Cènes malvenues | ft. Victoria
Léopold de ValoysLACHESIS | SECRET IS THE ONLY WAY.
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Nature du sang : pure carmin, noblesse par don divin
Etat Civil : marié et père
Occupation : duc de Valois
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(#) Cènes malvenues | ft. Victoria
missive rédigée par Léopold de Valoys leCènes malvenues
ft. @Victoria De Valoys
9 novembre 1927
9 novembre 1927
S’il y a une occasion de liesse, c’est certainement celle, pour Monsieur le Duc, de convier son frère cadet et sa famille à un repas paisible après la farce que furent ses retrouvailles avec ce cher Camille Delacour quelques jours en amont et dont il garde le souvenir le plus mitigé qui soit… Au moins, il n’en sont pas venus à s’entretuer. Oh, comme il aurait aimé avoir de quoi celer un peu le tourment de ses émotions sous un voile de magie. Si l’homme est composé, il n’en reste pas moins humain, avec le bouillonnement d’élans de cœur et d’âme que présupposent des retrouvailles avortées par dix années de ressentiment, de deuil et de tensions. C’est sous l’œil paisible de sa douce qu’il s’est, trois soirs de suite, pris à dévorer à nouveau, en enfançon goulu, tous les manuels d’initiation à l’occlumancie qu’il a déjà lu et relus au cours des dernières décennies. C’est que certaines rencontres – comme l’intrusion involontaire mais néanmoins déplaisante de la petite de Beaufort – ont laissé sur lui le goût de la protection de soi. Il vous faudrait demander de l’aide d’un legilimens que lui avait alors susurré sa douce, après avoir accompagné son énième méditation nocturne. Dépité, il a opiné : à quoi bon sert de méditer si personne n’est là pour tester ses défenses, sans doute pareilles à un édifice de sable dont on ignore les failles puisqu’aucune eau, aucun insecte, aucun torrent ne s’y est engouffré encore ?
Ainsi, ces petites festivités en famille, avec Amaury et sa fille ont tout pour ravir le cœur de Monsieur le Duc. Il faut dire qu’il ne voit que trop peu souvent les seuls rescapés de la malédiction familiale et des attentats de 1917. A chaque fois que se croisent les routes des deux frères, Léopold mesure, le coeur serré de douceur et d’empathie, combien il lui faudrait acheter un ticket de loterie tant il a raflé toute la chance de sa lignée. Ni lui ni ses enfants n’ont, pour l’heure, à déplorer le contrecoup de la malédiction familiale et, selon le mot consacré, il touche du bois, du singe et croise les doigts pour que cette veine inopinée dure. C’est pour cela, peut-être, ou parce qu’il s’agit là de la nature qu’on lui donnât, qu’il s’échine, de jour en jour, à apaiser les maux des siens et adoucir les terreurs de ses paires, qu’il travaille d’arrache-pieds à résorber les vertigineuses douleurs que la guerre ont laissé dans leur sillon, et qu’il s’emploiera, si Dieu le veut, à mettre sa noblesse, son bras et son âme au service d’autrui.
Il est jovial, Monsieur le Duc, lorsqu’il accueille d’une accolade son cadet, tout autant lorsqu’il salue Victoria, dont les joues semblent un peu pâlottes, mais dont il commente la florissante carrière d’aurore. Il faut dire que cela a de quoi aviver sa fierté d’oncle gâteux ! Dans toute cette famille empêtrée de noirceur et de douleurs, voir le vif rayon d’une justicière éclairer le lignage a quelque chose d’irrésistiblement joyeux. Cela change certainement du thé auprès d’Adelstan et de sa compagne de laquelle il craint toujours quelque poison égaré dans la tasse. Un accident serait si vite arrivé. Alors le repas se lance, dans cette douce atmosphère feutrée et intimiste. Il n’y a, en ce jour, que ses trois plus jeunes, Victoria, Amaury et le couple Ducal. Il a demandé à son chef d’ourdir quelque petit plats propres à rappeler l’enfance des deux frères de Valoys, et voilà que le repas bat son plein, autour d’une dinde à la moutarde du meilleur effet. On devise de tout et de rien avec une certaine insouciance. L’œil de Léopold glisse pourtant de temps à autre vers Victoria qui paraît étrangement silencieuse. Presque claquemurée dans un étonnant silence pour cette jeune femme vive et pétillante. Les deux frères l’ont remarqué, et Amaury semble lui-même un peu inquiet, bien qu’il le cèle avec une adresse toute caractéristique.
C’est après le plat de viande, alors qu’on espère qu’un bon verre de vin a délié les langues que Léopold se penche vers sa nièce, tandis que Kristin est occupée à divertir l’assemblée d’une anecdote récemment survenue à un cercle d’amateurs d’arts qu’elle fréquente assidument. « Et vous, Victoria, comment allez-vous ? »
702 mots
Victoria De ValoysATROPOS | THEN, LET IT BURN.
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(#) Re: Cènes malvenues | ft. Victoria
missive rédigée par Victoria De Valoys le Cènes malvenues
Léopold De Valoys & Victoria De Valoys « Demeure de Léopold De Valoys, 09 novembre 1927»
Je ne comprends aucunement ce qu’il s’est passé la veille, aux cotés de mon binôme Charles Delacour. Une seconde, je me portais à merveille et étais prête à faire face à mille et un dangers. La seconde suivante, j’étais pétrifiée devant la bouche béante d’une simple porte menant à un sous-terrain lambda et quelconque plongé dans le noir. Depuis est-ce que je me défile face à l’inconnu ? Plus précisément, ai-je déjà eu une telle peur ? Ma mémoire peut me faire défaut, mais je me souviens extrêmement bien autant de l’admiration que des critiques de mes proches sur ma témérité insensée. Je ne compte plus toutes les remarques faites à mes parents ou à moi.
Il va arriver bien des bricoles, à cette fille !, Contrôle ta fille, Amaury ! Ce n’est pas digne d’une Princesse !, Une demoiselle doit se tenir en retrait, toujours, jeune fille ! Ce sont les hommes qui vont au devant du danger, pas les femmes !
Certains ont eu bien raison et doivent ricaner de joie – être un tantinet amnésique n’est pas un détail anodin – et d’autres peuvent tout bonnement retourner avec leur apriori devant leur bon vieux cheminée – les femmes s’affirment désormais et vont sur le domaine sacro-saint des hommes !. Je peux bien parler de ces autres mais ils m’importent peu. Ils ne sont que les témoins, ou plutôt les preuves, que je n’étais pas une gamine influençable ou impressionnable. Et mon plus récent souvenir, avant que l’amnésie ne m’arrache tout, me conforte dans cette certitude.
Mon père devine que j’ai la tête bien trop pleine, mais a la bienséance de ne pas m’imposer un interrogatoire, qu’il emportera haut la main bien évidemment. D’une part, il est mon père et connait bien mes expressions de menteuse comme de franche fille. D’autre part, sa propre particularité magique le rend des plus éclairés sur les émotions humaines. Il se contente de rappeler qu’il est toujours là si j’ai besoin d’une oreille attentive, ou une épaule sur laquelle me reposer. Je le rassure que je le sache pertinemment, que je ne manque jamais de penser à lui dès que quelque chose me taraude. Nous nous arrêtons là. Les fantômes sont nombreux entre nous, les souvenirs aussi douloureux qu’amers.
Nous arrivons enfin chez Monsieur Le Duc Mon Oncle. Comme à sa charmante habitude, il me complimente. Je souris tout naturellement, mais avec un brin moins d’entrain que d’ordinaire. Mon oncle est sincère et sa chaleur m’enveloppe agréablement, mais la tête refroidit le tout, me ramène encore et toujours devant cette interrogation : pourquoi ai-je eu peur au point d’être paralysée et de perdre pied avec la réalité ? Sans l’intervention de Charles, j’aurais pu rester dans cette position prostrée bien des heures, cœur battant à tout rompre, chemise trempée de sueurs …
Les échanges vont bon train entre frères. Kristin ajoute ses petites anecdotes. Je me contente d’apporter quelques petits commentaires courtois ou de forcer un rire pour me mêler à la comité intime du jour. Mais je suis bien de sotte de croire que mes efforts sont suffisants pour confondre ces trois adultes. Mon père échange des œillades avec mon oncle, la dame de la maison me lance quelques coups d’œil interrogateur, voire inquiet.
- Ai-je donc si mauvaise mine, mon oncle, pour que tout le monde s’inquiète ?
J’essaie d’y mettre un brin d’entrain, mais j’en suis bien incapable. Je sens que je peux me confier à cet homme. S’il m’aime beaucoup, ses priorités sont ses enfants avant tout. Il a un recul des plus appréciables à mon égard. Alors, je peux me permettre de lui dire tout ce que je dois taire avec mon père au risque de le plonger davantage dans ce miasme de mélancolie qui ne le quitte plus depuis les morts tragiques de sa branche.
- Dites-moi, mon oncle. Est-ce que je vous ai déjà consulté, au début de ma carrière d’auror, pour vous partager quelques doutes ?
La demande est faite d’un ton un brin timide. Qu’il est frustrant et honteux à la fois d’avoir à collecter des morceaux de sa mémoire – de celle que j’ai été – auprès d’autrui. Si j’ai une grande confiance en mon oncle, il n’échappe pas à cette règle immuable qu’est l’imperfection de la mémoire ou encore du biais. Un même événement ne marque pas les personnes d’une même façon. S’il a un souvenir à ma réponse, il va le raconter de son prisme et il sera déjà bien tordu en comparaison de mon prisme perdu à tout jamais.
- Je ne doute pas sur mon choix : je suis persuadée que j’ai fait le bon. En dépit de tout. Mais … je doute de mes capacités. Elles ne sont plus les mêmes. Je ne suis plus la même.
Cette dernière phrase s’échappe dans un soupire de désespoir. Je m’empare de mon verre et l’avale presque goulument. J’en aurais presque mal au crane d’avoir bu du vin aussi vite …
Codage par Magma.
Caught between Fire and Madness