Des masques et des sorcières
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(#) Des masques et des sorcières
missive rédigée par Jeanne de Beaufort leMais ces perspectives rendaient malade la duchesse qui n’avait jamais manquer de rien, Jeanne se sentait salis. Comme si la grandeur de ses idées et la hauteur de son titre devaient lui éviter ces moments embarrassants. Puisque c’était surtout la honte qui irriguait sa mauvaise humeur. La honte de devoir encore recourir aux bézants de l’Ennemi, celui avec une lettre majuscule. Négocier avec la fille du Diable en personne, rien de plus ironique pour qui se considérait comme une sainte. L’espace d’une discussion, la duchesse devait troquer ses commodes dogmes pour le cynisme des affaires. Mais elle était une terrible commerçante. Capable de mener en bateau quiconque pendant des heures, le son rêche des chiffres provoquait chez elle, l’exacte inverse. Une sorte d’empressement maladif, impérieux, totale la prenait. Elle voulait que ça cesse, qu’on la laisse elle et ses jolies répliques. Volontiers, elle déléguait la conduite des basses choses, celles de la spéculation et du marché à ces bourgeois véreux, à qui l’argent donnait le même teint vert que les billets.
En sachant cela, rien d’étonnant à ce que les comptes des Beaufort soit autant dans la tourmente. Les chiens ne font pas des chats, les idéologues ne font pas des comptables hélas. Entre le fantasque paternel, dont personne n’avait eu de nouvelle depuis déjà deux ans, envolé avec une partie du maigre pactole. Et la fille, toujours impliquée dans des affaires louches, dépensant ci-et-là pour « aider » des amis en difficultés. Il fallait renflouer les caisses, urgemment. Avant que les choses ne s’ébruitent, car les rumeurs sont plus destructrices que le fait accompli. L’on peut toujours se refaire une santé, jamais rebâtir sa réputation.
Elle avait donc fait appel aux services de Neith, toutes deux se connaissaient. Peut-être même trop au goût de la jeune politicienne qui exécrait cette hautaine femme, descendante d’un odieux fasciste. Mais elle était bien la seule qui puisse la décharger des innombrables objets rapportés par les Beaufort, que ce soit dans les expéditions de son paternel ou bien de leurs maudits ancêtres atteint d’une obsession au bord de la folie pour l’entassement et l’accumulation. Enfin, la seule. Pas exactement mais plutôt la seule sorcière en mesure de lui en faire un bon prix et d’y accorder un certain intérêt. Sans que la duchesse ne se l’explique, elle ne voyait pas balancer tout ces artefacts à un vulgaire contrebandier. Ils avaient une valeur, peut-être même une âme ? Qui exigeait de sa part du respect. Jeanne s’achetait sans doute par-là, une bonne conscience, de quoi oublier les intérêts vénaux derrière. Mais que voulez-vous, les Hommes se drapent d’illusions.
Cette fois-ci, elle se séparait – à coup sûr – d’un bien très cher à son cœur. Jeanne avait en effet miroité à Neith et ses commis, l’acquisition d’un gevluur, ces tresses de perles noires qui protège l’ancêtre de la lumière et qui couvre les yeux du performeur pendant la séance chamanique ainsi que la coiffe qui le surmontait avec ces deux yeux noirs comme le charbon et les plumes hérissés vers le ciel. Un objet magnifique, un artefact imprégné d’un pouvoir que son esprit ne parvenait que difficilement à se figurer. Jeanne avait vu, cette coiffe portée par un puissant sorcier des steppes. Elle avait été témoin des râles montant crescendo, des soubresauts de cette silhouette auparavant humaine, devenu presque animal. Comme si la magie imprégnait le sorcier mongol de tout son être, comme si elle n’était plus l’objet et l’outil de désir du pratiquant mais bien la force vive et agissante. De quoi rendre humble n’importe qui, même Jeanne de Beaufort.
Perdu dans ses méditations, elle n’avait pas entendu les bruits de pas qui se dirigeait droit vers la salle dans laquelle la sorcière attendait. Cette antichambre de mauvais goût, nommé sans imagination le « Salon Bleu ». Couverte de bleu – couleur qu’elle haïssait – et d’une décoration rivée vers le Passé et ses rêves séniles, de la mosaïque et des tapisseries. Beau diable, qui dans le Tout Paris pouvait encore trouver ça élégant ?
___
- Détails:
- La coiffe en question, Jeanne possède d'autres objets à vendre mais c'est bien la pièce maîtresse et celle qu'elle a mentionné aux commis de l'hôtel de vente.
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(#) Re: Des masques et des sorcières
missive rédigée par Neith Shafiq leL’argent n’a pas d’odeur ni de couleur. D’après Neith, c’était toujours très intéressant de savoir d’où il venait et de l’ironie que certaines situations impliquant de l’argent procurait. Lorsqu’elle avait vu le nom de Jeanne de Beaufort dans son carnet de rendez-vous ce matin-là, Neith avait levé les yeux au ciel. Elle avait ensuite décidé qu’après ce rendez-vous, elle allait emmener Cerbère qui était au pied de son bureau pour une très longue sortie dans le quartier pour s’aérer l’esprit.
Sa seconde pensée alla pour la duchesse qu’elle connaissait plutôt bien. Les rumeurs allaient bon train sur la duchesse. Mais en tant que fille du Diable, Neith avait l’avantage d’avoir une oreille sur ce qui se disait en politique et il y avait une certitude que la demande de Jeanne à la voir était certainement liée à ses ambitions politiques. Si Neith comprenait très bien le dilemme moral que cela aurait pu poser à quelqu’un d’autre qui n’était pas elle, elle n’en éprouvait que du vide et un choix rapidement exécuté. Ses priorités n’étaient pas en politique surtout lorsqu’il s’agissait des Antiques Rêveries et d’un peu de justice (vengeance ?) dans ce monde. D’autres personnes auraient sûrement refusé de travailler avec Jeanne car cela aurait donné les moyens à une entité politique autre que celle de son père. C’était fort probablement vrai. Mais de manière pragmatique, Neith préférait encore que donner cet argent et récupérer un artefact probablement volé à des tribus lointaines que de laisser Jeanne aller trouver quelqu’un d’autre qui ferait l’affront de ne pas bien estimer cet objet ou de le laisser rentrer sur le marché noir.
Alors, dans son bureau et face au commerce, Neith laissait la politique de son père… à son père. Il n’en était pas question ici et maintenant et elle savait qu’elle mènerait à bien cette entrevue comme il se devait. Peu importe à quel point elle méprisait Jeanne de Beaufort qui semblait bien le lui rendre. Il faut dire que Jeanne n’était pas pire que les hommes aux regards libidineux qui passaient parfois la porte de son bureau et avec qui elle était obligée de commercer. Le mépris de Jeanne était même particulièrement doux pour Neith en comparaison. C’était même une forme de sincérité qu’elle appréciait. Mais Neith restait professionnelle et elle savait très bien qu’en affaire, les meilleurs étaient faites avec des gens que l’on n’appréciait pas nécessairement.
Il n’empêchait qu’elle trouvât extrêmement drôle de savoir ce que Jeanne ferait de cet argent. Drôle parce qu’elle se doutait que se demandait vraiment à quel point Jeanne devait mal le vivre et si elle le vivait mal ou si elle était comme nombre de politiques. Drôle également parce que cela égayait vraiment la perspective de ce rendez-vous, outre le fait, bien entendu qu’elle allait se retrouver devant un objet qu’elle saurait apprécier à sa juste valeur.
C’était donc sur cette pensée qu’elle décida de se lever de la chaise de son bureau pour aller à honorer son rendez-vous. Descendant d’un étage pour arriver au salon bleu, Neith posa un regard calme sur la femme à la robe en forme de tailleur kaki, assise dans le Salon Bleu et qui semblait perdue dans ses pensées. À quoi Jeanne devait penser, Neith n’en savait rien mais ses pas s’arrêtèrent à une distance respectueuse de la blonde et elle s’éclaircit la gorge. Un sourire aussi charmant que poli s’inscrivit sur ses lèvres et l’égyptienne ouvrit la bouche pour la saluer en inclinant respectueusement la tête :
« Mademoiselle la duchesse. »
Quand bien même Neith n’appréciait pas Jeanne, elle savait respecter les titres et Jeanne était une jeune duchesse depuis la disparition de son père. Elle l’appelait donc en conséquence et n’utilisait pas le tutoiement qu’elle pouvait faire avec certains clients réguliers.
« Veuillez me suivre. » lui indiqua-t-elle avec élégance, sa robe suivant le rythme de ses mouvements.
Sans attendre d’avantage, Neith rebroussa chemin pour monter à l’étage où son bureau attendait. Faisant d’abord rentrer Jeanne, elle jeta un regard entendu à sa secrétaire avant de refermer la porte derrière elle.
« Asseyez-vous, je vous en prie. » lui dit-elle en lui désignant deux sièges près de la grande fenêtre qui donnait sur la cour intérieur de l’hôtel de particulier. D’un coup de baguette magique, elle fit léviter l’un des plateaux en argent sur lequel se trouvait du thé, de l’eau et des pâtisseries qu’elle mit proche de Jeanne dans le cas où elle en aurait envie. Puis, élégamment, Neith s’assit en face d’elle et lui adressa un sourire poli un instant.
« J'ai cru comprendre que vous souhaitiez vendre. Je vous écoute. »
Non sans sourire intérieurement que la situation était comique.
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(#) Re: Des masques et des sorcières
missive rédigée par Jeanne de Beaufort leMais la politesse n’était qu’un commode masque, une sorte de respect indifférent, un vide quelconque dans lequel l’on fourrait ses pairs, ses parents et ses pires ennemis. Modulable à souhait, critique dans certaines situations, Jeanne ne pouvait y déroger surtout dans dans l’hôtel des Shafiq, pour leur vendre ce masque. Alors elle ravalait sa salive, contenait les noms fleuris qui lui venait à la simple évocation de l’égyptienne.
Revenant, non sans difficulté, de son voyage d’entre ses pensées. Elle passa ses doigts fins sur sa robe kaki pour paraître plus présentable. Puis se lève à la suite de la sorcière, marchant d’un pas vif entre les couloirs encombrés des Rêveries Antiques. Alors que la robe de Neith épouse habilement les courbes de ses jambes et épaules, de sa taille s’accordant à la cadence de ses pas. Jeanne, à la traîne, semble flotter. Comme si elle était une statue malingre recouverte d’un drap, l’habit kaki fait front, s’oppose à sa marche tendue. Après tout, la fille de Tarek n’était-elle pas de ceux qui suivait habilement le ruisseau, profitant du courant, des tendances de l’époque pour prendre de la vitesse ? Si tel était le cas, son interlocutrice se trouvait à l’inverse, braqué contre les flots en furie qui menace de l’attirer puis de la faire chavirer dans une « vie normale », de celle qu’on attend de la part d’une aristocrate, encore jeune fille à l’aurore de ses trente-cinq ans.
Alors qu’elles arrivaient dans le bureau, Neith s’empressa de fermer la porte comme un geôlier condamnerait un bagnard. Ça y est, elle était dans la grotte de Polyphème, condamné de jouer selon les règles de la marchande d’art, à moins de ruser comme l’homme aux milles tours. La duchesse avisa l’un des sièges postés près de la grande fenêtre, au moins le prisonnier avait des barreaux assez lestes pour contempler l’extérieur pensa-t-elle amer alors qu’elle triturait la sangle de son sac magique.
Sous l’invitation de l’égyptienne, la Beaufort vint délicatement s’assoir posant sa précieuse marchandise sur ses genoux alors que ses yeux bruns s’avisaient des pâtisseries que son interlocutrice venait innocemment de rapprocher d’un coup de baguette. Son estomac criant famine, Jeanne dû se faire violence pour ne pas succomber aux tentatrices effluves sucrées des quelques choux à la crème et canelé. Elle ne pouvait les accepter, ce serait trop dégradant. De la même gravité que d’être l’hôte de son némésis.
Jeanne lui rendit le même sourire faux qui n’en disait pas moins sur ce qui se tramait derrière ses grands yeux de biche. L’aristocrate considéra avec attention ses mots avant de répondre, profitant sans doute des quelques secondes supplémentaires pour se préparer de la joute à venir.
- Et vous avez finement présumé de la chose, commença-t-elle avec un éclair de moquerie à peine discernable dans la formule guindée. J’ai fait parvenir à votre secrétariat plusieurs notices d’artefacts, sa voix était assurée, elle connaissait son sujet. La duchesse n’aurait-elle pas dû être un archéomage ? Tout aurait été plus simple. Mais Jeanne ne pouvait, comme son père ne se soucier que d’elle. Fuir hors du monde était impensable, irresponsable. Elle devait marquer de sa griffe son époque, changer les choses ne serait-ce que de quelques centimètres. Sa visite aux antiques rêveries était un moyen plutôt qu’une finalité. Elle était de cette caste qui avait le pouvoir d’exécrer l’argent mais qui connaissait finement son pouvoir. J’aurais voulu utiliser de cette technologie révolutionnaire qu’est la photo mais ce n’était faisable dans le temps qui était le mien, j’ai donc envoyé quelques relevés, voyez vous-mêmes, qu’elle lâcha avec un petit sourire suffisant, la laissant s’affaire pour récupérer ou non le dossier que Jeanne avait constitué. C’est une coiffe qui appartenait au shaman Sukhebaatar, celui même qui avait prédit le terrible dzud noir de l’année 1916, vous savez cet hiver qui a terrassé les cheptels et les hommes enfin pour ceux qui ne l’avaient pas écouté. Les autres, assurés que le grand blanc décimerait les troupeaux s’était rationné dès le début de l’été.
Pourquoi elle racontait tout ça ? Elle n’en avait aucune idée elle-même, peut-être pour se donner une contenance, un air d’exploratrice que Jeanne avait depuis longtemps remisé au placard.
- L’on dit que celui qui la porte voit ses dons d’oracle décuplé, dommage que j’ai de piètres dispositions pour la double vue. Mais, elle s’interrompt l’air plus maline qu’elle ne l’est sans doute, peut-être qu’elle fera votre bonheur ou celui de vos clients. Après tout, il y a de tellement grandes échéances à venir, se rassurer n’est peut-être pas de trop dans ces moments cruciaux.
Elle se refonça dans le siège, rapprochant le sac contre son ventre alors qu’elle jetait un coup d’œil à la cour intérieure. Tout du long elle avait l’objet à portée de main mais ne l’avait montré, jouant au jeu du chat et la souris toute seule, Jeanne attendait un moment plus opportun pour se laisser avoir.
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(#) Re: Des masques et des sorcières
missive rédigée par Neith Shafiq leQuand bien même Jeanne se cachait derrière sa politesse surannée et hypocrite qu’elle-même pratiquait quotidiennement, Neith constatait que tout dans l’attitude de Jeanne montrait qu’elle n’avait absolument pas envie d’être là. Cela ne faisait qu’augmenter le grand sourire de chat que Neith gardait à l’intérieur d’elle. Les petites mesquineries tenaient à peu de choses dans les étiquettes. Pour avoir été une Lestrange des années durant, elle savait que les plus petits détails pouvaient être de très grands affronts. Alors, forte de cette expérience qui l’a pourtant vue déclassée, elle mettait ces connaissances en application parfois avec des clients comme Jeanne. Son visage restait aussi calme et professionnel qu’il pouvait l’être alors que ses yeux marrons dévisageaient la femme assise en face d’elle.
Tout en cet instant était une affaire de silences. Les paroles, bien sûr, étaient un indicateur. Mais ce qu’il fallait réellement écouter était les silences qui s’installaient comme les expressions de la personne en face. L’inverse était aussi vrai de son côté. Faux sourire contre faux sourire, Neith attendit donc que Jeanne se sente prête à enchaîner et ne fut pas déçue de ce qu’elle entendit. Evidemment, il fallait que Jeanne fasse front. Neith ne pouvait pas lui retirer qu’elle était un peu admirative de sa façon de toujours retomber sur ses pattes. Même si elle ne l’appréciait pas, elle savait reconnaître ses qualités ce qui faisait également qu’elle ne la sous-estimait pas. Ne prenant pas comme une insulte la moquerie, Neith y répond par un sourire en coin. Il en faudra bien plus pour l’agacer même si elle n’apprécie pas que Jeanne insinue que son secrétariat n’était pas compétent et lui avait transmis une mauvaise information. Même si elle avait très envie de lui demander ce qu’elle faisait ici hormis lui mettre ses trouvailles sous son nez pour la narguer si elle avait du temps à leur faire perdre à toutes les deux, Neith garda le silence jusqu’au bout. Elle ne bougea pas pour récupérer le dossier l’ayant déjà parcouru, étudié et le connaissant très bien.
Elle aimait également entendre ses clients parler des objets qu’ils souhaitent lui présenter. Cela indiquait beaucoup d’éléments importants. Pour commencer, Jeanne savait de quoi elle parlait et donc connaissait la valeur de ce qu’elle avait avec elle. Il était évident qu’elle y avait trouvé quelques passions et en cela, Neith savait qu’elles pourraient très bien s’entendre puisque Jeanne n’était pas une amatrice qui n’y connaissait rien et ne souhaitait que se faire de l’argent. Les voleurs de son espèce avaient de cela d’être pour une majorité des passionnés. Cela n’enlevait rien au principe de vol mais occasionnait quelques discussions intéressantes bien que Neith avait également rencontré des parfaits ignorants. Elle n’avait pas cillé lorsqu’elle avait racheté leurs objets au prix le plus bas du marché et qu’ils ne s’étaient rendu compte de rien. C’était une justice comme une autre.
Neith ne cache pas son intérêt pour le sujet qu’aborde Jeanne. Rien n’est feint dans son attitude quand il s’agit d’apprendre des choses même si elle a anticipé et potassé le sujet autant qu’elle le pouvait avant cette rencontre. Elle constate bien que Jeanne prenait un certain plaisir. Pas de ce plaisir suffisant, mais de celui que Neith connaissait bien : celle d’une femme qui avait dû abandonner le terrain depuis un certain temps. Cela trouvait un certain écho chez elle qui avait dû faire ce choix des années auparavant bien que Neith partait de temps en temps en Egypte pour des fouilles. Sa prédisposition à voyager dans toute l’Europe aussi lui permettait également de se donner l’impression que le terrain était aussi proche qu’avant quoique différent.
L’intérêt de Neith retombe cependant à plat devant la pique non dissimulée de Jeanne. Elle savait très bien à quoi devait faire allusion la de Beaufort. Mais elle n’allait pas prendre la perche et décida que cela lui coulait dessus comme de l’eau sur la roche. En revanche, elle nota le léger mouvement de la blonde. Son sac contre elle comme s’il y avait quelque chose dedans. Sans cesser de fixer Jeanne, Neith finit par répondre après quelques instants de silence :
« Si vous n’avez pas pu faire de photographies, je suppose que vous l’avez apporté. Je vous laisse me le montrer. »
Ce n’était pas une question parce qu’elle ne voulait pas laisser l’opportunité à Jeanne de jouer encore longtemps au jeu qu’elle voulait jouer.
« Votre description et ce qu’il y a dans le dossier qui m’a été fourni est particulièrement fascinante en tout cas. J’ai fait quelques recherches en amont de notre rencontre. Avez-vous rencontré directement le shaman Sukhebaatar ? Ou est-ce une acquisition de quelqu’un d’autre ? »
Elle ne revient pas sur l’idée de vendre étant donné que visiblement, elle présumait trop vite que Jeanne voulait vendre. Si Jeanne comptait lui faire perdre du temps pour ménager son égo, autant qu’elles parlent de choses intéressantes et Neith était prête à la faire mariner jusqu’à ce qu’elle craque.
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(#) Re: Des masques et des sorcières
missive rédigée par Jeanne de Beaufort leQuand on aime on ne compte pas ou plutôt pour Jeanne et son père, quand on aime on n’a pas de scrupules. Tel était le mot d’ordre qui les avaient animés dans les mornes plaines mongoliennes. Persuadés qu’il en allait de l’existence même de ces artefacts menacés par un pouvoir tsaristes puis soviétique, hostile à ces peuples des steppes si difficile à contrôler, les sorciers avaient usés de tous les stratagèmes pour mettre la main sur le plus d’artefacts possibles.
N’était-ce pas le rôle des peuples avec une histoire, une mémoire, ceux civilisés de conserver la trace des autres ? Des innombrables peuplades au présent sans fin, éternellement tourné sur l’instant, jamais à se projeter, jamais à se rappeler. Enfin ça, c’était la justification qu’ils se donnaient. La vérité, plus cru, plus terrible c’était qu’ils volaient tout ces objets. Les pasteurs-nomades n’avaient pas besoin de ces sorciers fringants pour conserver leurs savoirs et reliques. La plupart des pièces qui peuplaient les collections, pire les musées avaient été acquise de la plus ignoble des manières. Sans contrepartie, sous la menace réelle ¬ou fantasmé de représailles. Plus avares que des gobelins, plus jaloux que des dragons, les Beaufort s’était illustré par une insatiable faim, justifié par la teneur académique de leurs voyages.
Mais voilà, ces montagnes d’objets n’apportaient ni la félicité, ni la richesse. Rare étaient ceux qui s’y intéressaient, même de loin. Même si Jeanne n’osait le reconnaître, elle savait pertinemment qu’ils seraient mieux employés et considérés dans une institution comme celle des Antiques Rêveries. Quelle ironie pour la politique qui faisait tout son fond de commerce sur la dénonciation radicale du passé. Marchander avec les détaillants du monde d’antan, voilà de quoi ajouter de l’amertume à ses mots déjà caustiques.
Alors que la marchande affirme qu’elle a la coiffe avec elle, Jeanne lui jette un regard quelques secondes méfiant avant qu’elle ne l’adoucisse sous le poids de sa propre éducation, reprenant une contenance. Prise au piège et sachant qu’elle ne pourrait jouer bien longtemps, sa rivale habituée aux manigances à rallonge des châtelains, la duchesse se résigna à sortir la coiffe de son sac sans-fond. Sans prendre la peine de lui demander, elle fit léviter les quelques objets disposés sur la table proche de la fenêtre, entre elles puis déposa délicatement l’objet, ses mains gantées lissant les loques avec des gestes assurés.
- Je ne sais si je compte m’en détacher tout de suite mais il est préférable, effectivement de l’avoir de visu qu’en croquis. Si vous souhaitez le toucher, je vous conseille de mettre des gants, son pouvoir est assez, nous dirons « irradiant », ajouta-t-elle mentant à moitié, sans doute pour cacher la véritable raison de ses gants. Nous l’avons effectivement acquis auprès du shaman, peu de temps avant sa mort, il nous l’a cédé de son propre chef, qu’elle détailla ses yeux clairs et neutres ne trahissant pas le mensonge qu’elle proférait. Son fils, lui aussi désigné par les esprits pour chevaucher le tambour était notre intermédiaire et celui qui organisa la rencontre dans le Gobi Altaï, conclut l’aristocrate sur une pointe d’honnêteté, mélangeant avec une facilité déconcertante le mensonge et la vérité. Un tel objet est sans doute l’un des premiers à nous parvenir en occident, les russes ont sans doute mis la main sur nombreux de ces objets surtout depuis les débuts de la répression contre l’animisme mais, vous savez comme moi qu’ils ne sont ni prêteurs ni marchands, susurra Jeanne avec un air finaud, sachant parfaitement la valeur de ce qu’elle amenait.
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(#) Re: Des masques et des sorcières
missive rédigée par Neith Shafiq leLe regard méfiant de Jeanne ne trompait pas Neith. Calmement, elle savait qu’elle avait visé juste. Il fallait dire que la duchesse aurait sans doute mieux fait de mieux contrôler son langage corporel. Sans doute que Neith, à sa place, en sachant qu’elle se baladait avec un objet aussi rare qu’unique, n’en aurait pas mené plus large. Sans doute qu’elle ne l’aurait même emmené en fait et aurait demandé à ce que quelqu’un vienne. C’était trop imprudent et Neith était sans doute un peu trop paranoïaque à l’idée qu’il n’arrive quelque chose lors du transport, d’autant plus que les Antiques Rêveries pouvaient proposer ce service. Mais encore un indice que Jeanne n’était pas très regardante sur certaines choses comme elle ne devait sans doute pas avoir eu cela comme un cadeau de la peuplade qu’elle avait volé.
Patiemment, Neith attendit donc que Jeanne sorte l’objet. Si elle ne s’offusqua pas de voir ses objets sur son bureau déplacé, elle prit les devants et fit léviter avec sa baguette sa propre paire de gants tout en écoutant Jeanne. Son regard avait déjà presque oublié la présence de l’agaçante blonde pour se concentrer sur ce qu’elle avait devant elle.
Neith ne cacha pas son admiration et un respect non dissimulé. Face aux cultures magiques, elle était toujours d’un respect profond, peu importe si celles-ci n’étaient pas respectueuses des autres. Elle restait une amoureuse des cultures, ayant hérité cela de son père qui avait été à sa place avant elle. Elle prit note qu’elle devrait faire attention pour ne pas provoquer n’importe quoi même si elle trouva le conseil de Jeanne inutile, comme bien souvent lorsque cette dernière ouvrait la bouche à vraie dire.
Faisant le tour de son bureau avec lenteur, l’égyptienne observa avec attention l’objet. Elle en détailla toutes les aspérités et en aurait presque pu avoir le regard humide de savoir qu’une peuplade avait perdu un objet aussi précieux. Son regard resta sec et elle se contente d’adresser une promesse silencieuse à ceux qui ne pourraient pas l’entendre : elle prendrait soin de cet objet. Elle nota qu’il a été volé à un mort ce qui devait être terrible pour la descendance spoliée. Mieux que personne, Neith comprenait. Après tout, c’était exactement ce qui arrivait à son héritage en Égypte. Elle avait du mal à croire que le fils en question eut volontairement donné un objet aussi sacré à des inconnus. Neith releva son regard sur Jeanne et un petit sourire s’afficha sur ses lèvres.
Pas à moi, Jeanne.
Elle n’était pas née de la dernière pluie. Mais elle allait faire comme si elle croyait Jeanne pour ne pas froisser son égo qui semblait déjà bien mal en point par sa simple présence en ces lieux. Elle ne doutait pas que les russes avaient leurs propres collections et dans les faits, Jeanne avait raison : il était difficile de mettre la main sur ce genre d’objet. Pas impossible néanmoins. Juste difficile. Neith avait appris la patience cependant. Jeanne connaissait sa valeur et Neith savait qu’elle jouait à sa façon. Cela ne la dérangeait pas.
Revenant à l’objet, elle l’observa avec une certaine tendresse non dissimulée et murmura :
« Il est magnifique. »
Puis, elle se releva et s’appuya contre son bureau, ses mains toujours gantée. Son regard tomba sur Jeanne et un sourire en coin se dessina sur les lèvres de Neith.
« Je comprends qu’il vous soit précieux. J’aurai du mal à m’en détacher à votre place. »
Il n’y avait pas réellement de mensonge dans ce qu’elle disait. Si elle était totalement hermétique à de l’empathie envers Jeanne parce qu’elle ne l’appréciait pas, elle se mettait à sa place. Cela devait être dur de se défaire d’un objet si précieux même s’il était le fruit d’un vol.
« Je vous remercie de me l’avoir montré. »
Elle savait au moins remercier l’effort et le reconnaître. Jeanne aurait tout aussi bien pu la faire mariner dans sa frustration de ne pas voir le dit objet.
Mais puisqu’elle semblait vouloir se faire désirer, Neith, elle, n’allait pas se presser ni la presser, ni être la première à proposer un prix. Elle prenait le rythme de Jeanne.
« Il n’a pas été réclamé par le fils ? Avez-vous pu garder contact avec ce dernier ? »
Son intérêt est à la fois de la curiosité autant pour les gains que pour l’idée. Elle apprécierait rencontrer cet homme, réellement.
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(#) Re: Des masques et des sorcières
missive rédigée par Jeanne de Beaufort leJeanne avait-elle mauvaise conscience, non. C’était l’avantage des gens qui se sentait investi d’une mission de nature presque divine. Convaincue qu’elle avait un rôle à jouer dans la libération des corps et des esprits, l’aristocrate était tout-à-fait incapable de comprendre son tort. Elle s’était trop bercée des justifications nauséabondes du colon, du simple et convenable sentiment de supériorité. Si bien qu’en se remémorant l’acquisition du masque, Jeanne n’y voyait aucun problème, tout avait été fait dans la règle de l’art. enfin celle du blanc pour être exacte.
Les Beaufort n’avaient pas profané la tombe du chaman, ni d’ailleurs il ne s’était emparé de force de son objet fétiche. Le risque aurait été trop grand, la négligence et l’arrogance de l’incrédule étant synonyme de ruine lorsqu’on traite avec ces objets de pouvoirs, le père et la fille avait préféré berner la famille, bien après que le sorcier avait été mort et que son fils ait prit la succession. Ce n’était donc pas à un vol, à proprement parlé, mais l’escroquerie était-elle si différente ? Qu’importe que l’objet ait été arraché ou subtilisé, il n’en restait que les dragons avaient – d’une certaine façon – amputé ces pasteurs de leurs identités et du pouvoir qu’ils en tirent.
Mais de telles considérations ne traversait pas l’esprit de la blonde, trop méfiante envers Neith pour penser à quoique ce soit d’autres. Elle se défiait avec raison, sans doute, la sorcière n’avait aucun espoir quant à la manière dont l’égyptienne la considérait. Tant mieux, elle n’en pensait pas moins et de vieux réflexes classistes, reliquat de sa condition bouillonnait au seuil de sa conscience, susurrant de pernicieuse insulte qu’elle ne pourra jamais professer.
Quelle drôle de transaction que celle qui se faisait entre les deux femmes, s’haïssant silencieusement mais lié, bon an mal an, par des intérêts divergents sous le signe indifférent de l’argent. Rien d’étonnant à ce que la fortune ait finit par supplanter les couronnes, inodore, incolore, discret, son pouvoir était autrement plus subtil. Le marchand et le banquier n’ont pas des rivaux, ils ont des concurrents. Voilà qui est commode ! Il est devenu inutile de se taper dessus, à grand renfort de masse d’armes et de lourdes plaques, ce sont les rachats et les liquidations qui prennent des villes.
Ainsi voilà comment la fière descendante d’une lignée de chevalier, enfin, de truand se réclamant de l’esprit chevaleresque se retrouvait chez des truands d’un nouveau genre. Bien content de dépouiller les familles reléguées au passé et d’arnaquer celle qui venait conquérir le présent.
- Ce n’est rien, dit-elle avec sincérité, sachant elle aussi apprécié la vue d’un bel objet et les commentaires d’une connaisseuse. Vous pourriez venir visiter, elle s’interrompt, quand votre travail le permettra, ajoute-t-elle mesquine, notre hôtel. Nous avons parmi les plus belles pièces après les départements du Louvre, susurra la duchesse avec la fierté si distinctive de la crapule, assumant que la Shafiq ne répondrait jamais par l’affirmative à sa fausse invitation.
En entendant ses questions, la duchesse manque de se braquer, ses yeux se détournant une nouvelle fois pour ne pas se trahir. Jeanne ayant très bien compris le sous-entendu tâcha de maintenir son port et de se contenir intérieurement avant de répondre de sa voix fluette, faussement innocente :
- Que voulez-vous dire par réclamer ? Avec l’accent d’innocence le plus authentique qu’elle ait pu faire, croyant vraiment à sa comédie. Nous avons procédé à un échange avec le nouveau chaman, ce qui était d’ailleurs entièrement vrai, selon leur propre dire, il n’était jamais très bon de garder des objets aussi chargés. Surtout si l’esprit qui chevauche le nouveau chamane diffère de son prédécesseur. En nous donnant cet objet, ils pensaient – à juste titre – se débarrasser d’un fardeau, élabora la jeune dans un élégant mensonge mêlant savoir scientifique, littéraire et une dose de vérité. Mon père entretient une correspondance avec lui mais comme vous le savez, il est injoignable et introuvable depuis déjà plus de deux ans, comme c’était pratique…
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(#) Re: Des masques et des sorcières
missive rédigée par Neith Shafiq leIl y a des opportunités qui sont proposées juste par politesse. Neith avait appris beaucoup cela lorsqu’elle était une Lestrange et cotoyait beaucoup plus de personnes comme Jeanne de Beaufort. Beaucoup proposaient des choses par politesse et ne s’attendaient certainement pas à une réponse honnête et franche. C’était mal connaître Neith de ne pas déceler un potentiel tout chaotique qu’il était. Quand bien même méprisait-elle la femme en face d’elle qui, d’après elle, était l’hypocrisie même du milieu duquel elle souhaitait se débarrasser mais qui lui donnait tous les avantages de la société, elle aimait avoir du culot. Beaucoup de choses dans sa vie, en tant que femme, c’étaient décidées au culot. Certaines opportunités au travail aussi, notamment. Il serait pourtant faux de penser que Neith n’était pas prudente. En réalité, dans le domaine des affaires, elle l’était tout particulièrement.
Mais prudence et culot n’étaient pas incompatibles.
Surtout quand cela permettait de mettre un peu mal à l’aise quelqu’un qui se pensait définitivement supérieure à elle. Alors, quand Jeanne propose ce qu’elle propose, une lueur éclaire s’anime dans le regard de Neith. Un peu plus et elle en aurait souri de son sourire de chat, celui qu’elle utilise quand elle est d’humeur à faire une bêtise, s’amuser des autres parfois à leurs dépends. L’occasion est vraiment trop belle et Jeanne provoque par sa mesquinerie. D’autres se seraient sûrement offusqués. Pas Neith. C’était beaucoup trop tentant de prendre la jeune femme à son propre piège en la jouant plus finement que Jeanne se croyait réellement fine.
« Oh mais si vous proposez, je serais ravie de venir admirer votre collection, Mademoiselle la duchesse. Nous pourrions rediscuter de la date qui vous convient le mieux toute à l’heure. »
Les crocs se referment avec autant de douceur et de délectation dont Neith en est capable. Sur son visage, il y a un sourire aussi courtois qu’il est doux. Elle ne mime même pas son enthousiaste. Dans le fond, elle est réellement enthousiaste à l’idée d’observer la collection des de Beaufort, d’y faire potentiellement son marché, il est vrai, mais aussi et surtout de sortir des Antiques Rêveries pour aller un peu sur le terrain de Jeanne. Neith adore ce genre de défi. Et puis, avoir un pied même minuscule, c’était déjà une opportunité, un début de quelque chose, la possibilité de plus autrement plus tard.
Et qui sait, peut-être que Jeanne serait plus buvable chez elle qu’ici, même si Neith en doute. Autre terrain, autre dynamique où Jeanne serait, cette fois-ci, en position de pouvoir en apparence. Il y avait fort à parier que cela n’arrange rien en réalité.
La très légère rigidité de Jeanne n’échappe pas à Neith une fois ses questions posées. Elle n’est pas surprise de la réponse. Il n’y a bien sûr aucune remise en question de Jeanne et Neith n’est pas dupe. Elle sait bien que les propos de la jeune femme en face d’elle sont à prendre avec des pincettes. Cela ne l’empêcherait pas de mener quelques recherches de son côté, même si Jeanne avait été totalement honnête. Elle n’en serait pas là aujourd’hui où elle en était si elle ne faisait pas aussi ses vérifications de son côté. Ses clients pouvaient lui raconter n’importe quoi. Ils n’étaient pas des experts après tout.
« Je comprends. » reprend Neith avec sérieux et patience. « J’espère que votre père rentrera bientôt parmi nous sain et sauf. »
Son regard se repose sur l’objet qu’elle admire un instant silencieux avant de revenir s’asseoir à sa place. Lorsque son regard se pose sur Jeanne, un sourire poli s’est dessiné sur ses lèvres et elle observe un peu longuement la De Beaufort. Puisque Jeanne semblait vouloir jouer la forte tête, elle n’allait pas revenir sur la possibilité de vendre l’objet. Elle préfère que ce soit Jeanne qui continue de s’embourber toute seule dans sa fierté mal placée. Ainsi, elle ne lui oppose que du silence à ce propos.
« Cet objet est tout simplement fascinant. Je vous remercie pour la découverte. »
Elle ne comptait absolument pas aider Jeanne à se sortir de cette situation qu'elle avait provoqué. Sans doute était-ce cruel pour Jeanne qui se trouvait au pied du mur en venant ici. Mais Neith n’avait jamais dis qu’elle n’était pas cruelle face à la mauvaise foi.
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