Animation #8 : Not-so-Inktober

"On raconte de nombreuses histoires sur l'origine de Bourseabouche. Certains y voient une personne particulièrement pingre dont l'esprit serait resté coincé dans l'objet de son vice après sa mort. D'autres un gardien d'un ancien trésor pirate. Toujours est-il qu'il est déconseillé d'y mettre la main ou d'y laisser ses économies."

Le texte vient de la chanson "Gold" d'Imagine Dragons, histoire de rester dans l'ambiance /o/

Deux masses informes, à mi-chemin entre les nuages et la poussière était attablé auprès d’une table donnant sur le néant. Scintillant d’une lumière venant de tous les côtés, comme s’ils avaient cousu milles étoiles sur leurs vêtements vaporeux, les deux silhouettes rigolaient. Aujourd’hui était un jour spécial ! Celui des bourses-aux-surprises ! Ces fameuses farces offertes par un marchand peu scrupuleux de la Cité Éternelle, dont les poches étaient remplis à ras bord de ces choses dont raffolaient les dieux. Ces curieuses inventions qui les rappelaient sans cesse qu’ils étaient capables de tout, qu’ils étaient tout en un sens.

- Les paris sont ouverts ! s’exclama la silhouette à droite, le gris de son enveloppe évoluant par volutes du noir au blanc, sans jamais que ne se fixe quoique ce soit dans cet amas portant milles univers.

Son compère le regarda avec un air blasé, bien que ce fussent leurs petites coutumes à eux, toutes les milles unités de temps, il avait fini par en être lassé. Toujours ils tombaient, au mieux sur des sortes de gloubi-boulga de matière informe, indistincte, à mi-chemin entre la vie et l’inerte. Rien dont on ne puisse s’émerveiller, au pire c’était le noir, le vide.

- Ouais, fin’ bon, j’pense qu’il s’réserve toujours les meilleurs, parce que bon, on n’a jamais eu d’chances avec les bourses. Je parierais qu’il les troque à la tête, maugréa alors le second en secouant vaguement sa prise, essayant d’estimer ce qui se trouve à l’intérieur.

- Aller ouvre là, s’excita son ami tandis qu’il entrouvrait avidement la sienne, ce qui ressemblait à une tête se fonçant devant le contenu de la bourse, toute vide, comme plongé dans un âge primordial, avant tout.

Ne se démontant pas pour autant, le nuage scintillant se pencha au-dessus de la table pour voir celle de son compagnon qui devint presque pâle - si l’on peut dire ça pour un écran de vapeur – ses couleurs virant presque au transparent.

Devant lui puis la forme grise se déployait à toute vitesse, entre les fentes entrouvertes de la bourse-aux-surprises, la naissance chaotique de l’univers, les premières particules, les atomes, les étoiles qui mourrait et naissait à toute vitesse, dans un laps de temps impossible à saisir pour ces créatures éternelles. Et ce furent les galaxies, les amas, les nébuleuses, tout ce qui faisait la beauté d’un univers encapsulé dans une vulgaire farce d’un vulgaire marchand. Puis sur la toute fin, les silhouettes vaporeuses virent se développer à toute vitesse, une nouvelle force, qui bondissait de lumière en lumière, avide, vorace, toujours à la recherche de limites immensément lointaine pour ces vies terriblement éphémères. Enfin, tout commença à ralentir, des régions entières tombèrent dans une paralysie inquiétante. La force pulsante encore, tentant de résistance à l’avance de la Fin ne se résumant plus qu’à de minces fils de matière étendu sur des milliards d’années-lumière.

Apeuré, le premier jeta au loin la bourse-au-surprise, trop effrayé qu’ils se trouvent eux aussi dans la farce d’un charlatan.

Avec des paroles de Evil Eye, de Franz Ferdinand !
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