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Lycanthrope, mâle alpha de la meute rouge originaire de Russie, magister de l'Ordre du Temple, protecteur du secret magique. 
Mère maquerelle de l'Empire des Sens, italienne au sang chaud et à l'accent méditeranéen prononcé, veuve noire, habile manipulatrice.
Veuve d'Apcher, née Karkaroff, préceptrice des enfants d'Apcher avant leur entrée à Beauxbâtons, contre le secret magique, proche de Tarek Shafiq.
Veuve de l'ancien baron du Gévaudan, candidate à la chambre de la noblesse, magistrat supérieur à la cour de Justice Magique, lycanthrope non recensé.
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliquaBut what is grief, if not love persevering ? - ft. Gaëlle
Audren Le NoirATROPOS | THEN, LET IT BURN.
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Un cri de douleur s’échappa de la chambre d’Audren alors que la demeure des Le Noir était, jusqu’alors, bien silencieuse, en proie au deuil et au silence à la suite des attentats de Paris qui avaient eu lieu quelques jours auparavant. Cet événement tragique avait plongé le monde magique français dans le chaos, en divisant encore plus les foules. Les révolutionnaires souhaitaient la fin de la famille royale, ils venaient de le prouver une énième fois. Cela avait mis en rage tous leurs partisans. Pourtant, un regain de sympathie pour la famille avait également eu lieu dans les heures et jours qui ont suivi. Pour Audren, c’était bien plus que cela. Il prenait toujours les choses trop à cœur même s’il n’en laissait rien paraître. Dans ces attentats, il avait perdu un être cher, une personne en qui il avait confiance, une personne qui l’accompagnait depuis longtemps, à Beauxbâtons mais également en dehors, une personne qu’il avait fini par aimer et qui avait atteint son cœur. Cette personne, il l’avait perdue, sa mort ayant été confirmé le matin même de cette énième journée atroce. L’attente avait été longue mais moins douloureuse. Alors, il avait fait ce qu’il faisait tout le temps. Il s’était éloigné du reste de la famille, s’était enfermé dans sa chambre. Seul, dans le noir, il avait tenté, en vain de supprimer la douleur insoutenable dans son cœur. Mais cette blessure-là, même les sortilèges de guérison ne pouvaient la guérir. Alors, enragé et triste, il s’était créé une autre souffrance, espérant qu’elle soit plus douloureuse que celle qu’il ne contrôlait pas. Le sang coulait le long de son avant-bras et il restait là, dans le noir, sa baguette toujours dirigée sur son bras, une larme coulant le long de sa joue. Lorsque quelqu’un frappa à la porte et voulut rentrer, il l’en empêcha et demanda qu’on le laisse seul. Il ne savait pas qui c’était, sûrement une de ses sœurs sans doute. Mais il ne voulait pas qu’elles le voient comme ça. Personne ne devait le voir comme ça.
***
Depuis ce jour tragique, Audren venait se recueillir tous les ans, le 21 juin, à Vaux-le-Vicomte, sur les lieux où il avait perdu la seule et unique personne qu’il avait aimé. Puis, il partit en voyage à travers l’Europe, poursuivant cette volonté de s’éloigner de France le temps de se retrouver. Mais depuis cinq ans, et malgré ses fonctions de garde royal qui font qu’il se trouve à Vaux-le-Vicomte quotidiennement, il n’y était pas retourné. La blessure ne s’est jamais refermée mais il avait laissé cela de côté, rangé soigneusement dans un tiroir de sa tête. Pourtant, il pensait à elle régulièrement, très régulièrement même, surtout ces derniers temps alors que la date approchait. Cela faisait en effet dix ans que les attentats de Paris avaient secoué la noblesse française. Aussi, étonné lui-même par sa propre pensée, Audren décida d’y aller, ce 21 juin 1927. Seul dans sa chambre, il contemplait, le regard froncé, les cicatrices sur son corps. Il constatait alors que les blessures qu’il s’était infligé guérissaient à mesure du temps mais que le vide dans son cœur demeurait encore et toujours. Cette souffrance serait éternelle, il en était convaincu désormais. Enfilant de modestes vêtements, bien loin de son uniforme réglementaire de garde ou encore de ses habits qui indiquaient qu’il ne faisait pas partie du peuple, il se rendit alors sur les lieux. Les images lui revinrent immédiatement en tête au même moment où il sentit l’atmosphère s’alourdir. Il ne faisait pas attention aux gens qui passaient, à ceux qui se trouvaient là, dans le même but que lui, rendre un hommage à celles et ceux qui ont perdu la vie en ces lieux, en ce jour, il y a dix ans. Le regard baissé, les mains jointes, il s’était surpris à penser, à prier même, à tenter d’atteindre l’au-delà, comme si elle pouvait l’entendre, comme si elle était là, comme si, par sa pensée, elle allait se manifester et se montrer à lui. Il demeura ainsi de longues minutes, faisant toujours abstraction de tout le reste et même de la jeune femme qui se trouvait en face de lui, à quelques mètres de là et qui était, sans doute, venue, elle aussi, pour rendre hommage à un être cher perdu.
#5EB6DD : Audren
Gaëlle d'AdhémarLACHESIS | SECRET IS THE ONLY WAY.
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A une seule exception.
Il y avait un jour que Gaëlle dépensait à chaque fois, allant jusqu’à s’arranger avec ses collègues et ses supérieurs pour cela. On ne lui posait jamais de questions, à ce propos. Une certaine pudeur les retenait. Le 21 juin était un jour de fête pour tout sorcier qui se respectait. Était. Car depuis dix ans, Gaëlle ne souriait plus à l’approche de ce jour. A l’instar des jours dont la durée diminuait petit à petit, la sorcière voyait sa propre lumière se flétrir. La guerre était une chose. L’attentat en était une autre. La tristesse était palpable, réelle. La peine se remettait à lui coller à la peau. Quand bien même elle se serait trouvée à l’autre bout de l’Europe, du monde même, Gaëlle ne pouvait oublier. Son esprit se chargeait de lui marteler qu’au fond, c’était elle qui aurait du disparaître dans la boue et les barbelés. Emmanuel, lui, était juste là pour le solstice d’été. Rien n’aurait du se produire.
Et pourtant…
La veille, Gaëlle avait refermé un dernier dossier avant de le confier à sa hiérarchie. Elle avait salué tout le monde puis s’était esquivée. Personne n’avait cherché à la retenir pour une broutille. La d’Adhémar leur en était reconnaissante. La nuit avait été courte, comme à chaque fois depuis dix ans. Perceval avait du ressentir son anxiété car il avait fait en sorte de l’éviter jusqu’au matin. Gaëlle avait machinalement glissé quelques affaires dans un sac puis avait quitté son appartement sans un mot. Il lui restait une dernière halte avant d’aller dans cet endroit maudit. Qu’importe les autres solstices, qu’importe les autres fêtes. Vaux-le-Vicomte était entaché d’une manière trop profonde pour que la sorcière puisse imaginer y créer de doux souvenirs.
Des fleurs. Elle en amenait toujours avec elle. Toujours les mêmes, des dents-de-lion. La première fois, son fleuriste avait rit devant sa demande, avant de se raviser, voyant à quel point sa mine était sombre. Pour se faire pardonner, le vendeur lui avait offert les fleurs, cette année-là. Depuis, l’outrage avait été oublié et à chaque année, Gaëlle allait chercher son bouquet. Elle aimait ces petites pelotes blanches. En soufflant dessus, elle avait l’impression que les aigrettes rejoignaient directement les cieux et qu’Emmanuel pourrait les voir, lui aussi. Le 21 juin, son côté cartésien s’évanouissait toujours un peu, c’était un fait.
Gaëlle avait cheminé en silence, son bouquet serré contre elle. Le papier brun qui l’emballait ne laissait percevoir qu’un petit paquet de laine blanche qui ne tarderait pas à prendre son envol. Serait-il là cette année ? Elle ne tarderait pas à le savoir. Peut-être allait-elle le manquer ? Peut-être, peut-être pas. Si ce n’était pas pour lui qu’elle venait, l’idée de ne pas être seule dans une journée comme celle-ci avait quelque chose de rassurant. Il faisait beau, aujourd’hui. Le mieux était encore de passer cette journée dans les parcs, à pique-niquer, à s’amuser. A profiter de la Vie, à ne pas ressasser la Mort.
Instinctivement, Gaëlle porta sa main libre jusqu’au chapeau qu’elle portait. L’été était doux, la chaleur ne viendrait qu’après. Il n’en restait pas moins que le soleil était déjà bien là et que ce chapeau de paille était d’une grande utilité. Vêtue d’une robe adaptée à la saison, on aurait pu la croire ici pour profiter de la belle saison et de la beauté de Vaux-le-Vicomte. Mais la sorcière broyait du noir depuis plusieurs jours, en plus de le porter au quotidien dans ses fonctions. Aussi, elle n’avait aucune envie de le porter à nouveau, malgré la tristesse qui ne manquait pas de ressurgir à la fin du mois de juin.
Elle était arrivée et elle n’était pas seule.
Il était là, finalement.
« Bonjour Audren. Il me semble que cela fait une éternité. »
Gaëlle esquissa un pauvre sourire, resserrant sa prise sur son bouquet, rompant le peu de distance qui les séparait encore. Audren était un autre fantôme de son passé. Elle ne le fuyait pas, elle avait arrêté de fuir de puis bien longtemps ses propres démons pour les affronter. Et pourtant, il n’y avait qu’en ce jour, pendant cette trêve, qu’elle retrouvait le jeune homme. Leurs chemins s’étaient séparés il y a plusieurs années, sauf à ce croisement que représentait le 21 juin.
« Une fleur ? » proposa doucement Gaëlle, en ouvrant délicatement le papier brun.
@Audren Le Noir !
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Plongé dans ses pensées lointaines, il n’entendit pas les pas approcher de lui. Même s’il les avait entendus, il n’aurait rien fait. Il ne voulait parler à personne, ne voulait regarder personne, ne voulait croiser personne. Le meilleur moyen pour cela était donc d’ignorer son environnement. Néanmoins, la voix féminine qui se manifesta le sortit de ses songes. Son prénom avait été dit. Le regard toujours fixé sur le sol, Audren ne daigna pas regarder la jeune femme qui se tenait non loin de lui. À sa voix, il la reconnut immédiatement. Pourtant, cela faisait bien des années qu’ils ne s’étaient vus. Mais elle avait toujours le même grain de voix et il n’y avait qu’elle qu’il pouvait croiser en ces lieux. Habituellement, personne ne venait l’accoster. Tout le monde, ou presque, voyait à son visage qu’il ne voulait ni être dérangé ni accosté. Audren avait un visage fermé, froncé parfois, triste, méconnaissable, lui qui d’habitude mettait un masque pour bien paraître. Il aurait pu le revêtir à ce moment-là, alors que Gaëlle lui proposait une fleur issue de son bouquet. Mais non. La d’Adhémar faisait partie des rares qui connaissaient le vrai visage d’Audren, pour l’avoir côtoyé quelque temps.
- Bonjour Gaëlle.
Il refusa poliment la fleur et se terra à nouveau dans son silence, le regard fixé vers le sol, à quelques pas devant lui. Il n’avait toujours pas relevé le regard vers elle. Après toutes ces années, il n’osait pas la regarder. Beaucoup de choses avaient changé depuis leur dernière rencontre en ce lieu et en cette date. Après quelques minutes pourtant, il décida finalement de briser le silence qui était sien.
- Cela fait longtemps effectivement.
Vulnera Sanentur… Vulnera Sanentur…
- Je...
Vulnera Sanentur… Vulnera Sanentur…
Audren s’interrompit. Ses pensées se bousculaient dans sa tête. Il revoyait l’explosion comme si elle venait de se reproduire. Il sentait l’odeur nauséabonde qui s’en était suivie. Il entendait les cris de souffrance, les cris de peur. Les gens fuyaient de toute part. C’était le chaos. Les images se succédaient jusqu’à ce que le jeune sorcier croise le regard de Gaëlle, toujours à ses côtés. Tout s’arrêta. Les visions d’horreur, les voix incessantes. Tout se calma soudainement.
Vulnera Sanentur… Vulnera Sanentur…
- Excuse-moi… Cela fait un moment que je ne suis pas venu ici, cela remue pas mal de choses.
Contrairement à Gaëlle qui avait dû poursuivre ces rendez-vous annuels, Audren n’était pas venu l’année passée, ni l’année d’avant ni encore avant et cela depuis bien longtemps. Tout lui revint soudainement, la souffrance, la perte, le deuil, le chagrin. Tout était finalement encore frais dans son esprit malgré les années. Tendant une main vers la jeune femme, Audren porta son regard sur le bouquet de dents-de-lion qu’elle avait apporté.
- Finalement… je crois que je vais accepter ta proposition… si elle tient toujours ?
Vulnera Sanentur… Vulnera Sanentur…
#5EB6DD : Audren
Gaëlle d'AdhémarLACHESIS | SECRET IS THE ONLY WAY.
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Une vieille dispute que Gaëlle préféra enfouir tout au fond de son être. Elle n’avait pas de colère en elle en ce jour. Juste de la tristesse, beaucoup d’amour aussi. Un amour qu’elle ne voulait plus, ne pouvait plus offrir. Un étrange mélange qui la rendait plus à même de pardonner à Audren. Le regard baissé, il ne voulait pas se confronter à elle. Un choix que la d’Adhémar accepta. Elle se recula d’un pas, levant les yeux vers le ciel. Emmanuel avait rendu son dernier souffle sur ce sol mais elle préférait l’imaginer tout là-haut, dans les cieux. La sorcière ferma les yeux un instant, laissant une brise légère lui caresser le visage et jouer avec l’une de ses mèches rebelles. Oui, il était là-haut, quelque part. Il faudrait qu’il soit patient. Gaëlle escomptait bien avoir assez d’histoires à conter à Emmanuel pour combler toute l’éternité !
Et pour cela, il fallait qu’elle vive.
Gaëlle rouvrit les yeux, tandis qu’Audren reprenait la parole. Une voix hésitante, qu’elle ne lui connaissait pas. La sorcière lui jeta un regard en biais, craignant que le simple fait de croiser ses prunelles le contraigne à nouveau au silence. Et pourtant, leurs yeux se rencontrèrent à nouveau. Mais Audren ne se taisait pas, ne se taisait plus. Gaëlle se détendit, esquissant un maigre sourire. Elle comprenait. Les raisons étaient différentes, mais elle comprenait. Elle connaissait ces cauchemars plus vrais que nature, ces sons, ces odeurs qui rappelaient le pire. L’Hôtel Dieu avait beau faire de son mieux en la matière, il y avait encore bien des parcelles du fonctionnement du cerveau qui lui échappait.
« Je n’ai pas besoin d’excuses. assura-t-elle, avec douceur. Pas pour ça, en tout cas. La jeune femme se tut. Je sais ce que ça fait. »
Sans un mot de plus, Gaëlle se défit d’une partie de son bouquet, déposant quelques fleurs entre les mains d’Audren. Si Le Noir n’était pas venu durant des années, elle avait toujours pris le soin de ramener assez de dents-de-lion pour deux. Juste au cas où. Une habitude qu’elle avait bien fait de garder, au final. Désormais un peu plus libre de ses mouvements, la d’Adhémar prit l’une des fleurs qui reposait sur son bras, la portant jusqu’à ses lèvres. D’une légère expiration, la sorcière envoya le duvet blanc voleter jusqu’aux nuages, suivant sa danse du regard.
« … Je suis sûre que, qu’importe où ils se trouvent, ils pensent à nous. finit-elle par dire. Et qu’ils sont fiers de ce que nous avons pu devenir en leur absence. »
Un maigre réconfort, il est vrai. Il arrivait à Gaëlle d’imaginer à quoi Emmanuel aurait du ressembler, avec quelques années de plus. Il était déjà plus grand qu’elle, la dernière fois qu’ils s’étaient vus. Elle revoyait encore son sourire, entendait encore son rire par moment. Et dire que sur le champ de bataille, alors qu’il allait disparaître, elle s’était demandé s’il l’aimerait toujours malgré son nez cassé et ses cauchemars… Des pensées bien futiles. Au fond, la chose qu’elle craignait le plus était de ne plus jamais se souvenir du son de sa voix. D’oublier les traits de son visage, à force de ne plus le voir que sur de rares photographies.
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- Le penses-tu réellement ? Crois-tu vraiment qu’elle serait fière de ce que je suis devenu ?
Toujours le regard vers le mémorial, Audren avait répondu sèchement à Gaëlle. Comment elle pourrait être fière d’Audren ? Il était devenu arrogant, impulsif, orgueilleux alors qu’elle faisait tout pour le contenir, le rendre humble, gentil, modeste. Il était tout sauf humble, gentil et modeste. Il était un Le Noir, fier de l’être. Que dire de sa tendance à broyer du noir ? Sa dépression qu’il trainait depuis son enfance ? Pouvait-elle être fière de ça aussi ? Audren était devenu une version plus avancée de ce qu’il était lors de ses cinquième et sixième année. Il n’était pas quelqu’un en qui il était possible d’être fier. Gaëlle se trompait et il le lui fit bien comprendre.
- Emmanuel est sûrement fier de toi, ça, je suis d’accord. Il aurait toutes les raisons d’être fier de toi…
Cela lui tranchait quelque peu la gorge de pouvoir dire ça de Gaëlle au vu de leur dernière altercation il y a des années. Mais une part d’Audren aimait encore la jeune femme qui, dans d’autres circonstances, aurait pu devenir une véritable amie, au-delà de ce que leur amitié était à l’époque. Mais il était forcé de reconnaître que Gaëlle semblait mieux s’en sortir que lui. C’était l’impression qu’elle donnait en tout cas.
- … mais je ne pense pas qu’elle puisse être fière de moi…
Il s’interrompit brusquement avant que l’émotion ne soit trop grande et que le sanglot qu’il retenait n’éclate. Il lui tourna le dos et préféra fuir, commençant alors à marcher quelques mètres, s’éloignant ainsi de Gaëlle. Il savait que ce retour sur ce lieu, ajouté à ces retrouvailles, serait trop pour lui. Il sembla alors murmurer quelques mots inaudibles tandis qu’il s’éloignait encore de quelques pas.
Vulnera Sanentur… Vulnera Sanentur…
#5EB6DD : Audren
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« Es-tu fier de ce que tu es devenu ? demanda Gaëlle, sans jugement ni colère dans la voix. Si tel est le cas, elle n’en aurait pas eu honte. »
Qu’il se pose les bonnes questions, la d’Adhémar ne les poserait plus pour lui. Elle l’avait déjà bien assez fait par le passé et les résultats avaient été décevants. Tous deux avaient un code moral bien différent, la sorcière l’avait cruellement appris. Aussi, cela faisait longtemps que les états d’âme du Le Noir ne l’atteignaient plus. Si son amie disparue n’aurait pas vu d’un bon œil les changements qui s’étaient opérés chez lui, il s’obstinait malgré tout dans cette voie et Gaëlle savait très bien qu’elle ne pouvait pas l’en sauver ou l’en détourner. Elle avait sa témérité, celle qui la faisait revenir chaque année ici tout en sachant qu’un semblant de duel pouvait l’y attendre. Son entêtement ne connaissait pas de réelles limites, sans quoi, la sorcière aurait déjà tourné les talons sans plus de cérémonies. Peut-être il y avait-il quelque chose à sauver, une petite lueur, un rien du tout qui pourrait lui rappeler ce bon vieux temps ? C’était aussi pour cette raison qu’elle revenait chaque année.
« J’ai trouvé mon chemin. murmura Gaëlle, le regard à nouveau rivé sur le mémorial. Ne pense pas que tout cela a été une sinécure pour autant. Chaque fois qu’on m’amène un homme qui avait l’âge qu’il aurait du avoir, mes mains se remettent à trembler. »
Cette confession lui coûtait. Qu’importe les phrases creuses, Gaëlle avait cet espoir impétueux qu’elle aurait pu le sauver, si elle avait été là. « Nous n’avons rien pu faire », « Tu étais là où l’on avait le plus besoin de toi », « Il faut que tu avances maintenant », « Tu as la richesse, le nom, il ne t’en voudrait pas d’en jouir à nouveau ». La sorcière avait refusé toutes ces injonctions. Il n’y avait qu’un seul nom qu’elle aurait accepté d’échanger avec le sien. Les autres n’avaient pas la même saveur, la même histoire. Peut-être même aurait-elle fait en sorte de garder le sien. Après tout, c’était elle qui disposait d’un doctorat et non pas Emmanuel. Cette boutade l’aurait fait rire, peut-être. Elle ne le saurait jamais et, dans les mauvais jours, de telles pensées l’étouffaient.
« … Que voudrais-tu changer pour qu’elle puisse l’être, qu’importe où elle se trouve ? » souffla la jeune femme.
Audren fuyait. Elle ou son deuil, Gaëlle n’aurait su le dire. Ses mots avaient été emportés par le vent et la sorcière ne savait si Le Noir les avaient saisi au vol. Sans trop savoir où son acte pourrait la mener, la jeune femme lui emboîta le pas. Si elle ne soignait les vivants que par intermittence désormais, Gaëlle craignait que son ancien ami ne fasse une grande erreur si elle ne le suivait pas. Si leur dispute restait gravée dans sa chair, inscrite au fer rouge, elle ne souhaitait pas sa mort pour autant.
« … Je ne la connaissais pas autant que toi, avoua Gaëlle, pourtant, je suis certaine d’une chose, elle ne voudrait pas que tu la rejoignes trop tôt. »
Un autre murmure, un autre chuchotement. La sorcière ne parvenait plus à hausser la voix, par crainte de ne donner plus de force à ces mots.
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- Comment peux-tu être certaine de cela ?
Il s’était arrêté et brusquement retourné vers elle. Le regard noir, il ne s’était pas attendu à se stopper lui-même. Il aurait pu courir, transplaner, fuir plus loin. Gaëlle était la même qu’à l’époque, toujours là à vouloir aider les autres, à tenter de comprendre, à tenter de consoler. Leur dispute lui revint brièvement en tête lorsqu’il lui fit face, le regard plongé dans le sien, sans aucun mot ne sortant de sa bouche après avoir lancé cette interrogation. Un silence de mort régnait entre eux d’autant que les derniers mots de Gaëlle avaient été prononcés dans un chuchotement là où l’interrogation d’Audren avait dû s’entendre dans tout le parc. Elle aurait eu le temps de répondre mais Audren brisa le silence en premier.
- Je sais ce que tu ressens, je sais ce que tu vis, ça, j’en suis certain car nous avons tous les deux perdus quelqu’un que nous aimions.
Son visage marquait la colère mais surtout le chagrin et une tristesse profonde.
- Mais comme tu viens de le dire. Tu ne la connaissais pas, tu ne peux pas être certaine de quoi que ce soit la concernant. Elle n’est plus là. Elle n’est plus...
Audren se laissa tomber à genou, les larmes lui venant alors naturellement. Jamais il n’aurait pensé craquer ainsi, au milieu du parc, avec des gens qui pouvaient le voir. C’était se montrer faible et il ne voulait pas se montrer faible. Mais la douleur était trop intense, les mots de Gaëlle l’avaient atteint plus qu’il ne l’aurait pensé. Il n’avait clairement pas le recul nécessaire pour prendre autrement ce qu’elle venait de lui dire, ce qu’elle essayait de lui dire. Fuyant son regard, il s’essuya les joues, préférant rester là, le regard vers le sol. Il inspira profondément et expira fortement, essuyant à nouveau ses joues. Il lui fallut quelques secondes pour reprendre ses esprits et se relever, faisant à nouveau face à Gaëlle. Il ne dit mot, son visage étant de nouveau renfermé. La crise était passée, passagère et éphémère bien que la douleur demeurait. Il n’était plus à même de bien réfléchir, ses réactions en témoignaient. Tantôt lucide et réfléchi, tantôt égaré et inconscient.
Gaëlle d'AdhémarLACHESIS | SECRET IS THE ONLY WAY.
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Il ne fallait pas jouer avec la Mort à la légère. La Faucheuse se montrait toujours magnanime, emportant avec elle riches comme pauvres, puissants comme humbles. Menacer son prochain de la voir brandir sa faux à son encontre était un acte presque blasphématoire aux yeux de la doctoresse. Elle voyait assez de misère pour ne pas espérer la voir assaillir une personne comme Audren. Il souffrait déjà bien assez. La Mort n’était pas la délivrance qu’il recherchait, cependant. La d’Adhémar n’aurait été que peu surprise de savoir qu’il avait déjà intenté à ses jours, dans le plus grand secret. Et pourtant, il était toujours là, devant elle, crachant toujours plus de venin. Si son âme cherchait un semblant de repos, son corps ne semblait rien vouloir entendre. Ainsi étaient-ils coincés là tout les deux.
Gaëlle savait que c’était douloureux. Elle n’en avait que trop conscience. Audren avait-il tenté de trouver de l’aide ? Les Le Noir n’étaient pas les plus à plaindre. Non. La question était plutôt de savoir s’il avait voulu de cette aide, s’il l’avait acceptée lorsqu’elle lui avait été proposée. Car dix ans après, rien ne semblait avoir changé. La sorcière secoua la tête, profondément attristée par ce constat. Il y avait des patients qu’elle ne pouvait soigner, malgré toute sa bonne volonté. Audren ne voulait pas de son aide, il lui faisait bien comprendre. Elle n’insisterait pas. D’autres personnes requerraient toute son attention. Audren avait perdu cette chance.
« Elle n’est plus là, Emmanuel non plus. Gaëlle réprima les tremblements dans sa voix à grand peine. Et tu n’y peux rien, pas plus que moi. Je t’en prie Audren, je ne te le répéterai pas. Trouve une oreille attentive, à l’Hôtel Dieu ou ailleurs. Aide-toi, s’il te plaît. »
La douleur d’autrui l’atteignait toujours en plein cœur. Peut-être était-ce pour cela que les grands pontes de la médecine légale s’étaient joués d’elle, de son envie de suivre leurs traces. Il ne fallait pas s’y tromper, Gaëlle avait rendu tripes et boyaux, après ses premières leçons. Elle avait gardé ces images morbides gravées dans ses paupières plusieurs jours durant, avant de parvenir à s’en défaire, bon gré mal gré. Que ce soit la souffrance des morts ou des vivants, cela n’avait aucune importance. Elle avait mal pour eux plus que pour elle. C’était pour ça qu’elle tentait d’apaiser les maux des autres, qu’elle se murait dans des labyrinthes sans fin. Son cœur avait déjà trop souffert. Bien trop.
« Tu ne peux pas continuer ainsi, Audren. Tu ne le peux plus. » murmura Gaëlle, comme épuisée.
Qu’il fasse quelque chose. Qu’il n’abandonne pas avant d’avoir tout essayé. Qu’il vive à nouveau, au lieu de survivre. La sorcière était bien placée pour savoir que ce combat était quotidien. Mais un jour, peut-être qu’Audren serait capable de se lever sans idées noires. Peut-être qu’il retrouverait le sourire qu’elle lui avait connu, lorsqu’ils étaient plus jeunes. Peut-être serait-il à nouveau capable d’aimer, sans oublier ce qu’il s’était passé. Gaëlle ne souhaitait la solitude qui était la sienne à personne, pas même à Audren. Pas même après ce qu’ils s’étaient fait subir mutuellement.
« Dans un an, je reviendrai. affirma la sorcière, le visage plus clos qu’à l’accoutumée. Je fais le pari que tu seras là, toi aussi. »
Dans quel état, cela restait à voir. Gaëlle voulait croire qu’il irait mieux, qu’il se serait engagé sur le chemin de la guérison du moins. Ils ne s’entendraient jamais, la d’Adhémar le savait. Audren avait la colère trop chevillée au cœur pour cela et elle ne pourrait jamais plus le supporter. Elle lui souhaitait juste un peu de bonheur et beaucoup moins de malheur. Qu’ils puissent juste se tenir côte-à-côte dans un an, en silence, pour faire un peu plus leur deuil. Après tout, leur douleur commune n’avait pas besoin de mots pour être exprimée.
@Audren Le Noir !
Audren Le NoirATROPOS | THEN, LET IT BURN.
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Vulnera Sanentur… Vulnera Sanentur… Vulnera Sanentur…
Les mots de Gaëlle l’atteignaient mais il ne répliquait pas. Le regard presque vide, il ne lui répondait pas, ne réagissait pas tandis qu’elle l’intimait de ne pas rester ainsi, de trouver de l’aide, une aide qui lui serait précieuse. Cela faisait dix ans qu’il était ainsi, qu’il vivait au quotidien avec cette douleur, cette culpabilité, inlassablement ressassée. Il ne pouvait pas continuer ainsi, il le savait. Gaëlle avait raison et il avait déjà essayé tout cela déjà. À chaque fois qu’il se relevait, quelque chose venait le faire tomber, que ce soit la vie ou bien lui-même. Elle affirma alors que dans un an, ils seraient à nouveau là, tous les deux, comme chaque année, pour commémorer les morts de ce jour tragique. Essuyant à nouveau les larmes qui coulaient, Audren leva le regard vers sa comparse.
- Comment ? Comment tu as fait ? Comment tu fais ?
Surmonter cette douleur semblait impossible. Audren ne savait comment faire ni par où commencer. Le problème, dans son cas, est que ce deuil n’était la seule souffrance qu’il ressentait. Elle faisait partie d’un tout bien plus grand qui le rongeait depuis bien des années. À force d’ignorer son mal intérieur, son esprit avait fini par avoir un trop-plein. Qui sait quand viendra le tour de son corps ? L’épuisement mental s’accompagnait souvent d’un épuisement physique. Il le savait, il avait déjà été mal dans sa jeunesse. Reportant son regard sur le mémorial, il se passa une main sur son avant-bras gauche tandis qu’il repensa à elle. Qu’est-ce qu’elle dirait si elle le voyait ainsi ? Finalement, Gaëlle avait sans doute raison sur toute la ligne. Elle ne voudrait qu’Audren la rejoigne trop tôt. Elle avait toujours senti le mal-être du sorcier. Si par ses grands discours, il faisait le malin, ne montrant aucune faiblesse face aux autres élèves de l’école, elle était la seule à savoir ce qui se cachait vraiment derrière ce masque. Ce n’est pas pour rien qu’il était tombé amoureux d’elle. Elle le voyait comme il était réellement et non l’image qu’il renvoyait de lui. Se ressaisissant, il se redressa quelque peu, essuyant les dernières larmes, reprenant son souffle et son calme. Audren fit à nouveau face à Gaëlle.
- Je ne pensais que revenir ici après tout ce temps me mettrait dans un état pareil. Je… je suis… désolé que tu aies dû me voir ainsi. On va dire que depuis Beauxbâtons et mes voyages, pas mal de choses se sont passées et certaines, enfouies au plus profond, sont ressorties. Ça doit être l’âge. Plus on vieillit, plus on repense à des choses passées, qu’elles soient achevées ou incomplètes.
Un bref sourire s’afficha sur son visage avant de s’effacer de nouveau. Il n’était pas dans ses habitudes de se montrer aussi vulnérables. Gaëlle ne semblait pas lui en tenir rigueur. Elle n’avait fait qu’être bienveillante à son égard et il lui en était reconnaissant. Peut-être qu’elle lui permettrait d’aller mieux, non pas qu’elle serait l’aide qu’il lui fallait mais qu’elle serait la porte vers cette aide.
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