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An zéro ft Piotr M.

Constantin ChaumetLACHESIS | SECRET IS THE ONLY WAY.
Constantin Chaumet
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(#) An zéro ft Piotr M.

missive rédigée par Constantin Chaumet le
  • An Zéro Août 2026 - @Piotr Medvedev - TW attentats, révolution, sang



    Il saigne de partout. Sur la ruelle marchande, sur les artefacts dorénavant épars, sur les gens qui se promenaient encore en braillant, il y a quelques minutes, à l’abri d’une chaleur mortifère.

    A vrai dire, et pour être honnête, on lui saigne dessus aussi.

    Du noir et du carmin sur du gris et de la fumée plein les poumons. Pourtant, ce ne sont pas ses couleurs. Samarcande est d’azur et d’or. Le cobalt des dômes éclate les pupilles et le sable solaire recouvre les imaginations. L’heure n’est plus aux couleurs d’apparat maintenant. Constantin se hisse avec peine sur ses paumes, secoue son visage sans comprendre, la quinte de toux lui faisant recracher une bile suffocante en forme de nuage de poussière. C’était censé être une sortie si banale, si terriblement bénigne, il n’était là que pour flâner et se perdre dans une ville de rêve, un oasis de torpeur et de volupté. Rien de plus. Rien d’autre. Efficace. Limpide. De quoi anesthésier son deuil sous les sons et les parfums disparates du bazar ouzbek. Il faisait quoi déjà quand la terre s’est soulevée ? Il discutait croit-il, marchandait tant bien que mal un service à thé en argent enchanté et puis un autre est venu et…

    Le sifflement post-bombe lui vrille les tympans avant que le bruit ne resurgisse plus fort encore lorsqu’il cligne des yeux. Il a cette colère douloureuse coincée dans l’œsophage, mêlée à une panique sous contrôle. L’envie de hurler lui gratte âprement la langue, celle de finir à mains nues le spectacle apocalyptique se dévoilant sous ses yeux lui tambourine dans un premier temps les sens. L’odeur lui file la nausée mais il sait garder son sang-froid et la respiration saccadée s’assouplit tandis que la raison lui revient péniblement : que s’est-il passé ? Oh et puis peu importe. Debout, debout… Le cou l’élance maintenant et il croise le regard d’une femme tenant un bout de tissu déchirée d’une main craintive secouée de sanglots aigus.
    Le sel se mêle déjà au sang avant que son visage fixe sur Kostia ne se voit déformé par ce qui ressemble à une douleur intense. Le cri devint muet, une bouche vorace grande ouverte, la glotte vibrante sous l’indicible. « приходить … » Viens. La voix est rassurante malgré la scène, malgré le fait qu’elle recouvre à peine les cris épars et tonitruant qui les entoure. Le français cille sans comprendre, sentant à peine la poigne qui se referme sur son épaule. Devant lui, les pupilles de la dame roulent dans leurs orbites, le sang gicle en bouillon de la poitrine ouverte d’un marchand à qui il a acheté un sac de poudre d’ishkor tout à l'heure. Il recule dans un geste d’effroi, les débris éparpillés au sol éraflant un peu plus son corps endommagé.

    Une attaque magique ? Au gaz ? Il sait la région agitée que ce soit niveau sorcier ou même moldu alors Constantin recouvre sa bouche, la tête passablement fragile sous l’impact. Il a perdu quelques secondes précieuses sous le choc, le temps de rouvrir les yeux sur le chaos. L’humidité sombre sous ses doigts lui dégouline des tempes à moins que ce ne soit le type qui est en train de l’aider tant bien que mal à se relever. Ce n’est pas du gaz et l’atmosphère est saturée de magie. Il inspire à nouveau en petites saccades prudentes. Il a grandi dans les Ardennes, le sol en gruyère sur des tranchées creusées par la folie des moldus, les racines d’un corps pétri de violence en patrie de fortune sous ses pas – il n’a pas fait la guerre mais il sait quand il y a du gaz.
    La réalité lui plombe l’estomac à la manière d’une brume, si étrange, qu’il la repousse avec peine. La poigne se serre un peu plus sur son épaule et le tire en hauteur une bonne fois pour toute. « J’arrive… j’a… » Son russe est haché, aussi escarpé que les frontières de l’Ouzbekistan - non – de l’URSS maintenant. Le monstre rouge gobe et avale les nations sur son passage avec des promesses de rêves fraternels sur ses canines.

    Crick, crock, crack.

    (La sirène des catastrophes se met à zébrer les lieux en un nouveau son strident.)

    Constantin grogne et titube, la douleur vive maintenant, la chemise en lambeaux. Il échange un long regard avec celui qui l’a aidé à s’extirper de la poussière et du sang. Il ne peut pas finir à l’hôpital, ses papiers sont en règles mais il devine tout ce que l’administration nouvelle peut avoir d’éreintante quand elle veut s’en donner les moyens or une bombe vient d’exploser pendant qu’un étranger était présent. Il ne vaut mieux pas tenter le diable.

    L’autre semble penser de même. Il le fixe dans une grisaille couleur fin du monde, la joue éraillée. Un souffle rauque meurt sur la langue de l’inconnu, les paroles russes indistinctes sous l’éclat crépitant de lumières nébuleuses. L’homme bardé de mystères lui fait signe puis l’entraine, pas rapide, chassé-croisé vertigineux dans les ruelles qu’il doit connaitre par cœur. Vers où, vers quoi, Constantin n’en a aucune idée. Son genou le fait gémir sous le déséquilibre et son œil parvient à peine à voir la longue traînée de fumée noire qui s’élève dorénavant au-dessus du marché. Ses cils collent sous le pourpre vaseux encore frais. Il peut voir les pieds et la couronne solaire de celui qui titube aussi devant lui.
    Suffisamment loin, ils s’adossent aux murs lapis-lazuli, les goulées d’air en feu le long des gorges. Un regard qui s’échange à nouveau et les souvenirs des quelques minutes préludant l’horreur reviennent à Constantin. « Je… je savais que c’était… un mauvais deal. » C’est si con comme phrase, surtout maintenant, surtout après ce qu’il vient de se passer mais il ne peut pas s’en empêcher.

    Un rappel dérisoire face à une normalité implosée.

    Puis, nerveusement, Constantin se met à rire.



    LA NUIT DU CHASSEUR

    ANAPHORE
    Piotr MedvedevATROPOS | THEN, LET IT BURN.
    Piotr Medvedev
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    (#) Re: An zéro ft Piotr M.

    missive rédigée par Piotr Medvedev le
  • An Zéro Août 2026 - @Constantin Chaumet - TW attentats, révolution, sang



    Samarcande, Ouzbékistan, 31 août 1926.

    Trois semaines maintenant que Piotr arpente seul les montagnes rocheuses qui encadrent la ville. Des pics bruns qui ondulent à l'horizon des grands monuments de la ville, vides de végétation et d'organismes d'ordinaires plus propices à s'épanouir en vallée. Vides à l'exception des poches de résistance des Basmatchis, peu nombreux mais connaisseurs du terrain et des locaux, réfractaires à l'influence Rouge cascadant sur leur pays et transformant des siècles de traditions et de culture sur son passage. L'URSS est un torrent. Un torrent avec lequel le Joker n'est pas certain de vouloir voguer, qu'il est pourtant contraint de servir.

    Ce n'est pas le moment pour flancher. Ce n'est pas le moment pour discuter. Le loup a des torts à compenser, des erreurs à faire pardonner, des plans à exécuter pour lesquels il doit à tout prix regagner la confiance du Parti. C'est pour cette raison qu'on l'a envoyé ici, à exécuter en solitaire une mission que des garnisons entières ne sont pas parvenues à mener à terme. Les Basmatchis sont en infériorité numériques mais ce n'est pas la première fois qu'ils parviennent à détruire les convois soviétiques qui tentent d'alimenter Samarcande en produits industriels, en matériaux et en produits de propagande. Les écoles doivent s'alimenter en livres, en cahiers, en stylos, en affiches venues tout droit de la politique du Régime. Et si la population est réfractaire pour le moment, qu'à cela ne tienne, on financera deux fois plus d'importations. Le poing de Staline aura tôt fait de se resserrer sur l'Ouzbékistan comme sur le reste de l'URSS.

    Piotr déteste Staline.
    Piotr vient de se salir les mains pour Staline.
    La contradiction lui fait serrer les dents mais il tâche de ne pas y penser. Un meurtre est un meurtre, un combattant un combattant. Les résistants savaient à quoi s'attendre en luttant contre les rouges, et il n'est que la lame affutée de cette épée de Damoclès. Une lame précise, efficace, impitoyable. En trois semaines il a tué quinze personnes, par des assassinats stratégiques plus que par des massacres aveugles. Inutile de buter le pauvre fantassin, le loup préfère croquer celui qui pense pour lui.

    C'est ce qui l'a amené à Samarcande, finalement. Les rues d'ocre et de bleu, les vestiges monumentaux du XVIème siècle, les bazars fleurissant sur les places comme des primevères au printemps... Et sa cible. Un Russe parmi les Ouzbeks, Tadjiks, Kirghizes, Turkmènes qui peuplent les rangs des ennemis du Parti, ancien militaire de l'administration tsariste venu prêter main forte à la soi-disant souveraineté du peuple. Ridicule. Comme si un ancien noble voulait libérer quiconque de la basse société. Preuve ultime de sa bassesse : il résiderait dans des appartements au cœur de la ville, loin du tumulte sableux des montagnes.

    Piotr a transmis les informations à ses supérieurs, a réceptionné l'ordre de le tuer, a confirmé. Il a aussi insisté sur la dangerosité du type, passionné d'après les rumeurs par les tactiques de guérilla appliquées à la sorcellerie. N'a reçu aucune réponse. Il se démerdera cette fois-ci comme les autres, semble-t-il.  



    Le bazar qu'il arpente à la recherche d'information est proche de la mosquée Bibi Khanoum, un bâtiment remarquable malgré les dégâts des tremblements de terres, et le soviétique s'autorise un instant le loisir d'admirer le paysage. Les odeurs épicées se glissent dans ses narines, viennent chatouiller ses papilles. Il perçoit presque le goût des monticules ocres qui se bousculent sur les étalages. Il y a des services à thé qui changent de prix à la tête du client, des pots colorés, des plantes magiques aux vertus qu'il n'a pas eu le temps d'étudier. Tout ce qu'il sait de ce lieu, c'est qu'une attaque s'y prépare. Où, pourquoi, quand... Si le Parti avait voulu l'aider, on lui aurait envoyé un traducteur. Piotr ne sait parler ni Ouzbek, ni Persan, et le Russe ne lui est pas d'une grande aide lorsqu'il s'éloigne des bâtiments administratifs de la ville. Est presque un handicap dès qu'un local l'entend s'exprimer ainsi.

    Laissant un soupir lui échapper, le loup glisse une main sur son front détrempé. Son regard glisse sur la foule. Il y a une femme au voile coloré, un vieux mage dont le chapan mauve traîne au sol, un touriste en train de se faire plumer par un marchand, un soldat soviétique... deux soldats... trois soldats...

    Il fronce les sourcils. Se concentre. Au creux de sa poitrine, son pouls s'accélère.

    Son odorat se perd parmi les épices mais il parvient tout de même à déceler, tout au fond de sa perception, caché sans doute dans une boîte scellée, le parfum distinct de la poudre. Merde. Merde, merde, merde. Dans la périphérie de sa vision, les soldats se déplacent en même temps, dans trois directions distinctes. Technique classique pour brouiller les pistes. Il y a une livraison.

    Et s'il y a une livraison, alors le où, le quand, le comment...

    C'est maintenant.

    Piotr n'a pas le temps de faire évacuer les lieux. L'évidence est sous ses yeux pourtant il se doit de tenter, se dirige vers la première échoppe. Un gamin est en train de pourparler pour un service à thé qu'il lui arrache les mains, lance vers le vendeur sans s'attendre à ce qu'il le rattrape. Empoigne le biceps d'une poigne de fer.

    "Lâchez-ça, c'est de l'arnaque de toute façon. Il faut y al-"

    Trop tard.




    Piotr reprend conscience avec un sifflement strident dans les oreilles. Autour de lui tout est silencieux, silencieux ou camouflé par le hurlement de ses tympans. Il peine à respirer. Ca pue le sang, la suie et la poudre. La putain de poudre. Il la sent désormais jusque dans sa gorge, pâteuse sur sa langue, encombrante dans ses narines. Elle est partout. Elle est ensorcelée. Il en est certain.

    « Putain... »

    Le grognement lui arrache la gorge. Il tousse. S'étouffe. Ses pensées sont troubles alors qu'il tente péniblement de se redresser. Les bras tremblent sur les mains écorchées. Ses sens sont trop développés, captent tout, ne trient plus. Une dame crie. Un soldat agonise. Un chariot renversé laisse sa roue tourner dans le vide. Elle grince. Un enfant pleure. Sa mère vient de mourir. Il entend quelqu'un s'étouffer sur son hémoglobine. Tout pue. Les arômes des épices se sont mélangés à l'âcreté du cramé, aux brûlures et aux blessures. Il a envie de gerber.

    Un nouveau grondement lui échappe, guttural. Des douleurs s'éveillent dans son corps qu'il n'a pas le temps de ressentir. A côté de lui, le môme s'agite. Se met à quatre pattes. Ses yeux flous voguent de scène d'horreur en scène d'horreur. Une sueur teintée de rouge cascade sur son front. Il est blessé.

    Pas le temps. Pas le temps., lui souffle son instinct.

    Le soviétique empoigne de nouveau le biceps.

    « приходить … », qu'il sort, parce qu'il croit l'avoir entendu parler Russe et que ce n'est pas l'Ouzbek qui le sauvera.

    Pas de réaction. Le gosse est perdu dans le cauchemar qui s'est abattu sur la ville. Il tremble. Tousse. Les visions ignobles s'accumulent sur sa rétine et il est secoué d'un mouvement de recul. Piotr l'en empêche, resserre sa prise sur le bras, tire. Même blessé, le poids d'un homme n'est pas assez pour l'arrêter. Le gamin se retrouve debout après de brève protestations qu'il n'écoute pas. Il ne relâche pas sa prise, ne desserre pas ses poings. Esquisse un bref signe en guise de communication. Avance. Le traîne.

    Avance. Le traîne.

    Avance. Le traîne.

    Les tumultes de l'explosion s'éloignent derrière les détours sinueux des ruelles étroites. Piotr s'enfonce au hasard, se perd complètement, cherche délibérément à insuffler de l'imprévu dans ses mouvements. S'il est visé, il ne peut se permettre d'être rattrapé. S'il ne l'est pas, aller à l'hôpital le ralentira. D'une main distraite, il palpe son torse. Sa baguette semble intacte. Tant mieux. Le soulagement est de courte durée mais il en profite une poignée de secondes, le temps que ses blessures se manifestent de part et d'autre de son corps et que la douleur sourde ne gronde davantage sous son épiderme. Les mouvements sont de moins en moins aisés, le souffle de plus en plus court. Il titube plus qu'il ne marche, s'extirpe plus qu'il n'avance, mais il continue jusqu'à être presque contraint d'abandonner.

    Son dos se pose contre un mur ocre où trône une mosaïque bleutée. Il ne prend pas la peine de l'admirer. Ses yeux se perdent vers leurs homologues bleutés, lisent la confusion et le choc, ne trahissent rien en retour.

    « Je… je savais que c’était… un mauvais deal. »

    Le rire que lâche le gosse trouve un écho dans sa poitrine. Piotr s'autorise un éclat avant que la souffrance née dans ses côtes ne s'avère trop intense. Son bras aussitôt se courbe contre son flanc, un sifflement peinée glissant entre ses dents. Il ferme les paupières. Les rouvre.

    « Tu discutais avec lui depuis plusieurs minutes, Camarade. », rétorque-t-il.

    Il a oublié de vérifier l'état du marchand. Trop tard. Peu importe.
    Un grognement éraillé lui échappe alors qu'il se redresse. L'action est pénible. Laborieuse. Il le fait. Saisit le menton du gosse pour mieux baisser son visage, admirer la plaie qui cisaille le côté de son crâne et fait pleuvoir du sang dans son œil. L'autre main palpe les cheveux d'un geste méthodique et froid, fouille les mèches brunes en quête d'autres blessures.

    « Tu as mal où ? A part le front ? Côtes, bide, dos ? Les jambes et les bras, on s'en fout pour le moment. Sauf si c'est le haut de la cuisse, mais on le saurait déjà parce que tu serais mort. »

    Ses pensées sont troubles et nettes à la fois. Il peine à se filtrer mais songe avec une clarté étonnante. Adrénaline, souffle l'habitude. Le soldat en lui s'est éveillé et ce sont ses réflexes qui parlent.

    « Nom, prénom, ville de naissance et date de naissance, Camarade. Je dois vérifier que tu ne t'es pas fracassé le crâne, sinon ma baguette ne sera pas suffisante pour t'aider. »





    La poésie ne connaît pas les chiens.