Animation RP #1.8 > Neith Shafiq & Audren Le Noir

Quatrième de couverture

« C'est une Pandémie ou du moins, ça l'était. Maintenant, la terminologie n'a plus d'importance, car il ne reste personne en ce monde pour la disputer. Ou presque personne. Neith est une biologiste qui s'obstine à chercher un remède, à sauver une humanité qui n'est presque plus. Audren, c'était le maître chiens chargé de ravitailler la base, mais profondément amoureux de Neith, il ne peut se résoudre à l'abandonner seule. Enfermés en quarantaine dans un laboratoire secret, enterrés quelque part dans l'antarctique, ils n'ont que l'un pour l'autre.

Mais Audren est bien plus qu'un compagnon de fin du monde : il semble étrangement immunisé à la fièvre. Neith compte trouver un remède grâce à lui, mais le temps joue contre eux ; les générateurs vont bientôt s'éteindre. Ils doivent quitter le centre de recherche et trouver refuge plus au sud ! Mais Neith n'est pas immunisée à la maladie ; sortir peut signifier la mort pour elle. Pourtant, Audren l'y encourage, mais incapable d'avouer ses sentiments, saura-t-il la convaincre ? Neith oubliera-t-elle son obsession pour céder à ses propres désirs ? »

Rappel du déroulement de l'animation

Le compte à rebours était lancé. Il ne leur restait plus qu’une heure avant que les générateurs ne s’éteignent. Une heure. C’était à la fois si long et si court. Elle était si près du but. Elle savait qu’elle pouvait trouver ce remède pour sauver l’humanité, pour se sauver elle-même aussi. Elle ne voulait pas mourir, pas ici, pas dans ce froid désertique. Pourquoi donc la base n’avait pas été au fin fond du Sahara ! Au moins aurait-elle été chez elle. Ce moment, cette heure représentait son dernier espoir. Mais aussi l’homme qui se trouvait à ces côtés depuis ces dernières semaines. Audren avait été un compagnon formidable. Plus que cela même. Et ce n’était pas que parce qu’il était immunisé contre la fièvre.
Le temps pressait. Il fallait soit quitter la base et risquer qu’elle ne développe la fièvre et ne meurt, soit rester ici et mourir de froid. Elle ne pouvait pas abandonner ses recherches… Et elle ne voulait pas abandonner Audren.
« Toutes tes affaires sont prêtes ? » lui demanda-t-elle sans le regarder. Cela lui semblait plus tolérable. La perspective de lui dire adieu la tuait de l’intérieur car elle l'aimait. Partagée entre son devoir et ses désirs, elle ne savait que faire et préférait encore se concentrer sur les choses matérielles.

Une heure. Voilà tout ce qu'il leur restait avant que tout disparaisse, avant que tout ne s'éteigne, même la vie. Audren et Neith étaient seuls, seuls face à l'apocalypse qui avait attaqué la Terre. Ils devaient s'en sortir ensemble, l'un en étant immunisé contre le virus, l'autre en y étant sensible. Mais ils ne pouvaient rester à l'abri dans ce laboratoire. Ils devaient partir. C'était inévitable. Pendant des semaines, ils s'étaient côtoyés ici, en ces lieux et avaient, consciemment et inconsciemment, créé des souvenirs ici. Il était donc bien difficile pour eux de quitter cet endroit, sans parler du fait que le monde du dehors était une zone hostile. Étudiant les cartes qu'il avait trouvé, Audren cherchait le trajet le plus sûr vers le sud, là où il étaient le plus sûr de trouver un autre endroit où se réfugier. Il n'y avait pas eu d'autre choix que de décider de partir et Audren mettrait tout en oeuvre pour protéger cette femme pour qui il éprouvait des sentiments sincères. Mais étaient-ils réciproques ? Là, demeurait la question, une question qu'il n'osa jamais lui poser. C'est alors que sa voix l'interpela. « Presque... » lui répondit-il. Il rangea les cartes dans son sac à dos, se leva puis se dirigea dans un coin du laboratoire où était entreposé un tas d'affaires qu'ils laisseraient derrière eux. Parmi celles-ci, Audren en ressortit un collier de chien qu'il mit également dans son sac à dos, aux côtés de tout un tas de choses nécessaires pour leur périple à venir. « Et toi ? » lui lança-t-il en revenant vers elle.

Acquiesçant, Neith ne put s’empêcher de regarder un court instant Audren. Suffisamment pour voir ce geste et ce collier. Son cœur se serre et en même temps une sensation diffuse de chaleur se forma dans son ventre. C’était une des raisons qui l’avait poussé à tomber amoureuse de lui, le dévouement qu’il avait pour ses chiens. A sa question, Neith se détourna et resta le regard fixé sur les machines qui tournaient.
« Presque. » l’imita-t-elle.
En réalité, elle avait bien un sac de préparer. Au cas où. Mais elle n’était pas sûre de vouloir partir. Pas tant qu’elle n’avait pas trouvé ce remède et même si elle devait mourir ici. Le monde extérieur lui faisait peur.
« Je ne suis pas sûre… » commença-t-elle. « J’y suis presque, Audren. » Et ça la rendait folle d’être presque au bout de son avancée et pourtant d’être au pied du mur.
Son regard se reposa sur l’homme et elle sent une certaine vulnérabilité. Sans doute était-ce le compte à rebours ou la perspective de se retrouver seule, sans lui, mais elle sentait ses dernières murailles s’abaisser.
« Je ne veux pas qu’on se quitte, Audren. Mais si je mets un pied dehors … »
Elle risquait de mourir. Et honnêtement, elle préférait mourir de froid ici que mourir de fièvre dehors.

Fermant son sac, Audren le pose sur la table et regarde alors Neith. La scientifique cherchait depuis des semaines un remède immunisant contre le virus, voir même un vaccin pour le guérir. Audren était immunisé et pourtant il n'avait rien reçu, il n'avait rien fait de spécial. Voilà qui avait attiré l'intérêt de la jeune scientifique. Leurs regards se croisèrent et le jeune homme sentit l'incertitude qui habitait la jeune femme. Elle n'était pas sûre. Il ne pouvait que la comprendre. Neith n'était pas immunisée elle. Seulement, il leur restait moins d'une heure maintenant. Ses recherches avançaient mais avanceraient-elles assez vite pour qu'ils puissent sortir ? Audren n'était pas scientifique. Il était militaire et semblait dépasser par tout cela. Son regard et ses mots l'interpelèrent. Sa voix dénotait, désormais imbibée d'une sensibilité qui ne lui avait pas semblé présente depuis leur premier jour coincé ici. « Moi non plus Neith... » dit-il. « Mais le temps nous manque. Penses-tu trouvé la solution d'ici une heure ? » Il s'interrompit. Il pouvait sortir. Elle non. Mais ils ne pouvaient pas rester ici. Mourir ensemble ici ou ailleurs, c'était sans doute là le choix qu'ils avaient fait tous les deux. Audren était persuadé qu'ils trouveraient un refuge ailleurs, un meilleur refuge que ce laboratoire qui menaçait d'être leur dernière demeure s'ils n'en sortaient pas dans les minutes à venir. « Je crois en toi, Neith mais je crois aussi que nous pouvons nous en sortir dehors. Je te protègerai quoi qu'il arrive. » Son regard fut alors attiré par l'un des néons situés au-dessus de lui qui vacillaient. Était-ce là le signal ? Était-ce le début du compte à rebours ?

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Si elle pensait trouver le remède dans l’heure ? Cela faisait des semaines qu’elle y travaillait et elle avait son dernier espoir avec ce dernier essai. Mais elle n’était pas certaine et Audren avait raison. Le temps leur manquait plus que jamais et pas seulement à cause de ce remède, mais aussi de ce qui couvait entre eux depuis toutes ces semaines. Ses mots la touchent, mais elle ne peut pas s’empêcher de répondre :
« Je ne veux pas que tu risques ta vie pour me protéger… »
Les néons qui clignotent ne la font pas détacher son regard de lui.
« Je n’en vaux pas autant la peine. » fronça-t-elle les sourcils. Elle voulait bien croire que le fait de vivre ensemble, seuls dans un endroit aussi restreint avait accentué leur proximité relationnelle mais pas au point qu’elle s’imagine qu’il puisse partager ce qu’elle ressentait pour lui. Cela n’arrivait que dans les films cela.
Doucement, elle se rapproche et vient lui prendre la main, spontanée et sans détacher son regard du sien. « Toi par contre, tu en vaux la peine. Tu es un espoir. » Immunisé, si elle, elle disparaissait parce qu’elle ne l’était pas, il pourrait peut être trouver quelqu’un pour reprendre ses recherches. Elle refusait de croire qu’il ne restait qu’eux sur terre. Mais elle le pensait, il en valait définitivement la peine.

Il sentit sa main se glisser dans la sienne. Elle s'était rapprochée de lui alors qu'il avait pensé faire de même quelques secondes plus tôt. Mais sans oser. Ils se côtoyaient depuis longtemps mais leur relation n'était que professionnelle, voire amicale. Rien de plus. Audren avait espéré pourtant et espérait encore peut-être. Neith était une femme extraordinaire, forte, amusante, belle, intelligente et bien d'autres choses encore. Mais comment une scientifique pourrait-elle aimer un militaire ? Il n'y a que dans les films romantiques que ce genre de choses pouvait se passer. Sûrement pas dans la réalité. Sûrement pas dans la vie d'Audren. Son regard dans le sien, le temps sembla se suspendre tandis qu'elle lui disais qu'il en valait la peine, qu'il était un espoir. Un espoir inexplicable. Un espoir inexpliqué. Audren était en effet immunisé contre le virus. Il ne savait pas pourquoi mais peut-être était-il la solution ? « Neith... » commença-t-il tandis qu'il se rapprochait à son tour. « Je n'ai que toi et je me refuse à te laisser. Je serai à tes côtés quoiqu'il arrive. » Les lumières vacillaient de temps à autre, montrant çà et là quelques signes de faiblesse. Le laboratoire vivait ses dernières heures. Le regard plongé dans le sien, Audren profitait de ce moment précieux, de ce petit moment où leur main se touche, leurs regards ne se quittaient plus. Alors qu'il s'était de nouveau rapprocher d'elle, un bruit retentit et il recula de quelques pas portant sa main contre sa taille, sur son arme. « C'est quoi ce bruit ? »

Comme suspendue dans le temps, elle ne se dérobe pas à son regard. La manière dont il articule son prénom lui déclenche un frisson. Ses mots lui coupent la respiration. Elle ne veut pas qu’il reste ici et qu’il meurt avec elle ici si elle décidait de rester.
« Audren… » commença-t-elle en le voyant se rapprocher. Les mots lui sonnent comme un pas assez pour lui dire ce qu’elle ressent.
Le bruit la fait alors sursauter. Hébétée, un instant, elle le voit s’éloigner et a l’impression de sentir son cœur se déchirer. Mais elle réalise alors qu’elle connait très bien ce bruit et elle s’exclame :
« Oh, c’est terminé ! »
C’est à elle de se détourner pour se diriger vers les machines. Elle a mis précédemment au point ce qu’elle pense être un vaccin avec des analyses qu’elle a effectué sur Audren. Elle était persuadée qu’elle n’aurait pas le temps avec le compte à rebours mais elle se rendit compte qu’entre deux coupures d’électricité, la machine a réussi à aller jusqu’au bout.
Seul problème, maintenant qu’elle a le liquide, elle ne peut pas le tester sur autre chose qu’elle-même.
Mettant le tout dans une seringue, Neith reste silencieuse et concentrée un instant. Puis, lorsqu’elle a terminé, elle se tourne vers Audren.
« Je ne sais pas si ça va marcher… Je devrais faire des tests mais on n’a plus le temps… Et il est possible que ça ne fasse rien ou que mon corps réagisse mal. » Ce qui laisse entendre qu’elle prenait un risque non négligeable pour elle-même. Elle hésite en le regardant. « Si ça marche… » Si ça marchait, elle serait protégée contre la maladie à défaut d’être immunisée. Mais elle n’était pas certaine. « Je tente ? » Qu’est-ce qui était le pire, mourir en ayant tenté ou mourir en ne tentant pas ?

S'il n'y avait pas eu ce bruit qui les avait interrompu, il ne faisait quasi aucun doute que Neith et Audren se seraient embrassés. Il l'avait senti. L'alchimie entre eux ces derniers temps. La proximité de leur deux corps à cet instant. Il doutait de la réciprocité de ses sentiments mais il venait de recevoir un signe. Son regard ne trompait pas. Ses mots ne trompaient pas. « Ça peut marcher ? » Neith n'en était pas sûre. Concocter un vaccin n'était qu'une étape. La suivante devait être une phase de tests mais ils n'en avaient pas le temps. Il sentait dans le regard de la jeune femme le doute, le dilemme. Évidemment, prendre le vaccin comportait des risques. Comme elle venait de le dire, son corps pourrait mal réagir, tout comme il pourrait ne pas réagir. « Si ça marche, nous pourrions sortir d'ici plus sereinement, sans que tu aies peur de quoi que ce soit... » commença-t-il avant de marquer une pause et poursuivre ainsi : « Si ça ne marche pas, on revient à la case départ et au choix que nous devons prendre. Mais je garde la foi, Neith, l'espoir, pour nous deux, de nous en sortir. Ce vaccin, il doit marcher. Il va marcher ! » Les lumières vacillent de plus en plus. C'est à ce moment qu'Audren remarque qu'une lampe s'était éteinte dans un coin de la pièce. L'horloge avance. « As-tu confiance en moi ? » dit-il en s'approchant de nouveau vers elle, faisant le premier pas vers elle tout comme elle l'avait fait précédemment, lui prenant la main, se rapprochant toujours plus jusqu'à laisser quelques centimètres en elle et lui.

Devait-elle le faire ? Risquer sa vie avec ce possible vaccin ?
« Oui, ça peut marcher. » souffle-t-elle, ou au contraire la tuer. Mais il y avait une possibilité… Elle soupire. « En fait, il faudra plus que quelques minutes pour savoir… » Ce qui voulait dire qu’ils étaient au même stade. Presque, en tout cas. L’optimisme d’Audren la fait cependant sourire, la touche aussi.
Pouvait-elle y croire ?
Son regard se relève vers les lumières de plus en plus instables. Mais lorsqu’il lui pose cette question, elle repose son regard sur lui et sent son souffle se couper. Si elle avait confiance en lui ? Bien sûr. Mais les mots se meurent alors qu’elle le sent proche, plus proche que jamais, l’obligeant à relever la tête. Elle n’arrive plus à détacher son regard du sien. Elle a envie de combler les centimètres qui les sépare, goûter ses lèvres, toucher sa peau. Apaiser cette envie qui la taraude depuis des semaines maintenant.
« Oui. » souffle-t-elle, n’étant pas sûre de parler assez fort.
Doucement, Neith lève sa main et vient caresser la mâchoire carrée du militaire, frissonne. Elle sent presque son souffle contre le sien.
« Administre-le-moi. » Toujours en le regardant dans les yeux, elle prend de sa main libre la sienne et lui glisse la seringue. « Dans le bras et on quitte cet endroit. Si ça ne fait rien ou si mon corps ne supporte pas en chemin… » Elle déglutit, ferme les yeux, sans son cœur battre à la chamade. « Promets-moi de m’abandonner en chemin. Je ne veux pas que tu épuises tes forces à me porter ou prendre soin de moi… Abandonne-moi. » Il faut faire parfois des choix terribles pour survivre. Et elle, si le pire se produisait, le choisissait lui.

Il n'avait pas été aussi proche qu'à cet instant. Ils avaient toujours eu un comportement amical l'un envers l'autre. Mais ce moment, cet instant semblait leur appartenir. Aucun des deux regards ne trompait l'autre. Plus Audren s'approchait, plus il avait envie de l'embrasser, de lui montrer par ce geste qu'il l'aimait depuis toujours, qu'il ferait tout pour elle, qu'il serait toujours là pour elle. Bien sûr, il s'était montré rustre, arrogant, trop militaire mais c'était là sa vie, sa formation jusqu'à cette apocalypse qui l'avait profondément changé. « Il nous reste encore un peu de temps, ne t'en fais pas. » lui dit-il alors que leurs visages sont à quelques centimètres l'un de l'autre. Il sentait son souffle sur son visage puis ce fut sa main sur sa joue. À ce contact, il ferma les yeux, les imaginant si loin d'ici, dans un autre monde, dans une autre réalité, bien loin de tout cela. « Neith... » débuta-t-il mais n'osa pas aller plus loin tandis qu'elle venait de lui demander de lui administrer le vaccin. Elle lui faisait confiance, assez pour que ce soit lui qui le fasse. Il l'écoute attentivement, prenant alors la seringue. Son regard ne quittait pas le sien. À ses derniers mots, il ne préféra pas répondre. Il ne le pouvait pas. L'abandonner ? Impossible. Pas alors qu'il commençait à comprendre qu'ils s'aimaient. Pas alors que l'espoir était encore permis. Il releva délicatement la manche de Neith et sentant dans son regard qu'elle était prête, inséra la sereine dans son bras, y vidant son contenu. À la seconde où il retira la seringue, ils furent soudainement plongés dans le noir.

Un peu de temps, suffisamment et pourtant ce temps était bien trop court à la fois. Le frisson qui la parcourt à entendre son prénom prononcé avec une telle intensité la désarçonne presque. Audren ne promet rien. Si elle en est frustrée parce que ce qu’elle avait dit était sérieux, elle n’en dit rien. Ou peut-être que sa frustration ne venait pas que de là mais aussi de ces centimètres de vide en trop entre eux.
Ne montrant aucune douleur en sentant l’aiguille s’enfoncer dans le muscle de son bras, Neith se dit qu’elle ne pouvait plus revenir en arrière. Si cela fonctionnait, elle aurait une couverture vaccinale complète dans trois semaines et aurait trouvé le remède. Si cela ne fonctionnait pas, d’ici quelques heures, son corps se rappellerait à elle. Fièvre forte, éruption cutanée, endormissements anormaux, inflammation au point d’injection. Autant de signes qu’elle devrait prendre au sérieux.
La seringue ressortant, elle s’apprêta à dire quelque chose lorsqu’ils furent plongés dans le noir. Elle ne paniqua pas, persuadée que la lumière reviendrait. Mais dans le noir, elle toucha quelque chose, son bras, se rendit-elle compte. Sa main remontant sur son épaule et avec autant de douceur que l’absence de lumière lui permettait, elle se redressa alors pour chercher ses lèvres avant de s’interrompre. Elle fut prise d’un doute.
« Puis-je t’embrasser ? » murmura-t-elle dans le noir.

À peine avait-il ressorti l'aiguille de la seringue de son bras que la lumière se coupa, tel un effet dramatique à cet instant crucial pour Audren et Neith. Il venait en effet de lui administrer une dose d'un vaccin expérimental. Fonctionnerait-il ? Nul ne le sait et alors qu'ils étaient plongés dans le noir, c'était le cadet de leur souci. Le laboratoire semblait les abandonner de plus en plus. Audren voulut chercher sa lampe torche mais la main de Neith l'en empêcha. Il ne bougea plus d'un pouce et sentit la scientifique se rapprocher de lui. Elle lui demanda alors si elle pouvait l'embrasser. En voilà une question ! Il ne s'y attendait pas et tandis qu'il avait lâcher la seringue pour retrouver la douceur de son autre main, il se laissa guider, épaulé par l'obscurité qui était leur. Il l'approcha de lui plus encore, leur deux corps se touchant, la main dans la main, presque nez à nez. D'une voix douce et murmurée, il lui répondit sobrement : « Oui. ». Audren se rappela alors tous ces jours passés ensemble, à parler, à se demander parfois s'ils survivraient à tout cela. Tant de journées à se côtoyer, à se regarder, à se sourire, à se disputer même parfois. Cela n'avait effectivement pas été de tout repos par moment. Mais une certaine affinité avait fini par se créer entre eux, une affinité qui s'est finalement transformée en sentiments sincères et qui étaient, sans doute à leur grand étonnement chacun de leur côté, totalement et pleinement réciproques.

Dans le noir, son odeur, la chaleur de ses bras lui fait oublier tout le reste, le temps qui leur manque, cette maladie, le monde extérieur qui est si inhospitalié. Il n’y a qu’eux. Il n’y a que lui et ce désir réprimé depuis des jours. Son corps se retrouvant contre le sien, et elle attend, le cœur battant avec cette terrible pensée que peut-être elle s’est emballée. Mais lorsque le oui qui éclaircit tout est prononcé, Neith sent un poids se libérer de ses épaules. Il ne lui en faut pas plus pour se laisser aller à son envie, avaler les quelques centimètres qu’il reste, guidée par le souffle qu’elle perçoit et…
La lumière se rallume brusquement et Neith se retrouve aveuglée, arrêtant son geste. Quelques secondes de battements de cils plus tard, elle se sent un peu désorientée à cause de la lumière vive. Le visage si proche d’Audren la fait sursauter avant de s’insulter intérieurement parce qu’il était logique qu’il soit si proche au vu de leur position et de ce qu’elle venait de lui demander.
Cette fois-ci, elle refuse de laisser autre chose se passer pour couper le moment. Avec délicatesse, elle pose sa main sur sa joue et dépose ses lèvres sur les siennes dans un baiser timide autant que tendre, le palpitant battant à la chamade.
Enfin.

L'obscurité était son élément. Il s'y complaisait parfois, oubliant ainsi le reste du monde. Audren était un solitaire, un militaire solitaire qui n'avait d'admiration que pour ses chiens dressés. Mais aujourd'hui, le monde avait bien changé, la situation avait bien changé. Il se retrouvait dans le noir en compagnie d'une magnifique femme, Neith, dont il était tombé éperdument amoureux. Dans le noir, les deux êtres s'étaient rapprochés et leur corps se touchait. Quelques frissons parcouraient celui d'Audren tandis qu'il sentait la main de Neith se mouvoir sur sa peau. Il en fit alors de même, rencontrant ses cheveux doux et raides. Sa question à elle suivit de sa réponse à lui sembla figer ce moment intime qu'ils partageaient. Leurs bouches n'étaient qu'à quelques millimètres l'une de l'autre, Audren le sentait. Puis, soudainement, une lumière vive, intense, aveuglante, les fit reculer tous les deux. Pas pour longtemps puisque Neith l'attira vers lui pour l'embrasser. Il s'était imaginé cette scène à quelques reprises mais aucune ne correspondait. Ici, il y avait de la tendresse, de la douceur, de la timidité, de la simplicité. Audren appréciait le toucher de sa main, le goût de ses lèvres, l'odeur de ses cheveux, la vue de son visage doux et le son du silence qui trônait dans le laboratoire. Il savourait ce moment tant attendu et qui semblait éternel.
Enfin.