[TERMINÉ] L’Héritage de Merlin | INTRIGUE 1.2

Contre toute attente, l'intervention de Jean-Eustache le niffleur avait été salutaire pour les hommes. Une fois solidement harnachée, la petite créature s'était précipitée vers le tableau montrant la chute de Morgane. Et puis tout s'était enchaîné. Le scrutoscope continuant de siffler à tout rompre, la voix de Camille s'élevant majestueusement dans la pièce, jusqu'à la réponse toute droit sortie d'un français d'un autre âge. Et alors qu'il allait s'avancer pour faire face au tableau de Taliesin, soudain plusieurs choses changèrent dans la pièce. Cela voulait-il dire que les jeunes femmes étaient parvenues à déterminer les secrets de la harpe d'or ? Ou bien les mots de Camilles avaient-il d'une quelconque manière désengagé quelque charme de dissimulation ?

Tant de questions en suspend, mais le baron d'Apcher ne parvenait à se concentrer tant son instinct lupin était chatouillé par une étrange menace sous jacente, sans compter ce satané scrutoscope qui lui arrachait les oreilles. Par la lune, s'il l'objet n'avait été si pratique à emporter dans ce type de croisade, il l'aurait écrasé d'un piétinement sans douceur sur le champ. Au lieu de cela, le loup blanc récupéra son bien et tenta d'en atténuer le bruit assourdissant en le glissant dans sa poche avant d'y ramener à son tour le petit renifleur de trésor qui s'était finalement avéré bien utile.

Prudemment, l'homme s'avança dans la pièce - non sans balayer du regard chaque recoin de l'endroit, cherchant à détecter la moindre menace. Il observa rapidement les différents tableaux s'illuminer, ainsi que la couronne de la famille de Valoys qui avait perdu de sa superbe. A n'en point douter, les charmes de dissimulations avaient bel et bien été levés. Restait encore à résoudre les autres énigmes que leur quête risquait de leur apporter.

Arsène se plaça finalement devant le tableau de Taliesin. L'homme avait l'air bavard, et le baron espérait bien gagner son intérêt si cela leur permettait d'être aiguillés sur l'énigme des tableaux.

« Sieur Taliesin, mes salutations. Nous sommes navrés de troubler votre repos mais notre quête nous oblige à vous faire face. Je m'appelle Arsène d'Apcher, Baron du Gévaudan. » Il s'inclina respectueusement. « J'espère que vous pardonnerez mes manières, mais je crains que nous soyons pris par le temps. Voyez vous, nous... »

Un violent mal de tête pris subitement Arsène. Assourdi par son instinct primaire, il ne parvenait à se concentrer sur autre chose, sa nature lupine le rappelant par le collier. Il se frotta péniblement les tempes, alors que le scrutoscope vibrait encore dans sa poche. Assez de ceci, il fallait savoir ce qui les menaçait.

« Pardonnez moi messire, auriez vous l'amabilité de bien vouloir me dire si vous savez pour quelle raison mon scrutoscope s'affole ainsi dans cette pièce ? Nous n'avons aucune intention hostiles ou vandales envers les oeuvres inestimables présentes en ces lieux, je puis vous l'assurer. »

C'est sans trop de conviction qu'Arsène posait cette question, bien conscient que la situation était plus que cocasse. Néanmoins ils n'étaient qu'un petit nombre et étaient accompagnés du directeur du musée, cela ne ressemblait aucunement au casse du siècle. Le baron fut donc à moitié surpris lorsque le tableau indiqua gaiement et toujours avec ce vieux français caractéristique qu'une armure protectrice était dissimulée dans la pièce, mais qu'elle n'attaquerait pas puisque les charmes magiques avaient été levés par la mélodie de la harpe d'or - par la lune, si Jean-Eustache ne s'y était pas intéressé, le petit groupe l'aurait-il fait spontanément ?

Rassuré par ces informations, Arsène parvint à calmer quelque peu son sixième sens car tant que le son de la harpe serait audible, ils n'auraient rien à craindre. Il pu ainsi, après avoir remercié Taliesin pour ses informations, se reconcentrer sur les tableaux et sur les différentes figures illuminées. Il s'approcha des différentes toiles et reconnus les protagonistes immédiatement, ayant baigné depuis la plus tendre enfance dans l'histoire de la France Sorcière et de sa royauté. Ainsi, les figures brillantes représentaient Arthur Pendragon de Valoys, Morgane La Noire, leur fils Mordred, Merlin, Nimue et Gawain le Preu.

Bien qu'il ne fut aucunement un homme d'énigmes, les pièces du puzzle s'assemblaient dans le cerveau du Baron.

« Je sais que cela ne va pas vous plaire, Maître Delacour, mais je ressens une irrésistible envie de toucher ces peintures. Comme si l'on m'y poussait. Dites moi, Sieur Taliesin, ai-je tort de penser que ces figures représentent une sorte de combinaison ? »

S'esclaffant devant la logique du Baron, le tableau confirma qu'il y avait bien là une combinaison à déterminer pour résoudre l'énigme de Merlin. Ces informations précieuses et l'inscription énigmatique soudainement apparue sous le tableau de la chute de Morgane semblait pointer dans une direction évidente, restait désormais à déterminer cette combinaison. Arsène se tourna vers Camille.

« J'ai bien peur d'être d'avantage un homme d'action que de réflexion, les puzzles ne sont pas mon fort et je doute que nous ayons un nombre infini de tentatives. Peut être devrions nous concerter ces demoiselles restées en retrait ? Après tout, six cerveaux valent mieux que trois. »

Il pris ensuite le temps de détailler d'avantage les tableaux, espérant déceler quelque indice, mais fut bien obligé d'admettre que rien ne lui sautait aux yeux. Pourtant, lorsque son regard se porta sur le tableau dont Jean-Eustache s'était entiché, son oeil se posa sur un druide en arrière plan. Il ne brillait pas mais semblait faire de son mieux pour passer inaperçu sans jamais quitter des yeux les hommes. Arsène fronça les sourcils.

« Toi, qui es-tu ? Que nous caches-tu ? »

Neith s’apprêta à essayer de lancer un sortilège sur le tableau pour voir combien de sortilèges étaient actifs, mais l’intervention de Victoria lui fit tourner la tête vers elle. Son regard, froid, glacé comme les nuits du désert, se pose sur la princesse. Si elle prend bien note qu’il faudra éviter de toucher directement les matagots, elle haussa un sourcil aux ordres qu’elle recevait. Était-elle réellement en train de se faire évincer ? Pourquoi Victoria, au lieu de parler ne défaisait pas directement les dernières sécurités.
On perd du temps. s’agaça prodigieusement Neith qui se rappelle que c’est Victoria qui a pour charge de retrouver les malfrats qui ont failli enlever son fils. Jamais ces personnes ne seront retrouvées et punies si Victoria était aussi passive actuellement que dans son travail. Décidant d’ignorer la princesse et agacée, Neith se tourna vers la harpe et vit alors avec effroi Némésis déjà y toucher. S’apprêtant à faire un geste brusque pour retenir la rouquine, Neith constata son regard absent et s’arrêta à temps. Puis, entendit les paroles de la demoiselle alors que cette dernière jouait de l’instrument. Se remettant rapidement de sa stupéfaction, Neith comprit qu’il lui fallait écouter très attentivement et puisque Victoria ne leur servait à rien, elle décida de faire le travail de mémoire pour tout le monde.
S’approchant doucement de Némésis, Neith l’écoutait donc et décida également de jeter un sortilège sur la harpe par acquis de conscience. Visiblement, les sortilèges ne s’activaient pas malgré que Némésis les touchait et que rien n’avait été fait pour les désactiver… À moins que le fait de neutraliser les statues observatrices suffisaient ? Neith était malgré tout sur ses gardes. Lorsqu’elle fut sûre que Némésis se réveilla complètement, elle lui prit doucement le bras par le coude.
« Tu te sens bien ? » demanda-t-elle à voix basse, ne cachant pas l’ombre d’une inquiétude. Quoi que Némésis eût expérimenté, Neith voulait s’assurer qu’il n’y avait pas d’autres conséquences que l’oubli de quelques minutes.
« Allons voir les garçons. » chuchota-t-elle. Ne pas trainer et risquer de tomber sur le gardien et ses matagots était la priorité.
Avec aisance, Neith mena le petit groupe de femmes, non sans se répéter ce que Némésis avait dit. Sur le chemin, elle récupéra les morceaux de tissus de sa veste déchirée, décidée à en pas laisser de traces derrière elle. En revanche, elle ne retira pas le sortilège de glue perpétuelle mais s’assurerait d’en glisser un mot à Camille, également pour son système de sécurité qui était peut être défaillant... Réduisant les bouts de tissu pour les glisser dans sa poche, Neith parvint à faire rejoindre leur groupe avec celui des messieurs et constata alors les tableaux.
« Fascinant… » souffla-t-elle, une lueur d’émerveillement dans le regard. Elle en est persuadée : les informations de Némésis vont leur permettre de trouver la bonne combinaison sur le tableau. Sans perdre de temps, Neith se met à parler à voix basse pour donner toutes les informations dont elles disposent :
« Némésis a eu des visions. Elle y a vu un homme roux, une femme brune et une jeune fille près d’un cercle de dolmens et d’un trône. Puis, une femme petite qui marche sur une lande, ses cheveux volant au vent sous la pluie, s’arrêtant au sommet d’une falaise et qui semble souffrir en se pliant en deux. Il y a ensuite un jeune homme et un homme adulte dans une forêt et proches d’un lac. Némésis n’a pas réussi à entendre ce qu’ils disaient mais ils discutaient, puis se sont tournés vers l’eau. Visiblement quelque chose a semblé surprendre le jeune homme dans ce lac... La vision se poursuit avec une main gantée de noire portant un baton. La main possède une chevalière qui semble briller avec un symbole dessus. Némésis nous n’a pas réussi à savoir ce que c’était mais sans doute peut-elle le décrire ? La vision s’est terminée sur deux cerfs s’affrontant avec le monde qui brûle autour d’eux. » Pause. « Je pense que ces visions et informations vont nous aider pour ceci… Le tout est de savoir l’ordre j’imagine… » réfléchit-elle à haute voix. « Vous êtes natifs de France, je peux vous aider mais je crains de ne pas être aussi précise que vous… » Elle ne peut s’empêcher d’être humble, même si Neith a toujours tout fait pour être la parfaite immigrée assimilée et avait appris par cœur les mythes. Sans doute qu’être pratiquement élevée avec Maeve qui avait fait son éducation celte aidait. Néanmoins, Neith savait où s’arrêtait ses compétences et suivit le petit ordre qu’Arsène sembla sûr d’énoncer avec les informations qu’elle venait de fournir et les compléments de Némésis. « Si je résume, l’ordre serait donc : Nimue, Arthur, Merlin, Morgane, Gawain, Mordred. Tout le monde est d’accord avec cela ? Pour moi, oui. » Elle jeta un regard à chacun avant d’adresser un sourire désolé à Camille. « A moins que tu aies des gants... » Et à sa surprise, il en avait. Remerciant son ami, elle les enfila. Prenant sur elle, connaissant les procédés de conservations des tableaux et les appliquant avec autant de professionalisme qu’elle le put malgré les circonstances, Neith toucha les figures dans l’ordre précédemment énoncées par Arsène.

Spoiler:

Résumé:

Beaucoup de choses venaient de se passer en très peu de temps. Trop peut-être pour Camille. Que ce soit l'intervention de Taliesin, légende vivante, à l'apparition d'étranges symboles dans des tableaux qu'il pensait connaître sur le bout des doigts... En passant par la révélation de l'état réel -et ô combien pitoyable- de la Couronne ou encore l'existence d'une armure secrète dans un double mur ; le Directeur du Louvre magique était tout simplement en état de choc.

Fort heureusement, ses compagnons étaient moins impactés par l'outrage. D'une oreille distraite, Camille suivait leur moindre faits et gestes, flanquant toujours silencieusement le tableau de Taliesin. Ce fut sur ces entrefaites que le reste du groupe les rejoignit et Neith s'empressa de partager avec eux de précieuses informations, tirant enfin le Directeur de sa légère catatonie.

Il se concentra donc sur les visions décrites, qu'il synthétisa en quelques phrases écrites en lettres d'or du bout de sa baguette, dans les airs. Après plusieurs minutes à deviser ensemble d'un ordre selon lequel il faudrait toucher les figures sur le tableau, le Directeur offrit à Neith ses gants de coton sans cacher son soulagement à voir une collègue s'occuper de cette tâche délicate plutôt qu'un gévaudanais, tout noble et éduqué fut-il. Avant qu'elle ne commence, il l'interrompit une seconde, d'une main sur son bras, et plongea son regard dans le sien.

"- Soyez prudente."

Il ne faisait pas confiance au silence volontaire de Taliesin sur ce qu'il se passerait une fois le code entré, ni si une quelconque erreur interromprait la Harpe et réactiverait tous les systèmes de sécurité... Armure magique en prime. Mais ce qu'il s'en suivit fut bien plus glaçant : Neith disparu. Camille sentit le sang quitter son visage et se précipita sur le tableau pour en fouiller le contenu d'un regard alarmé, aux côtés de Némésis. Ce fut la rouquine qui repéra en premier leur égyptienne et le Delacour sentit un peu de couleur lui revenir au soulagement qui l'envahit.

"- Attendez, nous ne savons pas... !"

Mais trop tard. L'impétueuse bretonne entra la combinaison et elle aussi se vit nimber de lumière. L'instant d'après, Elle réapparaît dans le tableau sous les traits et la lourde armure de Sir Gawain, pour prendre immédiatement en chasse le druide... Tout ça sous les rires nourris de Taliesin qui se tenait au bord de son cadre pour ne pas tomber.

"- Sir Taliesin ? Qui est cette figure suspecte et comment pouvons-nous faire sortir nos compagnons du tableau ?"

La réponse fut donnée par le barde après quelques secondes nécessaire à lui faire retrouver son calme : La figure que Némésis et Neith pourchassaient était un sorcier qui avait pénétré le tableau il y a très longtemps et qui n'en était jamais ressortit. Quand à la façon de sortir de la peinture, avec un effort de volonté et le geste de marcher vers le public depuis l'intérieur du tableau, les deux sorcières seraient capables de revenir dans leur monde.

Confiant sur les chances de réussites de Némésis et Neith à mettre la main sur le druide en fuite avant que celui-ci ne se glisse dans d'autres tableaux et ne disparaisse pour de bon, Camille souffla un peu. Il ne restait qu'à attendre. Il fit apparaître sa montre à gousset et observa l'heure avant de se raidir de la tête aux pieds.

"- Bon sang ! Avec tout ça, je l'avais complètement oublié..." Il regarda hâtivement vers le couloir qui menait au reste de la galerie. Sans lâcher l'obscurité des yeux, il prit la parole d'une voix basse : "D'Apcher, je vais devoir m'absenter. Le gardien vient de terminer sa première ronde et a déjà entamer la seconde : il se dirige droit vers notre position au moment où je vous parle."

Il rangea sa montre et passa une main dans ses cheveux. Traits légèrement crispés par l'anxiété, il regarda enfin l'état navrant de la pièce. Non décidément, il n'aurait aucune excuse à présenter au Garde si ce dernier tombait sur ce spectacle !

"- Il a l'habitude de me trouver à errer dans les couloirs du Louvre à une heure aussi tardive." Camille ne comptait pas s'étendre sur le sujet et les raisons qui le poussaient à fuir son domicile jusque tard dans la nuit. "Je vais essayer de le convaincre de m'accompagner à la salle de repos des employés pour boire un thé. Lorsque Neith sortira du tableau, suivez-là : elle connaît quelques passages secrets qui devraient vous faire sortir du bâtiment pas les sous-sols."

Et là-dessus, Camille confia à Arsène une partie de son précieux trousseau de clés : notamment celles qui permettraient d'ouvrir les grilles des souterrains qui contiennent certaines œuvres, mais surtout les archives et des accès peu ou pas du tout connu du grand public. Puis, tournant les talons, il sortit de la pièce après un salut respectueux pour Taliesin. Une légère crispation dans ses épaules trahissait son appréhension : tout Directeur qu'il soit, le Gardien allait certainement lui faire les gros yeux. Il n'était pas censé rester là jusqu'au cœur de la nuit.

Camille comptait toutefois sur son charme et l'excuse de quelques complication dans sa vie privée pour expliquer sa présence, couplé à l'étude de nouvelles pièces et l'idée de faire une exposition privée pour soulever des fonds monétaires pour une nouvelle charité... Et bien sûr, l'avis du gardien sur la question serait de très grande importance ce soir. Suffisamment, il l'espérait, pour excuser une pause dans sa ronde et un petit détour pour boire quelque chose de chaud à l'écart.

Résumation:

Les choses s'étaient enchaînées naturellement, lorsque le groupe s'était retrouvé et que les jeunes femmes eurent expliqué ce qu'il s'était passé de leur côté, Neith avait rapidement repris le controle de la situation en entrant la combinaison qui la fit apparaître dans le tableau en lieu et place de Morgane. Puis c'est Némésis qui s'était précipitée à suivre l'égyptienne pour tenter de rattraper celui que Taliesin identifiera par la suite comme un sorcier s'étant infiltré la peinture sans jamais en ressortir.

D'abord agacé par l'initiative des femmes n'ayant pas pris la peine de définir un plan d'attaque tous ensemble, les remarques et la précipitation de Camille annonçant que le Garde refaisait sa ronde mettait en avant l'urgence de la situation. Finalement, mieux valait l'action à la réflexion puisqu'après tout, ils étaient parvenus à contourner les systèmes de sécurité du Louvre et étaient tout proche de leur but. Après avoir écouté attentivement les directives du Delacour pour ce qui était du chemin à emprunter lorsqu'ils auraient mis la main sur l'artefact recherché, et avoir glissé le trousseau de clé dans sa poche, il s'était finalement retrouvé en tête à tête avec Loreleï.

« Bien, nous voilà relégué au rang de spectateur. »

Les yeux toujours posés sur le tableau, Arsène pouvait voir les deux silhouette minuscule des jeunes femmes ayant pris l'apparence de personnages historiques en difficulté face au druide inconnu qui se défendait avec ardeur. Arsène fronça les sourcils. Ils ne pouvaient pas échouer aussi près du but, c'était hors de question. Il vit briller une chose entre les mains de l'homme alors qu'il faisait volte face pour échapper à un coup d'épée du Sieur Gawain - dont les traits avaient été empruntés par Némésis. L'idée d'envoyer Jean-Eustache récupérer le fruit de leur quête passa rapidement dans l'esprit du Baron, mais il décida finalement de s'en remettre à ses propres capacités plutôt qu'au petit chapardeur. S'il s'échappait à travers les toiles, tout serait perdu et il n'y aurait que l'Auvergnat à blâmer d'avoir fait confiance au niffleur. Et puisqu'il était impossible de le tenir en laisse magique sans qu'elle ne se rompe au passage dans le tableau, Arsène ôta sa cape et la tendit à Loreleï.

« Si vous me permettez de vous confier ceci. Le harnais magique posé sur mon niffleur est toujours actif et il ne devrait pas vous fausser compagnie. Je vais rejoindre ces dames qui semblent en difficulté, mais vous, restez ici. On aurait l'air malin si d'un coup les systèmes de sécurité revenaient à leur position d'origine et que nous nous retrouvions tous les quatre enfermés dans la peinture. Les clés de Monsieur Delacour sont dans la poche interne de ma cape, s'il nous arrive quelque chose ou que les systèmes de sécurité se réarment, partez, laissez nous derrière et sauvez vous par le passage que Monsieur Delacour nous a évoqué. »

Ces mots prononcés, le Baron toucha à son tour les figures de la combinaison et fut inondé de lumière. Quelques secondes après, il était lui aussi dans le tableau. En d'autres circonstances, il se serait ému de voir se dérouler devant ses yeux une scène historique d'une telle importance pour l'histoire magique française mais l'heure n'était point aux rêveries. Courant en direction de ses acolytes, il eut le réflexe de chercher sa baguette à sa ceinture et fut surpris de ne pas y trouver l'épée de Mordred - qui était de l'autre côté. Tant pis pour ses rêves de chevalerie épique, il préféra user de sa fidèle baguette en qui il avait pleine confiance et se joint à Neith et Némésis dans leur duel. Acculé par les trois compères, le druide contra tant bien que mal l'assaut des sorciers mais il ne tint que quelques minutes. Un étrange objet tomba au sol sous un énième sort, et Arsène le ramassa avant que leur adversaire n'ait eu le temps de le récupérer.

« Neith, Némésis, j'ai récupéré l'objet. Dépêchons nous de sortir du tableau avant que les systèmes de sécurité ne se réactivent ! »

Le druide fit un pas en avant, mais Arsène le pétrifia.

« Inutile de prendre le risque que ce quidam nous suive, l'idée de relâcher dans la nature un sorcier dont nous ne savons rien ne me dit rien qui vaille. »

A ces mots, Arsène se tourna vers l'extérieur du tableau. Taliesin avait dit qu'ils seraient en mesure de sortir du tableau s'ils marchaient vers l'extérieur avec une volonté suffisante. Faisant signe à ses consoeurs de le suivre, il pris la direction de Victoria qui contemplait encore le tableau et fini par sortir de la peinture, légèrement étourdi. Entre ses mains se trouvait un cryptex qu'il tendit à Neith.

« Cet objet te revient, il me semble »

Lorsque rien ne se passe au début, Neith a un instant de doute. Ont-ils fait la bonne combinaison ? Elle s’apprête à dire quelque chose mais elle n’en a pas le temps. La voilà déjà dans le tableau et fortement surprise de voir les têtes de ses compagnons de mission à taille réelle de l’autre côté du tableau.
« Qu’est-ce que… » commença-t-elle avant d’être ramenée à la réalité par le cri de Némésis. Elle réfléchirait plus tard aux choix qui l’ont menée à terminer dans un tableau, mais c’était clairement une soirée dont elle se souviendrait toute sa vie.
Déjà, il faut se rattraper l’individu et Neith, dans sa robe moyen-âgeuse, engage le combat avec zèle. Heureuse de voir qu’elle est secondée par Némésis et Arsène, elle n’en perdit pas son objectif même si beaucoup de pensées, de questions existentielles, lui passaient par la tête. Le druide finit enfin par lâcher un objet et lorsqu’Arsène dit avoir récupéré ce dernier, Neith acquiesce et court autant qu’elle le peut avec sa robe. Peu importait les époques, visiblement, c’était toujours compliqué d’être libre de ses mouvements lorsqu’on était une une femme.
Lorsqu’elle retrouvera sa taille, sa consistance physique normale, Neith se sentit un peu désorientée au début. Mais elle remarqua rapidement l’absence de Camille. Si elle s’apprêta à demander où son ami était passé, Taliesin dans le tableau répondit à sa question. Finalement, son regard se posa sur Arsène qui lui tendait le cryptex qu’ils avaient convoité.
« Merci. » Elle le glissa dans sa poche, décidée à ne pas s’attarder. Les systèmes de sécurité allaient s’activer et elle savait comment sortir d’ici. Camille lui avait montré. « Suivez-moi. » murmura-t-elle.
Concentrée, elle arriva jusqu’au niveau de deux statues des divinités Tuatha Dé Danann, appuya sur le discret bouton blanc qui ouvrit un passage secret.
« Allez-y. » invita-t-elle le petit monde à passer avant elle. Elle ne fut que la dernière à s’engager dans le passage non sans une pensée pour Camille. Elle aurait bien aimé le revoir pour le remercier pour cette nuit. Sans doute auraient-ils l’occasion de fêter cela.
En Égypte, j’ai vraiment besoin de vacances. s’entendit-elle penser.
Le passage se referma derrière elle. Quelques minutes de marche supplémentaires et Neith fit arriver le petit groupe jusqu’à l’extérieur. Se sentant particulièrement heureuse de voir la nuit étoilée, l’égyptienne soupira. Elle s’assura que tout le monde soit bel et bien là avant de dire :
« Merci à tous pour cette soirée. Nous avons ce qu’il nous faut. Vous pouvez rentrer chez vous. »
Elle adressa un sourire à chacun, non sans toucher dans le fond de sa poche où le cryptex se trouvait. « Je vous laisse à votre nuit. » les salua-t-elle enfin avant de transplaner.
Elle avait ce cryptex à donner à son père et des vacances à prendre.

Spoiler:

Résumé:

Victorieux, le petit groupe n'avait guère besoin de s'attarder en les lieux. Après avoir remis le cryptex à Neith, Arsène avait récupéré sa cape laissée à Lorelei. Il s'assura que tout était toujours à sa place, Jean-Eustache était occupé à trier les quelques bézants de la poche de la cape, le scrutoscope qui hurlait toujours était à sa place et Arsène ressorti le trousseau de clé que Camille lui avait confié. Non pas qu'il eut imaginé que la belle inconnue ne lui vole quoi que ce soit en son absence, mais mieux valait ne pas retrouver un objet personnel au milieu du Louvre au petit matin.

Arsène suivit le groupe, mené par Neith, empruntant un passage secret dont Camille avait parlé. Arrivés devant une grille verrouillé, le trousseau de clé du Delacour passa de la main du d'Apcher à celle de la Shafiq.

« Tiens, j'en profite pour te laisser rendre ses clés à notre hôte. De nous tous, tu sembles la plus à même de lui rendre rapidement. »

Retrouvant l'odeur nauséabonde de Paris, Arsène eut un haut le coeur mais était satisfait d'avoir été de la partie. L'Aube Sorcière était décidément pro active et cela plaisait au Baron. Quelques jours de réflexion seraient nécessaire mais il était quasiment persuadé de prendre part au parti. L'attitude de Neith l'avait convaincu. Ils se séparèrent donc tous, non sans s'adresser quelques mots.

« Je l'espère aussi, j'enverrai un hibou à Neith dans quelques jours pour savoir ce qu'il en est. Mesdames, je vous souhaite une bonne soirée. »

Inutile de s'attarder plus que nécessaire dans cette capitale qui n'était décidément pas sa tasse de thé. Arsène tourna les talons et pris le chemin du portoloin qui l'avait amené jusque là en premier lieu...