The Still, Cold World

Les semaines s'étaient écoulées à pas de loup, puis les mois depuis que la plus solide des louves de la meute d'Apcher n'était pas revenue sur ses terres. Détachée au service des Lestrange depuis de nombreuses années, le désir et le besoin de conserver des alliés entre de bonnes mains accordait un passe droit à la bêta de la meute qui n'était forcée de revenir auprès des siens chaque mois, elle le faisait lorsque son emploi du temps lui permettait. Et depuis les soucis de santé d'Auguste l'été de cette année, elle n'avait eu le temps de revenir en Auvergne. Mais cela n'embêtait pas Arsène, il n'avait de toute façon aucune envie de contrarier Léonore. Elle vouait à la meute une dévotion et une loyauté sans faille, il le savait parfaitement et ne souhaitait pas mettre la louve en colère. Si elle le décidait, il savait pertinemment qu'elle pourrait prendre sa place grâce à sa férocité. Il lui faisait confiance pour ne pas mettre la meute dans l'embarras et pour faire attention à se tenir loin des Lestrange lors de ses transformations mensuelles.

Depuis plusieurs mois maintenant cependant, une chose avait changé. Sa relation avec Auguste était sous un jour nouveau et leurs contacts se faisaient plus intenses. Marqué par l'alpha, les membres de la meute d'Apcher étaient devenus inoffensifs pour lui. Appuyé à la fenêtre de son bureau, Arsène se perdait dans ses pensées en regardant la voiture de Léonore arriver au domaine. Avait-elle remarqué la différence ? Il n'avait reçu aucune missive de la part de la louve à ce sujet. Curieux de savoir si les légendes à ce sujet étaient réellement exactes, il comptait bien questionner la jeune femme à ce sujet.

En attendant, il la regarda arriver. Depuis le départ de Roksana, il avait senti un léger changement dans son comportement avec certains membres de la meute. Plus autoritaire qu'à l'accoutumée, Arsène se demandait si la bêta accepterait Alekseï aussi facilement que le Baron l'avait fait. Arsène leva les yeux vers la demi lune qui rayonnait dans le ciel assombri, puis soupira. Quoi qu'il en était, il avait confiance en son jugement et se plierai à son avis ainsi qu'à celui d'Amaury s'ils s'avéraient hostiles au russe.

L'on frappa à la porte, et un éclat de voix du Baron autorisa la jeune femme à entrer. Il lui tournait toujours le dos, perdu à la contemplation de l'astre lunaire, mais se retourna à ses mots.

« Ne t'y fies point, je n'ai rien perdu de ma férocité, Léonore. » s'amusa t-il en s'avançant vers la jeune femme. « As tu fait bon voyage depuis Lautrec ? »

La jeune femme avait beau le servir, le Baron n'en restait pas moins homme galant. Il fit signe à la louve de lui confier son manteau, et de se débarrasser de ce qui l'encombrait.

« Je n'ai pas eu l'occasion de voir Auguste depuis quelques temps, est-il parfaitement remis ? Y a t-il quoi que ce soit qui mérite mon attention vis à vis des Lestrange ? »

Auguste lui manquait. Son amant avait passé une grande partie de sa convalescence ici, au domaine d'Apcher, et une fois remis il avait dû rattraper tout le retard que son état avait fait accumuler. Il était lui même occupé avec leur société de sécurité navale, mais leurs sulfureux moments revenaient à son esprit chaque soir, avant de dormir. Par la lune, il espérait que le Lestrange pourrait se libérer bientôt.

« Pardonne mon impatience alors que tu viens d'arriver. As-tu envie de boire quelque chose ? As-tu faim peut être ? »