[TERMINE] La fin justifie les moyens | INTRIGUE 1.1

       — Les paroles sont jetés au visage comme autant de lames barbelées. Talent doux-amer que de savoir cracher sur la peau de ceux qui ne conviennent pas aux dictames de leur Saint Ordre sans que cela entache la noblesse de leur propre sang. A vomir. Nikita n'est pas de ceux qui enroulent les reproches dans la douceur. Pas de ceux qui supportent les remontrances sans avoir des hauts-le-cœurs. Alors quand d'Adhémar blâme comme son rang l'y autorise, et comme jamais Paris n'aura envie de lui en redire, c'est le carmin lupin qui se met à bouillonner. Mais l'animal sait se bâillonner, bien qu'il en exècre le fait. -- Fermes ta gueule.


Les pupilles qui glissent sur les deux carcasses maudites dédaignent leurs êtres et tout le sous-sol empeste de cette défiance, pour le moment, injustifiée, si ce n'est par le simple fait qu'ils ne partagent plus la même condition d'humanité. (( Détesté pour ce simple fait, quel beau gage du savoir faire français. )) Pourtant n'étaient-ils pas tout deux soldats par le passé ? Nikita est mort pour la France. Chemin des dames comme tombe de celui qu'il était. -- ça leur suffira jamais que t'ai déjà tout donné pour leur pays. maintenant ce sont tes forces qu'ils colorient de mépris.

Ainsi politiciens, bien nés et les aisément offusqués par la dur réalité entrent dans la cellule et referment derrière eux la porte protégeant encore le prisonnier. Ainsi condamnés à passer en dernier, l'Orphelin crache au sol son mépris de l'autorité, sa colère difficilement maîtrisée. Mais Alek est là. Et tant qu'Alek sera là, le loup restera sous son aura, sous sa guidance et selon son exemple. Alors l'ouïe s'affine et l'attention se précise, focalise les tons, les intonations, les informations. Corps presque oublié pour se concentrer tout entier sur l'objet de la mission imposée : le faire parler.

L'échec des premiers n'étonne pas Nikita. L'homme sous leur joug tâche d'humour l'interrogatoire et scelle ainsi cette certitude : sa vie ne vaux rien. Le tuer ne servira pas plus, mais il est lié à d'autres et en cela décoche la flèche qui le mènera à sa capitulation. Les moyens de pression sont les lames insondables qui se révèlent au plus noir de la nuit. L'Homme est fier de sa position, fier de son rôle, investi par sa mission. C'est par l'apprenti qu'il faudra passer, Alek est parvenu à la même conclusion. C'est en dualité coïncidant par feu et par sang qu'ils entrent dans la cellule. Masqués, cape ficelée, Nikita n'oublie pas d'enfoncer ses paumes et ses doigts dans une paire de gants pour dissimuler tatouages et peau mordorée.

Alek s'accroupit face au prisonnier, adoptant sa hauteur, ramenant au sol toute son aura de terreur. Et pendant que ses lèvres délient et suture son discours, Nikita reste dans le dos du prisonnier, observant ses épaules, respirant ses réactions.
 
— tu veux protéger l'petit, hein ? Une main gantée se rapproche pour empoigner une mèche de cheveux, malmenant la nuque du prisonnier par la même occasion. Ployant son dos vers l'avant, c'est sa bouche que Nikita rapproche de l'oreille. — ton silence signe la fin de ton ordre. ta coopération lui octroie la survie. tu décides. tu le tue, ou tu lui permet de se protéger encore un peu, gagnant de potentiels et puissants alliés au passage. Se redresse et sors sa baguette de sa main libre. — Diffindo. le sort coupe sous les phalanges serrées du loup, traçant ligne net dans la masse capillaire du prisonnier. Poignet de cheveux git ainsi dans la paume de Nikita qui empoigne le crâne du sorcier, le forçant vers l'arrière, regard vers le haut, vers lui. — t'as 3 minutes. Dans 3 minutes, je vais le chercher. Puis je le ramène, et j'irais chercher les autres. Et je les ramènerai.

Spoiler:

( C ) CRIATURA