[TERMINE] Animation RP #1.3 > Asgall Leamhnach & Séléné de Valoys

Je me penche pour libérer deux patelles, laissant à l’océan le loisir de les reprendre en son sein. En leur disant au revoir, c’est un peu ma vie marine de laquelle je me détache, presque à regret. Presque, parce que le visage de ma Perle bien-aimée aux yeux de corail me détermine à continuer. J’ai abandonné mon père, mes frères, et à présent c’est l’océan que j’abandonne, pour l’Amour.

Je regarde la plage où je suis, et mes yeux tombe sur mes nouvelles jambes, qui fourmillent comme pour annoncer la douleur qui m’attends quand je marcherai. La souffrance en vaudra la peine si ma belle partage mes sentiments. Enfin, en admettant que je ne la choque pas avec ma nudité avant cela…Les humains sont définitivement des exhibitionnistes, tout dépasse et déborde, et ce n’est même pas pratique !

J’avise un morceau de voile déchirée, abandonnée là entre les rochers. Elle a sûrement été laissée là après le naufrage de ma Princesse, ils ont probablement eu d’autres priorités après que je l’ai sortie des eaux que de nettoyer la plage. Douloureusement, je me dirige en vacillant vers la toile, et m’en drape sommairement au moment même où j’entends des pas dans le sable. Comme c’est étrange de percevoir ces sons, j’ai presque l’impression d’être sourd. Je me tourne en direction du bruit, et aussitôt, mon visage s’illumine bien que je ne puisse pas exprimer oralement mon transport. C’est elle, c’est ma bien-aimée ! Je suis si heureux qu’elle aille bien…

Sa voix me surprend si fort que je ma que d’ouvrir la bouche et parler à mon tour. Elle est si douce, si charmante, j’ai l’impression d’entendre une femme de mon espèce alors que je sais parfaitement que l’océan l’aurait tuée si je ne l’avais pas sauvée. Aussi facilement que ma voix pourrait la tuer si je n’y prends pas garde. J’ai un léger soupir sans aucun son, alors qu’elle me demande si je vais dire quelque chose, et puis je réalise. Elle savait que je viendrais ? Comment ? Je sonde son regard qui me rappelle le corail le plus doux alors qu’elle approche de moi. Je reste résolument muet. J’ai trop peur de moi-même pour oser le moindre son, au point que lorsqu’elle n’est plus qu’à quelques pas, je retiens ma respiration.

Je penche la tête de côté comme pour mieux comprendre ce qu’elle me dit. Elle semble ne pas refléter les mots qu’elle exprime. Comme si elle était heureuse de me revoir, ce qui me réjouit, mais attristée des circonstances. C’est mon tour de m’approcher d’elle, et j’ose lever la main pour caresser sa joue. Sa peau est si douce, j’en gémirais presque de bonheur de pouvoir la toucher ainsi. J’aimerais pouvoir lui dire que je ne regrette pas de l’avoir sauvée des eaux. Que je suis heureux qu’elle soit en vie. Au lieu de ça, mon bras retombe, et j’essaye de comprendre pourquoi elle ne voulait pas que je la sauve.

Je l’interroge du regard. Pourquoi ? Qu’est-ce qui la rend désespérée au point de préférer la mort ? Je passe le bout de mes doigts sur mes lèvres, me demandant ce qu’il se serait passé si je ne lui avait pas insufflé la vie à nouveau.

Je fronce les sourcils face à sa question. En fait, c’est un peu des deux. Je ne peux pas, et je ne veux pas, parce que ma voix emporte les humains dans une sorte de transe qui les pousse à se jeter à l’eau pour offrir leur corps à l’océan. Comme si l’océan n’avait pas assez de mort et de peine avec les naufrages et les tempêtes. Ce n’est pas ce que je souhaite. Et puis elle se raidit sous mes doigts, et je regrette mon geste. Je n’arrive pas à savoir si elle a apprécié ou non, et tentative d’humour qui me tire un demi-sourire amusé ne suffit pas à calmer ma culpabilité.

Elle glisse ses cheveux derrière son oreille, et je me surprends à vouloir l’imiter. C’est étrange, cette apparence. Est-ce à cela que ressemble les cheveux secs ? Les miens sont encore humides, bizarrement collés à mes épaules, comme emmêlés par l’eau salée. Je n’ai pas l’habitude. Et puis elle lève la main à son tour, vient saisir une de mes mèches, et je rougis de son compliment. Elle me trouve charmant ? Intéressant. Elle vient s’assoir sur les débris qui jonchent la plage, et je la rejoins, ne pouvant m’empêcher de grimacer légèrement même si j’essaye de ne pas montrer la douleur qui me prend les jambes. Je m’effondre maladroitement à ses côtés, et prends sa main quand elle se qualifie de monstre.

Est-ce qu’elle me trouve monstrueux ? Pour moi, elle est une déesse. J’ai un instant de surprise quand elle parle de ma véritable apparence. Je ne pensais pas qu’elle se souvenait de ça. Où veut-elle en venir ? Je baisse les yeux sur mes jambes nouvellement acquises à peine couvertes par la voile. Je ne comprends même pas cette soudaine pudeur envers mon propre corps.

J’ai un sourire doux quand elle m’affirme qu’elle croyait à notre existence avant même de m’avoir rencontré. Nous sommes discrets la plupart du temps, mais après tout, nous sommes responsables de la mort de centaines d’humains. Je retiens à grand-peine un rire quand elle fait mine de vouloir m’enlever la voile qui me recouvre. Je ne la pensais pas aussi effrontée, elle n’en a pas du tout l’air. Et étrangement, j’adore ça. J’ai bien envie de la provoquer un peu à mon tour, mais quand elle retire ses chaussures et se dirige vers l’eau, la peur s’empare de moi.

Et si mon contact avec l’eau de mer signait la fin du charme que m’a vendu la sorcière ? Est-ce que j’aurais commis une erreur ? Est-ce que mon aimée voulait me rejoindre dans mon monde ? J’ai tant donné pour découvrir le sien…Et puis je vois l’amusement briller dans ses yeux, et je décide de tenter le tout pour le tout. Après tout, si elle ne souhaite pas rester ici, qu’est-ce qui m’empêche de l’emmener dans mon monde ? Elle accepte ma nature, elle est si naturelle et rafraichissante…et j’aimerais qu’elle puisse entendre ma voix sans la craindre. Et le regard qu’elle me lance avant de plonger ses pieds d’albâtre dans l’eau me réchauffe instantanément.

J’abandonne ma pudeur et ma voile sur la rive, et me jette à l’eau, avec la grâce d’un martin-pêcheur. A peine suis entré dans l’eau que la douleur dans mes jambes s’efface et laisse place à mes écailles. A nouveau moi-même, je souris en me rendant compte que l’eau m’avait manqué, déjà. Je refais surface et m’approche de ma bien-aimée. Toujours sans lui parler, je prends ses mains, et lui sourit avec un bonheur réel. Elle est si belle, et j’ai envie de l’embrasser.

Je savoure ma légèreté retrouvée, et joue avec les courants, comme à mon habitude. Je n’osais l’admettre, mais l’océan me manquait cruellement. Mes écailles couleur vieil or jouent avec les reflets du soleil dans l’eau, mais je ne les vois pas, trop occupé à scruter les détails du visage de ma belle pour en interpréter les signes. J’aimerais connaître son nom, lui dire le mien, lui parler de mon océan adoré. Sa robe a du mal à prendre l’eau et ça me fait rire, mais je remarque aussi qu’elle a été cousue plusieurs fois. N’était-elle pas princesse ? Peu m’importe finalement, je l’aimerais tout autant si elle était fille de rien.

J’aide sa robe à passer les vagues, et sur son aveu, elle se retrouve dans mes bras. Elle semble apeurée, alors je la serre contre moi, puis passe mon autre bras sous ses jambes. Il faut admettre, cette robe n’est pas pratique du tout. Naturellement, elle s’accroche à mon cou, et je ne cesse de sourire pour la rassurer. Tu ne sais pas nager ? Ce n’est pas grave mon amour, je t’apprendrai. J’accroche son regard, et la laisse flotter à la surface. J’inspire ostensiblement et longuement, puis expire, tente de lui transmettre mon calme. Alors même que mon cœur bat la chamade de la sentir si proche.

Toujours accroché à son regard, je m’éloigne lentement de la berge, la seule force de ma queue puissante nous maintenant à la surface. J’éprouve une certaine joie de l’avoir contre moi, qu’elle dépende de moi, c’est grisant et en même temps je culpabilise de répondre au cliché de l’homme fort et protecteur. Je voudrais lui montrer ma vie, qu’elle en fasse partie. Je voudrais voir ses cheveux onduler dans l’eau, sa peau de perle briller à la lumière des algues bioluminescentes…

J’adore le rouge qui colore ses joues, c’est comme regarder les reflets rosés de la nacre. Mais bien vite, ses joues perdent leurs couleurs, et ce sont ses lèvres qui se colorent de nuances violacées alors qu’elle m’avoue avoir froid. Je la serre un peu plus contre moi, et me rapproche à nouveau de la plage, inquiet, mais elle semble trouver une autre idée qui me fait rougir à mon tour. L’aider…à retirer ses vêtements ? J’y ai songé, mais pas forcément dans ces circonstances…Je chasse difficilement les pensées loin d’être chastes qui me traversent l’esprit, et tâche de ne pas sourire comme un benêt alors que je me saisis de ses jupons d’une main alors que l’autre la soutient pour les arracher de toute ma force. Le tissu bien que trempé cède assez vite, et je déglutis difficilement lorsque son sous-vêtement trempé dévoile la courbe de sa poitrine.

Je tâche de ne pas trop regarder son corps tandis que la robe s’éloigne au gré des vagues et finit par couler. Et puis, un éclair de génie me vient soudainement, mais j’hésite une seconde. Se laisserait-elle faire ? Après tout, je suis un inconnu, sans nom, sans voix. Même pas humain. Je détaille son visage, curieux et anxieux d’y découvrir le moindre signe qu’elle ne veut pas de moi. Et puis je ne tiens plus, approche mon visage du sien, et dépose mes lèvres sur les siennes après une ultime hésitation. Un baiser chaste dans lequel nos souffles se mêlent, répandant grâce à ma magie la chaleur de mon corps au sien. Je ferme les yeux, trop troublé par mes sensations et mes émotions qui font battre mon cœur plus fort que jamais.

Je savoure ce baiser dans toute sa splendeur, surtout qu’elle ne s’en écarte pas, ne me repousse pas. Et lorsqu’elle recule, je ne peux m’empêcher de sourire bêtement, les yeux brillants. Ma main caresse son visage, replace une mèche de cheveux derrière son oreille, et je meurs d’envie de recommencer, mais elle m’interrompt en un chuchotement. Je ris en silence, je la trouve tellement plus extraordinaire que moi…Et je rêve qu’elle abuse de moi.

Par précaution, et aussi par pure égoïsme, je l’embrasse à nouveau, plus brièvement cette fois, et l’entraîne en même temps sous les flots. Elle pourra respirer sous l’eau grâce à ma magie, du moins pour un certain temps. Mais je ne peux pas l’emmener chez moi, pas encore. Il faudrait qu’elle devienne comme moi, une sirène, condamnée à rester sous l’eau. Et à tuer. Tuer pour l’Océan, pour le nourrir inlassablement. Je veux être sûr que c’est ce qu’elle veut. D’autant que le prix à payer pour devenir une sirène, c’est son âme. Se lier à l’Océan n’est jamais une bonne chose.

Je l’entraîne toujours plus profond, et puis lorsque nous sommes suffisamment loin et que le soleil commence à se voiler à cause de la profondeur, je me détache doucement d’elle, qu’elle puisse admirer le paysage des profondeurs et nager plus librement. Je ne la tiens plus que par la main, pour l’emmener toujours plus loin, vers les récifs. C’est là que la vie sous-marine est la plus belle. Je l’emmènerai voir la sorcière…plus tard. Si elle le souhaite toujours.