[TERMINÉ] Le Malade (presque) Imaginaire @Auguste Lestrange
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(#) [TERMINÉ] Le Malade (presque) Imaginaire @Auguste Lestrange
missive rédigée par Invité leAoût 1927 | Domaine de Lautrec
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~ Le couloir et ses environs sont vides, ne laissent entendre que le son d'une horloge accroché sur le mur aux côtés des divers décorations donnant sur ces échos extérieurs désirant parvenir jusqu'entre ces murs. Ou presque. Car sur le côté semble se dessiner un cabinet ainsi une silhouette sobrement habillée d'une robe d'ébène tout aussi emmurée dans ce silence au seul son d'un ongle tapotant à rythme régulier le rebord de ce bureau ; les dossiers se font nombreux, tous marqués de cette même encre à l'écriture fine qui n'en finit pas et même en cet instant, certaines feuilles vierges se trouvent apposées d'informations.
Perdu au sein du domaine des Lestrange où viennent se perdre parfois quelques ombres, ce lieu de consultation dédié à la famille ne brille en cet instant que par son calme, son manque d'occupant. Lui qui s'était vu clos quelques jours ne venait que de rouvrir depuis le petit matin et pour cause cela ne faisait que quelques jours que la médicomage de famille avait remis les pieds au sein de leur domaine, un temps rappelé par ses propres obligations et forcée de constater que le monde ne s'arrêtait pas de tourner en son absence, l'aube avait pu la voir s'efforcer de rattraper son retard jusqu'en début d'après-midi. Si elle avait espéré gagner du temps, elle s'était surprise à ne pas se voir couper dans son activité comme aurait pu le laisser croire son agenda à moitié refermé.
La voilà pourtant à redresser le menton. A entendre avant de voir. Des bruits de pas. Quelques secondes de vide avant que résonne ces coups sur la porte. Malgré les années il semble toujours s'évertuer à toquer dans la plus grande des précautions.
"Entrez."
Il ? L'heure et l'arrivée improbable ne laissent que peu de place au doute, elle le sait et voilà que se présente finalement cette grande figure à l'aspect bien porté qui ne se verra accueillir que par l'un de ces longs regards délivrant plus qu'une longue phrase.
"Vous êtes en retard. Moi qui pensais que les hommes de votre acabit s'efforçaient de ne pas abuser du précieux temps des gens occupés."
De quelques minutes ? Quelques heures peut-être ? Le ton se veut sérieux, presque inquisiteur à en croire ce regard non accordé et sous le son de cette encre déversée en long en large de ces papiers, la jeune femme restera quelques instants silencieuse avant de finalement laisser entendre le son d'une dernière lettre apposée. Augustre Lestrange, "tête d'affiche" de sa famille comme elle se plaisait à le dire, un homme émérite pour beaucoup, parfait même, bien trop pour ne pas cacher plus. C'est ce qu'elle pensait, ou tout du moins durant une longue période de prétendue innocence et d'apprentissage. Ironie avait voulu qu'elle finisse pourtant aux services de cette famille quelques années plus tard.
Plongé dans le silence, le cabinet ne laissait entrevoir que sous cette timide lumière solaire ces deux silhouettes que l'on aurait pu croire totalement inconnus. Beaucoup se seraient arrêtés à ce simple retard déjà porteur d'une véritable rancune mais il n'en était rien. Non, comme d'ordinaire Léonore Vallet se complaisait à le chercher, lui et son masque de bonne éducation qu'elle n'avait que peu de fois réussi à briser. Lui offrant finalement l'un de ces demi-sourires, le son de son tabouret résonna, la laissant lui indiquer du bout du menton un siège sur lequel prendre place tandis qu'elle délaissa du regard toutes ses feuilles ayant cru bon de s'accaparer son attention durant si longtemps.
"Dites-moi donc ce qui vous amène ? En espérant Morgane que je ne puisse rien y faire cette fois-ci."
Souffle-t'elle alors simplement. Elle le détaille le temps d'un regard, imagine déjà de ce penchement de tête si marqué et de marmonnements infinis les raisons de cette entrevue surprenante : avec une telle énergumène bien trop de possibilités elle le craint. Sans même ajouter un mot, ce fut d'un geste qu'elle tira à bout de bras un brassard et un stéthoscope dans l'espoir de discerner cette surprise du jour en la personne d'un homme trop occupé pour s'occuper de sa propre santé..
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(#) Re: [TERMINÉ] Le Malade (presque) Imaginaire @Auguste Lestrange
missive rédigée par Auguste Lestrange leAout 1927 • Domaine de Lautrec • TW : Maladie - Négligence
Trois coups, un bref silence, suivi d’un dernier coup supplémentaire, comme pour s’assurer d’avoir été bien entendu. Une attitude typique d’Auguste, aussi loin que peut remonter la mémoire. Une attitude involontairement anxiogène pour certains, involontairement irritante pour d’autres. Mais sans doute jamais avec Léonore dont l’aplomb n’a d’égale que le mordant. Avec elle, ça a toujours été lui la proie et elle le prédateur prompt à le pousser dans ses retranchements. Autrefois en grattant le vernis de sa bienséance, aujourd’hui en étant la seule qui l’enjoint régulièrement à prendre soin de sa personne en dépit de ses innombrables obligations. Non, Léonore ne s’est jamais laissé prendre aux écueils du caractère d’Auguste, pas plus hier qu’aujourd’hui.
Invité à entrer, il s’exécute promptement, paume accompagnant le bois de la porte tandis qu’il l’ouvre et la referme. Coup d'œil jeté avec lassitude vers le bureau de la praticienne, rencontrant ce long regard si évocateur qu’elle lui dédie. Il s’avance sous la saillie, se laisse arracher un haussement de sourcil et manque s’excuser par principe avant de se raviser. En lieu et place, le voilà qui l’étrille d’une œillade plus combative, sentiment qu’elle sait si bien évoquer chez lui, se fend d’un rictus à l’acide affabilité.
“C’est que nous sommes hélas tous très occupés ici. Moi qui pensait que les praticiens de votre acabit s’efforçaient de garder en tête l’historique de leurs patients.”
Mais de réponse, point. Elle se joue d’un silence qu’il ne connaît que trop bien, puisqu’il l’utilise trop souvent. Impossible cependant de lui vouer la moindre rancœur à cet égard, car le silence permit à Auguste de s’installer et de trouver une position qui soulagea quelque peu ses douleurs. Être si diminué n’est pas un sentiment familier pour lui dont la santé a toujours été de fer et il a d’abord eut tendance à ravaler l’inconfort en s’imaginant que cela passerait bien assez tôt et qu’il ne peut s’y arrêter.
Puisqu’il est là aujourd’hui, l’évidence le détrompe vertement.
Haubans de lumière poudrée venant caresser la pièce, baignant la scène d’une clarté chiche et douce, qui le voit s’installer dans le siège qu’elle lui indique, non sans un certain soulagement. Le bureau est jonché de lettres, note-t-il. Léonore n’est jamais à court d’ouvrage ici. Et il s’apprête sans aucun doute à lui en donner davantage encore. C’est d’ailleurs elle qui l’évoque en premier tandis que sa mire s’attarde sur les parchemins, par simple curiosité. Quel fragment littéraire n’est-il pas toujours avide de lire ?
“Vous semblez fort occupée pour votre retour de congé, docteur.” offre-t-il un instant en détournant le sujet. Cela ne fonctionnera pas, évidemment, de par son caractère comme leur relation actuelle d’expert et de patient venu la solliciter et il le sait. Le conflit interne, habitude marquée à même la psychée de ne jamais rien dire de ses maux, le taraude encore une poignée de secondes avant que la douleur ne soit vainqueur, le faisant plier devant l’évident besoin d’un regard extérieur et surtout ? De soins.
“Je crains que tu n'aies amplement de quoi faire et de quoi me sermonner…” Au moins tombe-t-il en toute dignité ! “Je n’arrive plus à avaler quoi que ce soit depuis plusieurs jours. Chaque fois que j’essaie, je suis pris de douleurs vives. J’ai attendu en pensant que ce serait passager et maintenant j’ai mal en permanence et ça gêne mes mouvements. Je ne peux pas me permettre de rester comme ça, je dois assister à plusieurs chargements d’importance dans les prochaines semaines…”
S’interrompant, il soupira, puis eut un léger geste de la tête, incertain.
“En outre, je pense que ça doit faire environ deux semaines que je ne dors quasiment pas. Rien n’y fait, à part une potion de sommeil mais si je continue à en prendre en permanence, je vais m’y accoutumer, à tous les coups. Sauf si tu m’annonces le contraire.” Il n’y croit pas réellement, cependant…
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(#) Re: [TERMINÉ] Le Malade (presque) Imaginaire @Auguste Lestrange
missive rédigée par Invité leAoût 1927 | Domaine de Lautrec
feat Auguste Lestrange
~ Finalement le quatrième coup qui contre la porte résonne, s'impose alors que d'un claquement de doigts la jeune femme se félicite d'avoir encore gagner ce pari avec elle-même. Ce rendez-vous ne sera pas fantôme. Sous la présence d'Auguste et de ce problème qu'elle ne connaît mais devine déjà, le bureau reprend quelques couleurs, sort de ce silence si particulier. L'endroit n'est pas des plus laid pourtant, entouré par de nombreux meubles jonchés de livres et de tableaux, de quelques répliques -ou encore peut-on l'espérer-, d'un squelette, le tout bercé par cette immense fenêtre donnant en contre-bas au reste du domaine.
"Si seulement je n'avais pas le reste de la famille à charge monsieur Lestrange.. Peut être que mes pensées pourraient vous être entièrement dédiées. Quelle dommage.."
Un simple geste de doigt afin de lui demander de redresser ses manches après avoir trouvé chemin sur ce siège, de lui laisser un chemin vers ce coeur qu'elle sait déjà malmenée par quelques habitudes et alors que son regard se veut attirer par d'énièmes papiers, ses oreilles sifflent, ne laissent qu'un air faussement étonné. Comme d'ordinaire cet échange se fera à demi-teinte, mélange d'énigmes et de piques incessants.
"Qui aurait pu croire qu'être le seul médicomage d'une famille si emprunte à s'user plus que nécessaire puisse demander autant d'effort, hm ? Cela est à se demander si vous ne serez pas la raison de ma chute à tous vous saccager plus que de raison."
Sa réplique siffle, moquerie assumée et portée qui trouvera comme ses instruments une cible toute trouvée. D'un revers de main, les embouts viennent à prendre place dans ses oreilles alors que ses autres doigts s'attardent sur le pouls du Lestrange. Mélodie sanguine toute particulière, la première sur laquelle elle se sera perdue, un temps en tant que Vallet effrontée amoureuse de chasse puis sous cette image si bien portée. Les Lestrange sont, et resteront, des piliers, une famille ancrée dans le monde magique français et s'il y a en cela bien nombre d'avantages, les responsabilités ne semblent jamais très loin.
Un index se lève, intime le silence le temps de quelques minutes afin de ne pas perturber les relevés des constantes, profiter aussi d'un peu de silence tant apprécié. Finalement la tension retombe et d'un regard, voilà que les maux sont enfin exposés, gênant, capables de grignoter chaque instant de vie dès lors qu'ils décident à s'allier d'un pas commun.
"Tout juste : votre corps finira par s'y habituer en plus de n'être qu'un placebo. Et nous savons tous les deux qu'il n'y a certainement rien de pire qu'une nuit sans fin."
Dépendance, tolérance.. Tant de termes qui parfois s'imposent comme de la magie aux oreilles de certains mais qui n'en reste pas plus vrai. Le bilan ne peut être que long, agaçant et se contentant d'écouter ce long résumé de problèmes accumulés, ce fut d'un petit haussement d'épaules qu'elle vint à se redresser, tirant du bout des doigts l'un de ces nombreux livres à la peau écornée. Elle pense deviner le problème, veut s'en assurer et alors que ses mains laissent défiler les résumés d'anatomie et de définitions, sa verve s'impose de nouveau. A son habitude ses mots se font sobres mais il y a quelque chose dans ce ton qui se veut presque patronisant mais Auguste n'en est pas à sa première fois.
"De mémoire il ne semble pas avoir vu d'antécédents concernant ce genre de maux dans la famille, cela doit donc provenir de votre manière de vivre ? Où est-ce que la douleur est localisée précisément ? Le stress peut-être ? Régime alimentaire ? Allez-y, faites-moi rêver comme vous savez si bien le faire."
Tous deux le savent, l'héritier et son hygiène de vie sont une équation qu'il convient encore de résoudre et sous le son de ces instruments retrouvant leur place, ce fut d'un regard échangé qu'elle espérait entendre l'une de ces nombreuses raisons de le reprendre. Ironique provenant d'un homme tenté de prendre "soin" du monde mais incapable de s'occuper de lui-même.
"Vous connaissez déjà la sentence j'imagine ? Repos obligatoire au moins pendant quelques jours. Je peux essayer de concocter quelques remèdes afin de faire passer la douleur mais il va falloir appliquer des changements radicaux sinon cela n'aura aucun effet. N'est-ce pas là une bonne nouvelle ?"
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(#) Re: [TERMINÉ] Le Malade (presque) Imaginaire @Auguste Lestrange
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Il se tait quand on lui enjoint, notant malgré lui qu’il ne l’eut sans doute pas fait pour qui que ce soit d’autre, occupe son esprit du mieux qu’il le peut pour ne pas donner d’espace à l’irritante et malvenue petite voix intérieure qui lui rappelle combien il se sent misérable. Parce que c’est encore peu dire en l’instant et n’eut été le besoin de consulter, sans doute fut-il resté chez lui loin du regard des autres pour endurer en silence jusqu’à devoir remplir ses obligations professionnelles. Un bref rictus, crocheté à l’entournure de ses lèvres, promptement trépassé tandis qu’elle le sauve de ses pensées, au moins partiellement.
“Navré d’être contrariant Docteur mais pour le moment, mon organisme imagine très bien pire que cela….”
Pour le moment, une nuit sans fin lui apparaît comme un rêve lointain et encore davantage devant ce ton condescendant. Fatigue à l’amende, il ne possède guère de patience à dépenser en l’instant mais n’en répond pas moins d’un ton qui se veut courtois bien que pincé.
“Dois-je vous faire un exposé exhaustif de mes conditions de vie ?”
Le stress, le régime alimentaire, qu’est-ce qu’il en sait, lui ? A moins que ses maux d’estomac ne soient causés par un chagrin d’amour peut-être ? Ridicule. Il n’y a rien de changé dans sa vie ces temps-ci si l’on omet l’énième tentative de Nikolaï de le faire sauter d’un pont avec ses décisions de vie hasardeuses. Mais avant même qu’il ne songe à relancer la joute, voilà que Léonore prononce une sentence qu’il craint d’entendre depuis le début et qui le fait se redresser, au prix d’une violente douleur dans l’abdomen. Il grimace mais n’en darde pas moins des prunelles scintillantes sur la praticienne, cherchant tout moyen de se persuader qu’elle le taquine.
Sans succès.
“J’ai des chargements à surveiller, Léonore, des rendez-vous dans toute la France, je ne peux pas rester oisif chez moi !”
Sa voix en tremble de façon infime. Tout grand lecteur qu’il est, Auguste est avant tout un homme d’extérieur et d’activité. Et surtout… Surtout, rester chez lui, cela veut dire rester seul avec ses pensées, avec ses regrets, ses doutes, avec ce chaos qui ne cesse de lui envahir l’esprit et de le rendre fou.
“Dis-moi ce dont tu as besoin, quelle information peut t’être utile, je jure d’être ton patient le plus docile mais j’ai besoin que tu me remettes suffisamment sur pied pour pouvoir travailler. S’il te plaît.”
Il n’y a ni morgue ni jeu ni irritation dans ses yeux comme dans son ton. Tout, y compris subir la praticienne, plutôt que de rester enfermé avec le fantôme de Nikolaï ou pire, Nikolaï lui-même ! Tout ce qu’il veut c’est être capable de poursuivre son travail sans avoir l’impression qu’il va défaillir à tout instant et sans cette douleur qui lui ronge l’esprit. La corde de son endurance à deux doigts de se rompre, Auguste sent sa gorge se serrer et la panique le gagner. Idiot ! A quoi s’attendait-il exactement ?! Bien sûr que Léonore souhaite qu’il se repose, n’est-ce pas le socle de toute rémission ? Comment peut-il être aussi naïf ?
“Je ne peux pas rester enfermé chez moi. Je…”
Mais il ne peut pas le lui dire, si ? Il ne peut pas dire pourquoi, et forcément, Léonore ne comprendra pas. Pour elle, il n’a aucune raison de réagir ainsi si ce n’est être un bourreau de travail… Et il se sent impuissant, piégé entre la perspective qu’elle lui peint et l’humiliation de dire la vérité. Poul emballé, tension déchirant ses nerfs, douleur brûlante et aiguë et le voilà soudainement à tousser dans son poing, souffle coupé, parole enrayée, son derme se teintant de carmin…
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(#) Re: [TERMINÉ] Le Malade (presque) Imaginaire @Auguste Lestrange
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~ La figure est droite, n'en reste pas moins imposante malgré le mal qui semble la dévorer. La moquerie n'est jamais loin, elle ne s'en cache jamais mais elle doit lui reconnaître une certaine force de caractère, lui qui se fait bourreau acharné et immaculé même en cet instant. Et sous les brides de ces premiers maux la jeune femme tique, balayant parfois du regard ces quelques livres du coin de l'œil. Nombreuses avaient été les fois où elle lui avait fait la leçon, prévenu d'un revers de bâton et voilà que ce jour venait de se présenter. Quelle "bénédiction".
"Ai-je réellement le choix monsieur Lestrange ? Autant mettre toutes les chances de notre côté."
Peste-t'elle à demi-teinte dans l'attente de cette dite liste. Elle connait les travers du concerné, devine d'ores et déjà les quelques répliques moqueuses capables de franchir ses lèvres, de justifier ses écarts. Lui homme occupé qui n'aura que bien peu de plaisir et de temps libre en comparaison de ses pairs mais il s'agit là d'un détail dont la médecine se passe, stoïque et incisive. Les quelques lignes qui ont attiré son attention n'ont pas tardé à s'accumuler les une sur les autres et se redressant finalement, ce fut en direction d'une petite table gravée qu'elle se dirigea, amassant une suite d'herbes et de fioles, une idée toute trouvée en tête. Une oreille dédiée à cette âme tourmentée, une autre au son de ces herbes et graines écrasées dévoilant une odeur toute à fait exécrable, ce fut d'un court silence que l'entièreté de la salle fut remplie aux premiers échos d'un aveux de faiblesse. En était-il capable même ? Plusieurs fois cette question avait résonné au sein de son crâne et se tournant de biais, elle détailla ses traits, cette angoisse presque imperceptible. Même en cet instant, l'image d'une figure inébranlable semblait encore vouloir s'imposer.
Si d'autres avaient prétendu à de telles charades Léonore les aurait très probablement coupé, peu tentée de s'affliger de longues répliques ne lui rapportant rien mais face à un homme comme Auguste, aux sous-entendus que cela laissait entendre, elle se tût. Regard se voulant neutre mais d'une totale concentration dédiée à ses propos elle resta bien quelques instants sans souffler, détaillant les traits d'un individu demandant bien plus qu'un banal remède en réalité avant de se tourner afin de lui faire face.
"Qu'est-ce que la vie de casernier peut bien avoir d'effrayant pour que la fuyez ainsi, hm ? Quelle est la véritable raison ?"
Rares avaient été les fois -pour ne dire jamais- où elle l'avait vu ainsi et si certains en auraient tiré une certaine fierté, ce ne fut que d'un regard froncé, presque rancunier qu'elle lui fit signe d'un claquement de doigt, piètre manière de le tirer de cette tourmente pourtant justifiée. Et bien consciente que ce coup de bluff ne valait rien, elle ne se priverait pas pour essayer, assertive comme bien souvent au détriment de son tact.
"Soit. Je peux essayer de vous fournir les potions nécessaires pour vous remettre sur pieds, mais ce n'est que du temporaire, quelque chose pour atténuer la douleur. Cela ne changera en rien le problème qui ne risque que de s'accentuer sur la durée. A vue d'œil et du peu que vous voulez bien en dire, je vous conseillerai, vous ordonne, d'éviter les excès : pas d'alcool, pas de tabac ni de sucre ou d'aliments trop acides et surtout... Pas de travail inutile. Le corps ne peut pas affronter un maux d'un côté et être en fatigue constante de l'autre, déléguez. On vous a bien appris cela en tant que grand homme, non ?"
Si le pique n'est pas caché, elle cherche à lui dépeindre une potentielle solution. Personne après tout ne lui avait demandé de tout faire tout seul ? Et s'il tenait tant que cela à échapper à ses démons, s'accompagner de pairs de mains dociles était une alternative. A voir si le Grand Auguste pouvait s'abaisser à une telle tactique. Ce ne fut qu'une fois assurée d'une entente commune -ou certainement imaginée le connaissant- qu'elle retourna à la table d'alchimie, terminant de mixer cette pâte verdâtre à l'odeur marquée. Une course jusque dans un récipient, avant qu'elle ne le luit tende, implacable.
"Tenez, des herbes. Elles sont à appliquer sur les zones douloureuses pendant dix minutes, trois fois par jour. L'odeur est infâme mais elles ont le mérite d'engourdir les nerfs, parfait pour s'asseoir sans grincer des dents. Par contre.. Ne pensez pas que j'ai oublié cette histoire d'insomnie. Je suis certaine que nous trouverons le temps d'en discuter. Maintenant. Plus tard. Cela prendra le temps nécessaire... Dans tous les cas, comptez sur moi pour venir vous voir autant que possible durant les prochains jours, je vous donnerai le reste du traitement et une liste d'aliments.. Souriez Lestrange, vous avez une fenêtre privilégiée vers nos aînés et leur régime spécifique."
Ses derniers pas en sa direction se veulent sobres, plus concernés que nécessaire quant à cet homme et un état inquiétant. Et ne lui accordant qu'un regard entendu, pouvait-elle réellement espérer décrypter l'énigme qu'était l'héritier Lestrange ?
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(#) Re: [TERMINÉ] Le Malade (presque) Imaginaire @Auguste Lestrange
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Il sait avoir attiré son attention, et quelque part, il s’en mord les doigts. L’usage eut demandé qu’il se montra calme, accepte son sort et s’en débrouille de son mieux mais ce n’est qu’en cet instant, où les mots se font libérateurs et plus forts que sa volonté, qu’Auguste comprend réellement à quel point il a tiré sur la corde. Il est épuisé. Usé. Moralement, au moins autant que physiquement. Comment l’expliquer ? Le flot menace de se déverser de ses lippes à présent descellées et il se sent engourdi, sonné par sa propre faiblesse. Léonore l’arrête pourtant à temps, en accédant à sa requête, une grâce à laquelle il n’eut cru si on la lui eut prédit. Le soulagement qu’il en ressent s’accompagne pourtant d’un nouveau malaise, celui de la culpabilité.
“Non, pas vraiment, justement.” confesse-t-il avec une douceur née de la surprise.
Léonore a raison et il le sait, traiter les symptômes ne suffira pas. Il se cache. Mais la dernière fois qu’il a confronté le problème n’a fait que repousser une nouvelle salve de désillusion et de remise en question. Peut-on le blâmer de vouloir se ménager ? Sans doute pas. Mais on peut le blâmer de mal choisir ses batailles. Séléné ne s’est pas privée de le faire, après tout. Il pondère la chose, pendant que Léonore s’occupe de ses mixtures, l’observe faire, puis lui revenir. Lorsqu’elle lui tend le fruit de son labeur, qu’il prend avec précaution. De quoi atténuer la douleur, la faire disparaître, peut-être ? Mais pas chasser le problème qui provoque cette souffrance. Il l’a conduit ici, alors… Autant souffrir jusqu’au bout, y compris sous les remarques et jugements.
“Merveilleux” N’en ironise-t-il pas moins “Me voilà l’envie du tout Paris, vraiment.”
Un soupir lourd lui affaissa les épaules et il déposa précautionneusement la fiole sur la plus proche surface sécurisée et plate qu’il trouva.
“Soit. Autant abréger mes souffrances, physiques comme morales. Je n’arrête pas de penser, jour comme nuit. Je n’arrive pas à arrêter. Même épuisé, même allongé dans mon lit, je reprend de plus belle. Et ça ne s’arrête jamais. Et paradoxalement, j’ai énormément de mal à agir, à travailler… Je le fais, bien sûr, mais je dois me forcer. La seule chose qui semble fonctionner, c’est un grand verre de rhum.”
Autrement dit, l’inverse de ce qu’elle vient de lui conseiller. Pas d’alcool ou de tabac, c’est lui demander de se refuser ses seules réelles entorses à une vie saine ! Déléguer, il veut bien essayer, ses employés, il les forme depuis quatre ans, après tout, et ils ne sont de toute façon pas des amateurs. Mais abandonner ses petits plaisirs… Enfin, il l’a déjà fait, un marin en mer ne dispose d’aucun confort, certainement pas celui des bonnes choses. Mais les circonstances ne sont pas les mêmes. Que s’attend-on donc à le voir faire ? Se rendre dans une maison de passe peut-être ? L’idée le révulse jusqu’aux moindres fibres de son corps. Les courses ? Peut-être, c’est mieux que rien, bien qu’il préféra monter lui-même. Devoir se reposer lui semble être le bout du monde.
“Dites-moi, Docteur, l’air du large et les rations de marin me sont aussi déconseillées ? Si ce n’est pas le cas, je vous concède le repos, si vous le confirmez à Monsieur Mon Père qui ne manquera pas d’avoir ses réserves sur mon départ.”
Il étouffe une nouvelle quinte de toux dans son mouchoir, reliquat de son angoisse passagère et lorsqu’il retire le tissu de ses lèvres, reste un instant figé, la mire attirée par une désagréable tâche carmin sur le coton tissé. Sourcils froncés, il déglutit douloureusement avant de simplement montrer l’objet de sa soudaine pâleur. Les douleurs sont une chose, mais ça… ça n’augure rien de bon.
“Je pense que vous pouvez être assurée de ma coopération.” conclut-il d’une voix qu’il veut la plus stoïque possible.
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(#) Re: [TERMINÉ] Le Malade (presque) Imaginaire @Auguste Lestrange
missive rédigée par Invité leAoût 1927 | Domaine de Lautrec
feat Auguste Lestrange
~ Ce qui avait été des années de moqueries et de tentatives basses étaient à présent des oreilles tirées et des conseils rabachés encore, encore et encore. La chose est cependant plus grave que d'ordinaire, tous deux le comprennent et ne quittant pas du regard cette grande silhouette, la louve réprima un grognement d'agacement tant de l'envie irrépressible du terrible "je vous avais prévenu" que de la nécessité de résoudre un problème complexe tant dans la forme que dans le fond.
"Je vois... Cela pourrait être pire j'imagine."
Ironisa-t'elle à son tour avant d'hausser les épaules. Le peu qui pouvait être fait à l'instant même se résumait à de simples crèmes, des remèdes visant à calmer la douleur plutôt qu'en annuler la cause et d'un air consciencieux, elle l'observe avaler la mixture avant de lui retirer la fiole du bout des doigts.
"Vous qui rêviez d'être l'étendard des Lestrange. J'ose espérer qu'on se souviendra de vous pour autre chose que cela."
Et elle le pointe du bout du menton, lui qui sera assis pour espérer faire taire la douleur, rendu à la magie de la médecine après tant de temps à vouloir s'ajourner du plus simple repos. Les actes portent parfois plus de sens que les mots et face à cet éclat carmin présenté sur ce morceau de tissu, la jeune femme écarquille les yeux, jure sans même réellement s'en rendre compte tant la chose se veut plus inquiétante encore que prévue. Une preuve hématémèse qu'elle saisit du bout des doigts. Pragmatique, l'idée même d'une blague de mauvais goût quant à la probabilité presque avérée d'un ulcère lui chatouille l'esprit mais serait d'un mauvais goût certain en l'instant.
"Vous vous surpassez à chaque fois monsieur Lestrange, un véritable don."
Il se veut l'héritier de la famille et le plus enclin aux maux les plus malvenus, à croire effectivement qu'il possédait un don.
"Je ne ferai pas l'affront de vous considérer comme un alcoolique alors.. Je suppose qu'il s'agit véritablement d'un ulcère. Et un mauvais si vous en saignez jusqu'à vous en tortiller. Oubliez l'alcool et les cigarettes, c'est catégorique, cela ne fera que continuer à irriter votre estomac jusqu'à finir en véritable hémorragie. Je doute que ce soit votre but. Vous aimez le travail, vous aimez vous rendre utile, vous le savez, je le sais, tous ceux travaillant avec vous le savent ; il serait peut être temps de comprendre que vous n'avez plus rien à prouver et croyez-moi, vous ne ferez pas long feu parmi les vôtres à vous acharner ainsi. Un fils est censé succéder à son père, pas tomber avant lui. Enfin, faites ce que vous voulez des dires d'une cynique."
Martela-t'elle encore, consciente que se tenait face à elle un homme têtu plus enclin à écouter ses propres croyances que celles n'allant pas dans son sens. Pour autant, il était aisé de comprendre pourquoi... Dire qu'il n'était pas un homme s'acharnant sur ses tâches au détriment même des choses les plus basiques serait un mensonge et bien consciente de cela, ce fut sur le rebord du bureau qu'elle vint à prendre place, oreille tendue face à ses diligences. La mer... Un des premiers lieux que n'importe quel médicomage compétent aurait interdit tant bien les flots peuvent être terribles et égoïstes mais Auguste Lestrange n'est pas un cas classique, croire cela serait une erreur de débutant.
"Vous n'êtes pas comme tout le monde : vous interdire de faire quoi que ce soit reviendrait plus à vous tuer plus qu'autre chose, n'est-ce pas ? Prenez un congé, un long congé. Si les flots sont signes de paix pour vous, faites. J'imagine que vous avez vu pire de tout façon qu'une mauvaise mer. Je ferai le nécessaire pour vous faire parvenir vos médicaments et que pour votre père se passe de vous le temps que vous vous soigniez. Mais faites le bien, parce que je repasserai derrière."
Il s'agit là d'une promesse et non d'une menace. D'un regard entendu, Léonore vint à lui tendre de nouveau le tissu. Une promesse à laquelle elle ne dérogerait pas, loin de là et bien que ses mots soient vrais, l'idée même de devoir trouver les arguments nécessaires pour faire voir raison à Crepus Lestrange lui arrachait une migraine d'avance. Si le fils se voulait déjà insupportable, le père atteignait un tout autre niveau elle en avait peur. Finissant par se redresser d'un accoup de ses pieds contre le bois, la blonde vint à se redresser, croisant les bras avec une seule et unique question à l'égard de l'héritier :
"Il y a t'il autre chose dont vous vouliez discuter ou que je puisse faire pour vous monsieur Lestrange ?"
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(#) Re: [TERMINÉ] Le Malade (presque) Imaginaire @Auguste Lestrange
missive rédigée par Auguste Lestrange leAout 1927 • Domaine de Lautrec • @”Léonore Vallet”
TW : Maladie - Négligence
J'ose espérer qu'on se souviendra de vous pour autre chose que cela. A dire vrai ? Lui aussi. Un tic léger vient secouer un sourcil, ponctuant la déconvenue d’une telle affirmation. Que dire ? Léonore a tout à fait raison, il s’est laissé aller et il s’est négligé de manière dramatique. Son état est le prix à payer. Mais un prix à payer pour quoi exactement ? Il se rend malade parce qu’il ne parvient pas à faire le deuil de ses propres attentes envers Nikolaï. Des attentes nées de sa naïveté et de son infantilité à son égard. Parce que c’est bien de cela qu'il s’agit. Il a projeté tant d’espoirs dans leur relation qu’il en a oublié de les confronter à la réalité. Et quand la réalité l’a rattrapé, il ne l’a pas supporté. N’est-ce pas exactement ce qui s’est passé ?
Alors lorsqu’elle lui prend le mouchoir souillé, assénant une fois de plus sa proverbiale causticité, il hoche la tête en se retranchant derrière le seul outil qui ne lui a jamais fait défaut.
“Je crains d’être moins brillant que vos bons mots ne le suggèrent, Mademoiselle Vallet.”
L’ébauche d’un sourire, pour essuyer un terme qui eut pu le faire rougir de honte. Alcoolique. Est-ce vraiment ce vers quoi il se dirige ? La froide définition de l’addiction tend à l’affirmer. C’est néanmoins extrêmement difficile à accepter, pour lui qui n’a pas toujours craché sur son hygiène de vie ainsi. Alors que faire ? Oublier l’alcool et les cigarettes ? Est-ce qu’il en est seulement capable ? Il ravale une grimace. Elle n’en a pas conscience, mais c’est un véritable examen de conscience qu’elle lui demande.
“Vous êtes ma praticienne, je sais reconnaître l’expertise d’autrui, même si je suis surpris d’apprendre que vous avez provoqué l’effondrement du franc dans votre jeunesse.” affirme-t-il d’une voix atone de lassitude.
Le trait d’esprit ne sera sans doute plaisant que pour lui, mais c’est de bonne guerre. Après tout, n’est-ce pas Léonore qui ne cesse de le frapper, même lorsqu’il ne saisit pas le bâton pour ça ? Un jour, il apprendra à se taire, et plus seulement à critiquer. Voilà qui peut peut-être lui tenir compagnie s’il doit réellement faire voeux de repos. L’idée même, pourtant, fait toujours naître l’embarras chez lui. Ne rien faire de ses journées ? Non il en sera incapable. Et comment définir le repos dans ce cas ?
“Merci.”
Impossible de le nier, elle lui fait une faveur, et il va devoir se débrouiller pour que sa complaisance ne soit pas mal placée. Mais comment se reposer, justement ? Cesser de travailler est-il suffisant ? Pourtant son œuvre est un plaisir ! Alors… quoi ? Il doute que monter soit une bonne idée. Naviguer lui a été autorisé et par respect, il restera à la barre plutôt que d’aider l’équipage aux travaux les plus soutenus. Rien de physique, sans doute. En plein mois d’Août, le voilà bien avancé, c’est la saison creuse pour les opéras et théâtres.
Tout cela ressemble fort à la punition des Danaïdes à ses yeux, mais hors de question de s’en plaindre.
“Une seule.”
Mais non des moindres ! Il inspire profondément, réprime une nouvelle quinte de toux, sentant le goût du fer sur sa langue. De quoi l’encourager plus encore à suivre les conseils de Léonore.
“Quoi que vous partagiez avec mon père, ne lui dites rien concernant mon état.”
Bien que le secret médical soit une chose, Auguste sait que Crepus a tendance à connaître les petits secrets de tous. Par sécurité. Qu’il ne sache pas déjà pour lui et Nikolaï lui a toujours semblé absurde. Plus certainement, on lui fait confiance pour que Nikolaï ne soit qu’un passe-temps. Une distraction avant ses devoirs à la famille. Dire qu’il a été prêt à défier son père pour lui… Expirant lourdement, un son rauque fort déplaisant à son oreille, il se releva, et se fendit d’une ébauche de sourire.
“Je vous ramène quelque chose de Malte ? Pour vous remercier de me supporter.”
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(#) Re: [TERMINÉ] Le Malade (presque) Imaginaire @Auguste Lestrange
missive rédigée par Invité le"Je crains que vous vous donniez des excuses Monsieur Lestrange."
Perçant regard qui juge, tient en respect cette grande figure à la toux sanguine et qui de tout évidence s'accroche aux quelques échappatoires présentées. Il n'est certainement pas alcoolique. Pas encore tout du moins, et là est la chose, veiller à ce qu'un tel mot ne s'appose jamais près de son nom, moins encore de cette lettre de fer définissant toute sa personne. Mais voilà, cet animal là n'est pas sans défense, encore moins dépourvu de tact et face à ce petit air las, voilà que s'en suit une petite pique -méritée-. L'enfant semble en avoir assez d'être sermonné, à juste titre.
"Vraiment ? Vous devriez en être content : je ne suis pas aussi parfaite qu'on ne le décrit. Une erreur de plus, voilà tout."
Presque penchée sur ses papiers à trier du bout des doigts, cynisme et sarcasme se mêlent en un roulement d'yeux. Ce qui avait été source de conflit dans cette dite jeunesse se transformait en habitude. Pourquoi se plaindre d'être piquée lorsque l'on passait son temps à mordre ? De bonne guerre, telle est la chose de tout évidence entre ce marin forcé et une doctoresse mal-lunée. Au son de l'horloge qui de seconde en seconde s'impose et dévore la salle, le silence s'étala, uniquement cassé par un regard entendu, un soupir face à cette demande... Est-ce vraiment nécessaire ? Lui et ses secrets bien gardés. Certains diront une vocation à tourmenter qu'on ne veut partager, d'autres se contenteront d'un serment lui liant les lèvres. Et venant à redresser la tête jusqu'à reposer les quelques liasses de papiers qui s'étaient amassées dans ses mains, elle reprit :
"Cela va de soi. Bien que vous me demandiez une chose qui n'est pas aisé, vous vous en doutez."
Il n'y aura pas besoin de s'expliquer, tous deux savent parfaitement de quoi il en retourne. Elle tique. Moqueuse cette fois-ci à son propre égard : "la pomme ne tombe jamais loin de l'arbre", voilà une expression adéquate dès lors que l'on regarde le père et son héritier ; au détail peut être que douter de la droiture "innocente" de Crepus Lestrange soit permis voire même recommandé... Un détail qui incitait aussi à taire certaines choses. Le son du tissu se froissant sous les gestes d'Auguste incita enfin Léonore à reporter toute son attention à son égard et d'un air entendu, elle ne put réprimer une petite moue curieuse, perdue le temps de quelques instants dans les diverses choses que son esprit pouvait désirer.
"J'ai toujours entendu parlé du "fameux" nougat de Malte. Pourquoi ne pas vous faire pardonner avec une boîte ?"
Et une santé de fer accessoirement, mais cela n'est pas encore encore acté. Délivrant un dernier mouvement de tête vers cette silhouette, le son de l'horloge vint à résonner, grave, dans le dernier écho d'une journée touchant à sa fin sous les éclats solaires.
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(#) Re: [TERMINÉ] Le Malade (presque) Imaginaire @Auguste Lestrange
missive rédigée par Auguste Lestrange leAout 1927 • Domaine de Lautrec • @Léonore Vallet
TW : Maladie - Négligence
L’équilibre est presque rétabli, eut-on pu dire, bien qu’il ne s’agisse nullement de son objectif. Quel équilibre, pour commencer ? Celui de leur échange ? Peut-être un peu, il n’apprécie après tout pas d’être étrillé ainsi sans arrêt. Fut un temps où Léonore en faisait un sport. Pour autant, c’est sans victoire qu’il accepte ses mots, se contentant d’un bref signe de la tête, incertain qu’elle eut saisie la référence. Peut-être devrait-il cesser de penser que tout le monde s’intéresse à la philosophie. Chassant cette pensée, il se concentre davantage, en l’instant et opine une fois encore.
“Cela va de soi.”
Mais elle lui doit bien ça, pour chaque fois qu’elle le mord verbalement ! Et puis, la famille n’a jamais prétendue être la plus aisée à gérer et surveiller. En fin de compte, Léonore lui fait parfois penser à un chien de berger obligé de mordre les brebis promptes à s’égarer au moindre signe d’inattention, et sans doute n’est-ce pas une surprise que ses crocs la démangent. Auguste s’estime pourtant bien assez châtié de ses propres contre-coups, faiblesse d’un corps abandonnant un combat d’attrition bien entamé.
Un combat qui ne date pas de Juillet, s’il doit être honnête envers lui-même.
Léonore accepte de taire ses plans, de ne pas parler à Crepus de son état et Auguste jure de s’en souvenir. Il lui doit au moins une petite douceur. Il lui doit au moins sa reconnaissance et sa bonne volonté. Alors oui, il prendra garde, il se reposera et pour une fois, pour une innocente fois, il tentera de lui alléger sa charge. Pour l’un comme l’autre. Il ébauche une expression aussi avenante que son état le permet, un brin plus léger en dépit de sa pâleur. Ils semblent avoir la même idée, voilà bien une étrange coïncidence.
“Bien entendu.”
Au son de l’horloge annonçant l’heure, il soupire légèrement, et croise les bras dans son dos.
“Merci, Docteur. Je ne prendrais pas plus de votre temps. Je vous préviendrais de mon départ, afin que vous ne visitiez pas une maison vide.”
Un instant, il pondéra, puis ajouta avant de prendre congés.
“Je vous préviendrais d’où me trouver, pour vos visites, même en France.”
Il ne veut pas rester chez lui. L’idée le répugne bien trop en l’instant, alors s’il doit agir comme un gentil garçon, autant qu’il ne passe pas son temps à angoisser sur les visites plausibles à son chevet. Son affliction ne fera que progresser, en fin de compte.
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