[Lachesis | Charles Delacour] - Les Couleurs de l'Incendie
(#) [Lachesis | Charles Delacour] - Les Couleurs de l'Incendie
missive rédigée par Charles Delacour leDelacour
Un nom ancien, et puissant, jadis synonyme de richesse et de prospérité, de pouvoir aussi. Aujourd’hui, on l’attache bien plus au monde de la culture, des arts, à tout ce qui est du domaine du paraître et de l’incarnation. Je le porte mal, d’après mon père. Je le porte mal car s’il respecte mes choix de vie, il ne les accepte pas tout à fait. Et nous nous opposons, sans cesse, sur ce que doit être notre implication dans le monde magique en général et l’Ordre du Temple en particulier. J’essaie toutefois de faire honneur à ce nom. Mais à ma manière.Charles, Paul, Joseph
Les noms des grands-pères accolés au mien. Mais on n’a jamais utilisé que le premier, évidemment. Parfois diminué en « Charlie », notamment par mes anciens collègues britanniques. Sinon, on me donne surtout du « Delacour » dans mon boulot et auprès de mes contacts, comme un constant rappel du point auquel j’apparais déplacé dans cet environnement que je me suis choisi.20 avril 1889
Toute histoire a un commencement, merci de nous indiquer quand et où commence la vôtre. Nous sommes en 1927, merci de le prendre en compte pour les calculs.Théophile et Béatrice Delacour
Ils sont mes parents. De Sang-Pur, même s’il y eu jadis un brin de métissage dans l’une ou l’autre lignée ; on n’a jamais fait tout un fromage de la pureté du sang, il s’agit essentiellement de conserver l’héritage familial, et si demain je ramène une moldue à mon père, j’ose espérer qu’il l’accueillera à bras ouverts pourvu qu’elle soit bien élevée, et l’esprit aiguisé.Nature du sang
Sang-Pur.Célibataire et Hétérosexuel
J’ai déjà eu des compagnes, par le passé, mais rien qui n’arrivait à durer bien longtemps. Je suis marié à un travail exigeant qui ne me laisse pas tant de soirées ou de week end et les femmes n’apprécient pas trop être reléguées au statut de passe-temps. Je parle de femmes, car les hommes ne m’ont jamais intéressé. Pas que je réprouve la chose, juste, ce n’est pas mon truc.Auror
Ca va bientôt faire dix ans que je le suis. Après quatre ans de guerre. On peut donc dire que j’ai le bagage qui me permet d’accomplir mon travail.Beauxbatons, Faction de la Nuit
9 Pies obtenues. J’ai lamentablement échoué en bienséance, mais c’est la faute d’Antoine Beltran qui m’a fait rigoler pendant l’examen. Art divinatoire, runes, astronomie… En toute sincérité, j’avais le talent d’une brique. Métamorphose, pareil, je ne l’ai eue que de justesse. Le reste, surtout Défense contre les Forces du Mal, Vol et potions, je me suis bien démerdé.Composition baguette
Trente-deux virgule cinq centimètres en bois d’Aubépine, sertie d’une plume d’Oiseau-Tonnerre. Elle ne m’a jamais lâché. Et avec elle, j’ai fait le meilleur, et pas loin du pire.Patronus
Ce ne fut pas sans peine. En fait, avant la guerre, je n’en avais jamais produits de satisfaisants, qui durent plus de quelques secondes. Il a fallu que je sois confronté aux abîmes de désespoir et aux plus grandes preuves d’Humanité de ce monde pour que je sois capable d’en produire de plus sérieux, ensuite. Le mien prend la forme d’un renard.Epouvantard
Quand j’étais plus jeune, un loup-garou. A cause des histoires de mon enfance, j’imagine. Mais la dernière fois que j’y étais opposé, l’épouvantard a pris la forme d’un nuage opaque, d’une couleur jaune moutarde. Les gaz de combat, vous connaissez ? Passez une heure dedans, et vous verrez. Jamais j’oublierais, jamais.Amortentia
On a fait de l’Amortentia en cours de potions, quand j’étais plus jeune. J’avais alors senti pas mal d’odeurs différentes. Celle du parchemin, de l’herbe fraîchement coupée. Le houblon, fort et amer, et le fromage fondu. Mon père a ri, quand il l’a su. Tu m’étonnes.Particularité Magique
Legilimens. J’ai toujours eu du talent pour comprendre les autres ; ça a commencé avec mon empathie, et je me suis exercé à l’époque des cours de défense. Et puis, la guerre m’a aidé encore. Quand je suis passé auror, ça fut pratique pour les interrogatoires. Manière douce ou forte, ça m’est une aide précieuse dans mon travail.Lachesis
On dit de moi que je suis déterminé. Obtus, aussi. Et pragmatique. Tout ça, c’est vrai. On parle de courage. Je ne sais pas si c’est vrai. Le courage, c’est surmonter sa peur. Et depuis la guerre, je ne sais pas si j’ai à nouveau été courageux. J’ai eu peur, oui. J’ai fait avec sans la surmonter. Elle me paralyse, parfois. Le palpitant qui cogne. Moi qui étouffe. Et je continue, avec une bonne dose de gnôle et toute la rage d’accomplir un devoir envers ceux qui souffrent et qui, sans moi et mes collègues, sont victimes des autres.
Je pense qu’une existence pacifique est possible, avec les moldus. Je suis même convaincu qu’à terme, nous aurions bien plus à gagner à coexister qu’à vivre séparés. Mais pour le moment, ce n’est pas possible. La société moldue n’est pas prête ; je l’ai côtoyée de très près pendant quatre ans. Et celle des sorciers finalement moins encore, beaucoup trop de familles considèrent encore les moldus comme des citoyens de seconde zone et ont le pouvoir, ou les capacités magiques, de briser ou de dominer leur existence si elles le souhaitent.
Que pensez vous des moldus, et du fait que vous soyez obligés de vous cacher d'eux au quotidien ? Aucun avis. Pour moi, elle est le reflet de l’histoire de mon pays. Les moldus n’ont jamais vraiment fait la paix avec leur passé monarchique. Pour moi, ça reste une tradition coûteuse pour tout le monde, peut-être pas vraiment nécessaire non plus. Mais laissons faire le temps. Si on doit devenir un jour une démocratie réelle et abolir toutes les différences de naissance et de statut, ainsi soit-il, mais ce n’est pas moi qui ferais la révolution.
Quelle est votre opinion sur la famille royale magique de France ? Je suis de facto son ennemi, puisque cet agitateur et ses actions ont tendance à remuer toute la fange dans laquelle s’agitent invariablement les mages noirs et les sorciers en quête de puissance. Dans tout malheur il y a quelque chose de bon ; qu’ils se démasquent, ces cancers vivants de la société, qu’on puisse les coffrer pour de bon et neutraliser la menace qu’ils font peser sur l’ordre du monde.
L'Aube Sorcière prend de l'ampleur, et Tarek Shafiq fait très souvent la une des journaux. Que pensez vous de cet homme ? Merci de nous répondre, en quelques mots, à votre guise.
(#) Re: [Lachesis | Charles Delacour] - Les Couleurs de l'Incendie
missive rédigée par Charles Delacour leHmmpf-hmpfffff.
C’est le sol son qui me revient. Celui de mes respirations sourdes dans le masque, alors que mes amis se tordent et meurent en gargouillis écarlates, yeux rouges et exorbités. Trop lents à porter le masque qui pourtant leur aurait sauvé la vie. Nous attendons, encore. Je fais signe à Lambert de se taire, de faire attention, d’un doigt pressé contre les lèvres et la moustache. L’espace d’un instant, son visage encore presque juvénile se grime d’un fard que je devine à l’ombre sur ses joues et son front. Se superpose à sa trogne de gamin jeté dans l’arène celle d’un bleuet qui fixe sa Rosalie au canon avant de monter à l’assaut de Douaumont. Se superpose le visage d’un jeune prince molesté par les turbulents de son année et que je viens d’aider à se relever d’une embuscade au sortir des toilettes.
Nous attendons.
Il faut encore longtemps avant qu’un craquement sonore ne capte notre attention, un bruit qui cette fois n’est pas celui d’un lièvre ou d’un sanglier, ni d’un renard. L’ombre encapuchonnée marche dans la combe forestière, désormais envahie de brume. Il ne pleut plus depuis deux heures. Et l’inconnu poursuit sa marche jusqu’en plein milieu, avant de lever de sous sa robe de sorcier sa baguette dans le ciel. Une gerbe d’étincelles vertes monte en sifflant dans le ciel et éclaire nos visages dans la nuit, et le tronc des arbres. Je vois une fusée éclairante dominer le no man’s land, les trous d’obus remplis d’eau saumâtre, les corps qui tapissent le sol, les nœuds de fil barbelé.
Les « Crac » sonores ne me font pas sursauter comme les « PAN » et les « BOUM » de jadis. Rien ne remue mes os, ne me fait trembler le diaphragme. Même pas la frousse. Pas besoin d’être legilimens pour savoir que le gamin a peur, lui. Rien de plus normal.
Car les suspects sont en train d’apparaître en masse, hautes silhouettes cagoulées qui se détachent dans la brume, en cercle, autour du rituel interdit. Le type au milieu sort de sous sa cape un objet d’apparence anodin, mais que je ne reconnais pas. Nouveau « CRAC », et un duo apparaît à ses côtés, tout près de la Vieille Pierre dont nous ont parlé les villageois, deux jours plus tôt. Celle marquée de traces brunes évoquant du sang.
La fille qu’amène le nouveau venu se débat. Blonde, jeune, peut être la vingtaine. Une main gantée se plaque sur la bouche, mais d’un Silencio, le chef de groupe la fait taire. Ils la soumettent aussitôt à l’Impérium et mon regard noir se détache sur l’homme en particulier, qui tire une lame de sous ses frusques et se met à scander des paroles en latin, que je ne comprends pas d’ici. Mais je sens, comme tous les autres, le poil se dresser sur ma nuque. La magie est puissance, et ses vents soufflent fort dans la modeste clairière, alors que le second individu au centre lie par les fers les membres de la kidnappée. Je me retourne vers le jeune partenaire, lui fais signe d’un hochement de tête. Il sort son insigne de sa veste, et presse dessus avec sa baguette. Nous attendons.
La lame trace un premier sillon sur le front de la moldue. Et un autre, sur son poignet. Du sang coule dans une coupe, qui arrose ensuite une relique dont on dirait qu’il s’agit d’une sculpture de marbre noir, d’onyx peut être ? Je vois le corps de la jeunette tressaillir. Je vois celui d’un fritz lardé de coups de baïonnette dans le bide, sang coulant du nez et agonisant yeux grands ouverts. Je revois le regard éteint de Matthieu Scamande après avoir été soufflé par un obus de 105, du sang séché dans les oreilles et autour. Je revois mille visages de quatre ans de guerre, figés par l’horreur ou la mort.
Trois minutes d’appel, et rien. L’équipe d’appui n’est pas là.
Je doute. Une autre urgence ? Un sort qui rend l’endroit intransplanable ? Non, les suspects sont venus ici comme ça. Combien de temps, alors ? Les secondes passent, et la vie de la captive ne tient plus qu’à un fil. Regard vers le jeune, qui sue à grosses gouttes. Lèvres pressées, visage fermé, je dois décider, c’est de ma responsabilité. Hochement de tête. Il voit. Le répète. Dans la combe, ils se passent tous la coupe de sang et la partagent. Bientôt, le rituel sera accompli, et il sera trop tard.
On passe par-dessus un tronc abattu comme on passait jadis par-dessus le parapet.
Pas de coups de feu, pas de coups de canon ni de mines. Juste les décharges brûlantes et sifflantes des maléfices crachés par les baguettes.
L’effet de surprise est là, mais nous ne sommes que deux. Mon manteau fume sur le côté, je saigne d’une estafilade à la tempe, d’une autre à l’épaule qui a déchiré ma manche. Plusieurs types ont été neutralisés dès les premiers instants, ne sachant pas d’où ni de quoi venait la menace. Ils l’ont vite appris à leurs dépens… Encore un éclair qui me passe au-dessus de la tête, un autre qui frappe le tronc à côté de bois et me bombarde de copeaux de bois alors que je réplique d’un sortilège qui envoie ma cible dos contre plusieurs branches, qu’elle traverse dans les craquements de bois et d’os. Ils transplanent, tous. Mais je dois encore me battre avec celui qui veut faire disparaître l’ultime témoin ; la jeune femme encore accrochée qui revient à elle et essaie de se déchirer les cordes vocales de hurlements qui ne ressortent que silencieux. Il me brûle l’avant-bras d’un éclair rouge, je lui casse la mâchoire d’un crochet vicieux, et l’envoie une fois, deux fois, trois fois, le front contre la roche.
Il s’écroule autour de moi, et je dois calmer la moldue. Doigt sur la bouche. Le calme est revenu, d’un coup. Pourquoi ? Ils se sont enfuis ? Nos renforts ne sont pas encore là. La fille se tient la bouche, à demi-nue, couverte de sang. Horrifiée. Pas par le type le crâne fendu qui comate, par autre chose. Mes tripes se tordent, alors que la tension du combat ne retombe pas. Ces types ont transplané, pas parce qu’ils avaient peur de moi, mais parce qu’ils ont fait quelque chose d’horrible et qu’ils ne voulaient pas en payer le prix devant plusieurs équipes d’aurors.
Je déglutis. Trébuche, des fleurs de sang éclatant dans mon champ de vision, atteint par les sorts qui m’ont meurtri. J’entends autour de moi le tonnerre de l’artillerie. Les hurlements des mourants. Je patauge dans la boue et l’eau jusqu’à mi-cuisses. Marche jusqu’à la silhouette, tordue, figée.
Edouard Detaille, jeune auror de sept mois de formation, ne bouge plus. Il a l’air serein. Tranquille. Sans ses membres tordus de bien vilaine façon, et sans les os saillants et sanglants au coude droit et au genou gauche, on croirait presque qu’il dormirait. D’un sommeil horrifié, sans doute. De ma main ensanglantée, tremblante, je débarrasse son visage de mèches de cheveux humides et détaille sa trogne figée dans un cri silencieux, larmes roulant encore sur les joues. Je tiens sa main. Je me revois, tenant la main d’André Bertignac, de Florian Belarome, de François Trinhduc, qui tous sont figés dans la mort, drapés dans leur bleu horizon aux tâches de boue et de sang. Je déglutis encore. Je lui tiens encore la main, quand les renforts arrivent enfin. « Retenus à Paris par un détraqué ». La secte a fait diversion, j’en suis sûr. « Retenu à Paris »… En 17 aussi, ils étaient tous retenus à Paris, et pourtant on crevait dans la boue tout pareil pour les intérêts de ceux qui, comme ma propre famille, prospèrent loin des larmes, de la sueur et du sang.
Ma famille… Ils ne sont d’aucun secours, pour ça. Ils comprennent, à tout le moins. Ma scolarité, émaillée d’incidents physiques ou magiques avec des camarades dont l’arrogance et la turbulence équivalaient les miennes, les avaient pourtant préparés. Un Delacour, ça se tient bien devant le monde, ça parraine et ça investit. Ca vit, entre Paris et Cassel, entre Authie et Longwy. J’ai toujours aimé le théâtre, plus encore l’opéra ou les concerts. Le seul problème a toujours été concilier mon impétuosité, de la circonscrire à une tâche de patience et de méthode. Pas mauvais au piano d’Agrippa, un vieux sorcier ayant inventé de nouveaux instruments. Pas mauvais, mais pas virtuose. La bagarre, le danger, c’est là que j’ai vécu mes premiers véritables ris ; l’émulation de l’âme comme du corps par l’épreuve. Je me souviens du prince, que j’ai tiré d’un mauvais pas. Un gamin insouciant, un père-la-lune un peu bizarre mais pas méchant, dont j’ai puni les bourreaux de quelques coups de poings et vilains sorts. Les punitions furent à la mesure des affronts disciplinaires ; il ne fut jamais question d’un renvoi car mes prises de risques et accès de violence étaient voués aux autres, et non à mon propre profit. Ma famille s’est contentée de me lancer et de me relancer, qui de la peinture ou du jeu d’acteurs auquel j’étais absent, pour finalement renoncer et m’assurer qu’au moins j’excelle dans ma voie. L’impétuosité de la jeunesse… Avec le recul, j’eusse préféré mille fois préférer le clavecin au canon.
La guerre, et pas n’importe laquelle. La Grande, voilà son nom, la Der des Ders. Tu parles. A peine qu’elle était finie qu’elle recommençait ailleurs. Et dans l’intervalle, plus de huit cents jours de front, de première ligne, là où l’on voit l’ennemi dans le blanc des yeux quand il n’est plus une silhouette à toucher de loin avec le père Lebel. L’horreur des gaz, des bombardements, des rares et terrifiants corps à corps où l’on se tue à la crosse, à la pelle, aux mains serrées autour des coups –seuls les officiers ont le revolver-. Ma « haute naissance » ne me protège pas. Blessé trois fois. Sur la Marne et à la tête, je verrais plus tard que ça vaut mieux que d’être atteint au cœur. Plus tard sur la Somme, le bras gauche, une vilaine balle de mitrailleuse qui vrille dans le muscle et déchire la peau sur vingt centimètres. Le pire sera à l’assaut de la Caverne du Dragon, où ça sera plusieurs pompons en une seule fois ; des éclats dans le flanc, une baïonnette dans la cuisse, et des brûlures à cause du phosphore.
C’est à celles-là que je dois mes marques au visage, grêlât sur la joue droite et sur les paupières, et mes lunettes noires. Un mois comme quasi-aveugle, démobilisation clef en main, deux mois de plus à retrouver la vue… Mais toutes les sources de lumière m’éblouissent, me filent la migraine. Les verres teintés sont là pour éviter que la vie devienne impossible. Mais pour finir la guerre, je ne les avais pas. Alors on ferme les yeux et on serre les fesses, on avance sous la grêle de balles et d’obus en priant Merlan qu’on y perde pas un membre en plus du reste. Le plus dur, c’était la constance de métronome des obusiers de chez Krupp. Le marmitage du soir et du matin. La poussière de terre, permanente, les éclaboussures ça va tant que c’est pas d’un humain. Mais le dur, c’est de voir tous ces visages, et de s’en rappeler, constamment ensuite.
Et puis, c’était fini. On avait gagné. On aurait dû en finir avec les teutons et aller jusque chez eux, mais les huiles, épouvantées par le carnage qu’elles avaient elles-mêmes provoqué. On reparlera avant vingt ans, pas vrai ? En attendant, faut réussir à dormir. Les lunettes m’ont fait du bien. Elles m’ont donné un genre, aussi, et ça a contribué à me donner l’air d’un dur le temps de reprendre le complément de formation pour retrouver mon poste d’auror, à peine assermenté avant-guerre. Vocation logique ; l’horreur ne m’effraie plus, et j’ai une dent contre tous les connards du monde depuis qu’ils m’ont poivré quatre ans durant, ou qu’ils aient essayé de faire sauter ma famille et tant d’autres dans les attentats de 1917. Il y a tant de rancunes à combler au fil des ans… Et à chaque affaire son lot de fantômes et de démons, qui me pourchassent quand je ne pourchasse pas les suivants. J’essaie d’être mis sur l’affaire des attentats, mais ça passe pas. Comme cette soirée qui me sert de point de départ à une saga d’un orage d’acier, je cumule les saloperies. Mages noirs, criminels, créatures incontrôlables et autres fous furieux, je côtoie la lie de l’Homme, mais je suis prêt à le faire, endurci pour affronter ça. Les affaires qu’on résout. Celle qu’on ne résout jamais.
Mais tuer mon binôme, c’est déjà arrivé une fois. Une seconde, et un gosse en formation, c’est la goutte de trop. Alors je remue tout ce que l’arrière-pays a de bicoques sorcières, de bouges et de rades mal famés. J’interroge la rescapée, la moldue lobotomisée par le ministère pour éviter qu’elle ne raconte à ses copains que la magie existe et que ses pratiquants sont des Jean-Foutre. C’est pas dur, de la faire parler. C’est pas dur, de ressentir de la compassion pour cette pauvre fille, malmenée par ces nodocéphales. Une piste, un brin. C’est tout ce qu’il me faut. Ca et le coup de rouge, la mousse ou la gnôle pour être encore capable de se lever, et d’assourdir la voix des fantômes qui traînent mon ombre. Crève-la-faim, qui ne seront repus que de mon âme. Sourire sous la moustache, sous les lunettes de gros verres teintés. Galant, courtois. Avant les sorts et les coups, les cris et les malédictions. Je retourne deux troquets pour mettre la main sur un des conjurés.
Moi, ma Rosalie, ma baguette, ma compassion et mon imagination, et ça donne trois heures de pleurs, de hurlements, de cris et de jérémiades, avant que le type ne me déballe tout. On me tape sur les doigts. On me dit que c’est pas bien. Je comparais. Le vice de procédure existe, mais le type est mort des conséquences de ses propres choix avant qu’on me colle un procès. Dure, la vie de sectataire, mais c’est la rançon du crime. Rajoutez le rapt, la torture et le viol, et vous obtenez le pedigree d’un mort en sursis que personne ne regrettera. Joli coup de filet, Delacour. Bravo et acclamations générales. Serrage de pogne et médaille de service avec les félicitations du Ministre. Et oui. Les héros de guerre sont les traumatisés d’hier, les flics en réussite sont les héros éphémères du jour. Demain, on m’enterrera sous la merde et sous la boue.
Tout plutôt que de me réveiller avec le sifflement des obus, les détonations des fusées, et les hurlements de ceux qui sont touchés.
Tout plutôt que de se lever avec le souvenir vivace de tous ces visages, abîmés ou bien proprets.
Et pourtant, il faut bien continuer. L’honneur de la famille est en jeu. Le mien, aussi. Ca compte. Alors, le coup de gnôle pour calmer les tremblements de la main gauche, et pour chasser les plus moches des souvenirs. On enfile le costume gris, impeccable. Les lunettes noires. Soupir de contentement ; le monde est plus beau en noir, quand on le voit si peu. Sa lumière n’est que factice, malgré tout l’or et la lumière que les Delacour tentent de projeter sur le monde. Ce soir, opéra. Avec papa. Serrage de pognes avec tout le gratin du ministère, et bravo pour la moldue, et bravo pour la promotion. Et bravo pour tout, sauf pour la gueule du gamin fracassé par les cultistes, dont tout le monde se fout du nom. Edouard Detaille, qu’il s’appelait. Et ce petit avait le courage au cœur, qu’il portait en bandoulière. Il a suivi son chef de groupe face à une dizaine de mages noirs. Son sacrifice mérite qu’on se souvienne de lui.
Sourire sous les lunettes quand on me vante auprès de femmes bonnes à marier comme un héros de guerre et un héros de service. Tous ces gens se fichent de comment j’ai obtenu ma piste, et comment je l’ai travaillée après. Ce qui compte, c’est qu’il n’y a plus de vierges moldues qui se font retirer le cœur, pas vrai ?
Pas vrai ?
J’applaudis la cantatrice. Je remercie papa pour le spectacle. On boit un verre de vin, en silence. Il me demande si j’ai quelqu’un. Je lui dis que non. Il me demande quand je rentre à la maison.
Je le regarde.
La maison ?
La maison, c’est la tranchée côte 122, près de Péronne, départements de l’Aisne. La maison, c’est là où le tonnerre tonne même quand il n’y a pas un nuage, et où l’on souffre de la méchanceté des autres, où l’on ne compte pour égale mesure que sur la bonté des autres, aussi. Sur ce qui fait l’étincelle de vie, si chère, et si rare, cette forme de pureté et de beauté que ma famille voit dans la musique ou les arts quels qu’ils soient, et que moi je vois chez les gens.
Non papa, mon chez moi, je l’ai maintenant, et ce n’est plus à Paris depuis longtemps, mais chez l’Oncle Bernard, à Cassel.
Ah. Et les femmes ?
Ben, elles m’intéressent, papa, mais je les intéresse moins. Pourquoi ? Les lunettes noires. Ah oui, les lunettes noires… Il sait ce qu’il y a dessous, lui, les pupilles délavées et les marques sur les paupières, ce regard devenu plus gris que vert, si étrange, marqué par la munition chimique qui a changé ma façon de voir le monde… De plus près, et en plus vrai, aussi.
En vérité, ce n’est pas les lunettes noires, ni le costume, ni même le métier. Aucune n’aime voir son conjoint se tirer en milieu de nuit et revenir bourré pour obtenir des indices avec la lie de l’Humanité, sentir le tabac et la gnôle de mauvaise qualité, et le mauvais parfum des filles publiques, la sueur rance de ceux qui vivent dans la fange. Aucune n’aime les cauchemars à hurler la nuit, ou les réactions étranges en société. Sursauter quand une fenêtre claque. Et mes petits-enfants, demande-t-il ? Sempiternelle discussion. Tu as trois enfants, papa.
Sauvé par mon patron, tiens. C’est rare. D’ordinaire, il me renifle plutôt les chausses pour savoir dans quelle merde je me suis fourré et surtout, ce qui peut encore l’éclabousser. J’ai quelqu’un à vous présenter, Delacour. Ah, le ton jovial. L’affaire pue la politique, alors. On m’introduit auprès de quelqu’un qui je reconnais, pour avoir eu affaire à lui une unique fois, il y a bien des années. Une poignée de main, franche, virile, correcte. L’homme me remercie de mon temps. Après son fils que j’ai jadis protégé, il y a sa fille. Auror qui a subi le maléfice de l’oubli dans l’exercice de ses fonctions. Je hoche la tête. Je vois qui c’est, évidemment. Et je sais où il veut en venir. Je soupire, quand même, m’attire les foudres du patron.
Vous savez tout de même ce qu’il est arrivé au dernier ? Oui. Vous voulez quand même que je fasse ça ? Oui. Alors, je le ferais. Mais il lui faudra du ventre. Elle l’aura, comme son frère. D’accord, alors. Serrage de pogne. Ce n’est pas tous les jours qu’on rencontre le Sang Bleu de France. La dernière fois remonte à loin. La dernière fois, elle était une gamine. Et maintenant, c’est une auror accomplie mais malheureuse en carrière ; elle a fait les frais de ses enquêtes. Le chef de service me tape dans le dos. Il joue les copains, mais demain il me sommera dans son bureau de faire attention à la « Princesse ». Et je lui dirais bien poliment, sourire poli, que si la Princesse voulait faire attention, elle n’aurait pas fait ce métier de gueux.
Mais ça, c’est demain. Ce soir j’ai cabaret. Les filles, je les aime bien. Mais si ce n’est pas possible d’en avoir une à moi, alors, je peux avoir celles qui se prêtent pour un temps. Fréquenter les bas fonds de Paris, ça noue de drôles d’amitiés. Un sourire, un corset, des bas qui sont étirés sur des jambes si longues. Un coup de gnôle. J’oublie pas les fantômes, mais le baiser a le goût de fraise, et le goût de sang. Il a le goût de la vie. Mais rien ne vaut ce sourire, ce genre-là. Acheté, loué, mais j’y lis la sincérité, aussi. Toujours en vie, Delacour ? Toujours en vie, oui. T’as de la monnaie, Delacour ? Tout ce qui est beau se paie, je sais. Je suis belle, alors ? Plus dedans que dehors, et ça aussi ça se paie, mais c’est tout ce qui compte.
La gnôle ici a toujours été meilleure. Je ne sais pas si c’est la musique ou les filles des faubourgs. Peu importe.
Loin de moi, le tonnerre, il attendra demain. Et la prochaine horreur que l’on me demandera de solder.
(#) Re: [Lachesis | Charles Delacour] - Les Couleurs de l'Incendie
missive rédigée par Charles Delacour le- Code:
<b>Boyd Holbrook</b> <em>|</em> @"Charles Delacour"
Pour ajouter le personnage dans une famille :
- Code:
@"Charles Delacour (H · 38 ans)
Pour le bottin des années de naissance :
- Code:
20.04.1889 @"Charles Delacour" - Beauxbâtons
Pour le bottin des particularités :
- Code:
<b>Legilimens</b> @"Charles Delacour"
Pour le bottin des emplois :
- Code:
<b>Auror</b> @"Charles Delacour"
Pour les membres de l'ordre du temple :
- Code:
<b>Chevalier</b> @"Charles Delacour"
(#) Re: [Lachesis | Charles Delacour] - Les Couleurs de l'Incendie
missive rédigée par Charles Delacour leAutrement, je commence dès que possible pour de bon !
Maeve Le Noir (3)
Alessandro de Medici (4)
Luka Romanov (5)
Maeve Le Noir (3)
Alessandro de Medici (4)
Luka Romanov (5)
Maeve Le Noir (3)
Alessandro de Medici (4)
Luka Romanov (5)
(#) Re: [Lachesis | Charles Delacour] - Les Couleurs de l'Incendie
missive rédigée par Auguste Lestrange leAH et pour bien faire les choses, tu as dix jours pour faire ta fiche après avoir posté, et si besoin on est là
(#) Re: [Lachesis | Charles Delacour] - Les Couleurs de l'Incendie
missive rédigée par Arsène d'Apcher leTellement contente que vous ayez décidé de rejoindre l'aventure LoF !
Je suis super curieuse de découvrir ce petit Delacour
Pour ton soucis de signature, aucun soucis, dis moi quel est le problème et je vais tâcher de le régler
(#) Re: [Lachesis | Charles Delacour] - Les Couleurs de l'Incendie
missive rédigée par Charles Delacour leMerci à tous les deux en tous cas, on se fixe sur les derniers points communs avec Victoria et on se lance! Il est possible que ma fiche ne soit finie qu'en début/milieu de semaine prochaine, comme j'enchaine les soirées et un gros week mais je ne tarderais pas!
(#) Re: [Lachesis | Charles Delacour] - Les Couleurs de l'Incendie
missive rédigée par Arsène d'Apcher le(#) Re: [Lachesis | Charles Delacour] - Les Couleurs de l'Incendie
missive rédigée par Charles Delacour le(#) Re: [Lachesis | Charles Delacour] - Les Couleurs de l'Incendie
missive rédigée par Arsène d'Apcher le(#) Re: [Lachesis | Charles Delacour] - Les Couleurs de l'Incendie
missive rédigée par Camille Delacour leJ'ai bien hâte de découvrir ce que tu nous réserves avec ce Delacour dans le bureau de justice et mentor d'une petite princesse Si tu souhaites discuter de liens, n'hésite pas à venir sur notre discord ! Sinon, tu peux toujour contacter qui de droit en PM
En tout cas, plein de courage pour ta fiche !
(#) Re: [Lachesis | Charles Delacour] - Les Couleurs de l'Incendie
missive rédigée par Charles Delacour leJe n'hésiterais pas :)
(#) Re: [Lachesis | Charles Delacour] - Les Couleurs de l'Incendie
missive rédigée par Invité le(#) Re: [Lachesis | Charles Delacour] - Les Couleurs de l'Incendie
missive rédigée par Charles Delacour le(#) Re: [Lachesis | Charles Delacour] - Les Couleurs de l'Incendie
missive rédigée par Alekseï Dzerjinski leJe suis une terrible fangirl de ton avatar alors je m'excuse d'avance mais je suis TELLLEMENT heureuse de le voir sur le forum ! il a trop la classe et de ce que vous prévoyez sur la partie invité, ça envoie du lourd j'ai trop hâte de suivre vos aventures
Bienvenue parmi nous et bon courage pour remplir tout ça