Achab serait fier | Partie 2

15 Octobre 1927 • Comptoire des Korrigans • @Maverick Chaumet

La porte du bar s’ouvrit aisément, enveloppant les nouveaux venus d’une exhalaison au parfum d’alcool, de tambouille et d’un lambeau de sueur humaine. La chaleur vient caresser son visage, piquetant sa peau glacée et rosie par le vent cinglant et le froid, tandis qu’il pénètre dans la salle principale du bruyant établissement, regard parcourant les alentours à la recherche d’une table libre au moins autant que de possibles tueurs. La Bretagne est peut-être unie aux Lestrange autant qu’aux Médicis, mais rien ne lui garantit qu’il ne s’agit pas d’un guet-apens fomenté par le parrain pour espérer affaiblir ses rivaux de toujours. Le sol d’Is est propice aux débordements que les moldus jugulent, sur le continent. Prudence est de mise, Méfiance est une amie.

La tenancière les hèle sans faire de manière, leur indique un emplacement proche d’une fenêtre, coincé entre le mur et une table de Korrigans aux pipes odorantes. Auguste s’installa dos au mur, attrapa la plaque de commande qui vole entre les tables, y indique ce qu’il désire et la laisse repartir. L’homme qui l’accompagne ne boit pas pendant le service. Pourtant, même accompagné, Auguste ne se détend pas, épaules nouées, échine frémissante. L’étui de sa baguette repose dans son holster, contre son torse, toujours à portée directe. Sa montre indique quelques minutes d’avance, de quoi vérifier que sa bolée n’est pas empoisonnée, et achever de repérer les sorties potentielles.

Vingt-heures arrivent, accompagné d’une puissante odeur de venaison, et d’une goulée d’air frais lorsque la porte s’ouvre pour dévoiler de nouveaux clients. Parmi eux, l’homme qu’il attend. Auguste le laisse le repérer, et se lève pour le saluer lorsqu’il rejoint la tablée.

“Capitaine.” offrit-il sobrement, poignée de mains offerte.

Au moins sur ce sujet, Chaumet a toujours été raccord, pas de retards, on l’attente à l’heure dite, à croire que la ponctualité n’est finalement pas que la politesse des princes. Vif regard océan se fixant sur lui, l’étudiant avec une curiosité ouverte de ce qu’il est devenu en plus de dix ans.

"Enchanté de vous revoir."

Il se décale, lui offre l'assise d'une main avant de s'installer de nouveau face à son verre, saisissant la plaque de commande afin de la tendre au nouveau-venu. Lui abandonnant l'objet, Auguste observe le reste de la salle une fois de plus, toujours sur ses gardes, avant de lui revenir.

Codage par Libella sur Graphiorum