[TERMINÉ] L'avenir se construit au quotidien | PV Arsène

L'effet de l'eau froide ne manquait pas de faire frissonner Arsène, mais en bon auvergnat qui se respecte, sa peau s'habitua rapidement à la température dont l'effet revigorant était accueilli avec plaisir. S'il en avait les pensées plus claires, il ne restait pas moins échauffé par la présence d'un Auguste que l'eau ruisselant sur son corps athlétique et entre ses mèches brunes rendait indécemment sexy. Le Baron dû se forcer à détourner son regard prédateur affamé de dévorer toute entière cette peau nue, il plongea sous la surface cristalline de leur baignoire naturelle à son tour, restant ainsi plusieurs longues secondes. Lorsqu'il repris sa respiration, Auguste s'était faufilé derrière lui, s'appuyant sur ses épaules. Le contact de son torse refroidi contre son dos appela une fois de plus des pensées luxurieuses, échauffant le corps d'Arsène qui ne sentait plus le froid de l'eau contre sa peau. Seulement la chaleur d'Auguste qui venait tendre les parties les plus intimes d'un lycanthrope ravi de pouvoir cacher son excitation dans l'eau sombre de l'étang.

« Je suis heureux de partager cela avec toi, qui d'autre pourrais-je bien désirer avoir près de moi dans un cadre aussi idyllique ? »

Coeur battant à tout rompre entre ses tempes alors qu'il s'imaginait passer l'après midi entière en la compagnie de son ami. Trempés tous deux, profitant de l'eau dont la température se ferait de plus en plus agréable à mesure que le soleil décroitrait dans le ciel sans lune de cette période du mois de mars, laissant les deux hommes cachés par l'obscurité mystique de la forêt de Mercoire en pleine nuit. Était-ce mal de désirer plus que tout que ce moment ne se termine jamais ?

« Tu en aurais marre avant moi. » confia Arsène « Ce moment privilégié hors du temps est un délice, c'est comme si le temps s'arrêtait et que la forêt nous cachait. »

Il se garda bien d'évoquer à voix hautes les multiples pensées impures qui passaient en son esprit en cet instant, alors qu'il le regardait onduler dans l'eau. Le Baron devait se faire violence pour ne pas céder à ses pulsions les plus primaires, à son envie entêtante de le faire sien à l'abri des arbres centenaires de Mercoire. Pensées momentanément mises de côté par le défi aquatique lancé par Auguste qui fit esquisser un sourire en coin au d'Apcher.

« Eh bien même si je n'ai jamais bravé les vagues de l'océan Atlantique, les eaux claires de ce lac sont une seconde peau. Je suis sûr que tu ne pourras rien contre moi. »

L'orgueil du loup était piqué, désireux de se montrer le plus fort, le plus beau, supériorité induite par sa nature profonde d'alpha. Il n'attendit pas qu'Auguste lance la course, plongeant sous la surface et y restant sur quelques mètres avant de nager avec une vigueur exceptionnelle jusqu'à l'autre berge de l'étang. L'eau y était plus profonde et bordée de gros rochers qu'il atteint en premier. Désir d'inspirer l'admiration ou de simplement impressionner Auguste, il avait été le nageur le plus rapide des deux mais ne douta pas pouvoir se faire battre par le Lestrange une autre fois. Après tout c'était un homme d'océan, la pensée que son ami ait choisi de le laisser gagner traversa rapidement son esprit. Mais qu'importait, il avait gagné.

« Eh bien mon ami, est-ce là tout ce que tu peux donner ? » le taquina t-il « Ou bien est-ce l'absence de vagues et de courant qui t'a fait perdre ? »

Arsène rit de bon coeur, appuyant son large dos contre la roche mousseuse de la rive. Ici, il avait à peine pied. L'eau lui arrivait un peu au dessus du menton, mais il se maintenait à la surface par des battements de pied avant de sortir finalement un bras de l'eau et de s'appuyer contre la roche pour ne pas se fatiguer. Faisant face à Auguste, il s'approcha au plus près de lui.

« Tu m'as défié et tu as perdu, quelle est ma récompense ? »

Sa voix se faisait rauque et chaude alors qu'il replaça une mèche mouillée d'Auguste. Les effluves d'alcool avaient disparues pourtant cette idée de fondre sur ses lèvres se faisait de plus en plus présente. Pensée entêtante qui l'empêchait de réfléchir, Roksana et Nikolaï n'étaient plus que des détails bien vite oubliés par ce troublant désir qui s'éveillait. Lâchant du leste à la Bête, Arsène plongea son regard dans les yeux clairs d'Auguste.

« Tu sais, il parait que pour conclure un pacte avec un démon, l'on doit sceller l'accord par un baiser. Puisque nous venons de nous associer, je me demande... Vas-tu me considérer comme un démon ? »

Le Baron murmura ces mots à quelques centimètres à peine des lèvres humides d'Auguste qui attiraient alors désespérément son regard. S'il faisait preuve d'encore assez de sang froid pour ne pas lui voler un baiser qu'il désirait pourtant si fort, la Bête avait un tout autre plan. Il ferma les yeux un instant, s'avouant vaincu pour cette fois. En les rouvrant, il passa sa main libre dans les cheveux mouillés d'Auguste et franchi finalement la si ridicule distance qui séparait ses lippes de celle de son ami.

Bien qu'il avait essayé de rester concentré sur les paroles d'Auguste qui lui confiait une anecdote au sujet de son milieu de travail, les oreilles du Baron bourdonnaient tant qu'il l'entendit à peine. En temps normal, il aurait écouté attentivement cette curieuse information et aurait demandé des détails, histoire d'approfondir sa culture personnelle sur le milieu marin. Il aimait de toute façon entendre parler son ami de son métier qui semblait le passionner. Arsène lui laissait volontiers la navigation, l'auvergnat n'avait pas le pied marin et préférait de loin la terre ferme aux vagues assassines pouvant couler un navire aussi facilement qu'un jouet d'enfant dans une baignoire si la fureur lui prenait.

Pourtant en cet instant Arsène se fichait bien de ces curieux détails quant au monde de la navigation, trop occupé qu'il était à lutter contre le désir insistant qui chatouillait ses entrailles. En cueillant les lèvres d'Auguste, une étrange sensation l'envahi. Lui, le fier Auvergnat qui n'avait connu que deux amours dans sa vie et qui n'avait jamais ressenti le désir d'une telle intimité avec un homme. En cet instant, il fut surpris de découvrir de nouveaux émois. Bien que plutôt timide, ce baiser inspirait à des contacts plus interdits encore que seule l'incertitude réussi à freiner. Il sentait son ami hésitant, surpris peut être. S'il avait désiré ce contact depuis de longs instants maintenant, cette intimité soudaine était arrivée sans crier gare et lui même était quelque peu troublé d'avoir provoqué ce moment. Pourquoi ? Qu'est ce que cela voulait dire ? La pleine lune était encore loin et il ne pouvait blâmer son appel pour justifier cet élan lascif qui venait de l'emparer. Il n'avait jamais réellement eu ce genre de pensée à l'égard d'Auguste, alors pourquoi maintenant ? Pourquoi désirait-il tant que ce contact perdure encore quelques instants ?

Les yeux clos pour ne pas risquer de croiser le regard d'Auguste, il profita de ce chaste baiser qui ne dura que quelques secondes. Bien que pudique, il était pourtant parvenu à éveiller un début de ronflant désir qu'il réprima immédiatement lorsque le Lestrange rompit abruptement l'étreinte de leurs lèvres.

"Je... Je suis désolé... C'était... Je suis exclusif, avec Nikolaï. Je n'aurais pas dû faire ça, ce n'est pas correct envers lui. Je suis vraiment désolé, Arsène."

son regard était fuyant, et ses joues rosies, nul besoin de posséder les sens surdéveloppés du lycanthrope pour comprendre la gêne qui venait d'envahir Auguste. Quel con se flagella Arsène en s'écartant à son tour, laissant les émotions du moment retomber pour l'un comme pour l'autre. Il passa sa main humide sur son visage, tentant de reprendre une certaine constance. Il n'en voulait pas à son ami, c'était lui qu'il blâmait de ne pas avoir pris en considération sa situation. La Bête avait été nourrie de désir au détriment d'Auguste, et par la Lune, comment avait-il osé la laisser faire.

« Tu n'as pas à t'excuser, c'est ma faute. C'est moi qui devrais le faire... »

Devrait, oui, mais alors qu'attendait-il pour le faire ? S'il était désolé de l'avoir mis dans une telle situation, il ne l'était pas du souvenir de ce contact nouveau. Mais comment lui expliquer cela sans le mettre mal à l'aise ? Il se sentait déjà mortifié de le voir ainsi gêné et Arsène devinait sans mal qu'il craignait que cela ne vienne mettre à mal les plans établis plus tôt dans la journée, et peut être même leur relation.

« Considérons qu'il s'agissait là de la mise du démon pour notre future collaboration. Je te promets de ne plus te mettre ainsi dans l'embarras. »

Il ponctua sa phrase d'un de ses sourires caractéristique afin de faire comprendre à Auguste qu'il n'y avait aucun problème de son côté, ravalant le plus possible sa fierté fissurée de se voir ainsi repoussé. Mais ses raisons étaient nobles et Arsène les respectait, de même qu'il admirait la loyauté de son ami envers Nikolaï. Il acquiesça d'un hochement de tête à la proposition de son futur associé.

« Tu as raison, cette pause aquatique a bien assez duré. Le rhum est cuvé, il est temps de reprendre nos discussions. J'ai hâte que nous nous mettions à l'oeuvre. »

Ils nagèrent jusqu'à la rive, vers leurs affaires et se rhabillèrent rapidement avant de récupérer leurs montures et d'entamer le chemin du retour vers le domaine. Se concentrer sur leur future affaire allait, il espérait, leur permettre d'oublier cet instant de malaise du moment qu'il garderait, malgré tout, dans son esprit quelques jours...


RP TERMINÉ