[TERMINÉ] Rituel des landes Bretonnes | EVENT 2.1

Ils étaient nombreux à accompagner l'Ankou, mais seuls quelques noms importaient réellement à Camille. Ses yeux clairs, revêtant une couleur d'ardoise en cet instant, accrochèrent aisément la chevelure flamboyante de Némésis et une première tension, logée dans ses larges épaules, se dénoua. Elle allait bien. Depuis ce sourire à son compliment qu'il accueillit d'un bref signe de tête, le parisien continua ensuite de surveiller les alentours. Sans haute silhouette, dominant la majorité des sorciers assemblés, y aidait pour beaucoup.

"- Non, j'en suis désolé. Mon attention était portée ailleurs."

Là ! C'était César et sa petite beagle. Un chien infernal lui faisait face et l'homme semblait blessé, mais il ne s'en inquiéta pas beaucoup. L'autre avait encore sa baguette à la main et des combattants le flanquaient. La créature magique ne ferait pas long feu. Il le héla malgré tout, pour qu'ils se réunissent un peu plus. Un noyau serré pour faire front commun, en quelque sorte. Et peu de temps après, lui parvenait la voix de Lorenzo ; l'italien semblait lui aussi blessé. Quelle belle brochette ils allaient bientôt faire.

"- Attention ! C'est la dernière vague !"

Il tira trop vite et loupa la créature qui continua de courir dans le ciel pour atteindre le soleil. Fronçant les sourcils, Camille réfréna son réflexe premier ; abattre sur la bestiole une série de sortilèges sans baguette. A la place, il bougea le bras, le poignet et enfin la main pour lancer un 'Bombarda' qui explosa sur le flanc de la créature. Sans la tuer. Par contre, cela eut pour effet de drôlement l'énerver ! Avec un hurlement à glacer le sang, elle bifurqua de sa trajectoire initiale pour foncer sur Camille.

Ce dernier assura ses positions, prêt à l'impact, mais le monstre avisa un groupe de sorciers, sur l'arrière de leur position. Ses yeux brillèrent de malfaisance et il changea une fois de plus sa trajectoire. Comprenant une fraction de seconde trop tard, le parisien se jeta sur l'animal pour le ceinturer au poitrail, laissant tomber sa baguette dans la courte mêlée qui s'en suivit. Le chien d'équinox rua et gronda, bave écumante aux babines avant qu'il ne parvienne, à force de se tortiller, à mordre Camille à l'épaule.

L'homme poussa à son tour un grondement sourd, corps crispé de douleur et d'effort, puis profitant de la confusion de la dernière charge des créatures, il plaqua sa main sur la gorge de l'animal toujours accroché à son épaule et formula sans baguette un "aguamenti" pour le noyer de l'intérieur. Remplissant poumons, estomac et gorge d'un afflux d'eau trop soudain et important... la créature implosa et s'affaissa au sol après un dernier sursaut et gargouillement humide.

Camille se redressa et fit un accio de sa baguette pour la récupérer. Son large manteau de laine s'assombrissait à hauteur de son épaule blessée, imbibé de sang. Heureusement, l'adrénaline refoulait encore une bonne partie de la douleur, ne laissant connaître à son esprit qu'un long et profond élancement. Il rejoignit les autres, usant de sa main au bras valide pour recoiffer ses courtes mèches sombres et remettre un peu d'ordre dans sa tenue, nonchalant et méticuleux malgré la situation.

"- Où en sommes-nous ?" Demanda-t-il après avoir rejoint ses compères d'infortune.

Un vent de soulagement souffle sur l’assemblée des sorciers tandis que les premiers rayons de l’aube percent à l’horizon. Les aboiements des chiens sont lentement remplacés par le silence, puis le chant de la brise et des vagues, les bêtes se dissipant comme un mauvais rêve dans les timides haubans rosés qui viennent caresser de leurs doigts aimant les formes exténuées et endolories des fiers défenseurs de la Bretagne. L’Ankou rengaine son arme, et revient lentement auprès de sa charrette, miraculeusement épargnée par les combats et dans laquelle il dépose une poignée de braises encore chaude et d’un bleu discret. Les torches, elles, se sont finalement éteintes. Il se redresse alors de toute sa hauteur, et son attention caresse les sorciers présents, avant de se poser sur les deux élus de l’année, pour leur accorder un signe de tête. Pesamment, il approcha des torches, plongeant la main en leur cœur pour en récolter deux nouvelles braises, qu’il tendit à Némésis et Camille d’un geste sobre. “Pour les revoir une dernière fois.” dit-il, avant de se détourner, et de prendre sa charrette en main, entamant une marche qui le vois disparaître à son tour aux yeux des sorciers. Dans l’air ambiant s’élève le son d’instruments traditionnels, bientôt suivit de chants et de rires soulagés.  

La nuit est passée. L’hiver passera. Reviendra le printemps comme la vie refleurira.