[Clotho | Gabrielle De L'Estang] And I can go anywhere I want. Anywhere I want, just not home

Nom

De L'Estang, un nom ayant subit les ricochets du temps mais dont la surface est aujourd'hui apaisée. Scandale d'il y a plusieurs générations savamment oublié qui ne subsiste plus que dans les histoires racontées au coin du feu par les aïeux. Ceux des autres familles. Jamais de la sienne. C'est un sujet qu'on n'évoque pas. Longtemps porté comme le fardeau d'Atlas, elle étouffait sous sa surface. Elle s'en détache le plus possible à présent, pour continuer à vivre mais au fond d'elle, elle restera toujours une De L'Estang.

Prénom

Gabrielle, le nom d'un Archange, messager divin et témoin du jugement. Volant toujours au dessus de sa tête à la fois protecteur et inquisiteur. Poids invisible et rappel incessant qu'il lui faudrait toujours vaincre. Mais vaincre qui et pourquoi lorsque tout vous a été arraché ?

Elle se pare également du prénom Rhéa, la Titanide, mère des lions qui soigna Dionysos de sa folie. Fille du renouveau, qui engendra un nouveau Panthéon. Un prénom, là aussi, bien trop grand pour celle qui n'aspirait qu'à reconstruire sa vie.

Naissance

L'année s'amorça avec les premiers cris de Gabrielle, le 1er janvier 1903, née sous le signe solaire du Capricorne, toute petite déjà, elle apprit à passer au second plan. C'était d'abord la Nouvelle Année que l'on fêtait et non ses nouvelles années. Elle savait pourtant que la modestie était une vertu et l'avarice un péché. Encore aujourd'hui, Gabrielle accueille avec un sourire étonnée chaque vœu d'anniversaire. Comme si le fait même qu'on pense à elle avait quelque chose de surprenant.  

Parents

Victor De L'Estang, l'héritier, le père au sourire franc et aux éclats de rires qui se brisaient à l'arrivée de son épouse. Ombre bien trop souvent absente qui apaisait pourtant les brûlures du joug maternel. Les regrets dans le regard mais jamais un mot prononcé en faveur de sa fille. Relation avortée qui aurait pu être plus, tellement plus.

Madalena Barbelini, la Toscane toujours au bord des lèvres car sa noblesse est bien plus respectable que celle de son époux. Chauvinisme assumé face à cette France où elle ne s'est jamais senti chez elle. Trop ordinaire, pas assez honorable. Sous ses parures, la belle impose son carcan dans lequel elle étouffe sa fille. Soit belle, ne fait pas de vagues. Pourquoi ne pas faire plus d'efforts? Rien ne saurait la satisfaire, car tout l'amour qu'elle a dans le cœur est réservé pour un seul être. Benedict. Benedetto comme elle dit. L'être parfait.

Nature du sang

Aussi pur que les premières neiges, c'est en tout cas ce dont elle a toujours entendu sa famille se targuer. Un héritage qu'elle avait longtemps voulu faire perdurer. A quoi bon maintenant?

Situation matrimoniale

Célibataire, Gabrielle a oublié ses rêves d'amour et de mariage. Les hommes sont des menteurs et des lâches, elle est bien placée pour le savoir. On ne la reprendra plus à céder aux flagorneries du premier venu. Elle s'est trop perdue dans ce jeu stupide. Si, parfois, le souvenir lointain de bras l'enserrant lui rappelle qu'en ces instants elle s'était sentie protégée, la piqure lancinante de la réalité la rattrape bien assez vite. Mieux vaut être seule que mal accompagnée, se répète-t-elle inlassablement, comme un mantra. Jusqu'au jour où elle même y croira.

Occupation

Orfèvre enchanteresse. Gabrielle vit au milieu des pierres. Rubis, améthyste, ou encore obsidienne, elle les enchante pour leur offrir les particularités magiques qui leur sied le mieux. Comme il faut toujours allier l'utile à l'agréable, elle s'est intéressée à l'orfèvrerie et offre à présent une gamme de bijoux élégants et répondant au divers besoin de ses clients. Si sa vitrine propose de nombreux ouvrages, la plupart de ses œuvres sont réalisées sur commande.

Scolarité

L'été de ses onze ans, Mélusine lui offrit la Nuit. La timide traversa le portrait pour se retrouver sous les étoiles, ébahie et terrifiée. Si elle s'y fit quelques amitiés, la plupart d'entre elles ne résistèrent pas lorsque fut terni le nom des De L'Estang. Gabrielle en était responsable, trop peinée et honteuse, elle s'était coupée du monde. Il n'y avait bien qu'une seule âme vers laquelle elle s'était autorisée à ce tourner. Une personne dont elle ne pouvait se résoudre à lâcher la main.

Petit rat de bibliothèque, Gabrielle dévorait les ouvrages avec passion, d'autant plus lorsque les enchantements étaient concernés. Si elle peinait sur les Potions, même les Sortilèges les plus complexes se présentait dans son esprit comme un canevas dont elle n'avait qu'à jouer avec les fils. La peur de mal faire ou d'être inadéquate disparaissait alors pour ne plus laisser qu'un sentiment de justesse indescriptible.

Lorsque vint le moment de choisir ses options, la belle opta pour l'alchimie -qu'elle eu très vite en horreur- et les runes qui l'enchantèrent également. Elle termina sa scolarité sans heurts et sans marquer les esprits. Seul son professeur de Sortilèges se rappelerait d'elle des années plus tard. A défaut de pouvoir retracer ses traits, il se souviendrait avec affection de celle qui prétendait dessiner dans sa tête la fabrique même des enchantements.

Composition baguette

C'est toute excitée que la jeune Gabrielle s'était rendue chez Cosme Acajor. Plus d'une fois sur le chemin de l'illustre boutique, sa mère a exigé qu'elle se tienne tranquille. S'agiter était mal venu et la bienséance voulait qu'elle affiche un certain flegme. En particulier alors que cette boutique bénéficiait parmi ses clients de gens qui comptaient.

Après plusieurs essais infructueux et quelques exclamations courroucées de Madalena, l'enfant se fit enfin reconnaître par sa baguette, sous le regard attendri du fabricant. "Bien, bien, bien. Un bien bel ouvrage. 27 centimètres tout rond, en bois de noyer de qualité. Très résistant à la flexion. Particulièrement adapté aux personnalités innovantes et créatives." Gabrielle se rappelait encore du regard noir que lui avait valu cette remarque. "Pour le coeur, il s'agit d'une épine de monstre du Fleuve Blanc. Un matériau très intéressant que je n'utilise que depuis quelques années. Avec un peu d'habileté, il garanti des sortilèges puissants et élégants. Il me tarde de voir ce que vous allez en faire." Il ne serait pas déçu. Sa baguette s'orne aujourd'hui d'un manche de joyaux enchantés réalisé par ses soins. La première extravagance qu'elle se soit autorisé

Patronus

Pour chaque souvenir heureux invoqué, l'ombre de la tristesse vient le camoufler d'un linceul. Elle les voit bien, les volutes argentés mais celles ci disparaissent sous le poids de la solitude. Rires transpercés par l'abandon et mémoire salie par le mensonge. Plus rien n'a de sens lorsque plus rien n'est vrai. Ses petits bonheurs n'étaient que des mensonges, parce qu'on n'abandonne pas les gens qu'on aime vraiment pas vrai?

S'il est un sort que le petit prodige des sortilèges n'est pas parvenu à maîtriser, c'est bien celui ci. Quelle ironie.

Epouvantard

Nul besoin d'épouvantard pour faire face à sa plus grande angoisse. Elle est présente au fond de son coeur tous les jours, luttant pour s'échapper telle une bête avide la déchirant de l'intérieur. Gamine, c'était le noir qui lui evoquait la solitude. Quand la demeure familiale se faisait silencieuse et les heures bien plus longues. Aujourd'hui, elle a cette déchirure chevillée au cœur. Le scandale vous isole sans commune mesure. Encore plus un scandale étouffé. Peu de gens pensent encore à la petite dernière des Malivore. Elle n'est qu'un vague souvenir, une ombre parmi la noblesse. Oubliée et reléguée au placard, qui pense encore à elle? Personne. Alors son Epouvantard la renvoie à sa propre existence. Incorporelle. Fantomatique. Presque plus de ce monde. Le vaincre n'en est que plus difficile.

Amortentia

L'odeur du foin fraichement déplacé qui lui rappelle le domaine familial et les écuries où elle pouvait oublier les attentes qui pesaient déjà sur ses jeunes épaules. Jadis elle adorait l'odeur des roses, elle l'a maintenant en horreur. Elle lui préfère celle du jasmin, plus enivrante sous sa forme de fleur et qui, en tisane, vient apaiser son anxiété. L'odeur du musc blanc la rassure également, bien qu'elle soit incapable de définir pourquoi.

Particularité Magique

Si ce n'est un don certain pour les enchantements et les mauvaises décisions, Gabrielle ne présente aucune particularité notable. Elle ne souhaite de toute façon pas être remarquable. En aucune façon.