Hivers de Soleil et d'Azur || Jeanne&Lucio
Lucio SavelliCLOTHO | THIS IS OUR WORLD NOW !
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(#) Hivers de Soleil et d'Azur || Jeanne&Lucio
missive rédigée par Lucio Savelli leplay.
Todavía tienes frío, bueno...
Cierra los ojos un minuto, que te llevo a un lugar [...]
Imagina una calita, yo te sirvo una clara
Es verano y luce el sol, es la costacatalana Azul
Todavía tienes frío, bueno...
Imagina una calita, yo te sirvo una clara
Es verano y luce el sol, es la costa
Saint-Tropez,
Janvier 1924
Janvier 1924
Imaginez,
Une eau bleue, cristalline, qui brille sous les rayons d’un soleil hivernal, bercée par un ressac régulier. Des roches calcaires, blanches, lunaires, desquelles s’échappent quelques bosquets d’une végétation rare et sèche malgré la saison. Quelques grains de sable, emmenés par le vent jusque ces hauteurs, quelques huit mètres au-dessus de la mer.
Un parfum de fleur d’immortelle dans l’air, entêtant.
De nuevo el chiringuito, un bañito,
Un helado de pistacho, y partido al futbolín,
lanzamos un frisbis, jugamos a las cartas
Y acabamos cenando sardinas y ensalada.
lanzamos un frisbis, jugamos a las cartas
Y acabamos cenando sardinas y ensalada.
Paris,
Janvier 1928
Janvier 1928
Un autre parfum, pas moins entêtant, toutefois. Celui d’une boulangerie, d’où sortent du four, bien chaudes, toutes sortes de coquineries. Celle-ci est moldue, car il faut leur laisser cela : ils font les meilleures viennoiseries.
Lucio y attend patiemment, il est tôt, sa tête repose sur une des vitrines en verre. Son esprit se perd dans les souvenirs d’un autre hiver, ailleurs. Celui de 1928 sera le premier qu’il passera à Paris, après toute une série de mois de janviers passés entre Porto-Vecchio, Marseille, et Saint-Tropez. Il a le droit à un peu de nostalgie, n’est-ce pas ?
La boulangère le rappelle à l’ordre. « Qu’est-ce que ça sera, pour Monsieur ? » Lucio rouvre les yeux et réalise, soudainement, qu’il n’a pas un franc dans sa poche. Un air de panique le saisit. L’odeur l’a attiré, il est rentré, il n’a pas pensé. Et puis il voit, maintenant, sur le visage de la tenancière, un air de colère. Il la ralentit, dans cette matinée chargée, des clients attendent derrière lui, leur visage est austère, pressé, bien différent du sien, qui doit être encore un peu endormi, nonchalant aussi, satisfait. Il bafouille : « une brioche, madame, pralinée, s’il vous plaît – retrouvant un peu de contenance, il ajoute : et puis deux croissants, et deux pains au chocolat. » La boulangère se retourne, et s’affaire à emballer tous ses petits paquets. Le Corse en profite, alors. Dans sa poche droite, il trouve sa baguette, qu’il empoigne fermement. Dans la gauche il attrape, du bout de l’index, un bézant. Quand la Thénardier se retourne, réclamant ses deux francs, Lucio chuchote déjà un sortilège de confusion, depuis l’intérieur de sa poche, les yeux plongés dans ceux de sa victime, qu’il voit rapidement se troubler. Puis, un grand sourire apparaît sur son visage, et il glisse dans la main potelée une petite pièce ; mauvaise, mais la pauvre dame ne vérifiera pas.
Qu’on ne vienne pas lui attraper la cape pour si peu ; la pièce est en or, magique ou pas. Elle n’aura qu’à la faire fondre.
Bebemos, dorados. Hablamos, callados
La luna, la sal, tus labios mojados
Me entra la sed y pido una copa
Me entra la sed y pido una copa
Saint-Tropez,
Janvier 1924
Janvier 1924
Lucio regarde la mer, sous ses pieds qui s’accrochent sur le bord de la roche blanche. Son sourire est éclatant et ses yeux plissés sous cette lumière éclatante dont il se protège d’une main posée sur son front. En janvier, à Saint-Tropez, il ne pleut jamais. La température baisse à cinq degrés, tout au plus. Aujourd’hui, le deuxième jour de l’an, on frise les treize. L’eau doit être à la même température. Un frisson lui saisit la nuque, mais ce n’est pas le froid : c’est l’excitation.
Il se retourne et tend la main derrière-lui. Jeanne l’attrape, elle tremble. Un peu plus tôt, aujourd’hui, il l’a tirée hors de la couche où ils ont dormi, cette nuit, dans le petit cabanon de pêcheurs que possèdent les Savelli sur ladite Côte d’Azur. L’endroit, charmant s’il en est, est creusé dans la roche comme une maison troglodyte, dans une crique, qu’on appelle plutôt calanque dans ce coin de la Méditerranée. Le tout est agrémenté de quelques planches en bois usées par l’air marin pour faire la porte et de verre texturé pour les fenêtres. L'espace est séparé en deux pièces, une chambre et une petite cuisine. Il n’y a pas d’eau courante dans la maison – pas plus qu’il n’y a d’électricité, mais on est chez les sorciers au début du XXIème siècle, alors, vous vous en doutez – et Jeanne voulait se laver. Il aurait pu la satisfaire en l'emmenant dans la maison de laquelle dépend ce cabanon, juste au-dessus, sur le chemin qui mène à la calanque. Coquin, gredin, même, Lucio lui a plutôt répondu qu’il ne saurait rien refuser à une duchesse, et il lui a proposé de le suivre. Ils ont marché une heure, peut-être un peu moins, pour atteindre l’endroit où ils sont maintenant. Le paysage est lunaire, magnifique, et si elle y a fait attention, Jeanne aura remarqué qu’à force d’avancer, ils ont fini par monter en altitude.
Arrivés à un point qui n’a pas l’air différent des autres par lesquels ils sont déjà passés, brusquement, Lucio s’est arrêté. Assuré, il s’est retourné et s’est affairé à se déshabiller, pour ne garder sur lui qu’une sous-chemise en laine. Il trouve un rocher sous lequel il place la pile de vêtements et, précieusement, sa baguette. Et puis, sans hésiter, il s’approche du bord.
Combien de fois, déjà, a-t-il sauté de ce point-là ? Une centaine, sans doute. Un millier, peut-être. Il faut deux secondes, peut-être trois, pour sentir, sous ses pieds, l’eau frapper, dure comme de la pierre. C'est qu'on est bien haut, ici. En attendant, dans la chute, le cœur s’accroche, délicieusement. Il s'arrête, parfois. On se sent vivant.
Et puis, parce qu’on est en janvier, quand on atteindra l'eau, on croira mourir un petit peu. La mer, glacée, ou presque, cisaillera la peau comme un millier de couteaux. Lucio ne peut plus attendre.
Le regard vers l’horizon, il apostrophe la De Beaufort : « fais un vœu, pour la nouvelle année. » Il avait toujours eu l’impression qu’ici, les dieux étaient plus attentifs. Puis, il se retourne, et tend la main. La suite, vous la connaissez : Jeanne s’accroche, et Lucio l’attire vers lui. L’air heureux comme un chien fou, il crie, de plus en plus fort : « A trois. Un … Deux … »
Y sudamos tanto que nos deshidratamos
El tiempo se para, el aire no corre
Mosquitos volando y grillos cantando
Y tú a mi ladomuriendo de sueño
El tiempo se para, el aire no corre
Mosquitos volando y grillos cantando
Y tú a mi lado
Six – huit – neuf …
Quel est le code, déjà ? Elle lui a dit, hier, mais il ne s'en souvient plus. Il faudra sonner, alors, auprès du gardien. Bientôt, le bougre vient le chercher, un air méfiant au visage. Lucio lui sourit comme il le ferait à un dobermann (méchamment). Il l’a vu, pourtant, quitter l’immeuble une vingtaine de minutes plus tôt, à quoi s’attendait-il ?
Ils traversent en silence la cour de l’hôtel particulier jusqu’à ce que le vilain retrouve sa niche, et que Lucio grimpe, quatre à quatre, les marches de l’escalier en pierre. Si l’on s’y attarde, on remarque que c’est du calcaire, là encore. Pas comme celui qu’on trouve sur les rives de la méditerranée, toutefois. Celui du bassin parisien est plus jaune, et sans sa roche, des petites ammonites fossilisées et multimillénaires peuvent être distinguées. Comme sur le bord de cette falaise, toutefois, la pierre est polie, lisse et brillante, par le nombre de pas qui l’ont foulée. Il faut faire attention de ne pas glisser.
Bientôt, Lucio atteint l’étage des appartements dans lesquels il s’est réveillé. En partant, il a fait attention à ne pas fermer la porte derrière lui, son seul indice dans ce labyrinthe. Il la pousse, la referme derrière lui, traverse des salons et des couloirs avant d’atteindre, enfin, la chambre. Il passe la tête dans l’encadrure de la porte, puis son corps, agile et silencieux.
Quand Jeanne se retourne et que leurs regards se croisent, son visage se fend d'un sourire.
« Pour vous, madame la Duchesse. Comment avez-vous dormi ? »
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(#) Re: Hivers de Soleil et d'Azur || Jeanne&Lucio
missive rédigée par Jeanne de Beaufort leThème | La Folie et l’Amour jouaient un jour ensemble :
Celui-ci n’était pas encor privé des yeux.
Une dispute vint : l’Amour veut qu’on assemble
Là-dessus le conseil des dieux ;
L’autre n’eut pas la patience ;
Elle lui donne un coup si furieux,
Qu’il en perd la clarté des cieux.
Le soleil d’hiver, blanc, laiteux s’écrase sur le promontoire. Sa lumière vint se refléter sur le calcaire jaunâtre de la grève. Battu par le vent et les grains de sables, deux figures se tiennent face à la mer. Le vent salin glisse sur les deux corps légèrement vêtus en cette douce journée d’hiver, il fait s’élever puis retomber à un rythme régulier les cheveux blonds de la future duchesse. D’un doré de la même teinte que le roc sur lequel ils se tiennent.
Elle ne comprend pas pourquoi il l’avait traîné jusqu’ici, face à la majestueuse Méditerranée, là où ils peuvent voir le ciel et la mer se rejoindre dans un bleu rendu pâle par la saison froide. Le Savelli voulait faire de ces désirs des réalités mais l’aristocrate n’en demandait pas tant. Une douche vaguement chaude, un savon de Marseille et elle serait plus comblée qu’une diva devant un public fanatisé. Tout ce qu’elle demandait c’était pouvoir se débarrasser de cette couche saline qu’elle sentait jusque dans les plis de ses bras, dans la raideur de ses cheveux d’ordinaire filin. N’y avait-il pas de l’eau courante dans ce maudit pays ? Ses forces amenuisées par une fièvre qui l’avait cloué au lit, elle avait traîné le pied jusque-là. Même dans ses expéditions en Sibérie, elle ne faisait autant d’effort pour sentir l’écoulement régulier de l’eau sur ses muscles transi par l’effort…
Sachant parfaitement que le corse avait une autre idée en tête, elle reste légèrement en retrait, hésitante, c’est à peine si ses doigts fins ne s’enroulent autour de la main puissante du sorcier. Tandis qu’il l’attire plus près du bord encore, ses grands yeux, ceux de sa mère contemple l’onde marine. D’aussi haut, l’on dirait que l’écume est le miroir des nuages.
Il était revenu, il était revenu et elle l’avait accueilli comme s’il rentrait à peine de la pêche dans cette douce calanque dont elle avait oublié le nom. Dans l’empressement, la duchesse l’avait entraîné comme un monstre en son antre. Ses draps demeuraient terriblement froids, lisses, figés en ces nuits glaciale de la capitale.
Quel étrange amour qu’était celui de son espèce, de ceux incapable de jeter l’ancre et de rester à bon port. Éternel solitaires, condamnés qu’à se croiser au fil des années. Sorte d’éphémères dans un monde de certitudes, ces amours s’alignaient l’espace d’une nuit étoilée, comme la Lune et le Soleil s’unissaient pour ne former que l’éclipse avant de repartir dans l’immensité du vide, voyageuse solitaire, accaparé à leur propre ballet céleste.
Las d’une nuit sans sommeil, l’ambassadrice s’est déplacée jusqu’à l’âtre mourant. Les quelques rougeoiements des braises parviennent à la réchauffer, le temps de son absence. Lucio était parti lui faire une « surprise », les dernières qui lui avait faîtes c’était mal fini, très mal fini. Jeanne aurait dû le virer sitôt que l’aurore s’était mis à poindre le bout de son nez, à l’attendre sur ce sofa, elle en était convaincue. La duchesse n’était plus la femme sans responsabilités qu’il connut, ni la demoiselle impétueuse, exclusivement tourné sur le présent. Elle était habitée par autre chose, par son ambition dévorante, par ses convictions. La question restait en suspens, peut-être qu’elle n’avait pas de réponses. En tout cas, le corse devait l’avoir senti. C’est comme si l’accablement s’était emparé de la jeune femme, se transposant jusque dans la tenue de cet hôtel moyenâgeux, trop vide, trop froid. Faute de mieux, ses yeux restent de longues minutes sur les ombres que le bois calciné et les braises forment sur les briques noircies par le temps
Délaissant le spectacle des vagues, elle en revint à lui qui se déshabille avec un air fin sur le visage. Allait-il sauté ? Sans doute, cela ne l’étonnerait pas. Il y avait une force qui l’attirait dans ce truand au regard douloureux. Tandis qu’il se défait de ses affaires, la sorcière par intuition dépose son sac-à-main ainsi que sa baguette contre un rocher, gardant sa fine tunique fleurie sur les épaules.
Lui, il se rapproche de nouveau, dangereusement du bord si bien qu’elle peut entendre distinctement la furie des vagues contre la grève rongée par le ressac. Elle le suit méfiante, gardant un pas en arrière avant de se poster à ses côtés. Rien ne lui vient à l’esprit en cet instant, à l’exception des rayons agressifs du soleil sur sa peau blanche.
Il lui demande de faire un vœu, elle ouvre sa bouche incapable de formuler une réponse, alors que sa main se porte par réflexe vers la sienne. Jeanne n’a pas le temps de comprendre, qu’il fait le décompte l’attirant vers lui comme la Mort envelopperait un vieillard.
L’univers bascule et le couple avec lui.
Une seconde, deux, trois et le plafond ou bien le sol bleu qui se rapproche à toute vitesse. Puis l’impact, le choc. Sa peau claque contre la surface dure de l’océan alors que des milliers de petits couteaux se plantent dans sa peau. Elle aimerait crier de surprise, de peur peut-être même de joie mais rien ne sort de ses cordes vocales déjà englouties par l’eau saline. Elle n’arrive pas à respirer, sous l’eau, loin de cette surface qui ressemble à un miroir. Vainement ses bras s’agitent à la recherche d’une bouée mais la seule qui soit, la seule qui existe c’est lui, alors l’aristocrate pousse sur ses jambes jusqu’à revenir au monde.
Tout près d’elle, il semble ricaner de son forfait. Peu importe, Jeanne ne peut pas faire la fiche bouche, ses mains tremblantes viennent s’accrocher à ses épaules alors que ses ongles s'enfoncent dans la peau du jeune homme. Incapable de contenir ses spasmes, ses dents claquant comme deux castagnettes, la sorcière respire goulûment l’air vif de la mer. Tandis qu’elle cherche une grève vers laquelle nager, éphémère naufragée, accrochée à sa planche.
Avec le tison, elle pousse l’une des planches rongées par l’humidité qu’elle avait fait retirer au rez-de-chaussée, juste assez pour que le feu ne meurt pas et que les piqures de la fraîcheur ne reprennent.
Puis simplement vêtues d’un peignoir trop grand pour sa gracile silhouette, vint à la rencontre du jeune homme qui revenait à peine de la boulangerie. L’odeur des viennoiseries couvrant agréablement celui du bois fumé.
- Pas assez, souffla-t-elle dans une réponse qui n’en était pas une alors qu’elle tâchait de lui retirer le manteau dont il ne s’était pas encore défait, à vrai dire la nuit fut très courte. Sans doute la faute à la Lune, elle est une invitée qui ne s’annonce jamais, continua-t-elle de développer pleine de sous-entendu alors qu’elle s’en revenait languir auprès du feu.
Jeanne n’avait jamais été une femme du grand froid, comique lorsqu’on connaissait son passif avec le grand nord.
- Tu sais, lança-t-elle au travers de la pièce trop grande pour deux amants, ses yeux de biches posé sur la lourde tapisserie au mur. Dont les fils racontaient l’épopée d’un chevalier – aux armoiries de son illustre lignée - bravant le repère d’un perfide dragon. Tu peux continuer de m’appeler Jeanne, comme avant. Le titre ne vaut pas grand-chose de nos jours, l’argent en revanche, conclut-elle sans finir sa phrase, l’air noyé par ses méditations.
Et comment ne pas saisir toute l’amertume de ce constat lorsqu’on arpentait cette massive bâtisse. Dont les poutres rongées par l’humidité supportaient à grand peine le poids des siècles déclinants.
Espoirs déçus, révolte dans le coeur
Les hommes se trompent quand ils se croient libres ; cette opinion consiste en cela seul qu'ils sont conscients de leurs actions et ignorants des causes par lesquelles ils sont déterminés. + aeairiel.
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(#) Re: Hivers de Soleil et d'Azur || Jeanne&Lucio
missive rédigée par Lucio Savelli leLes ongles de la jeune femme s’enfoncent dans sa nuque, et soudain, tout paraît plus lourd.
Une panique le gagne, commandée par son corps plus que par son esprit. S’il sait qu’il n’est pas en danger, qu’il vient de sauter dans une eau familière, tous ses sens sont en alerte. Il est tombé trop longtemps et son cœur, un instant, s’est arrêté de battre. En apnée, alors, il a pénétré l’eau avec une force telle que ses jambes se sont repliées, jusqu’à ce que ses genoux tapent son torse, dans un nuage de bulles salées. Et puis, il a eu la sensation que l’adrénaline le noyait, et que son cœur soudain rebattait, lourd et fort dans sa poitrine. L’espace d’un instant, ses sens n’ont pas enregistré la froideur de l’environnement qu’il venait de pénétrer. D’abord, en effet, il fallait survivre. La chute l’avait amené plusieurs mètres sous l’eau ; il en avait perdu la main de Jeanne, qu’il aurait voulu garder serrée jusqu’au bout. Dans des larges mouvements de brasse, alors, ses pieds battant à toute allure, il remonte jusqu’à la surface, écarquillant ses yeux pour être bien certain de suivre le soleil. Quelques éternelles secondes plus tard, enfin, il respire.
C’est là que le froid le prend ; l’emporte, même. C’est comme s’il oubliait, tous les ans, la sensation terrible de l’eau glacée sur un corps chaud. Elle vient lui mordre la peau, le grignoter avec ses milliers de petites dents jusqu’à le dévorer tout entier. Il ne veut qu’une chose : sortir de là, gagner la rive par la petite crique qui se trouve derrière la falaise par laquelle il a sauté, et remonter s’allonger sur la pierre réchauffée par le Soleil. Mais à côté de lui, Jeanne émerge. Les yeux écarquillés, elle s’accroche, elle s’agrippe à son cou, et un instant, la peur l’étouffe. Rien de rationnel, car son esprit sait : ils sont en sécurité. L’eau n’est pas si froide, et en quelques brasses, si le courant n’est pas trop fort, ils auront pied, et trouveront la grève. Mais l’instinct est plus fort que la rationalité, alors son cœur bat, toujours plus vite, toujours plus fort, comme s’il crevait d’inquiétude, tandis que tout son corps s’agite pour tenter de rester à flot malgré le poids de la jeune femme associé au sien.
Et puis, enfin, malgré les griffes de Jeanne dans sa nuque et les morsures de l’eau qui lui font perdre toute sensation dans les extrémités de son corps, quelque chose vient le soulager. Là où leurs corps se rencontrent, là où ils se touchent, là où Jeanne s’agrippe, l’enlaçant presque, une chaleur monte. Et alors, comble du paradoxe, il ne faut plus trop bouger pour ne pas laisser l’eau se faufiler entre leurs corps et les refroidir. Battant des jambes pour garder la tête hors de l’eau, Lucio s’applique alors à venir serrer la sorcière contre lui plus fort encore qu’elle ne l’est déjà. « Laisse-toi faire » lui souffle-t-il à l’oreille, amusé par le tintement terrible de ses dents grelottantes. Elle a été courageuse.
La vision est d’un autre temps ; d’une autre époque, il lui paraît même. Elle l’embaume, comme un encens dans une église.
Jeanne se tient près de la cheminée, frêle. On l’aurait décrite comme angélique si elle ne portait pas cette robe de chambre qui offre à son allure une noblesse bien digne de son rang. L’âtre de cet édifice médiéval est immense, le feu qui y crépite laisse émaner une chaleur enveloppante qui enivre déjà notre Lucio. Les tapisseries, les murs en pierre, les parquets … Il n’avait pas remarqué, la veille, l’âme de cet endroit. À tout moment, il s’attend à voir passer un fantôme, qui hanterait ce lieu depuis des générations et dont Jeanne est désormais la grande Dame.
Et puis, Jeanne adopte un air quasi mélancolique, qui s’associe parfaitement à cet hôtel particulier. Elle s’approche de lui, langoureuse, et lui retire son manteau, épouse appliquée qu’elle ne serait jamais – pas la sienne, en tous cas – avant de lui souffler des gâteries à l’oreille. Le corse sourit, songeant que s’il était sa Lune, elle était sa comète. Un astre brillant, merveilleux, éphémère, auquel on adresse toute sortes de prières. Ses yeux se ferment, alors qu'il écoute ces caresses.
Et déjà, elle s’éloigne, et une moue apparait sur son visage. Elle voudrait qu’il ne l’appelle pas Duchesse ; doit-il seulement lui obéir ? Lucio ne la laisse pas aller trop loin, toutefois, et la suit, déposant le sachet de viennoiseries sur une table basse qui semble avoir vécu plus longtemps que Nicolas Flamel. Elle va lui échapper, il le sent, il le sait, mais il veut profiter des quelques heures qu’il leur reste encore, pour aujourd’hui. Il glisse un bras autour de sa taille et répond, aguicheur : « mais ce n’est pas tous les jours que je partage des viennoiseries avec une Duchesse … J’aime autant en profiter ». Il glisse le visage dans son cou, qu’il embrasse doucement, avant de s’écarter. Il fait un pas en arrière, puis deux, jusqu’à la lâcher complètement, et plonger sa main dans le sachet. Il déchire un morceau de brioche qu’il glisse sous sa langue comme la plus douce des médecines. « Ma famille déborde d’or, mais elle n’a pas de titre », ajoute-t-il distraitement, léchant ses doigts sucrés. Il ouvre d’un bouton sa chemise, sous l’épais chandail de laine qu’il s’est acheté, à son arrivée à Paris. Bientôt, la cheminée et l’allure de la duchesse auront terminé de le réchauffer. « Mais je ferai comme tu le souhaites. Je t’appellerai Jeanne, je t'appellerai ma comète ou madame la Présidente. Tout ce que ma Duchesse voudra. »
Lucio l’a fait glisser sur son dos, lui permettant de s’accrocher à son cou et de rester contre lui. En quelques brasses, ils ont rejoint la rive sur laquelle ils arrivent, épuisés par l’effort, mais vivants. Plus vivants que quelques minutes auparavant, à l’avis du Corse, en tous cas. S’allongeant un instant sur les galets, les yeux fermés et les membres en étoile de mer, il expire un long souffle de soulagement. Quand il rouvre les yeux et se redresse, un immense sourire étire son visage. Il est heureux, sans aucun doute.
Il espère que Jeanne aussi, il la cherche du regard, alors, et demande : « Tu ne me détestes pas ? »
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Nature du sang : Sang-Pur, funeste héritière d'une lignée millénaire
Etat Civil : Célibataire
Occupation : Déléguée Française à la Confédération internationale des sorciers
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(#) Re: Hivers de Soleil et d'Azur || Jeanne&Lucio
missive rédigée par Jeanne de Beaufort leThème | Merci pour la douleur, de rien pour la douceur.
Lumière dans l’obscurité, chaleur dans l’eau glacée. La sorcière s’agrippe à sa bouée, pire, elle enfonce ses griffes dans sa chair comme si à tout moment, le courant pourrait l’envoyer au seuil de la mort. Plus aucune pensée ne lui traverse l’esprit, si ce n’est le besoin urgent, pressant, vitale de rejoindre la grève. Comme si Jeanne allait finir pétrifiée, condamné à être une épave, une grossière statue squelettique recouverte par les coraux et les algues. Mais la côte d’Azur avait-elle des coraux ? Elle n’en savait rien, tout ce qu’elle voulait c’était retourner à l’air libre, loin de cette mélasse liquide.
Jeanne sent cette source ténue de chaleur la basculer sur son dos, de vieux réflexes équestres la prenne alors que son cerveau – encore sous le choc – tente de démêler la situation. Alors ses pieds viennent taper contre les côtes de son destrier improvisé. Quelques coups de brasses voir des milliers, elle ne sait plus, les rapprochent enfin de ce qui ressemble à un récif.
Elle n’avait pas fait grand-chose pour les rapprocher, ses muscles trop endoloris par le choc, sa peau devenue rouge, à vif. Et sitôt qu’ils touchèrent le rivage, revenant sur l’immuable sol du monde, Jeanne se détache de lui. Ingrate, égoïste, contrariante, c’est comme si tous les défauts de cette loque mouillée ressortaient.
Rampant presque contre les galets qui glissaient sur sa peau irritée, elle alla se caler contre un rocher, assez loin du Corse qu’elle ne pouvait regarder. Ses cheveux étaient plaqués sur son visage et que sa tunique venait d’être ruiné par l’eau saline, l’on aurait dit l’une de ces sirènes monstrueuses qu’Ulysse affronta.
L’ensorceleuse, diva à ses heures perdues, détache son regard de la tapisserie porteuse d’épique histoires et de sombres secrets alors que l’homme se rapproche d’elle. Étrange ballet céleste dont elle connaît tous les rouages, la duchesse sait déjà qu’il allait l’attirer à lui avant que ses mains puissantes ne s’enroulent comme une corde autour de sa taille. Mais dans ce manège, qui attirait l’autre ? Était-ce la Lune qui se désaxait de sa majestueuse course, pour voir au plus près l’ardente comète ou bien cette dernière qui frôlait le satellite quitte à perdre un peu de sa glace et superbe ? Jeanne ne peut se résoudre à la seconde réponse car cela signifierait qu’elle était l’éphémère, qu’il ne tenait qu’à elle de rompre le lien et pas l’inverse. Mais n’était-ce pas ce qui se profilait sous les regards mélancoliques et les habitudes ?
- Mais l’argent achète le monde, si ta lignée y tenait tant, elle serait titrée le lendemain. Les chevaliers désargentés court les rues, peut-être même que tu es en train d’en embrasser une, dit-elle finaude, tandis que ses douces lèvres parsemaient son cou gracile de caresses.
Il se détache dans un instant de réflexion et elle le laisse faire, lâcher prise, voilà les premiers symptômes de la fin. Dès lors que la jalousie, le besoin de contrôle s’estompait, il en fallait peu pour distendre puis rompre des liens.
L’aristocrate jette un coup d’œil loin d’être discret à l’échancrure plus leste de sa chemise tandis qu’elle s’éloigne de nouveau de lui, allant récupérer sa baguette d’Aubépine, soufflant quelques mots dans le vide. Sitôt les quelques syllabes susurrées, un serviteur zélé apparut aux pieds de la duchesse, vêtu simplement, pas l’air affamé ni maltraité, l’elfe de maison conservait tout de même un regard soumis, entièrement tourné vers sa maîtresse. Maîtresse qui n’avait jamais remis en cause l’asservissement de ces pauvres créatures, avantage de sa condition, une hypocrisie parmi une montagne d’autres.
- Que dirais-tu d’un vin d’Italie ? qu’elle demande sans prendre la peine de regarder Lucio, la question étant purement rhétorique. Oui, un prosecco c’est parfait pour le réveil, poursuivit-elle se convainquant toute seule. Elle fait alors un signe de la main à l’elfe de maison qui disparaît dans une pirouette affable. Madame la Présidente ? commenta Jeanne enfin, après s’être enquit du vin, allons mon cher, je ne suis pas si ambitieuse… Mais toi ? elle marque une pause revenant d’un pas de félin vers lui, alors qu’elle enlève l’air innocente ses gants, qu’est-ce qui anime ton retour dans la ville lumière ? susurra-t-elle cachant facilement sa curiosité insatiable et un pressentiment, premier signe de la paranoïa.
Un fantôme du passé, un mafieux de sa jeunesse, cela ne pouvait pas qu’être un retour innocent. Elle en était convaincue et si sa réponse ne la satisfait pas, Jeanne le ferait parler.
Autrement.
Elle entend la voix du malfaiteur s’élever entre les remous des vagues, l’aristocrate hésite à lui répondre, lançant des éclairs qu’il ne pouvait voir avec ses yeux bruns.
- Non, dit-elle d’abord avec faiblesse, grelottant toute seule contre le rocher impassible, indifférent à sa douleur. Puis serrant les dents, elle commence à pester se levant pour aller, elle ne savait où. Peut-être bien que si, enfaîte, putain, le mot sonne étrangement entre les lèvres de la distingué Beaufort, qu’est-ce qui t’as pris ? Relégué à sa basse condition, forcée de contempler la fragilité de son corps, l’aristocrate en perdait ses manières.
Pourtant, même si la colère coulait dans ses veines, Jeanne n’arrivait à se réchauffer. Grognant toujours comme un ours malfamé, elle s’approcha du brigand, sautillant entre les galets qui lui martyrisait les pieds.
Les sourcils froncés, la bouche serrée sous une haine tenace, elle se couche néanmoins contre lui, plus assez courageuse pour affronter la brise qui se levait.
- Vous et vos combines, vous savez que faire… Mais elle n’arrive pas à finir sa phrase, tellement sa mâchoire claque. Plus faible que jamais, la pauvre sorcière sent déjà une fièvre lui monter à la tête. Maudit corse !
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(#) Re: Hivers de Soleil et d'Azur || Jeanne&Lucio
missive rédigée par Lucio Savelli lePerchée sur un roc salé et râpant, Jeanne évite son regard. Lucio, après avoir laissé le soleil d’hiver le réchauffer un peu, finit par admettre que l’astre ne sera pas suffisamment puissant pour qu’il puisse permettre l’évaporation de toutes ces perles salées qui parcourent sa peau. C’est un de ses plaisirs d’été : il saute à l’eau, et puis s’allonge sur un rocher et y lézarde une heure. Au bout d’une dizaine de minutes, alors, sa peau est sèche, et ainsi recouverte d’une fine couverture de sel qui s’est décantée là et qui finira par aspirer le moindre suc qui se risquerait à émaner de son corps. Il cuit, alors, sa peau brunit et devient croustillante. Il lui faut alors se baigner à nouveau, et le cycle recommence, du lever du soleil à la tombée de la nuit, jusqu’à ce que le moindre millimètre de sa peau soit recouvert de sel et de soleil. Là, ce premier janvier est bien plus cruel sur son allure. Ses cheveux dégoulinent le long de son dos et se plaquent sur son crâne, lui donnant un air immature et presque laid. Bientôt, quand l’adrénaline sera tout à fait retombée, le corse aura froid, et commencera à claquer des dents : c’est qu’il n’est pas bien gras, voyez-vous. Il n’a que la peau sur les os, ni muscle ni chair ne peuvent le réchauffer. Il lui faut ses laines et ses fourrures, l’hiver venu. Il se retourne alors, cherche la Beaufort du regard, et lui demande si elle le déteste. Elle lui répond que non, et puis admet que si. C’est qu’elle est gelée, se rassure-t-il alors qu’elle laisse lui échapper un juron à son encontre. Il grimace, sincèrement désolé. Il peut voir sa peau se hérisser, même à quelques mètres d’elle. Elle n’a sans doute jamais fait ça, se jeter à la mer : elle a dû avoir peur, en plus d’avoir froid. Il s’en voudrait presque, s’il n’était pas attendri par son allure, et exalté par son geste. Lucio n’est pas de ceux qui regrettent, de toute façon.
Jeanne, prise au piège de ses baisers, susurre des mots qu’il ne veut pas croire. Depuis sa tour d’argent, ou plutôt, depuis son appartement parisien, elle suggère que sa famille, noble, titrée, italo-française, puisse-t-être désargentée, comme un miroir brisé face à la sienne, corse, gueuse, indépendante et richissime. Il lève les yeux au ciel : est-on rassasié un jour de la quantité d’or qui remplit nos coffres ? Et si cet or n’est pas associé au pouvoir, vaut-il quelque chose ? « Désargentée, bien sûr » souffle-t-il, cynique. Comme pour lui répondre, Jeanne fait mander son Elfe de Maison. Ces créatures ne sont pas fréquentes, sur l’Île de Beauté, mais il a connu parmi les pires trafiquants de cette espèce dans le port de Marseille. A côté, celui de Jeanne semble bien traité, malgré ses haillons. La jeune femme lui demande du prosecco. Lucio acquiesce d’un geste nonchalant de la tête : comment refuser pareille proposition, malgré l’heure ? Lucio déchire un nouveau morceau de brioche, qu’il tend à la jeune femme. Si elle accepte, il s’imagine déjà, lubrique, la lui glisser sous la langue. Si elle refuse, il prendra le morceau pour lui, et s’en lèchera les doigts. Il fera tout comme elle veut, tant qu’il le peut. C’est ce qu’il lui dit, il l’appellera comme elle voudra, et Jeanne s’en étonne. Elle jure, même, qu’elle n’ambitionne pas à la présidence. Ce n’est pas ce qu’il suggère, Lucio ne l’imagine pas plus véritablement comète que ministre, mais il ne s’agit justement pas là de chercher à copier la réalité : elle est bien trop ennuyeuse. Il s’agit de symboliser, d’essentialiser, et sans doute la jeune femme a-t-elle l’ambition d’une présidente, l’inflammabilité d’une comète, et l’originalité d’une Jeanne, d’Arc ou d’ailleurs. Ce qu’elle est vraiment, toutefois, c’est Duchesse. Il ne se privera pas de l’appeler ainsi, surtout si ça l’embête un peu. Quand elle est embêtée, elle fait une moue à laquelle il est difficile de résister.
Sautant de galet en caillou, Jeanne finit par se rapprocher de lui. Sans doute doit-elle admettre que si loin de lui, elle ne risque pas de réussir à se réchauffer. Ça arrange notre corse, parce que lui non plus. Elle s’allonge près de lui, grelotte et murmure quelques mots dont il peine à comprendre le sens. Lucio sourit, attendri par la vision, et l’attire contre lui, la redresse pour la glisser entre ses jambes, et la serrer contre son torse. Elle porte une petite blouse détrempée, lui est torse nu, mais le corps de la jeune femme fera office de couverture. Ils restent quelques minutes comme ça, en silence, il la tient contre lui suffisamment fort pour contenir ses tremblements, et pour que leurs peaux se réchauffent en se frictionnant l’une contre l’autres dans leurs tremblements respectifs. Lucio regarde l’horizon, le soleil est au plus haut qu’il pourra l’être aujourd’hui, dans le ciel. Ça l’éblouit. Il murmure à son oreille : « Mon vœu, c’était que ça ne soit pas la dernière fois qu’on saute ici ensemble … » il n’a pas pu résister. Il sait qu’il ne faut pas le dire, qu’autrement, le souhait ne fonctionne pas … Mais de toute façon, tout ça, ce ne sont que des superstitions, n’est-ce pas ?
Lucio accepte le verre de Prosecco que lui tend l’Elfe, et il le sirote du bout des lèvres. La jeune femme lui a demandé pourquoi il a quitté son sud pour gagner la ville Lumière. Il cherche comment formuler la réponse, pour éconduire certaines choses tout en lui disant la vérité. Une danse à laquelle il est habitué, vu les cercles qu’il fréquente. A son avis, le mensonge est toujours trop grossier, et la vérité, en revanche, n’est pas toujours bonne à entendre … « Marseille était devenue trop petite », surtout pour se cacher d’un paternel obsédé par l’obéissance absolue de ses enfants. « Tu me connais, j’aime ce qui brille, j’aime ce qui m’échappe, ce qui m’est inconnu, j’aime faire de l’inaccessible un univers familier … » là dessus, tout était strictement vrai, et la jeune femme devait le savoir. « Les Savelli n'ont pas d'avant poste à Paris ... alors, le père a accepté que je m'expatrie » non sans une amère négociation, bien sûr, mais il ne l'avait pas fait sans son accord, ni sans s'alourdir d'un garde du corps, ou d'une fouine, plutôt, pour surveiller ses moindres mouvements. C'était le prix à payer, et Lucio l'acceptait bien. Galahad était bonne pâte, et Lucio avait d'autres compagnies, à Paris, qui lui permettait de ne pas trouver celle-là trop désagréable. « Ne me dis pas que tu regrettes de me voir si proche de toi ? » C'est que le Corse et la Duchesse étaient habitués à s'aimer de loin, et pour peu de temps ... Quel effet aurait cette soudaine proximité sur leur relation ? Seul l'avenir le leur dirait, sans doute ... Ou les songes que pourraient faire notre rêveur, s'il y prêtait attention ...
in the night i dream of you
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