Fifty words for rain

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Arsène pris quelques instants pour réfléchir à un lieu adéquat des terres d'Apcher pour que Maeve puisse s'adonner à ses pratiques druidiques, mais il devait bien avouer être trop peu au fait des coutumes celtes pour être en mesure de sélectionner l'endroit parfait.

« Si vous m'expliquez les besoins propres à cet autel, soyez certain que je ferai mon possible pour vous trouver le lieu parfait avant que vous ne veniez poser vos affaires au domaine. » promit-il de bon coeur.

Les instants suivant leur démonstration furtive de tendresse et d'affection furent accueilli avec plaisir par un Arsène toujours comblé de découvrir les différentes facettes de sa promise. Tantôt espiègle, tantôt conteuse, tantôt tendre et tantôt naturelle, chacune d'entre elles plaisaient à l'homme qui prenait soin de les noter avec précision. Car pour leur futur union, il ne voudrait pas n'offrir quant à lui que le visage solennel et noble du Baron d'Apcher. Lui aussi espérait pouvoir laisser courir le naturel, offrir à sa belle ses propres facettes venant lui répondre à l'unisson. Il se surprit à être impatient de pouvoir s'ouvrir à elle à tous les niveaux, qu'elle apprenne à connaître l'homme, la Bête et l'amant.

Pour l'heure, le contact chaud de son front niché contre le sien et le délicat parfum de ses lèvres susurrant tout proche des siennes éveillait en lui une douceur qu'il réservait pourtant à bien peu de personnes. Une intimité pudique, là, ayant pour seuls témoins les arbres muets de Brocéliande qui entourait les deux fiancés d'une mélodie mêlant le vrombissement du vent contre les feuilles d'automne au chant joyeux des oiseaux qui s'élevait depuis que le soleil avait chassé les averses.

« Je te le promets, m'en est témoin ce chêne millénaire. » murmura t-il à son tour, fermant les yeux pour profiter un peu plus longtemps de cet écrin de douceur qui s'éveillait entre eux à la manière des colchiques venues offrir la bienvenue à la période automnale.

Il la regarda ensuite récupérer et récolter leurs mèches respectives, puis les sceller dans le noeud du chêne. Cet instant était solennel, il ressentait presque en cet instant que leur union venait d'être prononcée. Non pas aux yeux de la société, mais bel et bien aux yeux des dieux si chers au coeur de Maeve ainsi qu'aux créatures magiques qui se faisaient invisibles mais dont le Baron de douta pas du regard. Et surtout, aux yeux de ces arbres qui avaient déjà vu bien des amants se cacher et se promettre au milieu de ce silence sanctuaire. C'était comme si cette si simple tradition venait lier la vie des deux promis au delà de toutes les considérations mortelles.

Imitant Maeve, il ferma les yeux et se fit silencieux l'espace de quelques instants qui lui semblèrent durer des heures. Comme si le temps s'écoulait différemment ainsi en communion avec la nature qui était si chère au coeur de l'homme comme à celui du loup. Aucun sursaut ne vint troubler ce moment alors que Maeve nouait ses doigts autour des siens, appuyant d'avantage l'authenticité de ce moment.

Après de longues minutes à communier avec le chêne et la nature environnante, c'est à contre coeur qu'Arsène mis fin à cette si délicieuse parenthèse hors du temps. Il rouvrit les yeux et se redressa, aidant Maeve à en faire autant.

« Je suis navré d'interrompre ce moment, Maeve, mais je vais malheureusement devoir reprendre le chemin du Gévaudan. Je suis heureux d'avoir passé ces instants avec vous, et comblé que vous ayez accepté ma demande. Plus encore de l'avoir ainsi officialisée aux yeux des ancêtres de la forêt. »

Il prit la main de la jeune femme et fit tourner la bague de sa mère.

« Sentez vous libre de me rendre visite dès que vous le désirez, ma demeure sera bientôt la votre et je me réjouis déjà de vous guider à travers les terres du domaine. »

Il déposa un baiser sur la joue de la jeune femme avant de se laisser guider vers l'objet qui les conduirait à nouveau à Castel Rohan. Un sourire discret se dessinait sur ses lèvres, heureux qu'il était d'avoir ainsi été accepté et de nouer cette union à la fois bénéfique pour l'Auvergne mais également pour lui en tant qu'homme. Car il devait bien l'admettre, Maeve avait su allumer une timide étincelle dans un coeur que le Baron n'avait pourtant accordé qu'à trois personnes au cours de son existence...