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[Terminé] Soirée policée

Auguste LestrangeCLOTHO | THIS IS OUR WORLD NOW !
Auguste Lestrange
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(#) [Terminé] Soirée policée

missive rédigée par Auguste Lestrange le
  • 03 Juillet 1927 • Domaine du Crépuscule • @Séléné de Valoys


    Se faire accepter sur le dais n’est certes pas une formalité, mais ce n’est pas non plus d’une difficulté insurmontable au regard de son pedigree et Auguste le sait, n’y voit aucunement une victoire. Uniquement une étape. Nikolaï est quelque part à l’extérieur, et un instant, Auguste sent son cœur se pincer à l’idée qu’il compte fleurette avec un quelconque charmeur à la langue suffisamment adroite pour énamourer celui qui hante ses nuits. Pas celle-ci, cependant, a-t-il décidé en le voyant s’esquiver. En dépit des contretemps, la discordante rengaine de la mesquinerie pince toujours les cordes de ses nerfs et l’enjoint plus que jamais à la rectitude filiale, poussant ses pas, tandis qu’il approche de la figure pâle et délicate qui siège à quelques distances du couple royal.

    Votre Grâce” entonne-t-il, diction parfaite, tandis qu’il ploie pour le baise-main. Lorsqu’il se relève, cependant, c’est avec un coup d'œil complice. Séléné n’est pas une étrangère, une figure distante et métaphorique ou un diamant dans son écrin de velours. Elle est cette silhouette spectrale qu’Auguste cherchait du regard avec inquiétude, la nuit, lorsqu’elle parvenait à le convaincre de se faufiler hors des dortoirs pour rejoindre la bibliothèque et lire jusqu’au bout de la nuit, et qui le guidait dans les meilleurs détours, la jeune femme près de laquelle il s’asseyait pour réviser, silencieusement, lorsqu’il fuyait les admiratrices de Nikolaï, son adversaire d’échec, et celle qui manqua l’envoyer à l’infirmerie à cause d’un coup de souaffle en plein front lorsqu’ils s’entraînaient au quidditch.

    Est-ce qu’elle a changé ? Sans doute, évolué, il le lui souhaite, n’ayant jamais perçu la staticité autrement que comme de la stérilité. Le squelette d’un espoir n’en demeure pas moins que leur complicité d’alors demeure tandis qu’il se redresse, Présenter ses respects est une chose, mais il a bien l’intention de faire un peu plus que cela. “Je n’ai pas eu l’occasion de venir vous voir précédemment.” La stricte vérité, depuis quatre ans, la majeure partie de son temps est judicieusement investie dans le développement de son entreprise d’armateur, une affaire des plus juteuses mais qui nécessite une attention soutenue qu’il est tout prêt à y consacrer. Et bien entendu, tout le temps libre dont il peut encore disposer est investi soit dans l’étude du droit sorcier soit dans les débats politiques auxquels il participe.

    Mais je peux peut-être me rattraper. Puis-je vous tenir compagnie ?” Approche ingénue, mais en vérité, n’avait-il pas formulé son approche de la même façon la première fois ? Il y avait ici tant d’âmes, mais elle, si entourée, elle lui semble toujours aussi seule, aussi isolée. Comme lui, en un sens, mais bien davantage qu’il ne le serait jamais. Un bref moment, la culpabilité l’étreint, fait vaciller son regard, frémir son échine. Il n’a guère envie de se servir d’elle, de la voir comme un objet. Ces derniers mois, c’est pourtant bien ce qu’il a fait, effaçant ce visage qu’il associa si longtemps à leur familiarité pour ne garder d’elle qu’une idée, l’objectif que son père leur a fixé et qu’il ne peut nier. Une erreur, il s’en rend vite compte. Une erreur de stratégie mais aussi une erreur humaine.

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    (#) Re: [Terminé] Soirée policée

    missive rédigée par Invité le
  • Séléné préférait de loin la fraîcheur de la nuit, mais en Juillet et aux féeries, il était compliqué de trouver un endroit où le frais pouvait être savouré comme il se doit. Le monde, la musique, la nourriture... et l'alcool. Oui, tout ces nectars dont elle s'abreuvait à petite gorgée, gouttant à chaque fond de verre qu'on lui tendait. La princesse en avait les joues qui rosissaient, pour autant, encore loin de l'ivresse. Et que dire des lieux, le domaine du crépuscule offrait une ambiance exquise pour la fête. Tout était parfait, ou presque.

    Presque, oui. Alors qu'elle tenait compagnie à d'autres sorciers de haute naissance qui abusaient outrageusement de sa patience pour parler politique, un visage bien connu de la femme fini par se montrer. Séléné cessa de sourire, toisant d'un air dépréciateur le nouveau venu. Un coup d'oeil rapide en direction de ses parents, les toisant d'un œil mauvais pour revenir au jeune homme aux yeux plus bleu que la mer elle-même.

    Un regard qu'elle été incapable d'oublié pour l'avoir sondé si souvent durant sa jeunesse. Et voilà des années qu'elle ne l'avait pas revu. Auguste était une de ces âmes aussi trouble que de la fumée, insaisissable tant il était doté d'une intelligence puissante. Le sonder était de l'ordre de l'impossible, pas sans avoir la possibilité de passer du temps à ses côté pendant des années. Et encore, même elle, après tout ce temps, n'était pas capable de savoir réellement ce que son ami voulait réellement. Il ne faisait jamais rien sans raison et encore moins sans avoir mûrement réfléchir aux causes et conséquences de ses choix. Alors le savoir là, devant elle, si prompt à présenter ses respects... Où était le piège ?

    « Monsieur Lestrange. »

    Le salut-elle avec une froideur qui contrastait avec la chaleur des lieux. D'un regard elle pousse ses comparses à prendre congés. Enfin libérer de ces insupportables langues insidieuses qu'ils étaient, elle offre de nouveau un regard méfiant à Auguste. Il ne semblait pas avoir changé. Du moins, pas physiquement.

    « Précédemment ? Quatre années, Lestrange. Vous allez devoir faire beaucoup, si vous voulez vous rattraper. »


    Ironise t-elle tout en ajustant ses cheveux qui lui tombait jusqu'à la taille. Sa pâleur attirait toujours autant les regard mais rien chez elle ne valait se regard rosâtre et gris, subtile mélange de couleur presque irréel. Lentement elle se rapproche de son ami, ou ancien ami, qu'importe. Séléné ne savait même plus comment elle devait titrer Auguste après cette absence, mais ce qu'elle savait, c'est qu'il avait disparut pour une bonne raison. Encore une fois, il ne faisait jamais rien sans raison.

    « Pendant longtemps... » commence t-elle, penchant la tête sur le côté, observant de bas en haut. « J'ai cru que j'avais fait quelque chose de mal, pour hérité de ton silence. Ton méprisable silence... »

    Elle avait soufflé cela à son oreille, se penchant vers lui, se hissant sur la pointe des pieds. L'ophidienne princesse glisse un regard le long de la carotide de son comparse alors qu'elle le tutoie, usant de cette familiarité uniquement parce que personne ne pouvait l'entendre.

    « Je t'en veux vraiment Auguste... terriblement. » Claquement de langue contre son palais, elle recule, se retirant en évitant son regard pour offrir une moue faussement boudeuse. « Commencez donc par m'offrir une danse, monsieur Lestrange. Je suis lasse de parler de la politique, je m'ennuie et je tiens à voir à quel point vous voulez vraiment vous faire pardonner. Ce sont les féeries et je veux que ma soirée soit absolument... féerique. »
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    (#) Re: [Terminé] Soirée policée

    missive rédigée par Auguste Lestrange le
  • 03 Juillet 1927 • Domaine du Crépuscule • @Séléné de Valoys


    Elle eut pu être aussi froide qu’il l’est usuellement, à l'appeler ainsi. Auguste n’en convient pas moins la légitimité, qu’elle vient confirmer promptement. Il est stoïque sous son regard, assumant ses choix, et lui laissant la parole. Crépus souhaitera certainement le voir tout faire pour adoucir l'humeur de l’héritière, mais Auguste connaît Séléné mieux que lui et n’a pas l’intention de ramper pour autant. De toute façon, en quoi sera-t-il digne de la courtiser s’il n’est pas même capable de se tenir droit devant elle ? Alors il attend, ayant déjà proféré ses promesses. Lui aussi l’observe, tandis qu’elle se rapproche, et se rapproche encore.

    Bras croisés dans le dos, en une posture d’apparat détendue, Auguste ne recule ni ne frémit à son approche, mais lui glisse simplement, d’une voix des plus neutres : “Vous êtes fort proche, Votre Grâce.” Suffisamment proche pour susciter des racontars, certainement mais qui ne feront peut-être pas autant l’affaire de Séléné que la sienne. Il reste droit, tandis qu’elle recule et à sa demande, lui offre son bras, d’un geste ajusté, attendant qu’elle l’accepte et se tourne légèrement pour requérir silencieusement l’approbation de sa majesté son père avant de l’entraîner loin du dais et vers une piste de danse encore fort encombrée.

    Mais… sans doute plus pour longtemps. Il profite néanmoins du conséquent volume sonore pour ébaucher une réponse à ses invectives.

    Je comprends votre mécontentement. Je serais franc, si vous désirez des explications. Si ce n’est pas le cas, sache que je suis sincèrement navré pour ce que mon silence vous aura fait croire. Il n’a jamais été volontairement malveillant.

    Cela l’étonne même qu’elle eut pu le penser. Il se montre désormais plus prompt à intérioriser qu’à faire voix de ses tracas, mais il ne l’eut jamais battu à froid pour cela. Alors… Pourquoi ? Tous deux ont été confortables en la présence de l’autre par le passé. Peut-être Séléné lui devra-t-elle également des explications sur ce qui a bien pu advenir dans son quotidien qui lui inspire tant d’incertitudes à son égard. Lui n’est cependant pas pressé, tout prêt à lui offrir ce que son cœur peut désirer avant tout le reste. Sortir de sa coquille ne sera pas chose aisée, il n’en a pas l’habitude et ne désire pas la blesser davantage de sa gaucherie.

    Et pourtant, le voilà déjà qui l’étrenne.

    Et vous ? Pourquoi ne m'avez-vous pas contacté ?

    Autour d’eux, la piste de danse se vide pour leur laisser la place, volontairement ou par un coup de pouce de Crépus, il ne su le dire et cela ne l’intéresse guère. Ils sont seuls au milieu du cercle de lumière, l’héritière couleur de lune, dont la peau semble auréolée sous la lueur de son éponyme, et lui, sombre en comparaison. Un bref regard décoché aux musiciens pour savoir dans quelle danse ils souhaitent les plonger avant de revenir à sa cavalière. Il troque son bras pour une prise de circonstance, lui offre un signe et attend que la musique vienne noyer leur discussion pour tous les curieux qui peuvent avoir envie de l’écouter.

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    (#) Re: [Terminé] Soirée policée

    missive rédigée par Invité le
  • Les excuses tombent et Séléné reste là en silence à observer Auguste en chien de faïence comme si elle s'attendait à ce que tout ceci ne soit qu'une vaste blague et qu'il ne lui cache sa véritable raison de sa présence. Mais il avait l'air sincère. La princesse se radoucit sans pour autant se défaire de sa méfiance alors qu'il la guide tranquillement vers la piste de danse.

    « J'aimerais des explications, oui... Je connais mon ami, suffisamment pour savoir que si j'avais fait quelque chose de mal qui aurait mérité l'ignorance comme punition, il me l'aurait fait savoir. Non, je crois qu'il s'est passé quelque chose d'autre, suffisamment grave à ses yeux, pour s'exiler seul, loin des autres... et de moi. »


    Avait soufflé la pâle créature tout en venant contre lui, ajustant sa posture pour entamer une danse douce et presque protocolaire, agréable, mais sans plus. Danser semblait soudainement le dernier de ses soucis bien qu'il en allait de son exigence. Séléné voulait savoir ce qui était arriver à Auguste. Il était forcément arrivé quelque chose. Qu'importe qui ou quoi, mais c'était une certitude.

    « N'inversez pas les rôles, monsieur Lestrange. » répond t-elle de nouveau sur un ton plus froid. « C'est vous qui avez disparut, pas moi. J'ai voulu vous joindre. Une fois, deux fois... Je me suis dit au début que vous étiez simplement occupé, d'où l'absence de réponse de votre part. »

    Séléné ne manque pas de remarquer que l'espace autour d'eux se vide ni même le regard de son père braqué sur eux, suivant chaque mouvement et les fixant tel un prédateurs qui auraient aimé lire sur leurs lèvres pour savoir ce qui se disait. Pas à pas, la danse commence au rythme de la musique dans des mouvements fluides, froissement de tissus, échanges de regards. Il était vraiment bon danseur, tout ce que l'on pouvait attendre d'un homme de son statut. Il faut dire aussi que Auguste avait toujours été de qualités qui faisait de lui un homme d'une compagnie remarquable et son éducation l'avait toujours pousser dans ce sens.

    « J'ai essayé, vraiment... » Souffle la femme avait de revenir porté son regard si particulier sur son ami dans un froncement de sourcils tout juste perceptible. « Au bout de quelques mois, j'ai envoyé quelqu'un pour prendre de vos nouvelles, au cas où... Tout ce qu'il a pu savoir c'est que vous alliez bien, assez pour vous tuer à la tâche, sans rien ne faire d'autre. Alors je n'ai pas insisté et j'ai laissé le temps faire, je me suis dit que mon ami saurait retrouvé le chemin qui mène à moi le jour où il en aurait l'envie... ou le besoin. »

    Avec la musique, on ne pouvait plus entendre ce qu'ils pouvaient se dire mais malgré tout, Séléné s'octroie une marge de manœuvre, tant qu'ils ne seraient pas seuls, elle n'irait pas pousser Auguste à se confier, le pousser dans ses retranchements n'apporte rien de bon, ni pour lui, ni pour elle. La cadence de la danse se veut calme, douce, assez pour profiter d'une proximité nouvelle alors que des regards restent braqués sur eux. Certains attendent avec impatience, comme s'il étaient au théâtre.

    « J'ai la désagréable impression que l'on nous juge, Auguste... »


    Souffle t-elle une fois de puis sans rien laisser paraître par le malaise provoqué par le regard insistant et persistant de l'audience. Depuis la nouvelle concernant sa place d'héritière, sa vie se rythmait à une pression infernale entre les attentes politiques de ceux qui espéraient la manipuler pour leur propre pouvoir et ceux qui espérait trouver le Graal sous ses jupons et lui passer la bague au doigt.

    « Cela te dit de prendre un bol d'air ? Ne te méprend pas, danser avec toi est bien plus agréable que je ne l'imaginais mais je crois que nous serons plus à l'aise loin de ces parasites, pour nous expliquer. »
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    (#) Re: [Terminé] Soirée policée

    missive rédigée par Auguste Lestrange le
  • 03 Juillet 1927 • Domaine du Crépuscule • @Séléné de Valoys


    Ses paroles tendent à la rassurer, au moins n’a-t-il pas entièrement perdu son image auprès d’elle. Un fragment bien suffisant dans sa justesse. Un fragment qui, pour tous les possibles défauts de caractère, affirme qu’il ne possède pas l’un des pires à ses yeux et cela lui suffit. Elle eut pu simplement le renvoyer, ou même lui demander de ne jamais revenir. Elle est encore muselée mais elle est l’héritière, et Auguste doute qu’elle soit une oie blanche dépourvue de toute finesse mondaine. Et si elle l’avait fait ? Il eut certes été débarrassé de toute cette cour mais son image sociale en serait à jamais ternie, la risée du beau monde et ça, il ne compte pas le provoquer. Pour toute la nonchalance que l’on peut afficher dans les classes inférieures à croire que le monde ne tourne pas autours de l’image, il le fait pourtant bel et bien…

    Posture ajustée pour la conduire galamment pendant la danse, Auguste s’assure que le contact ne dépasse pas le nécessaire. Non qu’elle le répugne, mais il ne souhaite pas s’arroger quelque chose qu’elle ne lui eut pas autorisé explicitement. La danse débute avec douceur, sans surprise. Il ne s’est pas attendu à un Charleston ici, mais l’exercice n’est pas désagréable, bien au contraire. Il a même oublié à quel point il peut être agréable, n’ayant pas danser depuis des années si ce n’est de temps en temps, de façon parfaitement anecdotique. “Une saine hypothèse, Votre Grâce. Tout à fait à votre honneur.” Il l’observe avec une douceur qu’il n’eut pas même su feindre, et l’ombre résignée d’un las divertissement. Depuis combien de temps doit-il s’excuser et s’expliquer ? Déjà quelques années.

    Les pas s’enchaînent et Séléné lui fait clairement honneur. Elle, elle doit avoir moult pratiques et cela se devine aisément à la fluidité de ses gestes. Une appréciation qu’il ne cache pas, plus qu’une flatterie. “Vous êtes une excellente danseuse.” Et il apprécie, en fin de compte, d’avoir la piste pour eux, car cela leur permet de ne pas tenir d’autres couples à l'œil en craignant de les bousculer. La danse est une activité qui ne lui demande nullement de porter garde haute, et qui apaise durablement une partie de ses pensées, ou peut-être de cet éclat d’ego malmené par l’indifférence de Nikolaï, sans doute. Qu’importe qu’on les observe, alors, ou plutôt, très bien ! Il sait encore en jouer, bien qu’il ne fut pas le grand maître en la matière. Il ne doute pas de pouvoir asseoir son opportunité.

    C’est le cas.” Il est revenu, mais pas comme elle l’attendait sans doute. Ses traits se parent d’un soupçon de malice, lorsqu’elle se confie, un instant plus tard. “Certainement. Mais avant de nous éclipser, nous pourrions leur donner ample matière à juger, qu’en dites-vous ? Mes explications vous sont acquises, elles ne s'envoleront pas plus que moi.” Il change sensiblement sa prise, lui offre une expression d’attente, d’interrogation. Que la foule ait quelque chose à se mettre sous la dent avant qu’ils ne s’éclipsent pour discuter en paix. Et que leurs familles ne cherchent pas à les déranger immédiatement.

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    (#) Re: [Terminé] Soirée policée

    missive rédigée par Invité le
  • Peu loquace, monsieur Lestrange se contente de répondre au minimum quand sa comparse, elle, s'est rapidement justifié sur l'absence de nouvelles pendant quatre années. Qu'importe, il n'était pas utile de partir dans des sermons monotones et ce que Auguste la complimentait comme une saine hypothèse était surtout le résultat de longues années à le côtoyer. Rien ne lui faisait honneur, Séléné avait juste appris à respecter le caractère de son ami de longue date. Tout le monde avait besoin de temps pour guérir de ses blessures, chacun avait son rythme, il fallait juste savoir faire preuve de patience. La princesse se contentait de faire honneur à cette simple règle.

    Alors que la danse  se poursuit, voilà que l'homme lui offre la possibilité de faire jaser la populace. Vraiment ? Un rictus complice étire les lèvres pâles de la femme qui jette un regard amusé à Auguste. Voilà une activité qu'elle pouvait faire facilement et sans rechigner, après tout, Séléné n'était clairement pas la douce et sage princesse que tous s'imaginait. Mais de là à faire tourner les têtes et faire circuler les racontars... Un plaisir coupable qui la fait frémir jusqu'à la racine des cheveux.

    « Très bien, si vous promettez de ne plus vous envoler, alors donnons leur de quoi causer quelques temps à notre sujet. »

    Nouveau sourire et pas des moindres, c'est cette fois celui d'une femme qui semble comblée alors qu'elle se rapproche plus que jamais de son ami tout en virevoltant de la piste de danse. Il était si facile de jouer la comédie, de faire croire à tous que tout allait bien, elle le faisait depuis toujours car tel était le devoir d'une princesse. Sourire, être belle. Alors Séléné le fait, non sans venir glisser un bras le long de l'épaule d'Auguste, calant ses doigts fins contre sa nuque, effleurant même le bas de ses cheveux. Elle voit déjà des regards, elle sent les murmures sans les entendre. Le jeu était lancé, la fourberie fut à son comble quand Séléné approcha son visage de celui d'Auguste, ses lèvres si proche de sa joue, de la commissures de ses lèvres que s'en était indécent.

    « Maintenant, partons. »

    Comme une enfant qui s'amusait un peu trop, voilà qu'elle embrasse sa joue d'un mouvement rapide avant de se retirer tout aussi vite. Ce fut chaste, taquin, un rire lui échappe et la femme s'écarte pour saisir la main de son ami et s'enfuir hors de la salle dans un éclat de rire. Voilà qui était fait, ces maudits rats allaient avoir de quoi baver pendant des semaines avec ça !

    « tu as vu leur tête ?! »


    Séléné accélère le pas, lâchant la main de son ami alors qu'ils trouve refuge dans la nuit et la fraîcheur du soir de juillet. Libéré de ses contraintes politiques, elle semble s'offrir sous un nouveau jour, tournant sur elle elle en caressant sa gorge avant de lever les bras vers le ciel, s'offrant pleinement à la Lune qui avait tant inspiré son nom.

    « Même après tout ce temps, il n'y a que toi pour m'arracher au griffes de ces rapaces. »


    Un long soupire, le sourire s’efface et la femme laisse ses bras retomber le long de sa robe aussi blanche que légère. Simple étoffe décoré de petit fleurs et de dentelles au légère couleur printanière. Séléné s décale et vient s’asseoir sur un blanc de pierre , une large haie les cachant à la vue de tous les curieux qui pourraient se trouver dans les parages.

    « Auguste... ? » Murmure la pâle créature qui penche la tête sur le côté, posant son regard rosâtre et gris sur lui. « Depuis quand, ton cœur est-il brisé ? » Elle avait fait mouche, n'est-ce pas ? « Qui a osé... ? »
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    (#) Re: [Terminé] Soirée policée

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  • 03 Juillet 1927 • Domaine du Crépuscule • @Séléné de Valoys


    Certaines choses ne changent sans doute jamais dans ce monde en constante évolution. C’est… rassurant, sans doute ? Oui, c’est sans doute un peu rassurant. Avoir la capacité de s’arrêter sur sa route et de retrouver une ébauche de familiarité, de droite et de gauche. Cette soirée ne déroge aucunement à la règle et il se prend à sourire, lui aussi, face à l’âpreté que suggère l’attitude de Séléné. Faire parler le beau monde est un divertissement, pour l’occasion, et un mouvement des plus stratégiques pour lui. S’afficher aussi ouvertement avec Séléné signale sans aucun ambage ses intentions à son égard, et le sérieux de son implication. Cela fait quelques mois, après tout, qu’elle est devenue la demoiselle la plus courue, et il n’a encore vu personne ainsi à son bras.

    Pêche-t-il par orgueil ? Par ignorance ? Mais Séléné lui sourit de nouveau, et il joue le jeu. Son regard océan est doux, captivé, tandis qu’il la mène au son de la musique, ses gestes sont délicats, protecteurs envers elle. Une belle image pour l’extérieur, deux êtres qui se retrouvent après l’éloignement. Intérieurement, pourtant, Auguste est rétif, incertain. Les gestes tendres ne sont pas légions dans une vie qu’il a doté d’un mur, tenant le monde à bout de bras. Il n’est pas des plus tactiles, Auguste, pas même de ses mains alors gantées qu’il n’hésite pas à plonger dans la graisse de baleine à bord d’un navire en Arctique, mais que le contact d’une main humaine trouble et fait se questionner. Il y a les regards extérieurs, pourtant, les flash des appareils photos également, et il n’ose s’écarter.

    C’est lui qui a suggéré cette démonstration, après tout. Et il ne revient pas sur ses décisions. Alors lorsqu’elle effleure sa joue, il se penche, pour lui faciliter la tâche et se prend même à sourire, à l’ordre reçu. Le baiser sur sa joue le surprend cependant, et le laisse un bref instant figé avant qu’Auguste ne la suive diligemment, sentant encore la chaleur de ses lèvres contre son derme et le son cristallin de son rire en écho dans ses oreilles. Il quitte la piste de danse, le pavillon, la terrasse même, main dans la main avec elle. Ses pieds foulent bien vite l’herbe tendre, leurs deux silhouettes ombrées par les cimes des arbres environnants. Un des gronians miniatures a décidé de les accompagner, telle une étrange luciole, se pose sur son épaule alors qu’il s’arrête enfin.

    Non, je n’ai pas pris garde.” En vérité, c’était elle qu’il regardait alors. Séléné semble ici dans son élément, bien plus libre, comme une étoile tombée du firmament par quelque étrange miracle. Elle brille, sous la lueur lunaire, encore éclaboussée de celle, plus colorée, des festivités. Entre deux-mondes. Lui, il se fond dans l’obscurité, à l’image même de ce que son père souhaite qu’il soit, prince consort à ses côtés. Cela ne le dérange pas davantage que de subir les regards du beau monde. C’est un jeu qu’il a appris, quant bien même s’incline-t-il volontiers devant d’autres joueurs, bien plus invétérés. Il doit le lui dire, défait de tout goût pour le mensonge ou la manipulation à son égard. Séléné n’est pas un morceau de viande, bien qu’en l’instant, il eut juré quelle est la fille d’une déité plutôt que celle d’une femme.

    Je ne suis pas le seul, tu t’en tire bien toi-même..” Elle a plus de force qu’elle ne veut l’admettre, mais il espère pouvoir lui inspirer suffisamment de confiance pour qu’elle cesse de se disgracier volontairement. Elle s’installe et il l’observe toujours, avec sa peau pâle et cette robe si humble. L’une des femmes les plus puissantes de cette soirée, habillée avec autant de douceur que les jeunes demoiselles sans lettres de noblesse que l’on a invité pour pouvoir prétendre que ces célébrations ne sont pas élitistes. Un soupir doux quitte ses lèvres, et il ferme brièvement les yeux. Au loin, la musique se poursuit, les voix et les vivats s’égrènent dans le silence extérieur comme des éclats de feux d’artifice perdus. Le calme lui plaît davantage, le silence naturel, la tranquillité.

    Hmhm” hume-t-il à l’appel de son nom, sans bouger, mains dans les poches. Il ne s’attend pas à la question, il ne s’attend pas à sa propre réaction, son recul interne, telle une bête se roulant en boule pour protéger ses organes vitaux, soumis à une attaque. La salive qu’il déglutit le brûle comme un acide tandis qu’il bataille avec ses pensées, avec ses réactions instinctives, avec ce silence qu’il s’impose comme une armure, pour que personne ne puisse le blesser. Pour que personne n’ait d’ascendance sur lui. Il n’a aucune envie d’en parler. Il n’a aucune envie de lui montrer, ni à elle, ni à personne, parce qu’au fond, à quoi bon ? A quoi est-ce que cela servira ? Qu’aura-t-il usage de sa pitié ? De ses bons mots, ou pire, pire ! de conseils.

    Mais le silence est un aveux beaucoup trop libertin, offrant sa toile vierge à qui veut y peindre ses projections et ses pensées. Quitte à choisir, il préfère encore décider très exactement de son sort, que l’outrage soit édicté sous ses termes et aucuns autres. Il est déjà bien assez frustrant de se voir lu comme un livre ouvert après tous ses efforts. “Je ne sais pas si on peut vraiment me prétendre le coeur brisé. Mais je ne doute pas que tu ai déjà vécu pareille occurrence, la répugnance à t’exprimer, ou même à accorder une pensée au problème, de peur que lui donner voix ne l’incarne et le réalise, lui donne corps et force. Tu me vois confronté à ce même dilemme.” Et il n’a aucune envie d’incarner ses peurs, de les appeler à vivre par elles-mêmes.

    Il avance, vient la retrouver bien qu’il reste debout dans l’herbe, l’observe. “Tu m’as demandé des explications sur mon isolement, je crois. Ne préfères-tu pas les avoir ?

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    (#) Re: [Terminé] Soirée policée

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  • Séléné l'observe en silence, chaque mouvement, celui de sa respiration, de sa déglutition, sa façon de se tenir droit les mains dans les poches sans venir prendre place à ses côtés. Tout ces petits détails qui lui faisait comprendre le malaise dans lequel Auguste était soudainement plongé. Son silence valide les mots de la princesse qui qui hoche la tête avec une moue entendu. C'était donc cela, l'amour était le pieu enfoncé droit dans son cœur.

    « Non Auguste, tu te trompes. » La femme croise les jambes sous sa longue robe et dans une posture plus désinvolte, vient s'appuyer sur ses genoux à l'aide de ses bras. « Je n'ai jamais vécu tout cela et ne le comprend pas, tout simplement pas parce que je ne suis jamais tombé amoureuse. » Elle relève la tête, dardant à nouveau son regard sur lui, visage fermé. « Et personne n'est jamais tombé amoureux de moi. Pourquoi quelqu'un l'aurait-il fait ? Depuis toujours, je ne suis qu'un trophée exhibé pour attiré les meilleurs partis jusqu'à ma famille. Et ces derniers temps, plus que jamais, tu l'as vu ce soir, n'est-ce pas ? » Haussement d'épaules, la princesse se cache derrière une moue faussement détaché pour caché la réelle frustration découlant de cette vérité. « Tout le monde n'a pas le droit à l'amour , Auguste. Nous ne naissons pas tous égaux devant lui, qu'importe sa puissance et ce qui en découle, de bon ou de mauvais. Je crains que ce soit une expérience de vie auquel je ne pourrait jamais goûter... Je n'en connaîtrais ni les délices, ni la douleur. Rien. »

    Cette fois son cœur se serre avec violence dans sa poitrine et ses lèvres en font tout autant l'espace d'un instant. Tout ces gens libres d'aimer et ceux ayant la chance d'être aimé en retour. Ceux qui aiment puis perdent l'amour, se morfondent avant de réaliser que l'amour finira par revenir frapper à leur porte un jour. Connaître simplement cet espoir. Rien que cela... Non, Séléné chasse cette idée de sa tête, personne n'éprouverait cela pour elle un jour et ce, même si elle-même tombait amoureuse. De qui, de toute façon ? Qui serait assez fou pour s'accorder le temps de la découvrir sans subir toute la pression politique et sociale qui entourait la pâle créature.

    « Vois-y de la cruauté si tu veux, mais je n'ai ni pitié ni compassion pour les gens qui gâchent leur amour et ce qui le perdent en s'accrochant à des espoirs vains. Sans doute est-ce là le fruit de mon ignorance, qu'en sais-je... Mais cela m'empêche t-il pour autant d'écouter un ami dont le cœur est lourd ? Absolument pas. »

    La princesse bouge de plus belle, pour se lever cette fois, lentement. On ne saurait dire si c'était avec grâce ou non mais sa posture semble ne plus être la même que durant les festivités. Quelque chose de subtile dans son maintient la rend sensiblement différente. Moins droite, moins tendu, plus féline mais pas moins imposante par sa présence. Séléné s'approche de son comparse, lui faisant face et bien que plus petite que lui, elle reste là, tel un roc à soutenir son regard. Lui, la mer, elle, la lune. La tension soudaine est comme la marée que lune et océan s'amuse à créer.

    « Tu as raison, il est temps que tu me donne les explications que tu m'as promis et que tu me dois, Auguste. Même si je commence à me dire que ton retour soudain et ta présence ce soir à mes côtés ne sont pas juste le fruit de ton bon vouloir. Parles. » Ordonne t-elle froidement, sans détour.
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    (#) Re: [Terminé] Soirée policée

    missive rédigée par Auguste Lestrange le
  • 03 Juillet 1927 • Domaine du Crépuscule • @Séléné de Valoys


    Il resta parfaitement silencieux, position de nouveau irréprochable, mains venues naturellement se nouer dans le dos, le regard à présent neutre et stoïque. De toute évidence, il s’est laissé aller trop vite, sans réellement prendre garde à ses paroles, sous prétexte de bons sentiments. C’est grossier, mais il eut dû s’y attendre. On ne blâme pas les autres d’user d’une faiblesse stupidement offerte. Si vexation il y a, elle est remisée loin en lui, comme tout le reste, avec les déceptions, réelles ou imaginaires, et les peines.

    Avec tout mon respect, Votre Grâce, je souhaiterais garder le silence sur de tels sujets. Je suis certain de pouvoir vous entretenir de bien d’autres tout aussi divertissants.

    Sa lente et profonde respiration est là pour servir de métronome et réguler la tentation de couper court. Il n’a pas le droit de ne penser qu’à son confort, après tout, pas dans sa situation. Il n’en reste pas moins frileux face à leur échange dont il ne sait quelle conclusion tirer. Non qu’il cru Séléné volontairement cruelle envers lui, mais tous deux ne se sont plus vus depuis des années et leur expérience de la vie, leur approche, n’est pas la même et s’il tient à être droit envers elle, ses mots ne l’encouragent pas pour autant à tout lui livrer comme il le fit adolescent.

    Devoir narrer les quatres dernières années lui suffit amplement, mais cela est au moins légitime.

    Je suis revenu en France il y a quatre ans, sans savoir si je resterais ou non. Lorsque j’ai décidé de rester, j’ai entrepris de bâtir mon office d’armateur. J’y consacre tout le temps que je peux.

    Le ton est calme, factuel et dépourvu de toute émotivité, derrière son impeccable diction.

    Jusqu’en 1924, ce fut mon unique activité. Bâtir une entreprise d’une telle envergure est une lutte quotidienne. Néanmoins, j’en fus détourné par le décès de mon frère aîné, Alaric.

    Trois ans déjà, depuis que son frère s’est éteint. Il n’a pas vu le temps passer, la douleur reste la même. Alaric n’aurait jamais dû les quitter. Il était alors en pleine forme, un couple formidable et aucun souci personnel. Rien, excepté la guerre silencieuse que la famille Lestrange entretient depuis des années avec les De Médici. Plus le temps passe et plus il a des soupçons, sans juger bon pour l’heure de s’en ouvrir auprès de quiconque. Accuser ainsi une autre lignée n’est pas chose aisée, après tout.

    J’ai été très touché par sa perte, et ce d'autant plus que je dû endosser ses responsabilités d’héritier, auquel je n’étais alors pas préparé. Rattraper le retard d’une vie ne se résout pas en quelques semaines.

    Il retombe dans le silence, l’observe attentivement, Séléné, avec ce halo pâle qui lui fait face. Aucun mensonge dans tout ce qu’il a énoncé, rien d’autre qu’une vérité lisse et dépourvue de toute forme d’implication personnelle. La même pointe mesquine qu’il a ressenti plus tôt, à damner le pion de Nikolaï en s’intéressant davantage à l’ambition paternelle qu’à lui, revient lui chatouiller les côtes. L’un le prend pour un imbécile, l’autre lui tire les vers du nez uniquement pour pouvoir ensuite palabrer sur ses propres problèmes.

    Soit ! Il pince les lèvres, et glisse d’une voix parfaitement plate.

    Voulez-vous d’autres détails, peut-être ? Je suis à votre service et ce d’autant plus que la prochaine fois que je m’ouvrirais à qui que ce soit, ce sera certainement le jour de mon autopsie.

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    (#) Re: [Terminé] Soirée policée

    missive rédigée par Invité le
  • «  Comme il te convient, Auguste, personne ne te force à parler. Tes secrets n'appartiennent qu'à toi et tu es libre d'en parler avec qui tu le souhaite et uniquement si tu te sent prêt. »

    Loin d'elle l'idée de vouloir lui imposer quoi que ce soit, pas sur ce sujet tout du moins. Et qui pouvait se prétendre être un ami, un véritable ami, s'il ne pouvait respecté le besoin d'intimité de son comparse ? Séléné voulait qu'il comprenne qu'à ses yeux, il était toujours son ami et qu'elle avait toujours une profonde affection pour lui. Finalement il faudrait plus que quatre années de silence pour qu'il baisse dans son estime, un bon point pour lui.

    La femme pivote légèrement, posant son regard sur les fleurs et les arbres qui décorait le jardin en écoutant d'une oreille attentive l’explication d'Auguste. Ainsi donc il vouait sa vie à l'océan ? Un doux sourire vient étirer les lèvres de la femme qui joint les mains pour jouer avec ses ongles.

    « Tu as bien fait de t'investir autant, Auguste. Je trouve que c'est une belle voie que tu as choisis. Je n'ai jamais été en mer, ce doit être magnifique. J'espère qu'un jour je pourrait voir ton bâtiment... Si tu m'y autorise , bien sûr. »


    Si cette révélation lui avait mit du baume au cœur, en revanche la suite lui donne l'effet d'un puissant coup derrière la tête. Son sang devient lourd comme du goudron et un frisson désagréable la parcours. Vestige de ses propres souvenirs, de la peur et la douleur, d'un chagrin qu'elle ne parvenait pas à oublié depuis dix ans... Sensation d’étouffement, elle déglutit et porte une main à sa gorge d'un mouvement nerveux avant de porté sur Auguste un regard triste. Un sincère sincère.

    « Par Hécate... Auguste j'ignorais pour ton frère... »

    Malheureusement, toutes les informations ne lui parvenaient pas. Séléné ne pouvait pas tout savoir. Le monde des sorciers étaient plus vastes qu'il n'y paraissait et parfois, bloqué entre les murs du palais, il lui semblait même très lointain. L'homme redevient froid, distant alors qu'il narre la perte de son frère bien aimé avant de faire un trait d'humour sinistre. La princesse tend la main vers lui, glissant ses petites doigts dans la sienne d'un geste tendre et souffle.

    « Il suffit Auguste. » Elle s'approche d'un pas, serrant sa main. « Cesses ces idioties de vouvoiements, nous sommes entre nous ici. Personne n'est là pour écouter... Et en ce qui concerne les détails, tu t'ouvriras à nouveau.. un jour. Quand tu te sentiras prêt à le faire. »

    La douleur qu'il éprouve fait écho à la sienne. Voilà longtemps qu'elle n'avait pas vu quelqu'un éprouver cette même douleur. D'autant que chez les de Valoys, c'était une hécatombe à chaque génération. Elle savait qu'elle aurait dû si faire mais elle refusait de ployer devant le destin funeste de sa famille. Séléné n'a qu'une envie en cet instant... Elle s'approche doucement, retirant sa main de celle de son ami et lève les bras pour entourer ses épaules. Grand comme il est, la pauvre femme se voit forcé de se hisser sur la pointe des pieds, le tirant à elle et niche son visage contre son épaule pour le serrer dans ses bras.

    « Je suis désolé Auguste... je ne connaissais pas ton frère, mais je connais cette douleur... Et je connais la haine qu'elle entraîne, les ravages qu'elle provoque. » Les yeux lui pique, les larmes sont retenues malgré tout. La princesse resserre son étreinte et souffle. « Je t'en prie, ne me repousse pas... Pardonne-moi Auguste, j'aurais dû être prêt de toi... pendant toutes ces années. Rien que je ne puisse dire ou ne puisse faire pourras réparer mon absence et mon ignorance... »

    Elle recule le visage, le relâchant pour prendre son faciès entre ses petites mains, sondant son regard  froid et bleu. Il avait toujours des yeux magnifiques, même rongé par le chagrin, même avec tous les efforts qu'il mettait pour la distance sociale.

    « Merci d'être revenu , mon ami. Merci de d'être confié à moi... Et une fois encore, je suis désolé de ce que tu as dû subir. Mon cœur et mon esprit sont avec toi. Ici, demain... à jamais. »
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    (#) Re: [Terminé] Soirée policée

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  • 03 Juillet 1927 • Domaine du Crépuscule • @Séléné de Valoys


    Personne ne te force à parler. Il serre les dents, ailes du nez frémissantes tandis qu’il se fait violence pour ne pas serrer les poings. Il choisit néanmoins d’y voir une réelle volonté d’apaisement, plutôt que l’image de son ignorance, car c’est une solution à la fois plus saine et bienveillante mais aussi plus élégante. Hors, dans sa situation, jouer d’élégance ne peut, sans aucun doute, pas faire de mal. Auguste offre ainsi un petit geste d’acceptation de la tête, sans se défaire de sa posture, ni du regard prudent posé sur la silhouette spectrale de Séléné. Une branche d’olivier a très certainement été tendue, reste à savoir s’il va se faire frapper avec, ou s’il peut s’en saisir sereinement. Une chance offerte, qu’il espère sincère. Qu’il a besoin de découvrir sincère.

    Mes bâtiments, et vous n’avez qu’à demander. Je ne suis guère difficile à convaincre quand il s’agit de ma passion.

    C’est même objectivement une excellente idée, à tout point de vue. Sa surprise à découvrir qu’elle n’a jamais vu le large est rapidement remisée face à ce constat. L’information est soigneusement notée, mais son récit n’est pas terminé pour autant, et Auguste poursuit donc, non sans une amère satisfaction en constatant son émois. Cela n’a rien d’honnête, sans aucun doute et Auguste le sait. Il déglutit, il se fustige. Séléné n’a eu que des mots malheureux, des mots dont elle n’a sans doute pas les moyens de voir les conséquences, aucun moyen de les anticiper. Là est tout le jeu mondain ! grince une part aigrie de sa psychée, mais une fois de plus, Auguste laisse passer. La rancune n’est guère dans sa nature, après tout, surtout lorsqu’il s’agit d’un tel échange.

    Il ne blâme nullement Séléné, pas pour son absence, explication balayée d’un simple geste de la main. Et lorsqu’elle le réprimande, il glisse en dépit du bon sens :

    Je te vouvoie si tu me traites comme ton vassal plutôt que ton ami.

    Ainsi, ils sont tous les deux à la même page, et ils se comprennent, Auguste n’en doute guère cette fois-ci. Et cette assurance le pousse à refermer délicatement la main sur la sienne. Il n’en reste pas moins interdit lorsqu’elle décide de l'enlacer, le confondant d’un geste. Raidit, aux premiers instants, il se détend légèrement, guère porté sur les contacts physiques. L’étreinte le laisse perplexe. Il est trop gardé, trop emmuré, trop méfiant. Il ne sait pas s’abandonner. Quatre ans, peut-être un peu plus. Le contact en est presque étranger, et si différent de lui. Baissant les yeux, Auguste peut voir le sommet de son crâne et un fragment de sa frêle silhouette. Est-il à ce point dissocié de lui-même qu’il ne ressent que de la gêne à ce toucher ?

    Défait de son attention, il fronce les sourcils, émotions conflictuelles le troublant. Un trouble qui ne s’efface pas tout à fait, pourtant, lorsqu’elle s’écarte. Elle est la seule qui tente, un tant soit peu, de s’excuser, de lui tendre la main même lorsqu’il se mure comme un animal souffrant. Toute gauche que soit l’approche, elle a le mérite d’exister et ça… Il doit bien le reconnaître, c’est inestimable. Fut un temps, il lui eut tout dit, sans faire réellement cas de son statut, si ce n’est en de rares moments choisis. Est-elle en train d’essayer de le manipuler, en jouant de ce passé ? En usant de son évident retrait pour placer ses pions, jouer de ses émotions ? Auguste l’observe, attentivement, mais ne parvient pas à nourrir cette méfiance, ne trouvant rien pour l’étayer.

    Merci.” répondit-il enfin, après un instant ou après une éternité, il n’en est pas certain.

    Sa main s’élève, enlace la sienne avec lenteur. Il ne sent qu’à peine le contact au travers des gants de cuir sombre.

    Je ne t’ai cependant rien dit que tu n’eut trouvé par toi-même au demeurant.

    Il n’aime pas les louanges indues, et n’a pas l’intention de la tromper. Elle est la première à s’excuser, après tout. Il ferme les yeux, soupire profondément. Ses doigts caressent la paume de sa main délicate. Elle fait un pas vers lui. Est-il prêt à faire de même ? S’il désire servir sa famille, il le doit. Offrir plus qu’il ne s’en sent la volonté. Séléné affirme pouvoir attendre et elle le fera sans doute, si elle est franche, mais … Il n’en sait rien. Existe-il même une seule bonne réponse à un dilemme tel que le sien ? Ses lèvres se pincent et sa gorge se serre, un instant, le temps d’une pensée passagère. Lorsqu’il rouvre les yeux, c’est pour s’écarter mais non pour la rejeter. Il fait quelques pas, en inspirant à pleins poumons l’air parfumé de la soirée champêtre.

    Je ne te blâme pas” soupira-t-il d’une voix lasse “ni pour ton absence, ni pour ton ignorance. J’ai choisi de m’éloigner, de quitter la France, et j’ai choisi de me plonger dans mon ouvrage à mon retour. Tu n’as pas choisis à ma place. Et je sais que mes choix n’ont pas toujours été les meilleurs, ou les plus fructueux.

    D’un geste, il l’invite à venir se tenir près de lui, aux abords de l’eau.

    Parler n’est pas chose aisée pour moi. Cela n’apporte rien de bon, dans nos cercles. J’ai simplement prit l’habitude de ravaler et de faire bonne figure. Je parle encore, avec Arsène, avec Camille, avec Neith, parce qu’ils ne m’ont jamais… donné une raison de ne pas le faire. Mais toi et moi, cela fait longtemps. Je ne suis plus le jeune homme que tu as connu et tu es certainement une femme comme je n’en ai jamais croisé.

    Son regard reste un moment perdu sur la surface de l’eau, sombre, frémissante. Il inspire de nouveau, essaie de se détendre de nouveau. Oui, elle est certainement différente, mais sans doute pas en mal. C’est lui dont les yeux sont couverts d’un voile ternissant tout ce qui l’entoure. Il reste silencieux, les minutes s’égrènent tandis qu’il se perd dans ses pensées, dans la contemplation de la nature, Séléné à ses côtés. Lorsqu’il parle de nouveau, c’est avec une douceur sincère, et un affect plus détaché.

    Père souhaite que je t’épouse. Mais en t’approchant sur le dais, je me suis sentit incapable de te traiter comme une simple transaction. Ça ne me rend pas meilleur que tes autres prétendants, mais sourire, t’apaiser et te charmer, coudre mon absence de fils blancs pour que tu l’acceptes et passe simplement à autre chose… Je n’y arrive pas. Je n’en ai pas envie.

    Il se tourne de moitié, vers elle, l’observe.

    J’aimerais pouvoir te retrouver, avant tout. Si tu l’acceptes. Et… me sentir à nouveau capable de me confier.

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    (#) Re: [Terminé] Soirée policée

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  • IL s'éloigne et Séléné le laisse faire. L'instant de tendresse qu'il venait de partagé fût éphémère mais particulièrement agréable, car pour la première fois depuis des années, la princesse   avait le cœur plus léger à l'idée de retrouver son ami, de renouer avec lui. Une chance, n'est-ce pas ? Qui n'était sans doute pas accordé à tout le monde. Combien de personne Auguste avait-il laissé de côté, combien avait pu souffrir de son absence tout comme elle ? Quelque uns sans doute.

    « Qu'importe que tes choix n'aient pas été les meilleurs ou les plus... fructueux. Tant qu'ils étaient bon pour toi, Auguste. Nous avons tous une façon différente de gérer notre peine et personne d'autre que toi, ne sait ce qui est bon... pour toi. »


    La princesse hoche la tête doucement, s'approchant du bord de l'eau suite à l'invitation de son comparse. Les paroles du Lestrange lui semblaient... bizarres. Après tout, pour qui, ces choix semblaient si bancales ? Qui pouvaient se targuer de juger cela sans savoir ce que le jeune homme avait dans la tête et dans le cœur ? Ce raisonnement était stupide, dans le chagrin, il y avait rarement de mauvais choix. La seule chose à faire était de s'avouer être malheureux et trouver une solution pour survivre à cette douleur. Se relever quoi qu'il arrive, qu'importe la façon et le temps que cela représentait.

    « Ne met jamais en doute ta force de résilience mon ami, car dans les moments les plus durs et violents de la vie, elle est notre plus précieuse alliée. »

    Pourtant sous ces bonnes paroles, Séléné tique sur un détail qui vient la chagriner. Ainsi il l'avait ignoré pendant des années pour des raisons évidentes, mais avouait avoir gardé contactes avec pas moins de trois personnes dont deux de sa connaissance.

    « Donc, eux t'ont donné une raison pour garder le contacte avec toi... mais pas moi ? »
    Un froncement de sourcils trahit l'émotion qui la traverse alors que ses yeux restent rivé sur l'eau. « Et moi qui croyait avoir fait quelque chose de mal pendant tout ce temps... tu dis n'avoir jamais croisé une femme comme moi mais, malgré tout, tu as choisit de me laissé de côté au détriment d'autres personnes que tu as jugé..plus fiable ? Oh et qu'importe de toute façon, qu'est-ce que quatre années à côté de presque vingt ans d'amitié. »

    La femme pivote, semblant à nouveau sur le qui-vive, la colère tendant ses membres. La princesse perd de nouveau patience, le désarrois dans le regard, rendant sa voix tremblante.

    « Tu... tu... » Elle cherche ses mots, serrant les poings, serrant les lèvres. « Tu sais à quel point je me suis fait du mourrons pour toi ? Tu sait à quel point ça a été dur de t'attendre ? J'ai fais ce choix, pour toi. Parce que je t'aime, parce que tu es mon ami, Auguste. Toutes ces années je suis resté en retrait en me disant que c'était mieux ainsi alors que j'étais morte d'inquiétude. Ce n'est pas juste, de me dire que eux ont eu le droit de te voir et de te parler alors que moi je croyais être punis pour une faute que je n'ai finalement, jamais commise. »

    Un long soupir lui échappe, la colère se change en vague de peine alors que les épaules de la princesse s'affaisse comme si elle devait porté le poids du monde sur ses épaules. C'était si compliqué, ces retrouvailles. Séléné adorait tellement Auguste mais il était si dur de le comprendre son raisonnement.

    « Me voilà donc qui te pose de nouveau la question, à savoir... qu'est—ce qui t'as fait changé d'avis et t'as fait revenir vers moi ? »

    Et la réponse tombe, comme un couperet. Séléné peine à en croire ses oreilles mais la douceur dans la voix de son ami lui coupe l'herbe sous le pied. Elle oublie sans petite rancune qui semble soudainement dérisoire face à l'annonce qui vient de tomber. Démunie, elle le fixe avec des yeux ronds.

    « Toi ? M'épouser ? »

    Le sol lui donne l'impression de se fendre sous ses pieds. Séléné reste interdite un instant, écoutant Auguste qui, dans sa grande sincérité, lui explique être incapable de la traité comme une vulgaire marchandise. Toute colère la quitte et cette fois, pour de bon et c'est avec un regard remplit de compassion qu'elle s'approche à nouveau de lui, plongeant son regard dans le sien.

    « Auguste... ? Moi aussi je veux te retrouver, je veux retrouver notre complicité... Mais accepter ce mariage ce serait accepter de t'enfermer dans une cage. Tu ne serais pas heureux... tu ne serais pas avec la personne que tu aimes. Je ne veux pas être celle qui te fasse subir cela. »

    Non pas qu'elle le refusait comme prétendant, après tout il était tout aussi légitime que les autres de vouloir sa place à ses côtés. Mais tout ça, c'était Crépus qui le voulait, non Auguste. Et cela rendait la situation terriblement triste.

    «  Tu sais, j'ai régulièrement la visite de prétendants... Ils sont là, assit en face de moi à exposer leur richesse, à me dire à quel point une alliance entre nos familles serait bon. Je vois dans leurs yeux l'envie de pouvoir, l'avarice, pour certain même un excès de luxure... » Soupir long, elle enserre doucement le bras de son ami et plonge à nouveau son regard sur l'eau sombre qui leur fait face. «  Tu sais ce qui me rend triste, avec tout ces hommes ? C'est qu'aucun ne projette un avenir maritale avec moi. Ils sont là parce que des pères les y poussent ou bien leur attrait pour le pouvoir. Aucun n'est là pour une bonne raison... Et tu sais qu'elle est la pire ? C'est qu'aucun de ces hommes n'envisage que je puisse... prendre soin d'eux, si je devenais leur femme. »

    Elle lève de nouveau les yeux vers Auguste, larmoyant. La femme sourit tristement avant de venir chasser une larme de sa joue.

    « Tu dois trouver ça idiot, n'est-ce pas ? Les enjeux sont énormes et tout le monde courre après un pouvoir factice, une couronne inutile... Et moi tout ce que j'attends, c'est un homme qui voudrait simplement de moi et dont je pourrait prendre soin. Je sais que ce ne sera jamais un mariage d'amour, mais je sais que cela n'empêche en rien un couple de prendre soin de l'un et l'autre. Je voudrais... une personne qui accepte mon affection, qui soit content de me voir lorsqu'il rentre le soir, qui... »


    Accablée, la jeune femme pose son front contre le bras de son ami, s'aggripant à lui d'un geste tremblant. Séléné n'avait jamais confié cela à personne, ce besoin de faire simplement partit d'une famille. Un mari, une femme, des enfants. Un tout, et rien d'autre. Pas nécessairement amoureux, mais une union pleine d'affection et de respect, un bonheur réel dans le cocon d'un foyer uni. Quelque chose à l'opposé de ce que ses parents ont toujours été. Elle inspirait à plus, à quelque chose de simple mais de concret.

    « Et toi, si j'acceptais...tu me laisserais m'occuper de toi ? Me laisserais-tu, prendre soin de toi ? »
    Elle presse un peu plus son front, ses larmes perlant sur la manche d'Auguste. « Si tu t'enfermais dans cette cage avec moi, me donnerais-tu la possibilité de te donner toute ma tendresse... ? »
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    (#) Re: [Terminé] Soirée policée

    missive rédigée par Auguste Lestrange le
  • 03 Juillet 1927 • Domaine du Crépuscule • @Séléné de Valoys


    Elle répète ses mots et Auguste fronce un instant les sourcils, pris d’un doute. A-t-il mal articulé ? Ce serait bien la première fois. Lors de ses années comme marin, il a écopé d’un certain nombre de surnoms plus ou moins malheureux en rapport à ses manières, et plus que tout, en rapport à son impeccable diction. Il fut incapable de se discipliner à parler comme un homme du peuple, quand bien même eut-il essayé de toute sa volonté. Non, il n’a pas mal articulé. Quoi alors, est-elle si surprise ? Crepus n’a pourtant jamais caché ses ambitions, et il est bien difficile d’ignorer un homme comme Crepus Lestrange, emblématique dans le paysage mondain comme culturel. L’ébahissement de Séléné le perturbe, mais il n’en hoche pas moins la tête pour confirmer l’information.

    La confession de Séléné est accueillie avec attention, compassion même en dépit de tout et nonobstant toutes les règles d’usage, Auguste noue un bras autour d’elle. D’une pression ferme mais tranquille, il l’incite à se rapprocher, lovée dans son étreinte, tandis qu’il lui caresse le dos. Des gestes simples, dénués de toute lascivité. En l’état, il enterre l’idée de répondre réellement aux questions qu’elle a posées sous le coup de la vexation, des réponses qui ne feront que l’accabler davantage et à élimer leur relation persistante plutôt que la renforcer. En lieu et place, il musèle ses émotions, les rangeant précautionneusement pour ne se concentrer que sur elle, et sur ce qui semble lui peser. Sur ce qui la fait trembler contre lui, et pleurer.

    Séléné ?” appelle-t-il paisiblement, lassitude masquée sous la douceur. Il ne la repousse pas, bien que son étreinte ne fut pas constrictive, et qu’elle put s’éloigner à tout instant. Il attend un instant, puis se décide à poursuivre. “Tes souhaits n’ont rien d’inepte.

    Rien, si ce n’est la vérité. L’aspiration de Séléné est simple mais fondamentale, au sein d’un couple et un instant, Auguste goûte l’ironie de la voir revendiquer une rôle si traditionnellement féminin alors qu’elle est l’image même du progrès sociétal exigé par les féministes. Mais de cela aussi il se garde en l’instant. Ce n’est sans doute pas ce qu’elle a besoin d’entendre. Certainement pas ce qu’elle peut entendre. Et quoi qu’il se drape de givre, Auguste s’accroche à son empathie, à son humanité. Il ne désire pas la blesser.

    Ça te pèse beaucoup, j’imagine ? D’être ainsi courtisée sans égards pour le fondement même de la sacralité d’un couple ?” Il eut menti en prétendant s’être attendu à ce qu’elle y soit si attachée, et néanmoins, il ne peut que se sentir, en un sens, soulagé.

    Son regard s'égare sur l’eau sombre, tâche d’encre ondoyante sous le vol d’un oiseau nocturne. Personne ne pourrait rêver d’une meilleure situation à moins, comme il le fit plus jeune, de s’éprendre de romantisme. Une femme cherchant un rôle conservateur, désireuse de construire un marriage solide, et au sein d’une lignée au prestige pluricentenaire. Seul un utopiste s’y refuserait, ou un imbécile vraiment. Il n’est ni l’un ni l’autre, et la perspective de ne pas se battre tout au long de sa vie lui plaît. Mais est-ce suffisant, ça, il est beaucoup plus périlleux d’en jauger.

    Tu parles d’une cage. Est-ce le mariage que tu illustres, ou ton nouveau statut ? Ou bien les deux, peut-être ? Je ne t’en blâmerai pas davantage.” Lui-même ne voit pas les choses ainsi, mais qu’il l’exprime sur le moment, lorsqu’elle est prise dans ses propres émotions, ne servira à rien. Il préfère tout autant la laisser s’exprimer. Il a l’habitude, après tout. “Si tu acceptais, penses-tu que je mérite ta tendresse ? Tu ne préfèrerais pas que l’on apprenne de nouveau à se connaître avant d’en arriver là ? Ta vision d’une union, je la comprend, et je la trouve très saine, même si j’espère que tu aspires aussi à pouvoir te réaliser par toi-même… Qu’est-ce que tu en dis ? Ton conjoint, quelle que soit son identité, ne sera qu’un consort, pas le roi. Il faudra qu’il puisse aussi prendre soin de toi et te soutenir dans ton interprétation de ton devoir…Ce n’est pas à sens unique.

    Il construit un sourire, penche la tête en s’écartant juste assez pour trouver son regard, une main en coupe contre son visage délicat. “Et puis, tu sais… Il n’y a bien que nos pensées modernes pour décréter qu’il n’existe qu’une seule façon d’aimer. As-tu déjà lu les philosophes helléniques ?

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    (#) Re: [Terminé] Soirée policée

    missive rédigée par Invité le
  • La tendresse de l'étreinte calme les battements du cœur de la princesse. Auguste avait toujours eu ce pouvoir sur elle, même quand il était jeune et qu'elle fuyait les dortoirs pour diverses raisons. La calmer, la rassurer, que ce soit par un geste doux comme par son talent d'orateur. IL trouvait toujours les mots, lui donnait l'impression que ses pensées et ses désirs n'avaient rien de ridicule quand elle, pensait le contraire. Un long soupir échappe à la femme, rassurée à l'écoute des paroles de son ami. Il était le premier prétendants avec qui elle pouvait évoquer sa vision du couple, qui l'écoutait et semblait la comprendre.

    « Oui cela me pèse, cela me met très en colère aussi... Je vis dans les faux-semblants depuis toujours, c'est mon rôle d'être au devant de la scène et de montrer au gens ce qu'ils veulent d'une princesse. Moi j'aspire à des choses plus simple et plus saine. J'aimerais au moins que dans le domaine du privé, je puisse vivre une vie de famille heureuse. »

    Tout comme lui, elle fini par tourner le visage pour observer l'eau sombre, profitant du calme qui les entoure et que son esprit se soit un temps soit peu apaiser. Nouveau soupir, elle reste blottit tout contre lui. Depuis combien de temps n'avait-elle pas eu ce genre de contactes avec quelqu'un ?

    « Les deux, s'il on veut... Mais si je trouvait quelqu'un qui avait cette même vision que moi du mariage, alors la seule cage serait évidemment le poids de la couronne, l'autre deviendrait incontestablement une source de liberté, ce serait des moments de refuges auprès d'une famille nouvellement formée. »

    La suite fait bondir le cœur de la princesse de verre. Relevant le visage, elle chasse ses larmes d'un mouvement rapide alors qu'Auguste exprime à nouveau son besoin de se reconnecter à elle et mieux encore, de retourner son besoin dans le sens inverse. Que le consort prenne soin d'elle. C'est vrai, elle n'avait pas forcément vue la chose comme ça, tellement focaliser sur le fait de devoir tout sacrifier pour les autres.

    « Cela fait si longtemps que je fais tout pour les autres jusqu'à m'oublier moi-même... »
    Murmure t-elle avant de retrouver un semblant de sourire. « Cette idée me plaît bien, Auguste. »

    Alors que sa main chaude se glisse contre sa joue, elle presse son visage pâle contre sa paume tout en offrant un sourire d'une douceur sans pareil et avec une sincérité déconcertante. En peu de temps, le sorcier avait trouver tous les mots pour lui redonner du baume au cœur et l'espoir nécessaire. Peut-il serait-il le bon, peut-être pas, mais il partait clairement avec un avantage que les autres prétendants n'avait pas. Sa compréhension des émotions de sa comparse était tout à son honneur et cela pouvait se voir dans le regard de celle-ci, à présent pétillant comme jamais.

    « Je ne les ai jamais lu mais j'en connais quelques noms... En revanche je suis d'accord avec toi, je suis une grande adepte de l'amour inconditionnel. L'amour, lorsqu'il est vrai, n'est pas forcément romantique. Il peut s'agir de l'amour d'un parents, d'un ami... Qu'importe sa forme, l'amour doit rester ce qu'il est... l'amour. Nous devons l'accepté et nous montrer pleins de gratitude lorsqu'il se présente. »

    Posant doucement sa main sur la sienne, soutenant toujours son regard. C'était la conversation la plus profonde et agréable qu'elle avait eu depuis des lustres. C'était là un cadeau magnifique que venait de lui offrir son ami sous le couvert d'une nuit d'été.

    « Je te fais mes plus sincère excuses pour m'être bêtement vexé. Et je te remercie du fond du cœur pour chaque paroles que tu as eu pour moi ce soir, pour chaque gestes tendres et le réconfort que tu m'as apporté. Je n'ai jamais oublié à quel point conversé avec toi était agréable Auguste, mais après tant d'années sans pouvoir le faire, bénéficier ce soir de ta sagesse et de ta bienveillance me donne envie de me battre pour notre amitié plus que jamais. »

    Elle retire la main du jeune homme de sa joue et recule, se séparant de lui et sourit de plus belle. Elle l'admire, là dans la pénombre, de haut en bas et murmure.

    « Malgré ton chagrin et tout ce qui te pèse, je suis fière de voir ce que mon ami est devenu. Tu es un homme à l'esprit remarquable et au cœur aimant. Fais moi une promesse, veux-tu ? Ne perds jamais ces qualités Auguste, parce que ton humanité est indéniablement le plus beau cadeau que tu puisse offrir à qui saura en voir la valeur. »

    Elle lève le bras, ferme le poing et lève le petit doigt, comme lorsqu'ils étaient encore des adolescents. Elle lui offre soudainement son plus beau sourire, joyeux et chaleureux, celui qui n'avait rien à voir avec les sourire de façade qu'elle offrait au reste du monde.

    « Promis ? » Elle insiste en tendant son petit doigt vers lui, espérant qu'il le crochète de la même manière. « Retrouvons nous, mon ami. Apprenons à nous connaître à nouveau, apprécions chaque instant que nous aurons à nous offrir mutuellement. Je te promet d'apprendre à accepté que l'on puisse prendre soin de moi. »
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    (#) Re: [Terminé] Soirée policée

    missive rédigée par Auguste Lestrange le
  • 03 Juillet 1927 • Domaine du Crépuscule • @Séléné de Valoys


    Tout faire pour les autres jusqu’à s’oublier. Entendre cette affirmation, qui cristallise l’essence même de ses peurs les plus profondes, fait naître un frémissement glacé le long de son échine. Perdre son identité, perdre sa personnalité, tant de sacrifices pour ne devenir, dans la réussite, qu’une image des attentes des autres. Révoltant pense-t-il et déglutir lui donne soudain l’impression d’avaler de la bile. Il ne s’en ouvre pas sur l’instant, estimant ne pouvoir rien apporter d’utile à ses paroles, et préférant au contraire prendre note de sa satisfaction aux idées qu’il lui soumet. Une brève ébauche de sourire crochète ses lèvres, un instant, avant qu’il ne hoche la tête, glissant avec une chaleur volontaire et une pointe de taquinerie : “M’en voilà fort aise… Votre Grâce”.

    Au-delà du trait d’esprit, Auguste est réellement soulagé qu’elle ne se soit pas suffisamment perdue pour refuser d’imaginer prendre soin d’elle-même. Il n’aurait sans doute pas eu la volonté de la convaincre. Et puis, il faut bien avouer qu’en dépit du bon sens qu’il profère, lui-même choisit souvent de ne pas l’appliquer, et que l’exercice gorgien n’est pas de ceux avec lequel il est le plus confortable. En outre, l’acceptation que Séléné lui offre nourrit un faible espoir, timidement entretenu. Lui aussi, espère une relation maritale heureuse, qu’il s’agisse de Séléné, de Nikolaï, ou de quelqu’un d’autre. Nikolaï ne semble nullement désirer s’unir à lui, de cela, il est à présent certain, tandis que Séléné semble l’accepter et plus que cela, en accord avec sa pensée.

    Tout à fait” souffle-t-il sans que sa parole ne soit suffisamment ferme pour couper les réponses de Séléné, l’accompagnant davantage qu’il ne cherche à la supplanter. Jusqu’au bout, il la laisse s’exprimer, et avec un rire léger, qu’il n’eut imaginé lui-même produire, trace une croix sur son torse du petit doigt avant de venir crocheter le sien. “Promis. Et je te jure de faire de même. Un échange de bons procédés.” Nul doute que ce sera aussi périlleux pour l’un que pour l’autre, mais c’est la première fois qu’Auguste y pense avec sérieux, conscient pour une fois des implications que cela aura sur leur relation et ce qu’elle peut devenir. En outre… s’il prend place à ses côtés, prendre garde à sa santé permettra également que Séléné ne s’inquiète pas inutilement pour lui.

    Notre médecin de famille sera sans doute verte de jalousie, d’apprendre que tu as réussi à m’arracher un tel vœu là où elle s’y acharne depuis des années.” Confession sans doute portée par une courte honte pour l’abnégation dont Léonor peut faire preuve. Relâchant Séléné, il se redresse, se raclant légèrement la gorge avant de pince les lèvres, et de secouer la tête, retrouvant lentement un peu de son habituel calme de surface. Avec un peu de recul, tous deux ressemblent sans doute davantage à deux adolescents tentant de naviguer leurs retrouvailles par l’aval qu’à toute autre image, n’en déplaise à son orgueil de lettré. Inspirant profondément, Auguste laisse l’idée faire son chemin, et jette finalement un coup d'œil à sa montre.

    Quelque quarante-cinq minutes se sont écoulées, entre la danse et la discussion, mais il doit encore avoir un peu de temps. Il ne désire pas se presser. “C’est ton droit, de te vexer. Peu importe si c’est légitime ou non, nous sommes ainsi fait que nos émotions ne sont pas souvent logiques ou raisonnables. Le tout est de savoir quoi faire d’elles ensuite. Tu ne seras sans doute jamais satisfaite de chacune de mes décisions, mais c’est tout naturel, je ne suis pas plus sage que toi, ou que qui que ce soit d’autre.” Avec un léger signe de la tête, le regard attentif, il précisa néanmoins promptement sa pensée. “Je n’essaie pas de te faire la leçon, uniquement de te dire que tu n’as pas à t’excuser à mes yeux. Je sais que mon attitude ces quatre dernières années a laissé à désirer pour nombre de mon entourage.

    C’est même sans doute peu dire, et il le reconnaît volontiers, ou aussi volontiers que la réalisation de sa propre faillibilité est susceptible d’être reconnue. “Je suis touché que tu penses tant de bien de moi, mais je t’assure que je l’ai peu mérité par le passé. J’espère, pour ce que cela vaut, le mériter davantage à l’avenir…” Il cessa, les yeux allant et venant sur un axe invisible, cils et lèvres frémissantes, tandis que l’exhalaison affaisse ses épaules. L’hésitation de l’animal blessé fait frémir ses nerfs et ses pensées. Gorge sèche, alors qu’il confie finalement, avec cette droiture résignée qui le conduisit chez les Romanov voilà quatre ans. “Séléné ? Je tiens à ce que tu en sois certaine, tu n’as rien fais de mal, toutes ces années. J’ai mes raisons d’avoir agi comme je l’ai fait, bonnes comme mauvaises, mais je te demande… je te prie de ne plus te ronger à ce sujet. EN fin de compte, je dors dans le lit que j’ai fait pour moi-même et c’est tout… J’essaie d’y remédier. C’est juste… très lent et très dur.

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