[Lachesis | Zuhra de Fronsac] I was a girl until your call
(#) [Lachesis | Zuhra de Fronsac] I was a girl until your call
missive rédigée par Zuhra de Fronsac leNom
de Fronsac, veuve d’Alefsen.Prénom
Zuhra Mativa BérengèreSurnom :
Naissance
21 mai 1892 au Château de BelroyBelle après midi de printemps, le soleil baissait déjà, la nature en fête et les cris de ma mère. Et cet espoir, déçu, une fois le soir venu : c’est une fille. Les yeux qui montent vers le point le plus lumineux du ciel étoilé, et descendent vers la fillette endormie dans ses bras, une sœur venue partager son attente et me voilà nommée. On dit pourtant qu’il a suffi d’un seul regard pour que le duc oublie sa déception et qu’il tombe amoureux du poupon.
Parents
première née de Ishaq de Fronsac et Agathe née d’Adhémar,sœur de Soraya Saint-Cyr et Najima de Fronsac
Mon père a dû être très seul. Quand mon grand-père a abdiqué pour le faire duc, il avait dix-sept ans, le plus âgé de ses frères Bastiand en avait douze et la plus jeune de ses sœurs Zohreh venait de naître. Je suppose que cela vient de là, cette sollicitude touchante de mon oncle pour mon père : de cet âge où il voulait l’aider sans le pouvoir encore, où il demeurait à ses côtés sans parvenir pourtant à l’apaiser. Moi je n’ai jamais été seule. Mes oncles et mes tantes vivaient encore au domaine quand je suis née, et n’avaient qu’entre quinze et trois ans… Mes parents étaient si jeunes aussi - c’est étrange de se dire que si j’avais eu un enfant à l’âge de ma mère, il serait majeur aujourd’hui… Après moi sont venues Soraya et Najima, pour le plus grand malheur de notre père qui, s’il nous aimait, avait besoin d’un fils. Tante d’Arsène Saint-Cyr, Eugénie Saint-Cyr et Octave Saint-Cyr, mon filleul et mon rival… Vieille demoiselle et mère deux fois manquée. - #arbre généalogique
Nature du sang
sang-mêléeAnomalie certaine au milieu d’un monde qui ne jure que par la pureté, les de Fronsac eux ne jurent que par la noblesse. Un nom prestigieux a pour nous plus d’attraits qu’une généalogie exemplaire, et si le sang est bleu qu’importe qu’il soit souillé. Mais ils ne tiennent pas à être là voix dissonante au milieu de ce beau monde aussi se font-ils discrets sur la question, et on a oublié le nom de l’aïeul à qui l’on doit cette tâche dont on ne parle pas.
Situation matrimoniale
veuve et à marierOccupation
Chargée du Renseignement au MinistèreChevalière de l'Ordre du Temple
Candidate à la Chambre de la Noblesse
Scolarité
1903-1910 : Beauxbâtons, faction du Zénith1910-1913 : Formation supérieure de tireuse de baguette
toute sa vie : précepteurs privés
Dossier scolaire de Zuhra de Fronsac, 1910
Diplômée de l'académie de Beauxbâtons, faction du Zénith
Résultats :
Métamorphose - O
Sortilège - O
Art des potions - EE
Botanique - EE
Histoire de la Magie - O
Astronomie - O
Défense contre les forces du mal - O
Étude des créatures magiques - EE
Langues des peuples magiques - EE
Étiquette de la noblesse - O
Duel magique - O
Membre notable du club musique : piano et voix.
Commentaire : Mademoiselle de Fronsac a terminé sa formation à l'Académie de Beauxbâtons avec des résultats exceptionnels. Tout au long de son cursus, elle a démontré une rigueur académique et une détermination exemplaires. Son parcours a été marqué par une assiduité remarquable et une grande discipline. L'équipe enseignante la recommande unanimement dans son choix d’études supérieures.
J'ai été une élève modèle - mais comment aurait-il pu en être autrement ? Je rentrais chez moi en fin de semaine ou pendant les vacances pour retrouver une foule de précepteurs avec qui je devais passer plus de temps que mes parents, et qui étaient chargés de me faire travailler car il était exclu que leur première fille n'excelle pas dans tout ce qu'elle aurait pu entreprendre. Je me souviens avoir pleuré sur mon piano, épuisée et déçue de ne pas avoir passé plus de temps avec mes sœurs, parce que j'avais pris la décision seule de m'inscrire au club de musique et que même cela ne pouvait pas rester un seul plaisir innocent mais une nouvelle occasion de démonstration. Au moins étais-je en accord avec le désir de grandeur de ma faction, et je n'avais pas été surprise de découvrir le champ de blé sur le tableau de Mélusine. Recommandée et cooptée par plusieurs amis de la famille et professeurs, j'ai ensuite intégré une formation en tireuse de baguette, m'étant découvert un attrait particulier pour les duels en me spécialisant en septième année. Les bancs des écoles sont maintenant loin, mais les professeurs, eux, ne sont jamais vraiment partis. Des heures de mes semaines sont encore dévolues à la pratique ou à l'apprentissage devant des yeux critiques - la seule différence c'est le nom qu’on leur donne, on ne parle plus vraiment de précepteur pour une dame... Mais je suppose qu’en tant que petite fille du plus brillant pédagogue de France, je ne peux faire autrement que de considérer que le savoir c’est le pouvoir, et qu’il est toujours temps d’apprendre quelque chose.
Composition baguette
Bois de chêne rouge, cœur en plume d’Oiseau-Tonnerre, trente centimètres, assez rigideUne baguette de confection américaine, obtenue à Damas dans un duel contre un portugais - une histoire assez longue. Il reviendrait la prendre sur mon cadavre s'il ne devait pas passer sa vie au Fort Invisible. Une baguette pour la guerre et les duels, tout à fait satisfaite de sa nouvelle maîtresse selon le professionnel par qui l'avait examinée. Tout aussi fine que celle que je maniais avant, adaptée à ma magie, et un objet magnifique il faut le dire, auquel j'ai fait ajouter une poignée de nacre gravée. Si je la préfère, je conserve toujours précieusement la baguette achetée chez Cosme Acajor pour mes onze ans, en
Patronus
Huppe fasciéeL'oiseau préféré de ma nourrice, dont nous guettions l'installation au creux du même arbre mort que le jardinier avait accepté de ne pas couper. Robe orange striée de noir et blanc huppe comme un chapeau - je l'appelais la dame de notre jardin. Je pense que ce seul souvenir pourrait suffire à invoquer le patronus, et le fait de savoir que l'arbre est toujours là et toujours habité au printemps. Najima m'a appris que c'était un oiseau occasionnellement migrateur, dont on retrouve beaucoup de représentations en Egypte où il désigne l'enfant héritier ou successeur. Un peu de mes souvenirs d'enfant mêlés à mes désirs d'adulte.
Epouvantard
les bombes molduesLe bruit d'abord, ce sifflement perçant avant l'impact... L'explosion ensuite. J'avais vingt-deux ans et j'étais persuadée de la supériorité de la magie et des sorciers, persuadée qu'ils jouaient pendant que nous nous battions. Le souffle, la chaleur, le bruit - la terre qui se fend et éclate, et les corps avec. La mort venue du ciel pour me rendre plus humble.
Amortentia
la pierre humide au soleil, le papier ancien, l’abricot & le bois de santalParticularité Magique
occlumensSix ans d’une étude longue et laborieuse sous la tutelle paternelle - c’était sans doute la première fois que je passais autant de temps avec mon père. C’est important qu’il répétait en haussant les épaules quand je parlais d’autre chose, sur un ton qui exigeait que l’on y revienne. Important, je ne sais pas - fascinant, certainement. Sur ce que cela dit sur soi, tout du moins. Mon père m’avait décrit un dédale impénétrable, mais je découvrais une seule salle vide et propre, silencieuse, d’où rien ni personne ne pouvait m’atteindre. Une tour ronde, de bois et de pierre, vide, sans porte et les fenêtres trop hautes pour voir à travers.
L’importance, ça, je ne sais pas - je crois que c’était le cas à une autre époque, mais je ne sais pas quoi penser des temps qui courent. Sans doute que savoir protéger ses secrets aide à obtenir certains postes et convainc plus facilement l’Ordre de nous accepter - si le nom de Fronsac n’avait pas suffi.
Il n’empêche que je me demande si mon père a tenu à me l’enseigner pour son utilité ou par nostalgie de quelque chose qui n’existe plus.
La fatigue arrivant, quand la concentration finit fatalement par s’émousser, les murs de la projection deviennent presque effrayants, les fenêtres disparaissent, les ombres lèchent les pierres, et la panique met généralement fin à l’exercice.
Lachesis
Que pensez vous des moldus, et du fait que vous soyez obligés de vous cacher d'eux au quotidien ? Les moldus et sorciers sont séparés pour une bonne raison. Il n'est pas question de penser quelque chose des moldus, il n'y a pas ni à les craindre, ni à les mépriser ou les haïr - nous ne vivons tout simplement pas vraiment dans le même monde, malgré ce que prétendent certains. Il faut seulement maintenir cette séparation, protéger le Secret à tout prix, car il serait naïf de penser que les temps des chasses aux sorcières sont à jamais révolues et que nous pourrons nous entendre sans nous faire la guerre compte tenu des tendances et des armes de chacun.
Quelle est votre opinion sur la famille royale magique de France ? Question complexe et sensible pour notre famille, dont les mines ont largement contribué aux républicains sans que ne soit assumée plus que la neutralité. Ce qui importe, avant tout le reste, c'est de conserver les noms et privilèges de notre noblesse ducale - et dans cette idée la monarchie est parfaite en ornement exclu de la plupart des décisions dans un monde où nous sommes libres de briguer les postes d'importance tout en assumant servir ainsi le plus grand nombre, le peuple souverain. Idéalement, j'ai toujours pensé qu'il faudrait maintenir la situation dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui, le statut quo.
Guilhem était un soutien borné des de Valoys et c’était un sujet de tensions occasionnelles, jusqu’à ce que ce dévouement lui coûte la vie… Étrangement, un temps, cela m’a presque adoucie - j’avais l’impression que nous partagions la même peine et cela me rendait la famille royale plus sympathique. Leur soutien à Tarek Shafiq et les positions du monarque et de sa reine sur certains sujets ont eu raison de ces bons sentiments, et j’ai changé ma complaisance pour une retenue prudente, malgré ma tendresse pour mon parrain le Duc de Valoys.
L'Aube Sorcière prend de l'ampleur, et Tarek Shafiq fait très souvent la une des journaux. Que pensez vous de cet homme ? De la gangrène, selon Monsieur de Fronsac, et il a les mots justes. Une infection qui purule et prend de l’ampleur. Je maudis le parti, méprise l’homme et suis désespérée de voir que ses discours trouvent un tel écho. Et maintenant en prime, l'Ordre que je sers doit se dresser contre lui et les ambitions de l'Aube Sorcière.
(#) Re: [Lachesis | Zuhra de Fronsac] I was a girl until your call
missive rédigée par Zuhra de Fronsac leEt vous passerez comme des vents fous
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chronologie
1872 : naissance de Ishaq de Fronsac
1874 : naissance de Agathe d’Adhémar
1889 : à la majorité d’Ishaq son père, Hadrien de Fronsac, abdique son titre de duc en sa faveur afin de pouvoir se concentrer sur les affaires de l’Ordre du Temple ; ses autres enfants demeurent avec leur frère dans le château ducal jusqu'à la fin de leurs études ou leur mariage
1891 : mariage d’Ishaq et Agathe21 mai 1892 : naissance de Zuhra
29 juin 1896 : naissance de Soraya
1898 : naissance de Najima1903-1910 : études de Zuhra à Beauxbâtons, dans la faction du Zénithhiver 1909 : Zuhra devient Aspirante au sein de l'Ordre du Temple18 septembre 1910 : mariage de Zuhra et Guilhem d’Alefsenoctobre 1910 : Zuhra et son époux emménagent à Paris1911 : Ishaq accepte de commencer à former Zuhra en occlumancieété 1913 : Zuhra devient Chevalière de l'Ordre du Temple1913 : après trois ans de formation, Zuhra entre au Ministère en tant que tireuse de baguette20 septembre 1914 : première grossesse et fausse couche de Zuhra03 octobre 1916 : seconde grossesse et fausse couche de Zuhra21 juin 1917 : attentats de Paris et mort de Guilhemjuillet 1917 - octobre 1917 : Zuhra disparaît de la vie mondaine parisienne, retourne officiellement s'installer chez ses parents mais enchaîne surtout les demandes d'affections à toutes les missions possibles et découche pour travaillernovembre 1917 : repérée dans le cadre d'une mission d'escorte de membres du renseignement sur le territoire ennemi, Zuhra est recommandée pour intégrer le bureau de préservation du secret comme employée du renseignement et commence une formation accélérée afin de pouvoir être renvoyée sur le terrain au plus vite dans ce contexte de guerre
07 décembre 1917 : mariage de Soraya et Etienne Saint-Cyr
automne 1918 : Najima part à l’étranger1918-1926 : Zuhra enchaîne les missions à l'étranger pour le Ministère et en profite pour se créer un large réseau tout autour de la Méditerranée ; elle commence à aider son père à gérer les affaires de la famille et représente les intérêts de celle-ci dans les pays qu'elle visite en y établissant des liens commerciaux et diplomatiques ; en France elle demeure principalement au Château de Belroy où elle divertit la bonne société du sud de la France et du nord de l'Espagne en organisant des fêtes somptueuses dans le domaine de son père
15 décembre 1918 : naissance d’Arsène Saint-Cyr
27 juin 1920 : naissance d’Eugénie Saint-Cyr
09 novembre 1925 : naissance d’Octave Saint-Cyr, Zuhra est choisie comme marraineavril 1926 : Zuhra est en charge de l'équipe du renseignement au sein du Bureau de la préservation du secretaoût 1926 : nouvelle loi sur le droit d’héritage fémininautomne 1926 : Zuhra reprend immédiatement après le passage de la loi son nom de naissance et revendique son statut d'héritière, Ishaq ne fait rien pour la contredire et l'intègre complètement aux affaires de la famille mais ne fait pas non plus la moindre déclaration officielle pour la soutenir et la reconnaître comme la future duchesse ; en privé la famille de Fronsac se déchire entre ceux qui supportent Zuhra et ceux qui préfèreraient que soient menées à bien les négociations avec les Saint-Cyr pour une adoption d'Octave par le duchiver 1926 : Zuhra mène des négociations pour un mariage avec un membre d'une branche secondaire des de Borbón, famille royale espagnolefévrier 1927 : les fiançailles de Íñigo de Borbón y País Vasco et Zuhra de Fronsac sont annoncées et fêtées à Madrid ; les négociations avec les Saint-Cyr s'enlisent car certains attendent ce mariage pour se positionner sur la question de l'héritage du duchéprintemps 1927 : les fiancés se cherchent une maison à Paris ou près de Vaux-le-Vicomte, et Zuhra réintègre petit à petit la bonne société parisienne en vue de préparer leur installation et retisser des alliances et amitiés en Franceété 1927 : Íñigo fait annuler ses fiançailles avec Zuhraautomne 1927 : Zuhra se déclare officiellement candidate à la chambre de la noblesse pour le siège de Gascogne pour la prochaine élection de 1928 contre son oncle Bastiand ; elle réinvestit l'hôtel parisien qu'elle occupait avec Guilhem et commence à prospecter pour un mariage en France
documentsService du renseignement, bureau de Préservation du Secret
Compte rendu de la mission “Rokh” - 18 Octobre 1918 - 14 Février 1919
Ordre de mission :
Reconnaissance et observation des populations sorcières locales afin d'estimer les moyens nécessaires à la mise en œuvre des accords Sykes-Picot. Durée sur place : quatre mois avant retour sur le territoire.
Responsable de la mission :
Lambert Sinclair, nom de code Felix
Membres de l'équipe :
Amado Mendoza Corral, nom de code Deus
Zuhra d'Alefsen, nom de code Bahamut
Résumé de la mission :
L’équipe a rencontré de la réticence de la part des locaux et fait face à la violence d’espions allemands et portugais présents sur place. Toutefois, leur identité d’agents français n’a pas été compromise. Les rapports incluent les preuves de onze entretiens avec les cibles désignées ainsi que les informations recueillies auprès des populations. La mission est considérée comme un succès.
Les informations obtenues sont désormais classées et seront analysées par les services concernés.
Recommandations :
L’équipe semble très bien fonctionner ensemble, le cas syrien va demander d’autres missions, nous proposer de former les trois agents à l’arabe et de les renvoyer.
Nous proposons de remettre à Zuhra d'Alefsen la baguette qu'elle a conquise lors de la mission une fois son ancien propriétaire jugé. Selon Cosme Acajor qui en a fait l'inspection, celle-ci a changé d'allégeance.
Notes de Madame Nina, gouvernante de Zuhra de Fronsac, à l'intention des employés de la maison
Concernant l’emploi du temps de Madame de Fronsac et les tâches dévolues à chacun, j’ai noté un relâchement intolérable. Aucun retard ne sera accepté.
Pour rappel le matin :
6h00 : Commencez à chauffer si les températures l’exigent la chambre, le petit bureau et la salle de bain.
6h20 : Madame se réveille. Préparez son bain et son nécessaire pour 6h40, heure à laquelle elle termine ses exercices et étirements.
6h40 : Préparez le petit déjeuner, les journaux non lus de la veille et ceux du jour qui auront été reçus.
7h25 : La femme de chambre doit se tenir prête à aider Madame à s’habiller et se coiffer.
7h50 : Madame quitte la maison pour le travail. Profitez de ce temps pour effectuer vos tâches d’entretien et de gestion. Elle ne rentre pas avant 18h30.
Activités hebdomadaires :
Lundi : Madame a ses leçons de musique jusqu’à 20h15. Préparez son repas dans le petit salon juste après cela.
Mardi et jeudi : Madame rentre à 19h30 après un entraînement. Veillez à ce que le souper et la salle de bain soient prêts pour cette heure.
Mercredi : Madame reçoit. Veuillez consulter les directives que vous aurez reçues le lundi pour les préparatifs.
Vendredi et samedi : Madame sort, nous fonctionnons ces soirs-là en équipe réduite et la plupart d'entre vous peuvent avoir leur soirée.
Dimanche : Madame profite de son jour de repos. Préparez une collation légère pour l'après-midi, et laissez la bibliothèque en ordre, car elle aime lire ce jour-là.
Autres consignes :
Avec son repas, préparez les éditions des journaux du soir et incluez également ceux qui n’ont pas été lus le matin, le cas échéant.
La femme de chambre doit se tenir prête pour le coucher de Madame à partir de 22h30 et avoir chauffé ou rafraîchi la chambre selon la saison.
Évènements spéciaux :
Les évènements auxquels Madame participe peuvent considérablement impacter vos tâches et horaires de travail. Quand cela est possible, nous vous prévenons dix jours à l’avance. Cependant, compte tenu son emploi et sa position, cela n'est pas toujours possible, merci de le comprendre. En cas de plainte, adressez-vous directement à moi.
Au sujet des nouvelles :
Toute édition spéciale à paraître devra obligatoirement être remise à Madame dès sa réception. Si elle est avec quelqu’un, déposez-la sur son bureau.
Tenue et comportement :
Merci de faire attention à votre tenue et posture et de ne pas fumer dans la cuisine.
Je compte sur votre rigueur et votre diligence.
Accord de fiançailles, préalable au contrat de mariage entre le prince Íñigo de Borbón y País Vasco et Zuhra de Fronsac
Le présent accord pourra être modifié au moment de la signature du contrat de mariage.
Les parties concernées par cet accord sont :
Le prince Íñigo de Borbón y País Vasco, troisième fils du prince Alfonso de Borbón y País Vasco, quatrième oncle de sa majesté le Roi d’Espagne, et quatorzième dans l’ordre de succession.
Mademoiselle Zuhra de Fronsac, fille aînée du Duc Ishaq de Fronsac et son héritière présomptive.
Les montants de la dot et du prix de la fiancée restent à négocier jusqu'à la signature du contrat de mariage. Cependant, les deux parties acceptent les accords de principe concernant l’exploitation des ressources des Pyrénées et échanges commerciaux.
Il est convenu que le mariage sera matrilinéaire : les enfants appartiendront à la lignée de l’épouse. La famille de Fronsac accepte que tout enfant surnuméraire à l’héritier puisse être adopté par la famille de Borbón y País Vasco.
Le couple portera le nom : de Fronsac de Borbón y País Vasco. La mère et les enfants pourront revendiquer les titres de princesses et princes s'ils se présentent ainsi, et ce même après la mort d'Íñigo de Borbón y País Vasco.
En cas de rupture des fiançailles après la signature de cet accord, la partie à l’origine de la rupture s’engage à verser une compensation financière à la famille lésée.Famille de Fronsac, Ducs de Gascogne
Devise : O et præsidium et dulce decus meum Toi mon appui, toi mon honneur
1204. La Quatrième Croisade se termine sans joie, sans gloire, sans triomphe. Les croisés ont été excommuniés et pardonnés, ont affronté d’autres chrétiens et la plupart d’entre eux n’ont pas mis un pied en terre sainte. Les de Fronsac, qui ont refusé de prendre Zara pour les vénitiens, ont été massacrés sur les terres qu’ils étaient venus libérer faute d’armées pour soutenir leurs hommes. Comment Thomas et Gaultier s’en tirèrent, et duquel des valeureux partis qui ne reviendraient pas étaient-ils les fils, cela même nos textes ne le disent pas. Il leur fallut une année de plus avant de regagner leurs terres, pour les trouver aux mains d’un usurpateur mis en place par les de Valoys. Après cela, la légende : comment ils mettent en déroute le marquis et soumettent le roi en le forçant à les reconnaître comme ducs légitimes… Les de Fronsac prêts à tout pour leurs terres, prêts à tout pour leur titre : c’est ce que l’on attend de nous, et nous l’apprenons par l’exemple en étant bercés de cette histoire dès notre plus jeune âge. Il faut dire que ces combats avaient eu raison de la bibliothèque familiale et de ses archives ; de telle sorte que notre histoire commence presque plus quand nous reprenons ce qui nous appartient que quand nous l’obtenons en premier lieu. Il y a des dates, des signatures, des mentions avant cela, mais c'est de Thomas et Gaultier que nous nous revendiquons.
1536. Les de Fronsac participent activement à la signature du traité franco-ottoman avec Soliman le Magnifique. La famille, métissée depuis plusieurs générations et qui entretient de solides relations tout autour du bassin méditerranéen grâce à l'Ordre du Temple sorcier, joue pour la coopération internationale, et s'enrichit considérablement de ce pari réussi. Les jardins se structurent pour prendre leur configuration actuelle, et de grands travaux sont lancés sur l'ensemble du domaine.
1789. Le Duc de Fronsac vend son fer aux républicains, garde pourtant un semblant de neutralité et l'oreille du roi à qui il conseille de céder. Contre la sauvegarde de ses privilèges, il participe discrètement à la sape du pouvoir royal, et parvient à jongler entre les différents groupes avec assez de finesse pour survivre à la période et n'avoir rien à céder. On sait que le gascon est rancunier, était-ce une colère vieille de presque six siècles qui avait guidé le duc ? Cela non plus, nos livres ne le disent pas. Les de Fronsac deviennent étrangement des défenseurs du peuple, sans jamais rien sacrifier pour lui.
1926. La loi fait de la première fille du duc son héritière - une femme, bientôt, à la tête du duché de Gascogne ? Qu'ei au men torn d'ensajar de deishar ua mèrca dens la nosta Istòria. C'est à mon tour d'essayer de laisser une marque dans notre Histoire.
J'étais une fille, j'ai ouï ta voix.
Je n'ai plus rien, tout est à toi.
I sit in solitude and scrawl these wretched words, and wait for thee.I was a girl until your call. I've nothing left, I gave you all.
Que'us èi tot balhat. Je leur ai tout donné.
22 août 1926, le journal annonce, en grandes lettres pour son titre, L’héritage pour les femmes. Le détail de l’article explique les nombreux débats, les colères, les réserves, les espoirs ; mais la loi est passée, votée, actée. J’ai retenu mon souffle jusqu'à la dernière heure, la dernière minute. Jusqu'à ce que le papier soit entre mes doigts - et encore, même là j’ai du mal à y croire. La Gascogne, ma Gascogne, à ma portée ? Mon domaine, ma famille, mon Histoire… Mille ans que les de Fronsac arpentent les couloirs du château de Belroy pour arriver jusqu’à moi, jusqu’à ce jour. C’est vertigineux. Hier je n’aurais pas osé y croire, aujourd’hui je ne veux plus que cela. L’outil se découvre une conscience, la lame une volonté. C’est à moi, et ce n’est qu’un accident qui nous a fait croire le contraire pendant toutes ces années.
Ma vie a commencé par une histoire que l’on s’est tellement racontée qu’elle est devenue certitude : Monsieur le Duc va être père, et surtout, à la façon dont le ventre de Madame gonfle, en étudiant la position des étoiles au moment de la conception, ou parce que le divinateur que l’on a fait venir a prédit un enfant ambitieux et déterminé, tout le monde l’assure : ce sera un garçon. N’est-ce pas merveilleux, après moins d’un an de mariage ? On prépare la nurserie en prévision, on achète les jouets du petit héritier, on fait broder les vêtements de naissance du nom qu’on a choisi : Anèir. Le travail commence, ma tante Zohreh, trois ans, demande à son frère si elle peut attendre avec lui la naissance de son neveu, et la Gascogne toute entière semble retenir son souffle. Madame la Duchesse a donné naissance à une petite fille en parfaite santé.
Après cela, mon père s’est gardé d’avoir la moindre certitude concernant ses enfants.
De la déception, toute première émotion que je lui inspirais en naissant fille, il n’est plus rien resté à l’instant où il m’a tenu contre lui, comme l’enfant est lavé du péché originel par le baptême. Un regard avait suffi pour une absolution ; mon existence toute entière, une lutte pour le mériter. J’ai vu de la tristesse et de la mélancolie dans les yeux d'Ishaq, de la colère, de la fatigue, de l’impatience, et cette pensée, encore et toujours pendant trente-quatre ans si seulement elle était née garçon ; mais jamais la déception.
J’ai de mon enfance l’image d’un éternel été plein de fêtes et de joies, le château était grand et nous étions nombreux - même le travail semblait une réjouissance. À ce qu’on m’a dit, j’ai vécu les premières années de ma vie accrochée à ma tante Zohreh - ma presque homonyme, ma presque sœur, mon envers : la dernière de sa génération quand j’étais la première de la mienne. Elle seule savait éloigner mes cauchemars, elle m'emmenait partout où elle allait en m’apprenant à reconnaître les fleurs, faire des ricochets et viser avec une fronde. Je ne m’en souviens pas - je n’ai aucune image avant la naissance de Soraya. Notre rencontre, mon premier souvenir. Elle était dans les bras de notre mère qui semblait épuisée, mon père m’a soulevé dans les siens pour que je puisse mieux voir le tout petit bébé qu’elle berçait contre son cœur. C’est ta petite sœur, tu dois veiller sur elle, prendre soin d’elle et la protéger, d’accord ? Voilà une promesse à laquelle j’aurais aimé ne jamais manquer. Après cela je me suis fait courageuse pour vaincre ses peurs, et je suis restée près d’elle chaque fois que je le pouvais, délaissant notre tante. Najima est arrivée après, changeant définitivement quelque chose sans que nous ne le comprenions alors - comme si l’espoir d'avoir un jour un garçon s'était envolée à sa naissance. Sora et moi nous sommes jurées d'être les meilleures grandes sœurs du monde, ma mère s’est faite plus présente dans nos vies et mon père a pris l’habitude de me faire venir avec lui dans son observatoire quand il étudiait les étoiles, pour me parler de notre famille, de notre histoire, de nos traditions et de son rôle de duc. Si mes sœurs sont de loin les êtres que j’ai le plus aimées, mon père est sans doute celui que j’ai le plus admiré - mon parrain et mon grand-père juste après lui. Le jour, je pouvais le suivre pendant des heures pour imiter ses poses et ses expressions, et chacun de ses mots était pour moi parole d’évangile. A l'âge tendre et insouciant où la vie est une succession de jeux et de douceurs, je me suis épuisée les yeux sur les livres et j’ai appris par cœur les noms et les dates dans le but de l’impressionner, d’obtenir ce sourire, ce regard.
Une fois à Beauxbâtons, je rentrais de l’académie toutes les semaines pour raconter mes journées loin d’elles à mes sœurs et écouter le récit des leurs. Malgré nos années d’écart, j’ai été à la fois leur guide et leur ombre quand elles m’y ont rejoint. Je ne garde pas de cette période mes souvenirs les plus marquants : j’étais encore timide, douce, je passais mon temps libre dans la bibliothèque et je revenais sur le domaine pour étudier encore et essayer de faire durer encore un peu mon enfance en partageant la fin de celles de Soraya puis Najima. L’adolescence m’avait seulement révélé à moi-même un goût pour la magie offensive et un certain répondant, mais il faudrait attendre encore un petit peu pour que je m’épanouisse. Deux éléments, en réalité.
L’Ordre pour commencer. On m’en parlait à mi-mot depuis mon plus jeune âge, seulement ce qui était permis pour ne pas trahir un serment inviolable, assez pour me conditionner. Je voulais en être, et ma majorité allait me permettre de devenir officiellement aspirante. Pour la première fois de mon existence, être une femme importait moins que ce dont j’étais capable, n’était pas un critère pour me juger ni une raison de me mettre de côté. Puisque je me destinais déjà à rejoindre le Ministère, et de par ma famille, être cooptée n’avait pas été très difficile ; mais je n’avais pas l’intention d’obtenir ma place sans la mériter, et c’était une motivation supplémentaire pour m’accomplir.
La seconde, j’allais la découvrir à la fête pour ma majorité, poussée par mes parents vers un homme que je ne connaissais pas encore mais auquel on m’avait destinée. Ma robe était rouge et blanche à nos couleurs, mes cheveux relevés, mon maquillage un peu plus appuyé que ce que l’on me permettait pourtant d’habitude ; lui portait un costume vert et brun brodé de fils d’or, et ses boucles noires courraient sur son visage. Il a baisé ma main comme le protocole le voulait, sans vraiment me toucher, en me complimentant sur ma beauté, avant de me réserver ma première danse si je le permettais - et toutes les suivantes. Guilhem d’Alefsen était un merveilleux danseur. Nos fiançailles ont été annoncées quelques mois après cela, notre mariage prévu pour l’été suivant mon diplôme. Il m’envoyait des lettres et des livres à l’académie, et des fleurs à chaque fois que je rentrais chez mes parents. Je ne sais pas pourquoi je ne suis pas tombée amoureuse de lui - il aurait été impossible de faire un meilleur choix que lui pour mes noces. Ma mère m’a dit que certaines choses mettaient du temps à arriver, et ma tante que parfois elles ne venaient pas du tout. L’absence de passion ne nous a pas empêché d'être un couple tout à fait épanoui et assorti, d’autant que Guilhem allait me révéler à moi-même un trait de mon caractère que j’ignorais encore en sortant de l’enfance : mon amour des soirées et des mondanités. Installés à Paris, nous étions de toutes les sorties, magnifiques, joyeux, taquins, infatigables et inratables sur la piste de danse.
J’ai intégré une formation de tireuse de baguette, je me rêvais femme d’action et grande combattante, sans savoir alors ce que cela pouvait réellement signifier. Pendant trois ans, il me semble que j’ai vécu une sorte de rêve où tout nous souriait ou presque. Il restait une ombre à ce tableau : un enfant qui n’arrivait pas malgré notre envie et nos tentatives. J’aurais pu arracher la tête du médicomage venu m’osculter pour vérifier si j’étais bien fertile quand, après avoir rendu son verdict que tout allait bien pour moi, il fit grâce à mon époux de ses questions et examens envahissants avant de déclarer que nous y arriverions bien un jour ou l’autre. Ça ne peut venir que de la femme, que du ventre après tout. Encore un malheur que l’on évite aux hommes.
J’ai fini ma formation, j’ai intégré le Ministère, et puis la guerre a éclaté.
– Tout ce qu’il a trouvé à dire c'est : les femmes ne peuvent pas s’engager au front. Et il m’a renvoyé d’un geste de la main ! Je sors major de ma promotion dans une formation destinée à former l’élite des combattants magiques, et un petit gratte papier me renvoie en soupirant comme si mon envie de participer à ce qui est en train de se passer n’était qu’un caprice ! Non mais tu te rends compte ?
– Tu es belle quand tu te mets en colère.
Guilhem a toujours eu une façon bien à lui de gérer mes accès de rage. Il n’a même pas essayé de me raisonner en m’opposant les arguments habituels des mœurs moldues ou du besoin de préserver l’avenir de la nation en protégeant ses potentielles mères - il s'est contenté de glousser et de m’embrasser jusqu'à ce que je sois assez calmée pour continuer plus tranquillement :
– Il y aura bien des missions autour du front ou sur le territoire ennemi pour les gens du Ministère. Tu pourras te porter volontaire ?
– C'est déjà fait… Mais ce n’est pas pareil.
Les récits trop de fois répétés des luttes de mes ancêtres pour reprendre leur domaine m’avaient largement inspiré - j’imaginais quelque chose d’aussi glorieux, d’aussi extraordinaire. J’étais jeune et très bête. J’ai vu la guerre - pas les tranchées certes, mais la guerre. Les hôpitaux de fortune installés en arrière, les lignes abandonnées en avançant, les bombardements, les sorciers qui profitaient de ce chaos pour semer la violence - leur violence toute magique au milieu des horreurs toutes moldues. J’ai attendu la mort une nuit entière dans un bâtiment désaffecté d’où on entendait les bruits des combats, à prier et à boire avec d’autres compagnons perdus dans ce cauchemar en attendant les ordres. Je me suis portée volontaire pour aider le renseignement, près du front où à l’étranger, pourvu que je participe, moi aussi, à l’effort. A la fin de la guerre, j’ai pour mes services et ma dévotion été même décorée, petite médaille pour faire valoir au monde que j'étais une héroïne de guerre ; pour me rappeler, aussi, ce que j’avais perdu en cherchant à le devenir.
J’ai fini par tomber enceinte. Deux fois. Bataille de la Marne, bataille de la Somme. Pas besoin d'être directement sur le front pour saisir l’atrocité de ce que nous étions en train de vivre, et deux fois mon ventre s'est arrondi avant que mes larmes et le choc n’aient raison de la vie qui avait réussi à s’y accrocher. J’ai cru mourir - et j’ai voulu mourir aussi. Guilhem voulait que je m’arrête, et je n’y arrivais pas, et je rentrais tous les soirs pour m’effondrer dans ses bras ou dans ceux de notre gouvernante. J’en ai perdu le goût de la fête, et j’ai laissé Guilhem se rendre seul à celle organisée par la royauté ce jour de juin.
Il ne reviendra pas.
Je n’entends plus la voix, je ne comprends pas les mots. Il ne reviendra pas - c’est une certitude effrayante, horrible qui s’immisce jusque dedans mes os, qui fait claquer mes dents, qui soulève mon cœur et mon estomac. Je vais vomir, je vais m’écrouler, mes jambes ne me tiennent plus, mes mains ne s’accrochent plus à rien. Il ne reviendra pas. Je donnerais n’importe quoi pour l’entendre rire, pour qu’il me parle, pour qu’il me prenne par les hanches pour me faire danser une toute dernière fois, juste un instant, juste… C’est un cauchemar dont je vais me réveiller, dont je dois me réveiller. Pitié. C’était une bêtise de demander à voir son corps - et on m’avait prévenue. Une autre de ces choses que je pensais être assez forte pour endurer. L’homme qui était resté à mes côtés pendant sept ans, mon homme, de méconnaissable, détruit par l’explosion dont il n'avait pas su se protéger à temps. De la viande froide. Si j’avais été là, aurais-je pu le protéger ? Aurais-je été assez rapide ? Encore aujourd'hui, la question me réveille au milieu de la nuit et je l’entends me demander de le sauver dans mes cauchemars. Son visage détruit se confond avec celui des hommes que l’on ramenait de la guerre, et je ne sais plus si c’est lui que je pleure ou un autre.
Cela avait pourtant semblé une bonne idée, le choc passé, de se donner corps et âme, de se perdre dans ce conflit. Du travail, du travail pour ne pas penser. Du travail pour ne pas me dire que je suis veuve. Je suis retournée m’installer chez mes parents, mais je n’y étais presque jamais. Au début parce qu’il fallait que je sois occupée pour ne pas penser, pour ne pas m’effondrer. Et à la fin de l’été, parce que la réalité de ma nature, celle d’une femme autant qu’une marchandise, était trop terrible à accepter. J’ai haï mon père quand il m’a demandé de reprendre son nom, et que pour l’expliquer il m’a parlé de remariage. De terribles orages dans le domaine, chaque fois que nous étions ensemble, chaque fois que nous nous rencontrions, jusqu'à ce que Sora n’assume le rôle dont je ne voulais plus. Mariez-moi. Ces mots, la fin de cette protection que je lui avais promise, et que j’aurais pourtant voulue absolue et éternelle.
Il s’est passé quelque chose de curieux, alors que Soraya offrait ce que je voulais garder encore un peu pour moi : je me suis retrouvée libre. Le concept de libre arbitre, si cher aux catholiques comme moi, n’a pourtant qu’un sens réduit quand on naît en premier dans une famille comme la nôtre. Longtemps, j’ai été celle que l’on avait modelée et sculptée - et longtemps cela a été une réjouissance pour moi de ne pas dépasser de ce cadre, de ce moule. Cela n’a pas manqué alors : qu’on m'offre la liberté, et il n’y a rien que je ne désire plus que de devenir un bon outil, une bonne arme. Libérée d’un service - celui d’épouse et mère - auquel je n’aspirais pas, je me dévouais complètement à ce qui en opposition avait à mes yeux une véritable importance : servir ma famille, servir l’Ordre et servir la France - dans cet ordre précisément. Il fallait inventer d’autres moyens, et c’est le Ministère qui allait m’en donner l’occasion.
La guerre a cela pour elle de forcer à la collaboration - tant au sein du Ministère qu’à l’international entre les différents alliés. Régulièrement les missions faisaient appel aux membres des différentes branches du bureau de la justice magique, mais nous poussaient aussi à travailler main dans la main avec le bureau de préservation du secret. C’est dans ce cadre que j’ai rencontré - ou retrouvé plutôt car son nom comme son visage ne m’étaient pas inconnus - Blanche de Wendel. Inspiration pour moi qui me rêvait toujours femme d’action et de savoirs, c’est elle qui m’a convaincue puis recommandée pour intégrer le renseignement. Le temps que je sois formée, bien que le contexte nous forçait à une certaine urgence, le conflit laissait entrevoir une fin, et ce n’étais pas au plus près du front qu’il était question de m'envoyer. Puisque les reflets de ma peau et le métissage de ma famille évoquent plus le cuivre que la neige, j'étais déployée en mission dans les colonies et protectorats français où l’on me remarquait moins ; on m'apprenait l’arabe et pendant plusieurs années j’allais représenter ma famille et mon pays sur des terres lointaines, et j’en profitais pour défendre les desseins de l’Ordre et me lier à nos frères et sœurs étrangers. Tout à la fois espionne pour mon pays, diplomate et femme d’affaires pour ma famille, et chevalière proactive pour mon organisation, j’ai vécu un temps dans cette bulle, dans le déni de ce que j’avais laissé derrière.
Soraya est tombée enceinte après moins d’un an de mariage. Joie partagée et tristesse mêlée - jalousie presque. Comme j’aurais aimé être mère. Quand elle poussait les cris de délivrance et mettait au monde le garçon tant attendu, je gagnais moi une baguette en duel à Damas. L’excuse du travail pour ne pas être là, pour ne pas mesurer ce que j’avais raté, ce que j’avais perdu. J’ai manqué la naissance d’Eugénie, et j’ai vu de trop loin son malheur de ne pas réussir à avoir un deuxième garçon, de ne pas réussir à satisfaire tout à la fois la famille de naissance et d’adoption. Rappelée en France pour être encore formée, car désignée pour prendre la charge du renseignement au printemps 1926, j’étais au moins là à la naissance d’Octave, mes doigts emmêlés dans la main de ma sœur, à souffrir avec elle, prier avec elle et la réconforter comme si nous étions encore petites filles, comme si le temps ne nous avait pas éloigné. Choisie comme marraine, cela a quelque chose d’étrange et de terrible de serrer l’adorable garçonnet contre moi, de l’aimer mais de ne pouvoir éviter la pensée : il peut prétendre à ce que je n’aurais pas, il aura ce qui aurait dû être au fils que je n’ai jamais eu.I was a girl until tour call
Les rumeurs que la place des femmes dans les questions d’héritage était en discussion m'étaient arrivées aux oreilles sans que je n’y crois vraiment - c’était presque une utopie. Mais le journal est bien là entre mes mains, la loi de mon côté. Je ne veux rien d’autre. Mon existence entière, toutes mes peines, toutes mes colères, toutes les horreurs et la souffrance - pour arriver ici. Je referai mille fois ce chemin pour revenir à cet instant de grâce. Et si je dois perdre tout ce qui a de l'importance pour l'obtenir vraiment, je le ferai quand même.
Mes lettres sont parties, signées du nom de Zuhra de Fronsac, Demoiselle de Gascogne. Ma détermination comme évidence. Mon père n’a rien dit, rien empêché ni rien encouragé, et autour de moi j’ai vu ma famille se diviser sur ce qu’il fallait faire de cette loi, de ce petit fils d’Ishaq qu’on avait pourtant voulu désigner comme héritier pour quelques mois. Il est devenu rapidement évident que seul un bon mariage m’assurerait ma place - surtout s’il pouvait être rapidement fécond. Et bien si je dois les convaincre, je deviendrai princesse, si je dois les servir je m’allierai à ceux qui partagent nos besoins et nos aspirations. J’ai tiré ma plus belle plume et l’espagnol enseigné par ma nourrice pour offrir à la famille royale de l’autre côté des Pyrénées une place pour l’un des leurs au centre de la politique française, si j'obtenais en échange une union satisfaisante.
Sur le papier, c’était parfait. Un peu trop parfait même avait commenté Zè à la lecture de l’accord. Je crois que je m’étais agacée de la remarque. Et bien oui, mais pourquoi je ne serais pas capable de négocier quelque chose de parfait concernant mon propre mariage ? Écoute, si tu veux croire aux contes de fées, c’est ton problème. Le problème avec ma tante, c’est qu’elle sait toujours où appuyer. J’ai essayé de l’ignorer, de l’oublier, mais l’idée revenait sans cesse. Les fiançailles étaient magnifiques de luxe et de sophistication, chaque plat et chaque boisson semblaient une œuvre d’art, et si mon promis se révélait être un mauvais danseur il se trouvait assez de ses cousins à l’événement pour que je puisse passer le gros de ma soirée sur la piste de danse. Rétrospectivement, cela a été la première de mes erreurs. La seconde, trois jours plus tard, fut d’accepter un duel amical contre lui qui se présentait comme un duelliste averti et de le ridiculiser devant une partie de ses amis venus assister à sa victoire écrasante annoncée. La dernière enfin, la défaite de ma raison face aux idées de ma tante.
Je me souviens qu’elle avait un air parfaitement amusé en voyant sur mon bureau l’épaisse enveloppe portant le nom d’Íñigo de Borbón y País Vasco, preuve accablante que j’avais cédé à sa suspicion et fait surveiller mon prince par mon réseau.
– Qu’est-ce que tu as appris ?
– Qu’en plus d'être laid, mauvais danseur et crâneur, c’est un idiot libidineux et dépensier qui ruine sa famille et ses amis.
– Et qu’est-ce que tu vas faire ?
– Qu’est-ce que tu veux que je fasse ? Tu crois que je peux renoncer à un mariage avec un prince espagnol ? Qu’est-ce que tu crois que Bastiand dira et fera si je force notre famille à payer ce qui a été négocié en cas de rupture des fiançailles ?
– Alors tu vas l'épouser ?
– Je ne peux quand même pas le faire assassiner… Non ? Non, arrête de me regarder comme ça, je ne le ferai pas assassiner.
– Pas besoin d’en arriver jusque là. Je m’en occupe.
Et elle est partie sur ces mots, avec un sourire un peu étrange. Je ne sais pas ce qu’elle a fait - et je pense qu’il vaut mieux que je l’ignore. Mais le père d’Íñigo a fini par m'écrire pour me dire que son fils refusait à présent le mariage, et qu’il ne voulait échanger ni avec moi ni avec ma famille, sans donner d’autres explications. Quelques journaux lui ont prêté un amant, d’autres des ennuis à cause de ses dettes, rien que ni lui ni sa famille n’a réfuté, et ainsi s’envola les espoirs d’une nouvelle alliance entre le pays basque français et espagnol - sans que quiconque ne puisse me le reprocher.
Ce qui n’a pourtant pas empêché Bastiand de geindre que puisque je n’avais toujours pas de mari un an après le passage de la loi, il fallait absolument conclure les discussions avec les Saint-Cyr pour l’adoption de mon neveu et filleul. La dispute qui suivit fut assez extraordinaire puisqu’entre mon oncle et moi qui étions sur le point d’en venir aux mains sous le regard fermé du Duc.
– Non seulement je serai mariée d’ici l’année prochaine mon cher oncle, mais en plus, puisque le duché de Gascogne ne saurait être représenté par quelqu'un qui ne soutient pas celle que la loi désigne comme héritière, je vais me présenter à la chambre de la noblesse.
– Tu n’y penses pas ? Enfin Ishaq, dis quelque chose ! Tu vois bien que ta fille est hystérique.
– Elle a le droit de se présenter si elle le souhaite.
Bastiand est resté pantois, à fixer son frère - son cher frère qu’il aime tant, à qui il a tant donné - avant de se secouer et de nous planter là en grognant. Je me suis retrouvée seule avec mon père, sans plus oser rien dire. Jusqu'à ce qu’il brise le silence dans un soupir :
– Tu veux vraiment faire ça ?
– Et pourquoi pas ?
– Tu te rends compte que si Bastiand est élu face à toi, il insistera encore plus pour cette adoption.
– Vous voulez cette adoption ? Vous voulez qu'un enfant de deux ans qui ne grandit même pas ici vous succède, plus que moi qui suis votre fille et qui me dévoue à notre famille depuis des années ?
– Pendant des années sans en porter le nom pourtant et malgré mes recommandations. Ce que je souhaite n’a pas beaucoup d’importance, Zuhra. Écoute, quand Guilhem est mort, tu m’as reproché de ne pas te laisser assez de temps avant de te parler mariage, et tu as laissé passer dix ans. Je n’attendrai pas une année de plus. Si tu veux cet héritage, à toi de le mériter.
Que'us balharèi tot. Je leur donnerai tout.
(#) Re: [Lachesis | Zuhra de Fronsac] I was a girl until your call
missive rédigée par Zuhra de Fronsac le- Code:
<b>Sofia Boutella</b> <em>|</em> @"Zuhra de Fronsac"
Pour ajouter le personnage dans une famille :
- Code:
@"Zuhra de Fronsac" (F · 35 ans)
Pour le bottin des années de naissance :
- Code:
<b>21.05.1892</b> @"Zuhra de Fronsac" - Beauxbâtons
Pour le bottin des particularités :
- Code:
<b>Occlumens</b> @"Zuhra de Fronsac"
Pour le bottin des romances :
- Code:
@"Zuhra de Fronsac" - Célibataire <em>veuve d'Alefsen</em>
Pour le bottin des emplois :
- Code:
<b>Chargée du renseignement</b> @"Zuhra de Fronsac"
Pour les membres de l'ordre du temple :
- Code:
<b>Chevalière</b> @"Zuhra de Fronsac"
- Carte de visite (par Chibi):
(#) Re: [Lachesis | Zuhra de Fronsac] I was a girl until your call
missive rédigée par Arsène d'Apcher lePrends ton temps pour cette reprise de la fiche, bon courage pour sa rédaction
Tu sais où nous trouver si tu as besoin de quoi que ce soit
Qui cause ma déraison, ma déroute, ma déveine
Doucement j'y plongerai sans qu'une main me retienne
Lentement je m'y noierai sans qu'un remord ne me vienne ❞
Anya d'Apcher
Anya d'Apcher
Anya d'Apcher
(#) Re: [Lachesis | Zuhra de Fronsac] I was a girl until your call
missive rédigée par Neith Shafiq lerebienvenue chez toi
Maeve Le Noir (3)
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(#) Re: [Lachesis | Zuhra de Fronsac] I was a girl until your call
missive rédigée par Auguste Lestrange le(#) Re: [Lachesis | Zuhra de Fronsac] I was a girl until your call
missive rédigée par Invité leCan't wait de découvrir Zuhra version 2.0 et de la voir envoyer des étincelles et des paillettes en jeu
(#) Re: [Lachesis | Zuhra de Fronsac] I was a girl until your call
missive rédigée par Eugénie Delacour lej'espère qu'on pourra à nouveau discuter liens et enfin se lancer des rp après ça !
A très vite !