exquis. »
Le compliment est sincère. Neith préfère se concentrer sur le positif et louer la magie de la sorcière en face d’elle qu’elle reconnait et respecte. Qu’Agnes ait pu manquer de respect à sa culture, Neith sait depuis le temps que c’est un débat perdu d’avance pour elle et dont elle n’a pas envie de s’épuiser avec. Quant au message potentiel caché qu’elle interrogeait intérieurement, Neith préférait pour l’instant l’ignorer. Elle poserait directement la question qui la taraude à son époux lorsqu’elle le verrait dans deux jours.
« Mon père sera très content de cet hommage de sa Secrétaire de parti, je n’en doute pas. Merci à vous. » Le sourire de Neith reste poli et courtois ne laissant rien paraitre de ce qu’elle pense réellement de cette appropriation, ni de ce que ses parents en penseraient.
Le changement de partenaire se fait naturellement et Neith se demande si elle va réussir à danser avec toute la famille Medici. Elle avait déjà fait la mère, voilà le fils. La fille n’était pas si loin. Où était le père qui semblait disparu ? Elle ne peut s’empêcher de se lancer les paris avec elle-même et pour la récompense se serait autant de danse avec Yamanu.
Quelque chose dans le sourire courtois d’Alessandro de Medici lui laisse un effet glacé au creux des tripes. Elle ne l’explique pas. Ou alors est-ce ce regard trop fixe ? Neith lui répond avec la même courtoisie tout en se mettant en position avant d’engager la danse. Cette fois-ci, et contrairement à ses deux précédentes cavalières, elle laisse à Alessandro la guider.
Madame veuve Lestrange.
Qu'il était amusant de voir que pour la première fois de la soirée, ce titre ressortait ainsi. Comme un rappel. Elle n'avait pour autant pas besoin de lui pour se rappeler que son époux lui avait été arraché, le trou à la place de son coeur parlait pour elle-même. Sans rien laisser paraitre de ce qu’elle pense de cette façon de l'appeler, Neith décide de ne rien interpréter. Néanmoins, il avait maintenant toute son attention à la manière dont elle inclinait légèrement la tête et le fixait yeux dans les yeux.
« La redondance n’est qu’un effet de l’ennui, monsieur de Medici. Or, je ne m’ennuie pas. Quoiqu’il en soit, je vous remercie chaleureusement pour votre accueil. » Pas de Signor comme elle le faisait avec son père puisqu’il était patriarche de la famille, mais Alessandro restait après tout un monsieur. Son air se fait chaleureux ce qui n’est en rien un mensonge : elle apprécie la danse, le cavalier est bon. « Je m’amuse beaucoup, et vous ? J’imagine que vous devez être heureux de retrouver votre cousin ? » Son sourire est indéboulonnable mais au fond de ses tripes pourtant, Neith a hâte de passer au cavalier suivant.