La République et le Banquet
Jeanne de BeaufortATROPOS | THEN, LET IT BURN.
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(#) La République et le Banquet
missive rédigée par Jeanne de Beaufort le"Le communisme n'est pas un état des choses qu'il convient d'établir, un idéal auquel la réalité devra se conformer. Nous appelons communisme le mouvement réel qui abolit l'état actuel des choses" Marx & Engels.
___L’endroit grondait, la foule était houleuse. Les masses s’opposaient comme des grandes vagues troubleuses. Il en avait toujours été ainsi dans le grand hall des débats. Les discours éclairés se mêlait aux éclats de fureur. L’on disait que c’est d’ici que la Révolution sorcière s’était propagée. Comment ne pas corroborer cette hypothèse lorsqu’on passait quelques heures au milieu de ces discussions endiablés. Tout était source à débat mais l’on ne cherchait pas à convaincre son adversaire. Cela n’avait jamais été l’objet de cet exercice, non ce que tous ces sorciers espéraient c’était le combat, le vrai, l’âpre, le dur. Vaut-il mieux s’affronter avec le Verbe qu’avec des baguettes ? Ces débatteurs, professeurs et étudiants avaient résolus cette question depuis des lustres.
Ce hall, dont les piliers en métal oxydé par le temps et peut-être par les voix rugueuses de tous ces hommes montaient jusqu’aux cieux pour éclore dans un réseau de verrières magnifique, était agité en ce vendredi d’hiver. La faute à qui ? Sans doute à la rumeur sourde d’Aube sorcière, qui s’infiltrait dans les cœurs et les esprits. Le nom de Shafiq était sur toutes les lèvres et leurs idées noires ébranlaient même les plus dogmatiques de ces messieurs. Pour le meilleur et pour le pire. Ce haut lieu de l’âme sorcière, ce dôme qui contenait la fine fleur de la Pensée servait surtout comme thermomètre. Un moyen commode pour mesurer la tiédeur ou l’ardeur de ses idées. Pareil à une onde furieuse, cette masse compacte d’esprits répandait ensuite, partout, dans toute la France sorcière, les échos d’un éclat ou bien d’un échec. Se faire huer par toute l’assemblée, ici ? C’était sortir par la petite porte, tué dans l’œuf se carrière. C’est pour cela que les grands ténors de la politique, ceux qui dictaient les La et les Si ne s’y risquaient plus, surtout après quelques éclats de jeunesse. Seuls les enhardis, les inconscients ou bien les deux montaient au perchoir.
Jeanne faisait parti de cette race particulière d’orateur, de ceux qui aimaient le frisson de l’opinion. La sorcière était déjà une oratrice accomplie, beaucoup la connaissait parmi ces coursives à plusieurs niveaux d’où pleuvaient à l’occasion, journaux sorciers et sortilèges bénins. Au-delà de l’indiscutable besoin d’être vu et reconnue, la duchesse était en mission. Celle de contredire, contrecarrer les paroles pernicieuses des partisans de Tarek. Le champ politique fonctionne simplement, sans obstacle, ni résistance, vos idées infusent jusqu’à devenir des vérités. L’héritière de la lignée des Beaufort ne pouvait laisser faire, un monde gouverné par l’empire du Passé ? Jamais ! Ces tenants de l’immobilisme, pire de la régression bénéficiait déjà de trop d’entrées dans les hôtels particuliers, de trop d’oreilles attentives.
Alors qu’elle montait à la tribune après s’être débrouillée pour doubler une dizaine de sorciers gringalets avant elle, la jeune femme balaya l’assemblée grondante. Ils étaient partout, en bas de la tribune, au premier niveau jusqu’au dernier. Le Paradis, l’endroit où les parias et les « fous » se réunissaient, ceux de sa sensibilité se trouvaient tous là-haut et ils la haranguaient l’air possédé, l’enjoignant à embraser la salle.
Elle tapota avec sa baguette sur sa gorge, pour amplifier sa voix puis déglutissant, posa ses mains sur le pupitre. Jeanne n’avait préparé rien, pas de textes, pas d’idées. Rien que le pur flot des émotions et de l’intuition. Son esprit était incisif, il n’avait besoin de cadre. N’était-ce pas que se trouvait la Révolution ? Dans l’imprévisibilité et l’hors-cadre ? La coutume voulait qu’un orateur lance un sujet, harangue quelque chose puis que les esprits et les voix s’échauffent. Tel était le rôle de Jeanne qui s’apprêtait à lancer une nouvelle discussion alors que l’autre s’épuisait en arguments stériles. Et après ? La tradition, encore, indiquait que les discussions devaient enfler jusqu’à qu’un sorcier se décide, représente une opposition à l’intervention précédente et monte à son tour au pupitre. Ce fonctionnement, souvent décrié pour son aspect peu démocratique, traînait souvent en longueur. L’affaire pouvait alors prendre la nuit jusqu’à que les esprits épuisés, lâche.
- Mes frères et mes sœurs ! harangua l’oratrice alors que sa voix se répercutait dans tout les angles de la pièce, imposant par sa présence un silence tumultueux. Vous n’êtes pas sans savoir que les élections approchent à grand pas, dans quelques mois nous élirons nos représentants. Mais qu’allons-nous voir dans ce reflet ? Qu’est-ce que le miroir renverra de notre monde ? Qu’elle lança avec conviction, ses yeux bruns balayant la foule. Est-ce que ce sera la commode et réconfortante statue de Merlin, ce méprisable statuquo, hypocrite et dangereux ? Ou bien, l’image d’un sombral, d’un cadavre maquillé, dont les orbites sont rongées par ces odieux vers que sont les Valois ? Ces gens sentent la pourriture, ils s’en nourrissent, ils se répandent avec une vitesse fulgurante, qu’elle vociféra alors que les voix commençaient à s’entendre, une partie de la foule devenant comme d’habitude hostile à son encontre. Jeanne connaissait bien l’exercice, le premier orateur devait attaquer fort, exagérer, choquer. Allons nous oublier les avertissements de nos illustres aïeux ? De ceux qui descendirent de cette illustre lieux pour abolir les odieux privilèges de ma caste, qu’elle insista avec un air fin profitant allègrement de ce titre gagné par le hasard de la génétique. En effet, mes frères, sœurs, camarades, notre république est en danger ! Elle est entrain de pourrir, de se faire ronger par ces fascistes, elle pointa alors véhémente un des coins du Hall, connu pour être le pré-carré des militants de l’Aube sorcière. Ne vous faites pas avoir par leurs belles paroles ! La fin du Secret que tant de sorciers appellent de leurs souhaits signifient pour eux le retour aux affaires des rongeurs de Vaux-le-Vicomte. Sang-mêlé, né moldus, cracmols et moldus, tous confondu et tous dominés. C’est ça que vous promettent ces gens ! Ni plus, ni moins. Il n’incarne pas le futur, ni le progrès. Si les Valois sont des mouches, Shafiq et sa clique sont le cadavre sur lequel « Sa Majesté » tourne autour, ironisa pour finir la duchesse, satisfaite de son intervention alors que le hall s’enflammait d’un coup. Les poings et les insultes commençaient déjà à voler, mais son rôle n’était pas d’y répondre.
Déjà elle descendait de la tribune, ses yeux balayant les sorciers à proximité d’elle. Amusée, elle reconnue une figure, parmi ce flot, familière et vint à sa rencontre. Lui ici ? Cocasse, surtout un vendredi, dans une séance connue pour sa fièvre.
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(#) Re: La République et le Banquet
missive rédigée par Yuan de Montrose leDans le grand hall des débats, où s’élevaient les voix discordantes comme les vagues d’une mer agitée, Yuan avait pris place parmi la foule, observant avec tranquillité les échauffourées. Il savait que cet endroit était le pouls de la pensée sorcière, le cœur battant des idées qui se propageaient ensuite à travers toute la société magique. Là où se formaient les courants de pensée, où les mots tranchants prenaient la place des duels de baguettes. Ces confrontations verbales étaient semblables aux joutes lettrées de l’Empire Qing, mais ici, la confrontation verbale, bien que passionnée, manquait souvent de la mesure que ses ancêtres chérissaient.
Au centre de cette agitation, Jeanne de Beaufort dominait la tribune. Ses mots enflammaient la foule avec une passion indéniable, dénonçant les Valois et Shafiq, accusant ces forces d'incarner un passé stagnant, une menace pour la République sorcière. Sa verve résonnait avec une telle intensité que même Yuan, qui privilégiait la contemplation, ne pouvait ignorer la force de ses convictions. Son discours était un torrent incontrôlable, portant avec lui les promesses d’un renouveau audacieux, mais aussi les dangers inhérents aux idées révolutionnaires. Il savait que de tels les extrêmes, bien que parfois nécessaires pour rompre les chaînes de l'injustice, portaient en eux les germes de la division et du chaos. Comme le sage Confucius disait : 中庸之为德也,其至矣乎。Le juste milieu est la voie de la grande vertu.
Lorsque Jeanne descendit enfin de la tribune, Yuan sentit qu’il devait répondre. Il traversa la foule, se frayant un chemin avec un calme contrastant avec l’agitation des lieux. Jeanne, encore enivrée par son intervention, remarqua sa présence et lui offrit un regard curieux. Il l'approcha avec une légère inclination de la tête, une salutation polie empreinte de la politesse millénaire de sa culture.
— Duchesse de Beaufort, votre éloquence est telle qu'elle a fait vibrer cette assemblée comme le vent plie les roseaux, déclara-t-il, sa voix douce, mais ferme, contrastant avec l'agitation ambiante. Vos idées sont animées par un noble désir de changement, mais comme nous disons dans mon pays de naissance : « 天之道,损有余而补不足。La voie du ciel réduit ce qui abonde et comble ce qui manque. »* Trop d'audace peut mener à la division. Trop de passion, à la destruction.
Ses yeux sombres observaient l'assemblée encore en ébullition, nullement atteint par l’agitation des lieux.
— Les tempêtes du Ciel ne sont pas une excuse pour faire trembler la terre. Vous parlez du passé avec mépris, continua-t-il, mais je crains que dans votre course vers l’avenir, vous ne voyiez pas les ravins qui bordent la route. Nous devons progresser, oui, mais sans sacrifier la stabilité sur l'autel de la révolution.
Il marqua une pause, laissant ses mots flotter dans l’air.
— Vous et moi, nous avons travaillé ensemble. Vous savez que je ne suis pas indifférent aux souffrances des opprimés. Cependant, je crains que l’extrémisme, qu’il soit de droite ou de gauche, n’apporte que la ruine. Trop de changements trop rapides mènent à la catastrophe. De même que la tempête ne peut durer éternellement sans causer des ravages, une révolution perpétuelle finit par épuiser ceux qu’elle prétend sauver.
Yuan se tourna de nouveau vers Jeanne, ses yeux brillants d’une lueur empreinte de curiosité.
— Comme vous le savez, en Chine, le Parti Communiste et le Kuomintang se déchirent**. Les idées qui prônent les extrêmes ont divisé le pays, et nous voyons aujourd’hui les ravages de ce début de guerre civile. Sans compter l’instabilité de la jeune République***… La Chine s’effondre sous les extrêmes, et je crains qu'il n'en soit de même en France.
Vous cherchez à bâtir un monde meilleur, je vous enjoins donc à réfléchir à cette question : comment préserverons-nous l’équilibre, cet équilibre qui seul peut assurer la pérennité de ce que nous cherchons à créer ?
Ses paroles s’évanouirent dans le brouhaha ambiant, mais Yuan restait debout, droit et calme, tel un rocher immuable au milieu des vagues. Derrière son expression sereine se cachait une véritable sollicitude, non seulement pour l’avenir de la société sorcière française, mais aussi pour Jeanne, dont l’ardeur, bien qu’admirable, pouvait l’entraîner sur des chemins périlleux.
*Laozi, Daodejing (道德经)
**12 avril 1927, massacre de Shanghai. Le Parti communiste chinois (PCC) avait pris le contrôle de Shanghai, renversant les seigneurs de guerre locaux. Début avril, les troupes de l’Armée nationale révolutionnaire et des membres des triades attaquèrent des civils et des militants du PCC. C'est l'un des principaux évènements qui signèrent en 1927 la rupture entre le Kuomintang (KMT, Parti nationaliste) et le PCC, et marque le début de la guerre civile chinoise.
*** République de Chine (中華民國), 1912 – 1949.
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(#) Re: La République et le Banquet
missive rédigée par Jeanne de Beaufort le"Le communisme n'est pas un état des choses qu'il convient d'établir, un idéal auquel la réalité devra se conformer. Nous appelons communisme le mouvement réel qui abolit l'état actuel des choses" Marx & Engels.
___Le torrent des mots se tarit, la source s’amenuise et Jeanne sent qu’il est l’heure pour elle de rendre le pupitre, du moins jusqu’à la prochaine intervention. Les grands orateurs ne sont-ils pas de cette race qui sait s’arrêter ? Poser les silences, sentir la ferveur de la foule. Voilà les aptitudes des grands tribuns.
L’on ne parle pas pour s’écouter mais pour que les autres écoutent, sans quoi l’orateur ne risque de débiter un long discours-fleuve duquel on ne tirera rien si ce n’est une impression de confusion. La plus belle des pensées est celle qui tient en un mot, la vérité se trouve dans la simplicité. La perfection ne tien-t-elle pas en une équation à deux variables plutôt qu’un long développement ? Les grands esprits finissaient invariablement par être attiré par le concept, la singularité. Celui duquel tout le reste provenait. Pour la duchesse, cette merveille tenait au changement, de la matière, des mœurs, du temps qui passe. Pour le secrétaire de la ministre ? Sans doute à la stabilité, l’immuabilité des lois, de la course des étoiles dans le ciel nocturne.
Alors qu’elle descend, ses grands yeux angéliques rencontrent ceux assurés de Yuan. S’attendant à ce qu’ils discutent à voix-basse, Jeanne tenta de se frayer un chemin entre les badauds pour le rejoindre, un grand sourire sur les lèvres. Mais à sa grande surprise, le sorcier prit la parole de sa voix posée signant alors le début d’une joute verbale qu’elle n’était pas certaine de vouloir. Après tout, ils étaient tout deux des fonctionnaires, employés par le ministère de la Magie pour faire tourner les rouages du pouvoir. Leur opposition n’était-elle pas in fine complètement hypocrite ou dangereusement factionnaire ?
Le pupitre les séparant, elle écouta avec attention la position de Yuan se doutant d’où il partait et jusqu’où il allait. Il était de ces forces du compromis, croyant que le monde pouvait s’épanouir dans un consensus salvateur. Prudent par nature, ils préféraient la lenteur du voyage, quitte à ne jamais dépasser la première étape, à l’embrasement et la fièvre d’une course bordée de ravins. Mais les ravins devaient-ils être le prétexte à l’immobilité ? C’était sur cette question que Jeanne comptait renverser le débat, pour avoir l’insigne honneur ou le terrible malheur de remonter une seconde fois à la tribune signifiant sa première victoire sur un détracteur, de la journée…
Réutilisant une seconde fois un sort d’amplification alors que le cracmol devant elle n’avait fait que pousser sur sa voix, désavantage de sa condition bâtarde… L’aristocrate se permit de tourner sur elle-même pour dévisager la foule houleuse qui les bordaient de toute part. Comme une forme mouvante, elle avançait puis reculait, les oreilles tendues vers les mots et les morts que les deux politiques invoquaient.
- J’entends votre sollicitude Monsieur de Montrose ! commença-t-elle en levant les bras vers la voûte métallique du hall. Votre verbe est aussi inflexible que les fondations de ce bâtiment, il offre en présent la stabilité et l’assurance des choses. N’est-ce pas d’ailleurs le motif de votre seconde patrie ? La mise en ordre des choses sous le ciel ? Empereur ou président, le même désir de fixer les animent n’est-ce pas ? Elle laisse une seconde ses questions aux relents rhétoriques planer dans l’atmosphère survolté avant de reprendre le fil de son monologue. Mais permettez-moi de citer quelques-uns de nos plus brillants esprits, aussi. Robespierre ne disait-il pas que « S'ils invoquent le ciel, c'est pour usurper la terre. » ? Loin de moi l’idée que vous invoquiez une force supérieure, une divinité mais votre appel à la stabilité n’est-elle pas le ciel dont parle l’Incorruptible ? La Chine ne s’effondre pas sous les extrêmes, elle mute. Elle change, enfin. Car cette stabilité que vous chérissez tant n’a-t-elle pas été le ciment des oppressions ? Le ferment des dynasties impériales qui asservirent, assignèrent à résidence les riziculteurs avant de chasser au sud ceux qui s'y refusaient. Dans le Yunnan, le Guangxi, Guangdong ? Quid de tous ces Taï qui furent chassés sous les Song, parce qu’ils étaient « barbares », c’est-à-dire illisible, incontrôlable aux yeux de l’état*.
La duchesse se laisse quelques secondes de répit, commençant à déambuler dans le cercle formé respectueusement entre leurs deux figures, son tailleur noir flottant, la suivant comme une cape.
- L’appel à la prudence, la modération est la voix du vainqueur. De celui qui a tout à gagné de la situation. La fixité, qu’elle soit dure ou douce n’est-elle pas une tyrannie quand même ? Cette fois elle se posait réellement la question, la République de Merlin opprimait-elle par exemples ses citoyens ? La Révolution devait-elle être permanente et totale ? Refuser d’avancer, au titre que le route est semé d’embûche, c’est entretenir et supporter la tyrannie. Comme disait encore Robespierre, « Le gouvernement de la révolution est le despotisme de la liberté contre la tyrannie ». Despotisme parce qu’elle ne saurait accepter autre chose qu’elle-même, la liberté est une fin en soi. Pas un commode arrêt sur une paisible route. Alors oui, le changement, le basculement vers un autre plus radieux est semé d’embûches. Mais il l’est à cause des mêmes forces qui prône la stabilisé, Monsieur de Montrose. Devant la perspective de perdre leurs vains privilèges, elle se braque et se transforme dans le pire. Tchang Kaï-chek, comme vous l’avez dit à demi-mot est l’exemple vivant de cela. Sitôt que le mouvement dépassa la gentille borne que les élites bureaucratiques lui avaient imposé, il s’est braqué jusqu’à trahir ses propres frères à Shanghaï. Ce seigneur de guerre d’entre les seigneurs de guerre invoque lui, le « retour à la stabilité », conclut-elle en lançant une dernière flèche, son ton acerbe détonnant par rapport à ce visage ovale, tout droit tiré d’un conte pour enfant.
Laissant la parole au secrétaire, elle espérait simplement qu’il saisirait que Jeanne s’adressait à ses idées, pas à lui. Mais parfois le feu est telle vif qu’on ne peut plus en saisir les subtiles contrastes…
___
* Scott, Guilhot, N., Joly, F., & Ruchet, O. (2013). Zomia ou L'art de ne pas être gouverné (pour plus d'informations, le livre est complet et cite de nombreuses références)
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(#) Re: La République et le Banquet
missive rédigée par Yuan de Montrose leSeptembre 1927 ?
Yuan demeura un moment immobile, absorbant les mots de Jeanne comme on contemple la mer déchaînée, observant chaque vague, chaque les crêtes écumantes s’écrasant sur les rochers d’une falaise. Ses yeux noirs, calmes, parcouraient l'assemblée avant de se poser à nouveau sur la Duchesse de Beaufort, enveloppée dans sa passion. Le changement, il le savait, était une force aussi inévitable que la marée. Mais il ne s’agissait pas de savoir si ce changement devait arriver. La question brûlante était celle de sa forme : comment guider ce tumulte pour éviter qu’il ne devienne un torrent destructeur, érodant tout sur son passage ?
Il s’avança avec une lenteur mesurée, croisant ses mains dans son dos.
— Vous avez raison, commença-t-il d’une voix douce, mais où perçait une fermeté inattendue. Les vainqueurs cherchent souvent à maintenir l’ordre, à préserver ce qui les avantage. Et pourtant, l’ordre n’est pas intrinsèquement synonyme d’oppression. Comme l’arc du Ciel, il peut abriter sous lui ceux qui cherchent refuge, tout autant qu’il peut servir à enfermer ceux qui n’aspirent qu’à la liberté. La distinction est subtile, mais essentielle.
Il inclina légèrement la tête, dans un geste empreint de respect, mais non sans une lueur d’avertissement dans son regard.
— Votre éloquence, Madame, n'a d'égale que votre soif de renouveau. Vous invoquez Robespierre, et cette vision d'une liberté purgée de toute tyrannie. Mais permettez-moi de vous rappeler que cette quête, sans frein, nous a conduits à la Terreur, où la liberté s’est muée en l’un des pires visages de la tyrannie. La liberté, lorsqu’elle ne connaît plus de limites, ne devient-elle pas elle-même une forme d’asservissement ? Le changement, pour le changement seul, est-il vraiment synonyme de liberté, ou n’est-il qu’une autre prison, façonnée par ceux qui, tout comme les régimes qu’ils dénoncent, refusent de reconnaître l’équilibre ?
Ses paroles se suspendirent dans l’air, laissant le silence retomber comme une vague apaisée, tandis que les visages des spectateurs, agités par la passion du débat, se détendaient légèrement sous la réflexion qu’il imposait.
— Reprenons l’exemple de la Chine, reprit-il avec un calme plus glacé. Vous dites qu’elle « change enfin ». Certes. Mais à quel prix ? Ce changement est douloureux, il divise des familles, des communautés, et chaque extrême alimente le feu qui consume les fondations mêmes de la société. Là-bas, il n’y a ni vainqueurs, ni vaincus ; il n’y a que des cendres.
À ces mots, une émotion plus vive envahit sa voix, la trahissant, juste un instant, avant qu'il ne reprenne son souffle.
— Est-ce cela que vous souhaitez pour notre République ? Un renouveau né de la destruction, mais qui, à force de brûler tout ce qui est ancien, finit par se consumer lui-même ?
Petit à petit, il retrouva sa maîtrise, ses paroles redevenant mesurées, mais chargées de gravité.
— Vous dites que l'appel à la prudence est la voix du vainqueur. Je vous dis, Madame, que c'est aussi la voix de l'expérience. La Chine a traversé des millénaires de dynasties, de révolutions, et de changements aussi soudains que brutaux. Et que nous ont-ils apporté ? Chaque fois, de nouveaux maîtres remplacent les anciens, promettant un avenir radieux, mais reproduisant les mêmes chaînes.
Son ton devint plus solennel encore.
— Vous parlez de la fixité comme d'une tyrannie. Mais n'est-ce pas aussi une tyrannie que d'imposer un changement radical à ceux qui ne sont pas prêts ? La vraie liberté n'est-elle pas de permettre à chacun d'évoluer à son rythme, dans le respect de l'harmonie sociale ? " 欲速则不达 ; Qui veut aller trop vite n'arrive jamais*". Une société forcée dans sa marche trébuche inévitablement.
Il leva doucement la main pour tempérer la force de ses mots.
— Ne vous méprenez pas, je ne défends pas l'immobilisme. Le changement est vital, inévitable, comme le sont les cycles des saisons. Mais il doit être guidé, non par la seule passion, mais par la sagesse. Un navire lancé à pleine vitesse sans gouvernail ne fait que se précipiter vers sa perte.
Il s'arrêta un instant, laissant ses paroles se déposer dans l'esprit de ses auditeurs.
— La révolution que vous appelez de vos vœux, Madame la Duchesse, ne doit pas être un torrent qui emporte tout sur son passage. Elle doit être comme la rivière qui, patiemment, sculpte la roche. Ce n’est pas en détruisant que l’on bâtit. Le changement durable vient de la transformation des cœurs et des esprits, pas de la destruction des structures existantes.
Son regard s'attarda un moment sur Jeanne, l’invitant à la réflexion.
— Nous ne sommes pas si différents, vous et moi. Nous voulons tous deux un monde meilleur. Notre défi n'est pas de choisir entre changement et stabilité, mais de tracer un chemin entre les deux, pour nous permettre d'avancer sans perdre notre équilibre.
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