[fb] rencontres diverses (zinaïda)

1923 Anne-Marie était une femme envers qui Rachel avait énormément de respect. Il fallait dire que la duchesse avait cette présence qui ne laissait pas indifférente. Mais ce qu’appréciait particulièrement Rachel à chaque fois qu'elle la rencontrait était bel et bien le fait qu'elles avaient un passé pour le moins commun et pourtant à des années lumières de l’une et de l’autre. L’absence de sang sorcier et le fait qu’elles étaient nées-moldues était un facteur de rapprochement que Rachel ne négligeait pas. Qu’il était rare de rencontrer femme aussi puissante et pourtant aussi isolée d’une certaine façon. L’amour pouvait faire quelques miracles et Rachel en avait plus que jamais conscience alors qu’elle disait au revoir à cette dame pour qui elle éprouvait beaucoup d’affection. Un pincement au cœur néanmoins la saisit alors qu’elle refermait la porte et s’aventurait vers la sortie de la demeure des D’Adhémar.
Mal à l’aise dans cet environnement beaucoup trop noble, la femme n’en avait pas moins pris quelques repères depuis qu’elle avait l’habitude de rendre visite à cette famille pour qui elle s’était prise d’affection. Pourtant, tout dans la richesse jusqu’au raffinement qu’elle ne possédait pas, la ramenait à sa propre existence, son côté roturier. L’amère réalisation alors que ses pas descendaient les escaliers qu’elle n’aurait jamais tout cela avec Aureus qui semblait si fuyant. La douloureuse réalisation que peu importe où ils allaient, elle, elle ne serait jamais des leurs même en essayant de toutes ses forces. Anne-Marie avait beau être un exemple, elle n’en restait pas moins une exception qui confirmait la règle. Il suffisait de voir simplement le fait qu’elle avait décidé d’abandonner toute prétention sociale dans la nouvelle caste à laquelle elle semblait avoir accès. Même si l’histoire d’Anne-Marie était précurseur d’espoirs, Rachel savait elle, non sans pessimisme que le chemin était encore long, semé d’embûche et qu’elle n’était pas prête de voir de son vivant des améliorations à ce sujet.
Ses pensées quelques peu sombres la firent pratiquement ignorer la présence qu’elle croisait alors. Ce ne fut que lorsqu’elle vit cette chevelure blonde que Rachel se ressaisit. Son regard clair tomba alors sur le faciès gracile, doux et définitivement princier de Zinaïda Romanova… D’Adhémar maintenant puisqu’elle était devenue l’épouse d’Elric. Si Rachel avait été présente au mariage, elle n’avait fait que saluer poliment et froidement la mariée et un peu plus chaleureusement le marié. Consciente que le couple avait bien des choses à faire et de gens avec qui discuter ce jour-là, elle avait simplement observé de loin ce faste et les personnes présentes. Si les jugements qu’elle en avait tiré n’étaient pas très positifs et que comme toujours dans ce genre d’évènement, elle n’avait pas réellement fait trop d’efforts, trop mal à l’aise, trop solitaire, elle n’avait rien fait d’autre part la suite pour réellement discuter avec Zinaïda. Sans doute parce que tout chez elle criait le milieu privilégier dans lequel elle était née. Révolution qui lui avait fait tout perdre ou pas, il semblerait que les Romanov n’étaient pas si à la rue que cela vu le mariage que Zinaïda venait de contracter.
Les riches restent en riches même s’ils sont désargentés, se dit-elle, non sans amertume. Encore un exemple qu’Anne-Marie était bien l’exception qui confirmait la règle.
Néanmoins, Rachel n’avait rien contre Zinaïda même si elle ne cherchait nullement à devenir amie avec elle. Trop enfoncée dans ses préjugés, Rachel n’avait envie de faire aucun effort a priori. Sauf peut-être montrer un peu de politesse face à la nouvelle mariée.
« Madame D’Adhémar. » la salua-t-elle d’un signe de tête. Elle n’a aucune idée de comment s’adresser à elle en réalité et même si elle savait, elle devait admettre qu’elle s’en fichait éperdument. Les titres lui passaient bien au dessus de la tête, et par ailleurs, elle n’avait rien d’autre à lui dire, s’apprêtant à passer son chemin.