Sous les tambours des sabots || ft. Denise Loisel
Denise LoiselCLOTHO | THIS IS OUR WORLD NOW !
FC + disclaimer : Àstrid Bergès-Frisbey
Rythme de jeu : Lièvre
Warning : Bisexualité, transclasse, pauvreté
Trigger : Burn-out, milieu scolaire moldu
Disponibilité RP : Oui
Couleur Dialogue :
Messages : 166
Bézants : 3425
Multicomptes : Non
Âge perso : 18 ans
Nature du sang : Sang-pur
Etat Civil : A marier
Occupation : Chargée des hiboux au Ministère
Joueur
FC + disclaimer : Àstrid Bergès-Frisbey
Rythme de jeu : Lièvre
Warning : Bisexualité, transclasse, pauvreté
Trigger : Burn-out, milieu scolaire moldu
Disponibilité RP : Oui
Couleur Dialogue :
Messages : 166
Bézants : 3425
Multicomptes : Non
Âge perso : 18 ans
Nature du sang : Sang-pur
Etat Civil : A marier
Occupation : Chargée des hiboux au Ministère
Personnage
FC + disclaimer : Àstrid Bergès-Frisbey
Rythme de jeu : Lièvre
Warning : Bisexualité, transclasse, pauvreté
Trigger : Burn-out, milieu scolaire moldu
Disponibilité RP : Oui
Couleur Dialogue :
Messages : 166
Bézants : 3425
Multicomptes : Non
Âge perso : 18 ans
Nature du sang : Sang-pur
Etat Civil : A marier
Occupation : Chargée des hiboux au Ministère
Succès
Pensine
(#) Re: Sous les tambours des sabots || ft. Denise Loisel
missive rédigée par Denise Loisel le-Les barons du Riquewirh. En Alsace. rajoute-elle, se rappelant un peu tardivement que son interlocuteur est étranger. Riches. Tellement que ce titre, ils l’ont acheté. Après la Grande Guerre, qui a ruiné toute la région. Même que ça n’a pas plu à la vieille noblesse. Mais c’est les Vogmen qui dressent et vendent la plupart des elfes de maison du pays. Alors ça ferme bien des becs. Parait qu’ils ont même eu l’idée de les louer. Pour les fêtes par exemple.
La jeune sorcière aimerait aller marcher le long de la piste, pour se ressaisir. Quitter l’hippodrome et se promener dans un parc, au calme. Peut-être continuer à parler de cette idée de journal indépendant ou d’autres projets d’avenir. Mais son nouvel ami semble avoir envie de continuer à discuter de ce sujet si inconfortable. Malgré ses dénégations, le russe a l’habitude de débattre, c’est manifeste. Il manie les idées, les mots, les opinions, avec une aisance et une assurance dont Denise n’a pas l’habitude. La petite campagnarde resurgit au fond d’elle, et sa voix a perdu encore en assurance lorsqu’elle tente de répondre à son interlocuteur pressant.
-Chez nous on ne parle pas comme ça monsieur Medvedev. Mes parents sont de petites gens. De braves gens monsieur, ne vous méprenez pas. Ils ont subi toute leur vie sans jamais se plaindre. Leur quotidien se cantonne à la maison et au village voisin. Les mêmes visages et les mêmes lieux depuis leur naissance. Les longues journées de travail, la famille à nourrir, les tracas du quotidien et rien d’autre. Ce qui se passe ailleurs dans le monde, c’est presque comme si cela ne les concernait pas tellement ça leur semble éloigné de leur réalité. Ils n'espèrent plus, et je ne peux pas leur en vouloir. Ils pensent que les gens comme nous n’ont pas leur mot à dire dans ce monde. Et c’est vrai que l’on se sent impuissant parfois.
Denise se tait un moment. Elle sait que c’est pour la protéger que ses parents ont tenté très tôt de la pousser à la résignation. Mais elle a dix-huit ans.
-J’ai été élevé dans l’idée que cela ne sert à rien de se plaindre, et que si on ne sait pas faire mieux, on ne fait pas de reproches. J’ai peut-être trop assimilé cette éducation. Vous voyez large, vous monsieur. Vous êtes capable de juger, de remettre en question, de théoriser des solutions. Je ne suis pas aussi savante. Je ne pense pas à changer le monde, j’essaye juste de faire au mieux, dans la limite de mes petits moyens. Je travaille, dure, je vous prie de me croire. Je tâche de vivre dignement en remontant mes manches jour après jour. J’essaye de prendre soin des miens. Et parfois déjà ça fait beaucoup pour mes épaules. Parfois le soir, je m’endors la tête sur la table, devant mon ouvrage, tellement je suis brisée de fatigue. Il n’y a pas assez d’heures dans la journée.
Denise avale difficilement la boule qui commence à grossir dans sa gorge. Elle se sent lasse soudain, elle a envie de s’enfouir sous sa couette et ne plus bouger de la soirée. Mais il lui reste une robe et des bas à ravauder, la soupe du soir et le déjeuner du lendemain à préparer, et les carreaux de son petit logis à astiquer. Et puis elle a promis à sa vieille voisine centenaire de passer faire un peu de ménage et arroser les plantes.
- Désolée si je vous déçois monsieur. Je n’ai pas l’ambition ou la prétention de bouleverser le monde dans un éclat de colère. Je ne sais pas de quoi j’ai l’air, mais certainement pas de quelqu’un ayant les reins assez solides pour changer le monde. Non, moi je suis juste une souris. Je grignote, miette par miette, sans jamais m’arrêter, et je tâche d’agrandir un peu plus mon trou et de rogner quelques angles trop vifs à ma portée, pour rendre la vie un peu plus supportable. Mais enfin, cette petit souris est à votre service Monsieur Medvedev, dans la mesure de ses petits moyens, si jamais il vous prend un jour l'envie de changer le monde.
La jeune femme s'appuie en toute confiance à son bras, avec la sincérité ingénue de ses dix-huit ans.
755 mots
Piotr MedvedevATROPOS | THEN, LET IT BURN.
FC + disclaimer : Andrew Lincoln || crédit @L'écureuil (hiiii)
Rythme de jeu : Demandez moi
Warning : Maladies mentales / Violence / Institutions Psychiatriques du début XXe /
Trigger : Aucun
Disponibilité RP : Oui !
Couleur Dialogue : #A0522D
Messages : 138
Bézants : 3228
Multicomptes : Non, aucun.
Âge perso : 40 ans
Nature du sang : né moldu
Etat Civil : Célibataire
Occupation : vient d'arriver en France
Joueur
FC + disclaimer : Andrew Lincoln || crédit @L'écureuil (hiiii)
Rythme de jeu : Demandez moi
Warning : Maladies mentales / Violence / Institutions Psychiatriques du début XXe /
Trigger : Aucun
Disponibilité RP : Oui !
Couleur Dialogue : #A0522D
Messages : 138
Bézants : 3228
Multicomptes : Non, aucun.
Âge perso : 40 ans
Nature du sang : né moldu
Etat Civil : Célibataire
Occupation : vient d'arriver en France
Personnage
FC + disclaimer : Andrew Lincoln || crédit @L'écureuil (hiiii)
Rythme de jeu : Demandez moi
Warning : Maladies mentales / Violence / Institutions Psychiatriques du début XXe /
Trigger : Aucun
Disponibilité RP : Oui !
Couleur Dialogue : #A0522D
Messages : 138
Bézants : 3228
Multicomptes : Non, aucun.
Âge perso : 40 ans
Nature du sang : né moldu
Etat Civil : Célibataire
Occupation : vient d'arriver en France
Succès
(#) Re: Sous les tambours des sabots || ft. Denise Loisel
missive rédigée par Piotr Medvedev leLe portrait que peint Denise de la famille d'esclavagiste est du genre à éveiller sa nostalgie de la révolution d'octobre. Il y a comme une envie d'écraser des crânes contre les marches acérées des gradins, comme une envie de fouler au pied les bajoues bien rasées pour mieux piétiner des mâchoires qui ne demandent qu'à être déformées. Piotr en est capable. Si l'enfant le regarde avec des yeux naïfs, lui sait l'odeur du sang, sa couleur sur les mains et son parfum dans l'air saturé. Il l'a déjà fait ; il le refera. Le regard qu'il assène à la silhouette des hommes est gorgé d'une funeste promesse. Lorsqu'il mettra à bout ses plans, un jour peut-être, ils figureront en tête de liste.
Mais c'est avec son interlocutrice que la conversation prend un drôle de tour. Déjà, sa voix s'écueille, son regard se fait fuyant. Les mots qui dévalent de ses lèvres sont gorgés d'une insécurité qui tranche presque violemment avec la passion de ses propos sur les hiboux ou sa région d'origine. Une fois n'est pas coutume : Piotr est perplexe. Qu'est-ce qui peut donc motiver une jeune femme aussi travailleuse et perspicace que son opinion ne mérite pas d'être entendue ?
La société. Sa famille, manifestement. Les millions de petits rouages mis en œuvre par les puissants pour s'assurer de le rester, de maintenir leurs trônes illusoires au dessus de la plèbe. L'idée le met en colère. Le résultat le plonge dans le désarroi.
« Mademoiselle Loisel, je ne cherche pas à dire quoique ce soit sur votre personne, ni sur vos parents, la rassure-t-il d'abord. Je n'ai que trop conscience des conséquences du labeur de la classe ouvrière et de la fierté qu'on impose à ceux qui salissent leurs mains au service des plus grands. »
Un soupir lui échappe. La cage dorée du capitalisme, ses barreaux d'honneur et de patriotisme.
« Ce qui me chagrine, c'est de vous voir vous réduire à si peu. Vous n'êtes pas qu'une fille de classe ouvrière. Vous êtes, de toute évidence, brillante et travailleuse, et pleine de convictions qui méritent d'être portées haut et fort. Bien sûr que le poids du monde ne doit pas reposer sur vos épaules. Je pense aussi que la fatigue est une arme puissante, d'autant plus lorsqu'elle frappe la plus grande masse de la population. Masse ? Tranche ? Bref, le plus de gens. »
Le Russe hoche la tête, décidé. Son discours n'a rien de surfait.
« Vous voulez m'assister à changer le monde, selon vos propres dires. Si je puis me permettre, je pense que je serai trop peu d'un seul homme. Je pense que transformer notre univers tient de l'œuvre collective. Et je pense que vous en avez autant le pouvoir et la capacité que moi. Même si vous vous endormez parfois sur vos livres, même si vous n'avez pas d'opinions tranchées sur tout. Vos forces sont vos forces. Mes faiblesses sont les miennes. »
Lorsqu'elle serre un peu plus fort son bras, il l'amène tranquillement à s'éloigner. Inutile de rester à proximité de ceux qu'il voudrait brûler. Inutile de continuer d'admirer le consternant spectacle d'hommes devant se peser publiquement pour être estimé capables de ne pas ralentir leurs Pégases. Tout ici est futile - pour Denise aussi, il en est certain.
« Commençons petit. Commençons ici : si vous pouviez changer une chose des courses, qu'est-ce que ce serait ? »
La poésie ne connaît pas les chiens.
Denise LoiselCLOTHO | THIS IS OUR WORLD NOW !
FC + disclaimer : Àstrid Bergès-Frisbey
Rythme de jeu : Lièvre
Warning : Bisexualité, transclasse, pauvreté
Trigger : Burn-out, milieu scolaire moldu
Disponibilité RP : Oui
Couleur Dialogue :
Messages : 166
Bézants : 3425
Multicomptes : Non
Âge perso : 18 ans
Nature du sang : Sang-pur
Etat Civil : A marier
Occupation : Chargée des hiboux au Ministère
Joueur
FC + disclaimer : Àstrid Bergès-Frisbey
Rythme de jeu : Lièvre
Warning : Bisexualité, transclasse, pauvreté
Trigger : Burn-out, milieu scolaire moldu
Disponibilité RP : Oui
Couleur Dialogue :
Messages : 166
Bézants : 3425
Multicomptes : Non
Âge perso : 18 ans
Nature du sang : Sang-pur
Etat Civil : A marier
Occupation : Chargée des hiboux au Ministère
Personnage
FC + disclaimer : Àstrid Bergès-Frisbey
Rythme de jeu : Lièvre
Warning : Bisexualité, transclasse, pauvreté
Trigger : Burn-out, milieu scolaire moldu
Disponibilité RP : Oui
Couleur Dialogue :
Messages : 166
Bézants : 3425
Multicomptes : Non
Âge perso : 18 ans
Nature du sang : Sang-pur
Etat Civil : A marier
Occupation : Chargée des hiboux au Ministère
Succès
Pensine
(#) Re: Sous les tambours des sabots || ft. Denise Loisel
missive rédigée par Denise Loisel le-Aviez-vous déjà un caractère si affirmé à mon âge? Quelle assurance, quelle énergie! C’est fou, je me sens si timorée, si tiède lorsque vous parlez comme ça! Comme… Comme un révolutionnaire!
La frêle brunette rit naïvement, sans se douter à quel point son innocente plaisanterie est plus proche de la vérité qu’elle ne le croit. Occupée à éviter de tâcher de boue ses bottines, Denise ne prend pas garde à l’expression de son interlocuteur. La jeune sorcière se sent suffisamment en confiance pour se confier un peu plus, sans faire attention où la guide le russe.
-Je ne suis pas de ce bois-là, qui pousse dru et s’embrase à la première étincelle. Je n’ai pas pour autant l’impression de me déprécier en reconnaissant qu’à dix-huit ans, je ne suis encore qu’une jeune pousse qui a besoin de temps. Mon jardinier de père disait que les idées sont comme des fruits, et qu’il faut attendre leur maturité avant de les cueillir et les partager. Cette image me parle. Mes convictions restent patiemment au chaud dans la serre qu’est mon crâne en attendant d’être prêtes à sortir au grand jour. D’ici là, je les garde pour moi. On pourrait appeler ça de la pudeur. Est-ce une mauvaise chose pour autant?
Denise tourne vers son interlocuteur ses grands yeux limpides, où Piotr peut lire un intérêt candide pour son opinion. Avec une spontanéité qui frôle le coq à l’âne, la jeune femme reprend, d’un ton presque badin.
-Vous intéressez-vous à la littérature moldue monsieur Medvedev? Je dois avouer que je n’y connais pas grand-chose moi-même, mais j’ai la chance d’avoir un oncle né-moldu.
La demoiselle Loisel a maintenant un soupçon de défi dans sa façon de relever son charmant petit nez. Que son interlocuteur ne s’avise pas de montrer une quelconque désapprobation à propos de cette dernière affirmation, s’il ne veut pas perdre toute sa récente estime. Elle reprend d’une voix claire sa digression.
-Depuis la fin de ma scolarité, il a la gentillesse de me prêter certains de ses livres. Il y en a un, Germinal, dont le titre m’a fait croire à une histoire champêtre. Ce n’était pas vraiment le cas, c’est le moins que l’on puisse dire! Mais bref. Ce roman raconte l’histoire d’une tentative avortée de moldus très pauvres pour améliorer leurs conditions de travail. C’est assez rude comme lecture pour être honnête, mais à la fin, l’auteur finit sur une note d’espoir. Il écrit que les graines plantées par les grandes idées à l’origine de cet échec pousseront un jour pour être récoltées par nos enfants ou leurs enfants. Une moisson de justice!
L’enthousiasme illumine d’un sourire et creuse d’une fossette le visage de la jeune sorcière, qui se retient de justesse de caracoler comme un jeune poulain au bras de cet ami inattendu. Difficile de rester longtemps chagrine à cette âge, et les émotions sont aussi changeantes que les nuages sur le visage encore enfantin. D’une main, elle retient son chapeau, qu’un brusque coup de vent cherche à emporter, et dont les rubans pastels dansent une folle farandole.
-C’était tellement bien écrit, j’aimerai pouvoir vous le retranscrire aussi bien que ce monsieur Zola! Il est si sûr de lui quand il prophétise cet avenir! Le terreau prend de l’ampleur, mais je trouve tout de même qu’on y retrouve l’image de mon père, qu’en pensez-vous? C’est peut-être moi qui me monte la tête. Il en ferait une tête n’empêche s’il savait qu’un grand monsieur moldu a eu la même idée que lui.
La question de Piotr la calme un instant, le temps d’observer autour d’elle avec un moue pensive. Denise se mord la lèvre. C’est finalement l’ironie qui prend le dessus.
-Vous voulez dire à part tout ce que nous avons déjà évoqué? Oh, je ne doute pas que le ministère trouverait de quoi faire travailler bien des aurors s’il mettait un peu son nez dans la provenance de l’argent des paris. Mais le gouvernement doit y mettre beaucoup de mauvaise foi pour ne pas le remarquer, si quelqu’un comme moi a pu le comprendre en quelques visites seulement. C’est bien simple, ce n’est plus un lieu de promenade honnête, c’est une blanchisserie à ciel ouvert!
709 mots
Piotr MedvedevATROPOS | THEN, LET IT BURN.
FC + disclaimer : Andrew Lincoln || crédit @L'écureuil (hiiii)
Rythme de jeu : Demandez moi
Warning : Maladies mentales / Violence / Institutions Psychiatriques du début XXe /
Trigger : Aucun
Disponibilité RP : Oui !
Couleur Dialogue : #A0522D
Messages : 138
Bézants : 3228
Multicomptes : Non, aucun.
Âge perso : 40 ans
Nature du sang : né moldu
Etat Civil : Célibataire
Occupation : vient d'arriver en France
Joueur
FC + disclaimer : Andrew Lincoln || crédit @L'écureuil (hiiii)
Rythme de jeu : Demandez moi
Warning : Maladies mentales / Violence / Institutions Psychiatriques du début XXe /
Trigger : Aucun
Disponibilité RP : Oui !
Couleur Dialogue : #A0522D
Messages : 138
Bézants : 3228
Multicomptes : Non, aucun.
Âge perso : 40 ans
Nature du sang : né moldu
Etat Civil : Célibataire
Occupation : vient d'arriver en France
Personnage
FC + disclaimer : Andrew Lincoln || crédit @L'écureuil (hiiii)
Rythme de jeu : Demandez moi
Warning : Maladies mentales / Violence / Institutions Psychiatriques du début XXe /
Trigger : Aucun
Disponibilité RP : Oui !
Couleur Dialogue : #A0522D
Messages : 138
Bézants : 3228
Multicomptes : Non, aucun.
Âge perso : 40 ans
Nature du sang : né moldu
Etat Civil : Célibataire
Occupation : vient d'arriver en France
Succès
(#) Re: Sous les tambours des sabots || ft. Denise Loisel
missive rédigée par Piotr Medvedev leA ton âge, j'étais devenu un monstre. A ton âge, j'avais vu la Mort et goûté ses cendres qui avaient corrompu jusqu'au plus profond de mes chairs. A ton âge je n'étais plus un homme mais un soldat, une Bête mue par les ordres et la rage, aveuglée par les propos d'un homme qui n'avait de cela que le nom. A ton âge j'avais déjà perdu tout ce qu'un sorcier a à perdre.
- Oh, ce n'est pas une bonne ni une mauvaise chose, Denise. Ni une bonne ni une mauvaise chose.
Les yeux s'égarent. Non loin, un Pégase s'ébroue, et les claquements de ses sabots résonnent contre le sol dense du champ de courses. Piotr songe à ce qui a été, à ce qui aurait pu être, à ce qu'il ne sera jamais. La jeunesse et la candeur de son interlocutrice sont armes et faiblesses à la fois, lui rappellent étonnamment des souvenirs dont il se serait bien passé, mettent en perspective des choses qu'il préférerait ne pas regarder. A-t-il seulement été si ingénu un jour ? A-t-il déjà posé sur le monde le regard qu'elle y porte ?
Non. Non, jamais.
- Je pense que patienter avant de s'exprimer est une vertu dont peu d'hommes sont capables. Je pense aussi qu'il faut parfois savoir s'armer de fougue, quitte à faire des erreurs. Je pense aussi que chacun doit apporter à sa lutte la pierre qu'il est capable de porter.
Un sourire fin courbe ses lèvres lorsqu'il se tourne vers elle :
- J'espère que vous ne me trouvez pas trop dur avec vous, Denise. C'est que je lis en vous une fougue que j'ai la sensation que vous ne voyez pas. Et que le monde voudrait faire taire.
Puis la littérature. Vaste sujet sur lequel il se serait étendu des heures plus jeune, qui hélas a perdu aujourd'hui sa place dans son esprit bien occupé. Sa bouche s'étire pourtant davantage en écoutant les dires de sa compagne. Germinal, donc.
- J'ai entendu parler d’Émile Zola. Celui qui a défendu Dreyfus, c'est bien cela ? Il paraît que son œuvre est impressionnante... et vous me la vendez bien.
C'est que Denise a un talent avec les mots. En a-t-elle conscience, ou la société pourrie que les sorciers portent pourtant aux nus a-t-elle fait son œuvre dans son esprit, la condamnant à la médiocrité ? Piotr espère être arrivé à temps pour prévenir cette fatalité. Il aimerait l'utiliser à bon escient, cette faculté à porter une lentille poétique sur le monde. Il aimerait rassembler des gens autour. Il aimerait qu'elle soit fière en regardant dans le miroir.
- Je pense qu'il a en partie raison, argumente-t-il pour la forme. Je pense que chaque génération met les rouages de la machine du futur. Je pense aussi qu'il faut parfois savoir... disons se réapproprier la machine entière. Mais c'est mon côté révolutionnaire, ça.
Clin d’œil complice. Il n'a pas oublié la remarque enthousiaste de la demoiselle.
Et puisqu'elle décèle en lui les prémices de l'homme qu'il est, il ne se réprime plus pour la pousser un peu plus dans ses raisonnements. L'univers est vaste et les choses à changer infinies. Le vertige qui la prend est commun, tristement banal, mais surtout contreproductif dans ses plans d'actions. Peu importe que ce soit irréaliste, imparfait ou utopique. Le soviétique a toujours préféré suivre de grandes idées que de petits individus.
Et elle ne le déçoit pas. Comme prévu, Denise a des opinions. Mais elle le prend de cours en mentionnant le blanchiment d'argent. Lui qui pensait jusqu'alors que son coeur entier allait vers les animaux et les animaux uniquement, la voici qui s'épanche sur la corruption des classes aisées et la nature pourrie de ce commerce auquel ils assistent tous deux.
Son sourire grandit de nouveau :
- Ah. Ah ! Voyez, Denise, voyez, vous n'êtes pas qu'une petite jeunette aux idées fragiles. Votre esprit est affûté et votre sens de l'observation aussi. La corruption, vous la remarquez parce que vous le voulez. Et le vouloir, dans les temps qui courent, c'est très rare, surtout chez les forces de l'Ordre. Ne parlons même pas de nos instances politiques, ils en font partie ! Mais vous, Denise, vous avez envie de regarder. Cela vous rend riche. En avez-vous seulement conscience ?
La poésie ne connaît pas les chiens.
Contenu sponsorisé
Joueur
Personnage
Succès