Lucio - in the night, i dream of you

Nom

Savelli. Ecoutez dans ce patronyme le Ssss serpentin qui s'allonge sous la langue comme on suce une sucrerie acide. Le reptile est en passe de devenir l'emblème de la famille, au sang loin d'être bleu mais parfaitement froid. La vipère corse, cachée dans le maquis, piquante et vile, surtout quand on approche son nid de trop près, est aussi le patriarche. C'est le secret le mieux gardé – ou pas, peut-être – de Rafael Savelli, qui éconduit savamment son don d'animagus. c'est qu'en Corse, on est trop loin de la capitale pour être véritablement inquiété par les vautours ministériaux. Ca l'arrange, sans doute, puisque ce n'est pas le seul secret qu'il garde, au nom, toujours, des Savelli.

Prénom

Lucio. La lumière. Celle de sa mère, sans aucun doute, qui accueille ce troisième enfant en se jurant que ce serait le dernier. Qu'elle avait suffisamment subi les assauts de son époux, lui produisant trois héritiers, et qu'elle s'en arrêterait là. Peut-être même l'autoriserait-il à le garder pour elle, contre son sein, cet enfant-là, à défaut d'avoir pu tenir les deux autres près d'elle. Livia et Orsu ont à peine plus de trois ans pour sa fille, cinq pour son fils, et pourtant, ils sont déjà loin d'elle. Ils ne lui appartiennent plus.
Si vous vous posez la question, je vous répondrai que Nicoletta n'a pas tout à fait réussi son entreprise. Lucio fut, certes, son dernier enfant. Elle est parvenue à le garder loin de Rafael et près d'elle au moins jusqu'à son entrée à Beauxbâtons. Depuis, toutefois ... Comment se consoler ? En sortant de l'Institut, Lucio s'est installé à Marseille. Ca fait plus de dix ans, maintenant, que le benjamin de la fratrie ne pose le pied à Porto-Vecchio que quand c'est strictement nécessaire qu'il le fasse. A Noël, cette année, il a même annoncé qu'il monterait s'installer à la capitale, enterrant plus encore les espoirs maternels de retrouver un temps foncièrement révolu.

Naissance

20 novembre 1896, et s'il y a encore un ésotérisme auquel Lucio ne s'est pas trop intéressé, c'est l'études des étoiles. Un scorpion dans le ciel le jour de sa naissance, ça, il veut bien le croire. S'il peut se montrer piquant, en effet, on pourrait toutefois l'accuser de manquer cruellement de venin, au grand dam de sa vipère de père – évitons tout jeu de mot mal choisi, je vous prie. Autre particularité partiellement intéressante, Lucio est né à Saint-Tropez, joli village de pêcheurs et premier pied-à-terre historique des Savelli sur le continent. Du fait de son éducation en corse, il en parle le dialecte, et comprend bien l'italien, langue de ses cousins de Medici.

Parents

Rafael Savelli, on l'a dit, et  Nicoletta Sorbela sont ainsi les parents de Livia, Orsu et Lucio Savelli. Si on devait parler un peu d'elle, on la décrirait comme une épouse soumise à un époux autoritaire et sanguin qui n'a jamais hésité à la rouer de coups. On dirait aussi qu'elle est effacée et secrète, mais ne sont-ce pas d'indéniables qualités pour l'épouse du padrinu de l'une des familles mafieuses magiques les plus importantes de l'Île de Beauté ? Assurément. C'était pour ça qu'il l'avait choisie, d'ailleurs. Rafael avait vu chez la jeune Sorbella l'effacement qu'il avait jugé, à l'époque, essentiel. Aujourd'hui ... La vie est faite de regrets, n'est-ce pas ? Ceux de l'épouse, qui aurait dû se battre plus fort contre l'ordre établi et se refuser à cet homme que tous ses instincts l'avaient priée de fuir. Ceux de l'époux qui, à force de trop vouloir mater son épouse, ne peut jouir d'aucune récompense venant de sa part. Il lui avait laissé Lucio, pourtant, croyant qu'en lui concédant sa lumière, ça l'éclairerait un peu. Rien n'y avait fait, pourtant, et le fils prodigue avait même fini par la quitter. Nicoletta passait désormais le plus clair de son temps dans sa chambre, volets fermés, trouvant dans cette cachette un répit idéal . Qu'importe, assénait le padrinu, las même de la cogner. Rafael se consolait avec les louves et autres chiennes qu'il trafiquait aussi allègrement que les bijoux et les graines de pavot, et avec sa fille, Livia, qu'il était parvenu à façonner exactement comme il l'avait voulue. Elle était la touche de féminité qui manquait à l'entreprise Savelli, et que Nicoletta n'était jamais parvenue à incarner.

Nature du sang

Sang-Mêlé. Si le carmin n'est pas pur, les moldus n'en sont pas moins méprisés car la magie a cet avantage d'apporter une véritable puissance à celui qui l'incarne et la maîtrise. Et c'est ça, sans doute, que tout homme doit rechercher : à élever son potentiel au plus près Reprenons, car plus tôt, l'influence paternelle s'était faite un peu trop importante. Lucio, en vérité, accorde peu d'importance à la couleur de son sang. Aussi loin qu'il puisse remonter dans son arbre généalogique – il faut dire qu'il n'est pas bien intéressé par l'identité de son arrière-arrière-grand-père – tous sont sorciers. Pourtant il ne peut prétendre au statut de sang-pur, curiosité qui a cessé de l'embêter. S'il garde un héritage familial de ces considérations en la matière, ce doit être son intérêt particulier pour la magie comme une forme d'Art à maîtriser, dans toutes ses formes. Cette passion l'a poussé, à Beauxbâtons, à exceller partout où il le pouvait, et atteignant l'âge adulte, à tenter de d'exploiter cette magie dans les limites de son possible. Lucio, ainsi, est un sorcier accompli, vivant dans un quotidien fait d'enchantements, de potions, d'amulettes et de métamorphoses, qu'il ne troquerait pour rien au monde.

Situation matrimoniale

Célibataire. Lucio jouit. De sa position d'homme, autorisé à se marier plus tard que les femmes. De sa place de benjamin de fratrie, toujours perçu plus jeune qu'il ne l'est. De sa capacité à séduire et à plaire, rassurants curieux, parents et manants qu'un jour, il finirait la bague au doigt. De la richesse associée à sa famille et à son nom, qui lui garantit les œillades intéressées de tous ceux qu'il croisait, jeunes filles en fleur comme patriarches avares et intéressés. De ces femmes et de ces hommes qui partagent son lit et dont il se lasse plus vite qu'il ne le faut pour dire anticonstitutionnellement. Lucio peut jurer n'avoir jamais été amoureux. Ou l'est-il seulement éternellement ?

Occupation

Marchand de secrets, à la recherche du plus offrant. A sa sortie de Beauxbâtons, en juillet 1915, et pour éviter de retrouver la Corse, Lucio rejoint Marseille et l'avant-poste Savelli mené par une branche mineure de sa famille. S'il voulait, alors, poursuivre ses études, vaillamment réussies, en étudiant la médicomagie, ça lui fut largement interdit par Rafael qui, en la matière, ne lui laissa aucun choix. De ces deux années à Marseille, Lucio  tire une connaissance accélérée du métier familial. Il faut dire qu'en pleine guerre, le business des contrebandiers fructifie mieux que jamais. C'est une occasion en or, pour les sorciers corses, d'intégrer les filons moldus du marché noir, qu'ils ne lâcheront plus, malgré la fin de la guerre.
A vingt ans, alors que la guerre fait rage dans toute l'Europe, Lucio décide de s'engager. La France est au plus mal et des centaines de milliers de corps gisent dans les tranchées. Il n'est pas le seul Savelli sur le front puisqu'il y retrouvera son cousin Matteo. Son père ne s'y opposera pas, jugeant que son fils, timoré, y trouvera peut-être un goût pour le sang. Ce fut partiellement efficace, Lucio se trouvant en effet enclin à une violence qu'il ne se connaissait pas, et causant la mort de dizaines depuis les tranchées, puisqu'il y a pour les combattants de 14-18, à cette perspective-la, peu d'échappatoire. Il n'y trouva aucun plaisir, toutefois, vit mourir des amis avec qui il avait noué des promesses éternelles de paix et de réparation, blessant son corps et son esprit à jamais. Peu enclin à user de sa magie – trouillard, on l'a dit – Lucio se retrouva sans trop d'avantage sur le champ de bataille, chair à canon comme un autre, entouré de moldus qu'il considérait comme ses frères. De cela, sans doute, Rafael Savelli ne fut pas ravi.
Après la guerre et non sans avoir découvert l'opium dans les tranchées, Lucio retrouve Marseille. Malgré la victoire, tout est détruit. Les corps sont faibles et les âmes détruites. Les rats, toutefois, ont bien grossi, se nourrissant de toutes les miettes. Jusque 1920, Lucio travaille activement pour le commerce Savelli, pour lesquels, à côté des activités de recel et de contrebande, il marchande des secrets. Il se révèle être une oreille attentive, toujours appliquée à se trouver au bon endroit, au bon moment. Et les secrets, voyez-vous, valent cher ; les oublier, encore plus. S'il se construit pareil attirail, c'est parce qu'il ne s'arrête pas de travailler. Au contraire, il allonge ses journées en passant ses nuits dans divers haut lieux de la vie nocturne marseillaise, comme à la taverne du Jeu de Paume. Bien sûr, pour oublier la guerre et pour apaiser ses rêves, il n'est pas le dernier à garder le secret d'une consommation. Alcool et drogues, tout y passe, car toutes les nuits, Lucio rêve. Tous ses songes ne sont pas prémonitoires, mais la plupart sont remplis d'images terribles, faites de corps décharnés et de cris stridents qui le réveillent en sursaut.

Après trois jours sans parvenir à se réveiller, et un passage à l'hospice qui forcera pour lui un sevrage douloureux, Lucio profite de la nouvelle décennie pour s'éloigner de ce qui l'a déjà trop abîmé. Il rejoint les thermes de Caracalla, institution marseillaise pour laquelle il se charge, d'abord, de l'approvisionnement. La nouvelle gérante du lieu, que Lucio connaît par d'autres cercles, cherche à renouveler sa clientèle et dépoussiérer l'endroit devenu ennuyeux. Elle y organise, à la mode antique, de grandes soirées où le beau-monde magique se presse, à demi-nu, et où le champagne coule à flot – ce sont les années folles, a-t-on besoin de le rappeler ?
Ce beau monde offre à Lucio l'excuse en or : il ne s'éloigne pas tant que cela des Savelli, n'est-ce pas, puisqu'il peut, à la fois, continuer les trafics, et tenir ses oreilles aux aguets des secrets les plus juteux de la deuxième ville française, qu'il s'empresse de trier et de rapporter à celles de sa sœur.
Se rendant indispensable, Lucio sort de l'ombre, rencontre les clients et se fait, petit à petit, bras droit de cette gérante. Celle-ci n'est pas tout à fait naïve quant au double-jeu auquel Lucio s'emploie, mais elle ferme les yeux : c'est ce qu'il faut faire, pour les affaires.
Les années passant, toutefois, Rafael Savelli est en passe de s'intéresser de trop près à Caracalla : c'est que le patriarche n'aime pas quand les choses lui échappent, et il peut voir que c'est ce que son fils fait, au bras de cette louve. Alors, il s'immisce, vipère, et interfère. Pour éviter aux thermes de s'attirer un ennemi en la personne du padrinu, alors, Lucio fuit encore. Le sourire aux lèvres, comme toujours, il annonce à son père sa nouvelle idée : s'installer à Paris. Il a un contact, déjà, avec quelqu'un à l'Ecdysis. Il y travaillerait comme serveur , et de là, il aviserait. Avec un nom comme le sien, il ne passerait pas inaperçu. Et puis le cousin Giacomo pourrait l'accueillir, quelques temps au moins. A cette affirmation, le patriarche répond un regard noir. Vivre comme un parasite, pourquoi pas ; des de Medici, en revanche, jamais.

Un peu d'histoire ne fait pas de mal, résumé (ou pas!) les dates clefs de votre histoire, en quelques mots ou plus.

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