what a plot twist you are (lorenzo)

Neith adorait les mariages et les fiançailles. En Égypte, petite, elle avait assisté à beaucoup de mariages et de fiançailles. Cela avait toujours été l’occasion de se réunir, découvrir et redécouvrir des cousins et cousines qu’elle n’avait pas le loisir de voir autrement, manger à outrance et surtout danser entre deux célébrations des heureux élus du jour. Elle avait détesté organiser le sien et avait tout laissé à qui était plus compétent qu’elle pour s’arracher les cheveux sur des choses qu’elle ne voulait pas elle-même gérer (et parmi ses tantes, sa mère, ses cousins et cousines, il y avait eu du monde). Mais être invitée à un mariage ou des fiançailles était toujours une occasion qu’elle ne manquait pas à l’exception de celui de Zinaïda où elle n’avait pu être présente à cause de circonstances qui ne dépendaient pas d’elle.

Mais en ce jour, elle aurait bravé toutes les circonstances atténuantes pour se rendre à ces fiançailles parce qu’il s’agissait d’une des personnes les plus importantes de sa vie qui allait se fiancer officiellement.

Maeve, sa okhti.

Petite, elle s’était toujours dit que quoi qu’il arrivait, elle serait là au mariage de sa sœur de cœur. Elle avait beau ne pas être noble ou de l’avoir été temporairement par alliance maritale, elle avait juré sur tous les djinns et tous les dieux celtes et égyptiens qu’elle serait là. Alors, sa joie avait été incommensurable d’apprendre la nouvelle et qui plus était encore que le futur marié était quelqu’un qu’elle appréciait et à qui elle devait une fière chandelle entre deux escapades enneigées qui tournent mal dans la forêt gévaudaine.  

Le jour J des fiançailles, elle s’était présentée avec le reste de sa famille et surtout Yamanu qui était aussi excité qu’elle au château des d’Apcher. Revoir tout ce beau monde qu’elle avait eu l’habitude de fréquenter quatre ans auparavant et qu’elle rencontrait pour certains de temps en temps à cause de la tournure politique du contexte électoral lui faisait malgré tout drôle. Il avait fallu contenir au mieux sa joie presque enfantine. Puis, il avait fallu saluer les dames présentes, Dorimène mais également Anya et ses filles, les autres d’Apcher présents et d’autres connaissances et proches dont Auguste et la princesse royale Rozenn, en attendant l’arrivée des élus de la journée.

Enthousiaste, chaleureuse et gaie, Neith avait fait le tour de beaucoup d’invités, y compris Lorenzo. Voilà depuis novembre qu’elle ne l’avait pas vu, avant la mission, avant également son départ pour l’Égypte et s’il lui avait manqué, elle avait eu un emploi du temps aussi chargé que lorsqu’avant qu’ils ne se quittent. N’ayant cependant aucune raison que de le saluer autrement qu’à la va vite sans s’attarder puisqu’il restait une connaissance et un client comme un autre, elle se contenta du minimum avant de passer à d’autres personnes qui l’alpaguaient déjà.

Lorenzo fut cependant rapidement oublié aux tréfonds de son esprit lorsqu’arriva enfin le couple de la soirée. L’émotion se lut immédiatement sur le visage de la franco-égyptienne qui n’arriva pas à cacher tout l’amour et le bonheur qu’elle ressentait pour sa meilleure amie. L’affut de souvenirs enfantins lui revenaient et elle se retrouva bientôt à se mordre la lèvre pour ne pas céder aux larmes de joie qui finirent par venir malgré tout.

Elle décida qu'elle attendrait son tour pour présenter ses vœux de bonheur au couple qui avait beaucoup de personnes à voir et saluer avant elle, bourgeoise déclassée.

À ses côtés, Yamanu se retenait d’éclater de rire en lui tenant le bras, conscient que sa sœur aînée était toute émotive alors qu’ils s’éloignaient pour trouver une peu de calme. Une blague récurrente parmi les Shafiq tenait à savoir au bout de combien de temps Neith allait pleurer lors de ce genre d’évènement. L'autre blague tenait au fait qu'un dicton disait qu'on savait toujours trouver Neith à un mariage : sur la piste de danse puisqu'elle y restait jusqu'à ce qu'épuisée sa famille lui dise qu'il était temps de rentrer.

Le sourire dans la voix, Yamanu se pencha vers Neith pour lui souffler :

« Tu sais que ce n’est que les fiançailles là ? Je dois prévoir combien de mouchoirs pour le grand jour ? »
« C’est ça moque toi… » se vexa Neith qui relâcha son bras en faisant la moue. « Donne-moi ton mouchoir plutôt. »
« Oh ne fait pas la tête ya amar… Tu es juste adorable. »

Jetant un regard plein de reproche à son frère, Neith se dit qu’il avait un peu raison de se moquer d’elle. Elle était toujours émotive dans ce genre d’évènements et elle savait que c’était pire depuis qu’elle était veuve. Mais cela lui faisait plaisir de célébrer l’union de deux êtres et elle savait que cela passait mieux parce qu’elle était une femme.

Désireuse de ne pas déranger son maquillage qu’elle avait mis un temps fou à élaborer pour être parfaite ce jour, elle se tourna vers son frère et lui demanda :

« Je n’ai rien déranger à mon maquillage ? »
« … je ne crois pas… »

Elle soupire et lève les yeux au ciel, puis lui rend son mouchoir.

« Laisse, je vais aller trouver un miroir ou une salle d’eau. »

Se détournant de son frère, Neith balaya la salle du regard. Se disant qu’elle pourrait trouver une salle d’eau, elle se faufila parmi les invités pour sortir de la pièce pleine de monde, sa respiration sautillant encore sous le coup de l’émotion. Arrivant dans le couloir, elle s’arrêta un instant avant de faire quelques pas, indécise. Elle ne voulait pas s’aventurer n’importe où et elle ne voyait ni domestique ni elfe de maison qui venait vers elle pour l’instant, pas plus qu'il n'y avait de miroir dans ce couloir. Ne souhaitant pas déranger le couple principal, elle se dit qu’elle pourrait trouver une des filles d’Anya pour lui indiquer le chemin et fit demi-tour pour retourner dans la salle principale.

Alors qu’elle arrivait au tournant, elle fut surprise par une haute stature et elle s’arrêta de justesse pour ne pas se prendre l’homme qui visiblement tournait aussi dans le couloir duquel elle revenait.

« Oh veuillez m’excuser… » commença-t-elle avant de s’interrompre quand elle le reconnut.

Surprise, elle constata qu’elle avait posé sa main sur le torse de l’homme pour le maintenir à distance de bras de manière à ce qu’il ne lui rentre pas dedans. Sentant sa chaleur à travers le tissu de son costume, Neith sentit les pulsations de son coeur s'accélérer un peu. Même si elle l'avait peu laissé paraitre, il lui avait manqué.

Avec délicatesse et s’éclarcissant la gorge, elle retira sa main.

« Monsieur de Medici, le salua-t-elle avec politesse et autant de détachement qu’elle pouvait malgré l’émotion dans sa voix. «Je regrette, je ne vous ai pas entendu arriver. J’espère ne pas vous avoir trop bousculé ? »