sorry seems the hardest word to say (MJisation - Tarek Shafiq)

Les dents crispées, elle serre précieusement le masque qui a atterrit entre ses doigts. Elle ne demande pas son reste et laisse Némésis la couvrir constatant les sortilèges qui s’enchaînent. Refusant de céder à la panique, elle se laisse guider par Felix Felicis dont les effets ont été bien peu utiles. Mais une part d’elle ne peut s’empêcher de se demander ce que cela aurait été si elle y était allée sans. Pas le temps de réfléchir plus longtemps qu’elles se retrouvent dehors et cette fois-ci Neith reprend une dernière fois sa glace à l’ennemie pour observer. Les ombres ont disparues et elle ne peut s’empêcher de se demander si le bâtiment n’était pas cerné. L’idée germe et elle se sent blanchir sous son masque. Quelque chose lui disait que son instinct avait été le bon. Elle avait beau être prudente, elle ne tenait pas à se faire attraper par… qui donc ? Le Ministère ? D’autres individus ?

Elles avancent pour s'éloigner au maximum de la cathédrale tout en étant sûre qu'elles soient à l'abri. Finalement, un froissement à côté d’elle lui fait relever le regard sous son masque. C’est la cape de Némésis, ou Nestor qu’elle voit s’éloigner. Rien ne les oblige à rester ensemble à présent que la mission est échouée. Mais Neith n’a pas envie de la laisser partir. Ce qui s’est passé ce soir doit rester un secret et quelque chose dans l’attitude, la façon dont Némésis s’éloigne, lui dit qu’elle est furieuse.

« Nes… » commence-t-elle, mais elle n’a pas le temps de terminer qu’elle sent le portoloin s’activer dans la poche de sa veste.

Le monde tourne et Neith serre de nouveau les dents à cause de la douleur. Elle essaie de se maintenir et lorsque le monde cesse de tourner, que le plafond du coffre-fort se dessine, le corps de Neith se tend prêt à réceptionner le sol. La douleur des griffures qui tâchent sa cape sombre se réveille. Un souffle plus fort s’échappe mais elle ne fait pas plus de bruit.

D’abord désorientée, elle se rattrape à la première chose que sa main libre rencontre et c’est un bras qu’elle sent. Surprise, elle tourne la tête pour se raccrocher au regard de son père.

« Baba, pardon. » furent les premiers mots qui sortirent de ses lèvres.

Sa voix en est presque enrouée de s’être tenue au strict minimum. Combien de temps avait-elle passé dans la cathédral ? Elle n’était pas certaine de vouloir le savoir. Mais elle sent la déception la gagner mélangée à l’irritation alors qu’elle retrouve son équilibre.

Pardon. Pardon d’avoir échoué. Pardon de te décevoir.

Grimaçant sous son masque, elle se détache légèrement pour défaire ce dernier dévoilant le visage d’emprunt pour la soirée. Elle ne sait pas encore pour combien de temps la potion ferait effet mais ses expressions étaient bien celles qu’il lui connaissait.

« On a échoué. Je suis désolée. » Incapable de le bercer d’illusion mais également de lâcher l’autre masque comme si sa vie en dépendait. À en contracter sa main, elle réveille un peu plus la douleur des griffures de la statue qui lui est tombée dessus. « On n’était pas seules. Il y avait un piège. » Cette fois-ci, c’est sa chute de tension qu’elle sent, l’adrénaline cessant son effet et ses dents claquent un peu parce qu’elle a mal mais ne se plaint toujours pas. « Est-ce que tu as du dictame ? »

Tarek Shafiq

Homme actif et audacieux, il a toujours été très impliqué non seulement dans le bonheur de sa famille mais également la bonne marche de sa patrie d’adoption. Expert en archéologie, histoire et socio-économie, il plaida longtemps auprès de sa femme pour un départ en France, où les perspectives étaient plus florissantes pour son commerce. Image même de la réussite, Tarek a su tirer le meilleur parti de ses compétences comme de son environnement, et jouit aujourd’hui d’une image dorée qui lui vaut d’être invité dans des cercles que beaucoup de grands bourgeois ne côtoient que peu, voire même jamais.

Ami de la reine, confident du roi, Tarek s’est sincèrement pris d’affection pour la France et la création de l’Aube Sorcière, au sortir des attentats de 1917, provient de cet amour sincère de sa patrie d’adoption. En voyant la destruction causée par les moldus et ceux qui se veulent leurs amis, en voyant le choc profond causé par tant de morts inutiles, il a compris que le peuple sorcier de France avait besoin d’espoir, et de protection. L’Aube Sorcière est fondée sur cet appel à un regain de sens et de justice pour les sorciers.

Sa parole d’or et son charisme, mais également la sincérité de son discours, font mouche et il devient bientôt la figure au centre des discussions françaises. Son but est désormais d’asseoir son parti dans les élections et de rafler la chaise de premier secrétaire à Hadrien de Fronsac.

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« Soyez prudentes. Le cryptex était bien dissimulé, l'artefact le sera également sans aucun doute alors ne prenez pas de risques inutiles. » Mais ramenez le moi

Ces derniers mots, Tarek ne les souffla pas mais il ne douta pas un seul instant qu'il serait compris par les deux jeunes femmes qui partaient pour une mission qui pourrait peut être lui permettre de placer ses pions dans l'échiquier géant de la campagne électorale. S'il serait volontiers parti lui même à la chasse à l'artefact, l'homme s'était rangé à l'avis de sa femme qui considérait que le risque pour sa réputation était trop important si d'aventure les choses ne se déroulaient pas comme prévues. Les dents serrées par tant d'années à fréquenter le milieu patriarcal français, il devait bien admettre qu'elle avait raison et rangea donc au placard ses envies d'aventures nées au coeur de l'Egypte dans sa plus tendre enfance. Il était un politicien à présent, un homme public et devait donc agir avec la plus grande prudence pour ne pas tâcher une image si soigneusement construite auprès de la population française.

Rawiya, pourtant, avait fortement grincé des dents lorsqu'il avait demandé à Neith de partir en quête à sa place mais cette fois ci, l'homme s'était imposé et avait fini par obtenir gain de cause : il savait sa fille parfaitement apte à la recherche d'artefact, lui qui l'avait amenée plus d'une fois en expédition lorsqu'elle était encore enfant et ayant, par ailleurs, été d'une efficacité remarquable lors de la recherche du Cryptex. La matriarche n'avait alors rien eu à répondre, la décision était prise, Neith partirait à sa place, un point c'est tout.

Il s'assura une dernière fois que Neith avait bien tout ce dont elle avait besoin, replaça une des mèches brunes de ce visage étranger qu'elle s'était choisi pour l'occasion et lui caressa affectueusement la joue.

« Ouhibbaki ya ibnati Je t'aime ma fille »

Et puis, le portoloin se déclencha, le laissant seul dans la pièce. Désormais, la suite dépendrait de Neith et de sa camarade, lui ne pouvait que s'asseoir et attendre des nouvelles de leur part. Il serait, il le savait parfaitement, bien incapable de penser à autre chose jusqu'à l'heure fatidique qui sonnerait le retour de sa fille à la maison.

[...]

Les yeux rivés sur sa montre, Tarek savait que l'heure approchait. Encore quelques interminables secondes, et le portoloin se matérialiserai à nouveau. Anxieux comme à chaque fois qu'il laissait son bébé partir à l'aventure, il espérait que tout s'était bien passé et que la quête avait été couronnée de succès ainsi que l'avait été celle du Louvre.

L'heure sonna, et immédiatement le portoloin ramena avec lui son précieux chargement. Son visage masqué et semblant étourdie, Neith vacilla un instant et le père s'avança instinctivement pour que la jeune femme reprenne ses esprits, étant lui même sujet au mal du portoloin qui pouvait rendre nauséeux. Il ne vit pas immédiatement que sa fille était blessée mais compris à ses simples paroles que la mission était un échec. Son visage se ferma un instant, ses espoirs de mettre la main sur l'un des secrets de Merlin envolés, il ne parvint pas à cacher sa déception et espérait bien un rapport détaillé. S'il s'était attendu à ce qu'un objet d'une telle importance soit lourdement protégé, il pouvait déjà s'estimer heureux de revoir sa fille en un seul morceau bien que son visage légèrement déformé par un visible inconfort ne fasse passer le bien être de la jeune femme en priorité.

« Viens t'asseoir. » dit il d'une voix douce mais ferme, la conduisant à un fauteuil avant de se tourner vers le buffet du salon et de sortir une fiole de l'un des tiroirs. Il lui tendit l'essence, les sourcils toujours froncés.

« Raconte moi ce qu'il s'est passé. »

S'il était un père aimant et soucieux de la santé de sa famille, Tarek connaissait suffisamment bien sa fille pour ne pas lui faire l'affront de l'infantiliser dans pareilles circonstances. La potion ferait son effet, et il voulait avant tout savoir ce qui avait bien pu la blesser et quels pièges les deux jeunes femmes avaient bien pu essuyer pour qu'ils ne les empêchent de récupérer le bien tant convoité...

Le visage fermé de son père ne la trompe pas sur la déception de ce dernier et elle en a mal au cœur. Laissant de côté les émotions que cela déclenchait chez elle, elle se laissa guider jusqu’au fauteuil où elle s’assit. Elle pose le masque volé sur la table à côté d’elle et se concentre sur les douleurs de son corps. D’un mouvement des doigts, la cape qu’elle a sur elle se défait toute seule et Neith grimace lorsque le tissu frotte une zone sensible et soupire un peu d’agacement en voyant le sang perler. Les griffures sont belles mais elle se doute qu’elle va surtout avoir un joli hématome qu’il faudra faire partir.

Ça aurait pu être pire, pense-t-elle avant de se saisir de la potion que lui donne son père.

Croisant son regard un instant, elle rassemble ses souvenirs pour lui donner le plus d’informations possibles avant de se lancer :

« Le Felix Felicis a suffisamment bien fonctionné pour nous faire rentrer par une porte secondaire, mais il ne tenait pas à ce qu'on rentre ce qui aurait dû me mettre la puce à l'oreille je suppose... Ma glace à l’ennemie m’indiquait qu’il y avait des ennemis mais je n’avais pas leur nombre et ce n’était que des ombres… La seule explication que j'ai, c'est que le bâtiment a sans doute été mis sous surveillance. »

Elle marque une pause, une moue contrariée sur le visage.

« Je crois qu’il y avait au moins deux personnes supplémentaires sur place. L’une d’entre elle a jeté son patronus et mon structoscope m’a laissé peu de doute qu’il s’agissait d’un piège. Le patronus était un oiseau… Je ne saurais pas te dire la race mais je pourrais le reconnaître dans un bestiaire peut-être. » Pause. « Némésis a décidé de faire diversion… » Son visage se ferme. « C’est une animagus écureuil. Autant te dire que si je l’avais su avant, on aurait utilisé ça différemment... »

D’une main, elle défait le bouchon de la potion et respire un peu plus fort en laissant les gouttes tomber sur sa peau. La douleur est brève mais suffisante pour lui signifier que les blessures se referment. Décidée à se faire diversion, elle poursuit :

« J’ai avancé jusqu’au chœur et il y avait une porte… l’un des individus s’y est faufilé. J’ai tenté de le désarmer pour ensuite forcer le passage mais… » Elle fait non de la tête. « Une brume a obstrué ma vue et c’est là où je ne suis pas bien certaine de ce qui s’est passé. L’autre individu que Némésis essayait de distraire a décidé de garder la porte. Je crois que sans le vouloir, je me suis retrouvée entre deux feux. Quoi qu’il en soit, j’ai décidé que c’était assez quand la statue à côté de moi m’est littéralement tombée dessus après que quelqu’un a jeté un bombarda. »

Son regard est maintenant furieux. Un bombarda dans une cathédrale et si elle ne disait pas explicitement qui avait lancé ce bombarda, quelque chose lui disait que ce n'était pas celui à qui elle avait arraché le masque. Les dents serrées, elle termine avec la potion qu’elle repose sur la table avant de désigner le masque volé.

« Je n’ai pensé qu’au dernier moment à récupérer ça. Mais je n’ai pas vu le visage et je pense que ça n’aurait servi à rien s’ils étaient aussi sous polynectar. Et j’étais trop loin et de toute façon, au vu du bruit qu’on a fait, j’ai préféré qu’on sorte avant qu’on nous tombe dessus… Je suis désolée. Je n’ai vraiment rien d’autre. »

Elle expire et se passe une main sur le visage.

« Je ne sais pas si on a été devancé ou que quelqu’un a parlé… Mais ces personnes savaient ce qu’elles faisaient, où elles allaient et nous attendaient. »