[Terminé] Soirée policée

03 Juillet 1927 • Domaine du Crépuscule • @Séléné de Valoys

Au fond, Auguste goûte l’ironie, ce magistral pied de nez aux potentialités. Qui l’eut cru? Son père a eu beau faire campagne pour son idée, chercher à convaincre son fils de son bien fondé, c’est Séléné elle-même qui possède les meilleurs arguments à cette union qu’Auguste l’eut pensé refuser. Il le garde par devers lui, cependant, ayant de toute façon bien plus pertinent à aborder que ces considérations de comptoirs. “Ma bonté et ma présence durant nos études ? J’ai pourtant bien l’impression que c’est toi qui fut bonne envers moi, tu sais. Parfois, j’avais l’impression d’être ami avec une fée.” L’amusement ombre un instant son visage. “Tu es très élogieuse envers moi.” Une observation, ni plus ni moins. Il eut bien affirmé qu’elle est trop élogieuse, mais il ne veut pas présumer lui dicter ses pensées.

En lieu et place, il se fend d’une promesse qui, pour lui, représente beaucoup. “Et je ferais en sorte de revenir vers toi. J’espère qu’un jour, proche si Merlin m’entend, cela me semblera de nouveau aussi naturel que ce le fut par le passé.” Sincérité assumée, motivée par les choix et la position de Séléné. Et s’il doit être plus honnête encore, la perspective de la voir le visiter par caprice lui plaît, égoïstement. Cela, il s’en garde, ne souhaitant pas nourrir l’élan altruiste de Séléné qui semble si prompte à sacrifier son confort au profit des autres. Voilà un fait qu’il devra certainement surveiller. Son amie a le droit au bonheur comme toute autre, exactement comme elle l’affirme elle-même à son égard. Et la voir sourire en l’instant est terriblement précieux.

Il opine légèrement, à l’assurance qu’elle prendra en compte sa demande, ne pouvant guère exiger mieux, et prêt à passer à autre chose, lorsqu’elle le prend par surprise. Partager…  Réprimant sa gêne, il se pare en lieu et place d’une expression bon enfant qui dément ses sentiments, détestant l’idée de voir ses joues s’empourprer qu’elle songe si aisément à tant de carnalité. Ou peut-être est-ce l’idée de lui plaire ? Hm. Peut-être bien. “Nous sommes des animaux sociaux, quoi qu’on veuille prétendre. Oui, sans aucun doute, guérir ensemble est plus aisé, en communiquant, en prenant mutuellement soin de nous. … Y comprit entre les draps.” Jusque là, il n’a pas sérieusement considéré son rôle de prétendant, mais cela peut changer. Non. Cela a déjà changé, dès l’instant où ils ont renoué.

“Sois sûre que je compte faire savoir mon intérêt. Ce soir n’est qu’une vague mise en bouche. Même si je préfère te faire la surprise pour la suite…” Son sourire anime davantage ses yeux océan et son sourire se fait mutin, avant qu’il n’adopte une expression à la sobriété moqueuse en la voyant se rengorger. Difficile de paraître hautaine lorsqu’on a été si vulnérable et pourtant, Auguste ne doute pas qu’en apparat, elle fasse brillamment effet. Lui-même a le plus grand mal à garder son sérieux en un moment pareil. “Mais vos désirs sont des ordres Votre Grâce.” Des idées, il en a, à vrai dire. Des plans plein la tête dès qu’il se dédie à un sujet. Est-ce qu’il voit le bénéfice final ? Oui certes, il eut été hypocrite de prétendre le contraire mais… il a aussi entendu Séléné le lui dire : Je veux rêver.  

Il a du pain sur la planche et n’est plus du tout certain d’y répugner. Preuve en est, il a bien failli perdre le fil de la soirée. La voir se détourner du lac pour faire face au domaine illuminé le fait pourtant prendre conscience de cette erreur. Souriant, Auguste lui offre délicatement le bras, avec une légère courbette, et referme doucement sa prise sur la dextre de sa cavalière. “Je comprends, n’ait aucune crainte. Si les Tuatha le veulent, bientôt, je serais de ces obligations.” Il atermoie un instant, lui coule un dernier regard, tendre. “Merci, Séléné… Merci de cette soirée.”

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