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Mère maquerelle de l'Empire des Sens, italienne au sang chaud et à l'accent méditeranéen prononcé, veuve noire, habile manipulatrice.
Candidate à la chambre de la noblesse, magistrat supérieur à la cour de Justice Magique, membre de la FESP, lycanthrope non recensé.
Duchesse de Bretagne, grande prêtresse du culte celte, très présente en politique, considérée comme femme la plus puissante de France.
Vétéran de la Grande Guerre, lycanthrope alimentant un folklore comme de la Bête des Tranchées, mécène pour les orphelins de guerre.
Héritier des Romanov en sursis, habile manipulateur ayant permis aux Romanov de s'implanter en France grâce aux Lestrange.
Victime collatérale de la guerre Lestrange/de Medici, voleuse de haute volée et espionne utilisant des niffleurs pour ses larcins.
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua[TERMINÉ] le chevet des partisans - tatiana
Alekseï DzerjinskiLACHESIS | SECRET IS THE ONLY WAY.
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Thème | La chasse ne s'était, finalement, pas réellement passé comme prévu. C'est blessé et en sang que le chasseur avait essayé de rentrer. Qu'il avait fini par tomber. Sa veste, d'un rouge carmin, ne parvenait à étancher la dose mortelle d'hémoglobine qui s'échappait de sa blessure. Allait-il réellement mourir comme ça ? Alekseï avait de nombreuses fois pensé à la mort. Sa condition et son métier ne l'entrainant pas réellement à une quelconque logique de survie. Il s'était cru partir pendant la révolution russe, quand il avait pris sa première balle. Il pensait également y rester pendant la traque de la Mongolie, à la recherche de ce satané Romanov. Lev lui avait donné du fil à retordre mais ils avaient fini par réussir. Ce n'était pas en France qu'il croyait y rester, du moins ailleurs que sous le feu d'une guillotine. Il aurait cru, une fois, qu'Arsène serait l'homme mettant fin à sa jour, en apprenant ce qu'il avait fait du cadavre de Roksana. Il se voyait déjà sous les crocs des garous, périr dans des violences qu'il n'imaginait que trop bien pour les avoir lui-même imposées. Mais, clairement, il ne pensait pas passer l'arme à gauche à cause de satané spectre, pas dans les bois de sa nouvelle meute.
Son dernier sursaut de conscience s'était abattu sur cette pauvre biche venue trop proche. Le loup avait réagit, plus que l'homme. Il avait bondit, abattu le couteau qui, toujours, trônait dans l'arrière de son pantalon. L'inconscience avait finit son œuvre. Une chose était certaine : il avait perdu le pari stupide en perdant la vie.
Ce n'était pourtant pas totalement ce qui s'était passé. Alekseï ouvrit les yeux sur une pièce trop pleine de lumière. Il faisait trop chaud. Au regard de son torse nu, seulement enroulé d'un bandage, il avait été soigné. Peut-être Leonore ? L'odeur de la louve flottait encore dans la pièce. Dans le château de son alpha, Alekseï ne prenait même la peine de cacher son appartenance. De toute manière, son torse ainsi dévoilé était parlant. L'ignoble cicatrice laissée par le coeur transperçait ses flancs et ses abdominaux. Les cicatrices étaient légions sur la peau blanche. Balles. Coupures. Griffures. Il avait le corps d'un homme qui a trop combattu. Alekseï referma les yeux à peine ouvert. La lumière lui faisait mal à la tête. Combien de sang avait-il perdu ? Le bout de ses doigts le démangeait. Il fleura l'air. S'interrompit brutalement. A ses côtés, c'était une autre odeur qui fit bondir son coeur dans sa poitrine. Comme avait-il pu l'oublier ? Tatiana, à son chevet.
Tania ? murmura-t-il. Sa bouche était pâteuse. C'était la première fois qu'il s'autorisait tel surnom en sa présence. Il lui devait des excuses. Et il était mortifié de l'avoir fait s'inquiéter de la sorte.
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6 novembre 1927 à 19H00
Dire qu'elle était pâle eut été un euphémisme. Tatiana était proprement livide, au pied du lit, les yeux légèrement écarquillés et aux pupilles dilatées rivées sur la silhouette allongée là. Dans le silence de la chambre, son austérité et son isolement du plus gros des festivités, il n'y avait à écouter que le souffle laborieux du blessé et le sien, fébrile d'émotions. Ses mains gantées se crispaient sur la fourrure dense de son tour de cou, le fauve du renard ne rendant pas hommage à la blancheur de craie qu'arborait encore son visage.
Lentement, elle contourna le lit et des replis de sa manche elle fit sortir sa baguette magique. D'un petit mouvement, elle fit léviter jusqu'à elle l'un des fauteuils proche de la cheminée dont les flammes ronflaient avec force et diffusaient une douce chaleur dans la pièce. Tatiana se défit de son manteau, de la pelisse et de ses gants. Les grappes en perles d'eau douce cousues à ses épaules dénudées, scintillaient et tintaient à ses moindre mouvements, tout doucement.
L'oiselle défit aussi son béret, qu'elle déposa avec le reste sur les accoudoirs de son fauteuil, mais au lieu de s'installer sur ce dernier, elle vint s'asseoir sur le bord du lit. Son poids fut si léger en comparaison de celui du russe que le matelas ne bougea qu'à peine, laissant le blessé inconscient dans ses rêves fiévreux. D'un autre mouvement de baguette, Tatiana vint remplir d'eau fraiche la bassine posée sur la table de chevet et utilisa son propre mouchoir comme linge pour venir essuyer sur le torse de son galant la sueur poisseuse qui y perlait.
Et quel torse ! Si la situation n'eut été aussi dramatique, l'oiselle aurait certainement eut des pensées peu catholique à la vue de cette musculature puissante et parfaitement balancée pour le combat. Un corps de soldat et toutes les cicatrices que l'on pouvait s'attendre d'y trouver. Certaines semblaient anciennes, supposant qu'Alekseï était dans l'armée depuis son plus jeune âge... et d'autres interloquèrent quelque peu la jeune fille, par leur profondeur et leur positionnement.
Mais Tatiana n'était pas médicomage et sans l'éducation adéquate, son malaise à la vue de ces marques féroces fut rangé dans un coin de son esprit. Son galant était un soldat russe, sûrement avait-il rencontré dans sa patrie natale des dangers bien plus terribles que dans leur France paisible et frivole. Lorsqu'elle eut terminé de passer un linge sur le corps du blond, elle tira sur lui une couverture légère pour qu'il n'attrape pas froid en plus de sa condition actuelle. Peut-être, aussi, ne serait-il pas à l'aise d'être aussi dénudé en sa présence ? Après tout Alekseï s'était montré relativement pudique dans leur relation.
Elle en était à lui caresser les cheveux en fredonnant une comptine russe sans parole, de celle que sa mère lui chantait et dont elle se souvenait vaguement depuis les brumes de son passé perdu, quand elle sentit le bolchévik s'agiter. Elle retira sa main, mais resta à ses côtés, attentive et inquiète. Ses yeux suivaient le moindre de ses faits et gestes, soucieuse de le voir paniquer en se découvrant dans un environnement inconnu. Elle cru croiser un instant ses yeux pâles, mais Alekseï les referma presque aussitôt.
Puis il s'immobilisa et appela son prénom. Ou plutôt, son diminutif. Et immédiatement Tatiana sentit son cœur faire un bond avant de couler comme une pierre. Personne ne l'appelait ainsi. Et elle se découvrait avide d'être nommée de la sorte, avec autant d'intimité et d'affection sous-jacents. Alors elle tendit de nouveau la main pour lui effleurer le front, chassant quelques mèches blondes rendues humides de sueur.
"Oui, je suis là. Tout va bien, Aliocha. Tu es au domaine d'Apcher, en sécurité. Une medicomage a pansé tes blessures, il ne te reste qu'à te reposer. Qu'à reprendre des forces."
Pourquoi garder le vouvoiement et les prénoms commun maintenant qu'ils en étaient là ?! Elle adora l'appeler par son diminutif et observa attentivement ses traits. Elle ne détourna les yeux que le temps d'agiter sa baguette pour faire venir à eux une verre d'eau qu'elle gardait de côté.
"Tu devrais boire un peu. Attends, je vais arranger tes oreillers."
Et elle se pencha vers lui pour l'aider à se redresser un peu.
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Thème | C'était sa main fraiche qui venait de toucher son front. C'était son cœur d'oiseau qu'il entendait battre à mille à l'heure, plus fort qu'il ne l'avait jamais réellement fait. Le silence de la campagne rend ses sens plus affamés. A moins que ce ne soit la pleine lune, à la fois si proche et si lointaine. Le loup, à l'intérieur du combattant, se pourlèche les babines. La Bête grogne, quémande de la chair. Il doit se faire violence pour la réfréner, plus encore alors qu'il ouvre de nouveau les yeux et croise les iris de Tatiana. La culpabilité lui coupe les jambes. Il l'a fait venir, pour leur première sortie officielle et voilà qu'il finit dans un lit, dans une chambre, enfermé. Il voulait la faire danser, la faire rire ce soir. Lui montrer tous les possibles de leur soirée. Au lieu de ça, il l'a condamné à rester au chevet d'un... Malade ? Lui ? Non. Il tente de se relever, serrant les abdos. La douleur lui coupe le souffle. Les spectres ne l'ont pas loupé. Il lui faudra du repos. Il ne peut s'offrir du repos, pas avec ce qui se prépare dans les secrets de Paris. Et voilà qu'elle se rapproche plus encore, pour rendre sa couche plus confortable. Pour.... l'odeur de la proie arrache tout sens commun au garou. Il s'était juré de ne pas la côtoyer à l'approche de la pleine lune. Dans le flux et le reflux des parfums, en plein coeur du bal, il n'aurait eu aucun mal. Ici... Ici ils sont tous les deux et Alekseï doit serrer les dents alors que la gorge gracile passe si proche de lui. Il ne veut pas qu'elle sache. Il ne veut pas qu'elle condamne. Elle partirait si l'information franchissait ses lèvres. Mais le loup frétille à l'intérieur. Le loup salive, de toute la cruauté dont il se fait le précurseur. Alekseï a l'instinct de chasse encore bien trop aiguisé par les instants précédant. Les coups de feu, aux oreilles. La biche, qu'il a agressé d'un coup de couteau.
Sa déglutition se fait bruyante. La pomme d'Adam, trop marquée, se lève et se rabaisse, suivant les battements vifs de son coeur. Le surnom, même, ne parvient à le calmer. Il a peur pour elle. Il savait, il avait toujours su : ce n'était pas une bonne idée de côtoyer une sorcière non mordue. C'était stupide, inconscient. Alekseï ne prenait aucun plaisir à tuer mais il le faisait sans condition quand l'ordre se faisait entendre. Avec elle.... avec elle l'horreur se faisait plus cruelle : s'il la tuait, se serait pas instinct et sans raison. Simplement car elle prenait la forme d'un lapin. Simplement car Hecate était cruelle.
Izvini menya. (Je suis désolé) offre-t-il pourtant, tentant de desserrer sa mâchoire. Les mots, naturellement, s'offrent en Russe. Instinct qui prends le pas sur le français, sur les subtilités qu'il ne métrise pas.Ya ne prines tebe slavy(Je ne t'ais pas couverte de gloire.) Il voulait pourtant. Remporter ce satané pari pour elle. Arriver tel un prince et offrir l'hégémonie de son pays. Au lieu de cela.... Au lieu de cela il était blessé, enfermé dans un chambre et forcé de se reposer. Jamais il ne le ferait. Il était un loup. Il reprendrait bien plus vite du poil de la bête qu'il ne le devait. D'ici à peine quelque heures, il se lèverait, qu'importait les exigences des medicomages. Un soldat n'a le temps de rester au sol. I ty, dolzhno byt', byla v smertel'noy trevoge. Pover' mne, mne zhal'. Eto.. (Et tu devais morte d'inquiétude. Crois bien que j'en suis navré. Cela...) Il baisse les yeux. Ne dolzhno bylo tak proizoiti. (cela ne devait pas se passer comme ça)
Ca non. Certainement pas. Il se rallonge pourtant dans les coussins, un soupir profond lui échappant. Sa présence, si proche, lui est bien trop agréable. Il doit se ressaisir s'il ne veut pas faire le moindre impers. Tatiana n'est pas une putain. Et lui n'est pas un goujat. Du moins il fait tout pour ne pas en prendre l'apparence, ainsi torse nu devant la demoiselle. Il est gêné. Et il n'aime pas paraître ainsi vulnérable devant qui que ce soit.
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6 novembre 1927 à 19H00
Les paroles, fiévreuse et empêtrées, lui crispèrent légèrement les épaules. L'entendre parler russe aurait, dans une autre situation, plutôt serré les muscles de son bas ventre d'anticipation et d'un brin de désir coupable à être bercée par cette voix profonde et riche, sur des notes d'une langue qui leur était, quelque part, intime. Exclusive. Mais la situation ne se prêtait absolument pas à ce genre de déviance et Tatiana se contenta de légèrement froncer les sourcils.
Son joli minois fut tout aussi assombri à mesure qu'Alekseï s'épanchait d'excuses et se drapait d'une culpabilité qui n'avait pas sa place entre eux. Du moins, c'était ce que l'oiselle se plaisait à croire et le genre de relation qu'elle voulait bâtir avec lui. Elle prit le temps d'organiser ses pensées, de s'octroyer quelques secondes de silence. Elle ne voulait pas exploser sous la pression de la frayeur qu'elle venait de vivre. Alekseï ne méritait pas ça, pas alors que c'était lui qui gisait dans un lit. Mais oh bon sang qu'il était difficile de se contrôler !
"- Vizhu... Ya slyshu tvoi opravdaniya, Alesha... (Je vois... J'entends tes excuses, Aliocha...)"
Elle glissa de nouveau la main dans la sienne, entrelaça leurs doigts étroitement. Intimement. De son pouce, elle se mit à lui caresser tendrement le dos de la main, petits gestes circulaires tout en douceur. Répétition lente pour essayer d'apaiser les battements affolés de son cœur qu'elle devinait battre à tout rompre. Son écho pouvant se faire entendre jusqu'à l'extrémité de ses doigts calleux. Elle bloqua un instant son souffle, refoulant ses larmes et reprit avec autant de douceur qu'elle le pouvait :
"- ... No ya ne mogu prinyat' ikh. YA ne tvoya rodina, Alesha. Mne ne nuzhna slava, chtoby realizovat' svoy potentsial. Slava ne sogrela by mne ruku v zimniy den', yesli by ty ne vernulsya ko mne s toy okhoty. (... Mais je ne peux pas les accepter. Je ne suis pas ta patrie natale, Aliocha. Je n'ai pas besoin de gloire pour m'épanouir. Ce n'est pas la gloire qui réchauffera ma main les jours d'hiver si tu ne m'étais pas revenu de cette chasse.)"
Elle le couva d'un long regard qui en disait bien plus que ses mots. Les larmes qui perlaient à ses longs cils noirs, farouchement ravalées, diluaient le bleu de ses yeux en un ciel pâle et ombré d'inquiétude encore vive, mais aussi de chagrin pour cet homme qui ne parvenait pas -même dans cette situation- à penser autrement qu'en soldat. De sa main libre, Tatiana vint lui dégager le front d'une caresse tendre, repoussant les boucles blondes de la peau légèrement perlée de sueur.
"- Da, ya boyalsya, chto ty ne prosnesh'sya. I ya uzhasno vinyu tebya za to, chto ty postavila menya v takuyu situatsiyu... no yeshche bol'she ya vinyu sebya za to, chto otpravil tebya na etu glupuyu okhotu, ne imeya nichego, krome zheludya i nebol'shogo talismana dlya zashchity. (Oui, j'étais terrifiée à l'idée que tu ne te réveilles pas. Et je t'en veux terriblement de m'avoir mise dans cette situation... mais je m'en veux encore plus de t'avoir envoyé à cette chasse stupide avec rien de plus qu'un gland et un charme mineur comme protection.)"
Elle ferma les yeux, le visage un instant froissé d'un chagrin insoutenable. Les mots lui échappaient comme un ruisseau devenu torrent. La digue se fissurait. Sa main trembla contre la sienne et elle prit une inspiration tremblante avant de poursuivre dans un souffle :
"- Iz nas dvoikh imenno ya luchshe vsekh znal nravy i obychai etikh zemel'. YA dolzhen byl zashchitit' tebya segodnya noch'yu, i ya poterpel neudachu. Prosti menya, Alesha. (C'est moi, de nous deux, qui connaissait le mieux les us et coutumes de ces terres. C'est moi qui devait te protéger ce soir et j'ai misérablement failli à ma tâche. Je suis tellement désolée, Aliocha.)"
Tatiana porta la main e son galant à son visage pour baiser d'abord ses phalanges, puis pour presser le front au dos de sa main, yeux toujours fermés et souffle tremblant d'un émois qu'elle contenait à peine au clôt de ses lèvres serrées. Elle aurait dû le retenir d'aller faire le fanfaron avec les autres chasseurs. Elle aurait dû lui parler des Vélanes et des esprits qui rôdent dans les forêts du Gévaudan, des dangers de Samhain ! Mais elle avait assumée qu'il était invincible, qu'il connaissait les risques et pourrait les confronter sans peine... Quelle sotte.
Mais la peur se mua en quelque chose d'autre. Les regrets alimentèrent d'autres sentiments, comme un bec verseur coulant d'un récipient à un autre. La machine de ses pensées s'emballa et elle reprit d'une voix assourdie :
"- YA znayu, chto ty soldat, i ya nikogda by ne skazala tebe etogo, yesli by tebe prishlos' otpravit'sya na zadaniye i vernut'sya ko mne po chastyam. No kak naschet vsego ostal'nogo ? Dlya vsekh situatsiy, kotoryye ne trebuyut, chtoby ty byl rebenkom svoyey rodiny ? (Je sais que tu es un soldat et jamais je ne me permettrais de te dire ça si jamais tu dois partir pour une mission et me revenir en morceaux. Mais pour tout le reste ? Pour toutes les situations qui n'exigent pas de toi d'être un enfant de ta patrie ?)"
Une pause, le temps pour elle de lui abaisser de nouveau la main et même de la lui lâcher une fois posée sur les draps blancs de ce lit étranger. Tatiana ré-ouvrit des yeux qui brillaient cette fois d'une colère injustifiée, simplement embrasée par le tumulte de ses peurs, de ses incertitudes, de ses angoisses. La peur de le perdre, l'incapacité de savoir si les sentiments qu'elle allait déclarer lui seraient répondus et la terreur d'être méprisée, rejetée même.
Pourtant, elle se pencha vers lui. Leurs souffles se mêlèrent et leurs nez se frôlèrent quand elle murmura à ses lèvres :
"- Chto zhe kasayetsya ostal'nogo, to ya zapreshchayu tebe vkhodit' v moyu zhizn' i vykraivat' sebe mesto korolya, a potom riskovat' brosit' menya iz-za takikh glupostey. Ty slyshish' menya, Alesha ? Ty ne mozhesh' ukhazhivat' za moim serdtsem, a potom rastoptat' yego pod kopytami iz-za glupoy okhoty ! (Pour tout le reste, je t'interdis d'entrer dans ma vie et de t'y tailler une place de roi pour m'abandonner sur des stupidités de ce genre. Tu m'entends, Aliocha ? Tu ne peux pas courtiser mon cœur et le piétiner ensuite sous les sabots d'une stupide chasse !)"
Et plus proche encore, si proche que les mots semblaient sortir de la bouche même du bolchévik...
"- Voz'mite na sebya otvetstvennost'. Voz'mite yeye, kak vy vzyali moye serdtse. (Prend tes responsabilités. Prend les comme tu as pris mon cœur.)"
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Multicomptes : Alice Beauregard (2nd), Lorenzo Di Medici (3ème) & Sibille Abeausi
Âge perso : 42 ans
Nature du sang : Sang-mêlé (mère sorcière)
Etat Civil : Courtise officiellement Tatiana Du Cirque
Occupation : Ambassadeur au bureau de la coopération magique internationale. Membre de la police secrète bolchevik
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Ouh la la
le chevet des partisans
ft Tatiana Du Cirque
Thème | Son visage s'assombrit et lui ne comprends pas. Si, n'importe quand, n'importe comment, il aurait demandé des explications, la douleur et la fièvre le font seulement s'enfoncer un peu plus profondément dans son lit. Il a mal, il en serre les dents sans pourtant rien n'en montrer. Seule sa machoire se fait plus dure alors qu'il retient un gémissement. Les spectres ne l'ont pas loupé. Quel imbécile faisait-il à ainsi se laisser aller dans une forêt, à ainsi risquer si gros. Le Parti en rirait à gorge déployée. Alekseï Dzerjinski, mort pour... rien du tout. Le silence de Tatiana le surprit et, plus encore, lui fit un peu peur. Lui, passé si près de la mort à peine quelque minutes plus tôt, voilà qu'il s'inquiétait des réactions d'une femme qui aurait dû, pour son propre bien, rester une illustre inconnue. Mais voilà. Tatiana du Cirque n'était pas une illustre inconnue. C'était bien là son plus grand défaut. Lui ne la quitte pas des yeux, tend l'oreille, écoute les battements de coeur incontrôlés, la respiration, le souffle. Le langage non verbal en dit bien plus que ce que les mots ne souffleront jamais. Le Coeur avait veillé, encore et encore, à ce que ses loups sachent interpréter les silences. Alekseï était un très bon élève.... sauf devant la jeune femme. Il y avait trop d'affecte, il mettait trop d'appréhension dans les interprétations. Tatiana ne serait pas restée à son chevet si elle voulait fuir.... N'est-ce pas ?
Puis enfin sa douce voix. Dans leur langue. Ses doigts contre les siens, auxquels il essaye de ne pas s'accrocher comme à une bouée.
Puis les mots s'écoulent comme un flot étrange qu'il ne comprends pas tout à fait. Qu'il ne veut pas comprendre ? Alekseï écoute alors que c'est son propre coeur qui se met à battre à tout rompre. Alors qu'il la regarde comme s'il la voyait pour la première fois. Combien de fois un magnifique sourire s'est niché sur ce beau visage ? Où est-il cette après midi alors qu'elle lui confie ses pensées et, à travers elles, qu'elle lui ouvre son coeur. Car il ne peut nier : il ne sait rien de ce qu'elle pense en vérité. A-t-elle acceptée sa proposition car il était soldat, d'une situation plus que convenable en France, offrant une sécurité pour l'avenir ou bien a-t-elle autre chose dans l'esprit ? Lui sait, sans réellement le savoir, ce qu'il pense, ce qu'il éprouve. Mais elle... Elle n'a dit que des oui, que des sourires, que des instants ensemble. Des attentions féminines, qu'il pensait normales. Alekseï découvre autre chose en la compagnie de Tatiana. Pis encore : il découvre des émotions qu'il avait repoussé toute sa vie.
Et s'il déglutit, il le fait difficilement alors qu'elle s'approche. Alors qu'il voit dans les iris des larmes dont il est créateur. Elle est trop près. Son odeur devient la seule qu'il perçoit. Elle lui vrille le ventre. Le parfum du lapin aiguise l'appétit du loup et ses lèvres, à quelques millimètres des siennes, l'appétit de l'homme.
Les yeux se baissent. Se glissent sur ses lèvres, sur son nez, sur son visage. Elle est trop proche. Et si le loup sait parfaitement ce qu'il demande alors que les canines s'animent, l'homme est terrifié. Il a survécu à la guerre. Il a affronté un monde entier. Il vit en France comme un ennemi quasi certain de la nation. Il est en danger, à chaque seconde. Pourtant Alekseï n'a jamais eu peur. Mais à ce moment, devant la petite russe, c'est une autre terreur qui le prend. Celle d'avoir quelqu'un qui compte sur nous. Celle d'une femme, peu capable de se sauver seule, qui attendait. Une main à rechauffer dans les froides soirées d'hivers. Un ventre à nourrir. Une... famille ? Et l'homme panique quand le loup ordonne. La pleine lune est proche, un rien trop proche, un peu trop visible. Hecate se fait actrice quand l'homme perds pied.
Sa main se glisse à la nuque de Tatiana et ses lèvres viennent trouver celles de la jeune femme.
Le loup agit.
L'homme supplie.
Depuis combien d'années sont-ils actionnaires de la même pensée ? Depuis combien des décennies jouent-ils ensemble ? Alors pourquoi là, aujourd'hui, tout part à vaux l'eau ? Pourquoi la simple présence de Tatiana casse-t-elle un plan si bien rodé ? Une alchimie si bien construite ? L'homme et le loup jouent ensemble, travaillent ensemble, le Coeur y a veillé. Alors pourquoi ?
Mais ses lèvres tombent les masques et brisent les paroles; Il est maladroit de ses mots. Il l'est plus encore de ses gestes. Alors le loup fait, le loup ordonne. Et le loup réussi ce que l'homme ne saurait rendre réel. Tatiana lui a ordonné de prendre ses responsabilités. Lui vole ses exigences. Fixe des limites qu'il ne sera, lui-même, pas capable de tenir.
Il s'attends à tout alors que les doigts quittent la nuque et que leurs lèvres s'éloignent. Il s'attends à tout alors que ses iris bleus se fondent dans ceux de Tatiana et que son regard ne la lâche pas. Il la regarde comme il ne l'a jamais regardé quand il a toujours muselé l'animal en sa présence.
U soldata dve rodiny. Tot, chto rodilsya, i tot, kotoryy vybralo yego serdtse. Tvoi pros'by — eto prikazy, Tanya, nadeyus', ty teper' eto znayesh'. (Un soldat a deux patries. Celle de naissance et celle que son cœur a choisi. Tes demandes sont des ordres Tania, j'espère que tu le sauras maintenant. ) Ses lèvres se font papillons, baiser bien moins emprunt de passion alors qu'elles se déposent sur celles de la jeune femme. YA obeshchayu vam, chto bol'she ne budu nenuzhno riskovat'.(Je te fais la promesse que je ne prendrai plus de risques inconsidérés.) Un silence, léger, alors que ses yeux ne lâchent ceux de sa douce. Si elle fait mine de parler, son pouce se glissera sur ses lèvres, l'obligeant à l'écouter. Ya nye soldat, Tanya. Ya... Eto slozhneye. Ya ne sluzhu v Krasnoy Armii uzhe mnogo let. Menya prizvali po drugoy prichine. Ya... Mne bol'no govorit' eto tebe, no... Ty ne znayesh' vsego, Tanya, i mne bylo by ne po sebe, yesli by ty polyubila cheloveka, kotorogo znayesh' tol'ko napolovinu. Ty otdayesh'sya tselikom, a ya... ya mogu tebe predlozhit' tol'ko lozh', tol'ko chastichnuyu pravdu. Zavtra ya mogu ischeznut'. Zavtra tebya mogut atakovat', iznasilovat', razbit', chtoby dobrat'sya ko mne. Ya predlozhil tebe svoyu ruku, svoye serdtse... No ya dazhe ne smog... O, Gospodi (Je ne suis pas un soldat, Tania. Je suis.... C'est plus compliqué que ça. Je ne fais plus parti de l'armée rouge depuis plusieurs années maintenant. C'est pour autre chose que j'ai été enrôlé. Je... Cela me tue de te dire ça mais.... Tu ne sais pas tout, Tania et je m'en voudrai de te faire aimer un homme que tu ne connais qu'à moitié. Tu t'offres toute entière et moi... moi je ne peux t'offrir qu'un mensonge, qu'une vérité parcellaire. Demain, je pourrai disparaitre. Demain, tu pourrais être attaquée, violée, brisée seulement pour m'atteindre moi. Je t'ai offert ma main, mon coeur.... Mais je n'ai même été capable de.... Grand dieu. )
La fièvre le faisait trop en dire. Trop en confier. Il en oubliait la sécurité, la méfiance. Tania était son agent mais ne pouvait-elle être celui d'un autre en même temps ? Les possibilités étaient trop fines et pourtant.... et pourtant voilà qu'il confiait ses mots, qu'il offrait la vérité sans réellement le faire.
Prosti menya. (Pardonne-moi. ) Les deux mots sont offerts alors que se baisse la tête. Alors que la culpabilité grandit au font de ses iris. Il n'a pas le droit de lui offrir tout ça. Le risque est trop grand. La possibilité de futur trop minime. Elle pourrait se retrouver seule sans même qu'il ne le désire. Pire encore : il pourrait lui arriver des horreurs sans même qu'il ne puisse les empêcher. Tatiana était mise en avant à ses côtés. Il avait été idiot de la présenter ainsi au monde. Il avait prêché d'orgueil. Et, heureusement, le destin l'avait blessé lui. Ty ne dolzhen mne predlagat' svoe serdtse (Tu ne devrais pas m'offrir ton coeur) Il le pensait, il le pensait bien trop fort. Tatiana était trop jeune pour vivre ce qu'il ne pouvait pas promettre. Leur différence d'age se posait comme une barrière, infranchissable; qu'il avait pourtant choisi d'enjamber. Sans lui offrir toutes les clés, sans lui confier toute les vérités. Elle était tombée amoureuse d'un mensonge. Et il ne s'en rendait compte que maintenant, que trop tard. Les dés étaient jetés et lui les avait regardé rouler.
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Succès
6 novembre 1927 à 19H00
Ce qu'elle croyait lire dans ses yeux lui serra le cœur, mais elle n'en fit nul commentaire. Par respect pour lui, mais aussi parce qu'elle était incapable de se concentrer sur autre chose que leur souffle qui se mêlait, de leurs lèvres qui s'effleuraient. De cette appréhension qui tendait son jeune corps vers l'avant. Toujours plus vers l'avant. Chacun goûtait à cet interdit qu'ils s'imposaient, soit par besoin de correspondre à leur rang, soit pour celui de convenir à leur culture. De se rassurer dans les limites de ce qui leur était connu. Familier. Rassurant.
Tatiana n'avait jamais fréquenté d'hommes et cette situation la terrifiait autant qu'elle l'excitait. Aimerait-elle ce que leur promiscuité promettait ? Adorerait-elle cet homme autant que lui semblait l'admirer ? Dans les yeux du russe, elle avait l'impression de se noyer dans tous ses non-dits. Dans toutes ces émotions qui fleuraient à l'orée de ses cils blonds, mais qui ne semblaient pas vouloir émerger de ses lèvres closes. Oh ces lèvres !!! Si proches qu'elle en avait presque la saveur sur la langue. Et si elle avait déjà flirté avec des garçons -au Cirque comme à Beauxbâtons- jamais n'avait-elle sérieusement approché un homme.
Or la silhouette allongée sous elle, le parfum qui se dégageait de cette peau mise à nue, les promesses des doigts calleux qui tenaient les siens... Jamais l'oiselle n'y avait goûté. Seulement des rêves moites lors de ses nuits les plus solitaires. Seulement des rires cachés derrière une main quand elle voyait des amoureux fricoter entre les tentes du Cirque. Et sa gorge, comme son bas ventre, se nouaient d'anticipation à pouvoir expérimenter ne serait-ce qu'une parcelle de cette passion.
Aussi quand la large main se glissa sur sa gorge et qu'elle sentit les phalanges s'accrocher à la courbe gracile de sa nuque, juste à la naissance des boucles sombres, un hoquet lui échappa. Éclat promptement avalé par leur bouche qui se rejoignirent avec un appétit aiguisé par de longues nuits séparés l'un de l'autre. Les cils de Tatiana frémirent avant qu'elle ne vienne abaisser le rideau de ses paupières et ne s'abandonne complètement dans le baiser que son galant lui offrait.
Si cela était raisonnable ? Certainement pas.
Est-ce que cette pensée l'arrêta de continuer ? Encore moins.
Ce fut pour Tatiana une expérience enivrante durant laquelle elle gorgea ses cinq sens. Ses lèvres douces pressèrent les siennes, plus rèches. Leur langue se caressèrent et se frottèrent l'une à l'autre avec désir, passion... Appétit. Ses dents mordillèrent la pulpe ferme de sa lèvre inférieure, testant sa souplesse, avant qu'elle ne revienne l'embrasser avec passion dans une véritable apnée de désir et d'exaltation désespérés. Et durant tout l'échange, l'oiselle devait se faire violence pour ne pas venir presser sa poitrine à son torse pour lui faire sentir les battements affolés de son cœur.
Et quand enfin ses poumons hurlent pour de l'oxygène et qu'ils s'écartent juste assez pour retrouver leur souffle, yeux plongés dans ceux de l'autre, Tatiana sent enfin ses joues se colorer vivement et la chaleur jusque là dans sa poitrine gagner son visage d'un élan d'embarras et d'incompréhension. Comment avait-elle pu embrasser un homme blessé ?! Du pouce, elle essuya doucement les lèvres d'Alekseï du rouge qu'elle y avait étalé avec son maquillage. Le sien aussi ne devait plus ressembler à rien après cet échange passionné.
"- Aliocha..."
Essaya-t-elle de l'interrompre, mais les baisers papillons lui arrachèrent un léger sourire et surent la convaincre d'écouter la suite en silence. La promesse lui tira quelques larmes silencieuses, perles salées rapidement cueillies par la courbe d'un index fugace et elle l'accepta sans un mot, juste par un petit hochement du chef, la gorge bien trop nouée par l'émotion pour l'en remercier. Savoir qu'il prendrait en compte leur relation la prochaine fois qu'il irait bêtement risquer sa vie lui allait parfaitement.
Elle ne voulait pas l'enchaîner, car elle-même refuserait qu'il restreigne ses mouvements, mais... Mais juste savoir qu'il y aurait des conséquences dans ses actes ? Oui, c'était tout ce qu'elle demandait. De cette façon, s'il se blessait à nouveau ce serait en toute connaissance de cause. Et elle, elle aurait le droit d'être en colère d'avoir eu si peur. Elle n'aurait plus à se sentir responsable et à culpabiliser. C'était égoïste. Mais qu'est-ce l'amour sinon un sentiment profondément égoïste ?
Au silence qui s'installa entre eux, Tatiana ouvrit la bouche en pensant pouvoir prendre la parole, mais un doigt pressa ses pulpes délicates et elle resta muette. Ses cils frémirent alors qu'elle prenait la main levée à elle pour venir y enfouir son visage. Son nez vint presser contre la paume sèche et chaude, ses cils mouillèrent les phalanges et elle embrassa le creux de son poignet. Mais à mesure que les mots s'échappaient d'Alekseï, l'oiselle sentait un froid sibérien la saisir jusqu'aux os.
Finalement, elle se redressa et attrapa un linge propre sur la table de chevet pour se redonner un minimum visage humain. Le rouge à lèvre fut méticuleusement essuyé, le mascara de nouveau confiné à un 'smoke' décent autour de ses grands yeux mouillés de larmes contenues. Le reste fut ôté, laissant fleurir à nouveau l'entièreté de ses tâches de rousseurs. Et tout ce temps, elle l'écouta sans bouger du bord de son lit. Elle l'écouta sans le regarder, ne sachant que penser de tous ses aveux.
Puis ce fut ses excuses. Et s'en fut trop. Agile, l'oiselle se leva promptement et s'écarta pour marcher jusqu'à la fenêtre. Soudainement, l'air de la chambre lui paraissait étouffant. Le feu de la cheminée semblait vouloir dévorer jusqu'à la dernière molécule d'oxygène et Tatiana ouvrit l'étroite fenêtre en grand. La claque du vent froid, du dehors, lui fit fermer les yeux et hoqueter, mais elle ne changea pas d'idée. Elle planta les ongles sur le rebord de pierre et se força à prendre une profonde inspiration.
Quand elle se sentit suffisamment calme, elle tourna le dos à la fenêtre et s'y adossa, laissant le vent et la neige jouer dans les boucles sombres de sa longue chevelure. Le rouge de sa robe tranchait sur la pierre sombre, mais plus encore sur la peau laiteuse de ses bras et de sa gorge exposés. Elle posa sur lui un regard plus doux et tendre que du velours, mais les mots qui filèrent de ses lèvres furent plus tranchant qu'une lame de rasoir :
"- Mne vsegda govorili, chto dlya togo, chtoby stat' khoroshim soldatom, nuzhna opredelennaya dolya gluposti, no ya nikogda ne dumal, chto ty tak ser'yezno otnesesh'sya k etoy pogovorke, Aliosha." (On m'a toujours dit qu'une certaine dose de stupidité était nécessaire pour faire un bon soldat, mais je n'aurais jamais cru que tu prendrais cet adage tant au sérieux, Aliocha.)
Pourtant elle lui fit un sourire attendrit, car c'était ce côté pataud et innocent sur toutes les choses de la vie amoureuse qui l'avait tant séduite chez le grand russe. Le confort de savoir qu'ils découvraient tout les deux les mêmes choses et au même rythme. Qu'ils étaient aussi ignorant l'un et l'autre. Qu'il n'y aurait pas d'impatience ou de jugement sur l'autre... Mais elle avait surestimé Alekseï. Il connaissait sur l'amour et les relations humaines encore moins qu'elle ne l'avait cru.
Elle lui fit signe de garder le silence, comme il le lui avait fais savoir un peu plus tôt. C'était à son tour de parler et elle comptait bien abattre toutes ses cartes -ou presque- et lui faire comprendre qu'elle n'était pas aussi jeune et naïve qu'il pouvait bien le penser. Pas qu'elle lui en tenait rigueur ! Elle était seule fautive à ne jouer à ses côtés qu'une oiselle insouciante et consacrée à lui retirer de la tête toute la grisaille de Paris. Alors elle prit une profonde inspiration et entama :
"- Vy oshibayetes', kogda dumayete, chto stavite menya ne tak v etikh otnosheniyakh." (Tu te trompes lorsque tu penses me mettre en tort dans cette relation.) Elle baissa les yeux sur ses pieds et le tapis qui recouvrait une partie du sol de pierre. Du bout de sa semelle, elle frotta un motif brodé dans l'épaisse fibre. "I ty oshibayesh'sya, dumaya, chto ya dostatochno naiven, chtoby dumat', chto znayu o tebe vse. I vy oshibayetes', polagaya, chto vzamen ya otdayus' vam polnost'yu. U kazhdogo yest' sekrety. I u kazhdogo byla zhizn' do vstrechi so svoyey vtoroy polovinkoy." (Et tu te trompes en me pensant suffisamment naïve pour croire tout connaître de toi. Et tu as tort de penser que je me donne totalement à toi en échange. Tout le monde à des secrets. Et tout le monde a eu une vie avant de rencontrer sa moitié.)
Une bourrasque cacha une partie de son visage derrière plusieurs mèches de cheveux. Elle manqua de souffler les flammes et c'est seulement à cet instant que Tatiana se décida à fermer la fenêtre. Dos à la chambre, mais surtout à Alekseï, elle laissa ses mains s'attarder sur la poignée. Son cœur battait la chamade et elle ne faisait pas confiance à l'expression que son visage arborait en l'instant. Alors elle attendit un peu avant de lui faire de nouveau face. Elle observa sa silhouette confinée à un simple lit, observa ses blessures puis son visage pâle et anxieux.
Elle resta adossée à la vitre, leur laissant un peu d'espace. Un vide qu'elle espérait bientôt remplir de sa confession et de tous les sentiments qui habitaient son cœur depuis plusieurs semaines maintenant. Elle ouvrait la cage de son cœur ce soir. Elle espérait juste qu'Alekseï saurait ramasser tout ça avec la même délicatesse qu'il lui dédiait depuis leur première rencontre.
"- YA vlyubilas' v muzhchinu, kotoryy slushal, kak ya poyu, i odolzhil mne svoye pal'to, chtoby mne bol'she ne bylo kholodno. Muzhchina, kotoryy sleduyet za mnoy v tolpe, potomu chto boitsya poteryat' menya iz vidu. YA lyublyu etogo cheloveka, kotoryy pozvolyayet mne sdelat' yego glukhim svoyey boltovney i kotoryy smeyetsya nad moyey chepukhoy." (Je suis tombée amoureuse de l'homme qui m'a écouté chanter et m'a prêté son manteau pour que je n'ai plus froid. L'homme qui me suis du regard dans la foule parce qu'il a peur de me perdre de vue. J'aime cet homme qui me laisse le rendre sourd de mes bavardages et qui rigole à mes sottises.) Elle noua ses mains sur son cœur, ferma les yeux et laissa son visage prendre une expression d'une extrême douceur, portée par ses propres aveux. "YA vlyubilas' v cheloveka, kotoryy byl neuklyuzh v svoikh deystviyakh po otnosheniyu ko mne i zastavlyal menya chuvstvovat' sebya samym dragotsennym i nezhnym sushchestvom na svete." (Je suis tombée amoureuse d'un homme maladroit dans ses gestes à mon égard et qui me fait sentir comme la chose la plus précieuse et délicate au monde.)
Ses mains retombèrent lentement le long de son corps. Ses yeux se rouvrirent pour plonger dans ceux du russe.
"- Zavtra, s toboy ili bez tebya, na menya mogut napast' na ulitse, i ya poteryayu svoyu chest', svoi dragotsennosti i, pochemu by i net, svoyu zhizn'. Zavtra menya mozhet sbit' mashina ili ya upadu v Senu. Zavtra ya mogu prosto spotknut'sya na lestnitse i slomat' sebe sheyu." (Demain, avec ou sans toi, je peux me faire agresser dans la rue pour y perdre mon honneur, mes bijoux et pourquoi pas ma vie. Demain, je peux me faire faucher par une automobile ou tomber dans la Seine. Demain, je peux juste trébucher dans un escalier et me rompre le cou.) A chacune de ses phrases, elle s'était rapprochée d'un pas jusqu'à s'arrêter contre le lit. Sérieuse, elle s'installa près de lui et tendit une main glacée pour lui effleurer le front. "No eto zavtra, Aliosha. I yesli mne pridetsya nachat' perezhivat' obo vsem, chto mozhet sluchit'sya so mnoy zavtra, u menya ne budet vremeni naslazhdat'sya tem, chto proiskhodit segodnya." (Mais ça, c'est pour demain, Aliocha. Et si je dois commencer à m'inquiéter de tout ce qui pourrait m'arriver demain, je n'aurais plus le temps de profiter ce qu'il se passe aujourd'hui.)
Elle se pencha pour embrasser le front qu'elle venait de dégager de ses quelques mèches blondes trempées de sueur. Elle baisa ensuite chacun de ses paupières, le bout de son nez avant de s'arrêter et de le regarder, légèrement penchée sur lui. Elle lui fit un sourire malicieux et baisa chastement ses lèvres avant de s'asseoir correctement et lui laisser à nouveau le loisir de respirer sans avoir à se soucier du parfum de ses larmes, de sa peau et de son souffle sur lui.
"- YA lyublyu tebya, Aleksey Yanushev. YA lyublyu tebya za muzhchinu, s kotorym ty khochesh' byt' ryadom so mnoy. Mne etogo dostatochno. Yavlyayetes' li vy byvshim soldatom ili prostym bumazhnikom v Ministerstve, dlya menya eto ne imeyet znacheniya, i yesli chto-to yeshche mozhet podvergnut' menya opasnosti ili postavit' pod ugrozu nashi otnosheniya, to ya ne khochu znat'." (Je t'aime, Alekseï Januszew. Je t'aime pour l'homme que tu veux être en ma compagnie. Je ne demande pas plus. Que tu sois un ancien soldat ou un simple gratte-papier au Ministère, cela n'a pas d'importance et si connaître le reste pourrait me mettre en danger ou compromettre notre relation, alors je ne veux pas le savoir.)
Un petit haussement d'épaule avant qu'elle ne lui offre sa main, tête légèrement penchée sur le côté.
"- V konechnom schete, lyubov', vozmozhno, — eto egoizm vmeste. Chto vy dumayete ? Ty khochesh' byt' egoistichnym so mnoy do kontsa?" (Finalement l'amour, c'est peut-être d'être égoïstes ensemble. Qu'en penses-tu ? Veux-tu être égoïste avec moi jusqu'à la fin ?)
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Thème | Elle s'éloigne et lui ne sait comment réagir. Des larmes qu'il a fait couler à l'absence, soudain brutale, du corps chaud contre lui. Les battements désordonnées de son coeur. Son petit oiseau qui s'envole trop loin, qui s'approche de la fenetre et l'ouvre trop grande. Et la fievre, et la chaleur. De son propre corps qui se débat contre les maux enserrant tout son être. Le loup, au fond, qui beugle quand la morsure le fait guérir plus vite. Les plaies cicatrisent déjà. Elles grattent et démangent trop forts. A l'approche de la pleine lune, jamais Alekseï n'est aussi capable de se remettre vite. Le Coeur leur a apprit. C'est avant le souffle d'Hecate qu'ils doivent s'entrainer le plus fort s'ils ne veulent ressentir de courbature. Mais ce soir, le Coeur n'est pas là. Et c'est dans le sien que Tatiana creuse un gouffre alors que les mots s'échappent de ces lèvres pleines. Qu'il ouvre la bouche pour répondre quand elle l'enjoint au silence. Dans leur propre langue, il n'y a pas lieu à l'interprétation ou l'incompréhension. Elle a dit ce qu'il a entendu. Soldat. Stupide. Imbécile. Abrutit. Elle ne sait pas elle. Petit cocon que celui des civils, de ceux qui n'ont eu à oublier jusqu'à leur propre humanité pour obéir aux orbes, quels qu'ils soient. Car c'était uniquement ainsi qu'on sauvait les frères; Obéissance innée que celle du chien auprès de son maitre. Il lui tendait la laisse. Elle la piétinait. Comme elle le faisait de son coeur. Pourquoi accepter le baiser si s'était pour... Pour rien du tout. N'avait-il écouté jusqu'au bout, fou qu'il était, qu'il aurait compris. Lui qui ne parle que trop peu, voilà qu'il réfléchissait trop vite. Tatiana avait le don pour le jeter dans les affres de l'incompréhension, des futurs improbables. Le carreau, si elle était femme, était louve. Il comprenait l'animal quand il se perdait des mots de l'humaine. Avec Tatiana... Tout était plus compliqué. Tout était plus dur. Il voulait. Il voulait tant tester quand, d'un simple sourire, elle avait su ravir ce qu'il pensait gelé par la mort et le devoir.
La fenêtre qui se ferme. Le vent qui se calme. La neige qui n'entre plus quand lui est accrochée aux lèvres, attend ces mots comme on attendait ceux du Messie. les secrets, les trop nombreux secrets. Il peine à y croire. Elle ne sait pas. Elle ne voit pas, elle, dès qu'elle ferme les yeux, ceux des enfants qu'il a envoyé pour toujours de l'autre côté. Les petits minois, terrorisés, quand c'est de la Mort qu'il se faisait l'envoyé. Les derniers mots de Nikola, alors qu'il abattait tout l'avenir d'une lignée. Eteindre les Romanov pour toujours. Il était chevalier d'un autre monde, faucheur qui n'en avait pourtant nullement le rôle. Les enfants étaient les pires victimes. Innocence gravée dans les veinules. Bien plus que tous les autres, dont les regards aveugles le suivaient pourtant la nuit. Il ne dormait jamais seul, accompagné par les nués de cadavres qu'il engrangeait à sa suite. Il ne pouvait avoir de remords car se serait devenir fou qu'accepter qu'il ait pu avoir tord en entrainant des morts. Des ordres. Les corps n'étaient que des ordres sans visages et sans nom. Avant sa moitié. Il y en aurait d'autre pourtant. Terminer Lev, s'il le retrouvait un jour. Exterminer Sergei et tous les siens. Tant et tant de sang pour le drapeau écarlate de l'Union.
YA vlyubilsya
Et deux mots qui changent tout. Deux mots qui font tout oublier. Deux mots qui le font se redresser sur ses oreilles plus fortement encore que ceux d'avant. Deux mois qui agrippent son regard et ourlent ses iris d'une appréhension animale. De la peur de ne savoir que faire, de ne savoir que dire. Elle. Amoureuse. De lui ? Elle, oiseau de paradis arrachée à la Russie amoureuse de lui ? Le loup, prédateur stupide, soldat meurtrier ? Comme si ange s'amourachait du démon, souillait ses ailes immaculées pour... pour quoi donc ? Mais la déclaration continue, ne s'arrête à deux petits mots soufflés comme des impossibilités. Et de peur, les yeux se fondent de tendresses, de douceurs, de peut-être. C'est qu'il voudrait sourire Alekseï, ébaucher ce qu'il offre comme des milliers de mensonges aux nobles du monde depuis plusieurs mois. Pas comme ça. Pas alors que Tatiana ouvre son coeur tout entier. Alors qu'elle se rapproche enfin. Alors que de ces mots comme de ces pas elle clôture la distance entre eux.
Et lui ferme les yeux alors qu'elle l'embrasse. Ne les réouvre que lorsqu'elle quitte ses lèvres. Il en voudrait plus. Brule de l'attirer à lui. Brule de plus encore. De la sentir contre son corps. De... Le loup hurle déjà, au plus profond de lui. Ce n'est seulement l'animal. L'homme aussi s'éveille de sa cage de fer. D'hivers, il devient arbre vert, s'enflamme et se consume sans que rien ne puisse le restreindre. Ses blessures. Les mots qui coulent encore. Ce n'est pas le moment. Pas ici. Pas comme ça. Pas alors qu'il lui a volé son coeur sans lui offrir aucune autre promesses, sans le sacrement qui pourrait le lier. Trop tôt. C'est pour la courtiser qu'il eut bénédiction. Rien d'autre. Le baiser était déjà de trop.
Do kontsa. (Jusqu'à la fin. ) D'amour, il y a mille promesses dans la voix d'Alekseï alors qu'il prends sa main comme on cueillerait un coquelicot, fleur ô combien fragile qui se meurt à peine arrachée à la terre. No ya ne khochu predlagat' vam egoizm. Ty zasluzhivayesh' gorazdo bol'shego. Ty dazhe ne osoznayesh' vsego, chego zasluzhivayesh' i chto ya tol'ko mechtayu tebe predlozhit'. Vozmozhno, ya ne smogu etogo sdelat', dazhe yesli vlozhu v eto dushu. No ya uveren, ty pozvolish' mne poprobovat'. (Mais je ne veux t'offrir de l'égoisme. Tu mérites tellement plus. Tu n'as même conscience de tout ce que tu mériterais et que je ne rêve que de t'offrir. Je ne le pourrai peut-être pas, quand bien même j'y mettrai mon âme. Mais je gage que tu me laisseras essayer. ) Sa main, qui ne tient celle de Tatiana, se glisse à la joue de sa belle. Il la regarde comme s'il la voyait pour la première fois, comme à chaque fois. De tout son être, il espére que jamais il ne la regardera autrement que comme au premier jour, quand il s'émerveillait de sa beauté toute slave, du charme des femmes de son pays que Tatiana réinventait à elle seule. YA nikogda ne smogu tak khorosho delat' gromkiye zayavleniya, kak ty, ty eto znayesh'? (Je ne serai jamais aussi doué que toi pour les grandes déclarations, tu le sais ?) Il s'arrête, caresse la peau immaculée, les tâches de son qui se pâment et qui l'enflamment. No ya mogu, po krayney mere, bez lzhi skazat', chto moye serdtse prinadlezhit tebe (Mais je peux au moins dire que mon coeur t'appartient sans mentir.). De sa joue, c'est à sa nuque que la main revient. Il l'attire à lui. Contre lui. Sans chercher ses lèvres mais bien l'étreinte. L'instant silence, hors du temps, seulement rompu par les craquements du bois dans l'âtre. C'est sur son front qu'il dépose à son tour un baiser. Protecteur. Marquant, également, de son odeur, celle qu'il a choisi comme sienne. Les loups, ici, la reconnaitont, par delà même l'accompagnante qu'elle est. On ne touche à la choisit d'un membre de la meute. Sauf pendant la lune, quand lui-même pourrait la tuer sans le vouloir. Demain sera un autre jour, ne l'a-t-elle dit ? Y penser.... Au fond, Alekseï envie son innocence. Il aimerait tant vivre sans se soucier du lendemain. Mais chaque levé de soleil l'approche de celui d'Hécate. Sa vie est rythmée par les calendriers. Son souffle même n'est le même quand vient les hurlements de la lune.
YA skoro vstanu na nogi, yesli tebya eto bespokoit. Lyudi s Vostoka ne imeyut takoy zhe konstitutsii, kak frantsuzy. (Je serai bientôt sur pied si cela t'inquiète. Les hommes de l'Est n'ont pas la même constitution que les Français.) Il se permet trait d'humour, rapidement balayé par la suite. Tebe sleduyet vernut'sya na vecherinku, kogda zakhochesh'. Chto ty mozhesh' naslazhdat'sya prazdnikom i chto ya chuvstvuyu sebya meneye vinovatym za to, chto otorval tebya ot tvoyego pervogo vechera v bol'shom mire. Yesli khochesh', konechno. (Tu devrais retourner à la soirée, quand tu le décideras. Que tu puisses profiter des réjouissances et que je me sente moins coupable de t'avoir arraché à ta toute première soirée dans le grand monde. Si tu en as envie, bien sur.) Même s'il aurait préféré, cent fois, qu'elle reste avec lui. N'avait-il, pourtant, accepté d'être égoïste ? Voilà qu'il ne l'était déjà plus. Il ne pouvait réellement l'être quand elle était là. Son corps offrait pourtant bien différent que ses mots quand c'est un rien plus fort qu'il la serre contre lui. Son poids plume, d'oiseau du cirque, ne saurait réveiller les blessures ou ouvrir les cicatrices. Tatiana est trop legère, trop petite, entre ses mains de soldats. Il l'a écoutée, ne l'a pas réellement comprise. Car elle ne saurait promettre ne pas avoir peur du lendemain si elle savait toute la vérité. Elle fuyerait si elle savait ce qu'il cachait au plus profond. Les horreurs de la guerre. La morsure dont les cicatrices pouvaient se confondre avec celles d'un homme de combat. Heureusement. Il ne voulait lui offrir son secret. Pas comme ça. Pas maintenant. Au fond, s'il lui offrait les mots d'un homme attentionné, il n'en demeurait pas moins profondément égoïste. Car il ne saurait lui offrir ni enfants ni futurs. Pas alors qu'à chaque pleine lune il pouvait lui ôter la vie et qu'il pouvait, au sein même de ses entrailles, faire grandir un innocent attends de ces maux. Lui ne voyait la malédiction comme telle car il l'avait choisi. Pas comme les autres. Jamais comme les autres. Encore moins comme un enfant, encore moins comme des innocents. Elle le traiterait de monstres. Il n'était pas prêt. Ne le serait jamais.
Alors oui. Il acceptait. Un peu plus. D'être égoïste pour la tenir aussi chastement contre son torse bandé.
@Tatiana Du Cirque
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6 novembre 1927 à 19H00
Deux mots qui scellèrent ses sentiments pour l'homme en face d'elle. Deux mots qui suffirent à ancrer son être dans la réalité et plus dans un absolu rêvassé à la terrasse d'un salon de thé. Deux mots qui débloquèrent une myriade d'autres, comme une digue cédant aux flots impétueux de son cœur de jeune fille. Et même si elle relevait le menton à la face de ses aveux, assumant avec bravoure et bravade son audace à s'exprimer ainsi de vive voix, intérieurement elle avait peur. Le lapin tremblait au fond de son terrier mental, plaqué au sol à la terreur de se faire rejeté. Ou pire encore ; de le décevoir.
Car elle avait lu dans ce regard de glace toute l'appréhension que ses sentiments semblaient lui causer. La tension dans le corps du soldat rompu à la violence et à l'abandon, mais si peu familier de la tendresse et de l'attention d'une femme. Non, pas d'une femme. L'attention ingénue et épurée d'une simple "civile". Mais vinrent ensuite d'autres sentiments, de ceux qui firent fondre le lac glacé de ses yeux et elle retrouva l'homme qu'elle avait appris à connaître. A aimer. Alors elle avait trouvé le courage de continuer. Et elle s'était mise à nue. Métaphoriquement.
Et elle avait rougi au regard qu'il lui lança à la fin de leur baiser, la saveur de ses lèvres encore prégnante sur les siennes. Comme une marque au fer chaud. Indélébile. Et elle avait senti son bas ventre se nouer d'anticipation alors qu'elle parlait, autant pour l'amadouer que pour cacher son propre trouble. Elle avait senti ses joues se colorer, chauffer comme ce nœud lové au creux de ses reins. Mais ils ne pouvaient céder. Pas ici, dans cette chambre inconnue, sur des terres qui n'étaient pas les leur. Pas après ce qu'il venait de se passer, ni de se confesser.
Si elle désirait Alekseï en tant qu'homme -et qui de sain d'esprit ne le ferait pas- elle ne voulait pas ternir leurs sentiments avec de vulgaires pulsions charnelles. Et puis, tout n'eut plus d'importance quand Alekseï reprit la parole après son silence. L'oiselle sentit son coeur frémir comme des ailes de rossignol. Elle dû se mordre l'intérieur d'une joue pour ne pas sourire comme une niaise. Elle enfonça les ongles dans la paume de ses mains pour ne pas lui sauter au cou et l'embrasser encore. Muselant ses prochaines paroles d'un excès de passion incontrôlé.
A la place de quoi elle l'écouta, sans oser ciller, sans même oser respirer. Ce ne fut qu'à retardement qu'elle inspira et poussa un petit hoquet de stupeur mêlé d'une tendresse toute sucrée. A la main glissée sur sa joue, elle y pressa la tête avec affection, ses longs cils frémissant alors qu'elle sourit avec un sursaut de pudeur. Sous le regard de cet homme, elle se sentait si délicate et spéciale ! Elle serra ses doigts aux siens et soupira un rire contenu, attendrit :
"- Konechno, ya dam tebe poprobovat'. Stol'ko raz, skol'ko zakhotite." (Bien sûr que je te laisserai essayer. Autant de fois que tu le désireras.)
Un autre rire, plus franc.
"- Ya znayu eto, i vy zametite, chto eto ne vkhodit v chislo tekh dobrodeteley, kotoryye ya skazal raneye, chtoby opisat' vam." (Je le sais et tu noteras que ce n'est pas une des vertus que j'ai énoncé tout à l'heure pour te décrire.)
Et la suite fit mourir sur ses lèvres rosées tout rire et tout sourire. Elle l'observa avec l'intensité qu'aucun mot ne pouvait exprimer, ni dans leur langue, ni dans celle de Molière. Tout son corps l'exprimait depuis la tension de ses reins, l'humidité de son bas ventre, l'altération de son souffle et des larmes captives de ses grands yeux bleus. Et de la pression sur sa nuque gracile, Tatiana n'essaya pas de résister. Elle bascula doucement vers l'avant et vint se blottir au creux de ses bras solides.
Il était sien.
Elle aurait eut envie de rouler sur le ventre et de taper des pieds sur le lit, d'étouffer un couinement dans son oreiller. A la place de quoi, elle ferma les yeux et prit une lente et profonde inspiration. Elle se gorgea de lui comme le ferait une éponge de sa première rencontre avec de l'eau. Elle expira tout aussi doucement et pressa la joue contre son épaule, laissant ses boucles sombres chatouiller sa gorge et son bras, sous elle. Le baiser sur son front la fait sourire doucement, mais elle ne bougea pas d'un muscle, profitant de cet instant de calme après la tempête de leur émois.
Et elle aurait tant aimé que cet instant soit éternel.
"- Spasibo za predlozheniye." (Merci de proposer.) Souffla-t-elle après un léger silence songeur, presque contemplatif. D'une main, elle caressa son torse par petits mouvements circulaires, bougeant un peu pour que son poids ne porte pas sur des zones douloureuses. "No eta vecherinka byla by interesnoy tol'ko v tom sluchaye, yesli by ya podelilsya yeyu s vami. Vmeste vpervyye. I etot prazdnik, budut i drugiye, poka etot moment unikalen." (Mais cette fête n'avait d'intérêt que si je la partageai avec toi. Ensemble pour la première fois. Et cette fête, il y en aura d'autres alors que ce moment est unique.)
Il n'y avait aucun reproche dans sa voix, juste la simple constatation d'une évidence. Elle releva ensuite le nez et vint déposer un baiser à l'angle de sa mâchoire.
"- Mne skazali, chto tebe nuzhno vypit' lekarstvo, kotoroye pomozhet tebe usnut' i bystreye vyzdorovet'. YA mogu sdelat' eto dlya tebya pryamo na etom komode i spet' tebe chto-nibud', poka ty ne usnesh'. Vam by eto ponravilos' ?" (On m'a dit que tu avais un médicament à boire pour dormir et récupérer plus vite. Je peux te le préparer, là sur cette commode et te chanter quelque chose jusqu'à ce que tu t'endormes. Est-ce que ça te plairait ?)
Elle se redressa sur un coude et l'observa, quelques mèches tombant sur sa joue et son front. Mais sans lui laisser réellement le temps de répondre, elle fut captiver par sa bouche et la courbe de ses lèvres. Cédant, elle vint l'embrasser. Longuement. Puis, quand elle se redressa avec un petit air mutin, elle glissa en français -plus propice à sa taquinerie- :
"- Excuse moi, je n'ai pas bien entendu. Tu disais ?"
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Pactole
Magizoologiste 1
Passion d'intrigues 1
Anniversaire de LoF 2024
Noël 2023
Saint Valentin 2024
Pass vacances 2024
Plume à papote 1
Pensine
Buzz-y bee
Multicompte 1
Multicompte 2
Multicompte 3
Multicompte 4
Ouh la la
le chevet des partisans
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Thème | Voilà qu'il sourit à son tour, touché en plein coeur par l'humour et la malice de la femme qu'il a décidé de faire sienne pour l'éternité. A quoi bon offrir promesses si elles ne sont que futiles. Alekseï aime pour longtemps, lui qui a si bien muselé son coeur et qu'elle lui a volé si vite, sans lui laisser le temps ni de respirer ni d'espérer. Elle l'a fait tomber amoureuse comme on tue un homme, si facilement et si terriblement. Fatalité qu'il n'accepte pourtant pas comme telle, quand il n'y voit que félicité. Il aime, il aime fort, avec la chaleur et l'espoir des débuts. Tatiana, il la courtisera. On ne traite une princesse comme une vulgaire putain. Et jamais Alekseï ne s'est abaissé à traiter les femmes comme telles. Celles de petites vertues s'écrasaient sur un mur de principe et de chasteté. Elle... Oh, son corps et son coeur la désire. Mais Tatiana est si jeune, si frêle, si innocente. Tatiana est une reine et une reine mérite bague avant que ne viennent s'armer les pulsions du corps. Il tremble de la briser. Comme il tremble de l'aimer. Comme il tremble de toutes les étapes de leur relation. Il ne connait pas si bien la France, pas si bien leur moeurs. Celles de son pays lui semblent si différentes.Il apprécie quand elle ne le voit pas, les mots qu'elle offre. Il voulait la garder pour elle, ne pas la jeter aux chiens avides des mondanités sans sa froide présence protectrice. On ne l'approchait guère, encore moins maintenant qu'il commençait à ne plus être le sujet de toutes les discussions. L'ambassadeur russe se faisait discret et si son physique ne lui permettait pas, au moins d'autre scandales attiraient plus que lui, sans vagues et sans expression. Il n'aimait pas les mondanités et elles lui rendaient bien. Pour son plus grand plaisir.
Alekseï se prête à répondre mais Tatiana se fait joueuse. Embrassant ses lèvres, réveillant tant le désir que les envies plus primaires. Le loup grogne, salive, s'échine dans la poitrine de l'homme. Si proche de la lune, c'est violence qu'Alekseï doit se faire pour ne pas se laisser tenter. Pour ne pas se redresser trop vite, faisant fis des blessures quand l'instinct prend le dessus sur tout. Il lutte, il lutte avec entrain et fureur. Profite même à peine de ce baiser si long et si tendre. Puis le français, qui vient frétiller à ses oreilles comme un rappel à l'ordre, muet, de ce qu'est réellement Tatiana. Elle est née chez eux mais elle est fille de France. C'est à Paris qu'elle appartient.
Et le voilà qui rit, amusé de l'insolence.
Vous êtes dangereuse mademoiselle Du Cirque. taquine-t-il en retour. Elle le tente. Elle ne le trouvera pas. L'homme a placé le contrôle en étendard dès qu'il est devenu loup. On ne tue gratuitement. On ne mord gratuitement. Et le contrôle de sa bête lui a apprit le contrôle de sa personne dans la foulée. J'en oublierai de me soigner en votre compagnie.
Il se redresse à peine, prenant soin à ne surtout pas la bousculer, reprenant toutefois ses appuis. La position n'est pas des plus confortables avec elle, ainsi lovée contre lui.
Léonore m'a en effet prescrit une potion. Si cela ne te dérange pas, je veux bien en effet que tu t'en occupes.
Cela lui coute, beaucoup. Lui le solitaire, habitué à prendre soin de la meute sans réciprocité a bien du mal à laisser une autre faire ce qu'il devrait réaliser seul. Le loup lèche ses blessures seuls. La pleine lune lui sera plus que bénéfique. Au moins soignera-t-elle les maux durant sa transformation. Il ne revient pas sur la chanson, sur le sommeil. Parviendra-t-il à le trouver, avec une présence à ses côtés ? Tatiana ne fleure pas le prédateur mais lui peine à offrir pleine conscience quand l'instinct est si fort alors que le danger pour sa vie fut si proche. Il n'en dit pourtant rien. Ses instincts doivent être ceux d'un homme devant la jeune femme. Pas ceux d'un cruel animal.
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6 novembre 1927 à 19H00
Un rire qui fut plus précieux que les étoiles tombées du ciel. Un rire qu'elle désirait conserver à tout jamais dans sa mémoire avec, pourtant, l'amère réalité qu'elle finirait inexorablement par l'oublier. "Et bien il ne me reste qu'à le faire rire encore, lorsque je ne me souviendrais plus de cet éclat." Pensa-t-elle en toute simplicité tandis qu'elle souriait de toutes ses dents en un éclair de perles et joie sincère.
"- Vous êtes dangereuse mademoiselle Du Cirque."
"- C'est que j'apprends du meilleur." Ronronna-t-elle en un flirt éhonté -et totalement assumé- alors qu'elle se penchait pour embrasser sa joue cette fois.
Elle semblait ne pas en avoir assez de sa proximité, comme une fleurs assoiffée ayant enfin trouvé sa source, passé les semaines à se languir de la moindre goutte. Il lui fallu toute sa volonté pour s'arracher à la chaleur de ses bras, quitter le lit et aller lui préparer sa potion. Lisant les instructions couchées sur une note, elle dilua quelques gouttes du remède dans un verre d'eau, touilla trois fois dans un sens, cinq fois dans l'autre avec sa baguette avant de finalement revenir au chevet de son malade.
Elle l'aida à se redresser, puis à boire l'intégralité du mélange. Le laissant souffler après cet exercice, Tatiana retira ses chaussures et grimpa dans le lit avec agilité. Elle vint s'asseoir au niveau de ses oreillers, bien plus haute que lui. Délicatement, elle glissa un bras sous sa nuque et l'invita à utiliser son buste comme oreiller, mais surtout pour qu'Alekseï puisse entendre les battements de son cœur. Là, l'oiselle s'enroula doucement autour de lui, veillant à ne pas appuyer sur ses blessures.
D'une main, elle caressait sa nuque. De l'autre, elle papouilla ses cheveux en gestes lents et doux, rythmés et profonds pour appeler le russe à s'y calquer dans le souffle de ses respirations altérées par la douleur. Il fut entouré dans son parfum et son odeur, bercé un premier temps par le crépitement de la cheminée. Puis, la voix de Tatiana s'éleva dans un timbre plus soyeux et tendre qu'elle n'en avait l'habitude. Le timbre d'un murmure juste pour tous les deux. Un souffle de confession, au creux de son oreille.
La comptine russe "Berceuse d'une libellule" fut énoncée dans leur langue natale, de ces inflexions riches et allongées, presque mélancoliques. De sa baguette, elle fit apparaître de minuscules lumières au plafond pour rappeler les étoiles, les modulants pour reformer la petite et la grande ours et toutes ces constellations que l'on pourrait voir depuis la Russie. De ça, étrangement, elle s'en souvenait encore."Na Lunu prizemlilas' strekoza. V lesu gluboko v gnezdakh usnuli ptitsy."
(Une libellule s'est posée sur la lune. Dans les bois au profond des nides, les oiseaux se sont endormis.)
"Ne boysya ni voya vetra, ni volkov, brodyashchikh v teni. Tysyacha zvezd zasiyayet, tysyacha zvezd potryaset tebya."
(N'aie pas peur du vent qui gronde, ni des loups errant dans l'ombre. Mille étoiles vont briller, mille étoiles vont te bercer.)
"Vse rakushki, chto igrali na beregu - Ushli pryatat'sya v vodu, iskat' svoi malen'kiye kolybeli."
(Tous les coquillages, qui jouaient sur la plage - Sont partis se cacher dans l'eau, retrouver leurs petits berceaux.)
"Ne boysya ni voya vetra, ni volkov, brodyashchikh v teni. Tysyacha zvezd zasiyayet, tysyacha zvezd potryaset tebya."
(N'aie pas peur du vent qui gronde, ni des loups errant dans l'ombre. Mille étoiles vont briller, mille étoiles vont te bercer.)
"Povernite Bol'shuyu Medveditsu, povernite Maluyu Medveditsu. Net nochi bez utra, zavtra vernotsya solntse."
(Tourne la grande ourse, tourne la petite ourse. Il n'est pas de nuit sans matin, le soleil reviendra demain.)
"Ne boysya ni voya vetra, ni volkov, brodyashchikh v teni. Tysyacha zvezd zasiyayet, tysyacha zvezd potryaset tebya."
(N'aie pas peur du vent qui gronde, ni des loups errant dans l'ombre. Mille étoiles vont briller, mille étoiles vont te bercer.)
Et quand elle eut terminé de chanter les paroles, l'oiselle continua à fredonner la mélodie d'une voix de plus en plus douce, de plus en plus basse, calquant son rythme à celui du souffle de son beau soldat. Elle continua, sans se lasser, sans une fausse note jusqu'à le sentir totalement sombrer dans l'étreinte de Morphée.
Et malgré ça, Tania resta de longues minutes supplémentaires à le serrer tendrement contre elle, à caresser les boucles blondes plus courtes à la base de sa nuque solide. Elle resta à fredonner, les yeux rivés à son visage austère et dont les traits sévères s'étaient enfin relâchés dans le sommeil. Elle remarqua combien ses cils étaient longs et fournis, ombrant des joues pâles aux pommettes hautes. Elle nota les infimes cicatrices, le moindre grain de beauté alors que ses doigts continuaient de courir dans ses cheveux et sur ses tempes chaudes, légèrement fiévreuses.
"- YA tebya lyublyu" (Je t'aime.) Lui murmura-t-elle même s'il ne pouvait probablement pas l'entendre.
Puis, lorsqu'elle le sentit si profondément endormi que même les muscles de ses mains s'étaient entièrement relaxés, que son souffle était devenu aussi profond que régulier, Tatiana se glissa lentement et précautionneusement hors du lit. Légère comme une plume en comparaison du soldat russe, elle ne fit même pas bouger le matelas et ses pieds nus retrouvèrent le parquet tiède sans un bruit.
Du bout des doigts, elle lui remonta la couverture sur les épaules avant de s'écarter de quelques pas. Après un dernier regard pour Alekseï, la jeune sorcière s'assura de remettre suffisamment de bois dans la cheminée pour qu'elle brûle tout au long de la nuit. Elle tressa ensuite ses cheveux et les coiffa en couronne avec ses épingles, enfila ses chaussures ainsi que son manteau et s'approcha de la fenêtre pour en tirer les rideaux.
Ce fut à ce moment là qu'elle remarqua dans le parc en contrebas, à l'orée des bois qui menaient à la forêt entretenue bordant le château, un chatoiement argenté entre les branches. En plissant des yeux et en collant le nez à la vitre épaisse, elle cru voir une petite silhouette tituber. Il ne s'agissait pas d'une vélane, car elle marchait sur quatre jambes... S'agissait-il d'un poulain ? Se serait-il échappé des écuries pendant les préparatifs de la chasse ou bien les hurlements de chiens et l'odeur du sang l'aurait-il terrifié et fait fuir dans cette direction ?
Tatiana hésita sur la marche à suivre : devait-elle essayer de l'amadouer et le ramener aux écuries ou serait-ce mal vu pour une invitée et une étrangère du domaine de se mêler de tout ça ? Elle jeta un coup d'œil vers le lit et soupira doucement. Non. Elle ne pouvait pas ignorer cette situation et risquer de créer des tensions dans la relation entre Alekseï et Monsieur le Baron. Et puis, elle avait une dette envers la famille d'Apcher ; sûrement que ce poulain était un gronian et valait très cher vu combien sa fourrure était belle, même à cette distance.
La porte se referma sans un bruit, la jeune fille maniant sa baguette magique pour s'assurer que le loquet et les gonds restent parfaitement silencieux. Elle ne doutait pas que ce genre de bruit, pour un soldat, étaient de véritables déclics, étrillant les instincts primaires... or elle ne voulait pas lui causer du stress et encore moins le réveiller alors qu'elle avait tout juste réussi à l'endormir !
Par prudence, elle verrouilla aussi la porte d'un simple Alohomora tout en restant confiante qu'un medicomage ou le maître des lieux, si ce n'était son galant en personne, saurait défaire ce sortilège. Mais au moins, pour tous ceux qui tenteront d'ouvrir cette porte "normalement", cela leur indiquera qu'il ne fallait pas déranger le patient de cette chambre sans une bonne raison. Bien sûr, elle lui avait aussi laissé une petite note manuscrite, en russe, sur la table de chevet.
Tournant les talons, l'oiselle pressa le pas en descendant le couloir, ne voulant pas rater le petit poulain blanc au risque qu'il soit blessé par les chiens de chasse à cour.
the sound of our hearts
(@Awona)