[TERMINÉ | Chasse] Rituel des forêts du Gévaudan | Event 2.2

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Chaleureux comme à l'accoutumé, la bonne humeur d'Auguste ne manque pas de promettre de beaux échanges une fois les chevaux harnachés et les cavaliers sur le départ. Si les mois d'été fussent difficiles pour le Lestrange comme pour le d'Apcher, impuissant devant la souffrance de son ami le plus proche, sa convalescence désormais terminée laissait place à de nombreuses heures passées ensemble à filer plus vite que le vent dans les forêts denses du domaine. Le loup blanc espérait que l'héritier n'avait rien perdu de ses talents de cavalier, il comptait bien prendre part aux paris lancés sur la chasse. Mais pour l'heure, sa tâche était toute autre, bien qu'il pris le temps de s'esclaffer de bon coeur au chuchotement de son ami.

« Par la lune, elle serait bien capable de nous ravir la tête du cortège. Je m'en renvient prestement, que chacun se tienne sur le départ. »

Ces mots prononcés, Arsène se mit en marche vers la jeune femme indiquée, le pas rapide et assuré. Les éclats de voix des deux commères ne semblaient point indiquer que la demoiselle fusse traumatisée mais mieux valait s'en assurer lui même avant de les laisser aux occupations qui seraient leurs lorsque la cour se serait vidée des chasseurs déterminés à ramener du gros gibier.

« Pardonnez mon intrusion, j'espère ne pas vous couper dans quelques importants échanges. Je suis le Baron d'Apcher, et je... »

Alors qu'il avait dans un premier temps fixé de ses yeux d'ébène la protégée d'Auguste toute de rouge vêtue, lorsque son regard se posa sur l'interlocutrice ayant fait les frais de l'amicalité démesurée d'Argos, la gorge d'Arsène s'assécha soudainement et sa voix lui fit défaut. Frappante ressemblance qui lui eut fait croire à une vision d'une autre époque, le Baron n'en croyait pas ses yeux.

Devant lui, une jeune femme au teint clair et aux longs cheveux bruns se tenait droite. Peut être attendait-elle qu'il indique la raison de cette grossière intervention, mais il fallu plusieurs instants pour que le loup blanc ne reprenne finalement contenance. Par la lune, cette jeune femme ressemblait trait pour trait à sa mère durant ses plus belles années. Ses yeux clairs pénétrants étaient du même bleu qui vous saisi jusque dans la chair, et certaines de ses expressions faciales étaient telles que l'on croirait volontiers à une réincarnation. Pourtant, Dorimène était vivante, bien vivante même, affairée non loin de là à quelque discussions.

Tâchant de masquer son trouble, Arsène secoua légèrement la tête dans un geste à peine perceptible avant de poursuivre la phrase qu'il avait si facilement laissé se mourir devant cette vision chimérique.

« Je vous prie de m'excuser. Je ne vous importunerai que quelques instants, vous avez ma parole. L'on m'a rapporté que l'un de mes chiens vous avait sauté dessus un peu plus tôt qu'à cette heure. Je tenais personnellement à vous présenter mes excuses, et m'assurer que vous vous sentiez bien. Êtes vous blessée ? Avez vous besoin de quelque chose avant que nous partions pour la chasse ? »

Il tourna la tête vers la seconde inconnue ainsi que l'homme les accompagnant et dont l'odeur n'était pas sans rappeler celle qu'il connaissait si bien des membres de sa meute. La présence d'un loup inconnu le mis légèrement en tension, mais il le cacha bien.

« Cela vaut pour vous également, si je peux faire quoi que ce soit pour vous être agréable, dites le et considérez cela comme fait. »

D'aucun ne pourrait affirmer sans mentir que les manières du Baron étaient rustres et grossières. Bien que le temps lui manquait, il tenait particulièrement à s'assurer du bien être de ses convives avant de les abandonner aux bons soins de sa mère qui resterait pour s'assurer que tout se passe convenablement en son absence. Une fois cela fait, la cavalcade pourrait enfin commencer, il laissait à plus tard les questionnements quant à cette ressemblance troublante entre l'inconnue de l'Empire des Sens et la louve rousse d'Apcher...

L'oeil avisé de Tatiana capta toutes les nuances dans le visage angélique de sa douce amie, et si elle y découvrait les tourments d'un cœur en éveil, elle n'en fit aucun commentaire. Elle se savait de nature taquine, comme la reine des fées dont elle empruntait le nom, mais elle ne serait jamais cruelle. Surtout pas envers la délicate Alice. L'oiselle se contenta alors d'un sourire de connivence et préféra passer à un autre sujet, histoire de ménager le palpitant de son amie.

Le compliment sur sa tenue lui apporta une délicate carnation sur les joues, complimentant son discret maquillage aux couleurs de corail et de chocolat poudré. Un petit sourire, presque timide, lui monta aux lèvres et elle détourna pudiquement la tête pour boire une gorgée de vin rouge. C'était la première fois qu'elle pouvait parler de sa relation à quelqu'un d'autre que sa mère ou de sa sœur adoptives. Et Tatiana se rendait compte qu'elle était beaucoup plus timide sur ses affaires de cœur qu'elle ne l'aurait cru.

L'approche de l'inconnu lui fit un instant oublier cette pudeur et elle l'observa sans cacher sa curiosité. Il avait des traits peu familier, même pour elle qui avait voyagé dans toute l'Europe et fait de nombreuses rencontres en tant qu'ancienne circassienne. Ses tatouages trahissent peut-être un passif de marin, mais elle ne saurait réellement le confirmer sans plus d'indices. En le voyant si familier d'Alice, l'oiselle s'interroge encore, mais elle n'ose poser des questions. Elle lui rend sa salutation d'un petit signe de tête et se présenta avec douceur et sans aprioris à son égard :

“- Enchanté. Tatiana du Cirque, c'est un plaisir de faire votre rencontre, monsieur. Les amis d'Alice sont aussi mes amis.”

Et en parlant de son amie, elle se retourna vers elle sans perdre un seul instant cette légère rougeur sur les pommette alors qu'elle se confit :

“- Tu as deviné juste, Alice. J'ai trouvé galant ET je vais devenir une étoile montante... car j'ai maintenant un mécène pour soutenir ma carrière.” Avoua-t-elle dans un murmure de confidence, légèrement penchée vers son amie.

Et alors qu'elle lui confiait ces quelques aveux, son regard se leva instinctivement vers les silhouettes lointaines des cavaliers. Ses prunelles s'accrochèrent à celle de son galant, qu'elle trouvait toujours aussi distingué et élégant dans cette tenue. Sans pouvoir détourner son attention d'Alekseï, elle enchaîna distraitement :

"- Mais je n'ai pas été engagée ce soir par le Baron d'Apcher. J'accompagne mon galant... en portant la tenue qu'il m'a offerte. Il travaille au bureau de la coopération magique internationale.”

Toutefois, son élan mourra sur des lèvres corail quand elle craignit soudainement de se vanter auprès de la mauvaise personne. Alice ne connaître peut-être jamais l'amour à cause de son travail et encore moins un mariage ou une vie de famille quelconque. Il serait alors méchant de s'engorger ainsi devant elle. Tatiana balaya le sujet d'un petit geste de la main, secrètement mortifiée de sa bévue, pour enchaîner avec entrain et naturel :

"- Mais ce n'est pas important ! Alice, est-ce réellement ta première sortie officielle ? Et pour rien de moins que la première apparition officielle du nouveau Baron du Gévaudan, Arsène d'Apcher... et tout ça lors de l'événement annuel le plus attendu de toute la région : la Chasse Sauvage !?” Elle lui serra tendrement une main, sincèrement heureuse pour son amie. "Quel magnifique début ! Oh Alice... Ta carrière va s'envoler après ce soir ! Alors ne te préoccupe pas de l'incident de tantôt, tu n'y es pour rien et tout le monde... Oh.”

Le regard toujours en partie tourné vers les cavaliers, Tatiana n'avait pu manqué de voir venir la personne dont elles faisaient l'éloge. Elle déposa son verre de vin et fit signe à son amie de faire de même avant qu'elle ne se lève et ne salue le Baron quand il s'arrêta à leur hauteur. De près, Arsène d'Apcher était encore plus intimidant que le laissait entendre la rumeur. Pour Tatiana, elle sentait son lapin se recroqueviller et trembler sous l'ombre imposante du sorcier, absolument terrifié par la bête muselée qu'elle y devinait instinctivement.

Heureusement, il ne s'adressa pas à elle en premier ce qui lui laissa quelques précieuses secondes pour retrouver contenance. Tatiana mit en usage tout ce qu'elle avait appris lors de ses nombreuses leçons d'étiquettes et attendit patiemment, dans une position d'attente élégante, que ce fut son tour. Elle nota toutefois la légère hésitation chez le Baron et coula un regard intrigué vers Alice. Se connaissaient-ils d'ailleurs ? L'oiselle doutait que l'homme soit du genre à fréquenter des lupanars, considérant sa relation avec la Princesse Roksana Romanov, portée disparue depuis quelques semaines... mais qui sait ?

Tatiana musela toutefois sa curiosité, consciente qu'elle pourrait l'étancher auprès d'Alekseï une fois la chasse terminée. Sûrement son galant aurait eu vent de telles rumeurs ou bien pourrait-elle les lui apporter, en bon petit rossignol espion qu'elle était devenue. Ses plans s'interrompirent toutefois immédiatement lorsque les yeux sombres du Baron se posèrent enfin sur elle. Tatiana lui offrit un sourire aimable parfaitement dosé, mais dans ses yeux bleus pâles brillait un brin de malice. Elle répondit alors du tac au tac :

“- Monsieur le Baron, si vous essayez d'être plus agréable que vous ne l'êtes déjà, vous risquez de tomber dans l'illégalité !” Un rire léger lui échappa, sans recherche de séduction. Ce n'était que l'éclat sincère et taquin d'une petite pique dépourvue de méchanceté. “Mais si vous insistez, prenez bien soin de mon galant et rapportez nous la tête du Cerf Blanc afin que notre attente soit récompensée, voulez-vous ?”

Les yeux de Tatiana brillaient encore plus d'amusement et de bonne humeur. L'homme qui lui faisait face était agréable, autant au regard que dans la discussion, et même s'il flairait le prédateur, l'oiselle était à présent assez en confiance pour refouler ses angoisses. Son naturel pétillant revenait alors au galop, confirmé par la bénévolence du maître des lieux. Elle passa un bras sous celui de son amie et pencha légèrement la tête de côté :

“- Oh je sais ! Pourquoi ne pas offrir à mon amie une prise qui pourrait lui faire de jolis gants ? Cela ferait un merveilleux souvenir du Gévaudan et se doublera d'un petit défi pour vous.” Elle regarda Alice. "Qu'en penses-tu ?"

Neith répondit par un même signe de tête au grand blond et au teint de porcelaine. Elle eut un sourire en coin à son compliment avant de le remercier. Puis, du coin de l’œil, Neith vit Auguste revenir, mais ne se désintéressa pas des paroles d’Alekseï. Si elle s’apprêta à répondre quelque chose par rapport aux proies et à la Russie, l’arrivée d’Arsène, tant attendu, les fit s’interrompre. Neith adressa un sourire au baron d’Apcher qui salua d’abord Auguste, plus haut hiérarchiquement en titre.
« Arsène, merci. » le salua-t-elle. Même si elle se dit qu’elle comptait bien leur montrer à tous qu’elle était autre chose que seulement « resplendissante » ou « rayonnante » que ce soit équipée en chasseuse ou dans une robe rouge bordeaux. Neith sentait son esprit de compétition se faire de plus en plus pressent, saupoudré sans doute d’un égo et d’une fierté qu’elle se connaissait bien lorsqu’elle était entourée de la gente masculine. Et c’était bien le cas à présente entre les Lestrange, Arsène et Alekseï.
Lorsque son nom fut évoqué par un Auguste taquin et qu’elle entendit la réponse d’Arsène, Neith eut un rictus qui se changea en rire, taquine.
« Il est vrai que ça me fera une longueur d’avance si vous continuez à être distraits. » Ce qui semblait être le cas vis-à-vis des demoiselles. Cela lui allait d’utiliser cela à son avantage l’air de rien.
Laissant Arsène s’enquérir de l’invitée qui avait été importunée par un de ses chiens, Neith posa son regard sur la demoiselle qu’Arsène rejoignait et haussa un sourcil en voyant une autre présence à côté de celle qui avait tant attiré l’attention. Rien d’étonnant à ce que Tatiana soit là, Auguste lui avait parlé de sa protégée. Neith était loin d’être enchantée de la retrouver mais décida de ne rien dire, ni exprimer et se contenta de poser son regard sur Cerbère, bien décidé à jouer avec Macha. Elle décida de l’ignorer pour le restant des festivités sauf si les circonstances l’obligeaient de lui parler avec les politesses froides et vides de sens.
Revenant finalement à Auguste et Aleksei, Neith acquiesça et offrit un sourire chaleureux au russe.
« Nous pouvons effectivement. Le défi n’en sera plus qu’amusant. » Et elle était joueuse après tout, bien que loin d’être téméraire à tout perdre. Mais même s’il ne s’agissait rien de sérieux, elle comptait tout faire pour gagner que ce soit en équipe ou seule. À l’évocation d’Arsène, Neith l’observa de loin avant de répondre à l’attention des deux hommes à côté d’elle : « Nous pouvons lui faire la proposition également. » Reposant son regard sur Alekseï, elle lui expliqua alors : « J’avais proposé à ces vicomtes de faire des équipes, mais si vous vous joignez à nous, je pense que nous pouvons simplement faire un décompte des proies attrapées ? Peut-être des points en fonction de la grosseur de la prise ? »
Ce qui démontrerait sûrement quel type d’adversaire elle avait en face. S’ils étaient du genre à taper gros ou faire plusieurs petites prises jusqu’à arriver au même total de point que la grosse prise. Elle, elle trouvait cela amusant d’apprendre à se connaître de cette façon.

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Esprit embrumé, pensées qui filent à toute allure dans son crane, la pétillante jeune ingénue parvient cependant à extirper Arsène à aux préoccupations qui le rongent. Bouclier de charme pour cacher un combat qui se joue en lui, le baron esquisse un franc sourire aux flatteries de la jeune femme.

« S'il n'y a que cela pour vous plaire, je vous rapporterai avec plaisir ce trophée, mademoiselle. Mais le cerf blanc n'est point créature à se laisser aisément capturer, j'espère ne pas décevoir mes charmantes invitées. Quant à votre galant, soyez sans crainte, il est en bonne compagnie... Si tant est qu'il ne se mette pas en travers de mon chemin lorsque je débusquerai la créature mythique. »

Le ton est léger, la voix chaude et chaleureuse alors qu'il se laisse aller à quelques plaisanteries légères auprès des deux jeunes femmes. Désir de briser la glace ou de mettre plus à l'aise les trois comparses, il fait le choix de rendre à ton égal la pareille à la jeune femme toute de rouge vêtue. Il offre galantement une courbette aux deux jeunes femmes.

« Je serai ravie de vous rapporter une fourrure qui viendrait parer de si délicates mains, considérez cela comme fait. »

Bien des demoiselles de bonne lignée considéraient à l'heure actuelle la chasse comme barbare, Arsène était ravi de constater que certaines savaient encore apprécier les atours confectionnés à partir des bêtes ayant péri lors de cette activité encore bien présente en Auvergne. Le baron ricanait intérieurement à l'idée que ces farouches oiselles ne viennent s'offusquer d'une activité si barbare tout en arborant fièrement de sublimes fourrures de renard lors de soirées mondaines à la parisienne. Hypocrisie de la haute société, ici l'on respectait les animaux chassés et toutes les ressources récoltables étaient utilisées afin de ne jamais tuer pour le simple plaisir ou divertissement. De la chair, on en faisait un festin. De la peau, on en faisait du cuir à usage diverse. De la fourrure, on en faisait des manteaux, gants ou cache-oreille. Et des os ou des bois, on en faisait des parures pour couverts de table.

Si des sourires gênés venaient ponctuer les phrases de la demoiselle ayant fait les frais de son chien, il fût rassuré qu'elle lui indique que tout allait bien. Ainsi, ne souhaitant les importuner plus longtemps, Arsène s'inclina légèrement pour leur dire au revoir.

« Vous m'en voyez soulagé. Je vous laisse donc à vos occupations, mesdemoiselles, monsieur, et je m'en vais sonner le départ. Peut être échangerons nous d'avantage à notre retour. Souhaitez moi bonne fortune. »

Un dernier regard appuyé sur cette jeune femme tout droit sortie d'un album de photos vieillies, et Arsène s'en alla rejoindre ses compagnons de chasse. Il monta sur son étalon, sangla son fusil de chasse autour de son torse puis annonça le départ.

« Allons-y, compagnons. Lançons la cavalcade, une longue chevauchée nous attend. »

Le soleil a passé l'horizon, disparaissant derrière les rangées d'arbre où quelques feuilles rougeâtre résistent encore à la chute et l'air se rafraichit déjà quelque peu. Sous un ciel de feu mêlant des nuances de rose orangé et de bleu pâle, le Baron d'Apcher franchi en premier les portes de son domaine. A sa suite, les chasseurs impatients de chevaucher jusqu'au terrain de chasse des forêts de l'Aubrac galopent accompagnés de leurs chiens.

Toutes brides lâchées, chacun se réjouit de dégourdir les pattes de leurs montures et de humer à plein poumon l'air pur et frais des plaines auvergnates bordées par les majestueux volcans qui font le relief de cette région. Les corbeaux s'envolent par dizaines à l'approche du cortège, un véritable ballet aérien de volatiles d'un noir intense au croassement perçant.

Mais il faut prendre garde, car entre les cavaliers et la forêt à atteindre, certaines mésaventures pourraient être rencontrées si l'on n'y prend pas garde. Car le coucher du soleil est le moment chéri par les vélanes du Gévaudan pour s'en aller chanter et danser à la faveur de la nuit étoilée qui déjà se lève. Envoutantes créatures, elles pourraient vous rendre fou. Fou d'elles, évidemment...

Il y a comme une tension que Neith saisit vis-à-vis du diplomate. Son regard coule sur Auguste, un bref instant incertaine, ayant la sensation de manquer une information. Était-ce quelque chose entre homme qui lui échappait (ou ne l’intéressait pas) ? Elle ne saurait le dire mais, Alekseï répondit à l’affirmative et proposa un mélange des deux propositions. Un sourire qui pouvait se transformer en rire face à la fin de sa phrase et la question des gros gibiers et petits gibiers, respectivement pour lui et pour elle, naquit sur son visage
« Que monsieur nous rejoigne me ferait plaisir. » répondit-elle à l’affirmative.
Un rire s’échappe des lèvres de Neith à l’idée du gage. Dans sa tête pourtant, elle se concentra surtout sur sa stratégie pile au moment où Arsène annonce enfin le départ.
Il était temps.
Elle reste avec son groupe, trop heureuse de donner du change sur le galop. Une lueur presque enfantine dans le regard, Neith n’en reste pas moins concentrée. S’il fait froid et qu’il s’agit là du seul point négatif qu’elle trouve à cette chevauchée, elle admire le coucher de soleil parmi les arbres. Cerbère, lui, court à côté de son cheval, ne quittant pas sa maitresse… Jusqu’à ce qu’il se mette subitement à hurler et tracer. Si au début, Neith pense à une proie, elle voit dans le reflet du jour qui termine de se coucher, la chevelure dorée et irréel. Une fraction de seconde plus tard, elle comprend au moment où elle entend les premières notes de chant. En simultanée, elle fait baisser l’allure de sa monture pour prendre le temps d’arriver et siffle, autoritaire à Cerbère pour qu’il évite d’attaquer, la magnifique femme qui se met à chanter… et dont elle sait qu’elle pourrait se laisser happer.
« Cerbère, reviens ici ! » s’exclama-t-elle alors que son chien revient prestement.
Le regard de Neith se pose sur ses autres compagnons et elle calcule alors. Exclusivement des hommes. Curieuse de voir leur réaction, elle les observe, essayant de ne pas se concentrer sur les voix et se mettant à siffler en cadence comme pour accompagner le chant qu’elle entend… et peut-être pour ne pas entendre ou bien se faire voir des vélanes qui apparaissent. Après tout, elle a envie de leur plaire aussi.

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