Banquets de Samhain | Event #2.4

Les bougies scintillent, tantôt soudées à la nappe par la cire fondu, tantôt immortalisées d'un sort et flottantes dans les airs comme d'étranges lucioles. Ces milliers de petites flammes offrent à la nuit de Samhain une ambiance particulière, partagée entre le réconfort instinctif du feu et celle presque morbide, considérant la date, d'une veillée funéraire. Et pourtant aucune lamentation n'est dans le cœur des gens attablés, car tous trouvent leur réconfort dans la nourriture qui se présente librement à eux.

Sur chaque place, des buffets sont tirés contre les murs et ploient sous d'innombrables plats. Au centre, des tables et des bancs sont disposés en îlots communautaires, parisiens et visiteurs allant et venants dans un flous de couleurs et de conversation presque étourdissant. Ici, il ne fallait payer qu'une modeste somme pour pouvoir obtenir un bracelet qui donne accès à toutes les richesses gustatives que les chefs de la capitale auront spécialement concoctés pour l'occasion.

Pichets et carafes changent plus rapidement de mains que les elfes de maisons ne parviennent à les remplir. Le vin coule à flot, grand favoris de la population française, mais derrière ne tarissent pas les bières et les liqueurs qui sont directement tirées depuis des tonnelets alignés à chaque occasion sous les portes cochères. L'eau, quant à elle, se déguste presque comme une rareté, car ce sont les thés brûlants et épicés qui trouveront davantage faveur chez les puritains et la communauté musulman. Le liquide brûlant et sucré permettant d'offrir aux papilles une pause dans l'orgie gustative qui ne cesse de les inonder.

Car ce sont bels et bien de véritables merveilles qui sont ici proposées. Bien que la quantité entame quelque peu la qualité de chaque plat s'il est pris individuellement, ce n'est qu'un détail à la vue de tout ce qui est à disposition. Soupières sans fond possédant des veloutés aux oignons, soupes de légumes et bisques de crustacés ne se séparent jamais de leurs saladiers de croutons à l'aïl et au persil. Des truites et des anguilles se dorent la peau dans des sauces au beurre et aux herbes, sur des lits de julienne. Au centre de table, dindes au cresson et poulardes avec grenailles fondantes ont la plus belle place avec leurs saucières de jus parfumé et de sauces champêtre.

En retrait, ce sont des corbeilles de fruits confits, de gaufrettes et de petits fours sucrés qui se présentent. Nougats aux formes de créatures magiques font merveilles en pièces montées de choux à la crèmes. Des dragées et des crèmes brûlées, marrons chauds et verrines de mousses légères sont légions entre les saladiers de fruits et crèmes glacées. Ces dernières ne sont d'ailleurs jamais bien loin de quelques liqueurs sirupeuses, parfaites pour s'offrir une note de fraicheur dans un digestif plus que mérité.

Et si les buffets ne suffisent pas à rassasier les visiteurs de l'ïle sorcière, les rues adjacentes aux places bondées offrent des farandoles interminables d’étales de restaurant. Là, il n'y a généralement qu'un seul plat, qu'une seule spécialité : l'on mange debout, à profiter des lueurs plus chiches des bougies, pressés les uns aux autres. On peut y manger italien, espagnol, mais aussi plus local avec des plats typiques de nos régions favorites. Le prix est plus élevé et l'attente plus longue, mais les restaurateurs se consacrent corps et âme dans chacune de leur assiette, conscient de pouvoir attirer ce soir une futur clientèle.

Déroulement du jeu

Il s'agit ici d'un event libre, sans intervention MJ. Vous pouvez intervenir à loisir et dans l'ordre que vous préférez.

Elle ne peut s’empêcher de penser à chaque fois qu’elle participe à un tel évènement que cette opulence la rendrait presque malade. Et ça la met extrêmement mal à l’aise bien que comme tout le monde ici, Rachel tente de profiter. Ces célébrations, Samhain, ont toujours été étranges pour elle. Ce n’est pas que parce qu’elle est catholique mais aussi parce que pour elle, ce sont des superstitieux du vieux monde, un monde oublié. Pourtant, en bonne petite née-moldue qui voulait se faire passer pour ce qu’elle n’était pas, Rachel avait tout appris par cœur pour tenter de s’intégrer et fait comme si tout ici était normal. Même trente ans après son premier pas dans le monde magique, elle ne pouvait pourtant s’empêcher de se dire que malgré tout, elle ressentait le même malaise et parfois, les mêmes réactions enfantines de stupeur, découverte et émerveillement.
C’était notamment le cas lorsqu’elle s’était approchée du buffet parce qu’elle avait faim. Inutile d’aller du côté de la danse, sa patte folle ne la laisserait pas tranquille et elle l’avait déjà beaucoup sollicitée aujourd’hui. Elle voulait éviter de devoir prendre ses anti-douleurs qui la rendraient un peu groggy. Alors, elle se disait que l’alcool était un bon anti-douleur en attendant. C’était donc sur le vin qu’elle avait jeté son dévolu avant de rester figée devant la montagne de victuailles. Trop de choix. Trop de choses qui seraient sûrement gaspillés. Quelque part, cela l’agace. Dire qu’il y avait moins d’une décennie, le monde se rationnait encore. C’était comme si la Grande Guerre n’avait été qu’anecdotique. Le monde moldu aussi semblait avoir été contaminé par l’opulence, tout du moins, dans certaines parties de la France.
Pose ton cerveau, Rachel. se rabroua-t-elle. Elle était censée passer une bonne soirée, pas faire des reproches et de militantisme si tant était qu’elle en était réellement une. Mais son sel n’était jamais très loin dans ce genre d’évènements où elle ne se sentait jamais vraiment à l’aise, elle, la solitaire.
Finalement, elle décide de demander à la personne à côté d’elle sans la regarder, les yeux rivés sur le buffet.
« Qu’est-ce que vous me conseillez ? »

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