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Mère maquerelle de l'Empire des Sens, italienne au sang chaud et à l'accent méditeranéen prononcé, veuve noire, habile manipulatrice.
Candidate à la chambre de la noblesse, magistrat supérieur à la cour de Justice Magique, membre de la FESP, lycanthrope non recensé.
Duchesse de Bretagne, grande prêtresse du culte celte, très présente en politique, considérée comme femme la plus puissante de France.
Vétéran de la Grande Guerre, lycanthrope alimentant un folklore comme de la Bête des Tranchées, mécène pour les orphelins de guerre.
Héritier des Romanov en sursis, habile manipulateur ayant permis aux Romanov de s'implanter en France grâce aux Lestrange.
Victime collatérale de la guerre Lestrange/de Medici, voleuse de haute volée et espionne utilisant des niffleurs pour ses larcins.
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua“Tout secret est une révolte.” | ft Jeanne de Beaufort
Piotr MedvedevATROPOS | THEN, LET IT BURN.
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Il faut dire que les journaux ont annoncé dix degrés sous zéro hier. “Une intense vague de froid qui se propage à la France entière”, même. Le soviétique aurait pensé que cela suffirait à faire fuir les badauds, mais son esprit cartésien avait apparemment sous-estimé la détermination des Français à poursuivre leurs activités peu importe la météo. Il a même croisé des gens en terrasse ce matin. Incompréhensible.
Le square de la Place Dauphine s’ouvre devant lui alors qu’il accélère prudemment le pas. Ce n’est pas le moment de chuter. Le Russe a beau s’être équipé de ses vieilles bottes militaires, les pavés verglacés glissent légèrement sous ses pieds et il a affronté suffisamment d’hiver gelés pour ne pas sous-estimer la violence d’une chute sur la chaussée. Heureusement, sa destination est proche.
Si on lui avait dit deux mois plus tôt qu’il se rendrait à un rendez-vous politique avec une jeune noble, Piotr n’y aurait pas cru. Il aurait sans doute ri, ou peut-être se serait-il offusqué qu’on puisse l’imaginer nouer le moindre lien avec une gamine issue directement des sphères les plus aisées de la population. Seulement voilà, Jeanne de Beaufort n’est pas n’importe quelle gosse. Ou plutôt femme, devrait-il dire. Quinze ans sans se fréquenter et il peine à discerner la demoiselle qu'elle était de l'adulte accomplie qu'elle est devenue. Il n'y croyait pas d'abord. Lorsqu'elle l'a approché il y a un mois de cela aux halls de débat, il ne voyait en elle que le reflet d'une classe sociale méprisable, portant de fausses idées progressistes pour se donner une image. Mais son esprit affûté et son parlé tranchant ont conquis le soviétique bien plus efficacement que son apparence délicate. Leurs joutes verbales ne se résumaient pas à un échange de paroles stériles : il y avait là de l'Esprit, avec des arguments et des opinions, et puis une imagination qui lui a rapidement donné envie d'aller plus loin. Leurs idées ont rebondi les unes sur les autres, leurs contradictions devenues un moteur pour pousser plus loin leurs raisonnements, et il a rapidement dû se faire à l’évidence : la démarche de sa vieille connaissance est non seulement sincère, mais réfléchie et calculée en plus du reste. Jeanne est intelligente, ambitieuse et patiente. Elle a des chances d’aller loin. De vraies chances. Avec un visage comme le sien, le communisme français pourrait même retrouver quelques unes des lettres de noblesse que les attentats lui ont arraché.
C’est ce qui l’amène ici ce soir: dans une ruelle adjacente au petit hôtel particulier que la demoiselle habite en plein cœur de la Paris, toquant quatre fois à la petite porte de bois qui le sépare de sa partenaire de nuit blanche. Lorsqu'elle s'ouvre, un fin sourire courbe ses lèvres gercées.
"Jeanne."
L'appeler "camarade" lui semble trop risqué, même alors qu'ils s'apprêtent à dessiner pour leurs idéaux un avenir incertain. Car c'est ce dont il s'agit ce soir. Ce soir, un premier pion avance sur l'échiquier de ses manigances. Ce soir, il pose une fois de plus sa vie sur la table de ses motivations. En cas de réussite, ils entreront dans l'Histoire. En cas de défaite... Hé bien, Piotr n'aura pas à regretter longtemps les choix qui l'ont amené jusque là.
Un brin d'excitation fait briller ses yeux pâles lorsqu'il les pose sur ceux de son interlocutrice :
"Une belle nuit pour tout changer, n'est-ce pas ?"
La poésie ne connaît pas les chiens.
Jeanne de BeaufortATROPOS | THEN, LET IT BURN.
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Quelque chose égayait cette fin de journée, où le Soleil – déjà fatigué – par sa course se couchait avant tout les Hommes. Piotr était en route, il arrivait pour mettre en forme dans les esprits et sur le papier, l’une des folles idées qu’il avait eues. Quel plaisir cela avait été de revoir le lycanthrope après tant d’années, de revoir cet esprit vif, imprévisible sans l’œil omniscient et oppressant des camarades soviétiques. Libéré – en partie – de ses chaînes, il ne s’en montrait que plus sympathique pour l’aristocrate qui avait le chic de choisir ses fréquentations selon des critères connus d’elle seule.
En tout cas les deux sorciers s’étaient retrouvés ou bien vraiment, cette fois trouver. Les mots et les idées avaient fusés, rebondis dans leurs crânes et dans le timbre de leurs voix tremblantes, comme pris, possédé par de vieilles chimères et marottes militantes. Mais n’était-ce pas cela qu’il fallait faire ? Contre l’ordre existant, n’a-t-on pas seulement nos mots et nos rêves ? La rationalité est l’apanage du vainqueur, elle le sert, se tord et se distord à souhait pour faire rentrer dans son concon rassurant toutes les idées morbides du gagnant. Alors ils complotaient pour exister, conspiraient pour ne pas tomber dans l’apathie, voilà le mot d’ordre.
Elle arrive à la porte de service, celle qu’empruntait autrefois les serviteurs des Beaufort en visite à la cour. Ceux-ci depuis longtemps remplacés par des elfes de maisons, moins voyant, plus petit, moins geigneur disait son grand-père Lazare, une formule que Jeanne avait dès le départ haï mais avait-elle fait quelque chose pour libérer ces pauvres créatures de leurs chaînes ? Jeanne avait-elle par quelques mots délier les fers verbaux qui les liaient à la demeure sur l’île de la cité ? Non. Car autrement, elle serait seule, terriblement seule entre les tapisseries en mouvement et les portraits parlants.
- Piotr, sa voix est cristalline, aussi limpide que l’eau de la Seine en contrebas de la rue, entre je t’en prie, dit-elle en se mettant sur le côté, grelottant déjà en sentant la brise s’infiltrer mesquinement dans la cave. Effectivement, acquiesce-t-elle avec un léger sourire partageant timidement l’enthousiasme, chaque jour n’est-il pas une opportunité de tout renverser ? Le monde ne tient qu’à un fil, il n’en revient qu’à nous de le trouver parmi tous les leurres qu’Ils posent. Ce « ils », Jeanne n’avait besoin de l’expliquer, il n’y a pas de groupes à désigner, de cabales obscures à traquer. Mais plutôt une classe informe, peu consciente de soi-même mais qui cause tant de dommages à la société. Des parasites qu’elle dirait avec amertume, sachant qu’elle en fait parti aussi.
Elle le conduit entre les méandres de la pièce humide, dont les énormes fondations soutiennent l’hôtel particulier érigé sur celui de Jacques le Cœur, dans la majestueux moyen-âge tardif. Jeanne se louvoie entre les meubles et les œuvres d’arts cachés sous des draps blancs poussiéreux avec grâce et habitude, elle parvient à trouver son chemin entre tout ces objets. Cette courte balade dans les méandres de son enfance lui rappelant toutes ces après-midis solitaires dans le grenier ou dans la cave, à se cacher entre les trésors que son père ramenait d’Orient, sa mère, la sévère Adela la cherchant à grand renfort de cri et de sort.
Ils parvinrent enfin dans une petite pièce rectangulaire, caché derrière une lourde bibliothèque dont l’utilité était proche du néant dans un environnement aussi suintant. Oublié par le temps et les générations des Beaufort qui se succédèrent ici, c’est là que Jeanne se cachait durant les longs hivers en compagnie de sa mère, parvenant à échapper pour un temps à son courroux et ses leçons assommantes.
- Voilà notre antre pour la nuit, j’espère que ça ne te dépayse pas trop, dit-elle ironique n’osant imaginer les trous à rats dans lesquels il s’était caché pendant la révolution d’Octobre. J'ai déjà compilé quelques écrits, des idées éparses...
La pièce aux murs nus avait vraiment l’air d’être le repère de terroristes en fuite, des feuilles et des documents obscurs éparpillés à chaque coin de la pièce.
Espoirs déçus, révolte dans le coeur
Les hommes se trompent quand ils se croient libres ; cette opinion consiste en cela seul qu'ils sont conscients de leurs actions et ignorants des causes par lesquelles ils sont déterminés. + aeairiel.
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La noble semble acquiescer, partant spontanément dans les interrogations philosophiques qui la caractérisent. Le soviétique s'autorise un rire en lui empruntant le pas.
"J'aurais plutot tendance à penser qu'une révolution est le produit d'une montagne de circonstances. Et qu'il nous revient d'en accumuler suffisamment."
La demeure dans laquelle ils naviguent est un labyrinthe d'artefacts et de vieux meubles grisés par une poussière plus ancienne que lui. Les oeuvres couvertes de draps blancs sont autant de fantômes qui observent leurs cachotteries, et il se surprend à laisser son regard traîner sur leurs silhouettes pâles comme pour surprendre un movement. Un instant le voici enfant, le nez plongé dans les ouvrages de contes gothiques qui le passionnaient alors. La demeure des Beaufort en semble tout droit sortie.
La bibliothèque qui se déplace lui arrache un rire :
"N'est-ce pas un peu cliché, Jeanne? Les nobles peinent à se renouveler, définitivement. Non, décidément. C'est ça, le mot. "
Une grimace s'empare brièvement de ses traits. De temps en temps, le français lui échappe encore et s'il tente de se montrer indulgent envers lui-même, l'idée de ne pas s'exprimer correctement le chagrine systématiquement.
Il tache tâche toutefois de se reprendre, ses yeux clairs glissent le long des murs dépouillés de leur nouvelle cachette, s'attardent sur les feuilles volantes qui s'entassent sur toutes les surfaces disponibles, et un fin sourire amusé se dessine sur les lèvres en entendant sa camarade.
"Oh, si, moi qui suis un habibué des hôtels particuliers et des palaces métropolitains, cette pièce me fait frissonner!"
L'ironie a un goût léger sur sa langue, et c'est avec un enthousiasme non feint qu'il pose sa sacoche sur une table déjà encombrée de documents.
"Moi aussi. J'ai rassemblé quelques nouvelles de l'URSS, déjà, et essayé d'établir quelques angles d'attaque sur ce qu'il se passe du côté des moldus"
Le carnet qu'il déterre de son sac est un capharnaüm de cyrillique et de français mêlés, indéchiffrable sans doute pour qui n'est pas Pior. Même pour lui...
"Staline a fait exclure l'Opposition Unifiée du Parti lors du dernier congrès panrusse. Ce qui fait suite aux manifestations organisées à l'occasion de la commémoration de la Révolution. Trotski et Zinoviev ont été officiellement exclus du Parti. Traduction: Staline n'a plus aucun obstacle à sa politique autoritaire, ni à ses ambitions d'industrialisation à grande échelle."
Un soupir déchire le silence qu'il a laissé terminer sa phrase. Une moue pincée tord ses lèvres.
"Nous ne manquons pas de sujets contre lesquels protester, je le crains."
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Jeanne de BeaufortATROPOS | THEN, LET IT BURN.
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- Sans doute que c’est l’accumulation qui fait rompre le fil, alors, rétorque-t-elle avec un sourire en demi-teinte, accommodante au possible, de cette voix si souvent hypocrite que les puissants usaient.
Naviguant comme une capitaine de frégate, elle le guide entre les meubles trop lourds et les tableaux à la composition chargée, déjà démodé, de mauvais goût. Comme autant de fantômes, sorte de présence non-désiré, on les avait couverts de ces lourdes couvertures clichées. Non pas pour les protéger mais bien pour faire comme s’ils n’existaient pas, faute de pouvoir s’en débarrasser. En cela, Jeanne et ses aïeux ne différaient pas tellement des enfants, ils savaient que ces souvenirs encombrants étaient remisés là, destiné à la poussière et aux champignons, pourtant comme dans un jeu, ils prétendaient tout le contraire. Mais la vie d’adulte n’est-elle pas un jeu ? Une partie au demeurant très sérieuse mais qui n’en reste à la fin qu’une représentation comme une autre ? Trêve de réflexions de comptoir ! Revenons à nos deux révolutionnaires.
Alors que la lourde bibliothèque s’entrouvre, dans un mécanisme digne des intrigues les plus folles de Dumas, la jeune femme ne peut s’empêcher d’esquisser un sourire gêné. Après tout Piotr a raison de s’esclaffer. Sa vie avait une allure vieux jeux, une sorte de posture hors-sol qui rendait le tout assez absurde.
- Il faudra accuser mon arrière-arrière-arrière-grand-père pour ce tour peu inventif, je ne suis que la médiocre héritière de toutes ces merveilles, commença-t-elle avec une ironie mordante, participant de sa gaieté comme deux larrons en foire le ferait sans y penser, et encore tu n’as pas tout vu. Je pense que tu peux utiliser définitivement et décidément, ma race est décidée à s’éteindre après tout. Comme changer une racine pourrie ?
Alors que le russe commence à s’agiter dans leur cage de pierre, sortant ses propres documents, il met la main sur un carnet que Jeanne zyeute au-dessus de son épaule, les caractères mêlés, indéchiffrable ressemblant aux errements d’une âme d’artiste que de celle d’un poseur de bombes. Hélas, les artistes ne sont-ils pas des terroristes en puissance ? Le génie ne doit-il pas brûler ses propres ailes pour briller un peu plus longtemps ?
Attentive, elle continue de l’écouter avec un silence qui n’est pas habituel, tournant autour de la table pour s’installer sur l’une des chaises aussi confortable qu’un engin de torture. Persuadée par elle ne savait quoi, qu’il irait toujours plus loin qu’elle, comme si la vue de ses notes, les accents chantant de sa voix enflammée avait suffit à la convaincre qu’elle n’était pas aussi légitime que lui.
Secouant la tête alors qu’elle consulte ses propres informations, venu des maigres correspondances qu’elle reçoit de Moscou, la sorcière souffle, non elle soupire. Le basculement était inévitable, prévisible. Depuis que Staline avait émergé du bureau politique, au point de supplanter presque tout ses camarades, la plongée dans l’autoritarisme ne pouvait qu’advenir.
Une révolution avortée, des espoirs tués, des vies brisées. Voilà ce avec quoi les deux rêveurs devaient composer, alors même que leurs mondes oniriques, traversés de tous les bons sentiments du monde s’effondraient comme un château de carte. Le réel revient toujours au galop.
- Hélas, Piotr, hélas… qu’elle lui répond avec une mine tout aussi éloquente que la couleur affectée de son timbre. Farfouillant dans ses propres notes, elle prend le temps de choisir ses mots, craignant de paraître défaitiste. Mais comment traiter tout ça ? Il est assez évident que l’expérience soviétique est, elle marque une pause de convenance, un échec, poursuit elle le mot se mêlant à un second soupir. Mais si, l’on se met à en propager la nouvelle, ne serait-ce pas contreproductif ? Pouvons-nous à la fois combattre les capitalistes de France et les bureaucrates de Russie ?
L’ampleur de la tâche lui semble plus grande qu’Atlas soutenant la sphère céleste et sa dernière question traduit son désarroi.
- J’imagine que c’est une question d’idéalisme. Nos valeurs voudraient que nous faisions de tout feu tout bois mais le pragmatisme… Je n’ai pas besoin de te faire un dessin, dit-elle avec une moue alors qu’elle plonge tête baissée dans les piles de textes, comme un général se creusant la tête devant une carte de campagne.
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Mais le soviétique n'oublie ni ses origines ni sa promesse. S'il est venu en France, c'est en partie pour démolir les prises de l'homme qui voudrait - qui est bien parti pour - contrôler l'URSS.
"Je suis d'accord. Mais. N'oublions pas qu'ici les communistes se résument à une bande de terroristes venus détruire la quiétude merveilleuse du monde sorcier. Nous devons avoir une ligne définie d'actions, de principes et de morale, sinon nous allons nous retrouver catégorisés au même rang que les idiots de 1917 avant même d'avoir fait paraître notre seconde édition."
Le calme soudain de sa partenaire n'empêche pas Piotr de la scruter. Le pragmatisme dont elle parle est une fable en même temps qu'une condamnation. Sa propre raison hurle qu'il s'agit d'un simple piège pour éviter de penser trop grand, de se montrer trop ambitieux. La réalité plus froide stipule simplement que quiconque ne s'y plie pas finira de toute façon catégorisé parmi les fous et voué à crier ses vérités dans le vide.
"Bien, conclue-t-il. Bien. De quoi parler, dans ce cas ? Quelle lutte serait assez simple pour satisfaire les masses ? L'exploitation des elfes de maison n'est pas parmi les préoccupations des sorciers, le sort des moldus qui crèvent alors que nous avons les moyens de les soigner est un sujet trop radical, l'URSS est trop clivant..."
Il jette un œil sur la quantité de gribouillis égarés sur les pages de son carnet. De loin, ça n'a aucun sens. De près non plus, peut-être. Ses lèvres se plissent de mécontentement.
"On pourrait parler de l'Aube Sorcière. Ce serait clivant, mais au moins on viserait de suite les bonnes personnes."
Songeur, le Russe se repose sur le dossier de sa chaise, qui émet un grincement inquiétant. Il ne s'en formalise pas ; il a déjà fait des réunions dans des endroits bien moins accueillants, bien plus froids et bien moins confortable que cette cave aux allures de brocantes. Ses yeux glissent sur les pages racontant les bribes d'informations parvenues d'Europe de l'Est.
"Le fait est que je n'ai pas beaucoup d'informateurs en France, pour le moment. S'ils ont récemment fait des actions dont nous pourrions parler, je ne suis pas encore au courant. Est-ce ton cas ?"
Haussement d'épaules. Il tapote d'un doigt nerveux son genou droit.
"Parler des élections pour parler des élections serait idiot ; personne ne lira notre journal si c'est en couverture. Il faut un sujet dont les gens s'emparent, qui porte à la réflexion et à la polémique sans pour autant basculer dans le rejet. C'est ça notre difficulté."
Après un autre temps de silence, le voici qui se redresse. Son regard rencontre finalement celui de son interlocutrice :
"Un dossier sur le secret ? Tout le monde a une opinion sur ça."
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