rumor has it (sybille)

« Bien dormi ya amar ? » demande une Rawiya concentrée sur le courier qu’elle était en train de trier.
« Pas vraiment, non. Cette histoire de sécurités aux Antiques Rêveries m’a maintenue éveillée une bonne partie de la nuit. Et toi, oummi ? »

Neith s’approche pour déposer un tendre baiser sur la joue de sa mère. Mal dormi, c’était peu dire. Les sécurités des Antiques Rêveries s’étaient activées la veille à quelques minutes de la fermeture officielle. Son employée d’accueil n’avait pas réussi à lui décrire la personne. L’égyptienne avait passé plusieurs heures à s’assurer que toutes les sécurités fonctionnaient et avait même changé les codes des sabliers, avertit le tableau qui donnait l’alerte d’être sur le qui-vive. Perturbée, elle était rentrée dans la partie privé des Shafiq et avait passé toute la soirée à ressasser, ne pouvant s’empêcher de jeter des coups d’œil dans la cour qui donnait sur la porte de sortie de secours qu’elle savait très bien camouflée. Se faisant, elle n’avait pas bien dormi bien qu’elle eut parfaitement caché ceci via un maquillage élaboré et discret.

Rawiya posa une main sur l’épaule de sa fille et lui sourit avec douceur.

« Tu as tout fait ce qu’il fallait, Neith. »
« Mmh mmh. Si ça arrive encore et qu’on se fait vraiment voler… »
« Tu sauras gérer, je n’en doute pas. »

Souriant à sa mère qui tentait de la rassurer, Neith commença à se forcer à manger. Les contrariétés lui coupaient souvent l’appétit et comme elle avait un métabolisme qui aimait lui faire perdre des kilos à vue d’œil, elle ne voulait inquiéter personne. Ainsi, alors qu’elle buvait son thé et ouvrait son courrier à elle, elle réfléchissait en même temps à ajouter des sécurités aux Antiques Rêveries et à parler à son agent de sécurité.

Ce n’est que lorsque son regard s’arrêta sur la rubrique De Vous à moi du Cri de la Gargouilles, qu’elle cessa de réfléchir au combientième code de sécurité elle ferait installer. Une lueur se mit à briller dans son regard et elle se saisit du papier pour commencer à le lire. Voilà un certain temps qu’elle faisait plus attention plus que d’habitude à cette rubrique en particulier. Neith aimait garder un œil sur l’actualité en général, mais d’autant plus sur ce qui s’écrivait sur son père (pour se préparer à toute question à ce sujet) ou encore sur sa famille. Voilà quelques temps qu’elle remarquait que son propre prénom ressortait.

« Tu as trouvé quelque chose d’intéressant ? »

Rawiya n’était en reste. Si elle restait dans l’ombre de beaucoup de choses, mère et fille se partageaient beaucoup d’informations. Parfois même certaines dont Tarek n’était même pas au courant. Tendant le journal à sa mère, Neith se mit à sourire derrière sa tasse.

« Je crois qu’il est temps que je rencontre cette Sybille Abeausi. »

Si le rire de Rawiya raisonnait encore dans sa tête alors qu’elle passait les portes du Cri de la Gargouille, Neith revêtit un air neutre qu’elle avait pris l’habitude de mettre. Revenir ici après ces quelques années de deuil lui fit tout drôle. Alaric avait travaillé ici et elle lui avait un nombre de fois incalculable rendu visite. Il en avait fait de même aux Antiques Rêveries et lors de ses voyages pour lui faire quelques surprises. Une certaine nostalgie lui étreignit le cœur qu’elle dut mettre de côté alors qu’elle approchait de l’accueil.

« Bonjour Anna, » commença-t-elle avec un sourire charmant.
« Madame Lestr… commença la femme avant de se reprendre, un sourire navré et sincère aux lèvres. « Mademoiselle Shafiq, quel plaisir de vous revoir ici. Souhaitez-vous que je vous annonce à Monsieur Lestrange ? »

Le cœur de Neith se serra un peu plus. Évidemment, ce monsieur Lestrange n’était autre qu’Aurélius et non Alaric. Si elle aurait été parfaitement ravie de voir Aurélius, elle savait que son beau-frère avait un emploi du temps très occupé. Et ce n’était pas lui qu’elle venait voir.

« Non, ne le dérangez pas. Je suis certaine qu’Aurélius est occupé et j’irai le voir s’il a un créneau disponible…. Si ce n’est pas le cas, pourriez-vous lui dire que je suis passée et qu’il a mon bonjour ? »
« Bien entendu. Dans ce cas, en quoi puis-je vous aider ? »
« J’aimerais avoir où est le bureau de Mademoiselle… Madame ? Sybille Abeausi. Elle rédige la rubrique De vous à moi. »
« Bien sûr, veuillez me suivre. »
« Merci beaucoup, Anna. »

Souriant avec douceur à la jeune femme, elle la suivit dans les bureaux. Souvenirs revenant, elle salua quelques journalistes qu’elle reconnut. Avoir été l’épouse d’un Lestrange travaillant au Cri de la Gargouille avait eu quelques avantages journalistiques. Neith savait qu’en revenant ici elle se dit qu’elle devait continuer à entretenir ce réseau même si elle avait perdu le nom Lestrange.

Mettant de côté les souvenirs d’une vie maritale fort heureuse, l’égyptienne arriva jusqu’à un bureau. Il était visiblement vide mais des affaires étaient là signifiant que la femme qu’elle cherchait devait sans doute être occupée ailleurs. Anna sembla embarrassée et Neith lui adressa un sourire doux.

« Je vais l’attendre, ne vous en faites pas. Merci beaucoup pour votre aide, Anna. »

Anna s’assura qu’elle n’avait pas besoin de verre d’eau et lui mit une chaise en face du bureau pour que Neith soit à l’aise. Puis, la femme disparut non sans glisser un :

« Cela me fait très plaisir de vous revoir, Mademoiselle Shafiq. »

Et cette simple phrase toucha un peu Neith qui se promit de ramener quelque chose à Anna.

Revenant à l’autre femme qui brillait par son absence temporaire, Neith s’approcha du bureau pour l’observer, voir s’il était investi de choses personnelles. Elle prit soin de ne pas lire les morceaux de parchemins, respectant le secret journalistique avant de finalement décider de s’asseoir à la chaise attribuée. Elle croise les jambes et attend simplement non sans continuer à réfléchir au système de sécurité qu’elle veut modifier et améliorer encore.

Ce n’est que quand elle voit arriver une jeune femme plus jeune qu’elle qu’elle devine qu’il s’agit de celle qu’elle recherche.

« Mademoiselle Abeausi je présume ? » se levant avec grâce, Neith tendit la main à cette dernière et afficha un sourire charmant. « Enchantée, Neith Shafiq. J’ai cru comprendre que vous aviez un intérêt sur ma personne depuis quelques temps. Je me suis donc permise de venir vous rencontrer directement. »