Magic's the secret

Combien de temps s'était-il écoulé depuis qu'Auguste avait entrainé Arsène loin des festivités ? Quelques minutes ? Plus que cela ? Le temps semblait comme suspendu lorsque les deux hommes partageaient des moments ensemble, et bien que la musique et les chants s'élevaient au loin alors que chacun profitait des festivités annuelles, il était si facile de laisser courir des heures avec lui. Bien que leur entrevue ne fut aucunement grivoise, quel bonheur de pouvoir compter sur lui en cas de besoin. Tout comme sa propre détresse émotionnelle avait su venir trouver l'épaule salutaire de l'auvergnat, celle d'Arsène avait pu s'apaiser avec lui, grâce à lui. Ce soutien indéfectible et salvateur qui les unissait valait plus que toutes les promesses d'éternité.

Ainsi, l'angoisse lancinante qui lui avait tordu les entrailles au point de laisser purement et simplement ses invités en plan s'évanouissait peu à peu bien qu'il fut encore chamboulé de la tournure qu'avait pris cette soirée de célébration. Par la Lune, s'il avait seulement pu s'en douter, qu'aurait-il seulement décidé de faire ? Se faire porter pâle, peut être bien, tout pour ne pas affronter cette douleur brûlante qui lui arrachait le coeur maintenant qu'il devinait ce qui avait bien pu se passer durant les vingt dernières années.

Ce fut un raclement de gorge qui ramena Arsène à la réalité, se redressant immédiatement comme pris sur le fait. L'obscurité l'empêchait de reconnaître la personne qui avait bien pu les déranger, mais il ôta hâtivement sa main de celle d'Auguste. Par la Lune, quelle imprudence de s'exposer ainsi malgré l'obscurité qui les cachait au point qu'il douta même que l'on ai pu distinguer quoi que ce soit ainsi dissimulé. Auguste s'éclipsa et le Baron pu enfin reconnaître les traits de sa future épouse qui se dessinaient à mesure qu'elle s'approchait de lui. Il se leva immédiatement, le coeur battant plus que de raison de s'être ainsi fait surprendre.

Il s'approcha d'elle à son tour et lui pris doucement les mains.

« Pardonne moi... » murmura t-il du bout des lèvres « J'ai honte de t'avoir ainsi faussé compagnie. Je te promets de te raconter ce qui m'a ainsi hâté... Mais plus tard, pour l'heure j'espère bien pouvoir profiter des célébrations à mon tour. Après tout, on ne célèbre Samhain qu'une fois l'an ! »

Cachant du mieux qu'il le pouvait son trouble, Arsène offrit un large sourire à Maeve. Oui, plutôt que de se perdre dans les méandres de sa détresse émotionnelle, pourquoi ne pas profiter de la soirée qu'il avait lui même organisé ? Il était d'ailleurs si fier que tout se passe à la perfection, personne n'était venu le chercher pour rapporter quelque problème que ce soit, et la fête semblait battre son plein à l'entendre au loin. La présence de Maeve l'aidait grandement à retrouver sa droiture et ses manières, ramené par le col par la réalité. Quelle indignité de l'avoir ainsi abandonnée en plein milieu des festivités. Il espérait bien se rattraper, préférant laisser ce qui le préoccupait bien rangé dans un recoin de son esprit.

« Je suis tout à fait libre désormais, les résultats de la chasse ayant été annoncés plus rien ne requiert ma présence, si ce n'est ma douce fiancée qui m'a bien assez attendu pour ce soir. Je suis tout à vous, mademoiselle Le Noir, je serai ravi de vous faire profiter pleinement des festivités du Gévaudan. »

Sans lâcher ses mains, il se pencha pour déposer un chaste baiser sur la joue fraîche de la jeune femme avant de lui proposer son bras.

« Allons danser, donc. Cette soirée est notre première apparition ensemble, je compte bien que chacun soit témoin de mon affection pour vous et de cette union qui sera bientôt annoncée officiellement. »

Prenant la direction du coeur des festivités, les yeux du Baron eurent du mal à se faire à nouveau à l'éclatante lumière qui se dégageait du grand feu central. Sa chaleur ne manqua pas de le réchauffer et il pu constater avec plaisir que chacun profitait des festivités. L'on mangeait, l'on buvait, l'on discutait et tout semblait se dérouler pour le mieux. L'orchestre jouait à tout rompre et la musique était entrainante, plusieurs couples dansaient d'ailleurs énergiquement autour du feu.

Il ne fallu pas plus d'un instant pour que l'Auvergnat ne retrouve sa gaieté, il avait toujours adoré les célébrations de Samhain, cette ambiance chaleureuse et festive au plein coeur du domaine d'Apcher et sous les étoiles poussait aux réjouissances. L'on sentait flotter de nombreuses énergies, l'appellation de semaine la plus magique de l'année n'était pas seulement une façon de parler, la nature s'éveillait d'une façon qui lui était propre à cette période de l'année. Enfant loup, il y était particulièrement sensible et se sentait déjà enivré bien qu'il n'eut touché un verre depuis des dizaines de minutes.

Il se tourna vers la jeune femme et fut, l'espace d'un instant, frappé par sa beauté ainsi éclairée par la lumière chaude du feu de joie. Il l'attira à lui tout en l'entrainant vers les autres couples.

« Vous ai-je dit combien vous étiez belle ce soir, Maeve ? »